Texte intégral
Déclaration de Jean-François Roubaud précédant l'intervention de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'économie:
Monsieur le Ministre d'Etat,
En vous accueillant l'année dernière à Planète PME, en tant que Ministre de l'Intérieur, j'ai loué votre énergie communicative, votre volonté d'initiative, votre culture du résultat, trois qualités qui sont fondamentalement celles de l'entrepreneur.
Vous avez bien voulu, en réponse, m'assurer partager nos valeurs et pouvoir être, de ce fait, adhérent de la CGPME.
Si j'osais, je dirais que c'est le moment de concrétiser cette vocation.
Je suis heureux de le constater :
de Beauvau à Bercy, vos dossiers ont changé, mais pas vous, pas votre méthode, ni votre style.
Je vous regarde, et je vous reconnais.
Parler vrai, agir juste, voilà ce que je vais m'efforcer de faire, voilà ce que nous attendons du gouvernement.
Nous sommes les meilleurs atouts de la diversité et de la force de la France, de la formation et du travail des Français.
Nous faisons la diversité de la France
Nos PME forment un tissu économique varié :
le commerce,
l'industrie,
les services,
elles jouent un rôle moteur dans l'aménagement du territoire,
elles contribuent par leur présence à la pérennité des villages, à la sécurité des agglomérations.
Elles concourent au financement des collectivités locales.
Elles rendent, avec le commerce de proximité, un service irremplaçable, et avec l'hôtellerie-restauration, elles portent des valeurs culturelles et servent l'image du pays ainsi que son développement touristique.
Nous avons, comme vous le savez, fermement milité pour l'application dans ce secteur de la TVA à taux réduit, et nous comptons sur le gouvernement pour l'obtenir dans les meilleurs délais.
Nous apprécions le dispositif d'aide qui est mis en place dès maintenant.
Il est capital de pouvoir à la fois revaloriser les salaires, améliorer l'attractivité de la profession, créer des emplois et rendre à la collectivité tout entière, par le développement de l'activité, au moins autant que l'investissement consenti.
C'est ce que nous avons fait en son temps, avec une mesure identique, dans le bâtiment qui a créé 70 000 emplois.
Nous sommes la force de la France
Ce sont les PME qui représentent :
60 % des investissements,
53 % de la valeur ajoutée,
1/3 des exportations.
Nous sommes le meilleur atout pour la formation et le travail des Français.
Les PME représentent 85 % des salariés du secteur privé.
Elles ont créé 2 millions et demi d'emplois en 20 ans.
Elles accueillent la quasi-totalité des contrats d'insertion, de formation en alternance ou des contrats jeunes mis en place par le gouvernement.
Pour nous, la valeur ajoutée c'est l'homme. Telle est notre devise. Pour nous, la définition du patron de PME va bien au-delà des critères de taille ou d'activité :
* C'est un entrepreneur qui a décidé de créer lui-même son propre revenu,
* Il prend des risques personnels pour réaliser son projet,
* Il estime que la richesse créée n'a pas pour seul but le profit individuel mais une valeur collective,
* Il incarne le refus d'une financiarisation excessive de la vie économique, et rappelle que l'entreprise est d'abord là pour servir ses clients, et permettre l'épanouissement de ses salariés,
* Il considère le travail comme une valeur d'émancipation et non comme un fardeau dont il faut se débarrasser le plus rapidement possible.
Que partageons-nous avec vous ?
- La lucidité du constat sur l'état alarmant de nos finances publiques
- La volonté de défendre le travail comme une liberté et comme une valeur
- La nécessité absolue de créer un environnement favorable à la croissance et à l'emploi, c'est-à-dire la confiance.
Qu'attendons-nous de vous pour l'essentiel ?
Sur la fiscalité
Il faut passer d'une fiscalité confiscatoire à une fiscalité incitative, en commençant par tenir l'engagement du Président de la République de faire revenir, en 5 ans, la fiscalité des entreprises à la moyenne européenne.
Cela veut dire évidemment qu'il faut commencer par ne pas augmenter les charges, par exemple en remettant en cause les abattements consentis pour les 35 heures et l'alignement des SMIC par le haut.
Nous sommes avec vous sur la même longueur d'ondes : les 35 heures, décision de l'Etat, sont un non sens économique qui perturbe le fonctionnement de nos entreprises.
L'augmentation des SMIC est aussi une décision de l'Etat. Il serait incompréhensible d'en faire régler la note aux entreprises en alourdissant le coût du travail , et donc notre compétitivité, et notre capacité à créer des emplois.
En revanche, je vous le dis tout net, je suis prêt à prendre, dans le cadre du dialogue social, toute initiative permettant de ne pas enfermer ce pays dans l'idée funeste que c'est en travaillant moins qu'on s'en sortira mieux.
Le libre choix doit être la règle, sans pénaliser celui ou celle qui a bien le droit, en travaillant davantage, de gagner plus.
Cette ouverture vaut également pour notre participation à une réforme équilibrée de la taxe professionnelle.
Sur la simplification
Nous sommes impatients de nouveaux trains de simplification de cette paperasserie qui empoisonne notre vie quotidienne.
Un seul exemple : soyez le ministre qui aura réduit à quelques lignes la fiche de paye, et rendu aux patrons de PME du temps précieux pour s'occuper de créer des richesses pour leurs salariés et le pays.
