Texte intégral
Monsieur le maire,
Monsieur le président du Conseil régional,
Mesdames et messieurs les élu(e)s,
Madame la préfète,
Mesdames, messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier, Monsieur le maire, pour votre invitation à inaugurer aujourd'hui les derniers aménagements de ce très beau Musée de la Mine d'Aubin.
Permettez-moi également de remercier celui sans qui nous n'aurions sans doute rien à inaugurer cet après-midi, je veux bien sûr parler de Monsieur Lucien MAZARS qui a créé ce musée.
C'était il y a maintenant plus de 20 ans. Vous êtes alors, Monsieur MAZARS, maire d'Aubin et Conseiller général et vous avez la bonne idée de présenter au public les précieuses collections que vous regroupez depuis plusieurs années.
Votre connaissance du travail de la mine et de la région, les encouragements du préfet de l'époque, Monsieur Paul Bernard, le soutien moral et financier de la "Charte culturelle de l'Aveyron" permettent alors l'installation, dans l'ancienne salle des fêtes, la "Maison du peuple" comme on l'appelle, de ce musée qui est inauguré le 10 juillet 1979.
Dès sa création, il se rattache à l'ensemble du Musée du Rouergue, le musée de l'identité aveyronnaise.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit avec ce Musée de la mine : reconstituer, en hommage au passé mais aussi pour les générations futures, le portrait de ces hommes et de ces femmes, tellement divers, qui ont véritablement façonné l'histoire industrielle du Bassin de Decazeville - Aubin, celle du "Pays noir" et de l'Aveyron, avec comme point fort et incontournable : la mine.
Nous venons de le voir, les différentes expositions et les animations présentées dans le cadre de ce musée donnent à voir, de manière vivante et pédagogique, ce qu'a été cette histoire.
Elles racontent les hommes, les femmes, les enfants. Elle dit les métiers, le quotidien avec ses joies, ses plaisirs simples mais aussi ses drames.
Elles disent aussi la richesse et la prospérité de cette France du charbon, la fierté du travail de titans réalisés par ses mineurs mais elles n'oublient pas non plus les grandes colères de ces derniers, les luttes et les avancées sociales, les victoires et les échecs dans une société où l'économie commence à imposer sa raison.
Vous le savez, je suis du Nord-Pas-de-Calais, une région dont l'histoire est similaire à celle de ce bassin. J'ai baigné comme vous dans cette culture minière.
Vous comprendrez donc facilement que je sois tellement attachée à ce que perdure, à travers le temps, la vivacité de cette culture si riche pour notre patrimoine social et industriel.
"Je crois savoir, d'ailleurs, que vous avez eu des échanges avec le Centre historique minier de Lewarde, dans le Nord-Pas-de-Calais, et que vous avez pu travailler, sur certains aspects, en collaboration avec ce dernier. Je trouve cela très satisfaisant. Peut-être y a-t-il même ici un début de piste à suivre pour mettre en réseau, comme on dit, l'ensemble des différents musées qui s'attachent, partout en France à maintenir cette culture minière ?"
Votre musée, avec le soutien de la communauté de communes du Bassin de Decazeville - Aubin, y contribue largement.
Sa rénovation permet ainsi de clarifier et de mettre encore mieux en valeur la richesse des collections présentées. Elle valorise encore davantage le travail courageux de ces mineurs, dont certains, je le sais, ont même participé activement à façonner le réalisme et l'originalité de ce musée.
Le résultat de cette rénovation, que nous pouvons constater aujourd'hui, et auquel l'État s'est associé financièrement, tout comme la Région et le Département, confortera sans nul doute la fréquentation déjà fort appréciable de cet équipement en lui redonnant une nouvelle dynamique.
II favorisera, encore plus que par le passé, la compréhension du milieu et de la vie de la mine auprès des touristes qui, j'en suis convaincue, en garderont, après leur visite, une impression plus juste.
Cette politique de préservation des cultures et des traditions tournée vers l'avenir trouve naturellement sa place dans la dynamique plus large engagée par les institutions locales et nationales pour la reconquête économique de votre région.
Je veux parler, vous l'aurez compris du programme de requalification et de développement du Bassin de Decazeville.
Vous le savez, le Gouvernement, lors du Comité interministériel pour l'aménagement du territoire, le CIADT du 18 mai dernier, a décidé de soutenir de manière importante ce programme. Pour cela, des moyens financiers conséquents (183 millions de francs) ont été engagés.
Je le sais, à propos de ce programme, les attentes sont fortes dans le Bassin. A la fois de la part des populations, qui ont beaucoup souffert de la désindustrialisation, mais aussi, de la part des élus qui se sont beaucoup mobilisés pour qu'une attention particulière soit apportée à votre situation.
