Texte intégral
Mesdames, Messieurs, bonjour à chacune et chacun d'entre vous et merci de votre attention ; merci à mon collègue et ami M. Ungureanu de ce qu'il vient de dire sur la qualité et la cordialité de notre nouvelle relation, j'en suis personnellement et sincèrement très heureux. Comme j'ai été très heureux de tous les entretiens denses et importants que j'ai eus aujourd'hui en rencontrant, avec le ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre, longuement ce matin et, naturellement, le président Basescu à l'instant, dans son bureau. J'ai eu même le privilège, avec le Premier ministre, de rencontrer ce matin, en réunion de travail, tous les ministres qui préparent l'intégration et l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, et le privilège, pratiquement tout au long de cette journée, de pouvoir m'exprimer dans ma langue maternelle, qui n'est pas seulement la langue des Français, mais qui est une langue que nous partageons avec beaucoup de peuples et en particulier avec le peuple roumain.
La prochaine adhésion de la Roumanie à l'Union européenne est un événement très important, pour la Roumanie, pour l'Union européenne et pour la France. La France n'a jamais regardé votre pays - ni d'ailleurs les autres - de loin ou de haut. Nous avons l'intention, dans cette relation presque fraternelle, sans nostalgie, mais avec des souvenirs, de regarder devant nous et de vous accompagner dans cette dernière ligne droite. Dans votre histoire longue et prestigieuse, dans cette partie importante de l'Europe où vous vous trouvez, après la libération et l'accès à la démocratie dans les années 90, cette adhésion est sans doute un événement historique. Et vous devez réussir cette adhésion. C'est une dernière ligne droite exigeante, qui va vous demander des efforts, des réformes, la consolidation de l'administration nationale et régionale, une lutte implacable contre la corruption, la réforme de la justice et l'Etat de droit. Toutes ces réformes et tous ces efforts sont à la portée des Roumains.
Je vais le dire en tant que ministre d'un pays fondateur de l'Union européenne : cela vaut la peine de faire ces efforts, d'entrer dans cette Union sans abandonner votre identité, votre langue, votre âme. Quand on entre dans l'Union européenne, on ne fusionne pas, on s'associe. On mutualise des énergies, des idées, des ressources. Nous travaillons, Mesdames et Messieurs, pour une Europe unie, pas une Europe uniforme. Une Europe qui est bien sûr un grand marché, qui n'est pas seulement un supermarché, mais aussi une communauté solidaire - la Roumanie va être puissamment accompagnée par la solidarité européenne pour le développement de ses régions - ; un grand marché et une communauté solidaire et, en même temps, un acteur politique.
Lundi, nous avons eu la chance et l'occasion de dîner avec le président Bush et le président Chirac à Bruxelles et nous avons entendu les Américains nous dire qu'ils avaient besoin d'une Europe forte. Il n'y a pas seulement les Américains qui ont besoin d'une Europe forte, mais nous d'abord, nous aussi. Donc, nous sommes là, dans le moment où, avec la Roumanie bientôt, et d'autres pays - je pense à la Bulgarie -, nous allons consolider cette Europe économique, monétaire, solidaire et politique. La conversation que je viens d'avoir avec le président Basescu, me conforte dans cette idée que la Roumanie peut apporter beaucoup à cette dimension politique de l'Union européenne, en raison de son histoire, de sa culture et de sa place géopolitique, ici, dans le Sud-Est de l'Europe.
Et puis, il y a cette relation singulière, j'ai dit tout à l'heure fraternelle, entre la Roumanie et la France, qui est ancienne, qui ne doit pas être une relation nostalgique mais une relation d'avenir. Nous sommes décidés à y travailler avec toutes nos équipes, de toutes nos forces, pour la consolider dans les temps qui viennent. Il a été donné à cette relation entre la Roumanie et la France, au-delà de cette dimension politique, une dimension humaine, culturelle, citoyenne. Cela passe, par exemple, par - je le dis devant M. le Sénateur Revol qui m'accompagne - les relations entre nos deux Parlements et entre toutes les collectivités locales. Près de 800 liens existent entre les collectivités locales roumaines et françaises. On fera le point sur ces liens à l'occasion de cette prochaine conférence sur la coopération décentralisée. Je suis attaché à cette coopération décentralisée pour avoir, moi-même, lancé il y a une quinzaine d'années, l'une de ces coopérations décentralisées entre la région d'Argès et la Savoie, région que j'ai présidée en France. Et puis, il y a aussi les entreprises. Nous sommes au troisième rang parmi les partenaires du développement économique de la Roumanie donc, nous avons encore deux rangs à gagner. Nous souhaitons pouvoir participer à tous les projets de développement régional, énergétique, de transport, de télécommunications de la Roumanie, qui en a beaucoup devant elle.
