Texte intégral
F. Beaudonnet - L'assurance maladie réformée, les retraites réformées, le statut d'EDF réformé ; F. Hollande, bonjour !
R - "Bonjour !"
F. Beaudonnet - Le Gouvernement est-il en train de réussir sur les bancs de l'hémicycle ce que la rue a toujours refusé ?
R - "Ah ! Si réussir c'est faire des réformes injustes, alors convenons que le Gouvernement y réussit en ce moment puisque ce qui va se passer sur l'assurance maladie, ce sont des prélèvements, d'abord sur les Français au 1er janvier 2005, qu'ils ne vont pas avoir d'effets, hélas, sur l'ampleur des déficits de la Sécurité sociale et qu'il faudra de nouveau la renflouer et notamment par emprunt, ce qui a été condamné au-delà même des rangs de la gauche."
F. Beaudonnet - Alors cette réforme de l'assurance maladie, vous dites effectivement que c'est une réforme inefficace. P. Douste-Blazy dit, lui, qu'en 2007 il va arriver à l'équilibre. Est-ce que vous avez chiffré le déficit qu'il y aura dans trois ans, selon vous, puisque cette réforme est inefficace ?
R - "Ce n'est pas la gauche qui a chiffré l'ampleur du déficit qui va demeurer et qui va même peut-être s'aggraver, c'est le ministère de l'Economie et des Finances lui-même, et c'est là que les contradictions sont maximales au sein même du gouvernement. D'un côté, on nous fait des prélèvements supplémentaires et de l'autre, parce qu'il n'y a pas de réforme de structure, justement, sur l'organisation du système de santé, le ministère des Finances a prévu qu'en 2007, il y aurait encore de 7 à 10 milliards d'euros de déficit et comment ces milliards d'euros de déficit seront-ils comblés ? Soit par de nouveaux prélèvements, soit par des déremboursements, et c'est ça le plus grave aussi, parce que ça veut dire que tous les Français n'auront plus l'égal accès à la santé. Il y a un risque aujourd'hui, au-delà de cet euro qu'on nous demande sur chaque acte de consultation, qu'il y ait demain 2, 3, 4 euros, voire même qu'on nous dise que certains médicaments, que certaines prestations ne pourront plus maintenant être remboursées. Et enfin, le Gouvernement a prévu dans la loi qui est maintenant votée que ces déficits seront couverts par emprunts. Cela veut dire que nos enfants, nos petits enfants, pour les générations qui viennent, paieront pour nos déficits d'aujourd'hui."
F. Beaudonnet - F. Hollande, sur ce dossier et particulièrement sur celui du remboursement de l'emprunt, vous êtes exactement sur la même ligne que F. Bayrou. On vous a vus d'ailleurs à l'Assemblée en discuter. Est-ce que ça veut dire que c'est vous qui avez une protestation finalement faible ou est-ce que c'est la droite ou le centre qui se radicalise dans sa protestation ?
R - "Ça veut dire que quand un texte est mauvais, il n'y a pas simplement que l'opposition, la gauche, qui le dénonce et pas pour des raisons politiques, pour des raisons de fond, ça veut dire qu'une partie de la droite. Aujourd'hui, F. Bayrou et l'UDF, considèrent qu'effectivement - c'est les mots qui ont été utilisés dans le débat : "ce n'est pas moral que de financer nos déficits d'aujourd'hui par des emprunts qui seront, en fait, des impôts pour demain". Et je crois qu'il y a eu, là, une dénonciation qui a considérablement embarrassée le Gouvernement et la majorité UMP, parce qu'il y avait, là, simplement, la révélation d'une illusion."
F. Beaudonnet - Alors dans un peu moins d'une heure sera remis à G. de Robien, le ministre des Transports, un rapport sur le service minimum. C'est un sujet extrêmement polémique. Il y a dans ce rapport en particulier des recommandations, alors assez prudentes quand même, autour du fait qu'il faudrait dire que l'on va se mettre en grève quarante-huit heures à l'avance. Est-ce que pour vous c'est le droit de grève qui est bafoué ou est-ce que c'est le droit, par exemple, de se rendre à son travail le matin qui est respecté ?
