Texte intégral
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Comment abordez-vous ce débat ?
Jean-Marc AYRAULT. - Déterminé. Le dépôt de plusieurs centaines d'amendements exprimera notre volonté de préserver le fleuron de nos entreprises publiques. Le gouvernement cherche à banaliser une décision dont les enjeux sont pourtant très importants pour les Français. La fourniture d'énergie n'est pas un service comme un autre. Outre son rôle stratégique qui engage la souveraineté d'un pays, elle incarne de façon très positive les missions de service public. A travers EDF et Gaz de France, c'est aussi le pouvoir régalien de l'Etat qui s'exerce. On ne peut pas brader tout cela si l'on souhaite garantir la sécurité des approvisionnements, la sûreté des installations et des personnes, ainsi que l'égalité des usagers. A l'étranger, l'expérience des privatisations partielles ou totales des opérateurs énergétiques, est un échec.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Pourquoi le gouvernement a-t-il tort de changer le statut ?
Jean-Marc AYRAULT. - Je vois beaucoup d'a priori idéologiques dans la posture du gouvernement où la privatisation (totale ou partielle) fait office de politique industrielle. Nous stigmatisons également une vision à court terme, marquée par un opportunisme financier qui vise, au gré d'une opération de marché, à renflouer les caisses de l'Etat de quelques milliards d'euros. Où est l'intérêt réel des usagers, puisque les expériences de privatisation dans les autres pays se soldent par une augmentation sensible des tarifs de l'électricité.
Que dire enfin des grands choix stratégiques de la France ? La filière nucléaire en particulier requiert de très lourds investissements à long terme auxquels des actionnaires privés ne peuvent faire face. Les grandes pannes en Californie ou en Espagne viennent de l'incapacité des opérateurs à assumer l'entretien et la modernisation des réseaux. Enfin, je voudrais définitivement tordre le cou à un certain nombre de contre-vérités : aucune règle européenne n'oblige au changement de statut d'EDF-GDF.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Quelles solutions proposez-vous pour le développement d'EDF ?
Jean-Marc AYRAULT. - Il faudrait assouplir le principe de spécialité de manière à permettre à l'entreprise d'étoffer son offre de produits et de services. Parallèlement, le rapprochement avec Gaz de France déboucherait sur des économies d'échelle considérables et sur la constitution d'un groupe énergétique de dimension mondiale. Une véritable transparence entre EDF et son actionnaire doit également être instituée : l'Etat n'a pas vocation à ponctionner l'entreprise pour combler ses déficits. Il doit au contraire pleinement jouer son rôle d'actionnaire et ne pas hésiter, le cas échéant, à recapitaliser. Par ailleurs, dans le cadre d'un contrat maîtrisé, le principe d'une augmentation des tarifs mérite d'être envisagé.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Jusqu'à quelle limite êtes-vous prêts à soutenir les syndicats ?
Jean-Marc AYRAULT. - Nous ne pouvons évidemment nous satisfaire des actions qui pénalisent les usagers. Cependant l'absence quasi totale de coupures depuis près de vingt ans montre le sens des responsabilités des salariés d'EDF. Ils défendent le service public. Le gouvernement le défait. Le conflit est de sa responsabilité.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 18 juin 2004)
Jean-Marc AYRAULT. - Déterminé. Le dépôt de plusieurs centaines d'amendements exprimera notre volonté de préserver le fleuron de nos entreprises publiques. Le gouvernement cherche à banaliser une décision dont les enjeux sont pourtant très importants pour les Français. La fourniture d'énergie n'est pas un service comme un autre. Outre son rôle stratégique qui engage la souveraineté d'un pays, elle incarne de façon très positive les missions de service public. A travers EDF et Gaz de France, c'est aussi le pouvoir régalien de l'Etat qui s'exerce. On ne peut pas brader tout cela si l'on souhaite garantir la sécurité des approvisionnements, la sûreté des installations et des personnes, ainsi que l'égalité des usagers. A l'étranger, l'expérience des privatisations partielles ou totales des opérateurs énergétiques, est un échec.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Pourquoi le gouvernement a-t-il tort de changer le statut ?
Jean-Marc AYRAULT. - Je vois beaucoup d'a priori idéologiques dans la posture du gouvernement où la privatisation (totale ou partielle) fait office de politique industrielle. Nous stigmatisons également une vision à court terme, marquée par un opportunisme financier qui vise, au gré d'une opération de marché, à renflouer les caisses de l'Etat de quelques milliards d'euros. Où est l'intérêt réel des usagers, puisque les expériences de privatisation dans les autres pays se soldent par une augmentation sensible des tarifs de l'électricité.
Que dire enfin des grands choix stratégiques de la France ? La filière nucléaire en particulier requiert de très lourds investissements à long terme auxquels des actionnaires privés ne peuvent faire face. Les grandes pannes en Californie ou en Espagne viennent de l'incapacité des opérateurs à assumer l'entretien et la modernisation des réseaux. Enfin, je voudrais définitivement tordre le cou à un certain nombre de contre-vérités : aucune règle européenne n'oblige au changement de statut d'EDF-GDF.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Quelles solutions proposez-vous pour le développement d'EDF ?
Jean-Marc AYRAULT. - Il faudrait assouplir le principe de spécialité de manière à permettre à l'entreprise d'étoffer son offre de produits et de services. Parallèlement, le rapprochement avec Gaz de France déboucherait sur des économies d'échelle considérables et sur la constitution d'un groupe énergétique de dimension mondiale. Une véritable transparence entre EDF et son actionnaire doit également être instituée : l'Etat n'a pas vocation à ponctionner l'entreprise pour combler ses déficits. Il doit au contraire pleinement jouer son rôle d'actionnaire et ne pas hésiter, le cas échéant, à recapitaliser. Par ailleurs, dans le cadre d'un contrat maîtrisé, le principe d'une augmentation des tarifs mérite d'être envisagé.
LE FIGARO ÉCONOMIE. - Jusqu'à quelle limite êtes-vous prêts à soutenir les syndicats ?
Jean-Marc AYRAULT. - Nous ne pouvons évidemment nous satisfaire des actions qui pénalisent les usagers. Cependant l'absence quasi totale de coupures depuis près de vingt ans montre le sens des responsabilités des salariés d'EDF. Ils défendent le service public. Le gouvernement le défait. Le conflit est de sa responsabilité.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 18 juin 2004)