Texte intégral
(Entretien avec le quotidien polonais "Fakt" à Paris le 13 janvier 2005) :
Q - La France continue-t-elle d'assumer le leadership de l'Europe unie ? L'Union élargie a-t-elle vraiment besoin du tandem franco-allemand ?
R - Laissez-moi d'abord vous dire à quel point je suis heureux de me rendre ce 13 janvier en Pologne et de pouvoir, par votre intermédiaire, adresser mes voeux aux Polonais pour 2005. La France se réjouit profondément que la Pologne soit désormais membre de l'Union européenne. Le dynamisme, l'énergie, le talent des Polonais sont des atouts pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
La question du leadership au sein de l'Union est essentielle. Cet ensemble, dont les compétences sont si étendues, a besoin d'une direction ferme. Chacun sait bien que ce rôle n'appartient pas à un ou plusieurs Etats membres, pas à la France plus qu'à un autre. Ce rôle revient au Conseil européen, à la Commission ainsi qu'au Parlement européen. Et c'est justement pour que l'Union soit mieux dirigée, grâce à de nouvelles règles du jeu, que nous avons adopté le Traité Constitutionnel. Quant à l'action conjointe de l'Allemagne et de la France, chacun reconnaît qu'elle a fait, depuis cinquante ans, avancer la construction européenne. Lorsque ce tandem fonctionne moins bien, chacun le déplore et y voit un frein aux progrès de l'Union. Par exemple, rappelez-vous qu'en 2002, c'est un accord franco-allemand qui a permis de débloquer l'élargissement.
Je dirais que ce tandem est de plus en plus nécessaire et de moins en moins suffisant. Il a vocation à proposer et non pas à imposer. C'est pourquoi Berlin et Paris souhaitent élargir leur dialogue à d'autres, et notamment à la Pologne.
Q - La France a-t-elle montré peu d'enthousiasme pour l'élargissement de l'Union européenne de crainte de perdre sa position dominante au sein de l'Union ?
R - Il faut corriger cette fausse idée que je sais assez répandue. La France est un des six pays fondateurs de l'Union et les élargissements successifs n'ont pu se faire que parce qu'elle les a désirés. Tel était le cas pour les pays de l'Europe centrale et orientale. C'était notre devoir historique et politique. C'est aussi notre intérêt puisque, je le répète, avec cet élargissement, l'Europe est plus dynamique et plus forte.
Voilà pourquoi, à chaque étape de cet élargissement, la France a activement contribué à le faire avancer. Ainsi le président Chirac s'est-il, en 1996, devant votre Parlement, publiquement prononcé en faveur d'une adhésion rapide de la Pologne. Ainsi la France a-t-elle, dès le début, soutenu le versement aux nouveaux Etats membres d'aides directes à l'agriculture, ou encore au développement régional.
La France est de ceux qui ont dit - et qui pensent encore - que l'élargissement doit aller de pair avec l'approfondissement et la réforme institutionnelle. Sinon, cette Union élargie ne serait pas à la hauteur des ambitions qu'elle peut légitimement nourrir.
Q - Les Polonais se sont récemment passionnés pour les événements en Ukraine. Pourquoi l'Union, et notamment la France, a-t-elle adopté une attitude tellement réservée vis-à-vis de ce pays ? Pourquoi l'Union entame-t-elle des négociations avec la Turquie et, dans le même temps, les anciens pays membres refusent de présenter à l'Ukraine une perspective, même très éloignée, de son adhésion à l'Union européenne? Quelle est la position de la France ?
R - Je comprends parfaitement l'intérêt des Polonais pour les évènements qui se sont déroulés en Ukraine. Ceux qui ont suivi les discussions politiques en France fin novembre - début décembre auront pu constater que cet intérêt était entièrement partagé par les Français. Je souhaiterais d'ailleurs rendre hommage au peuple ukrainien qui a montré son courage, sa maturité et son attachement à une authentique démocratie. Je salue aussi l'engagement de la Pologne et son rôle important dans la définition d'une solution acceptable par tous.
Les rapports entre l'Ukraine et l'Union européenne s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage de l'Union. Nous voulons une relation forte avec l'Ukraine dans ce cadre, que nous devons d'abord mettre en oeuvre avant de se poser la question de son évolution. D'ailleurs dès à présent, l'Union européenne est de très loin le premier intervenant financier en Ukraine. Elle verse plus d'1 milliard d'euros de dons depuis 10 ans.
Vous évoquez les relations avec la Turquie : celles-ci ont une autre histoire. Dès 1963, la vocation de ce pays à l'adhésion avait été admise. A la suite de réformes de grande ampleur, ce pays a été reconnu comme pouvant ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Europe. Mais ne nous y trompons pas : la route a été longue pour la Turquie et il reste beaucoup de chemin.
Q - Le différend transatlantique, provoqué par l'intervention en Irak, est-il durable ? La France s'est-elle déjà réconciliée avec l'Amérique ? Cette réconciliation est-elle possible au moment où les pays sont représentés d'un côté par Jacques Chirac et de l'autre par Bush ?
R - Il y a en effet une divergence de vue entre la France et les Etats-Unis sur le principe même d'une intervention militaire en Irak. Cette différence demeure et, comme l'a dit le président Jacques Chirac, c'est l'histoire qui tranchera. Pour notre part, nous ne voulons pas repartir en arrière. Il s'agit aujourd'hui de permettre au peuple irakien de retrouver la maîtrise de son destin, c'est à dire de retrouver la pleine souveraineté de l'Irak. La France entend agir dans ce sens aux Nations unies comme en Irak.
Par ailleurs, il existe, entre les Etats-Unis et la France, une amitié historique et profonde. La France est la plus ancienne alliée des Etats-Unis ! Nos relations bilatérales sont très intenses ; notre dialogue, notamment à l'ONU et l'OTAN, est permanent et fécond ; nous coopérons activement sur bien des terrains, en particulier en Afrique, dans les Balkans ou en Afghanistan. Le président Chirac se rendra prochainement aux Etats-Unis pour rencontrer le président Bush. Je reste convaincu que l'année 2005 peut et doit être l'année de la relance des relations transatlantiques.
Q - La Pologne est un des pays les plus pro-atlantique dans l'Union européenne. Cette attitude influence-t-elle les relations polono-françaises ?
R - Je ne le pense pas. L'élément central de nos relations bilatérales est désormais notre appartenance commune à l'Union. Or, les membres de cette Union partagent une communauté de destin. Ils parviennent toujours à surmonter leurs désaccords. C'est pourquoi, lors de la visite à Paris, le 4 octobre 2004, du président Kwasniewski, nos chefs d'Etat ont décidé d'intensifier leur dialogue. Ainsi sont-ils convenus de la tenue annuelle de consultations au Sommet, à l'instar de celles que nous tenons avec l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Italie. Le premier Sommet de ce type se tiendra en France le mois prochain.
Sur le plan économique, nos liens sont très forts : la France est le premier investisseur étranger en Pologne et le premier partenaire commercial de ce pays ! Quant à notre coopération culturelle, éducative et de recherche, elle a été renforcée par la saison "Nova Polska", par un effort de reconnaissance des diplômes et un accroissement des possibilités de formation professionnelle pour les jeunes Polonais. J'ajoute que nous envisageons d'accélérer, dans certains secteurs, l'ouverture aux Polonais du marché du travail français.
