Déclarations de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les exportations, les investissements et la présence française en Thaïlande, Bangkok le 17 février 2000.

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Circonstance : Voyage de M. Josselin en Thaïlande du 17 au 19 février 2000 à l'occasion de la 10ème session de la CNUCED à Bangkok-visite du pavillon de France à la "BOI Fair" et allocution devant la communauté française à Bangkok le 17

Texte intégral

Déclaration au Pavillon France de l'exposition commerciale "Boi Fair" :
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce franco-thaï,
Monsieur le Président des Conseillers du Commerce extérieur de la France
en Thaïlande,
Mesdames et Messieurs les exposants au pavillon France,
Chers amis,
Après avoir été accueilli par l'adjoint du secrétaire général du Bureau de l'Investissement, M. Chakramon Panichapat, qui m'a présenté le pavillon de son organisation, je viens de découvrir avec beaucoup d'intérêt la gamme particulièrement étendue de pneumatiques que les usines de Michelin produisent en Thaïlande, et dont je comprends que plus de la moitié est exportée dans une cinquantaine de pays, et je viens surtout aussi de rencontrer les exposants de ce pavillon, et j'espère avoir pu saluer l'ensemble de ceux qui ont fait le choix de ce pavillon pour se faire mieux connaître.
J'observe que ce pavillon France a été bâti ici pour manifester pendant deux semaines, aux yeux de près de trois millions de visiteurs, disait le texte qui m'a été préparé, mais je sais que c'est plus puisqu'on parle de quatre millions et demi de visiteurs, la vitalité de notre industrie dans cette partie du monde grâce à sa capacité d'innovation, de label de qualité porté aussi bien par nos PME que par nos grands groupes est ici manifeste. On me dit que l'unique pavillon national de cette manifestation exceptionnelle est précisément celui de la France, les autres étant ceux de grandes sociétés internationales. Cette initiative de la communauté d'affaires française en Thaïlande, à travers ses organismes représentatifs avec l'appui actif de notre ambassadeur, qui est évidemment à mes côtés et de ses services, en est d'autant plus remarquable. Rares sont les entreprises à pouvoir, seules, investir dans une exposition de cette ampleur avec une bonne visibilité, qui verraient donc là un défi auquel vous avez excellemment répondu et qui vous a permis d'offrir en premier lieu aux PME françaises de Thaïlande l'occasion de valoriser leur image sur ce marché, que l'on sait très concurrentiel.
Ma dernière visite à Bangkok remonte au 20 octobre 1998, la situation économique de l'Asie du Sud-Est était alors loin d'être stabilisée, et trois questions se posaient : comment préserver notre commerce courant vers les marchés asiatiques en récession ? Quelles opportunités saisir en matière d'investissement ? Par quels moyens accompagner l'effort des entreprises ayant décidé, malgré tout, de maintenir leur présence sur place ?
Heureusement, le contexte déprimé de l'époque a cédé la place, en un peu plus d'un an, à une reprise dont cette foire manifeste la vigueur et de façon éclatante, et on me dit que cela est également vérifié par les grands groupes français de distribution implantés à Bangkok et à Chiang Mai, avec des croissances de 8% de leurs chiffres d'affaires, preuve que la demande est bel et bien repartie.
Cette progression de la consommation s'est traduite l'an dernier par une amélioration très nette des exportations françaises de biens courants vers la Thaïlande : plus 10 % pour les produits agro-alimentaires, plus 28 % pour les produits de soins, je pense aux produits cosmétiques, en particulier, et 24 % pour les équipements domestiques. Les ventes d'automobiles françaises ont également beaucoup progressé, très exactement de 62 %.
Ces résultats encourageants ne compensent pas, malgré tout, la baisse très marquée, elle avait été de 40 %, de nos exportations de biens d'équipement, faute de contrats en cours d'exécution, mais les perspectives ne manquent pas, aussi bien dans les infrastructures de transports, c'est vrai du métro, c'est vrai des aéroports, que dans les télécommunications, et je pense en particulier au réseau ultra rapide à fibre optique. Et si la concurrence internationale est rude, la compétitivité des entreprises françaises et l'ancienneté de leur présence en Thaïlande leur donnent des atouts encourageants.
