Texte intégral
Jack LANG - Nous avons souhaité, au cours des prochaines semaines, marquer notre volonté de donner à notre campagne un caractère collectif, qui réunisse l'ensemble des forces socialistes en France, mais aussi hors de France et , en même temps, montrer que la construction de l'Europe est une longue aventure historique qui va se poursuivre, qu'il ne faut pas interrompre en mai prochain.
C'est pourquoi nous avons demandé à nos amis et camarades de se joindre à nous : le Président du Parlement européen en voyage officiel en France, Jacques Delors et nos deux anciens Premiers ministres Pierre Mauroy et Michel Rocard qui, les uns et les autres, ont été et sont des bâtisseurs de l'Europe qui est la nôtre et qui, à partir de ce Traité, marquera d'autres progrès.
François HOLLANDE - Nous avons décidé d'organiser cette rencontre avec les socialistes français et, à travers la présence de Josep Borrell, les socialistes européens pour donner le sens de cette campagne référendaire du 29 mai.
Son seul objet, son seul objet : c'est l'Europe. Le seul sujet de la consultation, c'est le Traité constitutionnel. Au lendemain du vote des Français, nous saurons si une Constitution européenne peut s'établir pour les 25 ou s'il n'y en aura pas.
Josep Borrell est parmi nous à la fois comme socialiste, espagnol et nous savons que nous devons beaucoup aux espagnols -notamment à travers la victoire de Jose Luis Zapatero qui a lui-même fait en sorte que le Traité constitutionnel européen puisse être de nouveau débattu, négocier, mais aussi en tant que Président du Parlement européen et qu'il peut nous donner en liberté mais aussi en responsabilité son interprétation de la consultation qui se fait en France, et qui est une consultation européenne. Ce n'est pas un choix qui intéresse simplement les Français ou qui oppose les uns aux autres en France à partir de considérations purement nationales.
J'ai le plaisir d'être de nouveau aux côtés de Jacques Delors qui a fait ce qu'est l'Europe aujourd'hui et qui montrera qu'elle doit maintenant s'ouvrir à une nouvelle étape.
Et, s'il y a autour de nous deux anciens Premiers ministres, Pierre Mauroy et Michel Rocard, c'est qu'ils ont fait avec François Mitterrand -en 1983 puis en 1986 et tout au long du second mandat de F. Mitterrand- le choix de faire en sorte que le socialisme et l'Europe puissent être unis dans leur destin.
L'engagement qui est le mien passe par l'Europe. On peut être Européen sans être socialiste, mais on ne peut pas être socialiste sans être Européen. Si nous voulons peser sur le destin du monde, organiser la planète par rapport aux grandes forces économiques, libérer les peuples et affirmer des valeurs et des principes, c'est par l'Europe que cela passe, comme l'Europe sociale passe par le Traité constitutionnel. Nous avons voulu montrer cette continuité et ouvrir cette perspective.
Josep BORRELL - En voyage officiel en France en tant que Président du Parlement européen, je ne pouvais pas ne pas rendre visite à mes camarades socialistes français.
Je suis ici pour dire à nouveau la position du Parlement européen par rapport au Traité constitutionnel. Je suis mandaté par le Parlement pour expliquer sa position.
Avant toute chose, je dois dire que j'apprécie que tout un pays, la France, cherche à savoir, à comprendre, à connaître. Les Français veulent s'informer pour décider de la réponse qui sera la plus positive pour eux-mêmes, pour leur pays et pour l'Europe. C'est l'honneur de la France et de sa longue tradition démocratique que de voir comment les citoyens s'intéressent et c'est l'obligation faite à tous les responsables politiques que de leur donner des arguments, d'expliquer, pour qu'ils fassent leur devoir de citoyens.
Je voudrais contribuer à cette procédure d'explication pour dire aux Français ce que le Parlement européen en pense, puisque nous avons eu un grand débat suivi d'un vote. Les _ des parlementaires européens ont voté pour le Traité constitutionnel, car ils pensent que ce Traité constitutionnel clarifie la raison d'être de l'Union. L'Union pourquoi faire ? Redéfinir les valeurs sur lesquelles elle se fonde, ses principes, ses objectifs, ses pouvoirs, ses procédures de décisions qui, d'ailleurs pour la France, sont très positives ; les changements dans les règles de décisions sont très positifs pour la France ; ils donnent beaucoup plus de légitimité à l'Union ; ils modernisent son système législatif, ils accroissent sa capacité d'action et renforcent la démocratie parlementaire.
L'Europe qui sortira de ce Traité sera plus efficace, plus démocratique et plus proche des citoyens. Il faut mettre tout cela en valeur. Cela définit un cadre plus positif pour agir en Europe et dans le monde. C'est pour cela que le Parlement européen a voté favorablement au Traité constitutionnel. Nous ne sommes pas les affreux technocrates de Bruxelles dont on parle souvent. Nous sommes des représentants du peuple européen qui portons un avis positif sur ce traité-là.
