Texte intégral
Q- C'est aujourd'hui que démarre le processus de révision constitutionnelle qui doit mener au référendum. Mais avant d'aborder cette question européenne, je voudrais que l'on revienne sur le congrès de l'UDF qui a eu lieu de week-end. On a vu que les choses étaient parfois un peu tendues entre F. Bayrou et G. de Robien. G. de Robien qui dit, par ailleurs, qu'il parle au nom de ceux qui, à l'UDF, n'osent pas trop s'exprimer tout haut. Est-ce vrai qu'à l'UDF, il y en a qui ne peuvent pas s'exprimer tout haut ?
R- Si les parlementaires de l'UMP avaient la même liberté de parole que les parlementaires de l'UDF, je crois qu'ils seraient heureux. La réalité, c'est que chez nous, il y a de vrais débats. Vous verrez tout à l'heure, j'ai ma réunion de groupe, elle dure deux heures et demi, et ce sont des réunions de groupe où nous avons de vrais échanges, de vrais dialogues, où chacun peut s'exprimer, où chacun peut même voter comme il l'entend. Donc, que quelques parlementaires, éventuellement, trouvent parfois que l'on n'est pas tellement toujours totalement orthodoxes, je l'entends bien. De là à dire que les parlementaires UDF sont cloîtrés, calfeutrés et que la parole leur est interdite...
Q- Et que G. de Robien est leur porte-parole, ce n'est pas tout à fait vrai ?
R- Ecoutez, moi, je les cherche.
Q- Cela dit, il dit une chose qui peut-être peut faire écho, il dit qu'après tout, quand on est membre de la majorité, puisque c'est le cas de l'UDF, on n'a pas forcément vocation à rester en dehors de l'action gouvernementale ; on est en dehors du Gouvernement quand on est dans l'opposition, là, on est en dehors du Gouvernement parce que l'on est pas à l'UMP et si les socialistes reviennent au pouvoir, on sera encore en dehors du Gouvernement. Vous par exemple, vous pourriez être au Gouvernement ! Il n'y a pas un moment où vous ne vous dites "moi aussi ! mes copains de l'UMP y sont, pourquoi pas moi ?".
R- C'est très aimable à vous. Mais ; premier élément, avons-nous été considérés comme membres de la majorité par le Gouvernement depuis deux ans ? Avons-nous été associés une seule fois dans une des grandes orientations de la politique du Gouvernement ? Jamais ! Des choses aussi simples : est-ce que, de temps à autre, un de nos députés est rapporteur d'un texte, c'est-à-dire chargé de l'examen du texte par la commission ? Jamais !
Q- Vous voulez dire que vous êtes boycottés par l'UMP ?
R- On n'a jamais... G. de Robien a été président de groupe avant moi ; lorsqu'il l'était - c'était A. Juppé Premier ministre -, il était reçu tous les huit jours, tous les quinze jours à Matignon pour évoquer les grands sujets. Je n'ai jamais été invité une seule fois !
Q- Ce n'est pas vrai, Raffarin ne vous a jamais reçu ?
R- Jamais !
Q- C'est inouï !
R- Cela n'a pas d'importance mais cela vous montre à quel point nous sommes associés à la politique du Gouvernement. Donc, pour être dans la majorité, faut-il encore que le Gouvernement nous considère comme tel, après avoir voulu nous faire disparaître en 2002. Premier point. Le second point, être au Gouvernement, c'est quoi ? Ce n'est pas simplement appliquer un certain nombre de mesures techniques sur un certain nombre de sujets ; c'est très bien. Participer au Gouvernement, c'est participer au cercle autour du Premier ministre et du président de la République qui décide des grandes orientations. Est-ce que, par exemple, on décide de mener une vraie politique contre l'endettement du pays ? Est-ce, par exemple, on décide de baisser les prélèvements obligatoires alors que les déficits continuent à filer ? Ce sont des décisions majeures où il y a de grandes orientations politiques à prendre. C'est cela être au Gouvernement. Jusqu'alors, nous n'avons jamais eu aucune proposition de ce genre.
