Texte intégral
M. Barnier - Je veux avant tout dire à Miguel Moratinos combien nous sommes, nous les ministres français et toutes nos équipes, touchés par l'amitié et la qualité de l'accueil que nous recevons ici grâce à lui et à ses collègues ministres et collaborateurs, à Barcelone, au coeur de la Catalogne.
En ce qui me concerne, je suis d'autant plus heureux de vous retrouver ici que je n'ai pas oublié, il y a une quinzaine d'années, le travail parallèle, amical, fait avec cette grande ville qu'est Barcelone au moment où elle organisait au nom de l'Espagne les Jeux Olympiques d'été au moment même où j'organisais les Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Nous avons eu avec Pasqual Maragall, Jordi Pujol et l'équipe de cette époque, une relation extrêmement fructueuse que je n'ai pas oubliée. Comme je n'ai pas oublié, Miguel, le travail tout au long des cinq dernières années avec les autorités de Madrid, notamment, tous les responsables et présidents de régions espagnoles au titre de la politique de cohésion dont j'avais la responsabilité comme commissaire européen. C'est l'occasion pour moi, pour nous, de vous remercier et de constater, Mesdames et Messieurs, qu'il y a un nouvel élan dans l'amitié et dans la relation entre l'Espagne et la France et probablement un nouvel élan également pour l'Europe, élan auquel participent l'Espagne, la France, l'Allemagne, comme cela a été clairement démontré et dit à Madrid, il y a quelques jours, lorsque le président Zapatero, le président Chirac, le chancelier Schröder se sont rencontrés. Nous pensons que ce travail, entre ces trois pays et sans doute avec d'autres, est très important pour entraîner le projet européen dans un contexte international difficile, un projet européen qui protège, nous donne davantage de sécurité, qui crée du progrès entre nous et vers les autres. Et c'est dans le prolongement de ce travail, pour préparer le prochain sommet bilatéral de Saragosse, que nous nous sommes retrouvés aujourd'hui. Nous voulons porter témoignage de ce nouvel élan. L'amitié, l'atmosphère de cette réunion en est la preuve, s'il en fallait une.
Parmi les questions internationales sur lesquelles nous sommes, Espagnols et Français, sur la même ligne, celle de la dignité des peuples, de la paix, de la souveraineté, il y a le conflit au Proche-Orient. L'analyse que nous faisons, Miguel Moratinos est le plus engagé d'entre nous sur ce sujet, est qu'il est nécessaire que chacun des protagonistes se retrouve autour de la table, que le processus politique recommence, que cesse la spirale de la violence. Voilà pourquoi nous croyons qu'il faut préserver la Feuille de route, qu'il faut préserver le cadre international du Quartet et que l'Europe prenne des initiatives pour relancer ce processus politique.
Miguel Moratinos va se rendre demain au Darfour. C'est un grand sujet de préoccupation politique et humanitaire. Et, là aussi, nous sommes solidaires, avec les autres pays européens, pour consolider les discussions politiques fragiles qui ont commencé, pour maintenir les pressions pour que chacun tienne ses engagements, le gouvernement soudanais mais aussi les rebelles, les partis, pour aider, autant que nous le pouvons, l'Union africaine qui fait un travail très intelligent et très important sur le terrain, y compris, s'il le fallait, par une force de police pour sécuriser les personnes réfugiées et cette région du Darfour.
Je veux aussi rendre hommage très sincèrement au travail formidable que font les Organisations non gouvernementales dans cette région d'Afrique.
Evidemment, les ministres qui sont ici pourront détailler, ils l'ont fait aujourd'hui, au-delà de ces questions internationales, la lutte contre le terrorisme et la poursuite d'une coopération étroite entre nos deux pays avec, notamment, l'interconnexion des données judiciaires et les équipes franco-espagnoles d'enquête contre l'ETA.
Les deux ministres de la Défense, qui ne sont pas là mais qui ont travaillé toute la journée, ont également marqué leur soutien à la politique européenne de sécurité et de défense, le travail que fait Javier Solana, le projet de Gendarmerie européenne, le lancement d'une initiative que j'ai moi-même soutenue comme membre de la Convention : l'Agence européenne de Défense.
