Texte intégral
Mes chers amis,
Permettez-moi d'entamer mes propos par ces mots simples sans vous donner du " Monsieur le Président ", " Monsieur le Ministre " ou " Monseigneur ". En m'adressant à vous aujourd'hui, je veux me soumettre immédiatement à quelques valeurs qui ont fait le succès d'Habitat et Humanisme depuis 20 ans : la simplicité et la sincérité.
Comme il est d'usage à l'occasion d'un anniversaire, je tiens à vous adresser avec mon collègue Dominique PERBEN, Garde des Sceaux, l'expression de la reconnaissance du gouvernement pour l'action conduite depuis 20 ans par Habitat et Humanisme ainsi que le témoignage de ma gratitude personnelle pour toutes ces familles qui ont retrouvé dignité et chaleur grâce à votre action.
Ma reconnaissance va d'abord à votre fondateur Bernard DEVERT dont le destin extraordinaire est à l'origine de vos succès : il est suffisamment modeste pour en rougir un peu et suffisamment lucide pour reconnaître que ce que nous fêtons ensemble aujourd'hui à Lyon est le fruit d'un formidable travail d'équipe, de vos bénévoles comme de vos permanents.
J'ai particulièrement apprécié la qualité de nos échanges de ce matin. Vos constats sont souvent justes, nos analyses convergent.
La crise du logement est aiguë et progressivement - le sondage publié dans La Croix l'a montré - le regard de nos concitoyens change.
Nous sommes donc dans un moment rare où le politique doit donner le meilleur de lui-même : celui de l'action.
Avec le Plan de Cohésion Sociale, nous avons décidé de passer à l'action parce que la crise du logement se joue à quitte ou double. Nous avons choisi de doubler
Vivre ensemble : le sens de l'action publique au service des autres
Le thème de nos échanges : " vivre ensemble " touche à l'essence même de l'engagement politique qui est le mien depuis 30 ans. Devenir membre du Gouvernement constitue pour celui qui consacre sa vie à l'engagement politique une forme d'aboutissement, devenir Ministre en charge du Logement a constitué pour moi un défi personnel et j'ai conscience de l'obligation de réussite qui est la mienne. Nous n'avons plus le droit à l'erreur car la crise est grave et tout se joue à partir du logement : comment construire une vie sociale sans cela. Jean Louis BORLOO dit parfois que le premier dessin que fait un enfant c'est une Maison : c'est tellement vrai !
Vivre ensemble et cohésion sociale
Depuis les Assises du logement tenues en juillet 2004 nous sommes tous d'accord sur ce constat : le diagnostic sur la crise du logement que traverse notre pays est aujourd'hui partagé. A l'heure où certains journaux du soir célèbrent les 10 ans du discours sur la fracture sociale, il faut bien reconnaître que les politiques publiques de tous bords conduites depuis 10 ans, n'ont pas été suffisantes pour éviter cette crise. C'est le sens de la nouvelle articulation autour de Jean Louis BORLOO des ministères en charge de la cohésion sociale.
Vivre ensemble et mixité sociale
La notion de " vivre ensemble " renvoie à la question de la mixité sociale. L'article 55 de la loi SRU faisait le constat que la mixité sociale dans le logement n'arrivait pas à s'organiser naturellement, essentiellement à cause de la réticence des Maires à accueillir du logement social, relayant en cela une inquiétude de leurs populations que l'on perçoit bien dans le sondage de la SOFRES. On a donc tenté d'y remédier par la loi avec quelques résultats certes mais a-t-on modifié le regard ? A t-on changé les coeurs ? Les élus locaux - j'en suis un - ont un devoir d'explications, de pédagogie considérable : il faut rappeler à nos concitoyens que beaucoup d'entre eux ont débuté leurs parcours résidentiels dans de l'habitat social. Progressivement les mentalités évoluent : nos concitoyens connaissent tous des proches qui sont en demande insatisfaites de logement social. La qualité architecturale et urbaine des projets d'habitat social est devenue bien supérieure aux images du passé.
Dès les Assises Nationales du Logement en juillet 2004, j'ai fait part de ma volonté d'encourager les Maires bâtisseurs et de sanctionner plus sévèrement ceux qui ne joueraient pas le jeu de la mixité sociale dans le logement.
Les dispositions qui figureront dans le projet de loi " Habitat pour Tous " visent donc à mieux différencier le traitement entre les communes qui résorbent leur retard et celles qui ne le font pas.
