Texte intégral
Q - Malgré les sondages, restez-vous optimiste sur une victoire du oui au référendum ?
R - Voter oui, c'est dire oui à la France, une France plus forte qui tiendra toute sa place en Europe. Je fais donc confiance aux Français. Mais soyons conscients que les sondages resteront longtemps incertains. Pour moi, c'est un élément de bonne démocratie car le vote de chacun va compter. Dans un choix avec une telle dimension historique l'indifférence est peu probable. Un Français qui vote oui, c'est un Français qui vote pour une nouvelle Europe, politique puissante et populaire.
Q - L'incertitude serait-elle la meilleure alliée de la participation ?
R - Je pense qu'elle responsabilise chacun d'entre nous. Très souvent, en France, on vote en fonction d'un pronostic ; là, il faut voter en fonction d'un enjeu.
Q - Ne dramatisez vous pas le débat à l'excès ?
R - L'enjeu est historique. Il ne s'agit pas de dramatisation, mais de gravité. Si on devait renoncer à ce que l'Europe ait des règles démocratiques pour fonctionner et assurer sa paix intérieure, pour faire exister à l'extérieur ses valeurs, nous passerions à côté d'une échéance majeure pour notre pays. Cette gravité nous interpelle. Nous ne votons pas pour nous-mêmes, pour les toutes prochaines années, mais pour nos enfants. Ce choix d'histoire ne peut pas être un choix d'humeur, c'est un choix qui déterminera en profondeur notre avenir.
Q - Si vous ne deviez donner qu'une seule bonne raison de voter oui ?
R - Le oui renforce le modèle français en Europe, le non l'affaiblit. Qui a intérêt à ce que la France soit affaiblie en Europe ? Pas les Français. La capacité d'influence est la règle du monde moderne. La France a des choses à dire aujourd'hui, demain et après-demain. Le gouvernement, de droite ou de gauche, qui, dans dix ans, représentera la France au conseil européen, aura une influence qui dépendra directement du vote du 29 mai prochain. Le oui, c'est un oui à la France. Je l'expliquerai ce soir à Lyon aux cotés de mon ami Dominique Perben.
Q - Les partisans du non sont-ils de mauvais Français ?
R - Je n'apprécie pas cette expression. Respectons les choix des uns et des autres. Il faut convaincre ceux qui penchent pour le non que le renoncement ne conduit pas à la liberté mais à la dépendance.
Q - Mais vous comprenez qu'on puise voter non ?
R - Je suis fondamentalement démocrate. Je respecte les positions que je ne partage pas, mais le respect n'interdit pas le débat politique. En réalité, je les respecte plus que je ne les comprends. La Paix dans le monde, l'avenir de notre pays, la garantie des valeurs auxquelles les Français ont toujours été attachés, méritent bien un oui.
Q - Sentez-vous que les Français sont tentés de voter non pour dire non à votre politique ?
R - Le référendum n'est pas un enjeu de politique intérieure. On ne vote pas pour ou contre les dirigeants d'aujourd'hui. Ceux ne sont pas eux qui gouverneront dans dix ou vingt ans. Et, qu'ils soient de droite ou de gauche, on les affaiblit avant même de les connaître. Le traité ne s'appliquera pas cet été, il trouvera sa pleine puissance à l'horizon 2010. Ce qui compte, c'est bien de donner le plus de force possible à ceux qui dirigeront la France en 2010.
Q - Distinguez-vous un oui de droite et un oui de gauche ?
R - Oui, chacun doit exprimer ses convictions, et les oui vont s'additionner. Je préfère une addition à la confusion. Il est important qu'on puisse l'expliquer : comme c'est un vote pour l'avenir, on peut être en désaccord aujourd'hui, mais avoir une vision commune de la puissance de la France après-demain. Si on affirmait avoir une vision commune sur la France d'aujourd'hui, ce serait un mensonge.
Q - Que dites-vous aux Français qui craignent qu'un oui au Traité ne dissimule un oui à la Turquie ?
