Texte intégral
QUESTION : Dans la première partie (Art. 1-3) de la Constitution, il est écrit que " l'Union offre à ses citoyens (...) un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ". Quelles sont pour vous les conséquences de cet article ? Ce texte n'institutionnalise-t-il pas le principe même du libéralisme ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Tout d'abord, je tiens à vous rappeler que l'article I-3 doit être lu en entier : il affirme aussi le principe d'économie sociale de marché, les objectifs de plein emploi, de progrès social, de lutte contre l'exclusion et de développement durable.
Le débat sur le traité constitutionnel est trop important pour le laisser dériver vers le dogmatisme. La " concurrence non faussée " est déjà mentionnée dans le traité actuel. L'article I-3 prône une " économie sociale de marché ", c'est la première fois que l'expression est employée.
Mais lisons d'autres articles. L'article III-117 proclame que toutes les politiques de l'Union doivent prendre en compte des exigences fortes : un niveau d'emploi élevé, la garantie d'une protection sociale adéquate, la lutte contre l'exclusion sociale, un niveau élevé d'éducation, de formation et de protection de la santé humaine. L'article III-211 consacre le rôle des partenaires sociaux dans la définition des politiques sociales de l'Union.
Regardons aussi la Charte des droits fondamentaux, c'est la deuxième partie du traité. On y retrouve les grandes garanties sociales auxquelles nos concitoyens, notamment les salariés, sont traditionnellement attachés. Ces garanties vont désormais s'imposer à tous les Etats membres de l'Union.
Nous aurons ainsi les bénéfices de la concurrence mais sans ses excès : n'oublions pas que c'est grâce à la concurrence que le téléphone mobile est devenu accessible à une très grande majorité de Français.
Il ne faut pas confondre le libéralisme politique et le tout libéral économique. La France est plus libérale en politique qu'en économie, c'est le contraire en Chine ; j'en reviens renforcé dans ma conviction européenne.
QUESTION : Comment concilier cet article avec les grands principes gaullistes (chers à l'UMP) d'interventions économiques, comme par exemple ceux en faveur de la recherche et des services publics ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Pour la première fois, un traité européen consacre le modèle français du service public, dans un but de cohésion sociale et territoriale. L'article II-96 impose même à l'Union de reconnaître et de respecter l'accès aux services publics tel qu'il est prévu par les législations et les pratiques de chaque pays. Tout ceci n'a rien d'étonnant : le traité a été largement inspiré par des Français, de sensibilités politiques différentes. Nos concitoyens peuvent donc être rassurés.
Quant à la recherche, elle est mentionnée à l'article III-248, qui vise à la création d'un grand espace européen de la recherche. En agissant ensemble, les Européens pourront atteindre la dimension nécessaire dans des domaines qui exigent d'importantes ressources humaines et de lourds moyens financiers. Ils pourront ainsi s'imposer dans des grands programmes d'envergure mondiale : l'énergie avec le projet ITER qui sera réalisé en France à Cadarache, l'espace, etc.... L'Europe réduira aussi sa dépendance par rapport à la technologie américaine : Galileo mettra fin au monopole du GPS américain.
QUESTION : Aujourd'hui, avec cette constitution, serait-il encore possible d'initier de grandes politiques économiques nationales comme un " Plan Calcul " cher au président Pompidou et qui avait permis de lancer l'informatique dans les entreprises à la fin des années 60 ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La France et le monde ont considérablement changé depuis 40 ans. Les grandes politiques publiques auront d'autant plus d'efficacité qu'elles seront conduites au niveau européen. : Airbus, Galileo, Ariane... Le rapport BEFFA demandé par le Président de la République montre qu'il est toujours possible de faire preuve de volontarisme à l'échelle nationale dans le cadre des traités européens. Nous disposerons à la fin de cette année d'une agence pour l'innovation industrielle qui nous permettra de soutenir de nouveaux grands projets, reposant sur le progrès scientifique et créateurs d'emplois.
L'emploi en Europe est très secoué par la conjugaison de trois événements qui ont changé la donne économique internationale en ce début 2005 : l'émergence des nouveaux membres de l'OMC, la flambée du prix du pétrole et la faiblesse du dollar. Il nous faut absorber ces chocs en s'appuyant sur nos atouts : capacité d'innovation industrielle, développement de nouveaux emplois de proximité, construction de l'Europe politique.