Je veux aussi insister sur le fait qu'il n'y a pas de " plan B ". Je n'en connais pas et je pense que, s'il y en avait un, en tant que Président du Parlement européen je le saurais. On ne parle nulle part de ce fameux " plan B ", fantôme qui commence a peuplé l'imaginaire collectif français. Il n'y a pas de " plan B ". Le Traité, c'est le Traité. On a à dire " oui " ou à dire " non ", mais on ne taillera pas sur mesure une partie du Traité constitutionnel pour faire plaisir à un pays ou à un autre. Il faut que les citoyens français le sachent. Les citoyens ont le droit de savoir quelles sont les conséquences de leur vote suivant qu'ils disent " oui " ou " non ", mais il ne faut pas leur faire croire qu'il y a une solution de rechange en train de mijoter dans les fourneaux de Bruxelles. Cela n'existe pas.
Les citoyens intéressés à l'Europe devraient comprendre qu'une Europe plus démocratique, plus efficace est un atout important pour l'avenir.
Jacques DELORS - La vie politique et sociale est un combat que l'on ne gagne pas à tous les coups. La construction européenne n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a eu des périodes d'avancées, de crises, de stagnations. Les socialistes ont marqué, depuis le début, l'histoire de l'Europe. Ils n'ont pas toujours gagné, mais ils l'ont fait progresser.
Je m'arrêterai sur les aspects intérieurs à l'Europe qui n'est pas ce galet entraîné par la mer, sans boussole, sans âme dont parlent certains.
En 1957 : le Traité de marché commun signé par un socialiste, Christian Pinot, préparé par un homme qui sera ensuite ministre de F. Mitterrand, Maurice Faure. Ce Traité qui, à l'époque, se heurtait au malthusianisme du patronat, a permis à l'Europe de démarrer par l'économique puisqu'à l'époque, ce n'était pas possible par la politique. Ce sont des socialistes qui ont obtenu cela, qui ont obtenu que les pays d'Outre-mer soient dans les Traités et puissent bénéficier de certains avantages.
1984/1985 : l'Europe était bloquée. " I want my money back " avait dit le Premier ministre britannique. Tout s'était arrêté, aucun progrès n'était réalisé, aucune loi européenne n'était votée. Qui a résolu la question ? François Mitterrand qui prend, en1984, la présidence française. Il y avait six sujets de conflits. Il les a réglés lui-même à l'aide de la réflexion et par des entretiens personnels. Et, à Fontainebleau, en juin 1984, les querelles de familles étaient réglées et nous avons pu repartir. Nous avons tenté de repartir par l'Acte unique, Traité qui est aujourd'hui oublié. Il ne s'agissait pas simplement de relancer l'économie européenne par le grand marché -qui était toujours une perspective, mais ce fut tout de même important et utile pour la France. Dans l'Europe des 10, à l'époque, entre 1980 et 1985, le taux de croissance était de 1 % et le taux d'investissement de 3 % ; le chômage augmentait de 1,5 millions. De 1985 à 1991, le taux de croissance est passé entre 3 et 4 %, le taux d'investissement entre 6 et 7 % et l'Europe des 10 puis des 12 a créé 9 millions d'emplois. Voilà ce qui a été fait grâce à l'Acte unique lequel, de surcroît, a permis le dialogue social. La semaine dernière, à Bruxelles, avec les syndicats, nous avons fêté 20 ans de dialogue social. Ce dialogue social est un élément essentiel de la démocratie ; c'est l'instrument de combat des syndicalistes ; ils ont d'ailleurs obtenu beaucoup, même si ce n'est pas assez. Et le Traité qui nous est proposé permet de faire un peu mieux. Il y a eu trois conventions collectives de signées. Les comités d'entreprises européens jouent un rôle important dans la vie des entreprises, les accords de branche aussi. Et, nous ne pouvions pas faire un grand marché commun sans la solidarité avec les régions pauvres ou en développement. 5 milliards d'euros leur étaient consacrés en 1985 ; dix ans plus tard, c'était 5 fois plus ; et maintenant c'est 8 fois plus : 40 milliards d'euros. Le premier budget avec l'agriculture du budget européen. À mon départ de la Commission, 46 % du territoire français bénéficiaient des politiques régionales. Enfin, on a ouvert la porte pour l'environnement et le développement durable ; et c'est grâce à cela que nous avons progressé dans ce domaine, et ce n'est pas facile lorsque l'on voit les difficultés à obtenir une règle en ce qui concerne l'environnement pour l'industrie de la chimie.