Q- Remarquez, le Gouvernement dit qu'officiellement, c'est ce qu'il fait, et puis les chiffres - on l'a vu dans le journal - sont têtus, puisque l'on voit que la hausse des impôts - enfin des prélèvements obligatoires, pour dire les choses de façon techniquement juste - a augmenté de 7 à 8 milliards. Donc, en fait de baisse, pas du tout, cela continue d'augmenter.
R- Oui, bien sûr, mais c'est un phénomène assez logique. On continue à accroître un certain nombre de taxes, visuellement et optiquement, on baisse quelques éléments, comme la tranche marginale de l'impôt sur le revenu et on augmente toute une série de taxes diverses et variées. Cette année, on a encore un nouveau lot de cotisations supplémentaires, avec la CSG et un certain nombre de dispositions liées au financement de la Sécurité sociale. Quand on a une croissance faible, que l'on a des dépenses qui continuent à augmenter, on ne peut pas baisser les impôts. La réalité, c'est que l'on dit aux Français que l'on baisse les impôts ; au mieux, on ne les baisse pas, au pire, on fait porter sur les générations futures les efforts que l'on ne fait pas aujourd'hui.
Q- Je reviens sur une formule que vous avez eue à l'instant et que je n'ai pas relevée : vous avez dit "quand on est dans la majorité ou si l'on est dans la majorité" ; est-ce que cela veut dire qu'aujourd'hui, vous ne considérez pas que l'UDF soit dans la majorité ?
R- Je n'ai pas dit cela, j'ai dit que pour être dans la majorité, faut-il encore qu'un jour où l'autre, on nous ait tendu la main pour nous dire...
Q- Alors pour l'instant, vous êtes où alors ? A cheval entre la majorité et la "pas majorité".
R- Je vais vous donner un exemple : quand F. Bayrou a expliqué à l'Assemblée que la politique pour les intermittents du spectacle n'était pas la bonne, que sur l'ASS ça n'allait pas, que sur l'impôt sur le revenu ça n'allait pas, on lui a dit vous n'avez rien compris. Et trois mois plus tard, après la raclée des élections régionales, le président de la République a dit à J.-P. Raffarin "sur ces trois points-là, il faut que vous révisiez votre copie", si on avait été dans la majorité, on nous aurait un peu écoutés.
Q- Revenons sur l'Europe et la révision constitutionnelle. Vous avez dit quelque chose qui a fait déjà beaucoup causer, vous avez dit que le président de la République devrait engager sa responsabilité, ce qui revient à dire, en clair que si le "non" l'emportait au référendum, qu'il devrait démissionner ?
R- C'est la logique de la Vème République, c'est ma lecture de la Vème République, c'est la lettre et l'esprit de la Vème République. Le président de la République [capte ?] l'essentiel des pouvoirs et il est responsable devant le peuple parce qu'il est issu du peuple, il a sa légitimité, il a cette place aussi prééminente dans les institutions parce qu'il est élu au suffrage universel. Et dans la logique du général de Gaulle, on refondait sa légitimité à deux occasions : soit au moment des élections législatives, soit au moment d'un référendum. C'est-à-dire que l'on disait : voilà le sens dans lequel je veux vous emmener, voilà la politique que je veux mener. Et si vous considérez que cette politique n'est pas la bonne, j'en tirerai les conséquences. C'était une vision liée à la place prééminente du président de la République.
Q- En disant cela, vous détournez... Le PS dit déjà que vous allez détourner le scrutin, mais en disant cela, vous politisez sur une autre front ce référendum.
R- Non. Le deuxième élément, c'est que ce que je crains - alors il y a toute une (série de] raisons qui font que le risque du "non" est important : la Turquie, le mécontentement de la politique du Gouvernement, le bloc compact des "non". Et puis, il y a un autre élément, c'est que les Français, depuis quinze à vingt ans, ont le sentiment que le pays décline et que la nomenklatura politique, la classe dirigeante politique, qu'elle soit du PS à l'UMP, ne règle pas leurs problèmes. Finalement, ils se disent que cette Constitution européenne, ce n'est pas si important que cela, que c'est un sujet secondaire et que cela va leur permettre de montrer à quel point ils sont exaspérés. Et donc, pour signifier à quel point cette question de la Constitution européenne est majeure, eh bien que le président de la République dise - lui qui a priori a une capacité d'entraînement importante, c'est le chef de l'Etat, sa capacité
d'entraînement est de montrer et on devrait le considérer comme le premier pilier du soutien à la Constitution ; eh bien c'est un moyen de montrer clairement aux Français que si cette question est absolument majeure, fondamentale, de ne pas considérer que "voter pour", c'est soutenir le président de la République, mais que le président de la République - donne le chemin.
