Texte intégral
Mes voeux s'adressent d'abord à la presse, c'est-à-dire à vous qui suivez nos débats avec fidélité, patience et, peut-être, plaisir. Ce qui n'est pas incompatible.
Je partage vos inquiétudes sur le sort de Florence Aubenas. Tout doit être mis en uvre pour la retrouver, ainsi que son interprète. Venant après les enlèvements de G. Malbrunot et C. Chesnot, la question de la présence de la presse en Irak a été posée. Pour nous, elle relève du seul choix des rédactions et ne peut obéir à des recommandations politiques, dans un sens ou dans un autre.
Mais, l'absence de témoignage, c'est ce que veulent souvent les protagonistes d'un conflit. Et, que penser d'élections dont on nous dit encore qu'elles pourraient se tenir à la fin de ce mois, s'il n'y a pas d'observateurs pour en vérifier le déroulement ?
Notre attitude sera toujours -dans ces circonstances- de défendre tous les journalistes menacés dans leur liberté, voire dans leur sécurité. Nous l'avons montré lorsque les deux otages, aujourd'hui libérés à la veille de Noël, ont été capturés. Et, puisque j'évoque cette période qui s'est déroulée du mois d'août dernier jusqu'au mois de décembre, je veux dire que le temps des explications est venu, notamment sur " l'affaire Julia ". Je demande, à défaut de commission d'enquête, puisqu'une procédure judiciaire est ouverte, qu'une audition du député Julia par une Commission de l'Assemblée nationale puisse avoir lieu et que la vérité soit établie sur une opération brumeuse qui aurait pu avoir des conséquences malheureuses.
Mais, j'ai bien conscience que le contexte dans lequel intervient cette cérémonie de vux renvoie forcément à nos responsabilités, face à des populations déjà lourdement frappées et des régions du monde qui vont durablement souffrir des suites de la catastrophe des Tsunamis.
Cette tragédie a suscité un formidable élan de solidarité dont nul ne doit se plaindre, même si d'autres drames moins visibles mais pas moins meurtriers n'ont pas jusque-là mobilisé les consciences.
Les socialistes prennent leur part dans ce mouvement :
En tant que parti, nous considérons que notre rôle ne se réduit pas à l'élaboration des idées et à l'expression du suffrage. Nous sommes plus que d'autres engagés. Aussi, au-delà des contributions individuelles, nous avons décidé, conformément à une décision du Congrès de Dijon, d'augmenter d'un euro le montant de la cotisation de nos adhérents et, ainsi, de créer un fonds de solidarité internationale pour faire face à l'urgence ; c'était notre premier devoir.
En tant que réseau d'élus, les collectivités dirigées par les socialistes se sont, dès l'annonce du drame, impliquées. Et, aujourd'hui, des jumelages avec les régions les plus touchées par le séisme sont lancés, afin de participer à la reconstruction dans deux domaines particuliers : l'eau et l'assainissement, d'une part, et l'éducation de l'autre.
Enfin, en tant que force de proposition, les socialistes demandent que deux initiatives soient prises, à la hauteur de l'ampleur de la catastrophe :
L'annulation d'une partie de la dette des pays concernés, dette qui s'élève à 400 milliards de dollars. Demain, se tient une réunion du Club de Paris dont c'est le rôle. Bien plus qu'un moratoire dont on nous parle et dont les effets ne sont que de reporter dans le temps les échéances, c'est l'abandon partiel des créances des pays les plus riches qui doit être consenti. J'en fais donc publiquement la demande ;
L'introduction de financements internationaux pour prendre en charge non seulement la force d'urgence dont on nous parle aujourd'hui et qui est réclamée légitimement, mais une part de l'aide au développement. L'incantation généreuse qui est souvent celle du début d'année -encore que pour certains cela peut valoir toute l'année- doit faire place maintenant à la décision politique. On peut discuter de telle ou telle modalité, réfléchir à sa possible généralisation... Il suffit. Trop de temps a été perdu ; il faut introduire ces financements internationaux.
L'actualité internationale ne charrie pas que de mauvaises nouvelles :
L'accord de paix au Sud Soudan, même s'il y a encore au Darfour un conflit qui n'a que trop duré ;
Les élections en Palestine, qui permettent d'entrevoir la reprise du dialogue. Un Président élu en Palestine -c'est la victoire de la démocratie. Je veux saluer le rôle de l'Europe dans le contrôle de ce processus, des socialistes et au premier rang desquels Michel Rocard. Mais, c'est aussi une victoire pour le dialogue, dès lors que le gouvernement israélien qui vient d'être recomposé pourrait en susciter l'initiative. Là aussi, les socialistes doivent être partie prenante. Il se trouve que le Parti travailliste est membre de l'Internationale socialiste, que le Fatha est membre associé et, donc, l'Internationale socialiste -une initiative sera bientôt prise en ce sens- aura à faciliter la reprise du dialogue.
Je reviens à la France et à nos propres responsabilités de Parti :
2004 avait été une année de succès électoraux pour le Parti socialiste.
2005 doit être une année de préparation de l'avenir.
La préparation de l'avenir est une fonction qui, généralement, relève plus de la majorité que de l'opposition. Il se trouve que, paradoxalement, elle nous revient.
L'inquiétude des Français n'a jamais été aussi forte qu'en ce début d'année: le chômage, malgré les évolutions démographiques qui devraient normalement conduire à sa baisse, reste à un niveau élevé ; la précarité du travail se développe et, aujourd'hui, une embauche sur deux se fait sur un contrat précaire ; le nombre d'heures travaillées en France est inférieur à ce qu'il était il y a 4 ans -les Français travaillent moins aujourd'hui que lorsque la gauche était en responsabilité ; le pouvoir d'achat des ménages stagne, il n'aura été que de 1,5 % par an depuis trois ans (il était de 3 % lorsque nous étions aux responsabilités) ; les conditions d'accès au logement -pas simplement des ménages les plus fragiles, pas simplement des couches les plus modestes- sont devenues plus difficiles ; la privatisation des services publics s'accélère avec leur cortège de hausse dont aujourd'hui nous sommes abreuvés ; l'insécurité -malgré des statistiques partiellement publiées et donc trompeuses- continue de préoccuper légitimement nos concitoyens (on l'a vu, notamment en cette fin d'année, avec le nombre recors nous dit-on de voitures brûlées en Ile de France), et ce n'est pas l'opération spectaculaire du Ministre de l'Intérieur devant les écoles qui pourra rassurer les parents qui savent, eux, que 30 000 postes d'encadrement ont été supprimés dans les établissements scolaires depuis 3 ans.