C'est vrai que nous n'avons pas toujours gagné, qu'il y a eu des retombées, des périodes de stagnation. J'avais, en 1993 à travers un livre blanc, proposé des programmes européens d'infrastructure, des coopérations en matière de recherche. Les Chefs d'Etat y étaient favorables, les Ministres des finances y étaient opposés.
Il a donc fallu se battre. Et l'on en arrive aujourd'hui à ce traité actuel qui va nous permettre de mieux nous battre.
La Charte des droits fondamentaux insérée dans le Traité, ce n'est pas la même chose que la Charte des droits à côté du Traité. Sur le plan des symboles, sur le plan de loi, nous pourrons utiliser la Charte des droits fondamentaux pour faire progresser les droits en Europe.
Il y a les valeurs affirmées dans ce Traité et une organisation plus efficace des pouvoirs. Il y a surtout une réelle démocratisation avec un Parlement qui devient co-législateur pour 85 % des décisions qui sont prises dans l'Union.
Il y a aussi le droit de pétition. Les " joueurs de flûte " se moquent du droit de pétition en disant qu'un million de signatures n'est rien puisque c'est la Commission qui décide. Non ! Ce n'est pas ainsi que les choses se passent. La Commission donne un avis. Le patron des syndicats européens affirme qu'avec ses 60 millions d'adhérents, s'ils veulent faire passer une loi demain, la Commission ne peut faire fi de cela. Il y aura donc un dynamisme de créé.
En ce qui concerne les services publics, le texte qui est envisagé permet de faire l'unité dans la diversité. Si nous ne sommes pas tous d'accord en Europe pour avoir les mêmes règles de service public, on ne pourra pas empêcher la France de décider ce qu'elle veut et, si on veut y consacrer de l'argent, on le pourra. Beaucoup de journalistes, pris par l'idée de la valeur et des beautés du capitalisme financier contemporain avaient dit, un jour, à un Ministre Danois : " Comment faites-vous pour avoir des dépenses publiques qui représentent 55 à 60 % de votre produit national ? ". Le Ministre Danois leur avait répondu : " Figurez-vous que les Danois en ont pour leur argent ! ". Et c'est vrai ; 4 % de taux de chômage, une égalité des chances réalisée comme nulle part ; ils peuvent donc le faire à l'intérieur de l'Europe ! Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Mais, c'est une autre question qui nous ramène à des débats que nous aurons en 2007.
Le combat continue ; les socialistes ont toujours été là. Oui ! mais ils avaient une règle : ils exigeaient, ils demandaient, mais en même temps, ils donnaient. Ceux qui pensent que l'Europe pourrait devenir un self-service où chacun prendrait ce qu'il voudrait en laissant le reste se trompent. On exige et l'on donne tout à la fois. On ne gagne pas toujours, on recherche des consensus, mais c'est comme cela que les socialistes ont fait avancer l'Europe.
Pierre MAUROY - C'est en tant que Premier ministre de F. Mitterrand dans une période où l'Europe a fait un pas décisif que je veux porter un témoignage. Après la guerre, compte tenu des horreurs de cette guerre, ce qui était essentiel, c'était la paix. Mais, c'était plus que la paix ; c'était la paix et la construction européenne. C'était la paix avec l'amitié franco-allemande. C'est ainsi que, Maire de Lille, j'ai fait le serment -avec Cologne et d'autres villes européennes- de servir la paix et la construction européenne. Je ne serais pas parjure vis-à-vis de cet engagement.
Tout a commencé en 1983 où certains s'interrogeaient sur le fait de sortir ou non du système monétaire européen. Il n'y avait pas seulement des préoccupations économiques. Il y avait essentiellement la volonté d'avancer en Europe. Si on sortait du système monétaire européen, on portait un coup à l'Europe. On y est resté.
Et, en 1983/84, le conseil économique fut extraordinaire ; la Grande-Bretagne vient d'avantage vers l'Europe ; c'est l'entrée de l'Espagne, du Portugal, précédés par la Grèce et l'Irlande.
Ces entrées furent de véritables avancées pour la démocratie, pour leur économie. L'Europe est capable aussi de cela.
Mon identité socialiste se confond avec mon identité européenne. Je comprends mal ceux qui veulent les séparer. Nous avons besoin de l'Europe, de notre cohésion, de notre participation aux côtés des partis sociaux-démocrates européens. J'ai été président de l'internationale socialiste à une période décisive, le Mur de Berlin s'écroulait. L'idéal des socialistes l'emportait sur le communisme. C'est alors que cette internationale s'est étendue dans le monde entier, alors qu'elle était jusque-là européenne. Une trentaine de partis communistes sont entrés à l'internationale socialiste, acceptant notre idéal, acceptant notre vision de l'Europe. Aujourd'hui, il faudrait faire fi de notre cohésion. Il faudrait être seuls et dire "Non" à l'Europe en prenant le risque de cette séparation qui ne préjuge rien de bon, même si elle ne dure pas. Plus européen que jamais, plus socialiste que jamais, je dis " oui " car nous sommes les héritiers, sans doute, d'une révolution, de la réforme ; nous sommes devenus un grand parti européen. Il y a deux temps, celui du référendum et celui de 2007. Les socialistes ne doivent pas apparaître avec un visage défiguré en 2007, avec un Parti socialiste qui s'est contorsionné, qui a jeté l'essentiel de tout ce que nous avons amassé avec F. Mitterrand et ses gouvernements et avec l'action du PS. Nous devons être nous-mêmes, c'est-à-dire européen.