QUESTION : Le paragraphe 3 de l'article 1-3 de la Constitution parle d'" une économie sociale de marché hautement compétitive ". Les notions de " social " et de " compétitivité " économique paraissent contradictoires. Comment concilier " social " et " compétitivité " ?
Jean-Pierre RAFFARIN : L'économie sociale de marché offre à la négociation sociale, aux partenaires sociaux, un rôle essentiel qui permet d'éviter les excès du libre jeu de l'économie. Elle s'est toujours opposée au capitalisme ultra-libéral pratiqué notamment aux Etats-Unis. L'Europe sera ainsi notre vrai rempart contre le système économique et social anglo-saxon.
Le nouveau traité permet un juste compromis entre les règles de l'économie de marché et les politiques de redistribution qui assurent la cohésion de notre société. Notre modèle a besoin de l'Europe et de ses 450 millions de consommateurs pour survivre : n'oublions pas la concurrence des pays qui ont choisi " la compétitivité forte " avec " le social faible ".
QUESTION : La Picardie est de plus en plus sinistrée par des fermetures d'usines encore rentables comme Flodor (fabrique de chips) à Péronne. Des multinationales jouent sur les coûts de la main d'uvre pour délocaliser. Comment contrer cette tendance ? Combien de temps la Picardie et la France pourront tenir face aux délocalisations ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je condamne fermement les comportements de certains patrons, qui ont tenté de fermer abusivement leurs usines, en détournant les lois françaises. Ces comportements inadmissibles doivent être sanctionnés. Si un chef d'entreprise est contraint de prendre la décision de réduire ses effectifs, il doit le faire en assumant les conséquences sociales.
Mais ne généralisons pas. Notre pays n'a jamais créé autant d'entreprises que ces dernières années : nous en somme à 20.000 créations par mois en moyenne !
Délocaliser un centre de production, c'est techniquement possible ; délocaliser un centre de recherche, c'est déjà plus difficile ; mais délocaliser un centre de conception, en interaction avec des laboratoires de recherche et des universités, c'est quasiment impossible. Voila toute l'ambition de notre politique des pôles de compétitivité. 105 projets ont répondu à l'appel lancé par le Gouvernement en septembre dernier. Je me réjouis de leur diversité et de leur qualité, et tout particulièrement celles des quatre projets picards, qui ont tous le mérite d'être présentés en collaboration avec d'autres régions. D'ici à l'été, le Gouvernement sélectionnera ceux qui sont le plus porteurs d'innovation et de rayonnement international.
Le Gouvernement prépare aussi une importante réforme de la taxe professionnelle. Cet impôt pénalise la production en France par rapport aux importations. Je prévois donc un allègement permanent de la charge de l'impôt.
QUESTION : Vous avez répondu à l'invitation de Gilles de Robien pour ce déplacement officiel. Qu'apportez-vous dans votre besace pour le développement de la capitale picarde : une nouvelle autoroute ? Un équipement culturel ?
Jean-Pierre RAFFARIN : J'ai clairement confirmé le projet d'autoroute A 24 Amiens-Lille-Belgique en décembre 2003. Le débat public, qui s'est achevé en 2004, a permis de fixer les orientations pour cette infrastructure essentielle ; elle permettra de mieux irriguer la région picarde, de renforcer la position d'Amiens sur un nouvel axe d'échange, et de désengorger l'autoroute A1 et le trafic de transit dans l'agglomération lilloise. Les études qui commencent cette année doivent aboutir à préciser l'espace qui fera l'objet de la déclaration d'utilité publique.
Amiens est une ville culturelle de premier plan, grâce notamment à son musée des Beaux Arts. L'exposition consacrée aux villes du Nord de la Gaule, l'an dernier, a été une grande réussite, et celle qui le sera en juin à Puvis de Chavannes, qui va recevoir le label " exposition d'intérêt national ", s'annonce exceptionnelle. L'Etat accompagnera l'effort de la municipalité : je confirme l'extension du musée dans l'hôtel de Berny, et le Gouvernement est prêt à participer pour 500 000 euros à l'achat d'une oeuvre majeure de la peinture du 19ème siècle.
