Interview de M. Phlippe Douste-Blazy, secrétaire général de l'UMP, à Europe 1 le 18 janvier 2004, sur le projet de loi sur l'interdiction de signes religieux ostensibles à l'école, l'intégrisme, les candidatures à l'élection présidentielle de 2007, les relations entre l'UDF et l'UMP pour les élections régionales et ses propositions pour réduire le déficit de l'assurance maladie.

Prononcé le

Média : Europe 1

Texte intégral

QUESTION.- Philippe Douste-Blazy bonsoir, bienvenue au Grand Rendez-vous d'Europe 1, vous êtes Secrétaire Général de l'UMP et Maire d'une grande ville, Toulouse. Caroline Roux, d'Europe 1 et moi, allons vous interroger sur l'état du Pays, sur le gouvernement, le parti majoritaire, que vous dirigez avec Alain Juppé et Jean-Claude Gaudin. Beaucoup disent que le climat se dégrade en ce moment en France et que montent l'intégrisme, l'incompréhension, l'intolérance, qui pourraient favoriser les adversaires de la République.
2004 est une année électorale, les socialistes, étrangement et momentanément réconciliés, prévoient déjà votre défaite, mais au-delà des jeux naturels de la politique, des ambitions, des promesses, des confrontations qu'elle entraîne, il y a le choc et la pression de la réalité. Un attentat a été commis qui visait Aïssa Dermouche, le nouveau Préfet du Jura. Sa voiture a explosé à Nantes, à une vingtaine de mètres de son domicile. C'est un acte d'origine criminelle, a déclaré le Procureur de Nantes, ciblé contre un homme et une politique.
À votre avis, Philippe Douste-blazy, cet attentat marque-t-il un tournant ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Permettez-moi tout d'abord de dire combien je pense terrible et horrible ce type d'attentat, d'acte criminel. Je voudrais dire mon indignation, personne n'a le droit de s'attaquer à la République, à ses symboles, à son autorité, et ce n'est pas aux extrémistes à faire leur loi mais à la République. Je pense effectivement qu'il y a aujourd'hui un malaise et je vois déjà l'ambiance générale pour aujourd'hui ou demain, certains disant : " vous avez voulu faire une loi, regardez ! ".
QUESTION.- Avant d'aller à la loi, craignez-vous que la violence ne se répande en France pour ces raisons-là ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je ne le pense pas. En tout cas, il me paraît excessivement important de rappeler ce qu'est la République, de bien expliquer que la laïcité est le contraire de la négation de la liberté religieuse. Ce sont dans les pays où il n'y a pas de laïcité que les minorités religieuses ne peuvent pas s'exprimer. Que, par définition, et évidemment, la communauté musulmane n'est pas aujourd'hui ciblée par cette loi sur la laïcité, bien au contraire, mais c'est l'intégrisme et le fondamentalisme.
Quand on pense qu'hier à l'UNESCO, de manière officielle, Monsieur Tariq Ramadam, qui défend la lapidation des femmes adultères et la lapidation de ceux qui ne pensent pas comme lui sur le plan sexuel, a été officiellement invité par l'Unesco, je pose une question : n'est-il pas grand temps de bien différencier ce que doit être aujourd'hui la République ? D'un côté, un grand principe de valeur constitutionnelle, la laïcité, en particulier à l'école, dont la neutralité doit être renforcée, et de l'autre, la lutte contre tout ce qui est extrême.
Quand je vois la manifestation d'hier, organisée par une association dite des Musulmans de France, qui sont en réalité des extrémistes et qui se servent du malaise actuel pour faire descendre les gens voilés dans la rue, alors oui, la République doit réagir.
QUESTION.- Justement, quelle réponse apportez-vous aux intégristes musulmans, on durcit le ton, on mobilise les modérés, quelle est votre réponse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je dirais simplement que la laïcité, dans un pays comme le nôtre, doit être protégée par un Code de la laïcité, adressé à tout fonctionnaire et à toute l'administration, mais aussi par un Observatoire de la laïcité permettant à chaque Français qui se rendra compte que la laïcité bafouée, d'aller le dire aux pouvoirs publics.
Ensuite, il faut nous battre pour que cette laïcité à l'école puisse éviter l'horreur du fondamentalisme. Car, quand on parle du voile, j'ai beaucoup d'amis musulmans, je respecte cette religion, il faut bien quand même savoir, et la Commission Stasi l'a bien expliqué ainsi que le Ministre des Sports, Monsieur Lamour, que de nombreux maires en France, comme moi, avons régulièrement des demandes de la part de femmes musulmanes
QUESTION.- Et que leur répondez-vous en tant que Maire de Toulouse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je leur dis non, il n'est pas question, à l'inverse du Maire de Lille, de garder des horaires totalement réservé aux femmes. Je suis médecin, je ne comprends pas comment à l'hôpital, une femme musulmane refuse d'être soignée par un homme. C'est l'égalité des sexes.