Michel ROCARD - L'Europe a besoin de cette Constitution et il y a une menace. Je suis persuadé qu'aussi longtemps que les Français répondent, pour les deux tiers, dans les sondages qu'ils ne savent pas encore s'ils iront voter et qu'ils n'ont pas fixé leur vote, tout est permis. Nous combattons, l'espoir est là.
Il faut tenter de comprendre pourquoi ce " non ".
Il y a une première raison : le souverainisme permanent. Il constitue une petite partie du "non" (entre 20 et 23 %).
La seconde raison : ce sont les comptes que les Français ont à régler avec Jacques Chirac qui a complètement oublié la majorité qui l'avait élu à 82% en 2002 et qui l'avait élu, n'a pas tenu compte des élections de 2004, et qui nous a offert, depuis, l'un des gouvernements les plus conservateurs que la France ait eu depuis très longtemps. Ceci est compte en France et nous sommes devant un problème européen. Il faut donc absolument faire comprendre aux Français de ne pas faire payer à l'Europe des règlements de comptes français.
La troisième raison : une colère contre la mondialisation mal maîtrisée. La croissance est molle, il y a toujours du chômage et il augmente un peu partout en Europe occidentale, les délocalisations se multiplient et nous avons des raisons d'être inquiets. Toutes les classes moyennes en France craignent pour la sécurité de l'emploi et les classes populaires voient la pauvreté monter.
Je voudrais rappeler que l'Europe est victime d'une coïncidence extraordinaire dans le temps. C'est elle qui sert de bouc émissaire à cette colère contre le chômage, les délocalisations et la mondialisation mal maîtrisée. Or, en fait, elle n'y est pour rien. Le fait que l'on est entrepris de construire l'Europe après la deuxième guerre mondiale plutôt qu'entre les deux guerres ou qu'au XIXe Siècle est derrière nous. Ce sont les hasards de l'Histoire qui font qu'on l'entreprend maintenant. Ce sont aussi les hasards de l'Histoire qui font qu'une école intellectuelle nouvelle, qu'une politique nouvelle a pris le contrôle du monde. Qu'on l'appelle le monétarisme ou l'ultra-libéralisme, c'est pareil. Cela vient des USA ; c'est imposé au monde par les gouvernements des USA, du Japon, de Grande-Bretagne et de quelques Européens, mais pourquoi ? Cette idée stupide selon laquelle nous n'avons pas besoin de l'intervention régulatrice de l'Etat pour mettre de l'ordre dans les affaires, que l'équilibre des marchés est optimal a augmenté vertigineusement les inégalités dans le monde entier, et pas seulement en Europe. Elle a fait ré émerger la grande pauvreté dans les pays développés, y compris chez nous et aussi aux USA. Cette idée dangereuse -et d'une certaine façon criminelle- ne vient pas d'Europe. Mais, les riches ayant toujours envie de s'enrichir davantage ont partout fait ce choix, et les forces conservatrices ont gagné jusqu'en Europe. Cette façon de réguler les affaires du monde s'est traduite en Europe par nos forces politiques nationales. La bataille qui se passe en Europe est le fait de ces forces qui souhaitent, en Europe, consolider ces règles du jeu favorables aux riches.
Cependant, tous ceux qui veulent autre chose, un autre monde, une meilleure régulation du monde, limiter les inégalités, contrôler mieux les licenciements ont besoin d'une assise pour y réussir et l'Europe est le seul champ de bataille possible. Nous voulons consolider l'Europe pour deux raisons : l'outil d'une autre politique économique doit et ne peut exister qu'en Europe ; il faut une volonté politique pour la mettre en uvre. Pour le moment, la droite est majoritaire. Mais, une gauche majoritaire en Europe sans une Europe forte ne pourrait pas travailler. Nos raisons de voter " Oui " sont antagoniques avec celles de la droite. Nous ne sommes d'accord que sur la délimitation du champ de bataille. Nous avons besoin que ce champ de bataille soit clairement défini. Et, je voudrais dire à tous ceux qui ont au cur des inquiétudes pour leur emploi, leur niveau de vie, pour leur famille et leur descendance, que la réponse est l'Europe sous condition d'un surgissement d'une volonté de gauche. Nous y combattons tous ensemble. Mais il faut que l'outil soit fort. Ne nous tirons pas une balle dans le pied aux dépens de l'Europe en cassant l'outil dont nous avons besoin demain pour changer de politique.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 avril 2005)
C'est pourquoi nous avons demandé à nos amis et camarades de se joindre à nous : le Président du Parlement européen en voyage officiel en France, Jacques Delors et nos deux anciens Premiers ministres Pierre Mauroy et Michel Rocard qui, les uns et les autres, ont été et sont des bâtisseurs de l'Europe qui est la nôtre et qui, à partir de ce Traité, marquera d'autres progrès.