De nombreuses catégories, et c'est légitime, expriment, sous une forme ou sous une autre et il ne nous appartient pas d'en définir la manière ou d'en prévoir l'ampleur, leur mécontentement (les infirmières scolaires, les personnels de santé, postiers le 18 janvier, cheminots le 19 janvier, les enseignants et les fonctionnaires le 20 janvier, et sûrement les salariés du secteur privé le moment venu...).
Le mécontentement est tel sur le sujet des 35 heures que l'unité syndicale est en train de se reconstituer, et on partait de loin si j'en juges par telle ou telle déclaration. Il est vrai que la méthode, c'est-à-dire le recours à une proposition de loi plutôt qu'un projet de loi -ce qui permet de contourner le Conseil d'Etat et d'aller plus vite dans la manoeuvre- écartant ainsi toute négociation et renvoyant non pas à des accords de branche mais à des accords d'entreprise quand on sait que pour beaucoup il n'y a pas de représentation syndicale, suscite en elle-même et à juste raison le mécontentement. Et pour quel résultat ? Non pas une augmentation du pouvoir d'achat, comme il est abusivement proclamé par ceux qui veulent s'engager dans ce démantèlement, mais une amputation du revenu des Français qui devront travailler plus sans avoir d'ailleurs leur mot à dire et sans gagner d'avantage.
Et, dans ce contexte de doute, d'inquiétude et d'incertitude, le pouvoir a perdu toute crédibilité.
Personne ne croit plus -sauf peut-être l'intéressé- que Jean-Pierre Raffarin soit encore Premier ministre. Les voeux de ces derniers jours l'ont encore confirmé.
Qui peut prétendre qu'il conduit et détermine la politique de la Nation ? Qui peut imaginer que le contrat pour 2005 engage d'autres que lui-même, c'est-à-dire pas même son gouvernement et sa majorité ? Qui peut encore espérer que le chômage baissera de 10 % cette année, alors que la prévision de croissance, pour l'année 2005, fixée à 2,5 % est déjà revue autour de 1,9 % ? Que valent les engagements prioritaires du budget 2005, quand tout est prioritaire et quand 7 milliards d'euros sont gelés dès le mois de janvier à peine votée la loi de finances, au mépris des droits du Parlement ? Il serait injuste -je ne veux donc pas l'être- de faire peser sur le Premier ministre la responsabilité d'une politique dont il n'est qu'un exécutant maladroit. C'est le Chef de l'Etat qui rend la mission aussi impossible qu'impopulaire.
En même temps que personne ne croit plus de Jean-Pierre Raffarin est Premier ministre, personne ne croit plus aux promesses de Jacques Chirac. Celles de ce début d'année découragent même les plus crédules. Là encore, les promesses ont dépassé l'entendement budgétaire, mais aussi les règles de la justice sociale les plus élémentaires.
Comment prétendre -il faut être Jacques Chirac pour le faire- pouvoir baisser, en 2006, l'impôt sur le revenu de 20 % -soit 13 milliards d'euros-, supprimer toutes les cotisations sociales au niveau du SMIC (2 milliards d'euros), réduire d'un tiers la taxe professionnelle (3 milliards d'euros) sans oublier, au passage, la promesse de ramener à 5,5 % la TVA sur la restauration (2 milliards d'euros), tout en annonçant -dans le même temps et tout bien pesé- une augmentation des dépenses pour la Recherche et une réduction du déficit, conforme à nos engagements européens, alors même que la soulte EDF de 7,7 milliards d'euros ne jouera plus ? Poser la question, c'est ne pas pouvoir résoudre l'équation.
Une telle méthode, faite de décalage entre les mots prononcés et les actes réalisés, n'est pas seulement grave pour le pouvoir, elle affaiblit encore l'autorité de l'Etat, abaisse le débat public, abîme la parole politique.
C'est pourquoi, cette politique est aussi autant de signes donnés aux plus favorisés et la seule satisfaction affichée est d'ailleurs celle du MEDEF, et il y a de quoi :
Avantages fiscaux aux plus fortunés, mais prélèvements supplémentaires dès à présent pour tous : CSG, forfait hospitalier, impôts locaux ;
Allègements de charges pour les entreprises, mais démantèlement des 35 heures pour les salariés ;
Incitation à l'épargne pour les plus privilégiés et découragement de la consommation populaire.
Cette politique ne rassure pas, elle inquiète : elle ne porte aucun résultat dans le présent et elle ne fonde aucune confiance dans le futur.
C'est donc aux socialistes de préparer plus que l'alternance, mais l'avenir. La droite a sans doute ses compétitions, ses querelles, ses ambitions.
Le seul changement possible de politique est à gauche. Il lui revient donc d'exprimer la force d'un projet et non l'amertume d'un rejet.
PREPARER L'AVENIR, C'EST DEFINIR UN PROJET POUR LA FRANCE
Toute l'année 2005 sera consacrée à ce travail indispensable sous la houlette de Martine Aubry, Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn.
Les Français attendent autant une vision, une cohérence d'ensemble que des propositions précises.
Nous fixons alors une perspective longue qui dépasse le temps d'une législature ou d'un quinquennat. Nous voulons tracer la voie d'un projet pour les dix années qui viennent.
