Texte intégral
Q- Bonjour D. de Villepin. Vous avez présenté hier en compagnie des membres du Conseil Français du Culte Musulman le projet de statut pour une fondation pour les oeuvres de l'Islam. A quoi servira cette fondation, D. de Villepin ?
R- C'est une étape importante parce qu'il s'agira de financer, à la fois les lieux de culte, les mosquées, les salles de prière, à la fois la formation des imams, l'ensemble des besoins du Conseil Français du Culte Musulman. Et ce sera possible sans argent public, avec l'appui de dons privés, de dons étrangers, et dans le cadre strict, dans le respect strict de la loi de 1905.
Q- C'est une manière pour vous de débarrasser l'Islam en France d'influences extérieures et radicales ?
R- C'est le moyen d'assurer la plus grande transparence. Nous avons besoin de cette transparence et c'est la réponse indispensable de la République à l'Islam de France, qui jusqu'à maintenant n'avait pas toute sa place à la table de la République. Donc c'était un geste nécessaire. A côté du Conseil Français du Culte Musulman, il y aura désormais un outil indispensable : la fondation pour les oeuvres de l'Islam.
Q- Les Français voteront dans dix semaines sur la Constitution Européenne. Ce sera le dimanche 29 mai. Mais selon deux sondages récents, s'ils votaient aujourd'hui, ce serait le "non" qui l'emporterait. Etes-vous surpris, D. de Villepin, par la montée soudaine de ce non dans l'opinion publique française ?
R- Non. Non, je ne suis pas surpris du tout. D'abord parce qu'il y a dans notre pays, comme d'ailleurs en Europe, des inquiétudes et des peurs. Et elles se cristallisent bien sûr sur ce qui est le grand enjeu politique des prochaines semaines : le référendum. A nous d'expliquer l'importance...
Q- Inquiétudes et peurs liées à l'Europe, ou liées à la situation intérieure ?
R- Liées à la situation générale, liées à la situation de l'emploi, liées à la situation sociale. Tout cela se cristallise, avec des sujets qui ont peu à voir très souvent, y compris des sujets européens. "La directive service" touche au politique, elle ne touche pas au traité. Pourquoi parlons-nous, et pourquoi avons-nous besoin d'un traité constitutionnel ? Nous étions quinze, nous sommes vingt-cinq. Pour fonctionner à vingt-cinq, nous avons besoin d'une règle commune. Cette règle commune, c'est le projet de Constitution. Si nous n'avons pas cette règle commune, nous ne pourrons pas organiser cette Europe face au grand vent de la mondialisation, face à l'évolution ultra libérale de la planète. Donc nous avons besoin de nous organiser. Ce qui veut dire - et le président de la République avait employé la formule à juste titre - que dire non à ce projet de traité, ce serait effectivement "se tirer une balle dans le pied". Pourquoi ?
Q- Oui, pourquoi ?
R- D'abord parce que c'est une illusion de croire que nous pourrons renégocier dans de meilleures conditions ce traité. Je le dis comme conventionnel, donc d'expérience. Nous avons passé beaucoup de temps, avec un président de la Convention qui était français, et ce traité porte la marque française. Des idées françaises sur le service public, des idées françaises sur le modèle social, des idées françaises sur les droits de l'homme, des idées françaises sur l'exception culturelle. Donc il y a bien là tous les éléments qui vont nous permettre au cours des prochaines années de défendre notre vision de la société. Notre vision de l'Europe. Si nous baissons les bras, si nous votons non, que va t-il se passer ? Contrairement à ce que certains croient, ce n'est pas l'électrochoc qui va se produire, ce n'est pas la capacité à mieux protéger les Français, c'est exactement l'inverse. C'est-à-dire que la mondialisation va se dérouler sans limites et que l'Europe sera alors ce grand marché, dont rêvent les Anglo-Saxons, une Europe sous influence américaine, une Europe sous influence chinoise, et rien ne permettra de dominer véritablement ces grands mécanismes. Dernière chose, et qui pour moi est essentielle : la France sera dans un coin, sur un strapontin, et ne pèsera plus sur le devenir européen. Une France humiliée, une France qui aura du mal à se regarder elle-même, et qui aura du mal à se regarder dans les yeux des autres, parce qu'elle aura soudain rapetissé.
Q- Mais cette Constitution, c'est un texte touffu, difficile à expliquer. Beaucoup de choses s'y mêlent, vous l'avez dit. Ça n'aurait pas été plus simple de passer par la voie parlementaire ? Et puis, question subsidiaire : si on fait un référendum, c'est qu'on a le droit de
répondre non ?
