Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir proposé d'ouvrir votre congrès annuel de chirurgie orthopédique et traumatologique, et en particulier cette séance très toulousaine qui est présidée par le Pr. Jean Philippe CAHUZAC. Je salue également le président de votre société, mon ami le Pr. Michel MOCAT qui met autant de passion à défendre les couleurs de l'école de chirurgie orthopédique de Toulouse que celles du Stade Toulousain.
La chirurgie est une des spécialités les plus nobles, où la médecine est à la fois un art de la main, et un art de l'esprit qui imagine de nouveaux gestes, qui allie l'intelligence de l'homme et la puissance de la technique.
L'apparition de nouvelles technologies a révolutionné la pratique chirurgicale. Son environnement s'est ainsi modifié par les progrès incessants des équipements chirurgicaux qui permettent aujourd'hui, par l'imagerie ou par la coelioscopie, de diagnostiquer plus finement et d'intervenir en allégeant le geste opératoire et en diminuant les complications qui s'en suivent.
La chirurgie française occupe sans conteste le haut du cortège de la chirurgie mondiale, preuves en sont les nombreux articles y faisant référence dans les revues internationales, ou l'afflux d'étudiants étrangers qui viennent suivre une formation dans notre pays, ou encore votre congrès. Et pour cause, la robotique, la téléchirurgie et l'irruption du virtuel sont autant d'avancées à mettre au crédit des équipes françaises.
Aujourd'hui pourtant, malgré l'excellence française, il existe un véritable malaise au sein de votre profession. J'ai souhaité y répondre cet été avec l'accord du 26 août 2004, car il est indispensable de rendre votre métier plus attractif pour les jeunes. Aujourd'hui, déjà, l'âge moyen d'un chirurgien est de 51 ans, alors que ce métier est éprouvant et requiert une dextérité extrême.
Nous ne pouvions pas laisser la France se vider ainsi de ses chirurgiens. Il était donc urgent d'inverser la tendance. Si nous ne parvenons pas à rendre son attractivité à votre profession, les listes d'attente des patients à opérer n'auront de cesse de s'allonger. Et comme toujours, les premiers malades pénalisés seront les plus modestes.
Je ne me suis pas résigné à laisser faire cela. Je refuse ce fatalisme selon lequel les meilleurs étudiants en médecine pourraient se détourner de la chirurgie à cause de sa pénibilité, alors qu'ils se battaient quand j'étais interne pour suivre cette spécialité il y a vingt-cinq ans. J'ai noté que lors du choix des épreuves classantes nationales de septembre, la chirurgie a été choisie en bonne place.
Ma priorité a donc été de lutter contre le malaise de la chirurgie, par tous les moyens et dans les meilleurs délais. Ce malaise tire son origine de plusieurs causes.
Des causes économiques, d'abord, avec l'absence de revalorisation des actes chirurgicaux depuis une dizaine d'années. Nous avons d'ores et déjà augmenté les coefficients des actes chirurgicaux de plus de 12 %. Enfin, les modifications des modes de financement des hôpitaux et des cliniques privés par la tarification à l'activité permettront de mieux rémunérer l'activité chirurgicale.
Des causes démographiques ensuite, comme la pénurie de chirurgiens et d'anesthésistes et le manque crucial d'infirmières et d'infirmiers expliquent ce malaise. De plus, la mise en place de la réduction du temps de travail, conjuguée à la réglementation européenne sur le repos compensateur sont autant de mesures, qui en diminuant le temps de travail des soignants, créent ainsi le sentiment d'un incessant manque de moyens, alors même que les personnels hospitaliers sont toujours aussi nombreux et aussi dévoués.
Ces difficultés démographiques tiennent aussi à la diminution d'attractivité d'une discipline contraignante. J'y vois ici l'impact le plus insidieux des 35 heures : celui qui a fait perdre au travail sa valeur humaine, en particulier dans l'esprit des plus jeunes. Les contraintes de certaines professions sont rarement mises en balance avec la noblesse des métiers comme le vôtre et l'enrichissement personnel qu'il engendre.
C'est pourquoi, j'ai fixé le numerus clausus des étudiants de 2ème année à 6 200 pour 2005, ce qui représente une augmentation de près de 12 % par rapport à l'année précédente. Et je maintiens mon objectif de 7 000 étudiants admis en 2ème année d'ici deux ans, ce qui contribuera à réduire à terme les difficultés de recrutement des médecins et chirurgiens.
Enfin et surtout, des causes juridiques justifient votre malaise et votre mécontentement, avec les difficultés rencontrées par votre profession pour souscrire des contrats d'assurance et l'accroissement de la judiciarisation de votre profession. Mon cabinet s'efforce de mettre en uvre dans les plus brefs délais les aides en matière d'assurance en responsabilité civile prévues par la loi portant réforme de l'assurance maladie.
