Interview de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, dans "Le Figaro" le 15 novembre 2004, sur la décision du Conseil d'Etat d'annuler les élections territoriales du 23 mai 2004 dans la seule circonscription des îles du Vent (Tahiti et Moorea) de Polynésie.

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Texte intégral

Le Figaro : Que pensez-vous de la décision du Conseil d'Etat d'annuler le scrutin du 23 mai aux seules îles du vent ?
Brigitte Girardin : Cette décision du Conseil d'Etat, qui annule 37 sièges sur 57, ouvre de nouvelles perspectives. Je viens d'ailleurs d'inviter les présidents de partis et groupes politiques représentés à ce jour à l'Assemblée de Polynésie française à venir participer la semaine prochaine à une réunion de travail afin d'examiner les conséquences juridiques et techniques de l'Arrêt du Conseil d'Etat. Cette réunion, aurait par ailleurs aussi pour objet d'examiner les conditions dans lesquelles l'ensemble des électeurs polynésiens pourraient être appelés aux urnes afin de procéder à une nouvelle élection de l'ensemble des représentants de Polynésie.
Le Figaro : Vous n'êtes donc plus opposée à proposer une dissolution de l'assemblée polynésienne au chef de l'Etat ?
Brigitte Girardin : Ce n'est pas le sujet. Pas plus aujourd'hui qu'hier, les conditions juridiques d'une dissolution ne sont réunis. En revanche, j'ai toujours dit que je n'étais pas opposée à ce que les Polynésiens retournent aux urnes mais uniquement sur des bases légales.
Le Figaro : Mais "des élections de l'ensemble des représentants de Polynésie", cela revient à prononcer la dissolution...
Brigitte Girardin : Non. Si j'invite l'ensemble des responsables politiques polynésiens, c'est pour discuter dans une approche consuensuelle, les conditions juridiques et légales dans lesquelles l'ensemble des Polynésiens pourraient être appelés aux urnes. Il faut en parler.
Le Figaro : Depuis le début de la crise, d'aucuns vous ont accusé d'être "rigide". Assistons-nous aujourd'hui à un changement de position du gouvernement ?
Brigitte Girardin : Sûrement pas. Si respecter la loi et le droit, c'est être rigide, alors, vraiment, je suis inquiète pour la démocratie. Reconnaissez cette constance qui est la mienne d'avoir toujours défendu le strict respect de l'Etat de droit, alors que les socialistes m'opposaient sans cesse la légitimité populaire du vote du 23 mai. Que dit aujourd'hui le Conseil d'Etat ? Que le vote du 23 mai n'était pas si légitime puisqu'entaché de " graves irrégularités " au point de justifier son annulation dans la circonscription la plus importante.
Propos recueillis par Rodolphe Geisler

(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 19 novembre 2004)