Nous posons ensuite trois principes pour la construction de notre projet :
La volonté, sans laquelle la politique n'est plus qu'une gestion ; il faut dire ce que nous voulons changer et clairement ;
La vérité, sans laquelle la politique n'est plus qu'un voeu, un long voeu tranquille ; il faut dire ce que nous ne pourrons pas changer dans un temps donné ;
La fiabilité, sans laquelle la politique n'est plus qu'une communication ; il faut dire comment nous pouvons changer la société telle qu'elle est.
Dans une société méfiante, inquiète et dominée par l'urgence, notre ambition collective doit être de rassurer, d'agir mais aussi de prévoir. Nos priorités seront donc entièrement tournées vers l'investissement pour l'avenir : l'Education, la Recherche, l'environnement, le logement, la ville et l'emploi. La dimension institutionnelle s'inscrit nécessairement dans cette perspective longue.
Notre méthode doit être fondée sur la démocratie :
Implication directe de nos adhérents : une grande campagne d'adhésion sera lancée le 30 janvier, lors de notre rassemblement des secrétaires de section. Tous ceux qui veulent nous rejoindre dès à présent pour participer à nos grandes décisions de 2005 -et surtout de 2006- sur le projet, comme sur la désignation de nos candidats, sont dès maintenant les bienvenus. Et nous associerons dès à présent aussi nos sympathisants à l'élaboration de nos propositions, en lançant l'idée des " adhérents du projet " ; tous ceux qui veulent construire avec nous ce projet des socialistes doivent être considérés déjà comme des adhérents de ce projet ; ensuite, s'ils veulent rester au Parti socialiste, tant mieux ! S'ils nous quittent, nous les retiendrons. Ils doivent être, pour l'instant, adhérents de notre projet, de notre ambition collective qui n'appartient pas qu'aux socialistes, qu'à la gauche, mais à tous ceux qui espèrent en un avenir meilleur ;
Dialogue avec les Français, à travers leurs représentants, syndicats, associations, mais aussi directement (questionnaires, internet...).
Débat avec nos partenaires de la gauche ;
Notre objectif est de proposer un contrat autour d'une équipe, voire d'une coalition qui devra être d'ores et déjà prête avant les grandes consultations de 2007. C'est ainsi que nous donnerons force à ce que j'appelle la gauche durable.
D'ici là, le calendrier d'élaboration de notre projet serait le suivant :
Janvier / Mars : diagnostic et choix des priorités
Avril / Décembre : débat sur les grandes propositions
1er trimestre 2006 : adoption du projet
PREPARER L'AVENIR C'EST AUSSI ETRE AU RENDEZ-VOUS DE L'EUROPE
Les socialistes, après un débat d'une rare qualité, d'une vraie intensité, d'une réelle incertitude, ont à une forte majorité (59 %) approuvé le Traité constitutionnel.
Ils l'ont fait en fonction du texte lui-même :
Une Europe plus démocratique : renforcement du Parlement européen, mais aussi des Parlements nationaux -ce sera l'objet de la révision constitutionnelle; la Commission elle-même procèdera enfin du suffrage universel. Et un droit de pétition est ouvert aux citoyens européens ;
Une Europe plus politique : Présidence de l'Europe, Ministre des Affaires étrangères, extension des votes à la majorité qualifiée ;
Une Europe plus sociale, elle connaîtra une étape dans ce sens : Charte des droits fondamentaux, objectif du plein emploi, clause sociale, reconnaissance des services publics.
Sur la base même du texte, dès lors que nous avons répondu clairement à la question, nous n'avons pas à revenir sur notre parole. Le Traité correspond à des avancées que les socialistes ont toujours réclamées. Mais, il n'est qu'un cadre à partir duquel des politiques européennes plus conformes à nos valeurs sont possibles. Il autorise, mais il ne conclut rien. Il n'est donc qu'une étape, mais sans laquelle il ne peut y avoir de progrès.
Ils l'ont fait en fonction du contexte :
Une Europe comme contrepoids à l'unilatéralisme
Une Europe comme soutien de l'ONU
Une Europe comme instrument de la régulation de la mondialisation
Une Europe comme vecteur de paix
Ils l'ont fait en cohérence avec leurs engagements passés : acte unique, Maastricht, élargissement aux pays de l'Est, et maintenant de la Constitution européenne que nous avions demandée. Et, si nous étions en responsabilité aujourd'hui, nous aurions sans doute mieux négocié, mais nous aurions approuvé ce texte. Et tel est le critère essentiel : Les socialistes ne peuvent avoir deux positions, selon qu'ils sont au pouvoir ou dans l'opposition.
Ils l'ont fait en cohérence avec les socialistes européens : Toutes les formations politiques au sein du PSE ont approuvé le Traité constitutionnel.
Le " Oui " des socialistes sera clair. Il ne s'embarrassera pas de considérations tactiques -la victoire d'ailleurs sera celle de l'Europe. Le " oui " des socialistes ne mélangera pas les sujets. Et la Turquie n'est pour le moment pas dans l'Union européenne. Et donc pas dans le champ du référendum. Ce sujet devra être traité le moment venu, une fois les négociations abouties, si elles aboutissent, et les conditions réunies, si elles sont un jour réunies. Mais la droite -toute la droite- joue avec le feu en soufflant sur les braises de la peur et en agitant les cendres des conflits de religion.
Nous ne serons pas dans la contorsion, dans l'habileté, dans le jeu. Nous serons dans la clarté. Nous ne confondrons pas les genres ou les moments. La sanction électorale du pouvoir viendra en 2007. L'échec de l'Europe serait l'échec de la France et non pas celui de Jacques Chirac. Et, en 2007, mieux vaut pour l'alternance -et donc pour la gauche- une Europe en marche qu'en panne.
Le " Oui " des socialistes sera fort : le Parti socialiste sera pleinement mobiliser dans cette campagne sur nos valeurs, nos arguments, nos slogans. Un comité de campagne sera créé et, ayant appelé les premiers à dire " oui ", nous serons moteur dans cette bataille de conviction. Nous serons en avant-garde et sans arrière-pensée.