R- Mais bien sûr ! C'est là la liberté des Français, c'est là où est le débat démocratique et c'est là où le président de la République a bien évidemment fait le bon choix. Nous avons besoin d'un grand débat. Tout simplement pare que, sortant d'une période de doutes et d'inquiétudes, par une adhésion forte à ce projet européen, qui est dans le fond un oui à la France, un oui à une France grande, un oui à une France qui est prête à se battre et qui retrouve confiance en elle-même. Eh bien, c'est la fin d'une période de doutes, de morosité et d'incertitudes. C'est là où le débat démocratique dans un pays comme la France est essentiel. C'est l'occasion inespérée pour que la classe politique se reprenne en main, pour que nous sortions de nos petites querelles consanguines, de ces rumeurs et ragots. C'est une chance de sortir par le haut ! Donc, c'est l'occasion, et c'est bien là où il faut aller au débat et à l'explication et aujourd'hui le terrain est occupé par le "non".
Q- Pourquoi le "oui" ne l'occupe pas ? Qu'est-ce qui se passe ? Vous disiez dans le Figaro Magazine de cette semaine : "si l'on veut gagner, il faut que la clarté du message passe - c'est ce que vous essayez de faire ce matin, D. de Villepin - cela implique une plus grande coordination du dispositif central". Alors c'est quoi le "dispositif central" ? C'est qui ?
R- Nous avons deux mois pour faire en sorte que tous ceux qui pensent que, plus d'Europe, c'est bon pour la France et que la France a besoin de travailler dans un cadre qui lui permette véritablement de libérer ses énergies - 450 millions d'habitants, face à des grands ensembles, d'un milliard 300 millions, 300 millions d'Américains, c'est la seule condition pour nous permettre d'avoir toutes les chances dans le monde de demain. Et là je pense à nos enfants. Il n'est pas question d'humeur ! C'est facile de se dire : je vote non, et je me fais plaisir. Et c'est formidable, on va voir à quel point, finalement, on va vivre des moments drôles et amusants. Formidable, oui, mais la France ? La France abaissée, les Français moins protégés. Ce que je veux faire comprendre ce matin, c'est que si l'on veut une France soumise, si l'on veut une France dominée, eh bien le non fait le lit de cela. Je ne dis pas que le débat ne doit pas avoir lieu, parce que je pense que le débat est salvateur. Et une fois de plus, ce débat doit être organisé, coordonné, mais regardons vers le haut.
Q- "Coordonné" ?
R- Coordonné par l'ensemble des responsables français. Le président de la République a une responsabilité majeure bien évidemment dans un référendum tout au long de la campagne.
Q- Alors quand est-ce qu'il va intervenir ?
R- Mais chacun d'entre nous doit accompagner, par sa prise de conscience. Et quand je dis "chacun d'entre nous" : responsables politiques, dirigeants d'entreprise, instituteurs, citoyens, chaque citoyen français et c'est ça le miracle de la démocratie. Et cette démocratie, elle est plus forte, notre démocratie française elle est plus forte dans le cadre de la démocratie européenne, qui est un grand exemple pour le monde.
Q- "C'est J. Chirac qui a voulu ce référendum - je cite A. Duhamel dans son éditorial d'hier. Est-ce que vous l'avez entendu, disait Alain, mener campagne en quoi que ce soit ? Il n'a pas fait une émission, il n'a pas mené une interview" Est-ce que sa voix ne manque pas en ce début de campagne ? Et est-ce que ce n'est pas une partie de l'explication de la montée du non ?
R- D'abord je crois que c'est profondément injuste ! C'est profondément injuste, mais comme toujours.
Q- Mais pourquoi c'est injuste ? On ne l'a pas entendu, il n'a rien dit encore.
R- Monsieur Aphatie, nous sommes dans une période de grand vacarme où par définition, il est plus facile d'agiter les épouvantails et de jouer les peurs ! Vient le moment où tout à coup, parce qu'on a encore plus peur de ce qu'on pourrait faire, là on est un peu dans la situation de ceux qui s'avancent vers un balcon et qui se disent après tout, nous sommes au huitième étage, et si on se penchait un peu plus. Donc à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien il y a un grand silence. C'est ce qui se produit en ce moment. Nous sommes dans un momentum de la vie politique où alors les voix vont se faire entendre. Et où il n'y aura pas simplement Monsieur Villiers, Monsieur Fabius comme pousse-au crime sur la scène politique française, mais il y aura aussi des gens responsables. Et les Français ont envie de se dire : mais que se passerat- il vraiment ? Est-ce que vraiment la France sera mieux protégée si elle vote non ? Il faut cette inquiétude.