R - Le traité constitutionnel n'a strictement rien à voir avec la Turquie. La France vient de réviser sa Constitution. En tout état de cause, ce sont les Français qui décideront par référendum. Ils sont assurés d'avoir le dernier mot sur le sujet. La Turquie est tenue de faire la preuve concrète qu'elle veut vivre selon les critères démocratiques de l'Union européenne. Chacun peut penser aujourd'hui que c'est possible ou que cela n'est pas possible. Aux Turcs de démontrer qu'ils ont la volonté effective de changer leur société.
Q - N'est-il pas mensonger de prétendre que l'on peut laisser la Turquie attendre dix ou quinze ans à la porte de l'Union pour finalement la refuser ?
R - Si les réformes fondamentales demandées à la Turquie ne sont pas faites, les Français, comme d'ailleurs beaucoup d'autres Européens, diront non à son entrée. La discussion ne vaut pas adhésion. Je le répète : nous avons une double sécurité : la preuve par les Turcs, la décision par les Français.
Q - Le débat tourne beaucoup autour de la dimension libérale de l'Europe à venir. Une Europe libérale, vous, ça ne doit pas vous gêner ?
R - Je ne me suis jamais défini par rapport au mot libéral. Le mot qui définit mon engagement politique est l'humanisme, pas le libéralisme. J'adhère aux idées du libéralisme politique fondé au 18ème siècle, le siècle des Lumières, mais pas au libéralisme économique souvent poussé à l'extrême et qui fait trop prévaloir les considérations financières dans notre économie.
Q - Vous êtes donc de ceux qui souhaitent que l'Europe ne soit pas libérale, au sens économique ?
R - Je souhaite qu'elle soit conforme à notre modèle français. C'est pourquoi je suis heureux que la France ait pu obtenir des avancées dans le Traité. Il consacre pour la première fois des droits sociaux auxquels nous sommes profondément attachés. Des articles majeurs font entrer la préoccupation sociale dans la vie politique de l'Europe. Avec le traité, nous ferons exister le dialogue social au niveau européen. Des discussions entre les syndicats, les patronats et les gouvernements européens devront précéder les grandes décisions économiques et sociales. Et là, c'est le modèle social français qui donne l'exemple.
Q - Le 4 avril marque la date limite d'envoi des feuilles d'impôt. Vous avez déjà rempli la vôtre ?
R - J'ai fait cela ce week-end avec mon épouse (de Pâques - NDLR). Le week-end dernier, Anne-Marie a aidé notre fille à remplir sa première déclaration.
Q - Où sont les baisses d'impôt promises ?
R - Nous continuerons une politique de baisse des impôts. En veillant à ce qu'elle soit juste, et avec l'objectif de soutenir la consommation pour qu'elle demeure un moteur de la croissance. Je rappelle qu'en trois ans, nous avons fait baisser de 10 % l'impôt sur le revenu. Il est vrai que nous avons été obligés de faire une pause, à cause d'une rupture de croissance qui n'a été diagnostiquée qu'après l'élection de 2002. Mais nous sommes parvenus à rester parmi les meilleurs dans la zone euro pour la croissance économique. En 2005, nous maintenons notre objectif de croissance à 2,5 %, malgré deux vents contraires : la parité euro-dollar, qui s'améliore un peu il est vrai, et le prix du pétrole.
Q - Les baisses d'impôt reprendront donc l'an prochain ?
R - Oui, grâce au retour de la croissance.
Q - Mais les impôts locaux augmentent : 6 % par exemple pour les départements de la Loire et du Rhône, comme pour la région Rhône-Alpes. Ils disent que c'est de la faute de l'Etat...