Q - La France s'est opposée aux références aux valeurs chrétiennes dans le préambule de la Constitution européenne. Son attitude a été mal perçue en Pologne. D'où vient cette obsession française ?
R - Je pense que notre divergence sur cette question était liée à un malentendu sur la notion de laïcité. Ce mot n'évoque pas les mêmes souvenirs en Pologne et en France. En France, pays marqué pendant des siècles par les guerres de religion, le respect par l'Etat de la laïcité offre la garantie que les religions coexistent dans l'harmonie et la tolérance. Il importe à nos yeux que tous les citoyens, quelle que soit leur conviction religieuse, se retrouvent dans la Constitution européenne comme ils adhèrent à leur Constitution nationale.
Q - L'Allemagne et la France sont partisanes du modèle social de l'économie et elles désirent imposer un impôt élevé sur les sociétés à d'autres pays. Les nouveaux pays membres sont favorables à un modèle plus proche des exigences du marché. L'Union n'arrive pas à rattraper l'Amérique dans le domaine économique.... Comment concilier ces deux visions différentes du développement de l'Europe ?
R - Je suis tout à fait partisan d'une économie sociale de marché, telle que la propose la Constitution. Qu'est-ce que cela signifie ? D'abord que nos économies sont compétitives, et nous devons travailler à améliorer leurs performances. Ensuite que cette efficacité économique est aussi au service d'un modèle de société dans lequel l'emploi, des services publics de qualité et des perspectives sont offertes à tous. Enfin que les entreprises soient placées dans une situation où la concurrence économique n'est pas déloyale. Dans ce contexte, il y a, en France comme ailleurs, un débat sur la question des délocalisations. On peut admettre ce phénomène, mais il est difficile d'accepter qu'il soit encouragé par des conditions de concurrence discutables, par exemple si tout en bénéficiant du marché unique et des financements européens, certains pays ont, en plus, une politique fiscale agressive. C'est pourquoi l'Allemagne et la France plaident pour une fiscalité plus convergente à l'échelle de l'Union. Mais nous n'avons jamais souhaité imposer à qui que ce soit un impôt élevé sur les sociétés.
Q - Il n'est pas certain que tous les pays membres qui organiseront des référendums ratifient la Constitution. Que se passera-t-il si une partie des pays décide de la rejeter ? La France proposera-t-elle de les exclure de l'Union ou bien choisira-t-elle la solution d'une Europe divisée en plusieurs groupes ?
R - Nous nous situons dans un esprit positif pour que la Constitution soit ratifiée, et d'abord en France. Tous les Etats sont aujourd'hui dans le processus de ratification ; deux d'entre eux, la Lituanie et la Hongrie, ont déjà ratifié le Traité.
La France, comme la Pologne, a choisi le referendum pour ratifier le Traité. Le président de la République vient d'annoncer que ce scrutin aura lieu avant l'été prochain. Notre tâche, en ce début d'année, consiste à faire connaître cette Constitution à nos concitoyens et à leur en expliquer la portée. Ce texte ne change pas la nature de l'Union mais lui permettra de prendre plus efficacement ses décisions, d'être plus démocratique et de mieux tenir sa place au sein de la communauté internationale. Des conférences communes, qui permettront à des personnalités polonaises et françaises d'expliquer ensemble les enjeux de cette Constitution se tiendront en Pologne tout au long de ce premier semestre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2005)
(Allocution à l'occasion de l'inauguration de l'ambassade de France, à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Monsieur le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je vais vous demander quelques instants d'attention. Mes premiers mots seront, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, Messieurs les Ministres du gouvernement polonais, les Maréchaux de la Diète et du Sénat, et à vous tous et à vous toutes, dans la diversité de vos responsabilités politiques parlementaires, associatives, professionnelles, académiques, pour vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue dans cette nouvelle ambassade.
Je vous souhaite la bienvenue au nom de toute l'équipe de cette ambassade, du nouvel ambassadeur, Pierre Ménat, et en y associant deux jeunes parlementaires français qui sont avec moi, M. Courtial et M. Chartier, qui suivent très attentivement à l'Assemblée nationale les relations entre nos deux pays.
Nous avons désormais une ambassade française rénovée, plus fonctionnelle et plus belle, plus sûre - il y avait un problème connu de désamiantage - et tout cela on le doit à notre architecte, Jean-Philippe Pargade et à son équipe que je veux remercier et féliciter.
Après avoir remercié l'architecte, je voudrais remercier également les entreprises et leurs salariés. Je voudrais également adresser mes remerciements à notre ambassadeur Pierre Ménat et à ses deux prédécesseurs, Benoît d'Aboville et Patrick Gautrat, qui ont travaillé l'un et l'autre pour ce projet, et aussi à Cyril Bouyeure et à Laurent Pascual qui, dans leurs fonctions respectives, ont suivi ce projet avec les services compétents du Quai d'Orsay, afin que nous disposions d'un lieu de travail efficace, accueillant, fonctionnel, en particulier pour les 138 agents français, polonais, franco-polonais, qui travaillent ici.
Une ambassade, Mesdames et Messieurs, c'est un lieu de travail, c'est un lieu d'accueil. Il y a 4000 Français qui vivent, qui travaillent en Pologne et qui ont besoin de ce lieu. C'est aussi un lieu d'échanges entre nos deux pays, de dialogue, de meilleure connaissance entre les responsables politiques, les intellectuels, les entreprises de ce grand pays qu'est la Pologne. Et nous avons des raisons aujourd'hui, Polonais et Français, de mieux et de bien travailler ensemble.
C'est ce que dira le président de la République lorsqu'il présidera le premier sommet franco-polonais qu'il a lui-même proposé au président Kwasniewski lorsque celui-ci est venu à Paris. Nous avons des raisons de travailler ensemble pour nous-mêmes, Français et Polonais, quand on veut bien mesurer la qualité de nos relations historiques, culturelles et l'importance des liens économiques d'aujourd'hui.
Peut-être aussi dans ce dialogue, devons-nous nous attacher à dépasser et mieux comprendre pourquoi nous avons eu, dans le passé, un certain nombre de malentendus. Et puis, nous avons des raisons, Français et Polonais, Polonais et Français, de travailler aussi pour le succès du projet européen.
Vous recevez aujourd'hui le ministre français des Affaires étrangères. Vous savez qu'il est aussi ministre européen et votre ami à titre personnel. Vous savez que j'ai eu la chance, pendant cinq ans, en tant que commissaire européen, de suivre les progrès de votre pays vers son adhésion et notamment dans une des politiques les plus concrètes et les plus humaines qu'est la politique régionale qui va accompagner le développement des 16 "Voïévodies" de Pologne.
Ce projet progresse, Mesdames et Messieurs, avec votre contribution. Avec tout ce qui se passe autour de nous, il se trouve à un moment crucial. Nous devons bien expliquer à nos concitoyens que ce projet est un projet de paix et de stabilité, qui a tenu ses promesses depuis cinquante ans. Je peux le dire comme l'un des citoyens d'un pays fondateur de l'Union européenne. Ce projet vise à une Europe unie, ne veut pas d'une Europe uniforme. Je le souligne : unie, pas uniforme. Nous nous devons d'expliquer à nos compatriotes que chacun gardera ses différences, sa langue, son identité, tout en partageant ce qui doit être partagé pour nous puissions être plus forts ensemble, mieux protégés.