Mesdames et Messieurs, si nos échanges commerciaux avec la Thaïlande ont encore des progrès à faire, ils sont, je crois, entrés dans une phase d'expansion grâce à la reprise économique, et en ce qui concerne l'investissement, la France continue de figurer parmi les premiers investisseurs étrangers en Thaïlande, très exactement au 4ème rang pour le premier semestre 99, avec 1,4 milliard de Francs investis, et les perspectives de développement sont positives grâce aux privatisations engagées par les autorités thaïlandaises, je pense par exemple à la perspective de partenariat stratégique pour les aéroports notamment, grâce aussi à la dynamique des implantations. Carrefour, par exemple, a ouvert hier son 10ème hypermarché en Thaïlande, et son programme de nouvelles ouvertures est prometteur.
Les conditions du maintien de la présence française et celles de son renforcement paraissent donc réunies. La puissance publique a continué d'accompagner, avec les moyens dont elle dispose, l'effort des entreprises, non seulement à des fins commerciales, mais de plus en plus, nous l'espérons, à des fins d'investissement et de partenariat industriel.
Le CFME ACTIM et le Bureau de l'Investissement de Thaïlande travaillent depuis deux ans, sur la base d'actions communes, afin d'encourager les transferts de technologie et la création d'entreprises franco-thaïlandaises industrielles, dans l'agro-alimentaire, dans les équipements automobiles, dans d'autres secteurs aussi. Ces deux entités ont d'ailleurs renouvelé récemment leur accord de coopération.
Cette approche conjointe correspond bien à notre objectif d'un partenariat renforcé avec le tissu industriel thaïlandais et, à cet égard, les séminaires franco-thaï tenus hier et avant hier sur le site de la foire, sur des thèmes aussi variés que les transferts de technologie ou les enjeux de la sécurité alimentaire, contribuent parfaitement à la promotion de l'image de la France en Thaïlande.
Un mot pour finir sur le rapport entre francophonie et affaires économiques puisque l'Alliance française est présente dans ce pavillon, que je veux lui rendre hommage, et que je suis, aussi, outre mes responsabilités en matière de coopération, le ministre de la Francophonie. Sa direction, je parle de l'Alliance française, a très naturellement décidé d'utiliser cette manifestation comme plate forme promotionnelle, pour entrer en contact avec un grand nombre de thaïlandais et de thaïlandaises intéressés par notre culture et les activités proposées à Bangkok. Cette présence de l'Alliance situe bien le dialogue culturel avec nos partenaires comme un élément souvent déterminant dans la négociation de nos projets commerciaux et industriels. Je voudrais aussi rajouter que si l'on veut attirer les jeunes thaïlandais vers le français, il faut que cette langue puisse aussi servir leurs projets personnels, leurs projets professionnels. Est-il besoin de dire que la présence d'entreprises françaises est le meilleur encouragement donné aux thaïs de vouloir apprendre le français, et le ministre de la Francophonie, ne peut, à cet égard, que se réjouir en observant la présence et le développement ici des entreprises françaises.
Faut-il ajouter que l'attachement que la famille royale de Thaïlande veut bien porter à la langue et à la culture françaises contribue indéniablement à la qualité de notre relation bilatérale, et je voudrais souligner ici combien la France en est honorée. Son Altesse Royale la Princesse Maha Chakri Sirindhorn a décidé d'effectuer un voyage d'information en France, à la fin de ce mois, pour découvrir, à Paris et à Montpellier, la recherche agronomique appliquée au développement rural et à la biodiversité. Cette visite qui sera centrée sur les aspects scientifiques et techniques de notre coopération, est révélatrice du niveau des attentes thaïlandaises à l'égard de la France. Nous nous efforcerons d'être à la hauteur de cette attente.