R - C'est la malice du " mistigri ". Mais, qu'il soit de droite ou de gauche, l'impôt doit porter le nom de ceux qui le votent. La raison première de ces augmentations, c'est que ces responsables locaux sont en début de mandat, et qu'ils préfèrent augmenter les impôts maintenant plutôt que juste avant les élections. La seconde raison est le goût socialiste pour l'impôt. Ce n'est pas nouveau, les régions de gauche ont toujours été championnes de l'impôt. Je constate que, dans la plupart des collectivités dirigées par des élus de la majorité, les impôts resteront stables en 2005. La décentralisation ne peut être aujourd'hui mise en cause. Faut-il rappeler que la nouvelle loi ne commencera à s'appliquer qu'en 2006 ? Les élus locaux qui prétendent le contraire font le jeu des adversaires de la décentralisation.
Q - Vous inaugurez aujourd'hui à Lyon le salon Handica - avec quelques bonnes nouvelles ?
R - La très bonne nouvelle, c'est la loi sur le handicap qui vient d'être votée selon l'engagement du Président de la République. Elle crée un droit à la compensation, et insiste sur l'accessibilité. Vous pourrez d'ailleurs vérifier qu'il est maintenant possible à un handicapé en fauteuil de venir dans mon bureau, grâce à un ascenseur que nous venons d'aménager. Je compte mobiliser tous les acteurs publics pour l'accessibilité.
Q - Après les 35 heures, la sécurité sociale, les retraites, l'école... quelles autres réformes ?
R - Nous avons trois grands sujets devant nous. En premier lieu, une loi pour les PME, avec notamment une relance de la participation des salariés. Ce chantier comprendra aussi une réforme des relations entre la grande distribution et l'industrie : nous souhaitons la transparence complète dans ces relations, avec des contrats de coopération commerciale, vérifiés par la Direction générale de la concurrence et de la consommation. La coopération clandestine deviendra impossible. Deuxième grand sujet, la recherche. La création d'une Agence nationale de la recherche permettra de donner des moyens supplémentaires, et de rationaliser les efforts de tous, de développer l'emploi scientifique, notamment pour obtenir un renouveau de la recherche fondamentale dans notre pays.
Q - Troisième chantier...
R - Une loi d'orientation agricole pour adapter la PAC à notre agriculture. La logique d'entreprise doit s'appliquer aux exploitations agricoles, avec de meilleurs dispositifs de transmission. Sans oublier des mesures en faveur de l'élevage, qui est une priorité nationale.
Q - Votre durée à Matignon vous fait comparer de plus en plus souvent à Raymond Barre. Vous en êtes flatté ?
R - Bien sûr ! J'ai pour Monsieur Barre un immense respect, et une sincère affection. Son action à Matignon, qui a été à la fois courageuse et réformatrice, a pour moi valeur d'exemple.
Q - Exemplaire aussi, sa candidature à l'élection présidentielle ?
R - On ne peut pas comparer, car l'instauration du quinquennat modifie le fonctionnement de l'exécutif. Je suis lié à Jacques Chirac par un pacte de confiance, c'est ce pacte qui guidera ma conduite dans l'avenir.
Q - Et qui conditionnera votre candidature présidentielle ?
R - Ce n'est vraiment pas mon souhait, ni ma perspective.
Q - Votre souhait, avant d'entrer à Matignon, était de partir dans le désert. A quand une traversée du désert pour Jean-Pierre Raffarin ?
R - Je sais ce que je ferai dans les jours qui suivront mon départ de Matignon. Actuellement, mes journées ne sont pas en béton mais en planches, en reconstruction permanente ! Je dois penser à dix ans, mais agir dans la minute. Le moment venu, je voudrais donc m'ouvrir des horizons nouveaux et pour ne parler que de tourisme, envie de découvrir les grands espaces, africains notamment...
Q - On vous sait croyant. Priez-vous pour la santé du pape ? En cette année centenaire de la laïcité, la religion est-elle de retour ?
R - En tant qu'homme, je suis très touché par la souffrance du Pape. Je suis croyant. Mais je suis le Chef du Gouvernement d'une République laïque. Les questions relatives à mes prières ne concernent que moi.
