Texte intégral
Une approche globale de la problématique 3R [" Réduire, Recycler, Réutiliser "] ne peut ignorer la situation particulière des pays en développement (PED). Les pays développés doivent leur apporter un soutien dans ce domaine comme cela est prévu, par exemple, dans la Convention de Bâle pour les déchets industriels.
Pour viser un maximum d'efficacité dans cette coopération mondiale, il convient de développer une approche générale en matière de collecte et de traitement des déchets. Cette approche en est le plus souvent au stade embryonnaire. Les enjeux sont d'abord des enjeux sanitaires à ce stade de la démarche.
Ces enjeux sont particulièrement élevés dans les grandes concentrations du monde en développement. Elles rassemblent désormais la plus grande partie de la population et sont bien souvent largement dépourvues de service d'enlèvement des ordures ménagères, comme d'ailleurs de service d'assainissement des eaux.
N'oublions pas que moins de 40 % de la population a accès à la collecte. Les municipalités qui ont un rôle de plus en plus important sont insuffisamment préparées dans ce domaine. La priorité est donc de contribuer à des actions de formation et d'information des autorités et des différentes collectivités locales sur le sujet. Le premier objectif de ces actions est d'aider à mettre en place un cadre institutionnel pour l'organisation des services adaptés. Je suis convaincu que la coopération décentralisée entre collectivités locales peut jouer un rôle majeur en la matière.
C'est ce qu'a entrepris la France en s'attachant à mettre en réseau les acteurs concernés de 18 pays et en soutenant neuf actions de recherche et d'expérimentations. Les acteurs concernés sont les chercheurs, ONG, municipalités, bureaux d'études des PED et de la France. Les actions concernent par exemple l'organisation de la pré-collecte à Yaoundé au Cameroun ou l'analyse des procédés de recyclage utilisés au Vietnam pour les transférer en Afrique.
Le réseau qui s'est constitué doit maintenant perdurer. Il pourrait s'attacher à la rédaction de plans stratégiques déchets à l'échelle locale, en tenant compte bien entendu de la réalité de terrain et des objectifs atteignables et contrôlables.
En matière d'activité industrielle, l'objectif est d'éviter que les activités créées ne conduisent à la production au plan local de déchets pour lesquels bien souvent aucune capacité de recyclage, de traitement ou d'élimination satisfaisante n'est disponible. Je pense en particulier aux déchets industriels dangereux.
En dernier lieu, les politiques de soutien aux PED doivent éviter que le développement d'activités industrielles sans réel contrôle de leurs conditions de fonctionnement ne laissent des séquelles dans les sols et constituent ainsi des sites pollués. Ce point n'est d'ailleurs pas propre aux PED puisque ce type de situation existe aussi en Europe et fait l'objet d'une mise sous contrôle.
Là aussi, les actions doivent viser à apporter un soutien méthodologique et technique pour développer des compétences et des capacités de prise en charge locales de ces problèmes spécifiques. Un guide tirant parti de l'expérience française a, dans cette perspective, été rédigé par l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Il va être édité prochainement puis diffusé par le PNUE.
A l'image des opérations engagées :
- au Brésil, avec la mise en place du plan directeur des déchets ménagers de Sao Paulo,
- en Égypte, avec le traitement des eaux usées avec récupération de méthane à Caire-est,
- en Chine, avec l'incinération des déchets de Pudong avec valorisation énergétique, au Vietnam, avec l'étude d'assainissement et d'élimination des déchets de Hoi An.
La France entend poursuivre son soutien et faire bénéficier de son expérience et de son savoir-faire.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2005)