Texte intégral
Le principe d'équité territoriale est évoqué dans la loi. Comment définiriez-vous ce concept ?
Cela signifie que le mot République a un sens. Il s'agit d'offrir à chacun les mêmes chances d'épanouissement et de réussite. Aujourd'hui, dans de nombreux quartiers périphériques, nous constatons une inégalité forte par rapport au centre-ville en matière de transport, d'école, de commerces et plus généralement de cadre de vie.
En France, les fractures sociales se sont aggravées, notamment dans les zones urbaines sensibles qui sont encore plus marquées qu'il y a vingt ans. Quand le chômage baissait en France, il augmentait dans ces quartiers sensibles.
La ségrégation urbaine n'est pas seulement un problème social. C'est aussi un immense gâchis économique, une perte de substance pour la République. Dans ces quartiers, il y a 32 % de jeunes de moins de vingt ans, un tiers de plus que la moyenne nationale! Toutes ces énergies doivent être mieux mobilisées.
La loi crée un Observatoire national des zones urbaines sensibles (Zus) sous la responsabilité de l'administration centrale. Quel sera son rôle ?
L'Observatoire permettra la remontée des informations en fonction des indicateurs (emploi, santé, éducation, sécurité...). Désormais toutes les collectivités locales et leurs partenaires devront s'exprimer sur l'évolution des indicateurs concernant les Zus et sur les moyens humains et financiers spécifiques mis en place pour lutter contre les inégalités sociales.
L'Observatoire permettra aussi d'animer un débat national annuel au Parlement, et dans chaque collectivité territoriale. On pourra alors mesurer si les élus et les autres partenaires font bien leur travail. Ce sera un moment crucial de la vie démocratique.
Les politiques, comme nombre d'acteurs, sont-ils encore crédibles face à des citoyens qui se sentent abandonnés ?
La solution pour regagner de la crédibilité, c'est l'action. Déjà je peux vous assurer que des quartiers bougent et cela même avant que la loi n'entre en application. Lorsque les chantiers démarrent, lorsque les grues arrivent dans les quartiers, ce sont des symboles forts de renouveau et un signe d'espoir pour les habitants.
La construction de 200 000 logements sur cinq ans, plus les 200 000 démolitions, plus les réhabilitations. Comment pourrez-vous faire mieux que vos prédécesseurs ?
Il faut beaucoup d'humilité dans ce domaine. Je crois sincèrement que d'autres ont fait aussi des choses. Mais il y a eu le 21 avril 2002 qui a été un grand choc et a déclenché une prise de conscience. Par ailleurs, j'avais à mon crédit une action résolue à Valenciennes, une ville dont j'ai été maire pendant douze ans. Tout le monde s'est mobilisé pour lutter contre une situation sociale et économique difficile. C'est une bonne expérience qui m'a permis de travailler avec différents partenaires. Car c'est aussi une affaire d'hommes, et de relations humaines.
Mais vous savez, le délai de cinq ans n'est pas intangible. Si le programme de rénovation des quartiers les plus délabrés doit se réaliser en sept ans ou huit ans, l'important c'est que le processus soit enclenché. On ne doit plus se trouver d'excuses. L'essentiel est de reconstruire un environnement digne, agréable et sécurisant pour les habitants des quartiers.
Pour le financement, nous allons travailler de concert avec tous les partenaires. Ce n'est pas que l'oeuvre de l'Etat. Ce bébé est notre bien commun. Au total, 5 à 6 milliards d'euros par an seront mobilisés avec l'ensemble des financeurs, dont le 1 % logement. Globalement, un tiers du financement vient des partenaires sociaux, un tiers de l'État et un tiers des HLM, de la Caisse des dépôts et, bien sûr, des collectivités locales.
De plus, nous avons défendu le 1 % logement et renforcé sa mission sociale. C'est très positif pour le paritarisme. Par ailleurs, nous changeons fondamentalement le mode de gouvernance des SA HLM en associant notamment les locataires à leurs instances dirigeantes.
Je veux faire remarquer aussi que cette loi a reçu un avis favorable à l'unanimité au Conseil économique et social : agriculteurs, syndicats, patronat, associations, personnes qualifiées, tous! Alors que le paritarisme connaît des difficultés sérieuses, on a réussi ensemble une opération paritaire. Ce n'est pas banal tout de même. Cela a été une grande bataille mais au final une belle victoire pour les habitants des quartiers.