François HOLLANDE - Nous avons décidé d'organiser cette rencontre avec les socialistes français et, à travers la présence de Josep Borrell, les socialistes européens pour donner le sens de cette campagne référendaire du 29 mai.
Son seul objet, son seul objet : c'est l'Europe. Le seul sujet de la consultation, c'est le Traité constitutionnel. Au lendemain du vote des Français, nous saurons si une Constitution européenne peut s'établir pour les 25 ou s'il n'y en aura pas.
Josep Borrell est parmi nous à la fois comme socialiste, espagnol et nous savons que nous devons beaucoup aux espagnols -notamment à travers la victoire de Jose Luis Zapatero qui a lui-même fait en sorte que le Traité constitutionnel européen puisse être de nouveau débattu, négocier, mais aussi en tant que Président du Parlement européen et qu'il peut nous donner en liberté mais aussi en responsabilité son interprétation de la consultation qui se fait en France, et qui est une consultation européenne. Ce n'est pas un choix qui intéresse simplement les Français ou qui oppose les uns aux autres en France à partir de considérations purement nationales.
J'ai le plaisir d'être de nouveau aux côtés de Jacques Delors qui a fait ce qu'est l'Europe aujourd'hui et qui montrera qu'elle doit maintenant s'ouvrir à une nouvelle étape.
Et, s'il y a autour de nous deux anciens Premiers ministres, Pierre Mauroy et Michel Rocard, c'est qu'ils ont fait avec François Mitterrand -en 1983 puis en 1986 et tout au long du second mandat de F. Mitterrand- le choix de faire en sorte que le socialisme et l'Europe puissent être unis dans leur destin.
L'engagement qui est le mien passe par l'Europe. On peut être Européen sans être socialiste, mais on ne peut pas être socialiste sans être Européen. Si nous voulons peser sur le destin du monde, organiser la planète par rapport aux grandes forces économiques, libérer les peuples et affirmer des valeurs et des principes, c'est par l'Europe que cela passe, comme l'Europe sociale passe par le Traité constitutionnel. Nous avons voulu montrer cette continuité et ouvrir cette perspective.
Josep BORRELL - En voyage officiel en France en tant que Président du Parlement européen, je ne pouvais pas ne pas rendre visite à mes camarades socialistes français.
Je suis ici pour dire à nouveau la position du Parlement européen par rapport au Traité constitutionnel. Je suis mandaté par le Parlement pour expliquer sa position.
Avant toute chose, je dois dire que j'apprécie que tout un pays, la France, cherche à savoir, à comprendre, à connaître. Les Français veulent s'informer pour décider de la réponse qui sera la plus positive pour eux-mêmes, pour leur pays et pour l'Europe. C'est l'honneur de la France et de sa longue tradition démocratique que de voir comment les citoyens s'intéressent et c'est l'obligation faite à tous les responsables politiques que de leur donner des arguments, d'expliquer, pour qu'ils fassent leur devoir de citoyens.
Je voudrais contribuer à cette procédure d'explication pour dire aux Français ce que le Parlement européen en pense, puisque nous avons eu un grand débat suivi d'un vote. Les _ des parlementaires européens ont voté pour le Traité constitutionnel, car ils pensent que ce Traité constitutionnel clarifie la raison d'être de l'Union. L'Union pourquoi faire ? Redéfinir les valeurs sur lesquelles elle se fonde, ses principes, ses objectifs, ses pouvoirs, ses procédures de décisions qui, d'ailleurs pour la France, sont très positives ; les changements dans les règles de décisions sont très positifs pour la France ; ils donnent beaucoup plus de légitimité à l'Union ; ils modernisent son système législatif, ils accroissent sa capacité d'action et renforcent la démocratie parlementaire.
L'Europe qui sortira de ce Traité sera plus efficace, plus démocratique et plus proche des citoyens. Il faut mettre tout cela en valeur. Cela définit un cadre plus positif pour agir en Europe et dans le monde. C'est pour cela que le Parlement européen a voté favorablement au Traité constitutionnel. Nous ne sommes pas les affreux technocrates de Bruxelles dont on parle souvent. Nous sommes des représentants du peuple européen qui portons un avis positif sur ce traité-là.
