Texte intégral
Merci d'abord d'être venus nombreux ce soir. J'allais dire c'est une grande joie pour moi de vous voir. C'est vrai, même si je sais que les circonstances sont difficiles et c'est ce qui mobilise un certain nombre des agents de ce Département. Je dirai tous parce que nous sommes tous concernés par l'avenir de cette maison, par les inquiétudes qui s'y expriment. C'est véritablement notre préoccupation commune. Et donc si j'ai souhaité vous réunir, c'est bien pour parler de la situation de notre ministère et pour vous dire comment je voyais les problèmes du présent, comment je voulais essayer de les résoudre en les inscrivant dans une véritable vision pour l'avenir.
Nous le savons tous, les organisations syndicales de notre maison ont lancé un appel à la grève pour lundi prochain. D'ores et déjà, la grande presse s'est fait l'écho de ce dépôt de grève. Il y a parmi vous beaucoup d'anciens. Il y a un certain nombre de jeunes agents. Vous savez tous qu'une grève dans notre maison, ce n'est pas une chose banale. C'est naturellement le droit le plus strict qui s'exprime et je tiens à dire clairement que je le respecte par avance. Je respecte le choix que chacun d'entre vous fera en conscience, dans un esprit de responsabilité.
Indépendamment de l'impact qu'il aura, ce mouvement ne doit pas, ne peut pas être pris à la légère. Il traduit un sentiment d'incertitude dont j'ai déjà parlé, de crainte même devant l'avenir ainsi que d'angoisse souvent devant des conditions de travail et de rémunération qui interpellent cette maison. Ce sentiment qui s'exprime, je tiens à vous le dire, non seulement j'en suis conscient mais j'en mesure toute l'importance.
Et c'est pour tenter de répondre à un certain nombre de vos interrogations, pour mettre en perspective les efforts qui vous sont demandés que j'ai voulu cette réunion. Il y a déjà eu, au cours des derniers mois, un dialogue nourri, avec les organisations syndicales dans les enceintes habituelles. Il y a eu une large concertation à Paris, à Nantes, dans les postes. Le dialogue qui a été engagé est un dialogue sans précédent dans notre ministère. Mais je voudrais, ce soir, le prolonger avec vous par un échange direct et, par votre intermédiaire, nourrir cet échange que je veux, que nous devons, tous, entretenir avec l'ensemble des agents de ce ministère, qu'ils soient à Nantes ou bien sûr en poste.
Alors que nous commençons tout juste à percevoir l'ampleur des bouleversements qui frappent le monde, je sais que chacun d'entre vous est pleinement conscient des enjeux et de la responsabilité qui nous incombent. Tout au long des derniers mois, vous avez vu à quel point les attentes des Français vis-à-vis de nous sont grandes. Vous avez vu à quel point chacun se rend compte qu'au-delà de nos frontières, partout sur la planète, théâtres de crises, grands enjeux du terrorisme et de la prolifération, c'est bien le destin des Français, des Européens, qui se joue. Et nous avons une part lourde de responsabilité dans les actions qui engagent notre pays. C'est une lourde tâche que d'éclairer l'avenir. C'est une lourde tâche que d'être au coeur de l'action extérieure de l'Etat.
Cette responsabilité, vous l'assumez, toutes et tous, avec compétence mais aussi avec conviction. S'il est bien une chose que nous partageons, c'est à la fois une haute ambition pour notre pays et un haut degré d'exigence dans l'action. Cet esprit de mission, cet esprit d'une famille tout entière mobilisée, sont au coeur de la vocation même de notre ministère.