(Source http://www.cfdt.fr, le 3 décembre 2003)
Cela signifie que le mot République a un sens. Il s'agit d'offrir à chacun les mêmes chances d'épanouissement et de réussite. Aujourd'hui, dans de nombreux quartiers périphériques, nous constatons une inégalité forte par rapport au centre-ville en matière de transport, d'école, de commerces et plus généralement de cadre de vie.
En France, les fractures sociales se sont aggravées, notamment dans les zones urbaines sensibles qui sont encore plus marquées qu'il y a vingt ans. Quand le chômage baissait en France, il augmentait dans ces quartiers sensibles.
La ségrégation urbaine n'est pas seulement un problème social. C'est aussi un immense gâchis économique, une perte de substance pour la République. Dans ces quartiers, il y a 32 % de jeunes de moins de vingt ans, un tiers de plus que la moyenne nationale! Toutes ces énergies doivent être mieux mobilisées.
La loi crée un Observatoire national des zones urbaines sensibles (Zus) sous la responsabilité de l'administration centrale. Quel sera son rôle ?
L'Observatoire permettra la remontée des informations en fonction des indicateurs (emploi, santé, éducation, sécurité...). Désormais toutes les collectivités locales et leurs partenaires devront s'exprimer sur l'évolution des indicateurs concernant les Zus et sur les moyens humains et financiers spécifiques mis en place pour lutter contre les inégalités sociales.
L'Observatoire permettra aussi d'animer un débat national annuel au Parlement, et dans chaque collectivité territoriale. On pourra alors mesurer si les élus et les autres partenaires font bien leur travail. Ce sera un moment crucial de la vie démocratique.
Les politiques, comme nombre d'acteurs, sont-ils encore crédibles face à des citoyens qui se sentent abandonnés ?
La solution pour regagner de la crédibilité, c'est l'action. Déjà je peux vous assurer que des quartiers bougent et cela même avant que la loi n'entre en application. Lorsque les chantiers démarrent, lorsque les grues arrivent dans les quartiers, ce sont des symboles forts de renouveau et un signe d'espoir pour les habitants.
La construction de 200 000 logements sur cinq ans, plus les 200 000 démolitions, plus les réhabilitations. Comment pourrez-vous faire mieux que vos prédécesseurs ?
Il faut beaucoup d'humilité dans ce domaine. Je crois sincèrement que d'autres ont fait aussi des choses. Mais il y a eu le 21 avril 2002 qui a été un grand choc et a déclenché une prise de conscience. Par ailleurs, j'avais à mon crédit une action résolue à Valenciennes, une ville dont j'ai été maire pendant douze ans. Tout le monde s'est mobilisé pour lutter contre une situation sociale et économique difficile. C'est une bonne expérience qui m'a permis de travailler avec différents partenaires. Car c'est aussi une affaire d'hommes, et de relations humaines.
Mais vous savez, le délai de cinq ans n'est pas intangible. Si le programme de rénovation des quartiers les plus délabrés doit se réaliser en sept ans ou huit ans, l'important c'est que le processus soit enclenché. On ne doit plus se trouver d'excuses. L'essentiel est de reconstruire un environnement digne, agréable et sécurisant pour les habitants des quartiers.
Pour le financement, nous allons travailler de concert avec tous les partenaires. Ce n'est pas que l'oeuvre de l'Etat. Ce bébé est notre bien commun. Au total, 5 à 6 milliards d'euros par an seront mobilisés avec l'ensemble des financeurs, dont le 1 % logement. Globalement, un tiers du financement vient des partenaires sociaux, un tiers de l'État et un tiers des HLM, de la Caisse des dépôts et, bien sûr, des collectivités locales.
De plus, nous avons défendu le 1 % logement et renforcé sa mission sociale. C'est très positif pour le paritarisme. Par ailleurs, nous changeons fondamentalement le mode de gouvernance des SA HLM en associant notamment les locataires à leurs instances dirigeantes.
Je veux faire remarquer aussi que cette loi a reçu un avis favorable à l'unanimité au Conseil économique et social : agriculteurs, syndicats, patronat, associations, personnes qualifiées, tous! Alors que le paritarisme connaît des difficultés sérieuses, on a réussi ensemble une opération paritaire. Ce n'est pas banal tout de même. Cela a été une grande bataille mais au final une belle victoire pour les habitants des quartiers.
(Source http://www.cfdt.fr, le 3 décembre 2003)