Sur l'équité des relations commerciales
Nous avons signé l'accord que vous avez proposé pour une baisse durable des prix au bénéfice des consommateurs.
Nous pensons, comme vous, que la situation actuelle dans la grande distribution, n'est satisfaisante ni sur les marges arrières, ni sur les accords de gamme, ni sur l'accès aux linéaires.
Nous sommes, vous le savez, hostiles à une extension des grandes surfaces ou à l'ouverture le dimanche, comme à toute remise en cause de la loi Galland, non qu'elle soit parfaite, mais parce que les équilibres du système sont très fragiles.
Je sais combien le concept d'équité vous est cher.
L'équité, ce n'est pas de faire financer le développement international des grandes surfaces sur le dos de ceux qui rendent un service quotidien et proche aux Français.
L'équité, ce n'est pas de vider les centres-villes et d'anémier les villages au profit de grands centres péri-urbains.
L'équité, ce n'est pas de laisser comprimer les marges des PME et les produits des petits producteurs par un système arrogant et surpuissant, qui a quelques efforts à faire en notre direction pour nous convaincre qu'il est adepte d'une concurrence saine et loyale.
Tout abus de position dominante de la grande distribution est légitimement vécu comme une mise en cause du commerce de proximité et des PME.
Nous sommes comptables auprès d'eux, auprès de vous, et je l'espère et je le crois avec vous, d'un équilibre de notre commerce qui est aussi, Monsieur le Ministre d'Etat, un enjeu humain, un enjeu culturel, un enjeu pour l'emploi.
Sur le fonctionnement des PME
Nous approuvons votre décision de créer autour de la BDPME et de son Président Jean-Pierre DENIS, avec l'ANVAR, l'APCE et l'Agence des PME une small business administration.
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Lancez la mise en place d'une véritable révolution, celle du small business act " à la française ".
Trouvons ensemble les moyens de doubler le nombre de création d'entreprises, chaque année, en France. Refusons cette fatalité d'avoir un million d'entreprises de moins que dans des pays comme l'Angleterre, qui ont plus de croissance et moins de chômage que nous. Il doit bien y avoir un lien.
Ouvrons nos entreprises, comme la CGPME s'y engage, aux jeunes dès le collège pour susciter des vocations. Poursuivons les mesures favorables à l'initiative économique.
Facilitons le passage à l'acte des créateurs. Développons le parrainage de ces créateurs par des patrons de PME.
Soutenons les initiatives de l'APCE et des conseils régionaux pour la promotion, le suivi individuel et l'accompagnement coordonné des créateurs.
Inscrivons ces démarches dans les contrats de plan Etat-région.
Améliorons les fonds propres de nos PME, dont l'insuffisance est le talon d'Achille.
Soyez audacieux, qu'il s'agisse des fonds d'investissement de proximité ou de l'assurance-vie pour drainer l'épargne vers l'entreprise, là où l'on investit dans les hommes et l'avenir d'une nation.
Relevons le défi de réussir la transmission des 500 000 entreprises qui vont se trouver sur le marché dans les années à venir.
Ne laissons pas gâcher ce patrimoine, l'effort de toute une vie de patron et de salariés, tant de richesses collectives et d'emplois.
Des progrès ont déjà été faits sur la fiscalité de la transmission.
Terminez ce chantier et alignez, comme nous l'attendons depuis tant d'années, les plus-values mobilières sur celles de l'immobilier.
La poursuite d'une entreprise a quand même au moins autant de valeur que la transmission d'un appartement !
Monsieur le Ministre d'Etat,
vous pouvez attendre beaucoup de nous.
Nous attendons beaucoup de vous.
D'abord parce que nous savons que votre tâche est impossible mais que les défis vous stimulent.
Ensuite, parce le pays n'a plus le choix. Le temps est venu d'en finir avec les faux semblants, la dépense sans compter, la recette incertaine, la fiscalité qui décourage, cette vieille pratique qui consiste à prétendre libérer les énergies en contraignant les initiatives.
Enfin, parce que nous représentons un immense potentiel.
Du plus reculé de nos villages à l'autre bout de la planète, il y a toujours, chaque jour, dans le commerce, les services ou l'industrie, un patron de PME qui bouge, ose et entreprend.
Occupez-vous certes des grandes entreprises publiques et privées. Il y a des urgences et, pour nous, les deux univers sont complémentaires. Mais, surtout, appuyez-vous sur les PME.
Ce sont elles qui, pour l'essentiel, vous permettront
de réussir votre politique,
de garantir la croissance,
de créer des emplois,
de faire gagner la France.
(source http://www.cgpme.fr, le 5 juillet 2004
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Déclaration de Jean-François Roubaud précédant l'intrevention de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre :
Monsieur le Premier Ministre,
Madame et Messieurs les ministres,
C'est à nouveau une joie et une fierté de vous accueillir pour cette 2ème édition de Planète PME, notre journée nationale de la CGPME.
Depuis ce matin, la CGPME fait son métier d'organisation professionnelle, représentative, moderne et même, d'après un sondage Ipsos, de partenaire social préféré des Français.
D'abord en affirmant l'identité, la fierté, le sentiment d'appartenance des patrons de PME. Isolés, fragmentés, écartelés entre leurs multiples tâches, ils ont souvent l'impression de manquer de considération. En faisant entendre leur voix, en les rassemblant y compris sur cette Planète PME, nous mettons l'économie réelle au coeur de l'actualité.