Nous avons évoqué, toujours à propos des grands enjeux européens, Miguel l'a dit, celui pour lequel nous, Espagnols ou Français, mais aussi Portugais, Maltais, Italiens, Grecs avons probablement des responsabilités particulières. C'est l'autre rive de la Méditerranée et la relance du processus de Barcelone, à travers la politique de voisinage. Nous travaillons, avec les ministres des Affaires européennes, à des propositions concrètes pour que cette politique de voisinage soit opérationnelle, pour le développement des régions, notamment du Maghreb.
Sur le plan politique, naturellement, nous allons être solidaires pour animer le débat à propos de la Constitution européenne. Nous avons besoin de cette Constitution européenne pour faire fonctionner une Europe de vingt-cinq pays et nous en avons besoin pour préserver le marché unique, pour avancer plus loin dans la dimension humaniste et sociale de l'Europe. Nous en avons besoin pour mettre en place une politique européenne commune de Défense, une politique étrangère commune. Il y a des outils pour cette Europe politique dans la Constitution. Nous en avons besoin pour garantir les droits des citoyens. C'est tout cela que nous allons expliquer dans les débats à propos des référendums qui vont s'ouvrir et en France et en Espagne.
L'Europe se trouve également devant un débat difficile qui est celui de son prochain budget, et là, nous aurons, comme l'ont décidé les chefs d'Etat et de gouvernement, un travail très précis sur chacun des choix des chapitres de la politique européenne pour voir quelles politiques nous devons mener et combien d'argent est nécessaire pour chacune de ces politiques.
Les deux ministres de la Défense ont évoqué des coopérations concrètes qui se dessinent pour les hélicoptères Tigres, dans le domaine naval, beaucoup de problèmes concrets qu'ils ont évoqués pour donner corps à cette Europe de la Défense.
Les deux ministres des Transports ont une grande proximité de vues sur les liaisons transpyrénéennes, et naturellement ferroviaires, avec les travaux de la ligne Perpignan-Figueras qui débutent, en respectant le calendrier qui avait été promis. Ils viennent de finaliser également la mise en place d'un groupement entre Réseaux Ferrés de France et le GIF espagnol pour faire avancer concrètement la ligne Vitoria-Dax.
Voilà quelques-uns des résultats enregistrés, et auxquels nous avons travaillé, vous le voyez, pour cette dimension politique, diplomatique naturellement, mais aussi humaine, concrète, citoyenne qui caractérise désormais l'amitié entre la France et l'Espagne au service de l'Europe.
Q - Je voudrais demander à M. Barnier de parler de son travail en tant que commissaire européen, vous avez une expérience concrète à apporter ici, vous avez en tout cas contribué à favoriser l'Espagne avant votre poste actuel. Comment va se faire cette sortie des fonds de cohésion européens ?
R - M. Barnier - L'Espagne a bénéficié de la solidarité européenne, fortement, le ministre l'a dit, pour accompagner les initiatives, les projets des régions et des autorités nationales. C'est ce qui explique d'ailleurs le formidable succès, avec votre propre effort, - d'abord votre propre effort, ensuite la solidarité européenne -, le formidable succès économique enregistré depuis une quinzaine d'années dans votre pays.
La politique de cohésion, quand on en sort, c'est qu'on a réussi ! Mais il ne faut pas seulement en sortir pour des raisons statistiques, il faut en sortir pour de vraies raisons, et donc, la proposition que j'avais préparée au nom de la Commission européenne et qui est maintenant sur la table du Conseil des ministres, a, je crois, prévu des propositions équitables. Pour chacune des régions européennes et pour chacun des pays, notamment en amortissant le choc de la sortie statistique qui peut toucher telle ou telle région espagnole, grecque ou portugaise, cette proposition prévoit une aide très forte, très prioritaire pour les régions les plus pauvres, objectivement en difficulté, et pas seulement à l'est, mais dans toute l'Europe. Elle prévoit aussi une enveloppe de crédits pour aider les autres régions, notamment au titre de la compétitivité, de la croissance durable. Cette proposition est équilibrée. Je pense qu'elle constitue une bonne base de discussion pour le travail du Conseil des ministres et du Parlement. Voilà ce que je peux dire, mais cette discussion sera difficile, elle ne fait que commencer. Comme ministre français, ne soyez pas surpris que je reste fidèle à ce que je pensais, à ce que je proposais comme commissaire européen.