Et, puisque je parle de tout ce que se passe autour de nous, je veux trouver dans la formidable évolution démocratique de l'Ukraine, à côté de la Pologne, à côté de l'Union européenne - à laquelle vous avez participé sous l'impulsion notamment de vous, Monsieur le Ministre, et aux côtés du président Kwasniewski - la preuve du rôle et de l'importance de la Pologne, l'un des six grands pays de l'Union, pour la crédibilité de notre politique étrangère commune, notamment en ce qui concerne notre voisinage immédiat.
Voilà pour ce qui nous concerne, France et Pologne, Pologne et France, pour ce que nous pourrons faire ensemble pour le succès du projet européen, le succès de l'adhésion de la Pologne, pour ce que nous pouvons faire ensemble et avec vous, autour de vous, dans le monde dangereux et déséquilibré qui nous entoure. Nous avons, Mesdames et Messieurs, beaucoup de raisons de regarder ce nouveau départ dans les relations franco-polonaises et c'est aussi le signe que je voulais faire, en participant moi-même à cette inauguration.
Voilà et, pour jouer les interprètes, je voudrais dire "Niech zyje przjazn polsko-francuska".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Point de presse à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Mesdames et Messieurs, d'abord merci à chacune et à chacun d'entre vous de votre attention. Mes premiers mots seront pour dire, devant vous, ma gratitude à Adam Rotfeld pour la cordialité et la chaleur de son accueil, ici, à Varsovie.
S'il le permet je voudrais dire aussi un mot de remerciement à l'intention de son prédécesseur, M. Cimoszewicz, pour la qualité de nos relations tout au long des mois passés.
Nous voulons donner un nouvel élan aux relations franco-polonaises.
Et c'est le sens de cette visite, ma première visite officielle comme ministre des Affaires étrangères ici, dans le prolongement de celle qu'a faite le Premier ministre français, M. Jean-Pierre Raffarin, et de la visite importante qu'avait faite le président Kwasniewski, lors de laquelle il avait été reçu par M. Jacques Chirac, il y a quelques semaines, à Paris.
Et c'est le sens de toutes ces rencontres qui vont avoir lieu, au-delà de ce moment très particulier et très grave de la commémoration du 60ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, où je serai aux côtés de Jacques Chirac dans quelques jours. Le 28 février aura lieu le premier sommet franco-polonais entre nos gouvernements et nos chefs d'Etat. D'autres rencontres vont s'intensifier pour, dans tous les domaines, donner une réalité à ce nouvel élan dans nos relations.
Nos relations, entre la Pologne la France, sont déjà solides et elles doivent être améliorées. Elles passent aussi par un dialogue sur certains malentendus, sur certaines incompréhensions, liés au passé.
Mais nous voulons regarder devant nous. Il y a le projet européen, dont j'ai parlé tout à l'heure lors de l'inauguration de l'ambassade, avec la discussion très difficile et importante du prochain budget européen ; l'explication de l'importance et de l'utilité du texte constitutionnel auquel nous avons travaillé au sein de la Convention et qui est maintenant un traité dont nous avons besoin.
Comment donner à ce projet européen une dimension plus politique, plus humaine, plus citoyenne ? Comme nous le faisons à travers des politiques - je pense à la politique régionale que j'ai eu l'honneur de gérer comme commissaire pendant cinq ans et qui est une des politiques les plus concrètes, qui intéresse la vie des gens dans les "Voïévodies" et dans les régions.
Une autre idée concrète et, je crois, utile - c'est une des leçons de cette tragédie de l'océan Indien - c'est cette idée que nous soutenons, que je soutiens depuis cinq ans, d'une force européenne de protection civile que nous voulons créer, que nous devons créer, pour faire face aux catastrophes en Europe - il peut y avoir des inondations, des incendies, des tremblements de terre - ou à l'extérieur de l'Europe.
Et puis, il y a ce qui se passe autour de nous, parfois juste à côté de nous, comme cette formidable évolution de l'Ukraine que votre pays a encouragée, en tant que Pologne et en tant que l'un des grands pays européens.
Il y a une position commune pour encourager la stabilité et la perspective européenne dans les Balkans.
Il y a la reconstruction politique et économique de l'Irak.
Il y a le conflit central israélo-palestinien qui doit être au coeur de notre nouvelle relation entre Américains et Européens, comme un test et comme une preuve de ces nouvelles relations, pour refaire partir le Processus de paix, maintenant, dès 2005.
Donc, nous avons donc beaucoup de raisons de nous rencontrer, de mieux nous comprendre et de travailler ensemble.
Q - (Au sujet des discussions sur le budget européen)
R - Je n'ai pas oublié que j'avais été commissaire européen pendant cinq ans, et le travail que j'ai fait, notamment avec et pour la Pologne. Cela va être une discussion importante et difficile.
Nous entrons maintenant dans le vif du sujet pour trouver une solution à cette prochaine perspective le plus rapidement possible.
Nous abordons cette discussion avec le souci de la maîtrise des dépenses publiques, parce que derrière la dépense publique, il y a des impôts.
Donc, voilà pourquoi plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et d'autres, ont souhaité par écrit que l'on s'en tienne à un budget qui représenterait 1 %, - à peu près ce qu'il représente aujourd'hui - de la richesse européenne.
Nous pensons que, dans cette enveloppe, on peut trouver le moyen de préserver les grandes politiques communautaires de solidarité, la politique agricole et la politique de cohésion qui doivent être dirigées, comme je l'avais proposé, prioritairement mais pas exclusivement prioritairement, vers les régions les plus pauvres ou les régions en développement, comme les régions polonaises.
Q - Cela a été fait de manière prioritaire mais pas exclusive.
R - Ne me demandez pas de vous dire comment va se conclure cette discussion, elle ne fait que commencer.
Nous sommes prêts à en parler franchement et de manière constructive.
Q - (Sur la libre circulation des travailleurs des nouveaux Etats membres dans le reste de l'Union européenne)
R - Je sais la sensibilité de ce sujet pour les citoyens polonais.
Les précautions qui ont été prises avec des périodes de transition, doivent être nettement moins bien comprises par les Polonais, mais c'était une des conditions pour que cette réunification de l'Europe, cette adhésion de dix pays, puisse être comprise et soutenue dans certains des pays de l'Union des quinze.
Maintenant l'adhésion est là et nous en sommes heureux. La Pologne va se développer. Il faut en effet que l'on regarde les choses objectivement et impartialement et c'est l'objet du travail en commun des groupes de travail qui se mettent en place pour voir dans quelles conditions et dans quel délai ces précautions pourraient être assouplies.
