Texte intégral
Q - Dans le langage diplomatique, on sait que tous les mots sont pesés Monsieur le Ministre mais, tout de même, n'y a-t-il pas une déception parce que l'on sait que la coopération aurait sans doute été plus facile avec John Kerry ?
R - Nous n'avions pas de préférence ni de pronostic à émettre sur le choix souverain du peuple américain. J'observe d'ailleurs que le peuple américain a donné au monde entier une belle leçon de démocratie.
Quand je vous écoute, j'ai un peu le sentiment qu'il s'agirait de rétablir des relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis, franchement, nous sommes alliés, nous sommes amis, durablement et depuis très longtemps.
Nous sommes, d'ailleurs, nous, Français, les alliés les plus anciens des Etats-Unis, ils sont nos alliés les plus anciens et nous travaillons ensemble dans beaucoup de domaines, contre le terrorisme partout dans le monde, pour rétablir la stabilité au Kosovo, en Afghanistan, pour rétablir la sécurité en Haïti.
Q - Mais, vous reconnaissez tout de même qu'il y a des relations difficiles aussi ?
R - Oui, nous avons des désaccords, nous avons eu un désaccord extrêmement clair et net sur la question irakienne et sur cette guerre qui a été engagée en dehors du droit international et puis nous avons, nous, Européens, par rapport aux Américains sans doute, une vision différente de ce qu'il faut faire pour organiser le monde, pour mettre fin à certains désordres dans le monde.
Maintenant, toutes ces raisons que je viens de dire sont des raisons pour dialoguer ensemble, dès l'instant où nous nous respectons.
Q - A partir du moment où Georges Bush est conforté, légitimé dans sa politique, pour modifier, pour améliorer ces relations franco-américaines, il faudrait qu'il y ait une initiative, la France est-elle prête à prendre une initiative ? Aujourd'hui, l'Allemagne appelait plutôt les Etats-Unis à faire un geste, vous dites, qui doit faire ce geste ?
R - Mais nous devons faire les gestes ensemble, encore une fois, il ne s'agit pas de rétablir des relations diplomatiques, nous sommes alliés et amis et nous avons des désaccords.
Ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas reprocher aux Américains d'être forts. En ce qui me concerne je regrette plutôt assez souvent que les Européens soient faibles. Ce que je sais aussi, c'est que, partout dans le monde où il y a des crises ou des guerres - les plus sérieuses et les plus graves sont en Irak aujourd'hui ainsi que ce conflit central israélo-palestinien - nous ne sortirons de ces crises et de ces guerres que par une action coordonnée des Américains, des Européens, et, dans le cadre du Proche-Orient, des pays arabes.
Nous avons donc besoin, je le disais à propos des Européens, d'affirmer, en ayant confiance en nous-mêmes, notre dimension politique et probablement, comme cela, vous parliez de gestes, probablement ainsi, les Américains comprendront qu'ils peuvent compter sur nous comme des alliés sûrs mais que l'on respecte.
L'alliance, ce n'est pas l'allégeance.
Q - Vous attendez une main tendue, une parole de la part de Georges Bush ?
R - Mais, lorsque vous regardez le monde, partout autour de nous, avec ces explosions, cette insécurité, nous savons qu'il faut sortir de ces crises et que l'on en sortira que si les Américains et les Européens agissent ensemble. Cela veut dire aussi peut-être pour les Américains de se rapprocher de cette idée du multéralisme que nous avançons pour organiser le monde. Il n'y a pas qu'une seule superpuissance et le désordre tout autour, il y a plusieurs puissances. Les Européens, s'ils le veulent et c'est l'objet de cette Constitution qui sera bientôt en débat, peuvent s'organiser pour être un acteur global mais les Russes, les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, les Africains aussi comptent dans ce monde.
Q - Mais, pensez-vous sincèrement, Monsieur le Ministre, que Georges Bush, réélu, peut faire ce chemin-là vers ce multilatéralisme que vous appelez de vos voeux, vous le pensez vraiment ?
R - J'en suis convaincu. Prenons le cas de ces deux crises les plus sérieuses, les plus dramatiques.
La crise irakienne, ce n'est pas par des soldats supplémentaires ou par des opérations militaires que l'on en sortira, c'est par la négociation politique, par la souveraineté redonnée au peuple irakien et par le dialogue politique.
