Déclaration de M. Alain Olive, secrétaire général de l'UNSA, sur la représentativité de l'UNSA, le réformisme syndical et la réforme de l'assurance maladie, Saint Etienne le 16 mars 2004.

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Circonstance : Congrès national du Syndicat des enseignants UNSA à Saint Etienne du 16 au 18 mars 2004

Texte intégral

Remerciements à Luc et au SE. Pas des remerciements de simple convenance. L'investissement du SE a été et reste toujours primordial dans le développement de l'UNSA.
Aujourd'hui l'UNSA est aux portes de la représentativité nationale interprofessionnelle. Le gouvernement aurait pu régler le problème après les prud'homales. Manque de courage politique devant l'hostilité aussi bien de certaines confédérations que du Medef. Quoi qu'il arrive devant le Conseil d'Etat, nous sommes animés d'une conviction : dans ce pays les salariés doivent avoir une organisation syndicale laïque, réformiste, respectant l'autonomie de ses composantes et favorable à l'Europe sociale. Seule l'UNSA peut aujourd'hui incarner un tel projet.
Nous avons aussi la conviction que la crise de la représentation politique comme de la représentation sociale ainsi que le sentiment de malaise qui frappe nos démocraties se nourrissent d'une régression sociale sans précédent. Les causes en sont connues :
- une mondialisation mal régulée comme vient de le confirmer un rapport récent du BIT.
- un manque de volonté politique à faire avancer l'Europe sociale,
- l'application d'une politique néo-libérale qui en favorisant une politique de l'offre, qui cherche avant tout à améliorer l'environnement de l'entreprise s'interdit toute relance de l'activité par la demande. (rigueur salariale dans la Fonction publique)
C'est à tout cela qu'il faut s'attaquer. Les trois piliers qui fondaient notre modèle social vacille : un emploi de qualité, un bon système de protection sociale, des services publics facteurs de cohésion sociale. Et dans ce domaine vous en savez quelque chose dans l'Education Nationale. La précarité se décline à grande échelle. Entre chômeurs et salariés pauvres se sont prés de 5 millions de personnes qui souffrent de cette exclusion sociale. Les partenaires sociaux eux-mêmes en signant certains accords aggravent la situation. Est-il admissible que pour rétablir les comptes de l'UNEDIC on décide de radier et donc de priver d'allocation, 650.000 chômeurs d'ici 2005 ? Une UNSA représentative n'aurait pas signée un tel accord.
Il n'a pas de vrai réformisme si on n'articule pas critique et négociation, critique et proposition, l'un ne peut aller sans l'autre. Au risque dans un cas de singer les vieilles lunes protestataires et de tomber dans les facilités d'une pensée uniquement critique qui se contente de dénoncer et dans l'autre de n'apparaître que comme les demi soldes d'un patronat qui a de plus en plus de mal à cacher son ambition de dérégulation sociale et de flexibilité à tout va. Nous avons face à nous, un patronat de choc qui ne comprend que les rapports de force et qui dans de nombreuses entreprises fait la chasse à nos militants comme à Peugeot Mulhouse par exemple. Oublier cela dans notre pratique syndicale, c'est refuser de voir les choses en face et donc se condamner à une forme d'impuissance.
Dans ce contexte nous devons à la fois être combatifs et élaborer des propositions, nous devons tracer des lignes jaunes et dire voilà les droits sociaux sur lesquels nous ne transigerons pas, voilà comment nous voulons les construire et avec qui :
- Droit à un salaire décent
- Droit à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes
- Droit à un emploi de qualité
- Droit à être bien soigné
- Droit à une bonne retraite
- Droit à se syndiquer et à être représenté
- Droit à des services publics de qualité
- Droit à l'éducation et à la formation tout au long de la vie.
Nous sommes prêts à en débattre avec nos partenaires confédéraux, nous sommes même prêts avant les échéances électorales de 2007, à passer avec celles et ceux qui le veulent un véritable Pacte social syndical qui redonne au syndicalisme de notre pays l'initiative. C'est aussi par cette volonté d'action et de proposition que le syndicalisme retrouvera toute l'influence qui doit être la sienne.
Conclure sur la réforme de l'assurance-maladie.
Pour nous une politique de santé incarne un idéal de progrès, un idéal de solidarité. Nous le savons toutes et tous, avec l'éducation, la santé demeure l'indicateur le plus pertinent du niveau de développement d'une civilisation.
La France consacre 9,5 % de son PIB aux dépenses de santé, les Etats-Unis 14,5 % et pourtant près de 40 millions d'américains n'ont pas accès aux soins.
Chez nous l'accroissement des dépenses de santé ne profite pas à tout le monde de la même façon. L'égalité d'accès aux soins se dégrade. En font principalement les frais, toutes celles et tous ceux qui n'ont pas de couverture complémentaire et qui ne peuvent pas bénéficier de la CMU, soit plus de trois millions de personnes. Il s'agit principalement des jeunes, des chômeurs, des précaires, des personnes âgées. La catastrophe sanitaire de cet été, qui a frappé ces dernières est venue nous le rappeler.
Nous devons en France améliorer encore cette solidarité. Solidarité entre les personnes, entre les générations, entre les territoires.
Le gouvernement a annoncé une réforme. Sur les grands principes, il rejette dit-il toute idée de privatisation ou d'étatisation. Dont acte. Mais nous n'oublions pas ce qui s'est passé au printemps sur les retraites ou l'habileté suprême a été de faire baisser les retraites tout en disant qu'on les sauvegardait. On ne pourra pas nous rejouer cette partition pour l'assurance-maladie.
Nous savons tous que le sauvetage de l'assurance-maladie aura un coût. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités. Nous l'avons fait en approuvant le rapport Fragonard sur le diagnostic. Nous le ferons encore demain dans les négociations qui vont s'ouvrir. Mais nous avons bien dit au ministre de la Santé que pour l'UNSA, il ne suffirait pas de traiter uniquement des questions financières. Il faut aussi améliorer l'organisation de notre système de soins ainsi que la façon dont l'assurance-maladie est gouvernée.
Poser la question de la gouvernance, c'est poser aussi la question de la légitimité des responsables de l'assurance-maladie. Même si la démocratie n'est pas réductible à l'élection, nous savons qu'elle lui est intimement liée. Voilà pourquoi nous voulons que la légitimité des futurs responsables de l'assurance- maladie soient élus.
Voilà rapidement décrits quelques axes de réflexion et d'action pour les semaines et les mois à venir, je suis certain que nous allons les porter ensemble.
Bon congrès.
(source http://www.se-unsa.org, le 9 avril 2004)