Q - (Sur les perspectives de la ratification de la Constitution européenne et le vote intervenu hier au Parlement européen)
Naturellement j'ai été attentif au vote d'un certain nombre de députés polonais au Parlement européen. Je peux exprimer une incompréhension personnelle devant tel ou tel vote, mais je respecte le choix de chacun. Parfois j'ai eu du mal à comprendre aussi la position de certains hommes politiques français à propos de cette Constitution. Il faut regarder ce qu'est ce texte. C'est un bon texte, c'est un texte utile. Il améliore dans tous les domaines les textes existants. Si on refuse cette Constitution, on en revient au Traité de Nice. Tous ceux qui connaissent les questions européennes savent que le Traité de Nice est insuffisant pour faire bien fonctionner l'Union européenne avec 25 ou 27 pays. Dans le traité constitutionnel, il n'y a aucun recul sur les textes actuels, il n'y a que des avancées. La garantie des droits des citoyens, y est inscrite pour la première fois. On a clarifié les compétences entre les Etats et l'Union européenne. Et on a donné un droit aux Parlements nationaux pour vérifier l'application du principe de subsidiarité. On a créé les outils pour avoir une dimension politique, une défense commune, une politique étrangère commune. On a consolidé cette idée, que j'ai dite tout à l'heure, d'une Europe qui devient de plus en plus unie sans être uniforme.
Et cela fait cinquante ans que nous sommes dans cette Union. Nous n'avons pas perdu notre langue, notre identité, notre culture, notre différence françaises.
Et la Pologne gardera sa différence, avec son identité, ce qui fait sa force. Et en même temps, nous mettons une partie de notre destin ensemble, nous sommes plus forts ensemble.
Ce soir, je parlerai dans cet esprit-là à des jeunes Polonais, puis je suis prêt à revenir, non pas pour donner des leçons, mais simplement pour apporter mon témoignage et ma conviction.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Entretien avec les télévisions polonaises à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Q -(Sur les relations franco-polonaises)
R - Nous voulons regarder devant nous et, en effet, franchir de nouvelles étapes dans ces relations. Il y a eu des malentendus, parfois des désaccords. Je n'en vois plus la raison aujourd'hui. Et le président de la République française, qui a proposé qu'il y ait, le mois prochain, un premier sommet franco-polonais, comme nous en avons, nous Français, avec l'Espagne, l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Italie, le dira avec beaucoup de force : "regardons devant nous".
La Pologne est un des six grands pays européens de l'Union européenne, elle a un rôle très important à jouer. On l'a vu lorsqu'elle a agi, non seulement en tant que Pologne, mais en tant que pays européen, pour contribuer à cette formidable évolution de l'Ukraine.
Donc, je veux que l'on travaille à des relations nouvelles, à une politique étrangère commune, à une politique de défense commune et à la réussite de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne, sur le plan de son développement.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez dit en juillet que les relations franco-allemandes ne suffisent pas, qu'il faut les élargir. A la Pologne peut être ?
R - Il faut que le dialogue franco-allemand, qui est à l'origine même du projet européen depuis cinquante ans et qui est une démarche de paix, s'élargisse en effet. Ce dialogue franco-allemand est toujours nécessaire. Il n'est plus suffisant parce que nous sommes vingt-cinq et non plus six. Il y a donc la Pologne, l'Espagne, d'autres pays encore, dès l'instant où nous sommes d'accord pour travailler ensemble à cette dimension non seulement économique de l'Union européenne, mais politique.
Q - (Sur les malentendus passés)
R - Je suis venu ici comme ministre français des Affaires étrangères, je suis aussi très Européen. J'ai beaucoup travaillé avec la Pologne en tant que commissaire européen, avec l'ensemble des "Voïévodies", pour préparer l'adhésion, et je crois que nous avons toutes les raisons de regarder devant nous.
Entre nous, Français et Polonais, il y a beaucoup de liens sur le plan économique, culturel, politique, et des projets européens auxquels nous participons ensemble. L'Europe est à un moment de vérité avec cette nouvelle Constitution dont nous avons besoin pour la consolider dans sa dimension politique. Quand on regarde autour, on a aussi des raisons de travailler ensemble. J'ai été très impressionné par le rôle joué, en tant que pays européen, par la Pologne vis-à-vis de l'Ukraine, de son évolution démocratique. Et puis, au-delà, il y a beaucoup de raisons, quand on regarde le monde, pour que nous le regardions ensemble, que nous parlions d'une seule voix.
Q - Les Polonais se souviennent toujours des paroles du président Chirac qui a dit que nous avions perdu une occasion de nous taire. Comment voyez-vous cela dans la perspective actuelle ?
R - C'était un autre contexte. Il y avait un désaccord sur la question de la guerre en Irak. Je dis, je le dis aussi aux Américains : "regardons devant nous". Nous, nous voulons regarder devant nous. Que l'on sorte de cette situation tragique en Irak par la politique et par la démocratie, et nous y contribuons actuellement. Pour tout le reste, regardons devant nous, c'est ce qui est important.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Allocution de M. Barnier lors de sa visite à "Canal Plus", à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Mesdames, Messieurs,
Je vous souhaite bonne route pour la nouvelle période qui commence. Au cours de cette longue journée de présence à Varsovie j'ai voulu marquer l'intérêt, l'attention que je porte à votre entreprise. Les parlementaires, les jeunes parlementaires de l'Assemblée nationale ici présents, MM. Jérôme Chartier et Edouard Courtial, l'ambassade et aussi les journalistes parisiens qui suivent cette visite y attachaient beaucoup d'importance.
Nous y attachons de l'importance parce que, quand vous avez pris le risque, pour votre groupe, de cette implantation ici, il y a dix ans, c'était un peu un rôle de pionnier que vous jouiez.
Vous avez donné aussi un élan à une coopération économique qui est aujourd'hui une des plus fortes, puisque nous sommes quand même le premier investisseur, le premier client et un des premiers fournisseurs de la Pologne.
Et je voulais donner "un coup de chapeau" à ce partenariat franco-polonais puisque votre société est franco-polonaise avec une équipe très largement polonaise : il n'y a que deux Français, si j'ai bien compris, dans cette équipe.
Votre entreprise n'est pas tout à fait comme les autres, c'est aussi la deuxième raison de ma visite. Elle porte des dimensions symboliques, pour nous, s'agissant de l'idée que nous nous faisons de l'Europe, de son identité, de notre place dans le monde, à travers la diversité culturelle. Votre entreprise est très symbolique de ce combat-là, de cette exigence-là.
Vous avez apporté au public polonais, qui en était demandeur, des produits de qualité, vous apportez des films, des émissions, à travers vos chaînes, avec le pluralisme linguistique, notamment la langue française. Vous aidez, vous l'avez rappelé, la création cinématographique en Pologne et on sait qu'elle existe, qu'elle est de qualité et qu'elle a besoin d'être aidée, comme la production en France a besoin d'être aidée.
J'ai été informé que vous étiez partenaire des rencontres culturelles, audiovisuelles, franco-polonaises au mois de juin prochain et, là aussi, ce n'est pas un signal indifférent que vous participiez à des rencontres entre des professionnels de l'image, de la télévision de nos deux pays qui peuvent aboutir à des échanges et nourrir des projets pour la création et pour la diffusion.
Probablement de telles rencontres que vous soutenez, et je vous en remercie, permettront de favoriser des initiatives de coopération que l'on pressent, que l'on prépare. Je pense à ce qui a été l'accord d'association entre Arte et la TVP, je pense à la reprise de la chaîne musicale Mezzo, je pense au projet de TV5, Euronews et d'Arte, qui ont des projets de développement ici en Pologne.