Ensuite en additionnant la proximité de nos unions territoriales partout en France et la puissance de nos branches professionnelles. Je veux dire ici à tous nos responsables et dirigeants ma reconnaissance pour leur engagement et ma confiance en l'avenir d'une grande force CGPME.
Enfin, en ayant au cours de cette journée pris en compte tous les grands enjeux de notre avenir, pour répondre aux préoccupations les plus concrètes des 10000 patrons de PME qui participent à cette journée.
Je pense en particulier :
* A la loi sur la formation professionnelle et à l'adaptation de son application dans nos PME.
Un forum permanent a été consacré à cette question prioritaire pour nous comme pour vous.
Former, c'est grandir les hommes, c'est grandir l'entreprise. C'est un contrat gagnant-gagnant entre des salariés mieux formés et des PME plus performantes.
Je pense en particulier :
* A tous nos ateliers, conférences et consultations individuelles sur le cycle de la création, du développement et de la transmission des entreprises.
Je pense également :
* Aux enjeux de l'exportation pour lesquels nous attendons, en particulier de vous et de François LOOS ici présent, la possibilité, pour plus de souplesse et d'efficacité, d'engager le contrat de mission à l'exportation. Ces contrats, que nous vous demandons sont une vraie solution pour conquérir des marchés à l'export.
Je pense enfin :
* A nos deux séances plénières passionnantes, celle de ce matin sur la conjoncture, celle de cet après-midi sur la prospective des marchés, des qualifications et des métiers.
Monsieur le Premier ministre, vous en savez quelque chose, la société moderne est complexe, fluide, mobile, elle a ses humeurs et ses impatiences.
L'information circule à la vitesse de la lumière.
Le temps court des médias rabote le temps long, dont les politiques ont besoin pour obtenir des résultats.
Ou le pouvoir s'enferme dans la contradiction des attentes, et c'est l'immobilisme, donc le déclin.
Ou le pouvoir sait fédérer les attentes, trouver le plus grand dénominateur commun, faire preuve de ténacité et de courage, et c'est la réforme et le développement.
Quels sont ces paradoxes que vous avez à gérer et qui rendent votre tâche aussi périlleuse qu'exaltante ?
Premier paradoxe :
Nous sommes l'un des pays du monde où l'on travaille le moins et où le niveau de productivité de ceux qui travaillent est le plus élevé.
Deuxième paradoxe :
Nous voulons, à juste titre, promouvoir le développement durable pour laisser une planète propre à nos descendants, mais l'Etat, depuis trop longtemps, vit au-dessus de ses moyens en leur laissant aussi la dette et en tirant des traites sur l'avenir de nos enfants.
Troisième paradoxe :
Nous avons une fiscalité supérieure à celle des pays qui se développent le mieux.
Nous avons moins d'entreprises qu'eux, moins de croissance et plus de chômage, notamment aux deux bouts de la chaîne, les jeunes et les seniors.
Quatrième paradoxe :
L'actualité médiatique est dominée par les grandes entreprises et souvent au travers de difficultés ou de polémiques, alors que l'investissement, la croissance et l'emploi sont portés par les PME.
Cinquième paradoxe :
Les jeunes iraient volontiers travailler d'abord dans la fonction publique ou la communication, deux secteurs qui ne créeront pas ou peu d'emplois nets dans les années à venir.
Ils sont moins attirés par les secteurs comme le bâtiment ou l'hôtellerie-restauration, déjà en déficit d'emploi.
Dans le même temps, à ce besoin de sécurité caractérisé par le choix de la fonction publique, ils érigent, à plus de 70 %, en idéal de vie professionnelle réussie la création d'une entreprise et de leur propre revenu.
Sixième paradoxe :
On a trop souvent l'impression que les clivages politiques, les commentaires des médias, les réactions de l'opinion séparent ce qui est du domaine de l'économie et du social, comme si pour partager, il ne fallait pas d'abord avoir produit.
Septième paradoxe :
Les nouveaux modes de vie, le développement de l'urbanisation, l'émergence des quartiers bobos chassent les artisans et les commerçants des centres-villes pendant que se développe la concurrence des grands centres commerciaux en périphérie... le tout en versant une larme nostalgique sur les vertus du commerce de proximité !
Huitième paradoxe :
Les fonctionnaires, lorsqu'ils sont mécontents, cessent le travail, ce qui après tout est leur droit légitime, mais ils empêchent les salariés de travailler, les entreprises de créer les richesses qui permettent d'alimenter le budget de l'Etat. Quand on coupe sauvagement le courant, c'est le pacte économique et social, c'est l'emploi que l'on prend en otage.
Vous voyez, Monsieur le Premier ministre, où je veux en venir avec tous ces paradoxes.
Oui, il faut nous préparer à travailler plus, à l'encontre du mirage des 35 heures, non pour revenir sur la durée légale du travail, mais pour arrêter de pénaliser les entreprises et les salariés qui revendiquent la liberté du travail, de l'effort et de la performance.
Oui, nous ne sommes pas quittes, je vous l'ai dit droit dans les yeux l'année dernière, sur la baisse des charges.