J'ai mesuré toute l'ampleur de la crise de confiance qui touche la chirurgie publique comme la chirurgie privée. Je crois avoir déjà répondu à une partie de votre impatience justifiée par l'insuffisance flagrante des mesures prises par les gouvernements successifs, quelle que soit leur tendance.
Nous devons continuer à travailler ensemble. C'est pourquoi je viens de signer l'arrêté de nomination du Conseil National de la Chirurgie (CNC), présidé par mon ami Jacques DOMERGUE. Ce conseil regroupe tous les acteurs représentatifs des chirurgiens, qu'ils soient libéraux ou hospitaliers, ainsi que les établissements publics et privés.
Sa mission première est de me proposer des solutions concrètes, avant la fin de l'année, concernant l'attractivité de la profession, la formation des jeunes chirurgiens, la démographie et la répartition des chirurgiens en France, afin de réconcilier les Français avec leurs chirurgiens et arrêter l'hémorragie des effectifs.
Bien entendu, ce conseil aura toute latitude pour auditionner les personnalités ou organisations qu'elle souhaite afin de déterminer les mesures les plus efficientes pour l'avenir de la chirurgie.
Mais, au-delà de cette première mission d'urgence, le conseil national, qui sera une structure permanente, pourra être saisi sur des projets de restructurations de plateaux techniques pour lesquels l'avis des experts est bien souvent un gage de qualité et de pertinence. Dans ce cadre, le conseil ne devra pas hésiter à se rendre sur le terrain afin que ses préconisations puissent tenir compte de toutes les parties en présence.
Il reviendra à ce conseil de m'informer sur les évolutions de l'exercice chirurgical en France et des implications sur les politiques publiques que cela peut induire.
Je serais très attentif à ce que cet outil, mis à la disposition des professionnels, ne puisse être détourné de son objectif d'évaluation globale des implants et des pratiques, pour servir à un quelconque contrôle individuel des praticiens.
Je suis particulièrement heureux de vous souhaiter des travaux fertiles et des échanges fructueux dans le cadre de votre 79ème congrès de chirurgie orthopédique et traumatologique.
Bon congrès à toutes et à tous. Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 10 novembre 2004)
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir proposé d'ouvrir votre congrès annuel de chirurgie orthopédique et traumatologique, et en particulier cette séance très toulousaine qui est présidée par le Pr. Jean Philippe CAHUZAC. Je salue également le président de votre société, mon ami le Pr. Michel MOCAT qui met autant de passion à défendre les couleurs de l'école de chirurgie orthopédique de Toulouse que celles du Stade Toulousain.
La chirurgie est une des spécialités les plus nobles, où la médecine est à la fois un art de la main, et un art de l'esprit qui imagine de nouveaux gestes, qui allie l'intelligence de l'homme et la puissance de la technique.
L'apparition de nouvelles technologies a révolutionné la pratique chirurgicale. Son environnement s'est ainsi modifié par les progrès incessants des équipements chirurgicaux qui permettent aujourd'hui, par l'imagerie ou par la coelioscopie, de diagnostiquer plus finement et d'intervenir en allégeant le geste opératoire et en diminuant les complications qui s'en suivent.
La chirurgie française occupe sans conteste le haut du cortège de la chirurgie mondiale, preuves en sont les nombreux articles y faisant référence dans les revues internationales, ou l'afflux d'étudiants étrangers qui viennent suivre une formation dans notre pays, ou encore votre congrès. Et pour cause, la robotique, la téléchirurgie et l'irruption du virtuel sont autant d'avancées à mettre au crédit des équipes françaises.
Aujourd'hui pourtant, malgré l'excellence française, il existe un véritable malaise au sein de votre profession. J'ai souhaité y répondre cet été avec l'accord du 26 août 2004, car il est indispensable de rendre votre métier plus attractif pour les jeunes. Aujourd'hui, déjà, l'âge moyen d'un chirurgien est de 51 ans, alors que ce métier est éprouvant et requiert une dextérité extrême.
Nous ne pouvions pas laisser la France se vider ainsi de ses chirurgiens. Il était donc urgent d'inverser la tendance. Si nous ne parvenons pas à rendre son attractivité à votre profession, les listes d'attente des patients à opérer n'auront de cesse de s'allonger. Et comme toujours, les premiers malades pénalisés seront les plus modestes.