Et puis, il y a cette langue que nous avons en partage, et l'accueil de ce très important sommet de la Francophonie, après celui de Ouagadougou, qui revient en Europe, et se tiendra à Bucarest. C'est un événement considérable sur le plan politique et culturel, pour nous et pour vous aussi.
Voilà ce que je peux dire avant de répondre à vos questions. La Roumanie est dans cette dernière ligne droite vers son adhésion, elle est bien partie, c'est une dernière ligne droite qui va lui demander, je veux le dire en ministre sportif, un effort, un dernier effort avant l'adhésion, et nous allons accompagner la Roumanie pour qu'elle réussisse.
Q - Comment est-ce que les autorités françaises préparent le référendum sur la Constitution européenne ? Et à quel point êtes-vous optimiste sur la réussite du "oui" ? Puisque l'administration locale en Roumanie est, en quelque sorte, organisée sur le modèle français, puisque la France est passée aujourd'hui à une deuxième phase de la décentralisation concernant l'organisation de son territoire, quelles sont les bonnes choses qu'il faut reconduire chez nous aussi et quelles seront les choses qu'il faudrait abandonner pour ne pas avoir donné assez de bons résultats ?
R - Le référendum sur la nouvelle Constitution européenne aura lieu dans les tous prochains mois en France. C'est un débat à la fois important, passionnant et difficile. La question européenne a toujours été sensible pour les Français, mais j'ai confiance. Nous allons participer à un débat qui ne doit pas être un débat de slogans et encore moins de propagande, mais un débat d'explication et de dialogue. Il doit porter sur la question - et pas sur d'autres - qui est : est-ce que ce texte de la Constitution est utile, à l'Union européenne, et pour la France ? Et ma réponse est "oui". C'est un texte qui n'apporte que des progrès, pas toujours tous les progrès que j'aurais souhaités, mais seulement des progrès, sur tous les sujets, par rapport au texte actuel. Nous avons besoin de ce texte, vous avez besoin de ce texte, pour que l'Union européenne fonctionne mieux avec vingt-sept - ou plus - membres, dans l'avenir. Nous avons besoin de ce texte pour préserver et garantir les droits des citoyens, clarifier les compétences - qui fait quoi au niveau européen, au niveau national - pour donner à cette Union européenne une dimension politique, une politique étrangère commune, pas unique mais commune, une politique de défense commune, et pour garantir les missions des services publics. Voilà, nous avons besoin de ce texte, nous allons expliquer cela et débattre avec les Français, et j'ai confiance : finalement leur vote sera positif et constructif.
Nous allons également écouter ceux qui sont inquiets, qui ont peut-être envie de voter "non", et je recommanderais, sans donner de consignes ni de leçons, que votre pays, qui va entrer dans l'Union, ne néglige pas cette information et ces débats avec les citoyens sur les questions européennes. L'Europe se construit pour les citoyens, mais elle se construit aussi avec eux, et pas sans eux.
S'agissant de votre deuxième question, là encore je ne veux pas vous donner de leçons, car la France est un pays très centralisé. Sous l'impulsion successive de François Mitterrand, dans les années 80, de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin plus récemment, nous avons engagé une réforme de décentralisation importante. Le Parlement peut aussi vous donner une expertise et une aide à partir de votre propre organisation. Mais celle-ci est votre affaire, votre responsabilité, celle du gouvernement, des régions, afin de bien vous organiser, de bien utiliser les crédits européens que vous allez recevoir et qui vont être importants.
Q - Vous avez parlé d'une Europe unie, d'une Europe très forte, comme l'a dit le président américain Bush. Comment voyez-vous le désir de la Roumanie d'avoir une relation spéciale avec les Etats-Unis, et l'intention d'installer des bases américaines militaires sur le territoire de la Roumanie ?