R - "Chacun connaît le problème, il y a des grèves dans un certain nombre de services publics, pas forcément aussi nombreuses que le Gouvernement le prétend et parfois causent même des décisions du Gouvernement et puis il y a un embarras qui est réel pour les usagers. Chacun connaît le problème. Est-ce que c'est la bonne manière de le traiter de passer par une loi ? Je ne le pense pas. Il faut négocier. Les aménagements d'organisation du travail, de la grève, ça se passe par la négociation entre partenaires sociaux, sinon ça fait des textes qui ne sont jamais appliqués. Et deuxièmement, il ne s'agit pas là d'un aménagement du droit de grève, il s'agit d'une limitation du droit de grève, parce que demander plusieurs jours à l'avance à tout salarié du secteur public de dire qu'il va être, le jour venu, gréviste et que s'il est dans la situation où il ne s'est pas déclaré et qu'il fait grève, il va être sanctionné, il ne s'agit plus d'aménager je ne sais quel service continu, il s'agit de toucher au droit fondamental de la grève et c'est pourquoi je pense que ce texte, s'il était pris en l'état, soit extrêmement dangereux pour les libertés."
F. Beaudonnet - Le rapport n'est pas encore totalement rendu public mais on a déjà un certain nombre d'éléments d'information là-dessus. Est-ce à dire que, là-dessus, vous serez absolument dans l'opposition de ce texte ?
R - "Oui, mais, vous savez, nous ne sommes pas dans l'opposition pour être dans l'opposition et nous avons à faire des propositions chaque fois sur l'assurance maladie, sur les services publics, mais ce qui est quand même très grave c'est que de texte en texte on voit bien qu'il y a bon nombre d'acquis sociaux fondamentaux qui sont remis en cause. J'évoquais l'égal accès de tous à la santé, voilà maintenant la question même de la place du service public dans notre société, je pense qu'il n'y a pas simplement un acte de résistance de la part de l'opposition, maintenant il faut convaincre les Français que lorsqu'on touche à telle ou telle catégorie, ce sont leurs droits propres qui sont concernés."
F. Beaudonnet - Mais, F. Hollande, vous protestez ici, vous protestez aussi sur les bancs de l'Assemblée nationale, mais dans la rue la mobilisation n'est pas là. Est-ce que ça veut dire que cette mobilisation est impossible ou est-ce que c'est une mobilisation que vous n'avez pas su faire ?
R - "Mais moi je ne souhaite pas que la rue soit un substitut à l'action politique"
F. Beaudonnet - Ce n'est pas forcément une manifestation, par exemple là, la réforme de l'assurance maladie s'est passée dans une relative indifférence, c'est parce que c'est l'été ?
R - "Eh bien, écoutez ! ça s'est passé en plein mois de juillet, on nous annonce pour le début du mois d'août le texte sur la décentralisation, précisément parce que le Gouvernement sait son impopularité."
F. Beaudonnet - Vous pensez qu'il va utiliser le 49.3 sur la décentralisation ?
R - "Je le crains, je le crains, c'est-à-dire qu'on veut passer en force pour deux raisons. D'abord parce que le Gouvernement connaît, je le disais, son impopularité, et sait ce qu'il pourrait risquer si ces textes étaient délibérés, j'allais dire en période de rentrée. Et la deuxième raison, c'est que tout le monde le sait aujourd'hui, peut-être pas les Français, donc je veux leur dire que J.-P. Raffarin ne sera pas là, sans doute à la fin du mois de septembre et parce que le Gouvernement va changer, parce qu'il y a des crises profondes au sommet de l'Etat. A-t-on vu ces images du 14 juillet, qui ne sont pas dignes de ce que la responsabilité de l'Etat, eh bien parce qu'il y a une crise au sommet de l'Etat, on veut faire légiférer le Parlement pour voter des textes parce que le Premier ministre est en train de préparer son paquetage. Je pense que ce comportement-là et du Président de la République et du Premier ministre et du Gouvernement dans son ensemble, n'est pas conforme à ce qu'on attend aujourd'hui de responsables."
F. Beaudonnet - Vous êtes de ceux qui disent : le gouvernement est en train de faire passer toutes les réformes, même si elles sont parfois difficiles à faire passer, justement avant son remaniement qui aura lieu au mois de septembre ?
R - "Oui, je pense qu'il y a deux raisons à cette précipitation : la première, c'est parce que c'est l'été et que l'on veut passer en force, et puis la deuxième, c'est qu'effectivement, le Premier ministre est en train d'essayer de se constituer - ce n'est pas facile pour lui, je le concède - un bilan, avant de partir. Alors il faut voter des textes, mais de mauvais textes, parce que le texte sur la décentralisation, ce n'est pas simplement quelques principes inscrits dans le marbre de la législation française, ça va être sans doute des transferts de compétences sans les moyens correspondants et donc des impôts locaux pour tous les Français, dès le premier janvier 2005."