Dès que la croissance sera mieux affirmée, nous vous donnons rendez-vous pour discuter fiscalité des entreprises et coût du travail.
Ces enjeux deviennent stratégiques avec l'Europe à 25, si l'on veut éviter que le problème des délocalisations soit seulement traité, par les uns, comme un slogan électoral démagogique, ou, par les autres comme un voeu pieux.
Oui, nous avons besoin d'une gestion plus fine de l'offre et de la demande, pour remédier au déficit d'emploi qui pénalise déjà des pans entiers de notre économie.
Cela commence avec le système scolaire, la découverte des métiers dès le collège à laquelle la CGPME va participer, là où peuvent s'établir les vocations.
Cela continue avec les efforts consentis au niveau de la TVA ou des aides concernant le bâtiment ou l'hôtellerie-restauration. J'en profite pour vous exprimer notre gratitude pour vos efforts inlassables sur ces deux dossiers.
Cela comprend, pour éviter que le choc démographique de 2006 soit un désastre, la revalorisation des métiers, l'attractivité des grandes branches professionnelles, l'égalité et la parité hommes/femmes.
Nous engageons des actions et des campagnes qui méritent d'obtenir le soutien du gouvernement et le label des causes d'intérêt général.
Oui, l'équité des relations commerciales doit être garantie. Je l'ai dit, ce matin, au ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Nous avons signé l'accord pour une baisse durable des prix au bénéfice des consommateurs.
Nous sommes ouverts à tout accord équilibré entre les différentes formes de distribution.
Nous nous gardons de toute forme de poujadisme ou de guerre ouverte.
Mais nous ne laisserons jamais les grandes surfaces se développer sur le dos des petits commerçants qui rendent un service direct et quotidien aux Français.
Nous ne laisserons pas dépérir nos centres-villes et nos villages au profit de grands centres périphériques.
Il y va du pluralisme commercial, de la production de nos territoires, de notre culture et de nos racines et, disons-le, d'un modèle de société.
Je sais sur tous ces enjeux pouvoir compter sur votre appui.
Oui, nous sommes impatients de voir appliquer le service minimum dans les transports, mais aussi, ne l'oubliez pas, à la Poste : nous voulons éviter la galère des chèques bloqués, des banquiers énervés et des PME asséchées.
Dans notre esprit, ce service garanti vaut aussi bien sûr dans l'énergie, un service public propriété de la nation, et non de quelques excités qui ne se rendent même pas compte qu'en coupant le courant, ils coupent la vie, l'économie, l'énergie d'une nation.
Malgré les difficultés, les revers et les crises, vous avez relevé, Monsieur le Premier Ministre, les trois défis majeurs de l'amélioration de la sécurité des Français, de la garantie de leur retraite, du sauvetage de notre système de santé.
Mais, vous le savez bien, ces réformes ont une caractéristique commune. Elles sont toutes du domaine de la protection.
Vous le savez aussi, il n'y aura d'avenir pour ceux qu'il faut protéger que si ceux qui innovent, créent, produisent, prennent des risques, c'est-à-dire nous, c'est-à-dire vous, ont le sentiment d'être considérés.
Et d'ailleurs, le plan de cohésion sociale que vous nous avez proposé aujourd'hui, Monsieur le Premier ministre, n'a de sens que s'il a à la fois une dimension économique et sociale.
C'est un contrat gagnant-gagnant que je vous propose aujourd'hui.
Aidez-nous à nous développer, à ancrer ce modèle humain et proche de l'économie réelle, à l'opposé de la financiarisation à outrance prête à briser les hommes et à brader l'intérêt national.
Nous vous aiderons à réussir à concilier l'indispensable développement économique avec la nécessaire cohésion sociale, car nous sommes porteurs de cette double dimension économique et sociale.
Chaque artisan, chaque commerçant, chaque patron de PME mériterait de voir son action reconnue d'utilité publique.
C'est pourquoi, le défi majeur, la plus grande des réformes est encore devant vous. Elle est économique mais concerne aussi nos mentalités.
C'est celle de la réforme de l'Etat, pour moins de dépenses publiques, celle de la fiscalité, pour plus d'investissements.
C'est celle qui permettra de retrouver durablement la croissance et de créer des emplois.
C'est celle qui supprimera tous les freins à la création, au développement, à la transmission des entreprises et verra se lever la nouvelle génération d'entrepreneurs dont notre pays a besoin.
C'est celle qui osera affirmer, promouvoir, diffuser les valeurs du travail, du mérite, de l'effort récompensé.
C'est celle qui ne verra plus le succès de celui qui réussit comme un privilège, et l'échec de celui qui ose entreprendre comme une honte.
Ce soir, au cur de cette planète des PME, au milieu de la cohorte des entrepreneurs, je ne vous demande pas, comme une provocation, d'appliquer à la lettre la maxime de Ronald Reagan :
" un grand chef d'entreprise, c'est ce que deviendrait un petit chef d'entreprise si le gouvernement le laissait en paix "
Je vous demande
- d'être fidèle à vous-même
- de concrétiser l'écoute attentive de nos attentes
- de convenir que le seul pacte qui vaille n'est pas seulement social mais économique ET social
- je vous demande de donner la priorité à l'économie réelle, celle que portent, chaque jour, sur leurs épaules, les artisans, les commerçants, les PME de France.