Etant l'un des vôtres, je peux vous dire ce soir que je ne l'oublie jamais, je suis des vôtres c'est-à-dire soucieux de la place de ce ministère, de la vie de ce ministère, de l'avenir de ce ministère. Je veux donc ici vous remercier à nouveau de vos efforts et de votre dévouement. Rien de ce qui a été fait au cours des dernières années par notre pays sur la scène internationale n'aurait été possible sans l'engagement de chacun d'entre vous. Vous avez porté haut la voix de la France. Vous avez donné à son message la force et la générosité qui lui sont propres. Et je tiens à vous dire que les plus hautes autorités de l'Etat en sont les premières conscientes. Et je pense que dans vos vies personnelles, les témoignages des Françaises et des Français vous parviennent souvent et régulièrement comme j'en prends connaissance moi-même sur la satisfaction, sur la reconnaissance qui s'expriment pour tous ceux qui se battent pour la voix et le message de la France.
Cette lourde responsabilité nous impose un devoir, celui de nous réformer, de nous adapter. S'il veut pleinement remplir sa mission, notre ministère doit être à la pointe de la modernisation de l'Etat. C'est tout le sens de l'action que je veux mener, que je mène depuis 18 mois avec vous, avec trois objectifs prioritaires :
- renforcer notre capacité stratégique pour mieux définir les priorités de l'action extérieure de la France ;
- assurer la cohérence interministérielle de notre action diplomatique ;
- rénover les méthodes et les outils, en utilisant mieux les compétences de notre ministère.
Alors, je le sais, la réforme n'est pas un thème nouveau dans notre ministère et j'y ai pris ma part, dès 1993, avec Alain Juppé, pour lancer une grande ambition d'adaptation, de modernisation de ce ministère. Mais je crois que c'est une nouvelle étape qu'il nous faut franchir pour nous placer véritablement au coeur de la réforme. Car au-delà des objectifs que je viens d'énumérer, l'ambition, c'est bien celle-là : être au centre de l'action extérieure de l'Etat, parce que c'est l'idée que nous nous faisons de notre rôle, c'est l'idée que nous nous faisons de notre responsabilité et c'est bien notre mission qui est d'incarner la vocation, l'image de la France, de fédérer les énergies de l'ensemble de ceux qui travaillent sur l'action extérieure. C'est donc un rôle pilote et de responsabilités. Pour cela, dans le cadre de la mise en place des nouvelles règles budgétaires, je plaide pour que soit mise en place une mission interministérielle "action extérieure de l'Etat". Elle devra permettre d'avoir une vue d'ensemble de l'action à l'étranger des différents départements ministériels qui agissent vers l'extérieur et bien évidemment de mieux hiérarchiser, de mieux rationaliser nos priorités.
C'est, je crois, une chance pour notre maison. Il faut savoir la saisir. Et, pour cela nous devons être capables de changer nos habitudes de travail, de nous organiser différemment, de nous ouvrir sur les idées des autres. Et je sais que ce ministère, s'il se mobilise, en est capable, et je sais pouvoir compter sur vous pour aller de l'avant.
Cette réforme, c'est vrai, et c'est toute la difficulté de l'exercice que nous faisons ensemble, s'inscrit dans un contexte budgétaire très difficile. Un effort important nous est demandé dans le cadre du rétablissement de nos finances publiques. Il se traduit notamment par des réductions de personnel ainsi que par une baisse des indemnités de résidence pour les agents en poste. Et c'est bien sur ces points que les mécontentements se sont tout particulièrement et naturellement, je devrais dire, cristallisés.
Dans ce contexte, je voudrais vous apporter un certain nombre d'éclairages et de précisions sur les dispositifs qui sont pris ou qui vont être pris :
- d'abord, face aux sacrifices qui nous ont été demandés, nous avons obtenu qu'une partie des économies sur les indemnités de résidence soient redéployées au bénéfice de l'administration centrale où la situation reste souvent très difficile et très inéquitable, en particulier vis-à-vis d'autres administrations. Cela signifie que les primes de centrale vont être augmentées dans une proportion non négligeable.
- ensuite, j'ai voulu inscrire notre effort dans une réforme en profondeur du régime des indemnités de résidence qui se caractérise depuis trop longtemps par des inégalités, par un manque de transparence et par beaucoup d'incohérence. Tout cela est source d'injustice à l'intérieur, de soupçons et de critiques à l'extérieur. La réforme était donc indispensable, dans son principe, au nom de l'équité mais aussi, ne nous y trompons pas, pour la défense de nos propres intérêts.