F. Beaudonnet - Ce remaniement, s'il intervient à la rentrée, finalement vous serez satisfait puisque vous, vous le demandez depuis les deux derniers scrutins ?
R - "Mais moi je ne cherche pas des changements de personnes, ça c'est la responsabilité du chef de l'Etat. Visiblement, il a des querelles à livrer ou à terminer, en tout cas à régler. Nous, ce que nous demandons c'est un changement de politique. Mais je sais bien que quel que soit le Premier ministre il y aura toujours cette volonté de libéraliser notre pays. Je ne crois pas que ce soit le bon chemin. Alors c'est pour ça que je dis, il y a sans doute trois ans à attendre, jusqu'en 2007 et qu'il faut que l'opposition soit responsable pour tous, c'est-à-dire être capable non seulement de critiquer, c'est le plus facile, mais de proposer, je le ferai, tout au long des mois qui viennent parce que c'est très important que les Français aient confiance dans la politique, aient confiance dans l'avenir."
F. Beaudonnet - Sur la guerre qui oppose J. Chirac à N. Sarkozy, vous avez demandé au Président de la République, de remettre de l'ordre dans la maison de l'Etat. En quoi l'opposition a à se prononcer là-dessus dans la mesure où ces deux hommes, sur le plan par exemple des politiques économiques, sont exactement sur la même ligne ?
R - "Oui, c'est bien parce que ce n'est pas un débat de fond, ce n'est pas un débat d'idées que la joute, le conflit, le combat au sein même de l'Etat est insupportable. Moi je constate que le Gouvernement et le Président de la République ont tous les pouvoirs aujourd'hui. Qu'en font-ils ? Ils en font mauvais usage sur le plan politique, ils n'ont pas de majorité dans le pays, on l'a bien vu au moment des élections régionales et cantonales et encore au moment des élections européennes. Ils perdent même leur majorité au Parlement - vous avez évoqué l'attitude de l'UDF. Eh bien, comme si ça ne suffisait pas, aujourd'hui, il y a une crise au sein de l'UMP, mais je pense que cette crise n'est même pas bonne pour notre pays. Parce qu'en définitive, on voit bien que sur le budget de l'Etat, sur la Sécurité Sociale, cette querelle au sommet de l'Etat se traduit à chaque fois par une surenchère à droite."
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 21 juillet 2004)
R - "Bonjour !"
F. Beaudonnet - Le Gouvernement est-il en train de réussir sur les bancs de l'hémicycle ce que la rue a toujours refusé ?
R - "Ah ! Si réussir c'est faire des réformes injustes, alors convenons que le Gouvernement y réussit en ce moment puisque ce qui va se passer sur l'assurance maladie, ce sont des prélèvements, d'abord sur les Français au 1er janvier 2005, qu'ils ne vont pas avoir d'effets, hélas, sur l'ampleur des déficits de la Sécurité sociale et qu'il faudra de nouveau la renflouer et notamment par emprunt, ce qui a été condamné au-delà même des rangs de la gauche."
F. Beaudonnet - Alors cette réforme de l'assurance maladie, vous dites effectivement que c'est une réforme inefficace. P. Douste-Blazy dit, lui, qu'en 2007 il va arriver à l'équilibre. Est-ce que vous avez chiffré le déficit qu'il y aura dans trois ans, selon vous, puisque cette réforme est inefficace ?
R - "Ce n'est pas la gauche qui a chiffré l'ampleur du déficit qui va demeurer et qui va même peut-être s'aggraver, c'est le ministère de l'Economie et des Finances lui-même, et c'est là que les contradictions sont maximales au sein même du gouvernement. D'un côté, on nous fait des prélèvements supplémentaires et de l'autre, parce qu'il n'y a pas de réforme de structure, justement, sur l'organisation du système de santé, le ministère des Finances a prévu qu'en 2007, il y aurait encore de 7 à 10 milliards d'euros de déficit et comment ces milliards d'euros de déficit seront-ils comblés ? Soit par de nouveaux prélèvements, soit par des déremboursements, et c'est ça le plus grave aussi, parce que ça veut dire que tous les Français n'auront plus l'égal accès à la santé. Il y a un risque aujourd'hui, au-delà de cet euro qu'on nous demande sur chaque acte de consultation, qu'il y ait demain 2, 3, 4 euros, voire même qu'on nous dise que certains médicaments, que certaines prestations ne pourront plus maintenant être remboursées. Et enfin, le Gouvernement a prévu dans la loi qui est maintenant votée que ces déficits seront couverts par emprunts. Cela veut dire que nos enfants, nos petits enfants, pour les générations qui viennent, paieront pour nos déficits d'aujourd'hui."