R - Je ne vais sûrement pas faire de commentaires sur ce que vous dites à propos de l'implantation de bases militaires d'un autre pays sur le continent européen. Il y a d'autres bases militaires dans d'autres pays européens actuellement. Je comprends même que les Américains, qui ont des bases ailleurs, sont en train d'imaginer de les retirer, mais ce n'est pas le sujet de mon commentaire. Que la Roumanie ait de bonnes relations avec les Etats-Unis, cela est très bien. Nous aussi, nous sommes alliés, nous sommes même, nous Français, les alliés les plus anciens des Etats-Unis. Mais l'Alliance, cela ne veut pas dire l'allégeance. Nous travaillons à une relation équilibrée entre Américains et Européens au sein de l'Alliance. Il y a une chose dont je suis sûr, c'est que l'avenir de mon pays passe par l'Union européenne. Et je pense que c'est également le cas de tous les pays qui sont dans l'Union européenne. S'ils veulent se protéger, s'ils veulent se faire entendre, s'ils veulent être respectés, ils doivent être ensemble. C'est le projet européen depuis cinquante ans. Cette forme de mutualisation entre nous, encore une fois, ce n'est pas la fusion. Le général de Gaulle, qui a beaucoup compté pour moi, disait qu'il ne faut pas que l'Europe soit "broyée comme une purée de marrons". Nous gardons chacun notre identité, nous nous mettons ensemble, nous mutualisons, pour être plus forts et pour être respectés.
Tout à l'heure, j'ai eu l'occasion de dire devant le président Basescu, comme je le pense, parce qu'on doit se parler franchement, que, quand on entre dans l'Union européenne, c'est normal que le premier réflexe soit le réflexe européen. Et je suis sûr que le réflexe de la Roumanie sera, comme pour nous, un réflexe européen. Ca n'interdit pas l'alliance et l'amitié.
Q - Comment les autorités françaises ont-elles compris les premières déclarations du président Basescu qui a parlé, après son élection, de la création d'un axe Bucarest
-Londres-Washington ?
R - Très franchement, on avait un peu de difficultés à comprendre ce que signifiait cet axe assez inédit. Et je comprends maintenant qu'il s'agissait ou qu'il s'agit, ce qui est tout à fait légitime, d'exprimer de l'amitié pour le Royaume-Uni, de l'amitié et de la solidarité avec les Etats-Unis et, personnellement, cela ne me choque pas. Je peux simplement répéter ce que j'ai dit tout à l'heure : quand on entre dans l'Union européenne, il est légitime que le premier réflexe soit le réflexe européen. Dans le court terme, le moyen terme et le long terme, c'est l'intérêt de la Roumanie d'avoir ce réflexe. C'est notre intérêt, à nous qui sommes déjà dans l'Union, d'aider la Roumanie, par le dialogue, par la compréhension, par la conviction, à avoir ce réflexe. Ce réflexe ne se décrète pas, il se construit
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e mars 2005)
La prochaine adhésion de la Roumanie à l'Union européenne est un événement très important, pour la Roumanie, pour l'Union européenne et pour la France. La France n'a jamais regardé votre pays - ni d'ailleurs les autres - de loin ou de haut. Nous avons l'intention, dans cette relation presque fraternelle, sans nostalgie, mais avec des souvenirs, de regarder devant nous et de vous accompagner dans cette dernière ligne droite. Dans votre histoire longue et prestigieuse, dans cette partie importante de l'Europe où vous vous trouvez, après la libération et l'accès à la démocratie dans les années 90, cette adhésion est sans doute un événement historique. Et vous devez réussir cette adhésion. C'est une dernière ligne droite exigeante, qui va vous demander des efforts, des réformes, la consolidation de l'administration nationale et régionale, une lutte implacable contre la corruption, la réforme de la justice et l'Etat de droit. Toutes ces réformes et tous ces efforts sont à la portée des Roumains.
Je vais le dire en tant que ministre d'un pays fondateur de l'Union européenne : cela vaut la peine de faire ces efforts, d'entrer dans cette Union sans abandonner votre identité, votre langue, votre âme. Quand on entre dans l'Union européenne, on ne fusionne pas, on s'associe. On mutualise des énergies, des idées, des ressources. Nous travaillons, Mesdames et Messieurs, pour une Europe unie, pas une Europe uniforme. Une Europe qui est bien sûr un grand marché, qui n'est pas seulement un supermarché, mais aussi une communauté solidaire - la Roumanie va être puissamment accompagnée par la solidarité européenne pour le développement de ses régions - ; un grand marché et une communauté solidaire et, en même temps, un acteur politique.