Mesdames et Messieurs, en vous redisant mon intérêt personnel pour votre apport à cette grande manifestation, je voulais aussi vous témoigner tout l'intérêt que le gouvernement porte à vos initiatives, à votre esprit d'entreprise en Thaïlande, et je veux, une fois encore, vous remercier, pour votre apport considérable au dialogue de la France avec ce grand pays.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 février 2000)
Déclaration devant la communauté française :
Merci Monsieur l'Ambassadeur. Ce n'est pas vraiment un exercice convenu mais la tentation est grande de saisir l'occasion que m'offre une réunion de personnes de qualité aussi importantes pour leur dire deux mots, d'abord les saluer, les remercier d'avoir répondu aussi massivement à l'invitation de M. l'Ambassadeur et de Mme Prettre. Je suis venu à Bangkok, comme vous le savez, pour la 10ème CNUCED. Et puisqu'aussi bien les journaux ont souligné, sinon l'absence d'intérêt des pays occidentaux pour la Conférence, du moins l'absence du ministre représentant la plupart de ceux-là, vous aurez compris que la France, en me demandant de la représenter, voulait témoigner de l'importance qu'elle accorde au maintien du dialogue avec les pays en développement, sur les questions qui touchent, et au commerce et au développement, je crois qu'il est important qu'on sache mieux lier les deux, qu'on ne l'a fait précédemment. D'autant plus important que nous sommes quelques semaines après l'échec de Seattle. C'est en tous cas, pour moi, un grand plaisir que de m'adresser à vous, de retrouver parmi vous certains que j'ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques mois, ici, ou ailleurs. Mais je suis surtout heureux de saluer, à travers vous, tous les Français qui font la présence de la France dans ce pays, quelque soit vos activités, qu'il s'agisse d'enseignement, de recherche, d'échanges économiques, de relations diplomatiques, d'activités industrielles ou commerciales.
Je sais qu'il n'est pas toujours facile de s'expatrier, de quitter sa famille, ses amis, ses habitudes, pour un autre continent, sous d'autres climats, avec d'autres cultures. Cette une chance qu'offre cette ouverture mais elle ne va pas sans contrainte. Et je voudrais vous dire combien je suis conscient, en particulier, de l'insuffisance des réponses que nous apportons malgré les efforts qui sont mis en oeuvre aux questions que vous nous posez, à travers de vos représentants, et je pense au CSFE en particulier, pour ce qui est de la scolarité, les frais d'écolage par exemple, qui interpellent brutalement les familles, celles surtout dont les revenus demeurent modestes, celles qui ont surtout plusieurs enfants et je sais que certaines, après avoir pu, sans trop de difficultés, assurer la scolarité du premier, butent parfois sur la scolarité du second. Je pourrais faire observer que les frais de scolarité des établissements français se comparent encore très avantageusement aux frais de scolarité des établissements organisés par d'autres pays occidentaux, mais ceci n'est qu'une réponse, j'y insiste, très imparfaite. Mais si nous avons su, au cours des années récentes, augmenter le nombre des bourses, il faudrait, il faudra évidemment continuer cet effort.
C'est pour toutes ces raisons que je voudrais vous dire combien la France apprécie votre soutien quotidien, pour assurer son rayonnement, sa politique culturelle, économique. Si les distances réduisent aujourd'hui les durées, si le développement des moyens de communication rapprochent, jamais sans doute le besoin d'une présence physique, finalement la seule qui compte, n'a été aussi grand, et c'est bien votre présence qui nous permet de préserver, de développer la qualité des dialogues avec un pays vers lequel on a beaucoup de raisons de se tourner, pas seulement parce que, si j'en juge par sa population et sa superficie, c'est presque un jumeau mais aussi parce que ce pays-là nous exprime une sorte d'appétence de France à laquelle il faut que nous soyons capables de répondre.
Je disais, il y a des contraintes, il y a aussi des responsabilités, car la perception que les Thaïlandais ont de la France, c'est d'abord au travers de l'image que vous leur donnez, de vos relations personnelles avec eux, et je souhaite, je suis absolument sûr que votre propre image renvoie de la France une image positive. En tous cas, je voudrais vous confirmer que la qualité de nos relations bilatérales avec les Thaïlandais est bonne, le dialogue politique se développe sans à coups, nos analyses convergent très largement sur la plupart des grands dossiers, j'ai eu l'occasion tout à l'heure de parler quelques instants avec le vice-ministre des Affaires étrangères, tout à l'heure avec M. Supachai que je vais rencontrer, demain avec M. Surin, j'aurais certainement l'occasion de vérifier encore que sur l'approche que nous avons de l'ASEAN, de l'avenir de l'Indonésie, des problèmes du Myanmar, du Vietnam, du Laos, tous pays avec lesquels la France a quelque raison de préserver les liens, il y a une très large proximité dans les analyses, et nous sommes bien décidés à consolider notre coopération.