Le " Oui " des socialistes, enfin, sera socialiste :
Avec le PSE - Déplacements en Italie pour le congrès de la gauche italienne, en Espagne pour la campagne référendaire et au Portugal dans le cadre de la campagne législative en février prochain ;
Avec la gauche française : les Verts, les Radicaux de gauche, s'ils décident d'apporter la même réponse que nous.
Et il n'y aura qu'une campagne socialiste : celle du oui. C'est le respect du vote des militants et de la démocratie. Elle n'empêche pas le respect des consciences et des positions de chacun. Et, nul ne sera obligé de se renier. Mais, le parti ne peut avoir qu'une position et une seule.
Je serai reçu par le Président de la République demain. Je rappellerai bien sûr que le référendum ne doit pas être détourné de son sens et que toute instrumentalisation doit être proscrite. Jacques Chirac en a déjà pris l'engagement. Reste à le traduire dans la formulation de la question dans ce seul esprit et dans la limitation de l'implication du gouvernement en tant que tel. Je demanderai que les règles de la campagne soient clairement précisées : moyens donnés aux partis politiques, accès à la télévision, commission d'organisation. Cela vaut pour le " oui " comme pour le " non ". Ce sont les garanties de la démocratie et de la transparence. Enfin, le calendrier doit être connu au plus tôt.
PREPARER L'AVENIR, C'EST AUSSI EXERCER LES RESPONSABILITÉS QUI NOUS ONT ÉTÉ CONFIEES PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL, NOTAMMENT EN 2004
Nos 20 régions se sont mises au travail : la gratuité des livres a été généralisée et sera totale d'ici 2 ans ; les emplois tremplin ont été mis en place ; de nouvelles politiques de transports publics ont été lancées.
Cette politique s'inscrit dans un contexte extrêmement difficile pour les collectivités locales: sur le plan économique, avec de nombreux plans sociaux ; sur le plan financier avec la remise en cause des contrats de plan et les défausses de l'Etat ; sur le plan administratif, avec le casse-tête de la gestion du personnel de l'Education nationale.
Un premier bilan de notre action sera établi au printemps. Les socialistes doivent montrer que lorsqu'ils prennent des engagements, quand ils font des promesses, ils les tiennent et ils en rendent compte au peuple qui leur a fait confiance. Moi-même, je me rendrai dans chacune de nos régions pour illustrer nos priorités. Car, les priorités qu'ont choisies les Régions ou les Conseils généraux -en fonction de leurs compétences- rejoignent les nôtres (Education, environnement, transports et la démocratie). Le premier déplacement sera à Angers sur le thème des transports.
PREPARER L'AVENIR C'EST RAPPELER L'HISTOIRE
Il se trouve que l'année 2005 correspond à deux anniversaires.
Il y a 100 ans, naissait le Parti des socialistes. Leur unité fut difficile à réaliser, elle se brisera d'ailleurs 15 ans plus tard, pour se refaire dans d'autres conditions en 1971. Ce parti de 1905 était alors celui de toute la gauche. C'est encore le défi d'aujourd'hui : rassembler la gauche non dans une seule formation, mais dans une coalition et dans la durée : c'est la gauche durable. La perspective que nous voulons ouvrir à travers ce centenaire, c'est de rappeler que notre idéal demeure ; les formes, les interventions, les instruments changent, mais nous avons toujours les mêmes objectifs et que nous voulons toujours montrer que l'humanité peut elle-même s'organiser et surmonter les forces de l'argent ou les mouvements économiques.
Ce premier anniversaire démontrera que si nous sommes un vieux parti encore plein de vie, nos idées sont jeunes et que c'est une force d'être porteurs d'une longue histoire et d'une belle histoire.
Il y a 100 ans, c'était le vote de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Aristide Briand -qui n'était plus tout à fait un socialiste mais un grand républicain- en était le rapporteur, Jean Jaurès -qui lui est devenu socialiste et allait le rester- l'orateur le plus convaincant.
Aujourd'hui encore, cette grande loi républicaine est d'une jeunesse accomplie. Les tentations de la détourner ou de la contourner sont nombreuses. Le Président de l'UMP considère que si les partis et les forces syndicales sont financés par l'Etat, pourquoi pas les Eglises ! Pour nous, ce n'est pas de même nature ; les syndicats, les partis concourent à l'expression de la citoyenneté. Les Eglises, toutes les Eglises concourent simplement à la pratique d'une foi. C'est tout à fait différent. La République doit les reconnaître, elle ne doit pas les financer. Et de cette confusion naît une représentation de certains de nos concitoyens non pas en fonction de leur bulletin de vote, non pas en fonction de leur situation sociale, mais en fonction de leur religion.
Mais, en France, nous n'existons pas pour notre religion, nous existons d'abord par notre citoyenneté qui,elle, nous permet de pratiquer notre foi ou de n'en pratiquer aucune. Et devant l'échec grave du CFCM, il y a là comme une sanction de cette démarche, celle de l'ancien Ministre de l'Intérieur, voire de l'actuel. Nous considérons que la laïcité reste la meilleure promotion de la république.
Je veux enfin adresser un message d'espoir aux Français. Les temps sont difficiles, durs, âpres, douloureux dans le monde, en France. Le sentiment peut s'installer, face à des forces qui paraissent insurmontables, qu'il n'y aurait plus de place pour la volonté humaine et que le repli sur soi serait la seule forme de protection.
Je veux, avec les socialistes, démontrer que la politique ne se réduit pas à des compétitions de tempéraments, à des ruses ou à des enjeux personnels. La confrontation des idées, la démocratie, l'engagement sont plus que jamais d'actualité.
