Déclaration de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, sur le projet Agrobiotech qui favorise les synergies entre les organismes de recherche et les universitéset sur la mise en place du partenariat du ministère de l'agriculture et de l'INRA, Nice le 27 mai 2004.

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Circonstance : Inauguration du centre INRA de Sophia Antipolis à Nice, le 27 mai 2004

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Madame la Directrice Générale,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de participer à vos côtés à cette inauguration.
Comme l'a rappelé à l'instant François d'Aubert, ce projet Agrobiotech est l'archétype d'une recherche ambitieuse, structurée et innovante.
Les synergies mises en oeuvre entre organismes de recherche et université, la participation des acteurs territoriaux, l'étroite imbrication entre recherche, transfert et valorisation : tout ceci témoigne d'une volonté forte, mise au service d'un enjeu de taille, la protection intégrée des végétaux.
Je veux donc saluer très chaleureusement le travail accompli ainsi que l'esprit dans lequel il a été mené : esprit de pluridisciplinarité, esprit d'innovation.
Je salue également la remarquable coordination établie avec les acteurs des exploitations horticoles, les serristes et le Centre technique interprofessionnel des fruits et des légumes.
[Un projet scientifique d'excellence au service de la santé des végétaux]
Comme François d'Aubert, je suis frappé de la richesse scientifique de ce projet.
En réunissant les approches les plus innovantes en biologie, physique, chimie, agronomie ce projet favorise, en effet, une vision intégrée de la protection des végétaux : résistance des variétés à la lutte chimique par les pesticides, luttes alternatives comme la lutte biologique, interactions plantes / micro-organismes, interactions entre les populations.
Une autre chose me frappe : plus grand ensemble immobilier de l'INRA, accueillant plus de 200 chercheurs et enseignants-chercheurs, ce centre est, par sa taille, le 1er centre européen dédié aux problématiques phytosanitaires.
Or, j'entends faire de cette question phytosanitaire un axe fort de la politique de mon ministère.
Car, l'écho médiatique très fort donné aux dossiers du Gaucho ou du Régent ne doit pas nous entraîner vers deux écueils :
- Premier écueil : oublier les besoins réels en matière de santé des végétaux. Les pesticides contribuent aussi à la sécurité des aliments en éliminant des parasites et des maladies, qui, en d'autres temps, se sont avérés dangereux pour la santé humaine ;
- Deuxième écueil : penser qu'une politique de santé végétale durable puisse se prévaloir de la seule lutte chimique. Une politique de santé végétale digne de ce nom ne saurait faire l'économie d'une approche aussi respectueuse de l'environnement que possible. Elle suppose surtout la mobilisation, le regroupement et la valorisation des compétences et des expertises. Et ce projet me semble y contribuer fortement.
[Une recherche au service des besoins de la société et des professionnels]
Les programmes de recherche du Centre répondent à plusieurs attentes : celles de nos concitoyens soucieux de leur environnement et de leur santé, d'abord ; celles des professionnels, ensuite, exploitants de fleurs coupées en culture sous serre et de plantes ornementales, mais aussi entreprises spécialisées dans la production d'auxiliaires biologiques pour la culture de certaines espèces méditerranéennes (citrus, dattiers, oliviers).
L'horticulture ornementale, vous le savez, est, traditionnellement, une activité économique de premier plan en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Avec ses 2000 exploitations, la région PACA est la première région horticole de France.
L'oeillet de Nice, le mimosa du Tanneron, la tulipe de Carqueiranne participent à la renommée et à l'attractivité internationale de la région. En outre, trois stations régionales d'expérimentation (fleurs coupées, feuillages, pépinières fruitières et ornementales) renforcent l'efficacité du réseau de recherche, expérimentation et développement.
Les travaux fondamentaux de l'INRA offrent donc des applications directes pour l'horticulture locale en matière de conduite des cultures.
Cela confirme, s'il en était besoin, l'importance des partenariats entre l'enseignement supérieur agricole et les grands organismes de recherche finalisée comme l'INRA, le CEMAGREF, le CIRAD et l'IFREMER.
Par leur synergie, ces établissements permettent le renouvellement des connaissances dans le domaine de la gestion des espèces vivantes et des milieux. C'est justement pour favoriser cette synergie, condition du rayonnement de notre recherche en Europe et dans le monde, que j'ai souhaité la réorganisation de l'enseignement supérieur agricole autour de pôles de compétences lisibles et compétitifs à l'échelle internationale.
Je souhaite aussi souligner avec force combien cette recherche finalisée peut nous aider à accompagner les mutations du secteur agricole et les politiques publiques, nationales ou communautaires, qui les facilitent.
Vous l'évoquiez il y a un instant, François d'Aubert, le paysage de la recherche française est complexe. La future loi d'orientation et de programmation de la recherche contribuera à le faire évoluer vers plus de simplicité, davantage de souplesse, pour plus de performance.
La préparation de notre avenir passe, nous le savons tous, par le maintien au meilleur niveau d'excellence d'une recherche finalisée capable d'apporter des réponses satisfaisantes aux attentes de notre société. C'est toute la fécondité de notre système de recherche que de permettre ces échanges entre disciplines, que de préserver un continuum allant de la recherche fondamentale à la recherche appliquée.
Toute la richesse des organismes de recherche vient, en effet, de leur capacité à nourrir, par un éclairage fondé scientifiquement et sociologiquement légitimé, l'expertise publique. Je souhaite que l'INRA puisse jouer ce rôle de manière privilégiée afin de disposer d'un large vivier de compétences et d'ouvrir un espace de débats entre responsables des politiques publiques et partenaires de la communauté scientifique.
C'est dans cet esprit que j'ai signé le 9 mars dernier une convention cadre entre mon ministère et l'INRA. Cette convention pose les jalons d'une nouvelle relation entre le ministère chargé de l'agriculture et de l'alimentation et l'INRA qui contribue largement à ouvrir notre agriculture vers des pratiques respectueuses de l'environnement et soucieuses de la qualité et de la sécurité de notre alimentation.
La première réunion de mise en oeuvre de cette Convention se tiendra le 10 juin prochain.
Mesdames, Messieurs,
Je veux enfin souligner l'importance du triptyque recherche / formation / développement. La réforme du développement agricole est déjà bien engagée avec la mise en place de l'Agence de Développement Agricole et Rurale (ADAR). Cette agence vient de lancer un appel à projets qui offre à l'enseignement et à la recherche un espace nouveau pour élaborer des programmes de recherche-développement en commun avec les acteurs du développement, en particulier les instituts techniques, afin de mieux concilier les impératifs des filières et la gestion durable et globale des territoires ruraux.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 22 juin 2004)