QUESTION.- Donc vous pensez qu'en plus de l'école, comme l'avait dit le président de la République lors de son discours du 17 décembre, il faut un respect de la loi républicaine et laïque dans tous les espaces publics c'est-à-dire, les hôpitaux, les tribunaux, les prisons et un certain nombre d'entreprises. Vous n'y renoncez pas ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Nous n'y renonçons pas, nous allons faire une loi concernant l'école car l'école n'est pas un espace public comme un autre. L'école est un lieu où se forment les consciences, où évoluent les jeunes encore immatures, où, comme le rappelait Alain Juppé devant la Commission Stasi, l'on se fait l'esprit critique. Or, l'un des rôles de l'école est de faire développer aux enfants cet esprit critique, elle doit donc être protégée de tout signe ostensible.
Vous avez parlé de sport, Tariq Ramadam publié hier par l'Humanité, je cite : " Il n'est pas interdit aux femmes de faire du sport, à condition qu'il ne soit pas mixte, elles ne doivent pas dévoiler leurs corps devant les hommes et qu'elles évitent de donner la main à quelqu'un du sexe opposé, c'est un geste qui excite le désir ".
QUESTION.- Certains Députés UMP ont des états d'âme, hésitent à voter ce texte, c'est le cas d'Edouard Balladur ou d'Alain Madelin, y aura-t-il une consigne de vote ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Mais, il n'y a jamais de consigne de vote, et il n'y en aura évidemment pas, surtout sur un sujet comme celui-là, c'est un sujet par définition en conscience. La liberté de conscience, en particulier celle de choisir sa religion, est un droit fondamental, il est donc nécessaire de laisser sa liberté de vote à tous les députés.
Nous avons voulu faire une loi car il nous semblait voir un certain nombre de dérives au sein de l'école. Mais ce pays vient de passer 3 à 4 mois à parler du problème des signes religieux ostensibles. À mon avis, ce n'est pas véritablement le sujet.
Sur un plan républicain, et c'est le Maire de Toulouse qui le dit, mais celui de Lille, de Marseille, de Bordeaux, de Lyon, pourrait le faire, des millions de personnes aujourd'hui d'origine maghrébine, qui sont français et républicains, qui respectent les droits et les devoirs de la République, ne sont pas considérés aujourd'hui comme des Français comme les autres. C'est un sujet majeur.
Vous avez une sur-représentation des Français d'origine maghrébine dans le champ social, dans les quartiers sensibles, chez les demandeurs d'emploi, dans le milieu carcéral, parce qu'il y a une sur délinquance, c'est vrai, mais vous avez une sous-représentation dans les domaines économique et politique.
QUESTION.- La faute à qui ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- La faute à la République, gauche et droite confondues.
QUESTION.- Un mea culpa de tous les élus, de droite, de gauche, et qui remonte loin, loin
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Il y a eu un laxisme et en tout cas une irresponsabilité, et il va falloir mettre les bouchées doubles pour arranger cela. La République a failli sur ce sujet. Je connais des médecins, des chirurgiens, des journalistes, des gens qui ont des diplômes, et ce n'est pas vrai, il n'y a pas aujourd'hui d'égalité des chances, en fonction du prénom et de la couleur de peau.
QUESTION.- Certains juifs l'ont connu, il y a longtemps, maintenant c'est appliqué aux musulmans, ils doivent être aussi vigilants et peut-être solidaires de ceux qui souffrent à atteindre les places qu'ils méritent. Que peut-on faire, comment accélère-t-on le processus ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Le temps des cache-misère, de la guerre des mots, est passé. Le temps même des clivages politiciens où l'on essaie de s'en faire un fonds de commerce est révolu. Le temps est à une politique volontariste d'égalité des chances, en termes d'emploi, d'éducation, de logement et de culture.
Je prends un exemple, sur le plan de l'emploi. Je crois qu'il est temps de faire aujourd'hui des contrats, de mettre en place des bourses d'internat pour les élèves issus de ces quartiers sensibles pour aller dans les lycées qui ont des grandes écoles.
Mais, si nous parlons de discrimination positive, en disant qu'untel va être à tel poste de la République parce qu'il est musulman, c'est une chose qui évidemment ne va pas aller.
QUESTION.- Vous montrez bien qu'il faut favoriser ceux qui ne le sont pas
Ph. DOUSTE-BLAZY.- En sixième, lorsque vous avez le talent, le QI, la compétence et l'envie de travailler, alors, la carte scolaire est faite de telle manière qu'aujourd'hui nous connaissons les ghettos. Personnellement je sais où sont les Français issus de l'immigration africaine et maghrébine, et il est faux de dire que les écoles X égalent les écoles Y. Il va donc falloir mettre cela en place.