Voilà pourquoi il faut avoir espoir. Espoir dans un monde plus équilibré, dans une Europe plus forte et dans le changement en France qui viendra, si nous en sommes dignes, en 2007. Ce n'est pas un rêve ou un voeu. C'est une volonté. Elle est possible.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 7 février 2005)
Je partage vos inquiétudes sur le sort de Florence Aubenas. Tout doit être mis en uvre pour la retrouver, ainsi que son interprète. Venant après les enlèvements de G. Malbrunot et C. Chesnot, la question de la présence de la presse en Irak a été posée. Pour nous, elle relève du seul choix des rédactions et ne peut obéir à des recommandations politiques, dans un sens ou dans un autre.
Mais, l'absence de témoignage, c'est ce que veulent souvent les protagonistes d'un conflit. Et, que penser d'élections dont on nous dit encore qu'elles pourraient se tenir à la fin de ce mois, s'il n'y a pas d'observateurs pour en vérifier le déroulement ?
Notre attitude sera toujours -dans ces circonstances- de défendre tous les journalistes menacés dans leur liberté, voire dans leur sécurité. Nous l'avons montré lorsque les deux otages, aujourd'hui libérés à la veille de Noël, ont été capturés. Et, puisque j'évoque cette période qui s'est déroulée du mois d'août dernier jusqu'au mois de décembre, je veux dire que le temps des explications est venu, notamment sur " l'affaire Julia ". Je demande, à défaut de commission d'enquête, puisqu'une procédure judiciaire est ouverte, qu'une audition du député Julia par une Commission de l'Assemblée nationale puisse avoir lieu et que la vérité soit établie sur une opération brumeuse qui aurait pu avoir des conséquences malheureuses.
Mais, j'ai bien conscience que le contexte dans lequel intervient cette cérémonie de vux renvoie forcément à nos responsabilités, face à des populations déjà lourdement frappées et des régions du monde qui vont durablement souffrir des suites de la catastrophe des Tsunamis.
Cette tragédie a suscité un formidable élan de solidarité dont nul ne doit se plaindre, même si d'autres drames moins visibles mais pas moins meurtriers n'ont pas jusque-là mobilisé les consciences.
Les socialistes prennent leur part dans ce mouvement :
En tant que parti, nous considérons que notre rôle ne se réduit pas à l'élaboration des idées et à l'expression du suffrage. Nous sommes plus que d'autres engagés. Aussi, au-delà des contributions individuelles, nous avons décidé, conformément à une décision du Congrès de Dijon, d'augmenter d'un euro le montant de la cotisation de nos adhérents et, ainsi, de créer un fonds de solidarité internationale pour faire face à l'urgence ; c'était notre premier devoir.
En tant que réseau d'élus, les collectivités dirigées par les socialistes se sont, dès l'annonce du drame, impliquées. Et, aujourd'hui, des jumelages avec les régions les plus touchées par le séisme sont lancés, afin de participer à la reconstruction dans deux domaines particuliers : l'eau et l'assainissement, d'une part, et l'éducation de l'autre.
Enfin, en tant que force de proposition, les socialistes demandent que deux initiatives soient prises, à la hauteur de l'ampleur de la catastrophe :
L'annulation d'une partie de la dette des pays concernés, dette qui s'élève à 400 milliards de dollars. Demain, se tient une réunion du Club de Paris dont c'est le rôle. Bien plus qu'un moratoire dont on nous parle et dont les effets ne sont que de reporter dans le temps les échéances, c'est l'abandon partiel des créances des pays les plus riches qui doit être consenti. J'en fais donc publiquement la demande ;
L'introduction de financements internationaux pour prendre en charge non seulement la force d'urgence dont on nous parle aujourd'hui et qui est réclamée légitimement, mais une part de l'aide au développement. L'incantation généreuse qui est souvent celle du début d'année -encore que pour certains cela peut valoir toute l'année- doit faire place maintenant à la décision politique. On peut discuter de telle ou telle modalité, réfléchir à sa possible généralisation... Il suffit. Trop de temps a été perdu ; il faut introduire ces financements internationaux.
L'actualité internationale ne charrie pas que de mauvaises nouvelles :
L'accord de paix au Sud Soudan, même s'il y a encore au Darfour un conflit qui n'a que trop duré ;
Les élections en Palestine, qui permettent d'entrevoir la reprise du dialogue. Un Président élu en Palestine -c'est la victoire de la démocratie. Je veux saluer le rôle de l'Europe dans le contrôle de ce processus, des socialistes et au premier rang desquels Michel Rocard. Mais, c'est aussi une victoire pour le dialogue, dès lors que le gouvernement israélien qui vient d'être recomposé pourrait en susciter l'initiative. Là aussi, les socialistes doivent être partie prenante. Il se trouve que le Parti travailliste est membre de l'Internationale socialiste, que le Fatha est membre associé et, donc, l'Internationale socialiste -une initiative sera bientôt prise en ce sens- aura à faciliter la reprise du dialogue.
Je reviens à la France et à nos propres responsabilités de Parti :
2004 avait été une année de succès électoraux pour le Parti socialiste.
2005 doit être une année de préparation de l'avenir.
La préparation de l'avenir est une fonction qui, généralement, relève plus de la majorité que de l'opposition. Il se trouve que, paradoxalement, elle nous revient.
L'inquiétude des Français n'a jamais été aussi forte qu'en ce début d'année: le chômage, malgré les évolutions démographiques qui devraient normalement conduire à sa baisse, reste à un niveau élevé ; la précarité du travail se développe et, aujourd'hui, une embauche sur deux se fait sur un contrat précaire ; le nombre d'heures travaillées en France est inférieur à ce qu'il était il y a 4 ans -les Français travaillent moins aujourd'hui que lorsque la gauche était en responsabilité ; le pouvoir d'achat des ménages stagne, il n'aura été que de 1,5 % par an depuis trois ans (il était de 3 % lorsque nous étions aux responsabilités) ; les conditions d'accès au logement -pas simplement des ménages les plus fragiles, pas simplement des couches les plus modestes- sont devenues plus difficiles ; la privatisation des services publics s'accélère avec leur cortège de hausse dont aujourd'hui nous sommes abreuvés ; l'insécurité -malgré des statistiques partiellement publiées et donc trompeuses- continue de préoccuper légitimement nos concitoyens (on l'a vu, notamment en cette fin d'année, avec le nombre recors nous dit-on de voitures brûlées en Ile de France), et ce n'est pas l'opération spectaculaire du Ministre de l'Intérieur devant les écoles qui pourra rassurer les parents qui savent, eux, que 30 000 postes d'encadrement ont été supprimés dans les établissements scolaires depuis 3 ans.