Enfin, les manifestations liées à l'année Jules Verne ont été préparées avec beaucoup de soin et de qualité.
Au-delà de ces projets, je propose qu'une convention d'objectifs et de moyens conclue par l'Etat avec la ville et la métropole mette en perspective le développement des différents aspects de la politique culturelle locale.
Gilles de Robien a remarquablement administré Amiens. Il est un excellent ministre, il mérite les résultats qu'il obtient. J'ai beaucoup d'autres vrais amis dans la Somme, comme Alain Gest ou Jérôme Bignon.
QUESTION : Vous venez dans la ville où Jules Verne a écrit l'essentiel de son uvre. Ses romans vous ont-ils guidé lorsque vous étiez jeune ? Que vous inspire comme réflexions le centenaire de sa mort ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Jules Verne est, dans le meilleur sens du terme, l'alliage parfait entre l'imagination et la science. Il a donné à des générations d'enfants et même d'adultes le goût d'entreprendre et de comprendre le monde. Il nous transporte dans une fiction irrésistible pour mieux nous ramener à l'action. " Rien ne s'est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée ", disait-il. Les responsables politiques devraient méditer cette maxime.
QUESTION : Vous avez engagé avec beaucoup d'énergie et à grande vitesse un certain nombre de réformes qui bousculent. Voyez-vous dans celles-ci une des raisons qui expliquent votre chute dans les sondages ? Comment voyez-vous votre avenir après le 29 mai ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La France n'avait pas le choix. Face aux mouvements du monde, l'immobilisme de la France était mortel. Nous avons sorti notre pays de plusieurs impasses : les retraites ont été sauvées, l'assurance maladie préservée, la dépendance financée, le retard d'internet rattrapé... Ces changements sont trop importants pour les uns, pas assez pour les autres. J'ai cherché l'équilibre entre le juste et le nécessaire. Les sondages ne sont pas des outils de pilotage, l'ego n'est pas une bonne boussole. Après le 29 mai, la majorité restera la majorité. Le Chef de l'Etat prendra les décisions nécessaires au service de la France. J'ai confiance.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 avril 2005)
Jean-Pierre RAFFARIN : Tout d'abord, je tiens à vous rappeler que l'article I-3 doit être lu en entier : il affirme aussi le principe d'économie sociale de marché, les objectifs de plein emploi, de progrès social, de lutte contre l'exclusion et de développement durable.
Le débat sur le traité constitutionnel est trop important pour le laisser dériver vers le dogmatisme. La " concurrence non faussée " est déjà mentionnée dans le traité actuel. L'article I-3 prône une " économie sociale de marché ", c'est la première fois que l'expression est employée.
Mais lisons d'autres articles. L'article III-117 proclame que toutes les politiques de l'Union doivent prendre en compte des exigences fortes : un niveau d'emploi élevé, la garantie d'une protection sociale adéquate, la lutte contre l'exclusion sociale, un niveau élevé d'éducation, de formation et de protection de la santé humaine. L'article III-211 consacre le rôle des partenaires sociaux dans la définition des politiques sociales de l'Union.
Regardons aussi la Charte des droits fondamentaux, c'est la deuxième partie du traité. On y retrouve les grandes garanties sociales auxquelles nos concitoyens, notamment les salariés, sont traditionnellement attachés. Ces garanties vont désormais s'imposer à tous les Etats membres de l'Union.
Nous aurons ainsi les bénéfices de la concurrence mais sans ses excès : n'oublions pas que c'est grâce à la concurrence que le téléphone mobile est devenu accessible à une très grande majorité de Français.
Il ne faut pas confondre le libéralisme politique et le tout libéral économique. La France est plus libérale en politique qu'en économie, c'est le contraire en Chine ; j'en reviens renforcé dans ma conviction européenne.