Et s'agissant du conflit le plus central, le plus grave à mes yeux qu'est le conflit israélo-palestinien, je suis sûr d'une chose, c'est qu'il faut rétablir le dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens et qu'on ne peut le faire que si Américains et Européens agissent ensemble. Voilà ce à quoi nous sommes prêts, nous sommes prêts à ce dialogue, dès l'instant où nous nous respectons.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 novembre 2004)
R - Nous n'avions pas de préférence ni de pronostic à émettre sur le choix souverain du peuple américain. J'observe d'ailleurs que le peuple américain a donné au monde entier une belle leçon de démocratie.
Quand je vous écoute, j'ai un peu le sentiment qu'il s'agirait de rétablir des relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis, franchement, nous sommes alliés, nous sommes amis, durablement et depuis très longtemps.
Nous sommes, d'ailleurs, nous, Français, les alliés les plus anciens des Etats-Unis, ils sont nos alliés les plus anciens et nous travaillons ensemble dans beaucoup de domaines, contre le terrorisme partout dans le monde, pour rétablir la stabilité au Kosovo, en Afghanistan, pour rétablir la sécurité en Haïti.
Q - Mais, vous reconnaissez tout de même qu'il y a des relations difficiles aussi ?
R - Oui, nous avons des désaccords, nous avons eu un désaccord extrêmement clair et net sur la question irakienne et sur cette guerre qui a été engagée en dehors du droit international et puis nous avons, nous, Européens, par rapport aux Américains sans doute, une vision différente de ce qu'il faut faire pour organiser le monde, pour mettre fin à certains désordres dans le monde.
Maintenant, toutes ces raisons que je viens de dire sont des raisons pour dialoguer ensemble, dès l'instant où nous nous respectons.
Q - A partir du moment où Georges Bush est conforté, légitimé dans sa politique, pour modifier, pour améliorer ces relations franco-américaines, il faudrait qu'il y ait une initiative, la France est-elle prête à prendre une initiative ? Aujourd'hui, l'Allemagne appelait plutôt les Etats-Unis à faire un geste, vous dites, qui doit faire ce geste ?
R - Mais nous devons faire les gestes ensemble, encore une fois, il ne s'agit pas de rétablir des relations diplomatiques, nous sommes alliés et amis et nous avons des désaccords.
Ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas reprocher aux Américains d'être forts. En ce qui me concerne je regrette plutôt assez souvent que les Européens soient faibles. Ce que je sais aussi, c'est que, partout dans le monde où il y a des crises ou des guerres - les plus sérieuses et les plus graves sont en Irak aujourd'hui ainsi que ce conflit central israélo-palestinien - nous ne sortirons de ces crises et de ces guerres que par une action coordonnée des Américains, des Européens, et, dans le cadre du Proche-Orient, des pays arabes.
Nous avons donc besoin, je le disais à propos des Européens, d'affirmer, en ayant confiance en nous-mêmes, notre dimension politique et probablement, comme cela, vous parliez de gestes, probablement ainsi, les Américains comprendront qu'ils peuvent compter sur nous comme des alliés sûrs mais que l'on respecte.
L'alliance, ce n'est pas l'allégeance.
Q - Vous attendez une main tendue, une parole de la part de Georges Bush ?
R - Mais, lorsque vous regardez le monde, partout autour de nous, avec ces explosions, cette insécurité, nous savons qu'il faut sortir de ces crises et que l'on en sortira que si les Américains et les Européens agissent ensemble. Cela veut dire aussi peut-être pour les Américains de se rapprocher de cette idée du multéralisme que nous avançons pour organiser le monde. Il n'y a pas qu'une seule superpuissance et le désordre tout autour, il y a plusieurs puissances. Les Européens, s'ils le veulent et c'est l'objet de cette Constitution qui sera bientôt en débat, peuvent s'organiser pour être un acteur global mais les Russes, les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, les Africains aussi comptent dans ce monde.
Q - Mais, pensez-vous sincèrement, Monsieur le Ministre, que Georges Bush, réélu, peut faire ce chemin-là vers ce multilatéralisme que vous appelez de vos voeux, vous le pensez vraiment ?
R - J'en suis convaincu. Prenons le cas de ces deux crises les plus sérieuses, les plus dramatiques.
La crise irakienne, ce n'est pas par des soldats supplémentaires ou par des opérations militaires que l'on en sortira, c'est par la négociation politique, par la souveraineté redonnée au peuple irakien et par le dialogue politique.
Et s'agissant du conflit le plus central, le plus grave à mes yeux qu'est le conflit israélo-palestinien, je suis sûr d'une chose, c'est qu'il faut rétablir le dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens et qu'on ne peut le faire que si Américains et Européens agissent ensemble. Voilà ce à quoi nous sommes prêts, nous sommes prêts à ce dialogue, dès l'instant où nous nous respectons.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 novembre 2004)