En Asie du Sud-Est, la communauté française de Thaïlande est l'une des plus nombreuses, plus de quatre mille personnes, c'est tout à fait considérable. C'est une communauté dynamique, ouverte, qui témoigne dans ce pays d'un attrait pour notre culture, animée d'ailleurs par plusieurs associations et au risque d'en oublier, je veux citer Bangkok Accueil, l'Union des Français de l'Etranger, l'Association démocratique des Français de l'Etranger ; un journal : Gavroche ; une Chambre de Commerce et des Conseillers du Commerce extérieur très actifs ; une coopération intéressante aussi dans le domaine du droit, et j'en avais fait l'expérience en visitant le Conseil d'Etat il y a seize mois, j'avais découvert une quasi-homothétie entre cette institution et la nôtre. Bref, je le disais à l'instant, vous êtes des animateurs de notre dialogue avec la Thaïlande. Je vous en remercie. Vous disposez d'un lycée, j'évoquais les problèmes de scolarité mais, ceci ne doit pas faire oublier que le lycée est d'un très bon niveau, j'en remercie les enseignants d'ailleurs, qui y professent ; il y a ces quatre Alliances françaises, tout cela permet à la culture française d'être présente sur une vaste partie du territoire thaïlandais. On comprendra que je veuille aussi saisir l'occasion pour remercier nos trois Consuls honoraires qui, en plus de leurs activités professionnelles, se dévouent pour le bien de la communauté.
Je voudrais aussi rendre hommage aux grandes qualités humaines du délégué local au Conseil supérieur des Français de l'Etranger, que j'ai salué il y a quelques instants, qui en est également le vice-président, M. Bernard Lefort. Son mandat s'achève dans quelques mois, il ne serait pas candidat à sa succession, on peut le regretter, et je voudrais vous dire, cher M. Lefort, et je crois être l'interprète, ici, de chacun, que votre dévouement, que votre amicale disponibilité, la qualité de votre travail ont été et sont très appréciés. L'importance du Conseil des Français à l'Etranger n'est plus à démontrer : il est, vous le savez, le relais naturel, en France, de vos préoccupations.
Avant de conclure, je voudrais évoquer un souvenir historique qui me tient à cur, et vous allez comprendre pourquoi, et qui témoigne de l'ancienneté de notre présence dans cette région. C'est celui d'Auguste Pavie, dinanais comme moi, qui a découvert cette région comme embarqué volontaire, un marsoin, qui quelques années plus tard, a commencé à planter des poteaux télégraphiques, et à écrire "Au pays des Eléphants blancs" par exemple, à dresser les cartes du Laos, du Cambodge, du Siam, avant d'être Ministre plénipotentiaire à Pékin, et de finir, longtemps après, ses jours à Dinand. Lui, plantait des poteaux télégraphiques, mais j'observe que, à l'autre bout du département, à Lannion, Alcatel fabrique les téléphones mobiles qui sont utilisés dans cette assemblée. Vous conviendrez, que cette relation, pour moi, méritait d'être soulignée, d'autant que vous avez compris, que dans les deux cas, il s'agit de "Coste-armoricains", je veux dire d'habitants de l'ancienne Côte du Nord dont j'ai eu quelques difficultés à changer le nom, mais je suis assez content, j'étais président du Conseil général de ce département alors, à convaincre que Côte d'Armor a quand même une connotation plus poétique que Côte du Nord. J'en demande pardon aux habitants du Nord. Voilà, je rappelle aussi qu'Auguste Pavie connaissait cette résidence, dans laquelle il aimait à venir, je le comprends, elle demeure magnifique malgré le besoin de rénovation, ce qui va être fait très rapidement, me disait M. l'Ambassadeur.
Cette présence en tous cas très ancienne de la France en Thaïlande, grâce à vous tous ne cesse, je le disais de s'affirmer, votre présence diverse, entreprenante, imaginative, qui donne donc de notre pays une image moderne, humaine, dont je voulais ce soir porter témoignage pour vous en remercier, au nom du gouvernement français./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 février 2000)