Lundi, nous avons eu la chance et l'occasion de dîner avec le président Bush et le président Chirac à Bruxelles et nous avons entendu les Américains nous dire qu'ils avaient besoin d'une Europe forte. Il n'y a pas seulement les Américains qui ont besoin d'une Europe forte, mais nous d'abord, nous aussi. Donc, nous sommes là, dans le moment où, avec la Roumanie bientôt, et d'autres pays - je pense à la Bulgarie -, nous allons consolider cette Europe économique, monétaire, solidaire et politique. La conversation que je viens d'avoir avec le président Basescu, me conforte dans cette idée que la Roumanie peut apporter beaucoup à cette dimension politique de l'Union européenne, en raison de son histoire, de sa culture et de sa place géopolitique, ici, dans le Sud-Est de l'Europe.
Et puis, il y a cette relation singulière, j'ai dit tout à l'heure fraternelle, entre la Roumanie et la France, qui est ancienne, qui ne doit pas être une relation nostalgique mais une relation d'avenir. Nous sommes décidés à y travailler avec toutes nos équipes, de toutes nos forces, pour la consolider dans les temps qui viennent. Il a été donné à cette relation entre la Roumanie et la France, au-delà de cette dimension politique, une dimension humaine, culturelle, citoyenne. Cela passe, par exemple, par - je le dis devant M. le Sénateur Revol qui m'accompagne - les relations entre nos deux Parlements et entre toutes les collectivités locales. Près de 800 liens existent entre les collectivités locales roumaines et françaises. On fera le point sur ces liens à l'occasion de cette prochaine conférence sur la coopération décentralisée. Je suis attaché à cette coopération décentralisée pour avoir, moi-même, lancé il y a une quinzaine d'années, l'une de ces coopérations décentralisées entre la région d'Argès et la Savoie, région que j'ai présidée en France. Et puis, il y a aussi les entreprises. Nous sommes au troisième rang parmi les partenaires du développement économique de la Roumanie donc, nous avons encore deux rangs à gagner. Nous souhaitons pouvoir participer à tous les projets de développement régional, énergétique, de transport, de télécommunications de la Roumanie, qui en a beaucoup devant elle.
Et puis, il y a cette langue que nous avons en partage, et l'accueil de ce très important sommet de la Francophonie, après celui de Ouagadougou, qui revient en Europe, et se tiendra à Bucarest. C'est un événement considérable sur le plan politique et culturel, pour nous et pour vous aussi.
Voilà ce que je peux dire avant de répondre à vos questions. La Roumanie est dans cette dernière ligne droite vers son adhésion, elle est bien partie, c'est une dernière ligne droite qui va lui demander, je veux le dire en ministre sportif, un effort, un dernier effort avant l'adhésion, et nous allons accompagner la Roumanie pour qu'elle réussisse.
Q - Comment est-ce que les autorités françaises préparent le référendum sur la Constitution européenne ? Et à quel point êtes-vous optimiste sur la réussite du "oui" ? Puisque l'administration locale en Roumanie est, en quelque sorte, organisée sur le modèle français, puisque la France est passée aujourd'hui à une deuxième phase de la décentralisation concernant l'organisation de son territoire, quelles sont les bonnes choses qu'il faut reconduire chez nous aussi et quelles seront les choses qu'il faudrait abandonner pour ne pas avoir donné assez de bons résultats ?
R - Le référendum sur la nouvelle Constitution européenne aura lieu dans les tous prochains mois en France. C'est un débat à la fois important, passionnant et difficile. La question européenne a toujours été sensible pour les Français, mais j'ai confiance. Nous allons participer à un débat qui ne doit pas être un débat de slogans et encore moins de propagande, mais un débat d'explication et de dialogue. Il doit porter sur la question - et pas sur d'autres - qui est : est-ce que ce texte de la Constitution est utile, à l'Union européenne, et pour la France ? Et ma réponse est "oui". C'est un texte qui n'apporte que des progrès, pas toujours tous les progrès que j'aurais souhaités, mais seulement des progrès, sur tous les sujets, par rapport au texte actuel. Nous avons besoin de ce texte, vous avez besoin de ce texte, pour que l'Union européenne fonctionne mieux avec vingt-sept - ou plus - membres, dans l'avenir. Nous avons besoin de ce texte pour préserver et garantir les droits des citoyens, clarifier les compétences - qui fait quoi au niveau européen, au niveau national - pour donner à cette Union européenne une dimension politique, une politique étrangère commune, pas unique mais commune, une politique de défense commune, et pour garantir les missions des services publics. Voilà, nous avons besoin de ce texte, nous allons expliquer cela et débattre avec les Français, et j'ai confiance : finalement leur vote sera positif et constructif.