J'ai également noté votre disponibilité à porter la nouvelle chaîne d'information internationale que nous allons créer. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2005)
Q - La France continue-t-elle d'assumer le leadership de l'Europe unie ? L'Union élargie a-t-elle vraiment besoin du tandem franco-allemand ?
R - Laissez-moi d'abord vous dire à quel point je suis heureux de me rendre ce 13 janvier en Pologne et de pouvoir, par votre intermédiaire, adresser mes voeux aux Polonais pour 2005. La France se réjouit profondément que la Pologne soit désormais membre de l'Union européenne. Le dynamisme, l'énergie, le talent des Polonais sont des atouts pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
La question du leadership au sein de l'Union est essentielle. Cet ensemble, dont les compétences sont si étendues, a besoin d'une direction ferme. Chacun sait bien que ce rôle n'appartient pas à un ou plusieurs Etats membres, pas à la France plus qu'à un autre. Ce rôle revient au Conseil européen, à la Commission ainsi qu'au Parlement européen. Et c'est justement pour que l'Union soit mieux dirigée, grâce à de nouvelles règles du jeu, que nous avons adopté le Traité Constitutionnel. Quant à l'action conjointe de l'Allemagne et de la France, chacun reconnaît qu'elle a fait, depuis cinquante ans, avancer la construction européenne. Lorsque ce tandem fonctionne moins bien, chacun le déplore et y voit un frein aux progrès de l'Union. Par exemple, rappelez-vous qu'en 2002, c'est un accord franco-allemand qui a permis de débloquer l'élargissement.
Je dirais que ce tandem est de plus en plus nécessaire et de moins en moins suffisant. Il a vocation à proposer et non pas à imposer. C'est pourquoi Berlin et Paris souhaitent élargir leur dialogue à d'autres, et notamment à la Pologne.
Q - La France a-t-elle montré peu d'enthousiasme pour l'élargissement de l'Union européenne de crainte de perdre sa position dominante au sein de l'Union ?
R - Il faut corriger cette fausse idée que je sais assez répandue. La France est un des six pays fondateurs de l'Union et les élargissements successifs n'ont pu se faire que parce qu'elle les a désirés. Tel était le cas pour les pays de l'Europe centrale et orientale. C'était notre devoir historique et politique. C'est aussi notre intérêt puisque, je le répète, avec cet élargissement, l'Europe est plus dynamique et plus forte.
Voilà pourquoi, à chaque étape de cet élargissement, la France a activement contribué à le faire avancer. Ainsi le président Chirac s'est-il, en 1996, devant votre Parlement, publiquement prononcé en faveur d'une adhésion rapide de la Pologne. Ainsi la France a-t-elle, dès le début, soutenu le versement aux nouveaux Etats membres d'aides directes à l'agriculture, ou encore au développement régional.
La France est de ceux qui ont dit - et qui pensent encore - que l'élargissement doit aller de pair avec l'approfondissement et la réforme institutionnelle. Sinon, cette Union élargie ne serait pas à la hauteur des ambitions qu'elle peut légitimement nourrir.
Q - Les Polonais se sont récemment passionnés pour les événements en Ukraine. Pourquoi l'Union, et notamment la France, a-t-elle adopté une attitude tellement réservée vis-à-vis de ce pays ? Pourquoi l'Union entame-t-elle des négociations avec la Turquie et, dans le même temps, les anciens pays membres refusent de présenter à l'Ukraine une perspective, même très éloignée, de son adhésion à l'Union européenne? Quelle est la position de la France ?
R - Je comprends parfaitement l'intérêt des Polonais pour les évènements qui se sont déroulés en Ukraine. Ceux qui ont suivi les discussions politiques en France fin novembre - début décembre auront pu constater que cet intérêt était entièrement partagé par les Français. Je souhaiterais d'ailleurs rendre hommage au peuple ukrainien qui a montré son courage, sa maturité et son attachement à une authentique démocratie. Je salue aussi l'engagement de la Pologne et son rôle important dans la définition d'une solution acceptable par tous.
Les rapports entre l'Ukraine et l'Union européenne s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage de l'Union. Nous voulons une relation forte avec l'Ukraine dans ce cadre, que nous devons d'abord mettre en oeuvre avant de se poser la question de son évolution. D'ailleurs dès à présent, l'Union européenne est de très loin le premier intervenant financier en Ukraine. Elle verse plus d'1 milliard d'euros de dons depuis 10 ans.
Vous évoquez les relations avec la Turquie : celles-ci ont une autre histoire. Dès 1963, la vocation de ce pays à l'adhésion avait été admise. A la suite de réformes de grande ampleur, ce pays a été reconnu comme pouvant ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Europe. Mais ne nous y trompons pas : la route a été longue pour la Turquie et il reste beaucoup de chemin.
Q - Le différend transatlantique, provoqué par l'intervention en Irak, est-il durable ? La France s'est-elle déjà réconciliée avec l'Amérique ? Cette réconciliation est-elle possible au moment où les pays sont représentés d'un côté par Jacques Chirac et de l'autre par Bush ?
R - Il y a en effet une divergence de vue entre la France et les Etats-Unis sur le principe même d'une intervention militaire en Irak. Cette différence demeure et, comme l'a dit le président Jacques Chirac, c'est l'histoire qui tranchera. Pour notre part, nous ne voulons pas repartir en arrière. Il s'agit aujourd'hui de permettre au peuple irakien de retrouver la maîtrise de son destin, c'est à dire de retrouver la pleine souveraineté de l'Irak. La France entend agir dans ce sens aux Nations unies comme en Irak.
Par ailleurs, il existe, entre les Etats-Unis et la France, une amitié historique et profonde. La France est la plus ancienne alliée des Etats-Unis ! Nos relations bilatérales sont très intenses ; notre dialogue, notamment à l'ONU et l'OTAN, est permanent et fécond ; nous coopérons activement sur bien des terrains, en particulier en Afrique, dans les Balkans ou en Afghanistan. Le président Chirac se rendra prochainement aux Etats-Unis pour rencontrer le président Bush. Je reste convaincu que l'année 2005 peut et doit être l'année de la relance des relations transatlantiques.
Q - La Pologne est un des pays les plus pro-atlantique dans l'Union européenne. Cette attitude influence-t-elle les relations polono-françaises ?
R - Je ne le pense pas. L'élément central de nos relations bilatérales est désormais notre appartenance commune à l'Union. Or, les membres de cette Union partagent une communauté de destin. Ils parviennent toujours à surmonter leurs désaccords. C'est pourquoi, lors de la visite à Paris, le 4 octobre 2004, du président Kwasniewski, nos chefs d'Etat ont décidé d'intensifier leur dialogue. Ainsi sont-ils convenus de la tenue annuelle de consultations au Sommet, à l'instar de celles que nous tenons avec l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Italie. Le premier Sommet de ce type se tiendra en France le mois prochain.
Sur le plan économique, nos liens sont très forts : la France est le premier investisseur étranger en Pologne et le premier partenaire commercial de ce pays ! Quant à notre coopération culturelle, éducative et de recherche, elle a été renforcée par la saison "Nova Polska", par un effort de reconnaissance des diplômes et un accroissement des possibilités de formation professionnelle pour les jeunes Polonais. J'ajoute que nous envisageons d'accélérer, dans certains secteurs, l'ouverture aux Polonais du marché du travail français.