QUESTION.- Pendant ce moment important dans la société française et à partir de ce que vous dites sur la nécessité de déclencher une politique volontariste en fonction et en faveur de l'intégration, telle que nous le voyons s'exprimer dans le logement, Jean-Louis Borloo était récemment notre invité nous assistons à la prolifération et à l'apparition de leaders de groupes intégristes décidés, Malek Bouthi les appelait ici " les petits Le Pen arabes ". Faut-il les laisser proliférer ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Bien sûr que non, et la seule manière pour ne pas qu'ils prolifèrent c'est justement de traiter de l'égalité des chances. Dans certains quartiers sensibles de ma ville, il y a 33 % de chômage, alors que nous savons que la ville de Toulouse est aujourd'hui numéro un en termes d'emploi.
C'est donc en traitant de ces sujets-là, en obligeant aujourd'hui les maires à mettre 30 % de logements sociaux par quartier nouveau et ne pas laisser ceux qui souffrent toujours au même endroit, c'est avec une politique comme celle que nous y arriverons.
Quels sont les Collin Powell aujourd'hui en France ? Où se trouvent en France les Elias Zerhouni, ce professeur de médecine d'origine algérienne, dirigeant aujourd'hui l'Institut National de la Santé des Etats-Unis, c'est-à-dire, le plus grand au monde ?
QUESTION.- Parfois, ils sont d'origine française, partis d'ici parce qu'ils ne pouvaient pas grimper socialement et qu'ils sont allés montrer leur talent et les épanouir aux Etats-Unis
Ph. DOUSTE-BLAZY.- C'est vrai et c'est un sujet majeur. À compétence égale et à diplôme égal car il ne s'agit pas de discriminer de façon positive quelqu'un qui ne le mériterait pas.
QUESTION.- Pendant ce temps-là, pendant que nous discutons de la laïcité, une personne reste les bras croisés, ne fait pas campagne, Jean-Marie Le Pen, vous en êtes conscient ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Bien sûr et c'est la raison pour laquelle j'en parle. Je reste persuadé que le fait de ne rien faire, d'essayer d'avoir telle communauté ou telle autre sur un plan politicien ou électoraliste, conduit à une catastrophe.
Il est évident que si nous ne faisons pas ce que je vous ai dit, bien sûr, la sur délinquance maghrébine existe dans la mesure où il existe des quartiers ghettos, les voitures sont brûlées, je ne l'oublie pas et il serait idiot de ne pas le reconnaître, mais je vois aujourd'hui que si nous ne traitons pas le sujet, d'un côté les extrémistes du type Tariq Ramadam va évidemment proliférer et en même temps Monsieur Le Pen. J'espère qu'aux élections régionales ce ne sera pas le cas.
QUESTION.- Nous reviendrons tout à l'heure sur le côté politique. Les organisateurs des manifestations d'hier, moins spectaculaires que prévu, il faut le dire, en promettent de nouvelles le 7 février devant l'Assemblée nationale, ils veulent rendre la loi inapplicable en envoyant des filles voilées à l'école le moment venu. Comment l'Etat dans ces conditions devrait-il réagir ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- À un moment, dans la République, il faut expliquer et rappeler, à tous, ce que sont les devoirs. La liberté religieuse est ce qu'il y a peut-être de plus important dans une République, la liberté de croyance, de pratiquer ou non, mais cette liberté s'arrête quand certains veulent à tout prix lutter contre cette liberté. Nous, les Républicains, devons alors nous retrouver en face.
QUESTION.- En France, voyez-vous des signes ostensibles d'antisémitisme et de racisme d'un genre nouveau ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- En tout cas, je sais que ceux qui ont organisé la réunion d'hier sont des antisionistes, pour certains d'entre eux antisémites, et pire qui ont des amitiés avec des personnalités négationnistes. Ce qui me fait le plus peur dans ces manifestations, c'est que je ne voudrais pas, du fait que l'on ne s'occupe pas de toute une communauté d'origine immigrée et française aujourd'hui, que leur porte-parole devienne des extrémistes ou des fondamentalistes.
QUESTION.- Ou les porte-parole des extrémistes parce que les musulmans modérés et laïcs qui devraient se faire entendre
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Ce serait pire que tout.
QUESTION.- Mais quand vous dites qu'il y a des négationnistes, antisionistes, antisémites, antichrétiens, ils peuvent dire ce qu'ils veulent ou nous devons leur appliquer, car cela ne se fait pas, la loi antiraciste ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- En tout cas, il ne faut pas les inviter déjà à l'Unesco ni dans de grandes émissions de télévision.
QUESTION.- Beaucoup de monde pense que la majorité chiraquienne UMP de 2002 offre aux Français un fameux spectacle. Comprenez-vous le fait que Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur de messieurs Chirac et Raffarin, s'exprime avec autant d'indépendance ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- J'ai écouté sa conférence de presse, comme tous les Français, il a des résultats positifs, c'est un bon ministre de l'Intérieur et il le fait savoir, il a raison. Le Premier ministre l'a d'ailleurs reconnu lui-même, c'est un très bon élément du gouvernement.