Propos recueillis par Francis Brochet et Michel Rivet-Paturel
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 mars 2005)
R - Voter oui, c'est dire oui à la France, une France plus forte qui tiendra toute sa place en Europe. Je fais donc confiance aux Français. Mais soyons conscients que les sondages resteront longtemps incertains. Pour moi, c'est un élément de bonne démocratie car le vote de chacun va compter. Dans un choix avec une telle dimension historique l'indifférence est peu probable. Un Français qui vote oui, c'est un Français qui vote pour une nouvelle Europe, politique puissante et populaire.
Q - L'incertitude serait-elle la meilleure alliée de la participation ?
R - Je pense qu'elle responsabilise chacun d'entre nous. Très souvent, en France, on vote en fonction d'un pronostic ; là, il faut voter en fonction d'un enjeu.
Q - Ne dramatisez vous pas le débat à l'excès ?
R - L'enjeu est historique. Il ne s'agit pas de dramatisation, mais de gravité. Si on devait renoncer à ce que l'Europe ait des règles démocratiques pour fonctionner et assurer sa paix intérieure, pour faire exister à l'extérieur ses valeurs, nous passerions à côté d'une échéance majeure pour notre pays. Cette gravité nous interpelle. Nous ne votons pas pour nous-mêmes, pour les toutes prochaines années, mais pour nos enfants. Ce choix d'histoire ne peut pas être un choix d'humeur, c'est un choix qui déterminera en profondeur notre avenir.
Q - Si vous ne deviez donner qu'une seule bonne raison de voter oui ?
R - Le oui renforce le modèle français en Europe, le non l'affaiblit. Qui a intérêt à ce que la France soit affaiblie en Europe ? Pas les Français. La capacité d'influence est la règle du monde moderne. La France a des choses à dire aujourd'hui, demain et après-demain. Le gouvernement, de droite ou de gauche, qui, dans dix ans, représentera la France au conseil européen, aura une influence qui dépendra directement du vote du 29 mai prochain. Le oui, c'est un oui à la France. Je l'expliquerai ce soir à Lyon aux cotés de mon ami Dominique Perben.
Q - Les partisans du non sont-ils de mauvais Français ?
R - Je n'apprécie pas cette expression. Respectons les choix des uns et des autres. Il faut convaincre ceux qui penchent pour le non que le renoncement ne conduit pas à la liberté mais à la dépendance.
Q - Mais vous comprenez qu'on puise voter non ?
R - Je suis fondamentalement démocrate. Je respecte les positions que je ne partage pas, mais le respect n'interdit pas le débat politique. En réalité, je les respecte plus que je ne les comprends. La Paix dans le monde, l'avenir de notre pays, la garantie des valeurs auxquelles les Français ont toujours été attachés, méritent bien un oui.
Q - Sentez-vous que les Français sont tentés de voter non pour dire non à votre politique ?
R - Le référendum n'est pas un enjeu de politique intérieure. On ne vote pas pour ou contre les dirigeants d'aujourd'hui. Ceux ne sont pas eux qui gouverneront dans dix ou vingt ans. Et, qu'ils soient de droite ou de gauche, on les affaiblit avant même de les connaître. Le traité ne s'appliquera pas cet été, il trouvera sa pleine puissance à l'horizon 2010. Ce qui compte, c'est bien de donner le plus de force possible à ceux qui dirigeront la France en 2010.
Q - Distinguez-vous un oui de droite et un oui de gauche ?
R - Oui, chacun doit exprimer ses convictions, et les oui vont s'additionner. Je préfère une addition à la confusion. Il est important qu'on puisse l'expliquer : comme c'est un vote pour l'avenir, on peut être en désaccord aujourd'hui, mais avoir une vision commune de la puissance de la France après-demain. Si on affirmait avoir une vision commune sur la France d'aujourd'hui, ce serait un mensonge.
Q - Que dites-vous aux Français qui craignent qu'un oui au Traité ne dissimule un oui à la Turquie ?