Compte tenu des objectifs ambitieux du Plan de Cohésion Sociale (production de 500 000 logements sociaux d'ici 2009) et de la nécessité de mobiliser l'ensemble des partenaires pour y parvenir, ma volonté est de recueillir un accord le plus large possible des parlementaires, dépassant les rangs de la majorité, après une concertation avec les associations d'élus locaux (AMF, AMGVF), des associations engagées dans le domaine du logement et de l'insertion ainsi que du Haut Comité pour le Logement des personnes défavorisées.
Vivre ensemble et droit au logement
Chaque année, le Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées remet un rapport au Président de la République. Ces travaux ont souvent inspiré des dispositions prises par le Gouvernement comme la garantie des risques locatifs ou la suspension des expulsions.
Depuis longtemps, le Haut Comité et de nombreuses associations très respectables militent en faveur du droit au logement opposable.
Qu'est ce que cela veut dire ? Je crois que nous pouvons faire une avancée sur cette question : votre avis m'intéresse.
Vivre ensemble et rénovation urbaine
Redonner du sens au vivre ensemble, particulièrement dans nos villes et dans nos quartiers parfois difficiles, c'est aussi faire comprendre que l'on peut changer la ville. Si nous construisons 500 000 logements sociaux dans les cinq prochaines années, ce n'est pas pour recommencer les erreurs passées. Les démolitions prévues dans le programme de rénovation urbaine sont parfois critiquées : aux yeux de certains, on démolit le film du passé sans avoir écrit le scénario du futur. Ce n'est pas ma méthode : on démolit aujourd'hui pour mieux récréer la ville, lieu par nature du vivre ensemble.
Voilà, Mesdames et Messieurs, pourquoi j'ai tenu à être parmi vous ce matin à Lyon pour fêter les 20 ans d'Habitat et Humanisme. Pour vous remercier pour l'action conduite depuis 20 ans, pour vous dire que la voie suivie est juste : il n'y a pas loin du " vivre ensemble " à la cohésion sociale.
Camus disait " la vraie générosité vers l'avenir consiste à tout donner au présent " : peut-être pensait-il à vous chère soeur Emmanuelle ?
Je souhaite que nous gagnions ensemble la bataille de l'espoir contre la peur : avec des militants du " vivre ensemble " de votre qualité, j'ai la conviction que nous pouvons y arriver.
(Source http://www.logement.gouv.fr, le 25 janvier 2005)
Permettez-moi d'entamer mes propos par ces mots simples sans vous donner du " Monsieur le Président ", " Monsieur le Ministre " ou " Monseigneur ". En m'adressant à vous aujourd'hui, je veux me soumettre immédiatement à quelques valeurs qui ont fait le succès d'Habitat et Humanisme depuis 20 ans : la simplicité et la sincérité.
Comme il est d'usage à l'occasion d'un anniversaire, je tiens à vous adresser avec mon collègue Dominique PERBEN, Garde des Sceaux, l'expression de la reconnaissance du gouvernement pour l'action conduite depuis 20 ans par Habitat et Humanisme ainsi que le témoignage de ma gratitude personnelle pour toutes ces familles qui ont retrouvé dignité et chaleur grâce à votre action.
Ma reconnaissance va d'abord à votre fondateur Bernard DEVERT dont le destin extraordinaire est à l'origine de vos succès : il est suffisamment modeste pour en rougir un peu et suffisamment lucide pour reconnaître que ce que nous fêtons ensemble aujourd'hui à Lyon est le fruit d'un formidable travail d'équipe, de vos bénévoles comme de vos permanents.
J'ai particulièrement apprécié la qualité de nos échanges de ce matin. Vos constats sont souvent justes, nos analyses convergent.
La crise du logement est aiguë et progressivement - le sondage publié dans La Croix l'a montré - le regard de nos concitoyens change.
Nous sommes donc dans un moment rare où le politique doit donner le meilleur de lui-même : celui de l'action.
Avec le Plan de Cohésion Sociale, nous avons décidé de passer à l'action parce que la crise du logement se joue à quitte ou double. Nous avons choisi de doubler
Vivre ensemble : le sens de l'action publique au service des autres
Le thème de nos échanges : " vivre ensemble " touche à l'essence même de l'engagement politique qui est le mien depuis 30 ans. Devenir membre du Gouvernement constitue pour celui qui consacre sa vie à l'engagement politique une forme d'aboutissement, devenir Ministre en charge du Logement a constitué pour moi un défi personnel et j'ai conscience de l'obligation de réussite qui est la mienne. Nous n'avons plus le droit à l'erreur car la crise est grave et tout se joue à partir du logement : comment construire une vie sociale sans cela. Jean Louis BORLOO dit parfois que le premier dessin que fait un enfant c'est une Maison : c'est tellement vrai !