QUESTION.- Nous sommes entrés dans le petit moment, il va être court, langue de bois Vous êtes très indulgent avec Nicolas Sarkozy, il peut tout dire, défier le président de la République et vous laissez glisser ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Pas du tout, j'estime que nous avons tous un devoir de loyauté vis-à-vis du président de la République, nous, dans la majorité, et nous avons également un devoir de solidarité vis-à-vis du Premier ministre, cela est nécessaire aussi. Il me paraît aussi important quand un ministre fait bien son travail, qu'il puisse le dire.
QUESTION.- Mais a-t-il raison, étant donné que nous sommes dans une phase de quinquennat, de se positionner déjà pour le jour où
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Où ?
QUESTION.- Il faudra bien un candidat de votre camp, ou deux ou trois ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- J'ai l'impression, peut-être parce que je ne suis pas au gouvernement, que c'était hier, le président de la République a été élu il n'y a pas très longtemps, il est en train de travailler, son gouvernement travaille aussi. Donc, il me semble que toute personne voulant lancer la campagne présidentielle trop tôt
QUESTION.- Il serait peut-être temps pour Jacques Chirac de dire qu'il veut faire un troisième mandat ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Attendez, jacques Chirac a été élu en mai 2002, pensez-vous qu'il soit normal qu'il dise aujourd'hui qu'il veut être candidat pour un troisième mandat. Je sais bien que vous êtes pressés mais quand même
QUESTION.- Nous ne sommes pas pressés, nous observons et vous savez très bien que vous avez voulu le quinquennat, vous l'avez, et qu'au bout de deux ans et demi, nous voyons les successeurs se placer, parce que le temps pour eux est court. Le problème étant de savoir s'ils peuvent être candidat tout en étant près du Président et vous dites bien qu'ils ont raison de se positionner.
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Personne n'a intérêt à ouvrir l'élection présidentielle trop tôt, ni d'ailleurs à gauche, mais cela ne me regarde pas, ni à droite.
QUESTION.- Mais souhaitez-vous que Jacques Chirac s'engage dans un troisième mandat présidentiel, vous personnellement ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Il faut le lui demander, par définition, ce n'est pas à moi à dire au président de la République ce qu'il doit faire ou dire. Il décidera lui-même à la fin de son mandat s'il veut en refaire un autre ou pas. Ce que je sais, c'est que nous avons une obligation de loyauté vis-à-vis du Président, de solidarité vis-à-vis du Premier ministre et surtout une nécessité de réformer notre pays.
QUESTION.- La gauche estime que lorsqu'un ministre agit ainsi à sa guise et aussi fortement, c'est qu'il y a dans l'air un affaiblissement de l'autorité supérieure de l'Etat. Votre réponse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- À la place de la gauche, je ferai attention. Je lisais ce matin un article sur les raisons pour lesquelles la gauche va gagner les élections régionales. Le Maire de Dijon y disait : " nous allons enfin faire des propositions concrètes, premièrement, le pass culture pour tous les Français dans les régions " un système qui existe à peu près depuis dix ans dans toutes les régions et dans ma ville aussi !! Je suis effrayé par le néant des propositions de la gauche ! Alors plutôt que de parler de nous, ils feraient mieux de faire des propositions pour le pays.
QUESTION.- Cette situation n'est-elle pas favorable au Front national ? Le climat social, les tensions avec les intégristes, l'insécurité sanitaire, les blocages de l'Europe qui avait déjà du mal à quinze et qui en aura davantage à 25, comment faire pour que, comme il le dit lui-même, Jean-Marie Le Pen ne soit pas présent au 2ème tour, dans une quinzaine de régions, lors des prochaines élections ? Nous sommes dans l'action et c'est maintenant, la campagne commence.
Ph. DOUSTE-BLAZY.- La seule lutte contre l'extrémisme, et en particulier l'extrémisme de droite, c'est la réforme du pays, c'est la seule solution. Nous l'avons fait pour les retraites, nous allons le faire pour l'assurance maladie, nous le faisons aujourd'hui sur le droit du travail où des hypothèses sont étudiées, nous devons le faire sur la lutte contre les abus sur un plan social. Nombre de Français qui nous écoutent en ont assez de payer des impôts alors qu'il y a des abus un peu partout.
QUESTION.- Donnez-nous des exemples d'abus.
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je souhaite que le gouvernement demande aux médecins de ne pouvoir faire des arrêts de travail que de trois jours, comme les dentistes. Aujourd'hui, n'importe quel médecin peut faire à n'importe qui un arrêt de travail de plusieurs mois.
QUESTION.- Et c'est le Docteur Douste-Blazy qui le dit, il sait de quoi il parle
Ph. DOUSTE-BLAZY.- En revanche, si au bout de trois jours, la personne en a vraiment besoin, alors c'est un médecin payé par la Sécurité sociale qui décide.