- enfin, j'ai pris mes responsabilités. Les efforts qui ont été imposés à notre ministère, et que j'ai accepté en votre nom, j'entends bien qu'ils soient consentis pour solde de tout compte. Au nom des nécessités d'aujourd'hui mais aussi au nom des ambitions qui sont les nôtres pour le présent et pour l'avenir. L'année 2003, nous le savons tous, a été une année difficile pour notre maison : les gels, les annulations ont désorganisé notre travail. Il ne saurait être question que nous souffrions en 2004 de la même manière. Et je l'ai indiqué de la façon la plus claire aux plus hautes autorités de l'Etat.
Ce cadre ainsi dressé, je veillerai à ce que la mise en oeuvre s'inspire de deux préoccupations particulières :
- la rationalisation : je ne transigerai pas sur ce principe et j'entends qu'il s'applique à la fois à l'extérieur du ministère, où les autres administrations doivent prendre leur part dans le redressement de l'Etat, et à l'intérieur de notre maison. L'effort doit être équitablement réparti entre tous à partir de critères objectifs tels que les catégories statutaires, le coût de la vie, le coût du logement ou encore la nécessité de mettre fin à des situations de trop grand déséquilibre. Les propositions, qui viennent d'être mises au point par la direction générale de l'Administration, ont pris en compte l'ensemble de ces facteurs ; elles ont commencé à être présentées aux organisations syndicales et vont nourrir un dialogue indispensable.
- la deuxième grande exigence, c'est la concertation. Celle qui a été engagée jusque là est à bien des égards sans précédent, je l'ai dit. Mais je ne m'en satisfais pas et il est important que nous fassions davantage.
Je reverrai donc les organisations syndicales, pour faire régulièrement avec elles le point de la réforme.
J'entends poursuivre ce dialogue directement entamé avec vous à Paris, à Nantes mais aussi à l'occasion de mes déplacements à l'étranger avec nos agents dans les ambassades, dans les consulats et nos différents services.
Pour être encore plus précis, je voudrais marquer ici quelques-uns des engagements que je voudrais prendre solennellement aujourd'hui devant vous :
- mettre en place, pour les indemnités de résidence, un système transparent, objectif et incontestable de calcul. Les variations à la hausse et à la baisse pour chaque pays, pour chaque groupe, seront portées à la connaissance de l'ensemble des agents du Département dès qu'elles auront été définitivement établies ;
- prendre en compte la situation des agents non logés par l'Etat dans les pays où le coût de la vie ou du logement sont nettement supérieurs à la référence de Paris ;
- mettre fin au mécanisme inéquitable de l'abattement total de l'indemnité de résidence en cas de congés maladie en France ;
- instaurer un mode de calcul équitable des majorations familiales en fonction du coût réel de la scolarité des enfants et des charges de logement additionnelles des familles ;
- en ce qui concerne les primes versées en administration centrale, rendre publiques les modalités d'augmentation de ces primes ainsi que les critères de calcul et d'attribution pour la partie qui relèvera d'une attribution au mérite.
Pour chacun de ces engagements, la direction générale de l'Administration réunira vos représentants élus, chaque fois que nécessaire, pour préciser, adapter et expliquer les mesures qui sont envisagées. Cela commencera dès demain matin, puisque le directeur du Budget et des Affaires financières, Jean-François Desmazières, réunira les syndicats sur cette question.
Voilà la direction dans laquelle je souhaite engager notre ministère. Le chemin tracé est exigeant. J'ai voulu vous en indiquer les étapes en toute clarté. Je suis le premier convaincu que pour conduire une politique ambitieuse nous avons besoin d'un ministère fort, disposant de l'ensemble des moyens nécessaires à notre action et servi par des agents motivés. J'ai voulu m'engager et prendre, au sein de l'Etat, toutes mes responsabilités dans ce sens. Malgré toutes les difficultés, je sais pouvoir compter sur votre mobilisation.