Q- Mais quand vous dites cela, vous donnez raison à tous ceux qui votent "non" de façon protestataire. Si vous dites "si vous votez "non", le président de la République doit démissionner", vous faites exploser de fait la question sur l'Europe !
R- Non, parce que cela veut dire clairement aux Français que cette question est absolument vitale pour le pays et qu'elle l'est tellement que je vais vous donner un signe ; c'est ça le sens de la Vème République. Je vais vous donner un exemple...
Q- On a le sentiment que vous êtes très européen mais qu'en même temps, sur ce référendum, vous avez des arguments en faveur du "non" - excusez-moi de vous le dire - qui sont très convaincants ! Vous nous expliquez que la Turquie c'est compliqué, que les Français ne sont pas contents parce qu'il y a des grèves partout... Donnez-moi une bonne raison de voter "oui" puisque vous êtes pour le "oui" !
R- Hier, j'ai déjeuné avec des agriculteurs, tous plutôt UMP. Tous viennent de recevoir le document fou sur la conditionnalité des aides, et tous disent : "mais avec la réforme de la PAC que vous nous faites, vous ne croyez pas que l'on va voter "oui" à la Constitution européenne !". Alors que d'ailleurs, cette réforme de la PAC, ce n'est pas l'Europe qui l'a décidée ; la complexité du système, c'est l'administration française.
Q- Ah oui, très fort !
R- C'est très fort mais c'est comme ça ! Eh bien, si vous ne leur dites pas clairement : "attention, ne vous trompez pas, ayez réellement conscience que ce que vous allez voter, c'est la Constitution européenne et pas le reste", il faut que le président de la République s'implique totalement dans cette démarche.
Q- On va lui dire, parce que pour l'instant, les arguments pour voter "non" sont puissants.
R- En effet, ils le sont.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 janvier 2005)
R- Si les parlementaires de l'UMP avaient la même liberté de parole que les parlementaires de l'UDF, je crois qu'ils seraient heureux. La réalité, c'est que chez nous, il y a de vrais débats. Vous verrez tout à l'heure, j'ai ma réunion de groupe, elle dure deux heures et demi, et ce sont des réunions de groupe où nous avons de vrais échanges, de vrais dialogues, où chacun peut s'exprimer, où chacun peut même voter comme il l'entend. Donc, que quelques parlementaires, éventuellement, trouvent parfois que l'on n'est pas tellement toujours totalement orthodoxes, je l'entends bien. De là à dire que les parlementaires UDF sont cloîtrés, calfeutrés et que la parole leur est interdite...
Q- Et que G. de Robien est leur porte-parole, ce n'est pas tout à fait vrai ?
R- Ecoutez, moi, je les cherche.
Q- Cela dit, il dit une chose qui peut-être peut faire écho, il dit qu'après tout, quand on est membre de la majorité, puisque c'est le cas de l'UDF, on n'a pas forcément vocation à rester en dehors de l'action gouvernementale ; on est en dehors du Gouvernement quand on est dans l'opposition, là, on est en dehors du Gouvernement parce que l'on est pas à l'UMP et si les socialistes reviennent au pouvoir, on sera encore en dehors du Gouvernement. Vous par exemple, vous pourriez être au Gouvernement ! Il n'y a pas un moment où vous ne vous dites "moi aussi ! mes copains de l'UMP y sont, pourquoi pas moi ?".