QUESTION.- Autre exemple ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Nous sommes le seul pays au monde à pouvoir se faire rembourser à 100 % 24 électrocardiogrammes dans une journée. Si les trois premiers sont normaux, il me paraît probable que les autres le soient aussi. Les gens ont simplement envie de choses un peu concrètes. Si nous faisons cela, vous verrez que l'extrémisme de droite baissera.
QUESTION.- Concernant cet énorme dossier de la réforme de l'assurance maladie, pensez-vous que Jean-François Mattéi réussi en ce moment ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui, il prépare sa réforme et c'est très compliqué, personne n'avait osé la faire jusqu'à maintenant en France, il y a eu 22 plans de déremboursement de médicaments, 22 plans d'augmentation des cotisations, c'est assez facile, ce qui est plus difficile c'est de réformer le système. Il y travaille avec Jean-Pierre Davant de la Mutualité, il y travaille avec le nouveau Secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, avec François Chéreque, avec des Présidents des Syndicats médicaux.
QUESTION.- Il y travaille également sur la base du rapport qu'il a fait faire à Monsieur Fragonnard, qui va le lui remettre dans quelques jours. Il n'a pas été dans votre Cabinet, Monsieur Fragonnard ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui, il a été au cabinet de Madame Weil et de moi-même.
QUESTION.- Transfert de remboursement vers les assurances complémentaires, baisse du taux de remboursement, franchise sur les boîtes de médicaments, vous avez une solution toute prête afin d'éviter une hausse de la CSG ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Une idée, oui, me semble importante. Tout d'abord le politique doit faire de la politique et pas autre chose et c'est au politique de définir une politique de santé publique.
Autrement dit, si l'on voit, à un moment donné, la mortalité infantile augmenter et que nous ne sommes pas bons en France, par rapport à nos partenaires européens, alors, il faut en faire une priorité. Une priorité quinquennale, décidée par le Ministère, passée devant le Parlement, pour dire que nous allons faire un effort particulier sur ce sujet. C'est cela une vraie politique de santé publique, qui n'existe pas véritablement encore, et je parle à la fois de curatif mais aussi de préventif, le politique doit avoir intérêt à faire du préventif.
Ensuite, il faut un grand établissement public transparent, où l'on puisse avoir tous les chiffres, légionellose combien, cancers du sein combien, infarctus du myocarde morts dans les hôpitaux combien À partir de cela, vous pouvez déterminer vos priorités.
Enfin, il me paraît normal qu'au niveau des Caisses d'assurance maladie, Canam, Cnam et Msa, il y ait une instance représentative qui parle pour tout le monde.
QUESTION.- Mais c'est génial ce que vous dites, vous êtes prêts, vous avez votre politique, la politique du futur ministre de la Santé !
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Pas du tout, j'ai déjà été ministre de la Santé. Il faut également une instance représentative des infirmières, des médecins, des dentistes, des pharmaciens et des kiné, parce que souvent ils ne parlent que pour eux-mêmes. Et enfin, une instance représentative des mutuelles.
Vous réunissez ces trois instances représentatives, caisses, mutuelles et médecins, dans une même pièce et c'est à eux, en fonction des priorités définies par le politique, de se débrouiller. À eux de décider ce qui est remboursé ou non, et pas au ministre de la Santé de trancher, ni à Monsieur Chirac, ni à Monsieur Raffarin.
QUESTION.- Mais comment vous le payez ? Est-ce que, selon vous, le gouvernement peut se passer d'une hausse de la CSG pour financer le déficit de la sécu ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je pense très franchement qu'il faut d'abord commencer par définir la gouvernance nouvelle en matière de santé que je viens d'exprimer. Plutôt qu'une réforme, c'est une grande adaptation de l'assurance maladie, comme le président de la République l'avait exprimé dans son discours du 14 juillet. Une adaptation, avec une responsabilisation de tous les acteurs. Faisons d'abord cela et ensuite nous verrons.
Je vous ai amené ici ce que Monsieur Schröder a proposé aux Allemands, et c'est intéressant. Pour la première fois, les Allemands vont payer de leur poche avec un garde-fou, la contribution de l'assuré ne doit pas dépasser 2 % de son revenu annuel. Un forfait de consultation de 10 euros sera payé aux généralistes chaque trimestre et pour une consultation d'un spécialiste, sans prescription du généraliste, vous paierez également 10 euros.
QUESTION.- Schröder, le modèle ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Non je ne dis pas cela, mais tous les pays européens aujourd'hui sont en train de responsabiliser les usagers.
QUESTION.- Et s'il y avait un taux unique de CSG, seriez-vous choqué ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Il ne servira strictement à rien, pour la 23ème fois, d'augmenter les cotisations et de diminuer les remboursements, tant qu'il n'y aura pas de nouvelle gouvernance de l'assurance maladie. Comme je n'ai pas envie que nous ressemblions à tous ceux qui nous ont précédé, je crois qu'il faut d'abord frapper un grand coup, en accord avec tous les syndicats. Je vous signale qu'en Allemagne, la CDU, c'est-à-dire l'opposition, a signé avec les socialistes, pour cette réforme. Donc, Monsieur Hollande sera capable de signer avec l'UMP une réforme de l'assurance maladie.