Q - La France s'est opposée aux références aux valeurs chrétiennes dans le préambule de la Constitution européenne. Son attitude a été mal perçue en Pologne. D'où vient cette obsession française ?
R - Je pense que notre divergence sur cette question était liée à un malentendu sur la notion de laïcité. Ce mot n'évoque pas les mêmes souvenirs en Pologne et en France. En France, pays marqué pendant des siècles par les guerres de religion, le respect par l'Etat de la laïcité offre la garantie que les religions coexistent dans l'harmonie et la tolérance. Il importe à nos yeux que tous les citoyens, quelle que soit leur conviction religieuse, se retrouvent dans la Constitution européenne comme ils adhèrent à leur Constitution nationale.
Q - L'Allemagne et la France sont partisanes du modèle social de l'économie et elles désirent imposer un impôt élevé sur les sociétés à d'autres pays. Les nouveaux pays membres sont favorables à un modèle plus proche des exigences du marché. L'Union n'arrive pas à rattraper l'Amérique dans le domaine économique.... Comment concilier ces deux visions différentes du développement de l'Europe ?
R - Je suis tout à fait partisan d'une économie sociale de marché, telle que la propose la Constitution. Qu'est-ce que cela signifie ? D'abord que nos économies sont compétitives, et nous devons travailler à améliorer leurs performances. Ensuite que cette efficacité économique est aussi au service d'un modèle de société dans lequel l'emploi, des services publics de qualité et des perspectives sont offertes à tous. Enfin que les entreprises soient placées dans une situation où la concurrence économique n'est pas déloyale. Dans ce contexte, il y a, en France comme ailleurs, un débat sur la question des délocalisations. On peut admettre ce phénomène, mais il est difficile d'accepter qu'il soit encouragé par des conditions de concurrence discutables, par exemple si tout en bénéficiant du marché unique et des financements européens, certains pays ont, en plus, une politique fiscale agressive. C'est pourquoi l'Allemagne et la France plaident pour une fiscalité plus convergente à l'échelle de l'Union. Mais nous n'avons jamais souhaité imposer à qui que ce soit un impôt élevé sur les sociétés.
Q - Il n'est pas certain que tous les pays membres qui organiseront des référendums ratifient la Constitution. Que se passera-t-il si une partie des pays décide de la rejeter ? La France proposera-t-elle de les exclure de l'Union ou bien choisira-t-elle la solution d'une Europe divisée en plusieurs groupes ?
R - Nous nous situons dans un esprit positif pour que la Constitution soit ratifiée, et d'abord en France. Tous les Etats sont aujourd'hui dans le processus de ratification ; deux d'entre eux, la Lituanie et la Hongrie, ont déjà ratifié le Traité.
La France, comme la Pologne, a choisi le referendum pour ratifier le Traité. Le président de la République vient d'annoncer que ce scrutin aura lieu avant l'été prochain. Notre tâche, en ce début d'année, consiste à faire connaître cette Constitution à nos concitoyens et à leur en expliquer la portée. Ce texte ne change pas la nature de l'Union mais lui permettra de prendre plus efficacement ses décisions, d'être plus démocratique et de mieux tenir sa place au sein de la communauté internationale. Des conférences communes, qui permettront à des personnalités polonaises et françaises d'expliquer ensemble les enjeux de cette Constitution se tiendront en Pologne tout au long de ce premier semestre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2005)
(Allocution à l'occasion de l'inauguration de l'ambassade de France, à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Monsieur le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je vais vous demander quelques instants d'attention. Mes premiers mots seront, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, Messieurs les Ministres du gouvernement polonais, les Maréchaux de la Diète et du Sénat, et à vous tous et à vous toutes, dans la diversité de vos responsabilités politiques parlementaires, associatives, professionnelles, académiques, pour vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue dans cette nouvelle ambassade.
Je vous souhaite la bienvenue au nom de toute l'équipe de cette ambassade, du nouvel ambassadeur, Pierre Ménat, et en y associant deux jeunes parlementaires français qui sont avec moi, M. Courtial et M. Chartier, qui suivent très attentivement à l'Assemblée nationale les relations entre nos deux pays.
Nous avons désormais une ambassade française rénovée, plus fonctionnelle et plus belle, plus sûre - il y avait un problème connu de désamiantage - et tout cela on le doit à notre architecte, Jean-Philippe Pargade et à son équipe que je veux remercier et féliciter.
Après avoir remercié l'architecte, je voudrais remercier également les entreprises et leurs salariés. Je voudrais également adresser mes remerciements à notre ambassadeur Pierre Ménat et à ses deux prédécesseurs, Benoît d'Aboville et Patrick Gautrat, qui ont travaillé l'un et l'autre pour ce projet, et aussi à Cyril Bouyeure et à Laurent Pascual qui, dans leurs fonctions respectives, ont suivi ce projet avec les services compétents du Quai d'Orsay, afin que nous disposions d'un lieu de travail efficace, accueillant, fonctionnel, en particulier pour les 138 agents français, polonais, franco-polonais, qui travaillent ici.
Une ambassade, Mesdames et Messieurs, c'est un lieu de travail, c'est un lieu d'accueil. Il y a 4000 Français qui vivent, qui travaillent en Pologne et qui ont besoin de ce lieu. C'est aussi un lieu d'échanges entre nos deux pays, de dialogue, de meilleure connaissance entre les responsables politiques, les intellectuels, les entreprises de ce grand pays qu'est la Pologne. Et nous avons des raisons aujourd'hui, Polonais et Français, de mieux et de bien travailler ensemble.
C'est ce que dira le président de la République lorsqu'il présidera le premier sommet franco-polonais qu'il a lui-même proposé au président Kwasniewski lorsque celui-ci est venu à Paris. Nous avons des raisons de travailler ensemble pour nous-mêmes, Français et Polonais, quand on veut bien mesurer la qualité de nos relations historiques, culturelles et l'importance des liens économiques d'aujourd'hui.
Peut-être aussi dans ce dialogue, devons-nous nous attacher à dépasser et mieux comprendre pourquoi nous avons eu, dans le passé, un certain nombre de malentendus. Et puis, nous avons des raisons, Français et Polonais, Polonais et Français, de travailler aussi pour le succès du projet européen.
Vous recevez aujourd'hui le ministre français des Affaires étrangères. Vous savez qu'il est aussi ministre européen et votre ami à titre personnel. Vous savez que j'ai eu la chance, pendant cinq ans, en tant que commissaire européen, de suivre les progrès de votre pays vers son adhésion et notamment dans une des politiques les plus concrètes et les plus humaines qu'est la politique régionale qui va accompagner le développement des 16 "Voïévodies" de Pologne.
Ce projet progresse, Mesdames et Messieurs, avec votre contribution. Avec tout ce qui se passe autour de nous, il se trouve à un moment crucial. Nous devons bien expliquer à nos concitoyens que ce projet est un projet de paix et de stabilité, qui a tenu ses promesses depuis cinquante ans. Je peux le dire comme l'un des citoyens d'un pays fondateur de l'Union européenne. Ce projet vise à une Europe unie, ne veut pas d'une Europe uniforme. Je le souligne : unie, pas uniforme. Nous nous devons d'expliquer à nos compatriotes que chacun gardera ses différences, sa langue, son identité, tout en partageant ce qui doit être partagé pour nous puissions être plus forts ensemble, mieux protégés.