R- C'est très aimable à vous. Mais ; premier élément, avons-nous été considérés comme membres de la majorité par le Gouvernement depuis deux ans ? Avons-nous été associés une seule fois dans une des grandes orientations de la politique du Gouvernement ? Jamais ! Des choses aussi simples : est-ce que, de temps à autre, un de nos députés est rapporteur d'un texte, c'est-à-dire chargé de l'examen du texte par la commission ? Jamais !
Q- Vous voulez dire que vous êtes boycottés par l'UMP ?
R- On n'a jamais... G. de Robien a été président de groupe avant moi ; lorsqu'il l'était - c'était A. Juppé Premier ministre -, il était reçu tous les huit jours, tous les quinze jours à Matignon pour évoquer les grands sujets. Je n'ai jamais été invité une seule fois !
Q- Ce n'est pas vrai, Raffarin ne vous a jamais reçu ?
R- Jamais !
Q- C'est inouï !
R- Cela n'a pas d'importance mais cela vous montre à quel point nous sommes associés à la politique du Gouvernement. Donc, pour être dans la majorité, faut-il encore que le Gouvernement nous considère comme tel, après avoir voulu nous faire disparaître en 2002. Premier point. Le second point, être au Gouvernement, c'est quoi ? Ce n'est pas simplement appliquer un certain nombre de mesures techniques sur un certain nombre de sujets ; c'est très bien. Participer au Gouvernement, c'est participer au cercle autour du Premier ministre et du président de la République qui décide des grandes orientations. Est-ce que, par exemple, on décide de mener une vraie politique contre l'endettement du pays ? Est-ce, par exemple, on décide de baisser les prélèvements obligatoires alors que les déficits continuent à filer ? Ce sont des décisions majeures où il y a de grandes orientations politiques à prendre. C'est cela être au Gouvernement. Jusqu'alors, nous n'avons jamais eu aucune proposition de ce genre.
Q- Remarquez, le Gouvernement dit qu'officiellement, c'est ce qu'il fait, et puis les chiffres - on l'a vu dans le journal - sont têtus, puisque l'on voit que la hausse des impôts - enfin des prélèvements obligatoires, pour dire les choses de façon techniquement juste - a augmenté de 7 à 8 milliards. Donc, en fait de baisse, pas du tout, cela continue d'augmenter.
R- Oui, bien sûr, mais c'est un phénomène assez logique. On continue à accroître un certain nombre de taxes, visuellement et optiquement, on baisse quelques éléments, comme la tranche marginale de l'impôt sur le revenu et on augmente toute une série de taxes diverses et variées. Cette année, on a encore un nouveau lot de cotisations supplémentaires, avec la CSG et un certain nombre de dispositions liées au financement de la Sécurité sociale. Quand on a une croissance faible, que l'on a des dépenses qui continuent à augmenter, on ne peut pas baisser les impôts. La réalité, c'est que l'on dit aux Français que l'on baisse les impôts ; au mieux, on ne les baisse pas, au pire, on fait porter sur les générations futures les efforts que l'on ne fait pas aujourd'hui.
Q- Je reviens sur une formule que vous avez eue à l'instant et que je n'ai pas relevée : vous avez dit "quand on est dans la majorité ou si l'on est dans la majorité" ; est-ce que cela veut dire qu'aujourd'hui, vous ne considérez pas que l'UDF soit dans la majorité ?
R- Je n'ai pas dit cela, j'ai dit que pour être dans la majorité, faut-il encore qu'un jour où l'autre, on nous ait tendu la main pour nous dire...
Q- Alors pour l'instant, vous êtes où alors ? A cheval entre la majorité et la "pas majorité".
R- Je vais vous donner un exemple : quand F. Bayrou a expliqué à l'Assemblée que la politique pour les intermittents du spectacle n'était pas la bonne, que sur l'ASS ça n'allait pas, que sur l'impôt sur le revenu ça n'allait pas, on lui a dit vous n'avez rien compris. Et trois mois plus tard, après la raclée des élections régionales, le président de la République a dit à J.-P. Raffarin "sur ces trois points-là, il faut que vous révisiez votre copie", si on avait été dans la majorité, on nous aurait un peu écoutés.