Q - J'ai une question pour le ministre Barnier. Que pensez-vous de la déclaration du Président espagnol Rodriguez Zapatero qui a dit, il y a quelques jours en Tunisie, que le début du retrait des occidentaux de certaines parties du territoire de l'Irak serait peut-être une solution et qu'il faudrait peut-être commencer à penser à se retirer du pays ? J'aimerais que le ministre nous explique en quoi consiste le projet de lutte conjointe contre le terrorisme ?
R - M. Barnier - La situation en Irak est particulièrement difficile, grave, tragique. Nous pensons naturellement d'abord au peuple irakien et à ses souffrances. Nous pensons qu'on ne sortira pas de cette tragédie par les armes, mais par la négociation politique. Ceci a toujours été la position de la France, depuis le début, et c'est dans cet esprit que nous avons travaillé à la récente résolution 1546 qui prévoit un processus politique et finalement démocratique pour que le peuple irakien retrouve sa pleine et totale souveraineté. Souhaitons que ce processus politique continue, étape par étape, pour que le destin de l'Irak, la gestion de l'Irak, soient l'affaire des Irakiens. Encore une fois, le cadre de ce processus politique, le chemin, a été fixé par cette résolution 1546, il faut maintenant le mettre en oeuvre. Voilà ce que je peux dire sur la situation de ce pays.
Q - Est-ce que le ministre de la Justice pourrait préciser la composition exacte des équipes conjointes de lutte contre le terrorisme international ? Je voulais également le demander, car dans ce genre de réunions bilatérales nous sommes habitués à parler de communication et de transports mais pas de terrorisme. On a l'impression que cette dernière réunion n'apporte rien en matière de transport et de routes. Je voulais demander ce qui pourrait représenter une nouvelle au prochain sommet.
R - M. Perben - Une équipe commune d'enquête, c'est quelque chose de très concret, de très pratique. Ce sont des magistrats, ce sont des policiers des deux pays, qui travaillent ensemble sur un même dossier d'enquête. S'agissant de l'accord qui est intervenu cette semaine, c'est un accord qui est mis en place par un juge de l'Audience nationale d'un côté et le procureur de Paris de l'autre, puisque vous savez qu'en France la lutte anti-terroriste est entièrement menée par le Tribunal de Paris. Donc, ce sont les deux procureurs qui ont décidé des détails de mise en place de cette équipe commune d'enquête, qui va permettre de lutter plus efficacement contre le terrorisme de l'ETA, sur le territoire espagnol et français, dans la mesure où, les équipes étant mixtes, il n'y a aucun délai en matière de transfert d'informations puisqu'elles travaillent ensemble. Et c'est ce qui est intéressant, c'est ce que disait M. Aguilar, c'est la première expérience au niveau de l'Europe d'un tel dispositif autorisé par une directive européenne. Et c'est un modèle ! Ceci montre qu'en matière de coopération judiciaire, c'est la coopération judiciaire franco-espagnole qui est la plus développée au sein de l'Union européenne.
R - M. de Robien - Au cas où vous ne seriez pas totalement convaincus par la formidable plaidoirie de ma collègue, je voudrais donner quelques précisions sur le volet routier qui vous inquiète et notamment sur les avancées qu'il y a, du côté français par exemple sur le tronçon Pau/Oloron qui est très important pour l'Espagne. La déclaration d'utilité publique va être prononcée en 2006. Pour la déviation d'Oloron, ce sera dès 2005. J'ai pu annoncer à ma collègue l'ouverture imminente de la bretelle autoroutière entre l'autoroute A 64 et la RN 125. C'est un petit tronçon mais qui est très important pour éviter les bouchons. J'ai pu indiquer également à ma collègue que dans le cadre d'une concession, le CIAT du 18 décembre a annoncé qu'il poursuivra activement le projet d'aménagement de la RN 10 dans les Landes pour la placer aux normes autoroutières et puis j'ai annoncé l'élargissement à deux fois trois voies de l'autoroute A 9 entre Narbonne et Perpignan Nord en tranches successives qui est aujourd'hui achevé, hormis quelques travaux. Voilà quelques précisions, en tout cas, qui sont de nature à bien vous faire circuler, vous les Espagnols, quand vous venez en France où, je suis sûr, vous serez toujours bien accueillis.