Et, puisque je parle de tout ce que se passe autour de nous, je veux trouver dans la formidable évolution démocratique de l'Ukraine, à côté de la Pologne, à côté de l'Union européenne - à laquelle vous avez participé sous l'impulsion notamment de vous, Monsieur le Ministre, et aux côtés du président Kwasniewski - la preuve du rôle et de l'importance de la Pologne, l'un des six grands pays de l'Union, pour la crédibilité de notre politique étrangère commune, notamment en ce qui concerne notre voisinage immédiat.
Voilà pour ce qui nous concerne, France et Pologne, Pologne et France, pour ce que nous pourrons faire ensemble pour le succès du projet européen, le succès de l'adhésion de la Pologne, pour ce que nous pouvons faire ensemble et avec vous, autour de vous, dans le monde dangereux et déséquilibré qui nous entoure. Nous avons, Mesdames et Messieurs, beaucoup de raisons de regarder ce nouveau départ dans les relations franco-polonaises et c'est aussi le signe que je voulais faire, en participant moi-même à cette inauguration.
Voilà et, pour jouer les interprètes, je voudrais dire "Niech zyje przjazn polsko-francuska".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Point de presse à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Mesdames et Messieurs, d'abord merci à chacune et à chacun d'entre vous de votre attention. Mes premiers mots seront pour dire, devant vous, ma gratitude à Adam Rotfeld pour la cordialité et la chaleur de son accueil, ici, à Varsovie.
S'il le permet je voudrais dire aussi un mot de remerciement à l'intention de son prédécesseur, M. Cimoszewicz, pour la qualité de nos relations tout au long des mois passés.
Nous voulons donner un nouvel élan aux relations franco-polonaises.
Et c'est le sens de cette visite, ma première visite officielle comme ministre des Affaires étrangères ici, dans le prolongement de celle qu'a faite le Premier ministre français, M. Jean-Pierre Raffarin, et de la visite importante qu'avait faite le président Kwasniewski, lors de laquelle il avait été reçu par M. Jacques Chirac, il y a quelques semaines, à Paris.
Et c'est le sens de toutes ces rencontres qui vont avoir lieu, au-delà de ce moment très particulier et très grave de la commémoration du 60ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, où je serai aux côtés de Jacques Chirac dans quelques jours. Le 28 février aura lieu le premier sommet franco-polonais entre nos gouvernements et nos chefs d'Etat. D'autres rencontres vont s'intensifier pour, dans tous les domaines, donner une réalité à ce nouvel élan dans nos relations.
Nos relations, entre la Pologne la France, sont déjà solides et elles doivent être améliorées. Elles passent aussi par un dialogue sur certains malentendus, sur certaines incompréhensions, liés au passé.
Mais nous voulons regarder devant nous. Il y a le projet européen, dont j'ai parlé tout à l'heure lors de l'inauguration de l'ambassade, avec la discussion très difficile et importante du prochain budget européen ; l'explication de l'importance et de l'utilité du texte constitutionnel auquel nous avons travaillé au sein de la Convention et qui est maintenant un traité dont nous avons besoin.
Comment donner à ce projet européen une dimension plus politique, plus humaine, plus citoyenne ? Comme nous le faisons à travers des politiques - je pense à la politique régionale que j'ai eu l'honneur de gérer comme commissaire pendant cinq ans et qui est une des politiques les plus concrètes, qui intéresse la vie des gens dans les "Voïévodies" et dans les régions.
Une autre idée concrète et, je crois, utile - c'est une des leçons de cette tragédie de l'océan Indien - c'est cette idée que nous soutenons, que je soutiens depuis cinq ans, d'une force européenne de protection civile que nous voulons créer, que nous devons créer, pour faire face aux catastrophes en Europe - il peut y avoir des inondations, des incendies, des tremblements de terre - ou à l'extérieur de l'Europe.
Et puis, il y a ce qui se passe autour de nous, parfois juste à côté de nous, comme cette formidable évolution de l'Ukraine que votre pays a encouragée, en tant que Pologne et en tant que l'un des grands pays européens.
Il y a une position commune pour encourager la stabilité et la perspective européenne dans les Balkans.
Il y a la reconstruction politique et économique de l'Irak.
Il y a le conflit central israélo-palestinien qui doit être au coeur de notre nouvelle relation entre Américains et Européens, comme un test et comme une preuve de ces nouvelles relations, pour refaire partir le Processus de paix, maintenant, dès 2005.
Donc, nous avons donc beaucoup de raisons de nous rencontrer, de mieux nous comprendre et de travailler ensemble.
Q - (Au sujet des discussions sur le budget européen)
R - Je n'ai pas oublié que j'avais été commissaire européen pendant cinq ans, et le travail que j'ai fait, notamment avec et pour la Pologne. Cela va être une discussion importante et difficile.
Nous entrons maintenant dans le vif du sujet pour trouver une solution à cette prochaine perspective le plus rapidement possible.
Nous abordons cette discussion avec le souci de la maîtrise des dépenses publiques, parce que derrière la dépense publique, il y a des impôts.
Donc, voilà pourquoi plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et d'autres, ont souhaité par écrit que l'on s'en tienne à un budget qui représenterait 1 %, - à peu près ce qu'il représente aujourd'hui - de la richesse européenne.
Nous pensons que, dans cette enveloppe, on peut trouver le moyen de préserver les grandes politiques communautaires de solidarité, la politique agricole et la politique de cohésion qui doivent être dirigées, comme je l'avais proposé, prioritairement mais pas exclusivement prioritairement, vers les régions les plus pauvres ou les régions en développement, comme les régions polonaises.
Q - Cela a été fait de manière prioritaire mais pas exclusive.
R - Ne me demandez pas de vous dire comment va se conclure cette discussion, elle ne fait que commencer.
Nous sommes prêts à en parler franchement et de manière constructive.
Q - (Sur la libre circulation des travailleurs des nouveaux Etats membres dans le reste de l'Union européenne)
R - Je sais la sensibilité de ce sujet pour les citoyens polonais.
Les précautions qui ont été prises avec des périodes de transition, doivent être nettement moins bien comprises par les Polonais, mais c'était une des conditions pour que cette réunification de l'Europe, cette adhésion de dix pays, puisse être comprise et soutenue dans certains des pays de l'Union des quinze.
Maintenant l'adhésion est là et nous en sommes heureux. La Pologne va se développer. Il faut en effet que l'on regarde les choses objectivement et impartialement et c'est l'objet du travail en commun des groupes de travail qui se mettent en place pour voir dans quelles conditions et dans quel délai ces précautions pourraient être assouplies.
