Conférence de presse de Mme Nelly Olin, ministre déléguée à l'intégration, à l'égalité des chances et à la lutte contre l'exclusion, sur les objectifs assignés au fonds de cohésion sociale : le soutien aux dispositifs de garantie des micro-crédits professionnels et sociaux, Paris le 5 avril 2005.

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Circonstance : A l'occasion de la semaine du micro-crédit, lancement du Fonds de cohésion sociale prévu par la loi de programmation pour la cohésion sociale promulguée le 18 janvier 2005

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Directeur général, (M. Francis MAYER - Caisse des dépôts)
Monsieur le Gouverneur honoraire (M. Michel CAMDESSUS)
Monsieur le Préfet (M. RICHER, Président du Secours Catholique)
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureuse, aujourd'hui, de procéder à vos côtés au lancement officiel du fond de cohésion sociale, car il permet de lutter contre l'exclusion financière.
Trop souvent, dans ma vie d'élue puis de Ministre, j'ai vu des témoignages poignants de personnes et de familles qui sont dans des situations inextricables parce qu'elles sont surendettées.
Parfois, cette situation de surendettement provient de ce que ces ménages n'ont pas trouvé de solution adaptée pour s'équiper, pour réparer la voiture... On se retourne alors vers des formules de prêts qui sont dangereuses pour des ménages dont l'équilibre financier est déjà précaire, et c'est la spirale du pire qui commence.
Parfois aussi, je reçois des femmes et des hommes qui relèvent la tête après un accident de la vie : il faut leur donner un coup de pouce, mais cette petite aide ne doit pas forcément passer par un don. Eux-mêmes ne le souhaitent pas, ils aimeraient rembourser pour prouver leur volonté de s'en sortir Cependant, la logique financière les tient à l'écart du circuit classique, parce qu'ils sont encore fragiles.
Nous avons donc tous un effort à faire : il est parfois plus simple de donner que de prêter, parce que prêter, cela signifie mettre en place un accompagnement. Assister est plus facile que responsabiliser.
Nous savons que la citoyenneté économique passe par la faculté de différer une dépense : il faut donc améliorer l'accès au crédit.
C'est ce que nous avons voulu faire à travers du Fonds de cohésion sociale.
En soutenant les dispositifs de garantie, nous souhaitons démontrer que les personnes aux ressources modestes peuvent " remettre le pied à l'étrier " si on les aide.
Le micro-crédit social, que nous comptons développer à titre expérimental, d'abord, pourra servir à réaliser de multiples projets. Je tiens à vous faire part de quelques exemples :
- il pourra s'agir de couvrir des dépenses relatives à l'acquisition ou à l'entretien d'un véhicule pour améliorer sa mobilité et donc retrouver un travail
- il pourra permettre l'acquisition ou le remplacement d'un équipement ménager.
- il pourra favoriser l'accès au logement en finançant un déménagement ou un dépôt de garantie
- il pourra encore contribuer à la restauration de la cohésion familiale en permettant, par exemple, le départ en vacances d'une famille.
- il pourra enfin s'agir de financer des dépenses qui ne sont pas couvertes par certains mécanismes de solidarité, comme l'optique et certains soins d'orthodontie... L'accès à ces prestations est essentiel, parce qu'il améliore le confort quotidien, qu'il influe sur l'image et l'estime que l'on peut avoir de soi.
L'Etat, avec la Caisse des dépôts et les banques a donc travaillé à un appel à projets national qui sera prochainement lancé prochainement par le Conseil d'Orientation du Fonds de Cohésion Sociale (COSEF).
Nous avons tout particulièrement insisté sur le couplage des compétences entre les réseaux bancaires et les professionnels du secteur social ou les associations. Ce qui fait la réussite d'un projet du micro-crédit, c'est une bonne expertise du dossier, et la mise en place d'un suivi du bénéficiaire.
Les risques seront partagés entre les banques, l'Etat au travers du fonds de cohésion sociale, et les structures du secteur social si elles le souhaitent. C'est une démarche expérimentale, et si nous passons en phase d'industrialisation, nous aurons à bâtir un modèle sur la base des conclusions du travail que nous lançons aujourd'hui.
D'ores et déjà, nous avons identifié au travers du Secours Catholique une première initiative qui pourra s'inscrire dans le cadre de cet appel à projet.
Aujourd'hui, j'ai tenu à ce que nous labellisions donc cette initiative parce que sa grande qualité en fait un exemple à suivre, et j'invite d'autres opérateurs à être tout aussi inventifs que le Secours Catholique.
Notre souhait, c'est de démontrer que les personnes qui disposent de ressources modestes sont des acteurs économiques comme les autres.
Notre souhait, c'est que tous les acteurs s'engagent ensemble sur ce chantier, chacun assumant la part de responsabilité qui lui revient, selon sa compétence.
Je vous remercie.

(Source http://www.social.gouv.fr, le 2 mai 2005)