Q - Je voudrais demander à M. Barnier quelle est sa position à l'égard de la revendication sur la reconnaissance du Catalan et du Valencien au sein de l'Union européenne qui a provoqué, ici, une polémique sur l'unité de la langue catalane.
R - M. Barnier - D'abord je veux dire que la France a toujours été sensible à la richesse, à la vivacité, de la langue et de la culture catalanes. Sur ce sujet, sur cette réalité humaine, cette société de Catalogne, de longues conversations avec le président Pujol et avec le président Maragall m'ont fait connaître cette réalité. Je ne suis donc pas étonné que le gouvernement espagnol relaie, fasse écho de cette préoccupation. Nous avons accueilli avec faveur l'innovation qui sera prévue pour la Constitution européenne : la traduction de cette Constitution en catalan pour les millions de citoyens qui parlent cette langue et qui comprendront ainsi dans leur langue ce document très important pour eux. Au-delà, les questions qui sont posées par nos amis espagnols doivent s'inscrire dans une discussion générale d'environnement linguistique pour parler de l'organisation du fonctionnement pratique de l'Union. Nous participerons à ces discussions générales le moment venu.
Q - En ce qui concerne le train à grande vitesse entre Barcelone et Paris, est-ce que la continuité de la ligne ferroviaire à grande vitesse sera assurée au-delà de Perpignan ?
R - M. de Robien - Je voudrais vous confirmer que bien sûr, au nord de Perpignan, nous serons au rendez-vous de 2009, c'est à dire lorsque la ligne Perpignan/Figueras sera opérationnelle. Nous serons à ce rendez-vous, prêts à faire de la grande vitesse au nord de Perpignan, avec naturellement le contournement de Montpellier.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2004)
En ce qui me concerne, je suis d'autant plus heureux de vous retrouver ici que je n'ai pas oublié, il y a une quinzaine d'années, le travail parallèle, amical, fait avec cette grande ville qu'est Barcelone au moment où elle organisait au nom de l'Espagne les Jeux Olympiques d'été au moment même où j'organisais les Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Nous avons eu avec Pasqual Maragall, Jordi Pujol et l'équipe de cette époque, une relation extrêmement fructueuse que je n'ai pas oubliée. Comme je n'ai pas oublié, Miguel, le travail tout au long des cinq dernières années avec les autorités de Madrid, notamment, tous les responsables et présidents de régions espagnoles au titre de la politique de cohésion dont j'avais la responsabilité comme commissaire européen. C'est l'occasion pour moi, pour nous, de vous remercier et de constater, Mesdames et Messieurs, qu'il y a un nouvel élan dans l'amitié et dans la relation entre l'Espagne et la France et probablement un nouvel élan également pour l'Europe, élan auquel participent l'Espagne, la France, l'Allemagne, comme cela a été clairement démontré et dit à Madrid, il y a quelques jours, lorsque le président Zapatero, le président Chirac, le chancelier Schröder se sont rencontrés. Nous pensons que ce travail, entre ces trois pays et sans doute avec d'autres, est très important pour entraîner le projet européen dans un contexte international difficile, un projet européen qui protège, nous donne davantage de sécurité, qui crée du progrès entre nous et vers les autres. Et c'est dans le prolongement de ce travail, pour préparer le prochain sommet bilatéral de Saragosse, que nous nous sommes retrouvés aujourd'hui. Nous voulons porter témoignage de ce nouvel élan. L'amitié, l'atmosphère de cette réunion en est la preuve, s'il en fallait une.