Nous allons également écouter ceux qui sont inquiets, qui ont peut-être envie de voter "non", et je recommanderais, sans donner de consignes ni de leçons, que votre pays, qui va entrer dans l'Union, ne néglige pas cette information et ces débats avec les citoyens sur les questions européennes. L'Europe se construit pour les citoyens, mais elle se construit aussi avec eux, et pas sans eux.
S'agissant de votre deuxième question, là encore je ne veux pas vous donner de leçons, car la France est un pays très centralisé. Sous l'impulsion successive de François Mitterrand, dans les années 80, de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin plus récemment, nous avons engagé une réforme de décentralisation importante. Le Parlement peut aussi vous donner une expertise et une aide à partir de votre propre organisation. Mais celle-ci est votre affaire, votre responsabilité, celle du gouvernement, des régions, afin de bien vous organiser, de bien utiliser les crédits européens que vous allez recevoir et qui vont être importants.
Q - Vous avez parlé d'une Europe unie, d'une Europe très forte, comme l'a dit le président américain Bush. Comment voyez-vous le désir de la Roumanie d'avoir une relation spéciale avec les Etats-Unis, et l'intention d'installer des bases américaines militaires sur le territoire de la Roumanie ?
R - Je ne vais sûrement pas faire de commentaires sur ce que vous dites à propos de l'implantation de bases militaires d'un autre pays sur le continent européen. Il y a d'autres bases militaires dans d'autres pays européens actuellement. Je comprends même que les Américains, qui ont des bases ailleurs, sont en train d'imaginer de les retirer, mais ce n'est pas le sujet de mon commentaire. Que la Roumanie ait de bonnes relations avec les Etats-Unis, cela est très bien. Nous aussi, nous sommes alliés, nous sommes même, nous Français, les alliés les plus anciens des Etats-Unis. Mais l'Alliance, cela ne veut pas dire l'allégeance. Nous travaillons à une relation équilibrée entre Américains et Européens au sein de l'Alliance. Il y a une chose dont je suis sûr, c'est que l'avenir de mon pays passe par l'Union européenne. Et je pense que c'est également le cas de tous les pays qui sont dans l'Union européenne. S'ils veulent se protéger, s'ils veulent se faire entendre, s'ils veulent être respectés, ils doivent être ensemble. C'est le projet européen depuis cinquante ans. Cette forme de mutualisation entre nous, encore une fois, ce n'est pas la fusion. Le général de Gaulle, qui a beaucoup compté pour moi, disait qu'il ne faut pas que l'Europe soit "broyée comme une purée de marrons". Nous gardons chacun notre identité, nous nous mettons ensemble, nous mutualisons, pour être plus forts et pour être respectés.
Tout à l'heure, j'ai eu l'occasion de dire devant le président Basescu, comme je le pense, parce qu'on doit se parler franchement, que, quand on entre dans l'Union européenne, c'est normal que le premier réflexe soit le réflexe européen. Et je suis sûr que le réflexe de la Roumanie sera, comme pour nous, un réflexe européen. Ca n'interdit pas l'alliance et l'amitié.
Q - Comment les autorités françaises ont-elles compris les premières déclarations du président Basescu qui a parlé, après son élection, de la création d'un axe Bucarest
-Londres-Washington ?
R - Très franchement, on avait un peu de difficultés à comprendre ce que signifiait cet axe assez inédit. Et je comprends maintenant qu'il s'agissait ou qu'il s'agit, ce qui est tout à fait légitime, d'exprimer de l'amitié pour le Royaume-Uni, de l'amitié et de la solidarité avec les Etats-Unis et, personnellement, cela ne me choque pas. Je peux simplement répéter ce que j'ai dit tout à l'heure : quand on entre dans l'Union européenne, il est légitime que le premier réflexe soit le réflexe européen. Dans le court terme, le moyen terme et le long terme, c'est l'intérêt de la Roumanie d'avoir ce réflexe. C'est notre intérêt, à nous qui sommes déjà dans l'Union, d'aider la Roumanie, par le dialogue, par la compréhension, par la conviction, à avoir ce réflexe. Ce réflexe ne se décrète pas, il se construit
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1e mars 2005)