QUESTION : Comment concilier cet article avec les grands principes gaullistes (chers à l'UMP) d'interventions économiques, comme par exemple ceux en faveur de la recherche et des services publics ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Pour la première fois, un traité européen consacre le modèle français du service public, dans un but de cohésion sociale et territoriale. L'article II-96 impose même à l'Union de reconnaître et de respecter l'accès aux services publics tel qu'il est prévu par les législations et les pratiques de chaque pays. Tout ceci n'a rien d'étonnant : le traité a été largement inspiré par des Français, de sensibilités politiques différentes. Nos concitoyens peuvent donc être rassurés.
Quant à la recherche, elle est mentionnée à l'article III-248, qui vise à la création d'un grand espace européen de la recherche. En agissant ensemble, les Européens pourront atteindre la dimension nécessaire dans des domaines qui exigent d'importantes ressources humaines et de lourds moyens financiers. Ils pourront ainsi s'imposer dans des grands programmes d'envergure mondiale : l'énergie avec le projet ITER qui sera réalisé en France à Cadarache, l'espace, etc.... L'Europe réduira aussi sa dépendance par rapport à la technologie américaine : Galileo mettra fin au monopole du GPS américain.
QUESTION : Aujourd'hui, avec cette constitution, serait-il encore possible d'initier de grandes politiques économiques nationales comme un " Plan Calcul " cher au président Pompidou et qui avait permis de lancer l'informatique dans les entreprises à la fin des années 60 ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La France et le monde ont considérablement changé depuis 40 ans. Les grandes politiques publiques auront d'autant plus d'efficacité qu'elles seront conduites au niveau européen. : Airbus, Galileo, Ariane... Le rapport BEFFA demandé par le Président de la République montre qu'il est toujours possible de faire preuve de volontarisme à l'échelle nationale dans le cadre des traités européens. Nous disposerons à la fin de cette année d'une agence pour l'innovation industrielle qui nous permettra de soutenir de nouveaux grands projets, reposant sur le progrès scientifique et créateurs d'emplois.
L'emploi en Europe est très secoué par la conjugaison de trois événements qui ont changé la donne économique internationale en ce début 2005 : l'émergence des nouveaux membres de l'OMC, la flambée du prix du pétrole et la faiblesse du dollar. Il nous faut absorber ces chocs en s'appuyant sur nos atouts : capacité d'innovation industrielle, développement de nouveaux emplois de proximité, construction de l'Europe politique.
QUESTION : Le paragraphe 3 de l'article 1-3 de la Constitution parle d'" une économie sociale de marché hautement compétitive ". Les notions de " social " et de " compétitivité " économique paraissent contradictoires. Comment concilier " social " et " compétitivité " ?
Jean-Pierre RAFFARIN : L'économie sociale de marché offre à la négociation sociale, aux partenaires sociaux, un rôle essentiel qui permet d'éviter les excès du libre jeu de l'économie. Elle s'est toujours opposée au capitalisme ultra-libéral pratiqué notamment aux Etats-Unis. L'Europe sera ainsi notre vrai rempart contre le système économique et social anglo-saxon.
Le nouveau traité permet un juste compromis entre les règles de l'économie de marché et les politiques de redistribution qui assurent la cohésion de notre société. Notre modèle a besoin de l'Europe et de ses 450 millions de consommateurs pour survivre : n'oublions pas la concurrence des pays qui ont choisi " la compétitivité forte " avec " le social faible ".
QUESTION : La Picardie est de plus en plus sinistrée par des fermetures d'usines encore rentables comme Flodor (fabrique de chips) à Péronne. Des multinationales jouent sur les coûts de la main d'uvre pour délocaliser. Comment contrer cette tendance ? Combien de temps la Picardie et la France pourront tenir face aux délocalisations ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je condamne fermement les comportements de certains patrons, qui ont tenté de fermer abusivement leurs usines, en détournant les lois françaises. Ces comportements inadmissibles doivent être sanctionnés. Si un chef d'entreprise est contraint de prendre la décision de réduire ses effectifs, il doit le faire en assumant les conséquences sociales.
Mais ne généralisons pas. Notre pays n'a jamais créé autant d'entreprises que ces dernières années : nous en somme à 20.000 créations par mois en moyenne !