Q - (Sur les perspectives de la ratification de la Constitution européenne et le vote intervenu hier au Parlement européen)
Naturellement j'ai été attentif au vote d'un certain nombre de députés polonais au Parlement européen. Je peux exprimer une incompréhension personnelle devant tel ou tel vote, mais je respecte le choix de chacun. Parfois j'ai eu du mal à comprendre aussi la position de certains hommes politiques français à propos de cette Constitution. Il faut regarder ce qu'est ce texte. C'est un bon texte, c'est un texte utile. Il améliore dans tous les domaines les textes existants. Si on refuse cette Constitution, on en revient au Traité de Nice. Tous ceux qui connaissent les questions européennes savent que le Traité de Nice est insuffisant pour faire bien fonctionner l'Union européenne avec 25 ou 27 pays. Dans le traité constitutionnel, il n'y a aucun recul sur les textes actuels, il n'y a que des avancées. La garantie des droits des citoyens, y est inscrite pour la première fois. On a clarifié les compétences entre les Etats et l'Union européenne. Et on a donné un droit aux Parlements nationaux pour vérifier l'application du principe de subsidiarité. On a créé les outils pour avoir une dimension politique, une défense commune, une politique étrangère commune. On a consolidé cette idée, que j'ai dite tout à l'heure, d'une Europe qui devient de plus en plus unie sans être uniforme.
Et cela fait cinquante ans que nous sommes dans cette Union. Nous n'avons pas perdu notre langue, notre identité, notre culture, notre différence françaises.
Et la Pologne gardera sa différence, avec son identité, ce qui fait sa force. Et en même temps, nous mettons une partie de notre destin ensemble, nous sommes plus forts ensemble.
Ce soir, je parlerai dans cet esprit-là à des jeunes Polonais, puis je suis prêt à revenir, non pas pour donner des leçons, mais simplement pour apporter mon témoignage et ma conviction.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Entretien avec les télévisions polonaises à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Q -(Sur les relations franco-polonaises)
R - Nous voulons regarder devant nous et, en effet, franchir de nouvelles étapes dans ces relations. Il y a eu des malentendus, parfois des désaccords. Je n'en vois plus la raison aujourd'hui. Et le président de la République française, qui a proposé qu'il y ait, le mois prochain, un premier sommet franco-polonais, comme nous en avons, nous Français, avec l'Espagne, l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Italie, le dira avec beaucoup de force : "regardons devant nous".
La Pologne est un des six grands pays européens de l'Union européenne, elle a un rôle très important à jouer. On l'a vu lorsqu'elle a agi, non seulement en tant que Pologne, mais en tant que pays européen, pour contribuer à cette formidable évolution de l'Ukraine.
Donc, je veux que l'on travaille à des relations nouvelles, à une politique étrangère commune, à une politique de défense commune et à la réussite de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne, sur le plan de son développement.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez dit en juillet que les relations franco-allemandes ne suffisent pas, qu'il faut les élargir. A la Pologne peut être ?
R - Il faut que le dialogue franco-allemand, qui est à l'origine même du projet européen depuis cinquante ans et qui est une démarche de paix, s'élargisse en effet. Ce dialogue franco-allemand est toujours nécessaire. Il n'est plus suffisant parce que nous sommes vingt-cinq et non plus six. Il y a donc la Pologne, l'Espagne, d'autres pays encore, dès l'instant où nous sommes d'accord pour travailler ensemble à cette dimension non seulement économique de l'Union européenne, mais politique.
Q - (Sur les malentendus passés)
R - Je suis venu ici comme ministre français des Affaires étrangères, je suis aussi très Européen. J'ai beaucoup travaillé avec la Pologne en tant que commissaire européen, avec l'ensemble des "Voïévodies", pour préparer l'adhésion, et je crois que nous avons toutes les raisons de regarder devant nous.
Entre nous, Français et Polonais, il y a beaucoup de liens sur le plan économique, culturel, politique, et des projets européens auxquels nous participons ensemble. L'Europe est à un moment de vérité avec cette nouvelle Constitution dont nous avons besoin pour la consolider dans sa dimension politique. Quand on regarde autour, on a aussi des raisons de travailler ensemble. J'ai été très impressionné par le rôle joué, en tant que pays européen, par la Pologne vis-à-vis de l'Ukraine, de son évolution démocratique. Et puis, au-delà, il y a beaucoup de raisons, quand on regarde le monde, pour que nous le regardions ensemble, que nous parlions d'une seule voix.
Q - Les Polonais se souviennent toujours des paroles du président Chirac qui a dit que nous avions perdu une occasion de nous taire. Comment voyez-vous cela dans la perspective actuelle ?
R - C'était un autre contexte. Il y avait un désaccord sur la question de la guerre en Irak. Je dis, je le dis aussi aux Américains : "regardons devant nous". Nous, nous voulons regarder devant nous. Que l'on sorte de cette situation tragique en Irak par la politique et par la démocratie, et nous y contribuons actuellement. Pour tout le reste, regardons devant nous, c'est ce qui est important.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2005)
(Allocution de M. Barnier lors de sa visite à "Canal Plus", à Varsovie le 13 janvier 2005) :
Mesdames, Messieurs,
Je vous souhaite bonne route pour la nouvelle période qui commence. Au cours de cette longue journée de présence à Varsovie j'ai voulu marquer l'intérêt, l'attention que je porte à votre entreprise. Les parlementaires, les jeunes parlementaires de l'Assemblée nationale ici présents, MM. Jérôme Chartier et Edouard Courtial, l'ambassade et aussi les journalistes parisiens qui suivent cette visite y attachaient beaucoup d'importance.
Nous y attachons de l'importance parce que, quand vous avez pris le risque, pour votre groupe, de cette implantation ici, il y a dix ans, c'était un peu un rôle de pionnier que vous jouiez.
Vous avez donné aussi un élan à une coopération économique qui est aujourd'hui une des plus fortes, puisque nous sommes quand même le premier investisseur, le premier client et un des premiers fournisseurs de la Pologne.
Et je voulais donner "un coup de chapeau" à ce partenariat franco-polonais puisque votre société est franco-polonaise avec une équipe très largement polonaise : il n'y a que deux Français, si j'ai bien compris, dans cette équipe.
Votre entreprise n'est pas tout à fait comme les autres, c'est aussi la deuxième raison de ma visite. Elle porte des dimensions symboliques, pour nous, s'agissant de l'idée que nous nous faisons de l'Europe, de son identité, de notre place dans le monde, à travers la diversité culturelle. Votre entreprise est très symbolique de ce combat-là, de cette exigence-là.
Vous avez apporté au public polonais, qui en était demandeur, des produits de qualité, vous apportez des films, des émissions, à travers vos chaînes, avec le pluralisme linguistique, notamment la langue française. Vous aidez, vous l'avez rappelé, la création cinématographique en Pologne et on sait qu'elle existe, qu'elle est de qualité et qu'elle a besoin d'être aidée, comme la production en France a besoin d'être aidée.
J'ai été informé que vous étiez partenaire des rencontres culturelles, audiovisuelles, franco-polonaises au mois de juin prochain et, là aussi, ce n'est pas un signal indifférent que vous participiez à des rencontres entre des professionnels de l'image, de la télévision de nos deux pays qui peuvent aboutir à des échanges et nourrir des projets pour la création et pour la diffusion.
Probablement de telles rencontres que vous soutenez, et je vous en remercie, permettront de favoriser des initiatives de coopération que l'on pressent, que l'on prépare. Je pense à ce qui a été l'accord d'association entre Arte et la TVP, je pense à la reprise de la chaîne musicale Mezzo, je pense au projet de TV5, Euronews et d'Arte, qui ont des projets de développement ici en Pologne.
J'ai également noté votre disponibilité à porter la nouvelle chaîne d'information internationale que nous allons créer. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2005)