F. Beaudonnet - F. Hollande, sur ce dossier et particulièrement sur celui du remboursement de l'emprunt, vous êtes exactement sur la même ligne que F. Bayrou. On vous a vus d'ailleurs à l'Assemblée en discuter. Est-ce que ça veut dire que c'est vous qui avez une protestation finalement faible ou est-ce que c'est la droite ou le centre qui se radicalise dans sa protestation ?
R - "Ça veut dire que quand un texte est mauvais, il n'y a pas simplement que l'opposition, la gauche, qui le dénonce et pas pour des raisons politiques, pour des raisons de fond, ça veut dire qu'une partie de la droite. Aujourd'hui, F. Bayrou et l'UDF, considèrent qu'effectivement - c'est les mots qui ont été utilisés dans le débat : "ce n'est pas moral que de financer nos déficits d'aujourd'hui par des emprunts qui seront, en fait, des impôts pour demain". Et je crois qu'il y a eu, là, une dénonciation qui a considérablement embarrassée le Gouvernement et la majorité UMP, parce qu'il y avait, là, simplement, la révélation d'une illusion."
F. Beaudonnet - Alors dans un peu moins d'une heure sera remis à G. de Robien, le ministre des Transports, un rapport sur le service minimum. C'est un sujet extrêmement polémique. Il y a dans ce rapport en particulier des recommandations, alors assez prudentes quand même, autour du fait qu'il faudrait dire que l'on va se mettre en grève quarante-huit heures à l'avance. Est-ce que pour vous c'est le droit de grève qui est bafoué ou est-ce que c'est le droit, par exemple, de se rendre à son travail le matin qui est respecté ?
R - "Chacun connaît le problème, il y a des grèves dans un certain nombre de services publics, pas forcément aussi nombreuses que le Gouvernement le prétend et parfois causent même des décisions du Gouvernement et puis il y a un embarras qui est réel pour les usagers. Chacun connaît le problème. Est-ce que c'est la bonne manière de le traiter de passer par une loi ? Je ne le pense pas. Il faut négocier. Les aménagements d'organisation du travail, de la grève, ça se passe par la négociation entre partenaires sociaux, sinon ça fait des textes qui ne sont jamais appliqués. Et deuxièmement, il ne s'agit pas là d'un aménagement du droit de grève, il s'agit d'une limitation du droit de grève, parce que demander plusieurs jours à l'avance à tout salarié du secteur public de dire qu'il va être, le jour venu, gréviste et que s'il est dans la situation où il ne s'est pas déclaré et qu'il fait grève, il va être sanctionné, il ne s'agit plus d'aménager je ne sais quel service continu, il s'agit de toucher au droit fondamental de la grève et c'est pourquoi je pense que ce texte, s'il était pris en l'état, soit extrêmement dangereux pour les libertés."
F. Beaudonnet - Le rapport n'est pas encore totalement rendu public mais on a déjà un certain nombre d'éléments d'information là-dessus. Est-ce à dire que, là-dessus, vous serez absolument dans l'opposition de ce texte ?
R - "Oui, mais, vous savez, nous ne sommes pas dans l'opposition pour être dans l'opposition et nous avons à faire des propositions chaque fois sur l'assurance maladie, sur les services publics, mais ce qui est quand même très grave c'est que de texte en texte on voit bien qu'il y a bon nombre d'acquis sociaux fondamentaux qui sont remis en cause. J'évoquais l'égal accès de tous à la santé, voilà maintenant la question même de la place du service public dans notre société, je pense qu'il n'y a pas simplement un acte de résistance de la part de l'opposition, maintenant il faut convaincre les Français que lorsqu'on touche à telle ou telle catégorie, ce sont leurs droits propres qui sont concernés."
F. Beaudonnet - Mais, F. Hollande, vous protestez ici, vous protestez aussi sur les bancs de l'Assemblée nationale, mais dans la rue la mobilisation n'est pas là. Est-ce que ça veut dire que cette mobilisation est impossible ou est-ce que c'est une mobilisation que vous n'avez pas su faire ?
R - "Mais moi je ne souhaite pas que la rue soit un substitut à l'action politique"
F. Beaudonnet - Ce n'est pas forcément une manifestation, par exemple là, la réforme de l'assurance maladie s'est passée dans une relative indifférence, c'est parce que c'est l'été ?