R - Le traité constitutionnel n'a strictement rien à voir avec la Turquie. La France vient de réviser sa Constitution. En tout état de cause, ce sont les Français qui décideront par référendum. Ils sont assurés d'avoir le dernier mot sur le sujet. La Turquie est tenue de faire la preuve concrète qu'elle veut vivre selon les critères démocratiques de l'Union européenne. Chacun peut penser aujourd'hui que c'est possible ou que cela n'est pas possible. Aux Turcs de démontrer qu'ils ont la volonté effective de changer leur société.
Q - N'est-il pas mensonger de prétendre que l'on peut laisser la Turquie attendre dix ou quinze ans à la porte de l'Union pour finalement la refuser ?
R - Si les réformes fondamentales demandées à la Turquie ne sont pas faites, les Français, comme d'ailleurs beaucoup d'autres Européens, diront non à son entrée. La discussion ne vaut pas adhésion. Je le répète : nous avons une double sécurité : la preuve par les Turcs, la décision par les Français.
Q - Le débat tourne beaucoup autour de la dimension libérale de l'Europe à venir. Une Europe libérale, vous, ça ne doit pas vous gêner ?
R - Je ne me suis jamais défini par rapport au mot libéral. Le mot qui définit mon engagement politique est l'humanisme, pas le libéralisme. J'adhère aux idées du libéralisme politique fondé au 18ème siècle, le siècle des Lumières, mais pas au libéralisme économique souvent poussé à l'extrême et qui fait trop prévaloir les considérations financières dans notre économie.
Q - Vous êtes donc de ceux qui souhaitent que l'Europe ne soit pas libérale, au sens économique ?
R - Je souhaite qu'elle soit conforme à notre modèle français. C'est pourquoi je suis heureux que la France ait pu obtenir des avancées dans le Traité. Il consacre pour la première fois des droits sociaux auxquels nous sommes profondément attachés. Des articles majeurs font entrer la préoccupation sociale dans la vie politique de l'Europe. Avec le traité, nous ferons exister le dialogue social au niveau européen. Des discussions entre les syndicats, les patronats et les gouvernements européens devront précéder les grandes décisions économiques et sociales. Et là, c'est le modèle social français qui donne l'exemple.
Q - Le 4 avril marque la date limite d'envoi des feuilles d'impôt. Vous avez déjà rempli la vôtre ?
R - J'ai fait cela ce week-end avec mon épouse (de Pâques - NDLR). Le week-end dernier, Anne-Marie a aidé notre fille à remplir sa première déclaration.
Q - Où sont les baisses d'impôt promises ?
R - Nous continuerons une politique de baisse des impôts. En veillant à ce qu'elle soit juste, et avec l'objectif de soutenir la consommation pour qu'elle demeure un moteur de la croissance. Je rappelle qu'en trois ans, nous avons fait baisser de 10 % l'impôt sur le revenu. Il est vrai que nous avons été obligés de faire une pause, à cause d'une rupture de croissance qui n'a été diagnostiquée qu'après l'élection de 2002. Mais nous sommes parvenus à rester parmi les meilleurs dans la zone euro pour la croissance économique. En 2005, nous maintenons notre objectif de croissance à 2,5 %, malgré deux vents contraires : la parité euro-dollar, qui s'améliore un peu il est vrai, et le prix du pétrole.
Q - Les baisses d'impôt reprendront donc l'an prochain ?
R - Oui, grâce au retour de la croissance.
Q - Mais les impôts locaux augmentent : 6 % par exemple pour les départements de la Loire et du Rhône, comme pour la région Rhône-Alpes. Ils disent que c'est de la faute de l'Etat...