Q- Quand est-ce qu'on va entendre J. Chirac, D. de Villepin ?
R- Et J. Chirac, une fois de plus, jouera son rôle tout au long de la campagne. Il prendra toute sa part pour une raison très simple : c'est qu'un référendum c'est d'abord la rencontre entre le chef de l'Etat et les Français. Et donc, il sera pleinement à tous les rendez-vous de cette campagne. Une fois de plus, nous avons deux mois devant nous, deux mois d'explications, deux mois de débats, ce qui ne doit pas empêcher le travail gouvernemental, et dans le secteur qui est le mien, l'Europe est au rendez-vous quotidien du terrorisme, lutte contre le terrorisme, lutte contre la l'insécurité, lutte contre l'immigration irrégulière.
Q- Finalement, vous feriez un bon chef de campagne, D. de Villepin.
R- Mais je suis dans la campagne, pleinement engagé et j'y jouerai toute ma place !
Q- Mais il n'y a pas de chef, pas de chef pour le moment.
R- Oh ! rassurez-vous, rassurez-vous. Dans ces deux mois vous aurez l'occasion de voir, chacun jouera son rôle, chacun portera ce qu'il doit porter.
Q- Un jugement politique sur la Une de Paris-Match la semaine dernière : Hollande et Sarkozy qui posent ensemble. Ça brouille les cartes, ça aide l'Europe ? Ça fait quoi ?
R- Ils ont l'air souriants, et contents d'être là.
Q- Un mot : D. Ambiel, ancien conseiller de J.-P. Raffarin, sort un livre. Il doute que vous soyez à l'origine du montage de votre affaire, il le dit, mais il écrit aussi : "longtemps je penserai que D. de Villepin n'est pas étranger à cette affaire". Alors, quand on est ministre de l'Intérieur, on fait toujours des mauvais coups, c'est la réputation qui court.
R- Vous voyez !
Q- Vous voyez quoi ?
R- On n'a même pas besoin d'agir et de parler, on vous prête beaucoup de mauvaises intentions ! Restons-en à la réalité des faits.
Q- A tort ou à raison ?
R- Il y a une décision de justice. Cette décision de justice il ne m'appartient pas de la commenter.
D. de Villepin, qui est chef de campagne du oui ce matin - on va le dire comme ça - était l'invité d'RTL. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 mars 2005)
R- C'est une étape importante parce qu'il s'agira de financer, à la fois les lieux de culte, les mosquées, les salles de prière, à la fois la formation des imams, l'ensemble des besoins du Conseil Français du Culte Musulman. Et ce sera possible sans argent public, avec l'appui de dons privés, de dons étrangers, et dans le cadre strict, dans le respect strict de la loi de 1905.
Q- C'est une manière pour vous de débarrasser l'Islam en France d'influences extérieures et radicales ?
R- C'est le moyen d'assurer la plus grande transparence. Nous avons besoin de cette transparence et c'est la réponse indispensable de la République à l'Islam de France, qui jusqu'à maintenant n'avait pas toute sa place à la table de la République. Donc c'était un geste nécessaire. A côté du Conseil Français du Culte Musulman, il y aura désormais un outil indispensable : la fondation pour les oeuvres de l'Islam.
Q- Les Français voteront dans dix semaines sur la Constitution Européenne. Ce sera le dimanche 29 mai. Mais selon deux sondages récents, s'ils votaient aujourd'hui, ce serait le "non" qui l'emporterait. Etes-vous surpris, D. de Villepin, par la montée soudaine de ce non dans l'opinion publique française ?
R- Non. Non, je ne suis pas surpris du tout. D'abord parce qu'il y a dans notre pays, comme d'ailleurs en Europe, des inquiétudes et des peurs. Et elles se cristallisent bien sûr sur ce qui est le grand enjeu politique des prochaines semaines : le référendum. A nous d'expliquer l'importance...
Q- Inquiétudes et peurs liées à l'Europe, ou liées à la situation intérieure ?
R- Liées à la situation générale, liées à la situation de l'emploi, liées à la situation sociale. Tout cela se cristallise, avec des sujets qui ont peu à voir très souvent, y compris des sujets européens. "La directive service" touche au politique, elle ne touche pas au traité. Pourquoi parlons-nous, et pourquoi avons-nous besoin d'un traité constitutionnel ? Nous étions quinze, nous sommes vingt-cinq. Pour fonctionner à vingt-cinq, nous avons besoin d'une règle commune. Cette règle commune, c'est le projet de Constitution. Si nous n'avons pas cette règle commune, nous ne pourrons pas organiser cette Europe face au grand vent de la mondialisation, face à l'évolution ultra libérale de la planète. Donc nous avons besoin de nous organiser. Ce qui veut dire - et le président de la République avait employé la formule à juste titre - que dire non à ce projet de traité, ce serait effectivement "se tirer une balle dans le pied". Pourquoi ?