QUESTION.- Vous l'auriez signé, vous, avec un gouvernement de gauche ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui et je vais vous dire pourquoi. Nous ne pourrons pas endiguer l'extrémisme si sur des sujets majeurs, d'intérêt général, nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord.
QUESTION.- Avis à la gauche, qui aura à répondre à cet appel. Sur les problèmes de santé, nous pouvons nous attendre à des décisions, et c'est normal, qui auront des conséquences douloureuses.
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Nous sauverons le système d'assurance maladie surtout.
QUESTION.- Concernant les élections régionales, François Bayrou vous adresse un message, ce soir, disant que cette semaine sera décisive pour un accord en PACA avec l'UMP. Vous êtes prêts pour cet accord ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je ne peux pas penser un seul instant que l'UDF prenne le moindre risque avec l'extrême droite. En PACA, comme dans d'autres régions de France, Jean-Marie Le Pen est arrivé en tête aux élections présidentielles. J'en appelle à la responsabilité républicaine de l'UDF, de ne pas présenter de liste. J'ai vu que Monsieur Muselier, candidat UMP de PACA, a proposé la tête de la liste du département des Bouches du Rhône à l'UDF. Il y a quand même dans la majorité, je vous le signale, 98 % d'élus UMP contre 1 % d'élus UDF et, malgré cela, nous leur donnons la tête de liste d'un département.
J'ai vu avec plaisir qu'il y a un accord régional en Rhône-Alpes, il faut maintenant le ratifier au niveau national et cela sera lié au résultat des négociations en PACA, en Champagne-Ardenne et dans le Nord-Pas-de-Calais
QUESTION.- Et en Ile de France, l'extrême gauche piétine, l'extrême droite progresse, pour le moment André Santini devance Jean-François Copé dans les sondages. Jean-François Copé doit-il se retirer au profit du candidat le mieux placé, André Santini ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- La dernière fois que quelqu'un a posé cette question à un candidat, c'était Madame Chabot à Monsieur Chirac en 1995. Il ne s'est pas retiré et il a gagné.
QUESTION.- On pourrait également citer, en 1994-1995, Edouard Balladur mais le temps nous est compté. En Aquitaine, François Bayrou se présente en Gironde, contre le tenant socialiste de la région, André Rousset, et contre Xavier Darcos. Allez-vous soutenir activement au 1er tour, Xavier Darcos, pour qu'il précède Bayrou, chez Alain Juppé, comble du culot
Ph. DOUSTE-BLAZY.- L'UMP est en réalité l'alliance du centre, dont je fais partie, et de la droite. C'est donc la meilleure réponse au Front national et au 21 avril. Combien de fois nous a-t-on dit, puisque vous êtes d'accord sur le fond, pourquoi ne pas vous mettre ensemble au sien d'une même structure politique ? Nous l'avons fait et je me souviens de François Bayrou, entre les deux tours des élections législatives en 2002, souhaitant l'union pour avoir des députés UDF.
QUESTION.- Il demande une chance à une alternative autonome, il se présente en Aquitaine, que faites-vous ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je dis simplement qu'il a changé d'avis. Il nous demandait l'union en 2002 et les électeurs UMP avaient voté UDF puisque nous avions retiré nos candidats pour qu'il n'y en ait qu'un seul. Je souhaite évidemment il y ait une suffisante bonne entente entre l'UMP et l'UDF en Aquitaine, pour que Xavier Darcos puisse ensuite devancer Monsieur Rousset.
QUESTION.- François Bayrou réussit en ce moment à imposer dans le pays l'image d'un dirigeant assez obstiné mais courageux quand même et autonome, cela veut-il dire que résister et s'affirmer est plus profitable qu'être aux commandes dans un grand parti comme l'UMP ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Cela dépend de votre objectif. Si votre objectif est d'être un chef de parti, autoritaire, oui, c'est ce qu'il faut faire, mais si votre objectif est de faire gagner un pays, une majorité, dans l'honnêteté et la loyauté au président de la République, alors c'est autre chose. La division n'est pas bonne pour nos électeurs et pour nous, nous y perdons beaucoup de temps.
Regardez l'assurance maladie, croyez-vous franchement qu'il soit possible de la réformer si nous commençons à nous battre entre UDF et UMP ?
QUESTION.- Vous n'êtes pas coincé, au sein de l'UMP ? Vous étiez ensemble sur la ligne de départ et lui fait croire, ou croit, ou est en train de démontrer, qu'il s'affirme
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Si pour s'affirmer dans la vie politique, il faut faire battre tout le monde, vous ne m'y trouverez pas. Si, en revanche, s'affirmer c'est rencontrer des gens, chefs d'entreprises, syndicalistes, des personnes des champs social et économique, comme je le fais depuis deux ans, alors, je travaille et me prépare comme lui à aider mon pays.