De nombreuses catégories, et c'est légitime, expriment, sous une forme ou sous une autre et il ne nous appartient pas d'en définir la manière ou d'en prévoir l'ampleur, leur mécontentement (les infirmières scolaires, les personnels de santé, postiers le 18 janvier, cheminots le 19 janvier, les enseignants et les fonctionnaires le 20 janvier, et sûrement les salariés du secteur privé le moment venu...).
Le mécontentement est tel sur le sujet des 35 heures que l'unité syndicale est en train de se reconstituer, et on partait de loin si j'en juges par telle ou telle déclaration. Il est vrai que la méthode, c'est-à-dire le recours à une proposition de loi plutôt qu'un projet de loi -ce qui permet de contourner le Conseil d'Etat et d'aller plus vite dans la manoeuvre- écartant ainsi toute négociation et renvoyant non pas à des accords de branche mais à des accords d'entreprise quand on sait que pour beaucoup il n'y a pas de représentation syndicale, suscite en elle-même et à juste raison le mécontentement. Et pour quel résultat ? Non pas une augmentation du pouvoir d'achat, comme il est abusivement proclamé par ceux qui veulent s'engager dans ce démantèlement, mais une amputation du revenu des Français qui devront travailler plus sans avoir d'ailleurs leur mot à dire et sans gagner d'avantage.
Et, dans ce contexte de doute, d'inquiétude et d'incertitude, le pouvoir a perdu toute crédibilité.
Personne ne croit plus -sauf peut-être l'intéressé- que Jean-Pierre Raffarin soit encore Premier ministre. Les voeux de ces derniers jours l'ont encore confirmé.
Qui peut prétendre qu'il conduit et détermine la politique de la Nation ? Qui peut imaginer que le contrat pour 2005 engage d'autres que lui-même, c'est-à-dire pas même son gouvernement et sa majorité ? Qui peut encore espérer que le chômage baissera de 10 % cette année, alors que la prévision de croissance, pour l'année 2005, fixée à 2,5 % est déjà revue autour de 1,9 % ? Que valent les engagements prioritaires du budget 2005, quand tout est prioritaire et quand 7 milliards d'euros sont gelés dès le mois de janvier à peine votée la loi de finances, au mépris des droits du Parlement ? Il serait injuste -je ne veux donc pas l'être- de faire peser sur le Premier ministre la responsabilité d'une politique dont il n'est qu'un exécutant maladroit. C'est le Chef de l'Etat qui rend la mission aussi impossible qu'impopulaire.
En même temps que personne ne croit plus de Jean-Pierre Raffarin est Premier ministre, personne ne croit plus aux promesses de Jacques Chirac. Celles de ce début d'année découragent même les plus crédules. Là encore, les promesses ont dépassé l'entendement budgétaire, mais aussi les règles de la justice sociale les plus élémentaires.
Comment prétendre -il faut être Jacques Chirac pour le faire- pouvoir baisser, en 2006, l'impôt sur le revenu de 20 % -soit 13 milliards d'euros-, supprimer toutes les cotisations sociales au niveau du SMIC (2 milliards d'euros), réduire d'un tiers la taxe professionnelle (3 milliards d'euros) sans oublier, au passage, la promesse de ramener à 5,5 % la TVA sur la restauration (2 milliards d'euros), tout en annonçant -dans le même temps et tout bien pesé- une augmentation des dépenses pour la Recherche et une réduction du déficit, conforme à nos engagements européens, alors même que la soulte EDF de 7,7 milliards d'euros ne jouera plus ? Poser la question, c'est ne pas pouvoir résoudre l'équation.
Une telle méthode, faite de décalage entre les mots prononcés et les actes réalisés, n'est pas seulement grave pour le pouvoir, elle affaiblit encore l'autorité de l'Etat, abaisse le débat public, abîme la parole politique.
C'est pourquoi, cette politique est aussi autant de signes donnés aux plus favorisés et la seule satisfaction affichée est d'ailleurs celle du MEDEF, et il y a de quoi :
Avantages fiscaux aux plus fortunés, mais prélèvements supplémentaires dès à présent pour tous : CSG, forfait hospitalier, impôts locaux ;
Allègements de charges pour les entreprises, mais démantèlement des 35 heures pour les salariés ;
Incitation à l'épargne pour les plus privilégiés et découragement de la consommation populaire.
Cette politique ne rassure pas, elle inquiète : elle ne porte aucun résultat dans le présent et elle ne fonde aucune confiance dans le futur.
C'est donc aux socialistes de préparer plus que l'alternance, mais l'avenir. La droite a sans doute ses compétitions, ses querelles, ses ambitions.
Le seul changement possible de politique est à gauche. Il lui revient donc d'exprimer la force d'un projet et non l'amertume d'un rejet.
PREPARER L'AVENIR, C'EST DEFINIR UN PROJET POUR LA FRANCE
Toute l'année 2005 sera consacrée à ce travail indispensable sous la houlette de Martine Aubry, Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn.
Les Français attendent autant une vision, une cohérence d'ensemble que des propositions précises.
Nous fixons alors une perspective longue qui dépasse le temps d'une législature ou d'un quinquennat. Nous voulons tracer la voie d'un projet pour les dix années qui viennent.
