Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Figaro" le 10 février 2005, sur l'adoption homosexuelle et la réflexion de la Mission parlementaire sur "la famille et les droits des enfants".

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Q - La mission parlementaire sur " la famille et les droits des enfants ", qui s'est réunie pour la deuxième fois hier, vient de fixer un plan de travail ambitieux pour environ neuf mois. Les 32 députés désignés par leurs groupes ont diplomatiquement décidé de commencer par un état des lieux : ils tenteront de définir ce qu'est la famille aujourd'hui...
Vous teniez beaucoup à ce que la nouvelle mission famille lancée par le président de l'Assemblée nationale insiste dans son titre sur les enfants...
R - Quand Jean-Louis Debré a annoncé son intention de créer cette mission famille, j'ai insisté pour que celle-ci couvre bien l'ensemble des questions qui touchent aux droits de l'enfant. Le nom de la mission reflète aujourd'hui bien ce souci.
Avant tout, nous voulons que soit mise en évidence les difficultés des familles qui choisissent d'avoir des enfants : le pouvoir d'achat de ces familles est gravement amputé par rapport aux autres. Il faut s'attaquer à ce problème, car notre société est avant tout fondée sur la solidarité entre les générations. Or, l'un des grands défis de la France d'aujourd'hui c'est le vieillissement de la population. Je ne suis pas nataliste mais réaliste.
Pour avoir de la croissance, il faut que les Français aient des enfants. Il nous faut mettre en place une politique audacieuse et ambitieuse en faveur de la famille.
Q - La nomination de Patrick Bloche, artisan du Pacs, comme président de la mission n'est-elle pas une provocation pour vous ?
R - De notre côté, au sein du groupe UMP, nous avons veillé à ce que le choix de nos membres reflète bien la diversité des opinions qui s'expriment dans le groupe. Des parlementaires qui ont des idées précises sur le sujet comme Christine Boutin, (NDLR : connue pour son opposition au Pacs), ou Nadine Morano (NDLR : seule député de droite à s'être exprimée en faveur de l'homoparentalité), ont été choisies par le groupe UMP pour faire partie de la mission.
La désignation du rapporteur - Valérie Pécresse - s'est ensuite faite à bulletin secret, elle connaît bien ce sujet et saura traduire le point d'équilibre du groupe UMP. Je suppose donc que le groupe PS a fait de même et que Patrick Bloche, qui a été nommé au poste de président de la mission reflète l'opinion des députés socialistes.
Q - Le débat public ne risque-t-il pas, du coup, de se focaliser autour des questions politiquement sensibles comme l'homoparentalité ?
R - Non. Pour nous, la famille est au coeur de nos convictions, et pas sur le mode ultra conservateur... Nous allons parler de la famille d'aujourd'hui, confrontée aux difficultés actuelles. Nous allons parler des parents mariés, des parents qui vivent en concubinage, des familles monoparentales, et des familles recomposées, qui représentent aujourd'hui le quart des situations, et qui posent de nouvelles questions, comme par exemple le statut des beaux-parents. Ces sujets sont essentiels, ce sont ceux-là les vrais problèmes des familles aujourd'hui.
Q - Vous évitez volontairement de citer l'homoparentalité...
R - Il n'est pas question d'occulter des situations qui existent : près de 100 000 enfants environ seraient élevés aujourd'hui par deux parents de même sexe.
Il faut réfléchir sur ces situations, même si elle restent très minoritaires - 100 000 enfants sur 15 millions d'enfants en France. La question des couples homosexuels qui désirent adopter des enfants ne rentre pas, à mon sens dans le cadre de cette mission.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 14 février 2005)