Parmi les questions internationales sur lesquelles nous sommes, Espagnols et Français, sur la même ligne, celle de la dignité des peuples, de la paix, de la souveraineté, il y a le conflit au Proche-Orient. L'analyse que nous faisons, Miguel Moratinos est le plus engagé d'entre nous sur ce sujet, est qu'il est nécessaire que chacun des protagonistes se retrouve autour de la table, que le processus politique recommence, que cesse la spirale de la violence. Voilà pourquoi nous croyons qu'il faut préserver la Feuille de route, qu'il faut préserver le cadre international du Quartet et que l'Europe prenne des initiatives pour relancer ce processus politique.
Miguel Moratinos va se rendre demain au Darfour. C'est un grand sujet de préoccupation politique et humanitaire. Et, là aussi, nous sommes solidaires, avec les autres pays européens, pour consolider les discussions politiques fragiles qui ont commencé, pour maintenir les pressions pour que chacun tienne ses engagements, le gouvernement soudanais mais aussi les rebelles, les partis, pour aider, autant que nous le pouvons, l'Union africaine qui fait un travail très intelligent et très important sur le terrain, y compris, s'il le fallait, par une force de police pour sécuriser les personnes réfugiées et cette région du Darfour.
Je veux aussi rendre hommage très sincèrement au travail formidable que font les Organisations non gouvernementales dans cette région d'Afrique.
Evidemment, les ministres qui sont ici pourront détailler, ils l'ont fait aujourd'hui, au-delà de ces questions internationales, la lutte contre le terrorisme et la poursuite d'une coopération étroite entre nos deux pays avec, notamment, l'interconnexion des données judiciaires et les équipes franco-espagnoles d'enquête contre l'ETA.
Les deux ministres de la Défense, qui ne sont pas là mais qui ont travaillé toute la journée, ont également marqué leur soutien à la politique européenne de sécurité et de défense, le travail que fait Javier Solana, le projet de Gendarmerie européenne, le lancement d'une initiative que j'ai moi-même soutenue comme membre de la Convention : l'Agence européenne de Défense.
Nous avons évoqué, toujours à propos des grands enjeux européens, Miguel l'a dit, celui pour lequel nous, Espagnols ou Français, mais aussi Portugais, Maltais, Italiens, Grecs avons probablement des responsabilités particulières. C'est l'autre rive de la Méditerranée et la relance du processus de Barcelone, à travers la politique de voisinage. Nous travaillons, avec les ministres des Affaires européennes, à des propositions concrètes pour que cette politique de voisinage soit opérationnelle, pour le développement des régions, notamment du Maghreb.
Sur le plan politique, naturellement, nous allons être solidaires pour animer le débat à propos de la Constitution européenne. Nous avons besoin de cette Constitution européenne pour faire fonctionner une Europe de vingt-cinq pays et nous en avons besoin pour préserver le marché unique, pour avancer plus loin dans la dimension humaniste et sociale de l'Europe. Nous en avons besoin pour mettre en place une politique européenne commune de Défense, une politique étrangère commune. Il y a des outils pour cette Europe politique dans la Constitution. Nous en avons besoin pour garantir les droits des citoyens. C'est tout cela que nous allons expliquer dans les débats à propos des référendums qui vont s'ouvrir et en France et en Espagne.
L'Europe se trouve également devant un débat difficile qui est celui de son prochain budget, et là, nous aurons, comme l'ont décidé les chefs d'Etat et de gouvernement, un travail très précis sur chacun des choix des chapitres de la politique européenne pour voir quelles politiques nous devons mener et combien d'argent est nécessaire pour chacune de ces politiques.
Les deux ministres de la Défense ont évoqué des coopérations concrètes qui se dessinent pour les hélicoptères Tigres, dans le domaine naval, beaucoup de problèmes concrets qu'ils ont évoqués pour donner corps à cette Europe de la Défense.
Les deux ministres des Transports ont une grande proximité de vues sur les liaisons transpyrénéennes, et naturellement ferroviaires, avec les travaux de la ligne Perpignan-Figueras qui débutent, en respectant le calendrier qui avait été promis. Ils viennent de finaliser également la mise en place d'un groupement entre Réseaux Ferrés de France et le GIF espagnol pour faire avancer concrètement la ligne Vitoria-Dax.