Nous posons ensuite trois principes pour la construction de notre projet :
La volonté, sans laquelle la politique n'est plus qu'une gestion ; il faut dire ce que nous voulons changer et clairement ;
La vérité, sans laquelle la politique n'est plus qu'un voeu, un long voeu tranquille ; il faut dire ce que nous ne pourrons pas changer dans un temps donné ;
La fiabilité, sans laquelle la politique n'est plus qu'une communication ; il faut dire comment nous pouvons changer la société telle qu'elle est.
Dans une société méfiante, inquiète et dominée par l'urgence, notre ambition collective doit être de rassurer, d'agir mais aussi de prévoir. Nos priorités seront donc entièrement tournées vers l'investissement pour l'avenir : l'Education, la Recherche, l'environnement, le logement, la ville et l'emploi. La dimension institutionnelle s'inscrit nécessairement dans cette perspective longue.
Notre méthode doit être fondée sur la démocratie :
Implication directe de nos adhérents : une grande campagne d'adhésion sera lancée le 30 janvier, lors de notre rassemblement des secrétaires de section. Tous ceux qui veulent nous rejoindre dès à présent pour participer à nos grandes décisions de 2005 -et surtout de 2006- sur le projet, comme sur la désignation de nos candidats, sont dès maintenant les bienvenus. Et nous associerons dès à présent aussi nos sympathisants à l'élaboration de nos propositions, en lançant l'idée des " adhérents du projet " ; tous ceux qui veulent construire avec nous ce projet des socialistes doivent être considérés déjà comme des adhérents de ce projet ; ensuite, s'ils veulent rester au Parti socialiste, tant mieux ! S'ils nous quittent, nous les retiendrons. Ils doivent être, pour l'instant, adhérents de notre projet, de notre ambition collective qui n'appartient pas qu'aux socialistes, qu'à la gauche, mais à tous ceux qui espèrent en un avenir meilleur ;
Dialogue avec les Français, à travers leurs représentants, syndicats, associations, mais aussi directement (questionnaires, internet...).
Débat avec nos partenaires de la gauche ;
Notre objectif est de proposer un contrat autour d'une équipe, voire d'une coalition qui devra être d'ores et déjà prête avant les grandes consultations de 2007. C'est ainsi que nous donnerons force à ce que j'appelle la gauche durable.
D'ici là, le calendrier d'élaboration de notre projet serait le suivant :
Janvier / Mars : diagnostic et choix des priorités
Avril / Décembre : débat sur les grandes propositions
1er trimestre 2006 : adoption du projet
PREPARER L'AVENIR C'EST AUSSI ETRE AU RENDEZ-VOUS DE L'EUROPE
Les socialistes, après un débat d'une rare qualité, d'une vraie intensité, d'une réelle incertitude, ont à une forte majorité (59 %) approuvé le Traité constitutionnel.
Ils l'ont fait en fonction du texte lui-même :
Une Europe plus démocratique : renforcement du Parlement européen, mais aussi des Parlements nationaux -ce sera l'objet de la révision constitutionnelle; la Commission elle-même procèdera enfin du suffrage universel. Et un droit de pétition est ouvert aux citoyens européens ;
Une Europe plus politique : Présidence de l'Europe, Ministre des Affaires étrangères, extension des votes à la majorité qualifiée ;
Une Europe plus sociale, elle connaîtra une étape dans ce sens : Charte des droits fondamentaux, objectif du plein emploi, clause sociale, reconnaissance des services publics.
Sur la base même du texte, dès lors que nous avons répondu clairement à la question, nous n'avons pas à revenir sur notre parole. Le Traité correspond à des avancées que les socialistes ont toujours réclamées. Mais, il n'est qu'un cadre à partir duquel des politiques européennes plus conformes à nos valeurs sont possibles. Il autorise, mais il ne conclut rien. Il n'est donc qu'une étape, mais sans laquelle il ne peut y avoir de progrès.
Ils l'ont fait en fonction du contexte :
Une Europe comme contrepoids à l'unilatéralisme
Une Europe comme soutien de l'ONU
Une Europe comme instrument de la régulation de la mondialisation
Une Europe comme vecteur de paix
Ils l'ont fait en cohérence avec leurs engagements passés : acte unique, Maastricht, élargissement aux pays de l'Est, et maintenant de la Constitution européenne que nous avions demandée. Et, si nous étions en responsabilité aujourd'hui, nous aurions sans doute mieux négocié, mais nous aurions approuvé ce texte. Et tel est le critère essentiel : Les socialistes ne peuvent avoir deux positions, selon qu'ils sont au pouvoir ou dans l'opposition.
Ils l'ont fait en cohérence avec les socialistes européens : Toutes les formations politiques au sein du PSE ont approuvé le Traité constitutionnel.
Le " Oui " des socialistes sera clair. Il ne s'embarrassera pas de considérations tactiques -la victoire d'ailleurs sera celle de l'Europe. Le " oui " des socialistes ne mélangera pas les sujets. Et la Turquie n'est pour le moment pas dans l'Union européenne. Et donc pas dans le champ du référendum. Ce sujet devra être traité le moment venu, une fois les négociations abouties, si elles aboutissent, et les conditions réunies, si elles sont un jour réunies. Mais la droite -toute la droite- joue avec le feu en soufflant sur les braises de la peur et en agitant les cendres des conflits de religion.
Nous ne serons pas dans la contorsion, dans l'habileté, dans le jeu. Nous serons dans la clarté. Nous ne confondrons pas les genres ou les moments. La sanction électorale du pouvoir viendra en 2007. L'échec de l'Europe serait l'échec de la France et non pas celui de Jacques Chirac. Et, en 2007, mieux vaut pour l'alternance -et donc pour la gauche- une Europe en marche qu'en panne.
Le " Oui " des socialistes sera fort : le Parti socialiste sera pleinement mobiliser dans cette campagne sur nos valeurs, nos arguments, nos slogans. Un comité de campagne sera créé et, ayant appelé les premiers à dire " oui ", nous serons moteur dans cette bataille de conviction. Nous serons en avant-garde et sans arrière-pensée.