Pour conclure, je voudrais vous faire part de mes convictions sur notre métier. Chacun d'entre nous est conscient de l'honneur qui lui est fait de servir notre pays, de servir la France et de servir les Français. Les efforts que vous avez fournis tout au long de ces derniers mois, particulièrement éprouvants, particulièrement difficiles, l'ont bien montré. Chacun d'entre nous veut naturellement, et doit naturellement, disposer de tous les moyens qui nous permettent d'agir non seulement avec dignité mais aussi avec efficacité. Je sais combien, au cours des dernières années, vous avez été sollicités, combien notre ministère a été sollicité pour payer de sa personne. Je sais aussi l'esprit qui est le vôtre d'ardeur, de disponibilité, de générosité. Pour tout cela, je veux vous redire à quel point on est conscient au sommet de l'Etat comme dans chacune de nos régions, de la capacité de mobilisation de l'ensemble d'entre vous.
Cela justifie, de notre part à tous, un impératif évident de réforme. Je l'ai dit, le monde bouge. Nous avons tous à coeur de donner l'exemple en nous plaçant aux avant-postes de la réforme de l'Etat. Et c'est bien le processus que nous avons engagé. Nous avons, de ce point de vue, un devoir d'exemplarité et c'est un élément de fierté, malgré tout, au moment-même où nous rencontrons des difficultés, que d'être peut-être le ministère en pointe, le ministère exemplaire dans le domaine de la réforme. Notre maison est une, même si elle a plusieurs visages et de multiples métiers, à Paris, à Nantes, à l'étranger, dans nos ambassades, nos consulats, nos services culturels et de coopération. Et chacun d'entre nous connaît sa mission.
Mais à tout cela il y a bien sûr une contrepartie. Il y a une exigence qui est pour moi fondamentale et sans quoi je n'accepterais pas de conduire les rênes de cette maison. C'est une exigence d'équité et de justice pour chacun d'entre vous. Et ce soir, je veux me porter garant devant vous de cette exigence d'équité et de justice. A chaque étape des réformes engagées, nous ferons le point ensemble. A chaque étape, nous adapterons le rythme et les modalités des évolutions nécessaires. Et jamais je ne transigerai sur la force de notre ambition, sur l'honneur même de notre mission parce qu'il y va de notre devoir - même vis-à-vis de la France et vis-à-vis des Français.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2003)
Nous le savons tous, les organisations syndicales de notre maison ont lancé un appel à la grève pour lundi prochain. D'ores et déjà, la grande presse s'est fait l'écho de ce dépôt de grève. Il y a parmi vous beaucoup d'anciens. Il y a un certain nombre de jeunes agents. Vous savez tous qu'une grève dans notre maison, ce n'est pas une chose banale. C'est naturellement le droit le plus strict qui s'exprime et je tiens à dire clairement que je le respecte par avance. Je respecte le choix que chacun d'entre vous fera en conscience, dans un esprit de responsabilité.
Indépendamment de l'impact qu'il aura, ce mouvement ne doit pas, ne peut pas être pris à la légère. Il traduit un sentiment d'incertitude dont j'ai déjà parlé, de crainte même devant l'avenir ainsi que d'angoisse souvent devant des conditions de travail et de rémunération qui interpellent cette maison. Ce sentiment qui s'exprime, je tiens à vous le dire, non seulement j'en suis conscient mais j'en mesure toute l'importance.
Et c'est pour tenter de répondre à un certain nombre de vos interrogations, pour mettre en perspective les efforts qui vous sont demandés que j'ai voulu cette réunion. Il y a déjà eu, au cours des derniers mois, un dialogue nourri, avec les organisations syndicales dans les enceintes habituelles. Il y a eu une large concertation à Paris, à Nantes, dans les postes. Le dialogue qui a été engagé est un dialogue sans précédent dans notre ministère. Mais je voudrais, ce soir, le prolonger avec vous par un échange direct et, par votre intermédiaire, nourrir cet échange que je veux, que nous devons, tous, entretenir avec l'ensemble des agents de ce ministère, qu'ils soient à Nantes ou bien sûr en poste.
