Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, en clôture de l'examen du projet de loi autorisant la ratification du traité d'Athènes portant sur l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres à l'Assemblée nationale, Paris le 26 novembre 2003.

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Circonstance : Allocution de Dominique de Villepin en clôture de l'examen du projet de loi autorisant la ratification du traité d'Athènes relatif à l'élargissement de l'Union européenne, à l'Assemblée nationale le 26 novembre 2003

Texte intégral

Nous voici parvenus au terme de notre débat sur la ratification du traité d'adhésion de dix nouveaux Etats membres : c'est un moment historique pour l'Europe, pour les dix pays adhérents comme pour la France.
Le débat d'hier a témoigné du sérieux avec lequel vous avez abordé ce sujet et marqué la vigueur de l'engagement européen de notre pays. Il a mis en avant l'esprit de responsabilité qui nous anime au moment où l'Europe s'engage dans un élargissement sans précédent. La volonté de rassemblement est manifeste, même si certaines inquiétudes, qui doivent être prises en considération, se sont fait jour.
Permettez-moi de tirer les enseignements de ce débat.
Nous avons été nombreux à constater qu'au terme de ces longues négociations l'élargissement s'effectuera dans des conditions satisfaisantes pour les pays adhérents comme pour les membres actuels.
Les pays adhérents sont largement prêts à entrer dans l'Union, à respecter les règles communes, au terme d'un effort sans précédent, que nous saluons. S'il leur reste des efforts à accomplir, personne ne doute qu'ils seront prêts le 1er mai prochain. Du reste, des mesures de sauvegarde ont été prévues en cas de difficulté.
Les coûts de l'élargissement sont maîtrisés et ils inspireront la réforme des perspectives financières de l'Union, qui sera le premier grand chantier de l'Europe élargie. Il faudra, à cette occasion, trouver les moyens de financer les nouvelles politiques communes avec le souci d'une saine maîtrise de nos dépenses.
Les perspectives économiques de l'élargissement sont prometteuses. Grâce à l'extension du marché unique à 75 millions de nouveaux consommateurs, l'économie européenne bénéficiera du dynamisme de la croissance dans les nouveaux Etats membres. Il y a là, pour nos entrepreneurs et, en particulier, pour nos petites et moyennes entreprises, de nouveaux marchés qui sont autant d'opportunités bienvenues face au ralentissement actuel de la conjoncture.
Par ailleurs, cet élargissement s'accompagnera d'un approfondissement de l'Europe, qui supposera l'adaptation de ses institutions et de ses politiques.
Nous avons examiné hier le détail de ces politiques européennes et pris la dimension des nouvelles priorités, dans le domaine de la croissance et de l'emploi, de la sécurité intérieure, de la politique étrangère et de la défense. Il y a là un nouvel horizon pour faire de l'Europe élargie un acteur qui compte au sein de la communauté internationale.
L'effort d'approfondissement, c'est surtout une capacité renouvelée de l'Union à faire évoluer ses institutions pour les rendre plus démocratiques et efficaces. A cet égard, nous devrons assouplir la conduite des actions de l'Europe à 25.
Le projet de traité, issu des travaux de la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing, nous permettra, dans le cadre de la Conférence intergouvernementale en cours, d'adopter une Constitution à la hauteur des défis que nous devons relever.
Je veux, à la veille du conclave ministériel de Naples, rester optimiste. Tous les membres de l'Union doivent prendre conscience de leurs responsabilités face à l'Histoire et mesurer les enjeux d'une aventure européenne engagée depuis près de cinquante ans.
Enfin, nos débats ont montré que l'Europe élargie devait définir de nouvelles relations avec ses voisins, qu'il s'agisse des futurs membres de l'Union ou des pays avec lesquels nous entendons nouer des partenariats privilégiés.
Il faudra être patients, et inventer de nouvelles formes d'association. L'Europe élargie devra rester fidèle à sa vocation et offrir l'exemple d'une Union soucieuse de solidarité, de justice et de paix.
La France devra être à la hauteur de ses responsabilités, et délivrer un message de générosité et de lucidité.
Ayons confiance dans la capacité de notre pays à se faire entendre : notre voix est écoutée et respectée. Tel est bien l'esprit qui doit maintenant nous guider sur le chemin de l'Europe nouvelle.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2003)