Je voudrais, à ce sujet, souligner la qualité et l'efficacité de la démarche initiée pour ce programme par Madame Escoffier, préfète de l'Aveyron.
Au travers de nombreux ateliers préparatoires au CIADT, cette démarche a réuni, avec les services de l'État, les élus, les syndicats, différents collectifs et la population autour de la définition de projets importants.
Ensemble, pour la réussite de cette démarche de reconquête économique, vous avez souhaité, les uns et les autres, vous appuyer sur tous vos atouts.
Je suis heureuse de constater que le tourisme ait été considéré comme tel.
Le tourisme, en effet, constitue un atout complémentaire non négligeable au regard de la qualité de vos paysages, de votre patrimoine architectural et industriel, de vos forêts et de vos rivières.
Autant de richesses naturelles dont la mise en valeur constitue un réel potentiel de développement économique local porteur de création d'emplois.
Ce potentiel de développement a trouvé sa traduction concrète à travers plusieurs grands projets.
Je pense notamment au grand projet "Vallée du Lot" et à la mise en navigabilité de cette importante rivière ; à la réalisation de "l'Espace rail" et au développement de l'activité des trains touristiques de Capdenac que j'ai pu découvrir tout à l'heure lors de mon passage chez nos amis capdenacois.
Je pense également au programme de développement de la station thermale de Cransac qui bénéficie de l'appui de mes services et qui vise, en association avec le groupe de "La chaîne thermale du soleil", à accroître la fréquentation des curistes en faisant passer leur nombre de 1.800 actuellement à 5.000 à terme. Ce qui entraînera la création de 30 emplois directs et sûrement beaucoup plus par les activités qui pourront se développer autour de la station.
L'aboutissement de ces projets constitue un pari qui doit et qui peut être gagné.
Vous le savez, aujourd'hui, l'approche des vacances et des loisirs dans nos sociétés est en pleine mutation.
Nos concitoyens, nos voisins étrangers sont à la recherche de plus d'espaces de liberté, d'authenticité et de traditions. Cette recherche s'accompagne aussi d'une exigence grandissante de qualité.
Cela implique, de la part de tous les acteurs du tourisme, une adaptation permanente à l'évolution de ces attentes.
Cela signifie que pour renforcer l'attractivité de nos terroirs, il faut s'attacher à promouvoir une organisation touristique nouvelle autour de la notion d'intercommunalité et de solidarité de pays.
Le temps du tourisme de cueillette, où il n'y a qu'à attendre que le touriste s'arrête, est révolu.
Le tourisme est aujourd'hui une activité économique à part entière qui participe pleinement à l'aménagement du territoire. Un aménagement que nous voulons plus équilibré, plus harmonieux, soucieux de l'environnement ; respectueux des cultures, des traditions et, surtout, des hommes.
Travailler ensemble en valorisant les potentialités et les complémentarités de chacun pour les mettre au service de tous - à la fois les touristes, par la qualité des prestations reçues et les populations locales, grâce aux bénéfices économiques et sociaux dégagés - , tel est le sens de la politique que je m'attache à impulser au sein du Gouvernement et auprès de tous les acteurs du tourisme.
Je me réjouis qu'elle trouve, d'ores et déjà, des échos concrets et intéressants, notamment à travers les contrats de plan qui sont des outils privilégiés de partenariat entre l'Etat, les Régions et les collectivités locales.
A l'heure où, en France, 80 % des séjours touristiques se concentrent sur 20 % de notre territoire, cette approche nouvelle doit nous aider à améliorer l'image du tourisme.
Je veux redire ici que le tourisme est, par définition, une activité complémentaire des activités traditionnelles. Il ne peut vivre de lui-même, pour lui-même et par lui-même. Il a besoin, pour se développer, de richesses naturelles ou humaines déjà existantes. Il a besoin de l'appui d'autres activités économiques, de services et d'emplois. C'est à cette condition seulement qu'il peut en générer à son tour.
C'est, j'en suis persuadée, la seule voie possible pour dessiner, en France et au-delà, les contours d'un tourisme à dimension humaine. Un tourisme synonyme pour tous de valeurs de respect, d'échange, d'amitié et de solidarité.
L'exemple que vous donnez ici, avec l'ensemble de vos projets de développement touristique, et plus particulièrement avec celui de ce Musée de la mine, l'illustre parfaitement.
Votre volonté de reconquête culturelle est importante. Tout en rendant un hommage appuyé aux hommes et aux femmes, en valorisant ce qui a fait votre histoire, vous faites la démonstration que le bassin minier n'entend pas tout oublier mais qu'il a résolument opté pour la reconversion et qu'il a trouvé... un avenir pour son passé.
Je vous remercie.
5Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 31 août 2000).