Voilà quelques-uns des résultats enregistrés, et auxquels nous avons travaillé, vous le voyez, pour cette dimension politique, diplomatique naturellement, mais aussi humaine, concrète, citoyenne qui caractérise désormais l'amitié entre la France et l'Espagne au service de l'Europe.
Q - Je voudrais demander à M. Barnier de parler de son travail en tant que commissaire européen, vous avez une expérience concrète à apporter ici, vous avez en tout cas contribué à favoriser l'Espagne avant votre poste actuel. Comment va se faire cette sortie des fonds de cohésion européens ?
R - M. Barnier - L'Espagne a bénéficié de la solidarité européenne, fortement, le ministre l'a dit, pour accompagner les initiatives, les projets des régions et des autorités nationales. C'est ce qui explique d'ailleurs le formidable succès, avec votre propre effort, - d'abord votre propre effort, ensuite la solidarité européenne -, le formidable succès économique enregistré depuis une quinzaine d'années dans votre pays.
La politique de cohésion, quand on en sort, c'est qu'on a réussi ! Mais il ne faut pas seulement en sortir pour des raisons statistiques, il faut en sortir pour de vraies raisons, et donc, la proposition que j'avais préparée au nom de la Commission européenne et qui est maintenant sur la table du Conseil des ministres, a, je crois, prévu des propositions équitables. Pour chacune des régions européennes et pour chacun des pays, notamment en amortissant le choc de la sortie statistique qui peut toucher telle ou telle région espagnole, grecque ou portugaise, cette proposition prévoit une aide très forte, très prioritaire pour les régions les plus pauvres, objectivement en difficulté, et pas seulement à l'est, mais dans toute l'Europe. Elle prévoit aussi une enveloppe de crédits pour aider les autres régions, notamment au titre de la compétitivité, de la croissance durable. Cette proposition est équilibrée. Je pense qu'elle constitue une bonne base de discussion pour le travail du Conseil des ministres et du Parlement. Voilà ce que je peux dire, mais cette discussion sera difficile, elle ne fait que commencer. Comme ministre français, ne soyez pas surpris que je reste fidèle à ce que je pensais, à ce que je proposais comme commissaire européen.
Q - J'ai une question pour le ministre Barnier. Que pensez-vous de la déclaration du Président espagnol Rodriguez Zapatero qui a dit, il y a quelques jours en Tunisie, que le début du retrait des occidentaux de certaines parties du territoire de l'Irak serait peut-être une solution et qu'il faudrait peut-être commencer à penser à se retirer du pays ? J'aimerais que le ministre nous explique en quoi consiste le projet de lutte conjointe contre le terrorisme ?
R - M. Barnier - La situation en Irak est particulièrement difficile, grave, tragique. Nous pensons naturellement d'abord au peuple irakien et à ses souffrances. Nous pensons qu'on ne sortira pas de cette tragédie par les armes, mais par la négociation politique. Ceci a toujours été la position de la France, depuis le début, et c'est dans cet esprit que nous avons travaillé à la récente résolution 1546 qui prévoit un processus politique et finalement démocratique pour que le peuple irakien retrouve sa pleine et totale souveraineté. Souhaitons que ce processus politique continue, étape par étape, pour que le destin de l'Irak, la gestion de l'Irak, soient l'affaire des Irakiens. Encore une fois, le cadre de ce processus politique, le chemin, a été fixé par cette résolution 1546, il faut maintenant le mettre en oeuvre. Voilà ce que je peux dire sur la situation de ce pays.
Q - Est-ce que le ministre de la Justice pourrait préciser la composition exacte des équipes conjointes de lutte contre le terrorisme international ? Je voulais également le demander, car dans ce genre de réunions bilatérales nous sommes habitués à parler de communication et de transports mais pas de terrorisme. On a l'impression que cette dernière réunion n'apporte rien en matière de transport et de routes. Je voulais demander ce qui pourrait représenter une nouvelle au prochain sommet.