Je veux aussi insister sur le fait qu'il n'y a pas de " plan B ". Je n'en connais pas et je pense que, s'il y en avait un, en tant que Président du Parlement européen je le saurais. On ne parle nulle part de ce fameux " plan B ", fantôme qui commence a peuplé l'imaginaire collectif français. Il n'y a pas de " plan B ". Le Traité, c'est le Traité. On a à dire " oui " ou à dire " non ", mais on ne taillera pas sur mesure une partie du Traité constitutionnel pour faire plaisir à un pays ou à un autre. Il faut que les citoyens français le sachent. Les citoyens ont le droit de savoir quelles sont les conséquences de leur vote suivant qu'ils disent " oui " ou " non ", mais il ne faut pas leur faire croire qu'il y a une solution de rechange en train de mijoter dans les fourneaux de Bruxelles. Cela n'existe pas.
Les citoyens intéressés à l'Europe devraient comprendre qu'une Europe plus démocratique, plus efficace est un atout important pour l'avenir.
Jacques DELORS - La vie politique et sociale est un combat que l'on ne gagne pas à tous les coups. La construction européenne n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a eu des périodes d'avancées, de crises, de stagnations. Les socialistes ont marqué, depuis le début, l'histoire de l'Europe. Ils n'ont pas toujours gagné, mais ils l'ont fait progresser.
Je m'arrêterai sur les aspects intérieurs à l'Europe qui n'est pas ce galet entraîné par la mer, sans boussole, sans âme dont parlent certains.
En 1957 : le Traité de marché commun signé par un socialiste, Christian Pinot, préparé par un homme qui sera ensuite ministre de F. Mitterrand, Maurice Faure. Ce Traité qui, à l'époque, se heurtait au malthusianisme du patronat, a permis à l'Europe de démarrer par l'économique puisqu'à l'époque, ce n'était pas possible par la politique. Ce sont des socialistes qui ont obtenu cela, qui ont obtenu que les pays d'Outre-mer soient dans les Traités et puissent bénéficier de certains avantages.
1984/1985 : l'Europe était bloquée. " I want my money back " avait dit le Premier ministre britannique. Tout s'était arrêté, aucun progrès n'était réalisé, aucune loi européenne n'était votée. Qui a résolu la question ? François Mitterrand qui prend, en1984, la présidence française. Il y avait six sujets de conflits. Il les a réglés lui-même à l'aide de la réflexion et par des entretiens personnels. Et, à Fontainebleau, en juin 1984, les querelles de familles étaient réglées et nous avons pu repartir. Nous avons tenté de repartir par l'Acte unique, Traité qui est aujourd'hui oublié. Il ne s'agissait pas simplement de relancer l'économie européenne par le grand marché -qui était toujours une perspective, mais ce fut tout de même important et utile pour la France. Dans l'Europe des 10, à l'époque, entre 1980 et 1985, le taux de croissance était de 1 % et le taux d'investissement de 3 % ; le chômage augmentait de 1,5 millions. De 1985 à 1991, le taux de croissance est passé entre 3 et 4 %, le taux d'investissement entre 6 et 7 % et l'Europe des 10 puis des 12 a créé 9 millions d'emplois. Voilà ce qui a été fait grâce à l'Acte unique lequel, de surcroît, a permis le dialogue social. La semaine dernière, à Bruxelles, avec les syndicats, nous avons fêté 20 ans de dialogue social. Ce dialogue social est un élément essentiel de la démocratie ; c'est l'instrument de combat des syndicalistes ; ils ont d'ailleurs obtenu beaucoup, même si ce n'est pas assez. Et le Traité qui nous est proposé permet de faire un peu mieux. Il y a eu trois conventions collectives de signées. Les comités d'entreprises européens jouent un rôle important dans la vie des entreprises, les accords de branche aussi. Et, nous ne pouvions pas faire un grand marché commun sans la solidarité avec les régions pauvres ou en développement. 5 milliards d'euros leur étaient consacrés en 1985 ; dix ans plus tard, c'était 5 fois plus ; et maintenant c'est 8 fois plus : 40 milliards d'euros. Le premier budget avec l'agriculture du budget européen. À mon départ de la Commission, 46 % du territoire français bénéficiaient des politiques régionales. Enfin, on a ouvert la porte pour l'environnement et le développement durable ; et c'est grâce à cela que nous avons progressé dans ce domaine, et ce n'est pas facile lorsque l'on voit les difficultés à obtenir une règle en ce qui concerne l'environnement pour l'industrie de la chimie.
C'est vrai que nous n'avons pas toujours gagné, qu'il y a eu des retombées, des périodes de stagnation. J'avais, en 1993 à travers un livre blanc, proposé des programmes européens d'infrastructure, des coopérations en matière de recherche. Les Chefs d'Etat y étaient favorables, les Ministres des finances y étaient opposés.