QUESTION.- Concernant les points qui vous sont critiqués, la recherche, l'emploi, l'état du service public, vous recevez des paquets de reproches de la gauche. Notamment sur la recherche, vous ne cessez de répéter qu'elle est indispensable et Roger-Gérard Schwarzenberg, ancien ministre de la recherche, rappelle toutes défaillances et réductions de budget. Il dit que vous appauvrissez en ce moment les chercheurs, sel de l'avenir.
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je ne vais pas le faire maintenant car c'est fastidieux, mais pour mettre fin à cette polémique, regardez tout simplement les chiffres des budgets de recherche, durant les cinq années du gouvernement Jospin, et vous aurez votre réponse.
Concernant la recherche, qui est un sujet majeur pour notre pays, il y a deux réflexions. D'une part, les enjeux stratégiques, les chercheurs d'aujourd'hui sont responsables des emplois de demain, aujourd'hui lorsque les Etats-Unis mettent 7 dollars ou euros dans la recherche et le développement, nous nous mettons 1. Or, faire croire à nos enfants, qu'ils seront dans le textile, l'automobile, dans vingt ou trente ans, c'est leur mentir, ils produiront des outils de haute valeur ajoutée que nous aurons trouvé grâce à la recherche. C'est fondamental.
Ensuite, la polémique actuelle a tout de même un intérêt. Il y a ceux qui veulent une recherche de gestion, et c'est un peu le discours du gouvernement, et les chercheurs publics, pour qui la recherche est une philosophie purement intellectuelle, qu'il ne s'agit pas forcément de trouver, que la recherche publique, c'est la recherche fondamentale.
Il faut les deux. Il faut une recherche fondamentale, publique, à partir de l'INSERM, le CNRS, l'INRA. La France doit donner des chercheurs fondamentalistes, il faut donc leur donner de l'argent et arriver à 1 % du PIB sur la recherche fondamentale.
Quand le Général de Gaulle a créé le CNES, à Toulouse, 20 ans, 30 ans, 40 ans après, il y a eu Alcatel Space et Atrium, parce que beaucoup d'argent a été donné. Lorsqu'il a fait le Concorde, ce n'était pas un projet commercial, mais politique. Il ne faut donc pas abandonner la recherche fondamentale.
À côté, il y a la recherche privée, et Madame Haigneré a complètement raison de vouloir passer à une autre logique, pas forcément de stabilité, on est pas chercheur à vie, il faut aussi faire des contrats de chercheurs, c'est ce que l'on appelle le post-doc. Aujourd'hui, où va-t-on pour faire ce post-doc, une fois son Doctorat en poche ?
QUESTION.- C'est-à-dire qu'il faut mettre là aussi, plus de souplesse et de flexibilité ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui, vous avez un contrat de quatre ou cinq ans, sur un sujet donné, si vous trouvez tant mieux, sinon... Aujourd'hui, aux Etats-Unis, et dans les autres pays européens, c'est comme cela, nous sommes dans ce domaine dans une compétition effrénée.
Je terminerai en disant que le budget de la recherche pour 2004 augmentera de 3,9 % par rapport à 2003
QUESTION.- Je pense au contrat de projet, entre le CDD et le CDI, le rapport Virville a été remis à François Fillon, on vous rétorque qu'avec ce contrat de projet, vous risquez d'accroître la précarité, quelle est votre réponse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Il faut plus de fluidité, de flexibilité dans le travail. Nous pensons qu'ainsi nous baisserons de 2 points le nombre de chômeurs. Même lorsque la croissance était là, sous le gouvernement Jospin, nous n'arrivions pas à passer au-dessous de 8 %, pourquoi ? Parce que notre Code du travail ne nous le permet pas. L'idée de Monsieur de Virville est de faire un CDD longue durée.
QUESTION.- Vous y êtes favorable ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Je souhaite que ce soit un outil supplémentaire, complémentaire, et absolument pas se substituer au CDI. C'est important aux deux âges de la vie, jeune, vous avez besoin d'une pluralité de compétences et d'expériences, ensuite, plus expérimentés, pour effectuer une mesure ponctuelle. C'est important, notre pays a tout a y gagner.
QUESTION.- Un peu d'oxygène et de respiration
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui, mais attention, cela ne doit pas augmenter la précarité, vous avez raison. Je prends l'exemple des banques, quelle va être leur attitude vis-à-vis de ces contrats, face aux personnes désireuses de faire un emprunt ? Donc, oui au CDD longue durée, à condition que l'environnement social puisse aussi suivre.
QUESTION.- Une semaine sociale agitée avec, en particulier, un appel à la grève de la Sncf. Reparlerons du service minimum, en l'absence d'accord avec les syndicats, faut-il passer en force sur ce dossier ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Il ne faut certainement pas passer en force et mettre à profit le voyage de Monsieur de Robien dans les différents pays européens. Il a rencontré tous les syndicats, avec tous les syndicats qui l'ont accompagné, et c'est très pédagogique. Nul ne peut comprendre en France, qu'une poignée de personnes prenne en otage l'ensemble des populations, parce qu'une fois de plus, c'est celle qui n'a pas de voiture, qui a besoin d'être à l'heure, qui finira par se faire virer à cause de son retard.