R - "Eh bien, écoutez ! ça s'est passé en plein mois de juillet, on nous annonce pour le début du mois d'août le texte sur la décentralisation, précisément parce que le Gouvernement sait son impopularité."
F. Beaudonnet - Vous pensez qu'il va utiliser le 49.3 sur la décentralisation ?
R - "Je le crains, je le crains, c'est-à-dire qu'on veut passer en force pour deux raisons. D'abord parce que le Gouvernement connaît, je le disais, son impopularité, et sait ce qu'il pourrait risquer si ces textes étaient délibérés, j'allais dire en période de rentrée. Et la deuxième raison, c'est que tout le monde le sait aujourd'hui, peut-être pas les Français, donc je veux leur dire que J.-P. Raffarin ne sera pas là, sans doute à la fin du mois de septembre et parce que le Gouvernement va changer, parce qu'il y a des crises profondes au sommet de l'Etat. A-t-on vu ces images du 14 juillet, qui ne sont pas dignes de ce que la responsabilité de l'Etat, eh bien parce qu'il y a une crise au sommet de l'Etat, on veut faire légiférer le Parlement pour voter des textes parce que le Premier ministre est en train de préparer son paquetage. Je pense que ce comportement-là et du Président de la République et du Premier ministre et du Gouvernement dans son ensemble, n'est pas conforme à ce qu'on attend aujourd'hui de responsables."
F. Beaudonnet - Vous êtes de ceux qui disent : le gouvernement est en train de faire passer toutes les réformes, même si elles sont parfois difficiles à faire passer, justement avant son remaniement qui aura lieu au mois de septembre ?
R - "Oui, je pense qu'il y a deux raisons à cette précipitation : la première, c'est parce que c'est l'été et que l'on veut passer en force, et puis la deuxième, c'est qu'effectivement, le Premier ministre est en train d'essayer de se constituer - ce n'est pas facile pour lui, je le concède - un bilan, avant de partir. Alors il faut voter des textes, mais de mauvais textes, parce que le texte sur la décentralisation, ce n'est pas simplement quelques principes inscrits dans le marbre de la législation française, ça va être sans doute des transferts de compétences sans les moyens correspondants et donc des impôts locaux pour tous les Français, dès le premier janvier 2005."
F. Beaudonnet - Ce remaniement, s'il intervient à la rentrée, finalement vous serez satisfait puisque vous, vous le demandez depuis les deux derniers scrutins ?
R - "Mais moi je ne cherche pas des changements de personnes, ça c'est la responsabilité du chef de l'Etat. Visiblement, il a des querelles à livrer ou à terminer, en tout cas à régler. Nous, ce que nous demandons c'est un changement de politique. Mais je sais bien que quel que soit le Premier ministre il y aura toujours cette volonté de libéraliser notre pays. Je ne crois pas que ce soit le bon chemin. Alors c'est pour ça que je dis, il y a sans doute trois ans à attendre, jusqu'en 2007 et qu'il faut que l'opposition soit responsable pour tous, c'est-à-dire être capable non seulement de critiquer, c'est le plus facile, mais de proposer, je le ferai, tout au long des mois qui viennent parce que c'est très important que les Français aient confiance dans la politique, aient confiance dans l'avenir."
F. Beaudonnet - Sur la guerre qui oppose J. Chirac à N. Sarkozy, vous avez demandé au Président de la République, de remettre de l'ordre dans la maison de l'Etat. En quoi l'opposition a à se prononcer là-dessus dans la mesure où ces deux hommes, sur le plan par exemple des politiques économiques, sont exactement sur la même ligne ?
R - "Oui, c'est bien parce que ce n'est pas un débat de fond, ce n'est pas un débat d'idées que la joute, le conflit, le combat au sein même de l'Etat est insupportable. Moi je constate que le Gouvernement et le Président de la République ont tous les pouvoirs aujourd'hui. Qu'en font-ils ? Ils en font mauvais usage sur le plan politique, ils n'ont pas de majorité dans le pays, on l'a bien vu au moment des élections régionales et cantonales et encore au moment des élections européennes. Ils perdent même leur majorité au Parlement - vous avez évoqué l'attitude de l'UDF. Eh bien, comme si ça ne suffisait pas, aujourd'hui, il y a une crise au sein de l'UMP, mais je pense que cette crise n'est même pas bonne pour notre pays. Parce qu'en définitive, on voit bien que sur le budget de l'Etat, sur la Sécurité Sociale, cette querelle au sommet de l'Etat se traduit à chaque fois par une surenchère à droite."
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 21 juillet 2004)