Q- Oui, pourquoi ?
R- D'abord parce que c'est une illusion de croire que nous pourrons renégocier dans de meilleures conditions ce traité. Je le dis comme conventionnel, donc d'expérience. Nous avons passé beaucoup de temps, avec un président de la Convention qui était français, et ce traité porte la marque française. Des idées françaises sur le service public, des idées françaises sur le modèle social, des idées françaises sur les droits de l'homme, des idées françaises sur l'exception culturelle. Donc il y a bien là tous les éléments qui vont nous permettre au cours des prochaines années de défendre notre vision de la société. Notre vision de l'Europe. Si nous baissons les bras, si nous votons non, que va t-il se passer ? Contrairement à ce que certains croient, ce n'est pas l'électrochoc qui va se produire, ce n'est pas la capacité à mieux protéger les Français, c'est exactement l'inverse. C'est-à-dire que la mondialisation va se dérouler sans limites et que l'Europe sera alors ce grand marché, dont rêvent les Anglo-Saxons, une Europe sous influence américaine, une Europe sous influence chinoise, et rien ne permettra de dominer véritablement ces grands mécanismes. Dernière chose, et qui pour moi est essentielle : la France sera dans un coin, sur un strapontin, et ne pèsera plus sur le devenir européen. Une France humiliée, une France qui aura du mal à se regarder elle-même, et qui aura du mal à se regarder dans les yeux des autres, parce qu'elle aura soudain rapetissé.
Q- Mais cette Constitution, c'est un texte touffu, difficile à expliquer. Beaucoup de choses s'y mêlent, vous l'avez dit. Ça n'aurait pas été plus simple de passer par la voie parlementaire ? Et puis, question subsidiaire : si on fait un référendum, c'est qu'on a le droit de
répondre non ?
R- Mais bien sûr ! C'est là la liberté des Français, c'est là où est le débat démocratique et c'est là où le président de la République a bien évidemment fait le bon choix. Nous avons besoin d'un grand débat. Tout simplement pare que, sortant d'une période de doutes et d'inquiétudes, par une adhésion forte à ce projet européen, qui est dans le fond un oui à la France, un oui à une France grande, un oui à une France qui est prête à se battre et qui retrouve confiance en elle-même. Eh bien, c'est la fin d'une période de doutes, de morosité et d'incertitudes. C'est là où le débat démocratique dans un pays comme la France est essentiel. C'est l'occasion inespérée pour que la classe politique se reprenne en main, pour que nous sortions de nos petites querelles consanguines, de ces rumeurs et ragots. C'est une chance de sortir par le haut ! Donc, c'est l'occasion, et c'est bien là où il faut aller au débat et à l'explication et aujourd'hui le terrain est occupé par le "non".
Q- Pourquoi le "oui" ne l'occupe pas ? Qu'est-ce qui se passe ? Vous disiez dans le Figaro Magazine de cette semaine : "si l'on veut gagner, il faut que la clarté du message passe - c'est ce que vous essayez de faire ce matin, D. de Villepin - cela implique une plus grande coordination du dispositif central". Alors c'est quoi le "dispositif central" ? C'est qui ?
R- Nous avons deux mois pour faire en sorte que tous ceux qui pensent que, plus d'Europe, c'est bon pour la France et que la France a besoin de travailler dans un cadre qui lui permette véritablement de libérer ses énergies - 450 millions d'habitants, face à des grands ensembles, d'un milliard 300 millions, 300 millions d'Américains, c'est la seule condition pour nous permettre d'avoir toutes les chances dans le monde de demain. Et là je pense à nos enfants. Il n'est pas question d'humeur ! C'est facile de se dire : je vote non, et je me fais plaisir. Et c'est formidable, on va voir à quel point, finalement, on va vivre des moments drôles et amusants. Formidable, oui, mais la France ? La France abaissée, les Français moins protégés. Ce que je veux faire comprendre ce matin, c'est que si l'on veut une France soumise, si l'on veut une France dominée, eh bien le non fait le lit de cela. Je ne dis pas que le débat ne doit pas avoir lieu, parce que je pense que le débat est salvateur. Et une fois de plus, ce débat doit être organisé, coordonné, mais regardons vers le haut.