Vivre ensemble et cohésion sociale
Depuis les Assises du logement tenues en juillet 2004 nous sommes tous d'accord sur ce constat : le diagnostic sur la crise du logement que traverse notre pays est aujourd'hui partagé. A l'heure où certains journaux du soir célèbrent les 10 ans du discours sur la fracture sociale, il faut bien reconnaître que les politiques publiques de tous bords conduites depuis 10 ans, n'ont pas été suffisantes pour éviter cette crise. C'est le sens de la nouvelle articulation autour de Jean Louis BORLOO des ministères en charge de la cohésion sociale.
Vivre ensemble et mixité sociale
La notion de " vivre ensemble " renvoie à la question de la mixité sociale. L'article 55 de la loi SRU faisait le constat que la mixité sociale dans le logement n'arrivait pas à s'organiser naturellement, essentiellement à cause de la réticence des Maires à accueillir du logement social, relayant en cela une inquiétude de leurs populations que l'on perçoit bien dans le sondage de la SOFRES. On a donc tenté d'y remédier par la loi avec quelques résultats certes mais a-t-on modifié le regard ? A t-on changé les coeurs ? Les élus locaux - j'en suis un - ont un devoir d'explications, de pédagogie considérable : il faut rappeler à nos concitoyens que beaucoup d'entre eux ont débuté leurs parcours résidentiels dans de l'habitat social. Progressivement les mentalités évoluent : nos concitoyens connaissent tous des proches qui sont en demande insatisfaites de logement social. La qualité architecturale et urbaine des projets d'habitat social est devenue bien supérieure aux images du passé.
Dès les Assises Nationales du Logement en juillet 2004, j'ai fait part de ma volonté d'encourager les Maires bâtisseurs et de sanctionner plus sévèrement ceux qui ne joueraient pas le jeu de la mixité sociale dans le logement.
Les dispositions qui figureront dans le projet de loi " Habitat pour Tous " visent donc à mieux différencier le traitement entre les communes qui résorbent leur retard et celles qui ne le font pas.
Compte tenu des objectifs ambitieux du Plan de Cohésion Sociale (production de 500 000 logements sociaux d'ici 2009) et de la nécessité de mobiliser l'ensemble des partenaires pour y parvenir, ma volonté est de recueillir un accord le plus large possible des parlementaires, dépassant les rangs de la majorité, après une concertation avec les associations d'élus locaux (AMF, AMGVF), des associations engagées dans le domaine du logement et de l'insertion ainsi que du Haut Comité pour le Logement des personnes défavorisées.
Vivre ensemble et droit au logement
Chaque année, le Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées remet un rapport au Président de la République. Ces travaux ont souvent inspiré des dispositions prises par le Gouvernement comme la garantie des risques locatifs ou la suspension des expulsions.
Depuis longtemps, le Haut Comité et de nombreuses associations très respectables militent en faveur du droit au logement opposable.
Qu'est ce que cela veut dire ? Je crois que nous pouvons faire une avancée sur cette question : votre avis m'intéresse.
Vivre ensemble et rénovation urbaine
Redonner du sens au vivre ensemble, particulièrement dans nos villes et dans nos quartiers parfois difficiles, c'est aussi faire comprendre que l'on peut changer la ville. Si nous construisons 500 000 logements sociaux dans les cinq prochaines années, ce n'est pas pour recommencer les erreurs passées. Les démolitions prévues dans le programme de rénovation urbaine sont parfois critiquées : aux yeux de certains, on démolit le film du passé sans avoir écrit le scénario du futur. Ce n'est pas ma méthode : on démolit aujourd'hui pour mieux récréer la ville, lieu par nature du vivre ensemble.
Voilà, Mesdames et Messieurs, pourquoi j'ai tenu à être parmi vous ce matin à Lyon pour fêter les 20 ans d'Habitat et Humanisme. Pour vous remercier pour l'action conduite depuis 20 ans, pour vous dire que la voie suivie est juste : il n'y a pas loin du " vivre ensemble " à la cohésion sociale.
Camus disait " la vraie générosité vers l'avenir consiste à tout donner au présent " : peut-être pensait-il à vous chère soeur Emmanuelle ?
Je souhaite que nous gagnions ensemble la bataille de l'espoir contre la peur : avec des militants du " vivre ensemble " de votre qualité, j'ai la conviction que nous pouvons y arriver.
(Source http://www.logement.gouv.fr, le 25 janvier 2005)