Alors que nous commençons tout juste à percevoir l'ampleur des bouleversements qui frappent le monde, je sais que chacun d'entre vous est pleinement conscient des enjeux et de la responsabilité qui nous incombent. Tout au long des derniers mois, vous avez vu à quel point les attentes des Français vis-à-vis de nous sont grandes. Vous avez vu à quel point chacun se rend compte qu'au-delà de nos frontières, partout sur la planète, théâtres de crises, grands enjeux du terrorisme et de la prolifération, c'est bien le destin des Français, des Européens, qui se joue. Et nous avons une part lourde de responsabilité dans les actions qui engagent notre pays. C'est une lourde tâche que d'éclairer l'avenir. C'est une lourde tâche que d'être au coeur de l'action extérieure de l'Etat.
Cette responsabilité, vous l'assumez, toutes et tous, avec compétence mais aussi avec conviction. S'il est bien une chose que nous partageons, c'est à la fois une haute ambition pour notre pays et un haut degré d'exigence dans l'action. Cet esprit de mission, cet esprit d'une famille tout entière mobilisée, sont au coeur de la vocation même de notre ministère.
Etant l'un des vôtres, je peux vous dire ce soir que je ne l'oublie jamais, je suis des vôtres c'est-à-dire soucieux de la place de ce ministère, de la vie de ce ministère, de l'avenir de ce ministère. Je veux donc ici vous remercier à nouveau de vos efforts et de votre dévouement. Rien de ce qui a été fait au cours des dernières années par notre pays sur la scène internationale n'aurait été possible sans l'engagement de chacun d'entre vous. Vous avez porté haut la voix de la France. Vous avez donné à son message la force et la générosité qui lui sont propres. Et je tiens à vous dire que les plus hautes autorités de l'Etat en sont les premières conscientes. Et je pense que dans vos vies personnelles, les témoignages des Françaises et des Français vous parviennent souvent et régulièrement comme j'en prends connaissance moi-même sur la satisfaction, sur la reconnaissance qui s'expriment pour tous ceux qui se battent pour la voix et le message de la France.
Cette lourde responsabilité nous impose un devoir, celui de nous réformer, de nous adapter. S'il veut pleinement remplir sa mission, notre ministère doit être à la pointe de la modernisation de l'Etat. C'est tout le sens de l'action que je veux mener, que je mène depuis 18 mois avec vous, avec trois objectifs prioritaires :
- renforcer notre capacité stratégique pour mieux définir les priorités de l'action extérieure de la France ;
- assurer la cohérence interministérielle de notre action diplomatique ;
- rénover les méthodes et les outils, en utilisant mieux les compétences de notre ministère.
Alors, je le sais, la réforme n'est pas un thème nouveau dans notre ministère et j'y ai pris ma part, dès 1993, avec Alain Juppé, pour lancer une grande ambition d'adaptation, de modernisation de ce ministère. Mais je crois que c'est une nouvelle étape qu'il nous faut franchir pour nous placer véritablement au coeur de la réforme. Car au-delà des objectifs que je viens d'énumérer, l'ambition, c'est bien celle-là : être au centre de l'action extérieure de l'Etat, parce que c'est l'idée que nous nous faisons de notre rôle, c'est l'idée que nous nous faisons de notre responsabilité et c'est bien notre mission qui est d'incarner la vocation, l'image de la France, de fédérer les énergies de l'ensemble de ceux qui travaillent sur l'action extérieure. C'est donc un rôle pilote et de responsabilités. Pour cela, dans le cadre de la mise en place des nouvelles règles budgétaires, je plaide pour que soit mise en place une mission interministérielle "action extérieure de l'Etat". Elle devra permettre d'avoir une vue d'ensemble de l'action à l'étranger des différents départements ministériels qui agissent vers l'extérieur et bien évidemment de mieux hiérarchiser, de mieux rationaliser nos priorités.