Q- "Coordonné" ?
R- Coordonné par l'ensemble des responsables français. Le président de la République a une responsabilité majeure bien évidemment dans un référendum tout au long de la campagne.
Q- Alors quand est-ce qu'il va intervenir ?
R- Mais chacun d'entre nous doit accompagner, par sa prise de conscience. Et quand je dis "chacun d'entre nous" : responsables politiques, dirigeants d'entreprise, instituteurs, citoyens, chaque citoyen français et c'est ça le miracle de la démocratie. Et cette démocratie, elle est plus forte, notre démocratie française elle est plus forte dans le cadre de la démocratie européenne, qui est un grand exemple pour le monde.
Q- "C'est J. Chirac qui a voulu ce référendum - je cite A. Duhamel dans son éditorial d'hier. Est-ce que vous l'avez entendu, disait Alain, mener campagne en quoi que ce soit ? Il n'a pas fait une émission, il n'a pas mené une interview" Est-ce que sa voix ne manque pas en ce début de campagne ? Et est-ce que ce n'est pas une partie de l'explication de la montée du non ?
R- D'abord je crois que c'est profondément injuste ! C'est profondément injuste, mais comme toujours.
Q- Mais pourquoi c'est injuste ? On ne l'a pas entendu, il n'a rien dit encore.
R- Monsieur Aphatie, nous sommes dans une période de grand vacarme où par définition, il est plus facile d'agiter les épouvantails et de jouer les peurs ! Vient le moment où tout à coup, parce qu'on a encore plus peur de ce qu'on pourrait faire, là on est un peu dans la situation de ceux qui s'avancent vers un balcon et qui se disent après tout, nous sommes au huitième étage, et si on se penchait un peu plus. Donc à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien il y a un grand silence. C'est ce qui se produit en ce moment. Nous sommes dans un momentum de la vie politique où alors les voix vont se faire entendre. Et où il n'y aura pas simplement Monsieur Villiers, Monsieur Fabius comme pousse-au crime sur la scène politique française, mais il y aura aussi des gens responsables. Et les Français ont envie de se dire : mais que se passerat- il vraiment ? Est-ce que vraiment la France sera mieux protégée si elle vote non ? Il faut cette inquiétude.
Q- Quand est-ce qu'on va entendre J. Chirac, D. de Villepin ?
R- Et J. Chirac, une fois de plus, jouera son rôle tout au long de la campagne. Il prendra toute sa part pour une raison très simple : c'est qu'un référendum c'est d'abord la rencontre entre le chef de l'Etat et les Français. Et donc, il sera pleinement à tous les rendez-vous de cette campagne. Une fois de plus, nous avons deux mois devant nous, deux mois d'explications, deux mois de débats, ce qui ne doit pas empêcher le travail gouvernemental, et dans le secteur qui est le mien, l'Europe est au rendez-vous quotidien du terrorisme, lutte contre le terrorisme, lutte contre la l'insécurité, lutte contre l'immigration irrégulière.
Q- Finalement, vous feriez un bon chef de campagne, D. de Villepin.
R- Mais je suis dans la campagne, pleinement engagé et j'y jouerai toute ma place !
Q- Mais il n'y a pas de chef, pas de chef pour le moment.
R- Oh ! rassurez-vous, rassurez-vous. Dans ces deux mois vous aurez l'occasion de voir, chacun jouera son rôle, chacun portera ce qu'il doit porter.
Q- Un jugement politique sur la Une de Paris-Match la semaine dernière : Hollande et Sarkozy qui posent ensemble. Ça brouille les cartes, ça aide l'Europe ? Ça fait quoi ?
R- Ils ont l'air souriants, et contents d'être là.
Q- Un mot : D. Ambiel, ancien conseiller de J.-P. Raffarin, sort un livre. Il doute que vous soyez à l'origine du montage de votre affaire, il le dit, mais il écrit aussi : "longtemps je penserai que D. de Villepin n'est pas étranger à cette affaire". Alors, quand on est ministre de l'Intérieur, on fait toujours des mauvais coups, c'est la réputation qui court.
R- Vous voyez !
Q- Vous voyez quoi ?
R- On n'a même pas besoin d'agir et de parler, on vous prête beaucoup de mauvaises intentions ! Restons-en à la réalité des faits.
Q- A tort ou à raison ?
R- Il y a une décision de justice. Cette décision de justice il ne m'appartient pas de la commenter.
D. de Villepin, qui est chef de campagne du oui ce matin - on va le dire comme ça - était l'invité d'RTL. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 mars 2005)