R - C'est la malice du " mistigri ". Mais, qu'il soit de droite ou de gauche, l'impôt doit porter le nom de ceux qui le votent. La raison première de ces augmentations, c'est que ces responsables locaux sont en début de mandat, et qu'ils préfèrent augmenter les impôts maintenant plutôt que juste avant les élections. La seconde raison est le goût socialiste pour l'impôt. Ce n'est pas nouveau, les régions de gauche ont toujours été championnes de l'impôt. Je constate que, dans la plupart des collectivités dirigées par des élus de la majorité, les impôts resteront stables en 2005. La décentralisation ne peut être aujourd'hui mise en cause. Faut-il rappeler que la nouvelle loi ne commencera à s'appliquer qu'en 2006 ? Les élus locaux qui prétendent le contraire font le jeu des adversaires de la décentralisation.
Q - Vous inaugurez aujourd'hui à Lyon le salon Handica - avec quelques bonnes nouvelles ?
R - La très bonne nouvelle, c'est la loi sur le handicap qui vient d'être votée selon l'engagement du Président de la République. Elle crée un droit à la compensation, et insiste sur l'accessibilité. Vous pourrez d'ailleurs vérifier qu'il est maintenant possible à un handicapé en fauteuil de venir dans mon bureau, grâce à un ascenseur que nous venons d'aménager. Je compte mobiliser tous les acteurs publics pour l'accessibilité.
Q - Après les 35 heures, la sécurité sociale, les retraites, l'école... quelles autres réformes ?
R - Nous avons trois grands sujets devant nous. En premier lieu, une loi pour les PME, avec notamment une relance de la participation des salariés. Ce chantier comprendra aussi une réforme des relations entre la grande distribution et l'industrie : nous souhaitons la transparence complète dans ces relations, avec des contrats de coopération commerciale, vérifiés par la Direction générale de la concurrence et de la consommation. La coopération clandestine deviendra impossible. Deuxième grand sujet, la recherche. La création d'une Agence nationale de la recherche permettra de donner des moyens supplémentaires, et de rationaliser les efforts de tous, de développer l'emploi scientifique, notamment pour obtenir un renouveau de la recherche fondamentale dans notre pays.
Q - Troisième chantier...
R - Une loi d'orientation agricole pour adapter la PAC à notre agriculture. La logique d'entreprise doit s'appliquer aux exploitations agricoles, avec de meilleurs dispositifs de transmission. Sans oublier des mesures en faveur de l'élevage, qui est une priorité nationale.
Q - Votre durée à Matignon vous fait comparer de plus en plus souvent à Raymond Barre. Vous en êtes flatté ?
R - Bien sûr ! J'ai pour Monsieur Barre un immense respect, et une sincère affection. Son action à Matignon, qui a été à la fois courageuse et réformatrice, a pour moi valeur d'exemple.
Q - Exemplaire aussi, sa candidature à l'élection présidentielle ?
R - On ne peut pas comparer, car l'instauration du quinquennat modifie le fonctionnement de l'exécutif. Je suis lié à Jacques Chirac par un pacte de confiance, c'est ce pacte qui guidera ma conduite dans l'avenir.
Q - Et qui conditionnera votre candidature présidentielle ?
R - Ce n'est vraiment pas mon souhait, ni ma perspective.
Q - Votre souhait, avant d'entrer à Matignon, était de partir dans le désert. A quand une traversée du désert pour Jean-Pierre Raffarin ?
R - Je sais ce que je ferai dans les jours qui suivront mon départ de Matignon. Actuellement, mes journées ne sont pas en béton mais en planches, en reconstruction permanente ! Je dois penser à dix ans, mais agir dans la minute. Le moment venu, je voudrais donc m'ouvrir des horizons nouveaux et pour ne parler que de tourisme, envie de découvrir les grands espaces, africains notamment...
Q - On vous sait croyant. Priez-vous pour la santé du pape ? En cette année centenaire de la laïcité, la religion est-elle de retour ?
R - En tant qu'homme, je suis très touché par la souffrance du Pape. Je suis croyant. Mais je suis le Chef du Gouvernement d'une République laïque. Les questions relatives à mes prières ne concernent que moi.
Propos recueillis par Francis Brochet et Michel Rivet-Paturel
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 mars 2005)