C'est, je crois, une chance pour notre maison. Il faut savoir la saisir. Et, pour cela nous devons être capables de changer nos habitudes de travail, de nous organiser différemment, de nous ouvrir sur les idées des autres. Et je sais que ce ministère, s'il se mobilise, en est capable, et je sais pouvoir compter sur vous pour aller de l'avant.
Cette réforme, c'est vrai, et c'est toute la difficulté de l'exercice que nous faisons ensemble, s'inscrit dans un contexte budgétaire très difficile. Un effort important nous est demandé dans le cadre du rétablissement de nos finances publiques. Il se traduit notamment par des réductions de personnel ainsi que par une baisse des indemnités de résidence pour les agents en poste. Et c'est bien sur ces points que les mécontentements se sont tout particulièrement et naturellement, je devrais dire, cristallisés.
Dans ce contexte, je voudrais vous apporter un certain nombre d'éclairages et de précisions sur les dispositifs qui sont pris ou qui vont être pris :
- d'abord, face aux sacrifices qui nous ont été demandés, nous avons obtenu qu'une partie des économies sur les indemnités de résidence soient redéployées au bénéfice de l'administration centrale où la situation reste souvent très difficile et très inéquitable, en particulier vis-à-vis d'autres administrations. Cela signifie que les primes de centrale vont être augmentées dans une proportion non négligeable.
- ensuite, j'ai voulu inscrire notre effort dans une réforme en profondeur du régime des indemnités de résidence qui se caractérise depuis trop longtemps par des inégalités, par un manque de transparence et par beaucoup d'incohérence. Tout cela est source d'injustice à l'intérieur, de soupçons et de critiques à l'extérieur. La réforme était donc indispensable, dans son principe, au nom de l'équité mais aussi, ne nous y trompons pas, pour la défense de nos propres intérêts.
- enfin, j'ai pris mes responsabilités. Les efforts qui ont été imposés à notre ministère, et que j'ai accepté en votre nom, j'entends bien qu'ils soient consentis pour solde de tout compte. Au nom des nécessités d'aujourd'hui mais aussi au nom des ambitions qui sont les nôtres pour le présent et pour l'avenir. L'année 2003, nous le savons tous, a été une année difficile pour notre maison : les gels, les annulations ont désorganisé notre travail. Il ne saurait être question que nous souffrions en 2004 de la même manière. Et je l'ai indiqué de la façon la plus claire aux plus hautes autorités de l'Etat.
Ce cadre ainsi dressé, je veillerai à ce que la mise en oeuvre s'inspire de deux préoccupations particulières :
- la rationalisation : je ne transigerai pas sur ce principe et j'entends qu'il s'applique à la fois à l'extérieur du ministère, où les autres administrations doivent prendre leur part dans le redressement de l'Etat, et à l'intérieur de notre maison. L'effort doit être équitablement réparti entre tous à partir de critères objectifs tels que les catégories statutaires, le coût de la vie, le coût du logement ou encore la nécessité de mettre fin à des situations de trop grand déséquilibre. Les propositions, qui viennent d'être mises au point par la direction générale de l'Administration, ont pris en compte l'ensemble de ces facteurs ; elles ont commencé à être présentées aux organisations syndicales et vont nourrir un dialogue indispensable.
- la deuxième grande exigence, c'est la concertation. Celle qui a été engagée jusque là est à bien des égards sans précédent, je l'ai dit. Mais je ne m'en satisfais pas et il est important que nous fassions davantage.
Je reverrai donc les organisations syndicales, pour faire régulièrement avec elles le point de la réforme.
J'entends poursuivre ce dialogue directement entamé avec vous à Paris, à Nantes mais aussi à l'occasion de mes déplacements à l'étranger avec nos agents dans les ambassades, dans les consulats et nos différents services.