(source http://www.cgpme.fr, le 5 juillet 2004)
Monsieur le Ministre d'Etat,
En vous accueillant l'année dernière à Planète PME, en tant que Ministre de l'Intérieur, j'ai loué votre énergie communicative, votre volonté d'initiative, votre culture du résultat, trois qualités qui sont fondamentalement celles de l'entrepreneur.
Vous avez bien voulu, en réponse, m'assurer partager nos valeurs et pouvoir être, de ce fait, adhérent de la CGPME.
Si j'osais, je dirais que c'est le moment de concrétiser cette vocation.
Je suis heureux de le constater :
de Beauvau à Bercy, vos dossiers ont changé, mais pas vous, pas votre méthode, ni votre style.
Je vous regarde, et je vous reconnais.
Parler vrai, agir juste, voilà ce que je vais m'efforcer de faire, voilà ce que nous attendons du gouvernement.
Nous sommes les meilleurs atouts de la diversité et de la force de la France, de la formation et du travail des Français.
Nous faisons la diversité de la France
Nos PME forment un tissu économique varié :
le commerce,
l'industrie,
les services,
elles jouent un rôle moteur dans l'aménagement du territoire,
elles contribuent par leur présence à la pérennité des villages, à la sécurité des agglomérations.
Elles concourent au financement des collectivités locales.
Elles rendent, avec le commerce de proximité, un service irremplaçable, et avec l'hôtellerie-restauration, elles portent des valeurs culturelles et servent l'image du pays ainsi que son développement touristique.
Nous avons, comme vous le savez, fermement milité pour l'application dans ce secteur de la TVA à taux réduit, et nous comptons sur le gouvernement pour l'obtenir dans les meilleurs délais.
Nous apprécions le dispositif d'aide qui est mis en place dès maintenant.
Il est capital de pouvoir à la fois revaloriser les salaires, améliorer l'attractivité de la profession, créer des emplois et rendre à la collectivité tout entière, par le développement de l'activité, au moins autant que l'investissement consenti.
C'est ce que nous avons fait en son temps, avec une mesure identique, dans le bâtiment qui a créé 70 000 emplois.
Nous sommes la force de la France
Ce sont les PME qui représentent :
60 % des investissements,
53 % de la valeur ajoutée,
1/3 des exportations.
Nous sommes le meilleur atout pour la formation et le travail des Français.
Les PME représentent 85 % des salariés du secteur privé.
Elles ont créé 2 millions et demi d'emplois en 20 ans.
Elles accueillent la quasi-totalité des contrats d'insertion, de formation en alternance ou des contrats jeunes mis en place par le gouvernement.
Pour nous, la valeur ajoutée c'est l'homme. Telle est notre devise. Pour nous, la définition du patron de PME va bien au-delà des critères de taille ou d'activité :
* C'est un entrepreneur qui a décidé de créer lui-même son propre revenu,
* Il prend des risques personnels pour réaliser son projet,
* Il estime que la richesse créée n'a pas pour seul but le profit individuel mais une valeur collective,
* Il incarne le refus d'une financiarisation excessive de la vie économique, et rappelle que l'entreprise est d'abord là pour servir ses clients, et permettre l'épanouissement de ses salariés,
* Il considère le travail comme une valeur d'émancipation et non comme un fardeau dont il faut se débarrasser le plus rapidement possible.
Que partageons-nous avec vous ?
- La lucidité du constat sur l'état alarmant de nos finances publiques
- La volonté de défendre le travail comme une liberté et comme une valeur
- La nécessité absolue de créer un environnement favorable à la croissance et à l'emploi, c'est-à-dire la confiance.
Qu'attendons-nous de vous pour l'essentiel ?
Sur la fiscalité
Il faut passer d'une fiscalité confiscatoire à une fiscalité incitative, en commençant par tenir l'engagement du Président de la République de faire revenir, en 5 ans, la fiscalité des entreprises à la moyenne européenne.
Cela veut dire évidemment qu'il faut commencer par ne pas augmenter les charges, par exemple en remettant en cause les abattements consentis pour les 35 heures et l'alignement des SMIC par le haut.
Nous sommes avec vous sur la même longueur d'ondes : les 35 heures, décision de l'Etat, sont un non sens économique qui perturbe le fonctionnement de nos entreprises.
L'augmentation des SMIC est aussi une décision de l'Etat. Il serait incompréhensible d'en faire régler la note aux entreprises en alourdissant le coût du travail , et donc notre compétitivité, et notre capacité à créer des emplois.
En revanche, je vous le dis tout net, je suis prêt à prendre, dans le cadre du dialogue social, toute initiative permettant de ne pas enfermer ce pays dans l'idée funeste que c'est en travaillant moins qu'on s'en sortira mieux.
Le libre choix doit être la règle, sans pénaliser celui ou celle qui a bien le droit, en travaillant davantage, de gagner plus.
Cette ouverture vaut également pour notre participation à une réforme équilibrée de la taxe professionnelle.
Sur la simplification
Nous sommes impatients de nouveaux trains de simplification de cette paperasserie qui empoisonne notre vie quotidienne.
Un seul exemple : soyez le ministre qui aura réduit à quelques lignes la fiche de paye, et rendu aux patrons de PME du temps précieux pour s'occuper de créer des richesses pour leurs salariés et le pays.