Le " Oui " des socialistes, enfin, sera socialiste :
Avec le PSE - Déplacements en Italie pour le congrès de la gauche italienne, en Espagne pour la campagne référendaire et au Portugal dans le cadre de la campagne législative en février prochain ;
Avec la gauche française : les Verts, les Radicaux de gauche, s'ils décident d'apporter la même réponse que nous.
Et il n'y aura qu'une campagne socialiste : celle du oui. C'est le respect du vote des militants et de la démocratie. Elle n'empêche pas le respect des consciences et des positions de chacun. Et, nul ne sera obligé de se renier. Mais, le parti ne peut avoir qu'une position et une seule.
Je serai reçu par le Président de la République demain. Je rappellerai bien sûr que le référendum ne doit pas être détourné de son sens et que toute instrumentalisation doit être proscrite. Jacques Chirac en a déjà pris l'engagement. Reste à le traduire dans la formulation de la question dans ce seul esprit et dans la limitation de l'implication du gouvernement en tant que tel. Je demanderai que les règles de la campagne soient clairement précisées : moyens donnés aux partis politiques, accès à la télévision, commission d'organisation. Cela vaut pour le " oui " comme pour le " non ". Ce sont les garanties de la démocratie et de la transparence. Enfin, le calendrier doit être connu au plus tôt.
PREPARER L'AVENIR, C'EST AUSSI EXERCER LES RESPONSABILITÉS QUI NOUS ONT ÉTÉ CONFIEES PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL, NOTAMMENT EN 2004
Nos 20 régions se sont mises au travail : la gratuité des livres a été généralisée et sera totale d'ici 2 ans ; les emplois tremplin ont été mis en place ; de nouvelles politiques de transports publics ont été lancées.
Cette politique s'inscrit dans un contexte extrêmement difficile pour les collectivités locales: sur le plan économique, avec de nombreux plans sociaux ; sur le plan financier avec la remise en cause des contrats de plan et les défausses de l'Etat ; sur le plan administratif, avec le casse-tête de la gestion du personnel de l'Education nationale.
Un premier bilan de notre action sera établi au printemps. Les socialistes doivent montrer que lorsqu'ils prennent des engagements, quand ils font des promesses, ils les tiennent et ils en rendent compte au peuple qui leur a fait confiance. Moi-même, je me rendrai dans chacune de nos régions pour illustrer nos priorités. Car, les priorités qu'ont choisies les Régions ou les Conseils généraux -en fonction de leurs compétences- rejoignent les nôtres (Education, environnement, transports et la démocratie). Le premier déplacement sera à Angers sur le thème des transports.
PREPARER L'AVENIR C'EST RAPPELER L'HISTOIRE
Il se trouve que l'année 2005 correspond à deux anniversaires.
Il y a 100 ans, naissait le Parti des socialistes. Leur unité fut difficile à réaliser, elle se brisera d'ailleurs 15 ans plus tard, pour se refaire dans d'autres conditions en 1971. Ce parti de 1905 était alors celui de toute la gauche. C'est encore le défi d'aujourd'hui : rassembler la gauche non dans une seule formation, mais dans une coalition et dans la durée : c'est la gauche durable. La perspective que nous voulons ouvrir à travers ce centenaire, c'est de rappeler que notre idéal demeure ; les formes, les interventions, les instruments changent, mais nous avons toujours les mêmes objectifs et que nous voulons toujours montrer que l'humanité peut elle-même s'organiser et surmonter les forces de l'argent ou les mouvements économiques.
Ce premier anniversaire démontrera que si nous sommes un vieux parti encore plein de vie, nos idées sont jeunes et que c'est une force d'être porteurs d'une longue histoire et d'une belle histoire.
Il y a 100 ans, c'était le vote de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Aristide Briand -qui n'était plus tout à fait un socialiste mais un grand républicain- en était le rapporteur, Jean Jaurès -qui lui est devenu socialiste et allait le rester- l'orateur le plus convaincant.
Aujourd'hui encore, cette grande loi républicaine est d'une jeunesse accomplie. Les tentations de la détourner ou de la contourner sont nombreuses. Le Président de l'UMP considère que si les partis et les forces syndicales sont financés par l'Etat, pourquoi pas les Eglises ! Pour nous, ce n'est pas de même nature ; les syndicats, les partis concourent à l'expression de la citoyenneté. Les Eglises, toutes les Eglises concourent simplement à la pratique d'une foi. C'est tout à fait différent. La République doit les reconnaître, elle ne doit pas les financer. Et de cette confusion naît une représentation de certains de nos concitoyens non pas en fonction de leur bulletin de vote, non pas en fonction de leur situation sociale, mais en fonction de leur religion.
Mais, en France, nous n'existons pas pour notre religion, nous existons d'abord par notre citoyenneté qui,elle, nous permet de pratiquer notre foi ou de n'en pratiquer aucune. Et devant l'échec grave du CFCM, il y a là comme une sanction de cette démarche, celle de l'ancien Ministre de l'Intérieur, voire de l'actuel. Nous considérons que la laïcité reste la meilleure promotion de la république.
Je veux enfin adresser un message d'espoir aux Français. Les temps sont difficiles, durs, âpres, douloureux dans le monde, en France. Le sentiment peut s'installer, face à des forces qui paraissent insurmontables, qu'il n'y aurait plus de place pour la volonté humaine et que le repli sur soi serait la seule forme de protection.
Je veux, avec les socialistes, démontrer que la politique ne se réduit pas à des compétitions de tempéraments, à des ruses ou à des enjeux personnels. La confrontation des idées, la démocratie, l'engagement sont plus que jamais d'actualité.
Voilà pourquoi il faut avoir espoir. Espoir dans un monde plus équilibré, dans une Europe plus forte et dans le changement en France qui viendra, si nous en sommes dignes, en 2007. Ce n'est pas un rêve ou un voeu. C'est une volonté. Elle est possible.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 7 février 2005)