Je ne me suis pas résigné à laisser faire cela. Je refuse ce fatalisme selon lequel les meilleurs étudiants en médecine pourraient se détourner de la chirurgie à cause de sa pénibilité, alors qu'ils se battaient quand j'étais interne pour suivre cette spécialité il y a vingt-cinq ans. J'ai noté que lors du choix des épreuves classantes nationales de septembre, la chirurgie a été choisie en bonne place.
Ma priorité a donc été de lutter contre le malaise de la chirurgie, par tous les moyens et dans les meilleurs délais. Ce malaise tire son origine de plusieurs causes.
Des causes économiques, d'abord, avec l'absence de revalorisation des actes chirurgicaux depuis une dizaine d'années. Nous avons d'ores et déjà augmenté les coefficients des actes chirurgicaux de plus de 12 %. Enfin, les modifications des modes de financement des hôpitaux et des cliniques privés par la tarification à l'activité permettront de mieux rémunérer l'activité chirurgicale.
Des causes démographiques ensuite, comme la pénurie de chirurgiens et d'anesthésistes et le manque crucial d'infirmières et d'infirmiers expliquent ce malaise. De plus, la mise en place de la réduction du temps de travail, conjuguée à la réglementation européenne sur le repos compensateur sont autant de mesures, qui en diminuant le temps de travail des soignants, créent ainsi le sentiment d'un incessant manque de moyens, alors même que les personnels hospitaliers sont toujours aussi nombreux et aussi dévoués.
Ces difficultés démographiques tiennent aussi à la diminution d'attractivité d'une discipline contraignante. J'y vois ici l'impact le plus insidieux des 35 heures : celui qui a fait perdre au travail sa valeur humaine, en particulier dans l'esprit des plus jeunes. Les contraintes de certaines professions sont rarement mises en balance avec la noblesse des métiers comme le vôtre et l'enrichissement personnel qu'il engendre.
C'est pourquoi, j'ai fixé le numerus clausus des étudiants de 2ème année à 6 200 pour 2005, ce qui représente une augmentation de près de 12 % par rapport à l'année précédente. Et je maintiens mon objectif de 7 000 étudiants admis en 2ème année d'ici deux ans, ce qui contribuera à réduire à terme les difficultés de recrutement des médecins et chirurgiens.
Enfin et surtout, des causes juridiques justifient votre malaise et votre mécontentement, avec les difficultés rencontrées par votre profession pour souscrire des contrats d'assurance et l'accroissement de la judiciarisation de votre profession. Mon cabinet s'efforce de mettre en uvre dans les plus brefs délais les aides en matière d'assurance en responsabilité civile prévues par la loi portant réforme de l'assurance maladie.
J'ai mesuré toute l'ampleur de la crise de confiance qui touche la chirurgie publique comme la chirurgie privée. Je crois avoir déjà répondu à une partie de votre impatience justifiée par l'insuffisance flagrante des mesures prises par les gouvernements successifs, quelle que soit leur tendance.
Nous devons continuer à travailler ensemble. C'est pourquoi je viens de signer l'arrêté de nomination du Conseil National de la Chirurgie (CNC), présidé par mon ami Jacques DOMERGUE. Ce conseil regroupe tous les acteurs représentatifs des chirurgiens, qu'ils soient libéraux ou hospitaliers, ainsi que les établissements publics et privés.
Sa mission première est de me proposer des solutions concrètes, avant la fin de l'année, concernant l'attractivité de la profession, la formation des jeunes chirurgiens, la démographie et la répartition des chirurgiens en France, afin de réconcilier les Français avec leurs chirurgiens et arrêter l'hémorragie des effectifs.
Bien entendu, ce conseil aura toute latitude pour auditionner les personnalités ou organisations qu'elle souhaite afin de déterminer les mesures les plus efficientes pour l'avenir de la chirurgie.
Mais, au-delà de cette première mission d'urgence, le conseil national, qui sera une structure permanente, pourra être saisi sur des projets de restructurations de plateaux techniques pour lesquels l'avis des experts est bien souvent un gage de qualité et de pertinence. Dans ce cadre, le conseil ne devra pas hésiter à se rendre sur le terrain afin que ses préconisations puissent tenir compte de toutes les parties en présence.
Il reviendra à ce conseil de m'informer sur les évolutions de l'exercice chirurgical en France et des implications sur les politiques publiques que cela peut induire.
Je serais très attentif à ce que cet outil, mis à la disposition des professionnels, ne puisse être détourné de son objectif d'évaluation globale des implants et des pratiques, pour servir à un quelconque contrôle individuel des praticiens.
Je suis particulièrement heureux de vous souhaiter des travaux fertiles et des échanges fructueux dans le cadre de votre 79ème congrès de chirurgie orthopédique et traumatologique.
Bon congrès à toutes et à tous. Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 10 novembre 2004)