R - M. Perben - Une équipe commune d'enquête, c'est quelque chose de très concret, de très pratique. Ce sont des magistrats, ce sont des policiers des deux pays, qui travaillent ensemble sur un même dossier d'enquête. S'agissant de l'accord qui est intervenu cette semaine, c'est un accord qui est mis en place par un juge de l'Audience nationale d'un côté et le procureur de Paris de l'autre, puisque vous savez qu'en France la lutte anti-terroriste est entièrement menée par le Tribunal de Paris. Donc, ce sont les deux procureurs qui ont décidé des détails de mise en place de cette équipe commune d'enquête, qui va permettre de lutter plus efficacement contre le terrorisme de l'ETA, sur le territoire espagnol et français, dans la mesure où, les équipes étant mixtes, il n'y a aucun délai en matière de transfert d'informations puisqu'elles travaillent ensemble. Et c'est ce qui est intéressant, c'est ce que disait M. Aguilar, c'est la première expérience au niveau de l'Europe d'un tel dispositif autorisé par une directive européenne. Et c'est un modèle ! Ceci montre qu'en matière de coopération judiciaire, c'est la coopération judiciaire franco-espagnole qui est la plus développée au sein de l'Union européenne.
R - M. de Robien - Au cas où vous ne seriez pas totalement convaincus par la formidable plaidoirie de ma collègue, je voudrais donner quelques précisions sur le volet routier qui vous inquiète et notamment sur les avancées qu'il y a, du côté français par exemple sur le tronçon Pau/Oloron qui est très important pour l'Espagne. La déclaration d'utilité publique va être prononcée en 2006. Pour la déviation d'Oloron, ce sera dès 2005. J'ai pu annoncer à ma collègue l'ouverture imminente de la bretelle autoroutière entre l'autoroute A 64 et la RN 125. C'est un petit tronçon mais qui est très important pour éviter les bouchons. J'ai pu indiquer également à ma collègue que dans le cadre d'une concession, le CIAT du 18 décembre a annoncé qu'il poursuivra activement le projet d'aménagement de la RN 10 dans les Landes pour la placer aux normes autoroutières et puis j'ai annoncé l'élargissement à deux fois trois voies de l'autoroute A 9 entre Narbonne et Perpignan Nord en tranches successives qui est aujourd'hui achevé, hormis quelques travaux. Voilà quelques précisions, en tout cas, qui sont de nature à bien vous faire circuler, vous les Espagnols, quand vous venez en France où, je suis sûr, vous serez toujours bien accueillis.
Q - Je voudrais demander à M. Barnier quelle est sa position à l'égard de la revendication sur la reconnaissance du Catalan et du Valencien au sein de l'Union européenne qui a provoqué, ici, une polémique sur l'unité de la langue catalane.
R - M. Barnier - D'abord je veux dire que la France a toujours été sensible à la richesse, à la vivacité, de la langue et de la culture catalanes. Sur ce sujet, sur cette réalité humaine, cette société de Catalogne, de longues conversations avec le président Pujol et avec le président Maragall m'ont fait connaître cette réalité. Je ne suis donc pas étonné que le gouvernement espagnol relaie, fasse écho de cette préoccupation. Nous avons accueilli avec faveur l'innovation qui sera prévue pour la Constitution européenne : la traduction de cette Constitution en catalan pour les millions de citoyens qui parlent cette langue et qui comprendront ainsi dans leur langue ce document très important pour eux. Au-delà, les questions qui sont posées par nos amis espagnols doivent s'inscrire dans une discussion générale d'environnement linguistique pour parler de l'organisation du fonctionnement pratique de l'Union. Nous participerons à ces discussions générales le moment venu.
Q - En ce qui concerne le train à grande vitesse entre Barcelone et Paris, est-ce que la continuité de la ligne ferroviaire à grande vitesse sera assurée au-delà de Perpignan ?
R - M. de Robien - Je voudrais vous confirmer que bien sûr, au nord de Perpignan, nous serons au rendez-vous de 2009, c'est à dire lorsque la ligne Perpignan/Figueras sera opérationnelle. Nous serons à ce rendez-vous, prêts à faire de la grande vitesse au nord de Perpignan, avec naturellement le contournement de Montpellier.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2004)