Q- Revenons sur l'Europe et la révision constitutionnelle. Vous avez dit quelque chose qui a fait déjà beaucoup causer, vous avez dit que le président de la République devrait engager sa responsabilité, ce qui revient à dire, en clair que si le "non" l'emportait au référendum, qu'il devrait démissionner ?
R- C'est la logique de la Vème République, c'est ma lecture de la Vème République, c'est la lettre et l'esprit de la Vème République. Le président de la République [capte ?] l'essentiel des pouvoirs et il est responsable devant le peuple parce qu'il est issu du peuple, il a sa légitimité, il a cette place aussi prééminente dans les institutions parce qu'il est élu au suffrage universel. Et dans la logique du général de Gaulle, on refondait sa légitimité à deux occasions : soit au moment des élections législatives, soit au moment d'un référendum. C'est-à-dire que l'on disait : voilà le sens dans lequel je veux vous emmener, voilà la politique que je veux mener. Et si vous considérez que cette politique n'est pas la bonne, j'en tirerai les conséquences. C'était une vision liée à la place prééminente du président de la République.
Q- En disant cela, vous détournez... Le PS dit déjà que vous allez détourner le scrutin, mais en disant cela, vous politisez sur une autre front ce référendum.
R- Non. Le deuxième élément, c'est que ce que je crains - alors il y a toute une (série de] raisons qui font que le risque du "non" est important : la Turquie, le mécontentement de la politique du Gouvernement, le bloc compact des "non". Et puis, il y a un autre élément, c'est que les Français, depuis quinze à vingt ans, ont le sentiment que le pays décline et que la nomenklatura politique, la classe dirigeante politique, qu'elle soit du PS à l'UMP, ne règle pas leurs problèmes. Finalement, ils se disent que cette Constitution européenne, ce n'est pas si important que cela, que c'est un sujet secondaire et que cela va leur permettre de montrer à quel point ils sont exaspérés. Et donc, pour signifier à quel point cette question de la Constitution européenne est majeure, eh bien que le président de la République dise - lui qui a priori a une capacité d'entraînement importante, c'est le chef de l'Etat, sa capacité
d'entraînement est de montrer et on devrait le considérer comme le premier pilier du soutien à la Constitution ; eh bien c'est un moyen de montrer clairement aux Français que si cette question est absolument majeure, fondamentale, de ne pas considérer que "voter pour", c'est soutenir le président de la République, mais que le président de la République - donne le chemin.
Q- Mais quand vous dites cela, vous donnez raison à tous ceux qui votent "non" de façon protestataire. Si vous dites "si vous votez "non", le président de la République doit démissionner", vous faites exploser de fait la question sur l'Europe !
R- Non, parce que cela veut dire clairement aux Français que cette question est absolument vitale pour le pays et qu'elle l'est tellement que je vais vous donner un signe ; c'est ça le sens de la Vème République. Je vais vous donner un exemple...
Q- On a le sentiment que vous êtes très européen mais qu'en même temps, sur ce référendum, vous avez des arguments en faveur du "non" - excusez-moi de vous le dire - qui sont très convaincants ! Vous nous expliquez que la Turquie c'est compliqué, que les Français ne sont pas contents parce qu'il y a des grèves partout... Donnez-moi une bonne raison de voter "oui" puisque vous êtes pour le "oui" !
R- Hier, j'ai déjeuné avec des agriculteurs, tous plutôt UMP. Tous viennent de recevoir le document fou sur la conditionnalité des aides, et tous disent : "mais avec la réforme de la PAC que vous nous faites, vous ne croyez pas que l'on va voter "oui" à la Constitution européenne !". Alors que d'ailleurs, cette réforme de la PAC, ce n'est pas l'Europe qui l'a décidée ; la complexité du système, c'est l'administration française.
Q- Ah oui, très fort !
R- C'est très fort mais c'est comme ça ! Eh bien, si vous ne leur dites pas clairement : "attention, ne vous trompez pas, ayez réellement conscience que ce que vous allez voter, c'est la Constitution européenne et pas le reste", il faut que le président de la République s'implique totalement dans cette démarche.
Q- On va lui dire, parce que pour l'instant, les arguments pour voter "non" sont puissants.
R- En effet, ils le sont.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 janvier 2005)