Délocaliser un centre de production, c'est techniquement possible ; délocaliser un centre de recherche, c'est déjà plus difficile ; mais délocaliser un centre de conception, en interaction avec des laboratoires de recherche et des universités, c'est quasiment impossible. Voila toute l'ambition de notre politique des pôles de compétitivité. 105 projets ont répondu à l'appel lancé par le Gouvernement en septembre dernier. Je me réjouis de leur diversité et de leur qualité, et tout particulièrement celles des quatre projets picards, qui ont tous le mérite d'être présentés en collaboration avec d'autres régions. D'ici à l'été, le Gouvernement sélectionnera ceux qui sont le plus porteurs d'innovation et de rayonnement international.
Le Gouvernement prépare aussi une importante réforme de la taxe professionnelle. Cet impôt pénalise la production en France par rapport aux importations. Je prévois donc un allègement permanent de la charge de l'impôt.
QUESTION : Vous avez répondu à l'invitation de Gilles de Robien pour ce déplacement officiel. Qu'apportez-vous dans votre besace pour le développement de la capitale picarde : une nouvelle autoroute ? Un équipement culturel ?
Jean-Pierre RAFFARIN : J'ai clairement confirmé le projet d'autoroute A 24 Amiens-Lille-Belgique en décembre 2003. Le débat public, qui s'est achevé en 2004, a permis de fixer les orientations pour cette infrastructure essentielle ; elle permettra de mieux irriguer la région picarde, de renforcer la position d'Amiens sur un nouvel axe d'échange, et de désengorger l'autoroute A1 et le trafic de transit dans l'agglomération lilloise. Les études qui commencent cette année doivent aboutir à préciser l'espace qui fera l'objet de la déclaration d'utilité publique.
Amiens est une ville culturelle de premier plan, grâce notamment à son musée des Beaux Arts. L'exposition consacrée aux villes du Nord de la Gaule, l'an dernier, a été une grande réussite, et celle qui le sera en juin à Puvis de Chavannes, qui va recevoir le label " exposition d'intérêt national ", s'annonce exceptionnelle. L'Etat accompagnera l'effort de la municipalité : je confirme l'extension du musée dans l'hôtel de Berny, et le Gouvernement est prêt à participer pour 500 000 euros à l'achat d'une oeuvre majeure de la peinture du 19ème siècle.
Enfin, les manifestations liées à l'année Jules Verne ont été préparées avec beaucoup de soin et de qualité.
Au-delà de ces projets, je propose qu'une convention d'objectifs et de moyens conclue par l'Etat avec la ville et la métropole mette en perspective le développement des différents aspects de la politique culturelle locale.
Gilles de Robien a remarquablement administré Amiens. Il est un excellent ministre, il mérite les résultats qu'il obtient. J'ai beaucoup d'autres vrais amis dans la Somme, comme Alain Gest ou Jérôme Bignon.
QUESTION : Vous venez dans la ville où Jules Verne a écrit l'essentiel de son uvre. Ses romans vous ont-ils guidé lorsque vous étiez jeune ? Que vous inspire comme réflexions le centenaire de sa mort ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Jules Verne est, dans le meilleur sens du terme, l'alliage parfait entre l'imagination et la science. Il a donné à des générations d'enfants et même d'adultes le goût d'entreprendre et de comprendre le monde. Il nous transporte dans une fiction irrésistible pour mieux nous ramener à l'action. " Rien ne s'est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée ", disait-il. Les responsables politiques devraient méditer cette maxime.
QUESTION : Vous avez engagé avec beaucoup d'énergie et à grande vitesse un certain nombre de réformes qui bousculent. Voyez-vous dans celles-ci une des raisons qui expliquent votre chute dans les sondages ? Comment voyez-vous votre avenir après le 29 mai ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La France n'avait pas le choix. Face aux mouvements du monde, l'immobilisme de la France était mortel. Nous avons sorti notre pays de plusieurs impasses : les retraites ont été sauvées, l'assurance maladie préservée, la dépendance financée, le retard d'internet rattrapé... Ces changements sont trop importants pour les uns, pas assez pour les autres. J'ai cherché l'équilibre entre le juste et le nécessaire. Les sondages ne sont pas des outils de pilotage, l'ego n'est pas une bonne boussole. Après le 29 mai, la majorité restera la majorité. Le Chef de l'Etat prendra les décisions nécessaires au service de la France. J'ai confiance.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 avril 2005)