Déclaration de M.Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur le réseau de recherche et d'innovation technologique "matériaux et procédés" et sur les mesures gouvernementales favorisant la recherche et la création d'entreprises innovantes dans le domaine des matériaux et des procédés industriels, Paris, le 23 mars 2000.

Monsieur le Ministre, cher collègue, Mesdames et Messieurs, Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour installer le Comité d'orientation du Réseau de recherche et d'innovation technologique " matériaux et procédés ". Les matériaux fournissent, avec la chimie, l'ensemble des matières premières aux autres secteurs de l'économie. Ils représentent, sans compter les matériaux de construction, plus de 3 000 entreprises de plus de 20 salariés, totalisant 450 000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires de 450 milliards de francs. Les matériaux représentent un ensemble de secteurs industriels très divers, qui ont un point commun : leur capacité à innover. Plus de 600 centres de recherche, ou pôles de compétences, publics ou privés, ont été répertoriés sur le territoire national, preuve du dynamisme de la recherche dans ce domaine. L'innovation : telle est la clé du développement industriel ! Le soutien à l'innovation, au Secrétariat d'Etat à l'industrie, voilà l'axe stratégique de la politique que je conduis ! Le gouvernement de Lionel JOSPIN mène une action ambitieuse pour modifier en profondeur l'environnement de l'innovation et faire émerger de nouveaux capitaux, de nouveaux entrepreneurs et de nouvelles technologies. Avec Claude ALLEGRE, nous y avons beaucoup travaillé. La situation a profondément évolué en deux ans et demi : contrats d'assurance-vie investis principalement en actions et en risque, pour inciter les Français à investir en actions cotées et non cotées ; fonds d'amorçage, que nous mettons en place ensemble, pour favoriser la naissance de sociétés innovantes auprès des établissements de recherche et d'enseignement - 100 millions de francs - ; fonds public pour le capital-risque, doté de 600 millions de francs et complété par 300 millions de francs de la Banque européenne d'investissement ; création de bons de souscription de parts de créateurs d'entreprises, étendus depuis aux entreprises de moins de 15 ans ; engagement du processus intergouvernemental visant à diminuer le coût et à améliorer la sécurité juridique du brevet européen : oui, l'innovation est au cur de notre action ! Les résultats sont là, et ils sont excellents, comme l'indique le tableau de bord publié, chaque semestre, par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Les fonds levés sur le Nouveau Marché ont progressé de plus de moitié en un an. Les créations d'entreprise ex nihilo, dans les secteurs technologiquement innovants, passent pour la première fois le cap des 4 000 unités au premier semestre 1999. 45 000 personnes de plus travaillent, depuis un an, dans des secteurs technologiquement innovants. Les matériaux, comme leurs procédés d'élaboration, de mise en uvre et de transformation, sont un domaine où l'innovation technologique est forte. Claude ALLEGRE s'est fait pédagogue : je serai donc ingénieur... L'innovation technologique prend deux formes. Elle relève, en premier lieu, de l'amélioration des produits et matériaux courants. Elle permet, en second lieu, la mise au point de matériaux et produits nouveaux, souvent incorporés par les industries de pointe, pour des marchés de niche, avant de trouver parfois des applications de grande consommation. L'innovation de produit et l'innovation de procédé sont intimement liées dans le domaine des matériaux ; ce qui explique la longueur des cycles d'innovation et la relative inertie technologique du secteur des matériaux. L'importance économique des matériaux, comme leur fort potentiel d'innovation et de développement technologique, justifient une attention particulière des pouvoirs publics et un soutien de mon Ministère à la R D et à l'innovation. La procédure P.U.M.A. - promotion de l'utilisation des matériaux avancés - a été reconfigurée dans le cadre de la nouvelle procédure A.T.O.U.T., qui vise à la diffusion des technologies au sein des P.M.E.-P.M.I. En outre, l'appel à propositions "Performances", que j'ai lancé au mois de mai, et qui est doté de 100 millions de francs cette année, permet d'ores et déjà de soutenir financièrement des projets de recherche-développement dans le domaine des matériaux. Enfin, le Secrétariat d'Etat à l'Industrie met à la disposition des entreprises, notamment des plus petites d'entre elles, un répertoire de compétences dans le domaine des matériaux, désormais accessible en ligne sur le site du Ministère. Je souhaite évoquer, avant de conclure, l'exercice "technologies clés 2005". Il y a trois ans, ont été recensées 100 technologies-clés pour l'industrie française, sur lesquelles il apparaissait souhaitable de concentrer l'effort public. Il était devenu nécessaire de remettre à jour cet ouvrage. Des experts industriels et scientifiques se sont réunis - je crois d'ailleurs que certains d'entre vous ont pris part à ces travaux - pour identifier les technologies, émergentes ou en croissance, dans le domaine de la chimie et des matériaux, sur lesquelles la France et l'Europe disposent d'une bonne position scientifique et technique, mais d'une position industrielle et commerciale encore moyenne. Plusieurs enjeux technologiques ont été identifiés dans le domaine qui nous intéresse aujourd'hui : identifier, maîtriser et imaginer de nouveaux procédés d'élaboration des matériaux ; améliorer leur mise en uvre ; développer de nouvelles propriétés pour faire face aux nouveaux usages ; enfin, outiller la recherche et la modélisation. Il m'apparaît indispensable que votre Comité d'orientation donne son avis sur ces questions. Les thématiques susceptibles d'être traitées dans le cadre du réseau "matériaux et procédés", déjà esquissées par les industriels réunis conjointement par nos administrations en novembre dernier, recouvrent pour une large part les thèmes abordés dans le volet "chimie-matériaux" de l'étude "technologies Clés 2005". Il vous appartiendra d'affiner ces réflexions, de définir les thématiques et les projets prioritaires sur lesquels concentrer nos efforts. Mesdames et Messieurs, Le champ couvert par ce réseau est très large. Les enjeux, tant pour le monde industriel que pour la recherche publique, sont considérables. Je vous remercie d'avoir accepté cette responsabilité et souhaite un plein succès à votre Comité d'orientation.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 28 mars 2000)