QUESTION.- Vous souhaitez qu'après consultation concertée, l'on arrive à un accord sur les conditions d'un service garanti, avant la fin 2004 ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Oui et je souhaite que l'on ne recule pas sur ce sujet.
QUESTION.- Le 30 janvier va être une date importante, politique et personnelle, pour Alain Juppé, fixé sur son sort judiciaire. C'est important également pour la majorité. Vous travaillez avec lui, vous le soutenez, vous le sentez comment, préoccupé, affecté, vous l'encouragez à tenir ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- J'ai rencontré un homme qui a le sens de l'écoute, un homme qui a la fibre de chef d'équipe, et je dis avec simplicité mais avec honnêteté. Aujourd'hui, je crois même que la France a besoin d'un homme de sa trempe.
QUESTION.- Vous le placez à quel niveau, à quelle hauteur ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- La plus haute, j'estime que c'est un homme d'Etat. Je pense également qu'il est, comme un simple citoyen, dans l'attente d'une décision de justice. Il a évalué toutes les hypothèses, je souhaite pour lui, comme pour notre parti, comme pour notre pays, qu'il puisse continuer sa vie politique. Nous en avons besoin.
QUESTION.- S'il entre dans le gouvernement le moment venu, si les problèmes se résolvent, pourra-t-il garder sa Présidence de l'UMP ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Aujourd'hui, il est très heureux d'être Maire de Bordeaux et Président de l'UMP, et il n'y a pas d'actualité de remaniement gouvernemental, mais après tout, ce n'est pas incompatible.
QUESTION.- Vous l'avez vu et vous en parlez presque avec affection, s'il revient en politique, aura-t-il changé ? Vous qui le voyez tous les jours, est-il toujours le Juppé, droit dans ses bottes, égal à lui-même, ou un Juppé qui ayant pris des coups a évolué, une peau plus dure mais avec plus de souplesse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Personne ne peut sortir indemne des accidents de la vie. Nous avons une vie publique avec ses succès et ses échecs, comme vous. Il n'est pas possible de ne pas en tirer les conséquences.
Pour en revenir à l'assurance maladie, il a eu raison avant les autres, et il est pourtant quasiment parti de Matignon pour ces raisons. Il a ce sens de l'écoute, le sentiment de vouloir se frotter aux raisonnements des autres.
QUESTION.- Une autre personne a beaucoup souffert en 2003, Dominique Baudis, cela a été douloureux, spectaculaire, qu'attendez-vous de la justice pour lui ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- J'attends ce que tout le monde sait, il n'est mêlé ni de près ni de loin à cette affaire. C'est une personne pour laquelle j'ai une très grande estime comme d'ailleurs tous les Toulousains qui lui ont prouvé.
QUESTION.- Votre première intuition n'était pas la plus mauvaise, vous pensiez à une sorte de conspiration dans toutes ces attaques contre lui ? Maintenant c'est encore plus clair
Ph. DOUSTE-BLAZY.- J'étais venu vous le dire, un matin, à votre micro. Il y a un énorme effort de mémoire à faire, mais il faut savoir ce qui s'est passé. Comment, en colportant un bruit d'une personne racontant un mensonge à un gendarme, peut-on se retrouver en tête d'un journal à côté du plus grand tueur en série de la fin du XXe siècle ? Comment peut-on se retrouver au 20 Heures d'un journal télévisé, accusé, alors que personne n'a fait le début de la preuve de la vérité ?
Des leçons sont à tirer pour beaucoup dans cette affaire, y compris pour la presse.
QUESTION.- En 2002, vous avez renoncé au gouvernement pour rester avec des Toulousains, que ferez-vous en 2007, vous vous représentez à Toulouse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- Bien sûr, je suis passionné par ce travail, nous n'avons pas eu le temps d'en parler, je le regrette. Nous avons de très grands projets, en biotechnologies, en culture, en transport le métro est en train d'éventrer malheureusement les rues mais nous pensons le terminer fin 2006. C'est la ville classée récemment par un hebdomadaire numéro un en termes de développement économique et d'attractivité. 12 000 personnes par an viennent s'installer à Toulouse.
QUESTION.- Vous nous avez montré qu'il fallait lutter pour l'intégration, allez-vous prendre les mesures dont vous avez parlé dans ce domaine, à Toulouse ?
Ph. DOUSTE-BLAZY.- À Toulouse, depuis un an, chaque ZAC, chaque nouveau quartier a 30 % de logements sociaux, la moitié en accession sociale à la propriété, l'autre moitié en locatif.

(source http://www.u-m-p.org, le 20 janvier 2004)