Il a donc fallu se battre. Et l'on en arrive aujourd'hui à ce traité actuel qui va nous permettre de mieux nous battre.
La Charte des droits fondamentaux insérée dans le Traité, ce n'est pas la même chose que la Charte des droits à côté du Traité. Sur le plan des symboles, sur le plan de loi, nous pourrons utiliser la Charte des droits fondamentaux pour faire progresser les droits en Europe.
Il y a les valeurs affirmées dans ce Traité et une organisation plus efficace des pouvoirs. Il y a surtout une réelle démocratisation avec un Parlement qui devient co-législateur pour 85 % des décisions qui sont prises dans l'Union.
Il y a aussi le droit de pétition. Les " joueurs de flûte " se moquent du droit de pétition en disant qu'un million de signatures n'est rien puisque c'est la Commission qui décide. Non ! Ce n'est pas ainsi que les choses se passent. La Commission donne un avis. Le patron des syndicats européens affirme qu'avec ses 60 millions d'adhérents, s'ils veulent faire passer une loi demain, la Commission ne peut faire fi de cela. Il y aura donc un dynamisme de créé.
En ce qui concerne les services publics, le texte qui est envisagé permet de faire l'unité dans la diversité. Si nous ne sommes pas tous d'accord en Europe pour avoir les mêmes règles de service public, on ne pourra pas empêcher la France de décider ce qu'elle veut et, si on veut y consacrer de l'argent, on le pourra. Beaucoup de journalistes, pris par l'idée de la valeur et des beautés du capitalisme financier contemporain avaient dit, un jour, à un Ministre Danois : " Comment faites-vous pour avoir des dépenses publiques qui représentent 55 à 60 % de votre produit national ? ". Le Ministre Danois leur avait répondu : " Figurez-vous que les Danois en ont pour leur argent ! ". Et c'est vrai ; 4 % de taux de chômage, une égalité des chances réalisée comme nulle part ; ils peuvent donc le faire à l'intérieur de l'Europe ! Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Mais, c'est une autre question qui nous ramène à des débats que nous aurons en 2007.
Le combat continue ; les socialistes ont toujours été là. Oui ! mais ils avaient une règle : ils exigeaient, ils demandaient, mais en même temps, ils donnaient. Ceux qui pensent que l'Europe pourrait devenir un self-service où chacun prendrait ce qu'il voudrait en laissant le reste se trompent. On exige et l'on donne tout à la fois. On ne gagne pas toujours, on recherche des consensus, mais c'est comme cela que les socialistes ont fait avancer l'Europe.
Pierre MAUROY - C'est en tant que Premier ministre de F. Mitterrand dans une période où l'Europe a fait un pas décisif que je veux porter un témoignage. Après la guerre, compte tenu des horreurs de cette guerre, ce qui était essentiel, c'était la paix. Mais, c'était plus que la paix ; c'était la paix et la construction européenne. C'était la paix avec l'amitié franco-allemande. C'est ainsi que, Maire de Lille, j'ai fait le serment -avec Cologne et d'autres villes européennes- de servir la paix et la construction européenne. Je ne serais pas parjure vis-à-vis de cet engagement.
Tout a commencé en 1983 où certains s'interrogeaient sur le fait de sortir ou non du système monétaire européen. Il n'y avait pas seulement des préoccupations économiques. Il y avait essentiellement la volonté d'avancer en Europe. Si on sortait du système monétaire européen, on portait un coup à l'Europe. On y est resté.
Et, en 1983/84, le conseil économique fut extraordinaire ; la Grande-Bretagne vient d'avantage vers l'Europe ; c'est l'entrée de l'Espagne, du Portugal, précédés par la Grèce et l'Irlande.
Ces entrées furent de véritables avancées pour la démocratie, pour leur économie. L'Europe est capable aussi de cela.
Mon identité socialiste se confond avec mon identité européenne. Je comprends mal ceux qui veulent les séparer. Nous avons besoin de l'Europe, de notre cohésion, de notre participation aux côtés des partis sociaux-démocrates européens. J'ai été président de l'internationale socialiste à une période décisive, le Mur de Berlin s'écroulait. L'idéal des socialistes l'emportait sur le communisme. C'est alors que cette internationale s'est étendue dans le monde entier, alors qu'elle était jusque-là européenne. Une trentaine de partis communistes sont entrés à l'internationale socialiste, acceptant notre idéal, acceptant notre vision de l'Europe. Aujourd'hui, il faudrait faire fi de notre cohésion. Il faudrait être seuls et dire "Non" à l'Europe en prenant le risque de cette séparation qui ne préjuge rien de bon, même si elle ne dure pas. Plus européen que jamais, plus socialiste que jamais, je dis " oui " car nous sommes les héritiers, sans doute, d'une révolution, de la réforme ; nous sommes devenus un grand parti européen. Il y a deux temps, celui du référendum et celui de 2007. Les socialistes ne doivent pas apparaître avec un visage défiguré en 2007, avec un Parti socialiste qui s'est contorsionné, qui a jeté l'essentiel de tout ce que nous avons amassé avec F. Mitterrand et ses gouvernements et avec l'action du PS. Nous devons être nous-mêmes, c'est-à-dire européen.