Sur l'équité des relations commerciales
Nous avons signé l'accord que vous avez proposé pour une baisse durable des prix au bénéfice des consommateurs.
Nous pensons, comme vous, que la situation actuelle dans la grande distribution, n'est satisfaisante ni sur les marges arrières, ni sur les accords de gamme, ni sur l'accès aux linéaires.
Nous sommes, vous le savez, hostiles à une extension des grandes surfaces ou à l'ouverture le dimanche, comme à toute remise en cause de la loi Galland, non qu'elle soit parfaite, mais parce que les équilibres du système sont très fragiles.
Je sais combien le concept d'équité vous est cher.
L'équité, ce n'est pas de faire financer le développement international des grandes surfaces sur le dos de ceux qui rendent un service quotidien et proche aux Français.
L'équité, ce n'est pas de vider les centres-villes et d'anémier les villages au profit de grands centres péri-urbains.
L'équité, ce n'est pas de laisser comprimer les marges des PME et les produits des petits producteurs par un système arrogant et surpuissant, qui a quelques efforts à faire en notre direction pour nous convaincre qu'il est adepte d'une concurrence saine et loyale.
Tout abus de position dominante de la grande distribution est légitimement vécu comme une mise en cause du commerce de proximité et des PME.
Nous sommes comptables auprès d'eux, auprès de vous, et je l'espère et je le crois avec vous, d'un équilibre de notre commerce qui est aussi, Monsieur le Ministre d'Etat, un enjeu humain, un enjeu culturel, un enjeu pour l'emploi.
Sur le fonctionnement des PME
Nous approuvons votre décision de créer autour de la BDPME et de son Président Jean-Pierre DENIS, avec l'ANVAR, l'APCE et l'Agence des PME une small business administration.
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Lancez la mise en place d'une véritable révolution, celle du small business act " à la française ".
Trouvons ensemble les moyens de doubler le nombre de création d'entreprises, chaque année, en France. Refusons cette fatalité d'avoir un million d'entreprises de moins que dans des pays comme l'Angleterre, qui ont plus de croissance et moins de chômage que nous. Il doit bien y avoir un lien.
Ouvrons nos entreprises, comme la CGPME s'y engage, aux jeunes dès le collège pour susciter des vocations. Poursuivons les mesures favorables à l'initiative économique.
Facilitons le passage à l'acte des créateurs. Développons le parrainage de ces créateurs par des patrons de PME.
Soutenons les initiatives de l'APCE et des conseils régionaux pour la promotion, le suivi individuel et l'accompagnement coordonné des créateurs.
Inscrivons ces démarches dans les contrats de plan Etat-région.
Améliorons les fonds propres de nos PME, dont l'insuffisance est le talon d'Achille.
Soyez audacieux, qu'il s'agisse des fonds d'investissement de proximité ou de l'assurance-vie pour drainer l'épargne vers l'entreprise, là où l'on investit dans les hommes et l'avenir d'une nation.
Relevons le défi de réussir la transmission des 500 000 entreprises qui vont se trouver sur le marché dans les années à venir.
Ne laissons pas gâcher ce patrimoine, l'effort de toute une vie de patron et de salariés, tant de richesses collectives et d'emplois.
Des progrès ont déjà été faits sur la fiscalité de la transmission.
Terminez ce chantier et alignez, comme nous l'attendons depuis tant d'années, les plus-values mobilières sur celles de l'immobilier.
La poursuite d'une entreprise a quand même au moins autant de valeur que la transmission d'un appartement !
Monsieur le Ministre d'Etat,
vous pouvez attendre beaucoup de nous.
Nous attendons beaucoup de vous.
D'abord parce que nous savons que votre tâche est impossible mais que les défis vous stimulent.
Ensuite, parce le pays n'a plus le choix. Le temps est venu d'en finir avec les faux semblants, la dépense sans compter, la recette incertaine, la fiscalité qui décourage, cette vieille pratique qui consiste à prétendre libérer les énergies en contraignant les initiatives.
Enfin, parce que nous représentons un immense potentiel.
Du plus reculé de nos villages à l'autre bout de la planète, il y a toujours, chaque jour, dans le commerce, les services ou l'industrie, un patron de PME qui bouge, ose et entreprend.
Occupez-vous certes des grandes entreprises publiques et privées. Il y a des urgences et, pour nous, les deux univers sont complémentaires. Mais, surtout, appuyez-vous sur les PME.
Ce sont elles qui, pour l'essentiel, vous permettront
de réussir votre politique,
de garantir la croissance,
de créer des emplois,
de faire gagner la France.
(source http://www.cgpme.fr, le 5 juillet 2004
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Déclaration de Jean-François Roubaud précédant l'intrevention de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre :
Monsieur le Premier Ministre,
Madame et Messieurs les ministres,
C'est à nouveau une joie et une fierté de vous accueillir pour cette 2ème édition de Planète PME, notre journée nationale de la CGPME.
Depuis ce matin, la CGPME fait son métier d'organisation professionnelle, représentative, moderne et même, d'après un sondage Ipsos, de partenaire social préféré des Français.
D'abord en affirmant l'identité, la fierté, le sentiment d'appartenance des patrons de PME. Isolés, fragmentés, écartelés entre leurs multiples tâches, ils ont souvent l'impression de manquer de considération. En faisant entendre leur voix, en les rassemblant y compris sur cette Planète PME, nous mettons l'économie réelle au coeur de l'actualité.
