Texte intégral
Q - Avez-vous le sentiment que le non peut gagner ?
Philippe de Villiers:
R - J'en suis intimement convaincu car, petit à petit, nous imposons l'idée que c'est un non de projet.
Q - Les tenants du oui disent que le non trahit l'héritage européen de la France...
R - Ceux qui trahissent cet héritage sont ceux qui proposent de faire entrer la Turquie dans l'Union, et de mettre fin à toute politique nationale, à toute politique de sécurité et d'immigration, à toute politique étrangère. Il s'agit, pour sauver l'Europe, de la remettre d'aplomb, en l'engageant dans trois voies nouvelles : 1. Une Europe vraiment européenne, donc sans la Turquie. 2. Une Europe respectueuse des démocraties nationales. Exemple : quand le Parlement français veut baisser la TVA pour les restaurateurs, conformément à une promesse présidentielle, il n'est pas normal que Bruxelles nous en empêche. 3. Une Europe qui protège nos emplois et notre sécurité alors que la Constitution abolit toute idée de contrôle aux frontières et toute forme de protection contre les délocalisations.
Q - Pourquoi reparler de la Turquie alors que rien ne sera tranché avant quinze ans ?
R - La date clé, c'est celle du 3 octobre. Ce jour-là s'engagera la négociation pour l'adhésion de la Turquie dans l'Union. Si le oui l'emporte, cette date sera confirmée et le processus deviendra irréversible. Si c'est le non, toutes les chancelleries savent déjà que la négociation sera suspendue.
Q - Dominique Bussereau juge que la victoire du non serait une " catastrophe "...
R - Je m'élève contre ce terrorisme intellectuel qui cherche à culpabiliser les Français qui veulent une autre Europe. Il y a aujourd'hui deux conceptions de l'Europe : d'un côté, une Europe lointaine, technocratique, qui détruit à petit feu notre pêche, notre agriculture, notre industrie, notre textile et désormais nos services ; de l'autre, une Europe de la modernité et de la proximité, qui respecte les peuples et les nations. La Constitution, c'est l'Europe du passé.
Q - Le camp du non est hétéroclite...
R - Et celui du oui ? Le directeur de campagne de Jacques Chirac, chef du oui, c'est François Hollande !
Q - Vous réjouissez-vous de l'engagement en faveur du non d'Henri Emmanuelli ?
R - Je respecte son courage.
Q - Quel a été , mercredi à l'Elysée, le ton de votre dialogue avec Chirac ?
R - Q - J'ai d'abord attiré son attention sur le détournement de fonds publics au service de la campagne du oui avec un crédit de 10 millions d'euros voté à la fin de l'année dernière pour payer les spots publicitaires et les réunions publiques de M. Barnier. Ensuite, il m'a interrogé : et si le non l'emporte ? Je lui ai dit qu'en ce cas il lui faudra écouter les Français qui ne veulent pas de la Turquie et souhaitent qu'on reprenne les fondations de l'Europe. Le premier pays qui dira non aura la main et sera l'acteur principal de la nouvelle Europe.
Q - Qu'avez-vous éprouvé ?
R - Je l'ai senti attentif, affable et désireux de débarrasser la campagne des questions concernant l'équilibre des moyens. Je l'ai senti aussi fébrile. Du coup, je lui ai dit qu'un fossé nous séparait sur la conception de l'Europe. Mais que nous avions un vrai point d'accord : il a raison d'être inquiet. En tout cas, je lui lance une proposition : tous les Français se souviennent du grand débat de 1992 à la Sorbonne entre François Mitterrand et Philippe Séguin. Eh bien, je propose au président de la République de débattre avec moi.
Propos recueillis par Dominique de Montvalon
(Source http://www.mfp-villiers.com, le 9 mars 2005)
Philippe de Villiers:
R - J'en suis intimement convaincu car, petit à petit, nous imposons l'idée que c'est un non de projet.
Q - Les tenants du oui disent que le non trahit l'héritage européen de la France...
R - Ceux qui trahissent cet héritage sont ceux qui proposent de faire entrer la Turquie dans l'Union, et de mettre fin à toute politique nationale, à toute politique de sécurité et d'immigration, à toute politique étrangère. Il s'agit, pour sauver l'Europe, de la remettre d'aplomb, en l'engageant dans trois voies nouvelles : 1. Une Europe vraiment européenne, donc sans la Turquie. 2. Une Europe respectueuse des démocraties nationales. Exemple : quand le Parlement français veut baisser la TVA pour les restaurateurs, conformément à une promesse présidentielle, il n'est pas normal que Bruxelles nous en empêche. 3. Une Europe qui protège nos emplois et notre sécurité alors que la Constitution abolit toute idée de contrôle aux frontières et toute forme de protection contre les délocalisations.
Q - Pourquoi reparler de la Turquie alors que rien ne sera tranché avant quinze ans ?
R - La date clé, c'est celle du 3 octobre. Ce jour-là s'engagera la négociation pour l'adhésion de la Turquie dans l'Union. Si le oui l'emporte, cette date sera confirmée et le processus deviendra irréversible. Si c'est le non, toutes les chancelleries savent déjà que la négociation sera suspendue.
Q - Dominique Bussereau juge que la victoire du non serait une " catastrophe "...
R - Je m'élève contre ce terrorisme intellectuel qui cherche à culpabiliser les Français qui veulent une autre Europe. Il y a aujourd'hui deux conceptions de l'Europe : d'un côté, une Europe lointaine, technocratique, qui détruit à petit feu notre pêche, notre agriculture, notre industrie, notre textile et désormais nos services ; de l'autre, une Europe de la modernité et de la proximité, qui respecte les peuples et les nations. La Constitution, c'est l'Europe du passé.
Q - Le camp du non est hétéroclite...
R - Et celui du oui ? Le directeur de campagne de Jacques Chirac, chef du oui, c'est François Hollande !
Q - Vous réjouissez-vous de l'engagement en faveur du non d'Henri Emmanuelli ?
R - Je respecte son courage.
Q - Quel a été , mercredi à l'Elysée, le ton de votre dialogue avec Chirac ?
R - Q - J'ai d'abord attiré son attention sur le détournement de fonds publics au service de la campagne du oui avec un crédit de 10 millions d'euros voté à la fin de l'année dernière pour payer les spots publicitaires et les réunions publiques de M. Barnier. Ensuite, il m'a interrogé : et si le non l'emporte ? Je lui ai dit qu'en ce cas il lui faudra écouter les Français qui ne veulent pas de la Turquie et souhaitent qu'on reprenne les fondations de l'Europe. Le premier pays qui dira non aura la main et sera l'acteur principal de la nouvelle Europe.
Q - Qu'avez-vous éprouvé ?
R - Je l'ai senti attentif, affable et désireux de débarrasser la campagne des questions concernant l'équilibre des moyens. Je l'ai senti aussi fébrile. Du coup, je lui ai dit qu'un fossé nous séparait sur la conception de l'Europe. Mais que nous avions un vrai point d'accord : il a raison d'être inquiet. En tout cas, je lui lance une proposition : tous les Français se souviennent du grand débat de 1992 à la Sorbonne entre François Mitterrand et Philippe Séguin. Eh bien, je propose au président de la République de débattre avec moi.
Propos recueillis par Dominique de Montvalon
(Source http://www.mfp-villiers.com, le 9 mars 2005)