Michel ROCARD - L'Europe a besoin de cette Constitution et il y a une menace. Je suis persuadé qu'aussi longtemps que les Français répondent, pour les deux tiers, dans les sondages qu'ils ne savent pas encore s'ils iront voter et qu'ils n'ont pas fixé leur vote, tout est permis. Nous combattons, l'espoir est là.
Il faut tenter de comprendre pourquoi ce " non ".
Il y a une première raison : le souverainisme permanent. Il constitue une petite partie du "non" (entre 20 et 23 %).
La seconde raison : ce sont les comptes que les Français ont à régler avec Jacques Chirac qui a complètement oublié la majorité qui l'avait élu à 82% en 2002 et qui l'avait élu, n'a pas tenu compte des élections de 2004, et qui nous a offert, depuis, l'un des gouvernements les plus conservateurs que la France ait eu depuis très longtemps. Ceci est compte en France et nous sommes devant un problème européen. Il faut donc absolument faire comprendre aux Français de ne pas faire payer à l'Europe des règlements de comptes français.
La troisième raison : une colère contre la mondialisation mal maîtrisée. La croissance est molle, il y a toujours du chômage et il augmente un peu partout en Europe occidentale, les délocalisations se multiplient et nous avons des raisons d'être inquiets. Toutes les classes moyennes en France craignent pour la sécurité de l'emploi et les classes populaires voient la pauvreté monter.
Je voudrais rappeler que l'Europe est victime d'une coïncidence extraordinaire dans le temps. C'est elle qui sert de bouc émissaire à cette colère contre le chômage, les délocalisations et la mondialisation mal maîtrisée. Or, en fait, elle n'y est pour rien. Le fait que l'on est entrepris de construire l'Europe après la deuxième guerre mondiale plutôt qu'entre les deux guerres ou qu'au XIXe Siècle est derrière nous. Ce sont les hasards de l'Histoire qui font qu'on l'entreprend maintenant. Ce sont aussi les hasards de l'Histoire qui font qu'une école intellectuelle nouvelle, qu'une politique nouvelle a pris le contrôle du monde. Qu'on l'appelle le monétarisme ou l'ultra-libéralisme, c'est pareil. Cela vient des USA ; c'est imposé au monde par les gouvernements des USA, du Japon, de Grande-Bretagne et de quelques Européens, mais pourquoi ? Cette idée stupide selon laquelle nous n'avons pas besoin de l'intervention régulatrice de l'Etat pour mettre de l'ordre dans les affaires, que l'équilibre des marchés est optimal a augmenté vertigineusement les inégalités dans le monde entier, et pas seulement en Europe. Elle a fait ré émerger la grande pauvreté dans les pays développés, y compris chez nous et aussi aux USA. Cette idée dangereuse -et d'une certaine façon criminelle- ne vient pas d'Europe. Mais, les riches ayant toujours envie de s'enrichir davantage ont partout fait ce choix, et les forces conservatrices ont gagné jusqu'en Europe. Cette façon de réguler les affaires du monde s'est traduite en Europe par nos forces politiques nationales. La bataille qui se passe en Europe est le fait de ces forces qui souhaitent, en Europe, consolider ces règles du jeu favorables aux riches.
Cependant, tous ceux qui veulent autre chose, un autre monde, une meilleure régulation du monde, limiter les inégalités, contrôler mieux les licenciements ont besoin d'une assise pour y réussir et l'Europe est le seul champ de bataille possible. Nous voulons consolider l'Europe pour deux raisons : l'outil d'une autre politique économique doit et ne peut exister qu'en Europe ; il faut une volonté politique pour la mettre en uvre. Pour le moment, la droite est majoritaire. Mais, une gauche majoritaire en Europe sans une Europe forte ne pourrait pas travailler. Nos raisons de voter " Oui " sont antagoniques avec celles de la droite. Nous ne sommes d'accord que sur la délimitation du champ de bataille. Nous avons besoin que ce champ de bataille soit clairement défini. Et, je voudrais dire à tous ceux qui ont au cur des inquiétudes pour leur emploi, leur niveau de vie, pour leur famille et leur descendance, que la réponse est l'Europe sous condition d'un surgissement d'une volonté de gauche. Nous y combattons tous ensemble. Mais il faut que l'outil soit fort. Ne nous tirons pas une balle dans le pied aux dépens de l'Europe en cassant l'outil dont nous avons besoin demain pour changer de politique.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 avril 2005)