Ensuite en additionnant la proximité de nos unions territoriales partout en France et la puissance de nos branches professionnelles. Je veux dire ici à tous nos responsables et dirigeants ma reconnaissance pour leur engagement et ma confiance en l'avenir d'une grande force CGPME.
Enfin, en ayant au cours de cette journée pris en compte tous les grands enjeux de notre avenir, pour répondre aux préoccupations les plus concrètes des 10000 patrons de PME qui participent à cette journée.
Je pense en particulier :
* A la loi sur la formation professionnelle et à l'adaptation de son application dans nos PME.
Un forum permanent a été consacré à cette question prioritaire pour nous comme pour vous.
Former, c'est grandir les hommes, c'est grandir l'entreprise. C'est un contrat gagnant-gagnant entre des salariés mieux formés et des PME plus performantes.
Je pense en particulier :
* A tous nos ateliers, conférences et consultations individuelles sur le cycle de la création, du développement et de la transmission des entreprises.
Je pense également :
* Aux enjeux de l'exportation pour lesquels nous attendons, en particulier de vous et de François LOOS ici présent, la possibilité, pour plus de souplesse et d'efficacité, d'engager le contrat de mission à l'exportation. Ces contrats, que nous vous demandons sont une vraie solution pour conquérir des marchés à l'export.
Je pense enfin :
* A nos deux séances plénières passionnantes, celle de ce matin sur la conjoncture, celle de cet après-midi sur la prospective des marchés, des qualifications et des métiers.
Monsieur le Premier ministre, vous en savez quelque chose, la société moderne est complexe, fluide, mobile, elle a ses humeurs et ses impatiences.
L'information circule à la vitesse de la lumière.
Le temps court des médias rabote le temps long, dont les politiques ont besoin pour obtenir des résultats.
Ou le pouvoir s'enferme dans la contradiction des attentes, et c'est l'immobilisme, donc le déclin.
Ou le pouvoir sait fédérer les attentes, trouver le plus grand dénominateur commun, faire preuve de ténacité et de courage, et c'est la réforme et le développement.
Quels sont ces paradoxes que vous avez à gérer et qui rendent votre tâche aussi périlleuse qu'exaltante ?
Premier paradoxe :
Nous sommes l'un des pays du monde où l'on travaille le moins et où le niveau de productivité de ceux qui travaillent est le plus élevé.
Deuxième paradoxe :
Nous voulons, à juste titre, promouvoir le développement durable pour laisser une planète propre à nos descendants, mais l'Etat, depuis trop longtemps, vit au-dessus de ses moyens en leur laissant aussi la dette et en tirant des traites sur l'avenir de nos enfants.
Troisième paradoxe :
Nous avons une fiscalité supérieure à celle des pays qui se développent le mieux.
Nous avons moins d'entreprises qu'eux, moins de croissance et plus de chômage, notamment aux deux bouts de la chaîne, les jeunes et les seniors.
Quatrième paradoxe :
L'actualité médiatique est dominée par les grandes entreprises et souvent au travers de difficultés ou de polémiques, alors que l'investissement, la croissance et l'emploi sont portés par les PME.
Cinquième paradoxe :
Les jeunes iraient volontiers travailler d'abord dans la fonction publique ou la communication, deux secteurs qui ne créeront pas ou peu d'emplois nets dans les années à venir.
Ils sont moins attirés par les secteurs comme le bâtiment ou l'hôtellerie-restauration, déjà en déficit d'emploi.
Dans le même temps, à ce besoin de sécurité caractérisé par le choix de la fonction publique, ils érigent, à plus de 70 %, en idéal de vie professionnelle réussie la création d'une entreprise et de leur propre revenu.
Sixième paradoxe :
On a trop souvent l'impression que les clivages politiques, les commentaires des médias, les réactions de l'opinion séparent ce qui est du domaine de l'économie et du social, comme si pour partager, il ne fallait pas d'abord avoir produit.
Septième paradoxe :
Les nouveaux modes de vie, le développement de l'urbanisation, l'émergence des quartiers bobos chassent les artisans et les commerçants des centres-villes pendant que se développe la concurrence des grands centres commerciaux en périphérie... le tout en versant une larme nostalgique sur les vertus du commerce de proximité !
Huitième paradoxe :
Les fonctionnaires, lorsqu'ils sont mécontents, cessent le travail, ce qui après tout est leur droit légitime, mais ils empêchent les salariés de travailler, les entreprises de créer les richesses qui permettent d'alimenter le budget de l'Etat. Quand on coupe sauvagement le courant, c'est le pacte économique et social, c'est l'emploi que l'on prend en otage.
Vous voyez, Monsieur le Premier ministre, où je veux en venir avec tous ces paradoxes.
Oui, il faut nous préparer à travailler plus, à l'encontre du mirage des 35 heures, non pour revenir sur la durée légale du travail, mais pour arrêter de pénaliser les entreprises et les salariés qui revendiquent la liberté du travail, de l'effort et de la performance.
Oui, nous ne sommes pas quittes, je vous l'ai dit droit dans les yeux l'année dernière, sur la baisse des charges.
Dès que la croissance sera mieux affirmée, nous vous donnons rendez-vous pour discuter fiscalité des entreprises et coût du travail.
