Interview de M. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, dans "Le Parisien" du 20 janvier 2005, sur la question du service minimum en cas de grève dans la fonction publique, le pouvoir d'achat des fonctionnaires.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

QUESTION : Avec le retour des grèves dans les transports se repose la question du service minimum promis par la droite depuis plusieurs années. Quelle est votre position ?
Nicolas SARKOZY (Réponse) : C'est un engagement que nous avons pris collectivement lors des élections de 2002. Il doit être tenu avant la fin de cette législature en 2007. Je souhaite donc, en tant que président de l'UMP, que soit adoptée une loi sur l'organisation de ce service minimum dans les transports. J'observe qu'il existe déjà dans les hôpitaux et à la télévision. Il n'y a donc aucune raison qu'il ne soit pas mis en place dans les transports en commun. Il permettra, aux heures de pointe, à des gens qui ne sont pour rien dans la grève de pouvoir se rendre à leur travail. Dans le cadre du monopole, les usagers ne doivent pas avoir le sentiment d'être pris en otages.
QUESTION : Ce retour du mécontentement social, en ce début d'année, vous inquiète-t-il ?
Nicolas SARKOZY (Réponse) : Ce n'est pas parce qu'il y avait moins de manifestations que le mécontentement social avait disparu. Nous devons toujours être attentifs et à l'écoute. Les fonctionnaires notamment se posent des questions sur leur statut et leur métier. On peut les comprendre. Ils ont dû s'adapter, et ce n'est pas fini. Comme les employés du privé, ils veulent gagner davantage. Il faut dire que les 35 heures ont fait aussi des ravages dans le secteur public. Par ailleurs, il y a trop de rigidités, et pas assez de mobilité pour passer d'une administration à une autre. La question de la réduction de la dépense publique et donc de la diminution des effectifs reste posée. Enfin, il est indispensable d'associer les fonctionnaires aux gains de productivité dégagés par la modernisation de la fonction publique. Il faut leur redonner en pouvoir d'achat une partie des économies réalisées par les gains de productivité qui sont la conséquence notamment du non-remplacement de tous les départs en retraite.
QUESTION : Faut-il rouvrir une négociation salariale dans la fonction publique avec les syndicats ?
Nicolas SARKOZY (Réponse) : Chacun comprend qu'une négociation nationale a peu de chances d'aboutir. Les métiers sont trop différents. Quel point commun y a-t-il entre une infirmière dans un hôpital, un agent de police et un cadre de l'Équipement ? Une discussion globale fait obstacle à la nécessaire individualisation et à la reconnaissance des spécificités. Or, les fonctionnaires ont besoin de promotion sociale. Eux aussi veulent avoir la liberté de travailler plus, pour obtenir davantage de pouvoir d'achat.
QUESTION : Diriez-vous comme François Bayrou que la fracture sociale s'aggrave et se déplace vers les classes moyennes ?
Nicolas SARKOZY (Réponse) : De fait, chacun peut constater que la promotion sociale est plus difficile qu'il y a vingt ans. Que l'intégration fonctionne moins bien aujourd'hui. Que l'attention sociale ne peut être exclusivement celle que nous devons porter aux exclus. Ce qu'on appelle les classes moyennes ont soif de promotion sociale, et il nous appartient de leur apporter des réponses. On peut avoir un travail, une famille, un logement, et trouver que la vie est dure.

(Source http://www.u-m-p.org, le 20 janvier 2005)