Pour être encore plus précis, je voudrais marquer ici quelques-uns des engagements que je voudrais prendre solennellement aujourd'hui devant vous :
- mettre en place, pour les indemnités de résidence, un système transparent, objectif et incontestable de calcul. Les variations à la hausse et à la baisse pour chaque pays, pour chaque groupe, seront portées à la connaissance de l'ensemble des agents du Département dès qu'elles auront été définitivement établies ;
- prendre en compte la situation des agents non logés par l'Etat dans les pays où le coût de la vie ou du logement sont nettement supérieurs à la référence de Paris ;
- mettre fin au mécanisme inéquitable de l'abattement total de l'indemnité de résidence en cas de congés maladie en France ;
- instaurer un mode de calcul équitable des majorations familiales en fonction du coût réel de la scolarité des enfants et des charges de logement additionnelles des familles ;
- en ce qui concerne les primes versées en administration centrale, rendre publiques les modalités d'augmentation de ces primes ainsi que les critères de calcul et d'attribution pour la partie qui relèvera d'une attribution au mérite.
Pour chacun de ces engagements, la direction générale de l'Administration réunira vos représentants élus, chaque fois que nécessaire, pour préciser, adapter et expliquer les mesures qui sont envisagées. Cela commencera dès demain matin, puisque le directeur du Budget et des Affaires financières, Jean-François Desmazières, réunira les syndicats sur cette question.
Voilà la direction dans laquelle je souhaite engager notre ministère. Le chemin tracé est exigeant. J'ai voulu vous en indiquer les étapes en toute clarté. Je suis le premier convaincu que pour conduire une politique ambitieuse nous avons besoin d'un ministère fort, disposant de l'ensemble des moyens nécessaires à notre action et servi par des agents motivés. J'ai voulu m'engager et prendre, au sein de l'Etat, toutes mes responsabilités dans ce sens. Malgré toutes les difficultés, je sais pouvoir compter sur votre mobilisation.
Pour conclure, je voudrais vous faire part de mes convictions sur notre métier. Chacun d'entre nous est conscient de l'honneur qui lui est fait de servir notre pays, de servir la France et de servir les Français. Les efforts que vous avez fournis tout au long de ces derniers mois, particulièrement éprouvants, particulièrement difficiles, l'ont bien montré. Chacun d'entre nous veut naturellement, et doit naturellement, disposer de tous les moyens qui nous permettent d'agir non seulement avec dignité mais aussi avec efficacité. Je sais combien, au cours des dernières années, vous avez été sollicités, combien notre ministère a été sollicité pour payer de sa personne. Je sais aussi l'esprit qui est le vôtre d'ardeur, de disponibilité, de générosité. Pour tout cela, je veux vous redire à quel point on est conscient au sommet de l'Etat comme dans chacune de nos régions, de la capacité de mobilisation de l'ensemble d'entre vous.
Cela justifie, de notre part à tous, un impératif évident de réforme. Je l'ai dit, le monde bouge. Nous avons tous à coeur de donner l'exemple en nous plaçant aux avant-postes de la réforme de l'Etat. Et c'est bien le processus que nous avons engagé. Nous avons, de ce point de vue, un devoir d'exemplarité et c'est un élément de fierté, malgré tout, au moment-même où nous rencontrons des difficultés, que d'être peut-être le ministère en pointe, le ministère exemplaire dans le domaine de la réforme. Notre maison est une, même si elle a plusieurs visages et de multiples métiers, à Paris, à Nantes, à l'étranger, dans nos ambassades, nos consulats, nos services culturels et de coopération. Et chacun d'entre nous connaît sa mission.
Mais à tout cela il y a bien sûr une contrepartie. Il y a une exigence qui est pour moi fondamentale et sans quoi je n'accepterais pas de conduire les rênes de cette maison. C'est une exigence d'équité et de justice pour chacun d'entre vous. Et ce soir, je veux me porter garant devant vous de cette exigence d'équité et de justice. A chaque étape des réformes engagées, nous ferons le point ensemble. A chaque étape, nous adapterons le rythme et les modalités des évolutions nécessaires. Et jamais je ne transigerai sur la force de notre ambition, sur l'honneur même de notre mission parce qu'il y va de notre devoir - même vis-à-vis de la France et vis-à-vis des Français.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2003)