Ces enjeux deviennent stratégiques avec l'Europe à 25, si l'on veut éviter que le problème des délocalisations soit seulement traité, par les uns, comme un slogan électoral démagogique, ou, par les autres comme un voeu pieux.
Oui, nous avons besoin d'une gestion plus fine de l'offre et de la demande, pour remédier au déficit d'emploi qui pénalise déjà des pans entiers de notre économie.
Cela commence avec le système scolaire, la découverte des métiers dès le collège à laquelle la CGPME va participer, là où peuvent s'établir les vocations.
Cela continue avec les efforts consentis au niveau de la TVA ou des aides concernant le bâtiment ou l'hôtellerie-restauration. J'en profite pour vous exprimer notre gratitude pour vos efforts inlassables sur ces deux dossiers.
Cela comprend, pour éviter que le choc démographique de 2006 soit un désastre, la revalorisation des métiers, l'attractivité des grandes branches professionnelles, l'égalité et la parité hommes/femmes.
Nous engageons des actions et des campagnes qui méritent d'obtenir le soutien du gouvernement et le label des causes d'intérêt général.
Oui, l'équité des relations commerciales doit être garantie. Je l'ai dit, ce matin, au ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Nous avons signé l'accord pour une baisse durable des prix au bénéfice des consommateurs.
Nous sommes ouverts à tout accord équilibré entre les différentes formes de distribution.
Nous nous gardons de toute forme de poujadisme ou de guerre ouverte.
Mais nous ne laisserons jamais les grandes surfaces se développer sur le dos des petits commerçants qui rendent un service direct et quotidien aux Français.
Nous ne laisserons pas dépérir nos centres-villes et nos villages au profit de grands centres périphériques.
Il y va du pluralisme commercial, de la production de nos territoires, de notre culture et de nos racines et, disons-le, d'un modèle de société.
Je sais sur tous ces enjeux pouvoir compter sur votre appui.
Oui, nous sommes impatients de voir appliquer le service minimum dans les transports, mais aussi, ne l'oubliez pas, à la Poste : nous voulons éviter la galère des chèques bloqués, des banquiers énervés et des PME asséchées.
Dans notre esprit, ce service garanti vaut aussi bien sûr dans l'énergie, un service public propriété de la nation, et non de quelques excités qui ne se rendent même pas compte qu'en coupant le courant, ils coupent la vie, l'économie, l'énergie d'une nation.
Malgré les difficultés, les revers et les crises, vous avez relevé, Monsieur le Premier Ministre, les trois défis majeurs de l'amélioration de la sécurité des Français, de la garantie de leur retraite, du sauvetage de notre système de santé.
Mais, vous le savez bien, ces réformes ont une caractéristique commune. Elles sont toutes du domaine de la protection.
Vous le savez aussi, il n'y aura d'avenir pour ceux qu'il faut protéger que si ceux qui innovent, créent, produisent, prennent des risques, c'est-à-dire nous, c'est-à-dire vous, ont le sentiment d'être considérés.
Et d'ailleurs, le plan de cohésion sociale que vous nous avez proposé aujourd'hui, Monsieur le Premier ministre, n'a de sens que s'il a à la fois une dimension économique et sociale.
C'est un contrat gagnant-gagnant que je vous propose aujourd'hui.
Aidez-nous à nous développer, à ancrer ce modèle humain et proche de l'économie réelle, à l'opposé de la financiarisation à outrance prête à briser les hommes et à brader l'intérêt national.
Nous vous aiderons à réussir à concilier l'indispensable développement économique avec la nécessaire cohésion sociale, car nous sommes porteurs de cette double dimension économique et sociale.
Chaque artisan, chaque commerçant, chaque patron de PME mériterait de voir son action reconnue d'utilité publique.
C'est pourquoi, le défi majeur, la plus grande des réformes est encore devant vous. Elle est économique mais concerne aussi nos mentalités.
C'est celle de la réforme de l'Etat, pour moins de dépenses publiques, celle de la fiscalité, pour plus d'investissements.
C'est celle qui permettra de retrouver durablement la croissance et de créer des emplois.
C'est celle qui supprimera tous les freins à la création, au développement, à la transmission des entreprises et verra se lever la nouvelle génération d'entrepreneurs dont notre pays a besoin.
C'est celle qui osera affirmer, promouvoir, diffuser les valeurs du travail, du mérite, de l'effort récompensé.
C'est celle qui ne verra plus le succès de celui qui réussit comme un privilège, et l'échec de celui qui ose entreprendre comme une honte.
Ce soir, au cur de cette planète des PME, au milieu de la cohorte des entrepreneurs, je ne vous demande pas, comme une provocation, d'appliquer à la lettre la maxime de Ronald Reagan :
" un grand chef d'entreprise, c'est ce que deviendrait un petit chef d'entreprise si le gouvernement le laissait en paix "
Je vous demande
- d'être fidèle à vous-même
- de concrétiser l'écoute attentive de nos attentes
- de convenir que le seul pacte qui vaille n'est pas seulement social mais économique ET social
- je vous demande de donner la priorité à l'économie réelle, celle que portent, chaque jour, sur leurs épaules, les artisans, les commerçants, les PME de France.
(source http://www.cgpme.fr, le 5 juillet 2004)