Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la politique d'assurance-crédit, le bilan du commerce extérieur et l'efficacité des soutiens publics à l'exportation, Paris, le 22 février 2000.

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Circonstance : Réunion annuelle de présentation de la politique d'assurance-crédit à Paris, le 22 février 2000

Texte intégral

Monsieur le Directeur, Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'ouvrir aujourd'hui la réunion traditionnelle de présentation de la politique annuelle d'assurance-crédit. Les systèmes d'assurance crédit publics, capables de résister aux turbulences des marchés financiers, permettent en effet aux stratégies des entreprises de s'inscrire dans la durée, comme le soulignait récemment Christian Sautter. Permettez-moi, en introduction à vos travaux de vous faire part de trois réflexions.
1. La première concerne les résultats de notre commerce extérieur pour l'année 1999, qui comme l'ont confirmés les chiffres définitifs, publiés il y a quelques jours, a été une bonne année pour nos échanges, et s'est même révélée meilleure que ce que l'on prévoyait à la fin du premier semestre.
Notre solde commercial s'est établi à 124 milliards de francs, et ce résultat positif pour la septième année consécutive, confirme le caractère largement structurel de notre excédent. Nos exportations ont progressé de 2 %. Quant aux investissements français à l'étranger, ils ont progressé de près de 50 % sur les 11 premiers mois de l'année. Bref, l'économie française a affiché un grand dynamisme à l'international, qui devrait se prolonger cette année sur fond de forte croissance du commerce mondial.
Ce tableau positif ne doit pas nous empêcher de relever certaines insuffisances dans nos échanges. Je pense là à nos exportations vers les pays émergents.
En effet, à l'exception des pays d'Europe Centrale et orientale, nos exportations vers l'ensemble des zones émergentes ont enregistré une forte baisse, de plus de 15 % par rapport à 1998. L'évolution est encore plus nette, pour les grands contrats en Amérique Latine , où l'on enregistre une baisse de 38 %, ou encore pour les grands contrats hors aéronautique en Asie (-31 %). Ce recul s'est accompagné d'un tassement de nos parts de marché, en particulier dans les pays asiatiques.
Certes, cette évolution est largement la conséquence de la crise financière qui a affecté les pays émergents. Ces turbulences sont à présent derrière nous. Dès le second semestre les résultats de nos échanges avec les pays émergents se sont améliorés et nos exportations, en direction des pays qui ont retrouvé leur croissance, se redressent progressivement. C'est le cas, en particulier, en Corée où l'on enregistre une hausse de 9,5 % de nos exportations.
Néanmoins, la reprise des importations totales des pays d'Asie, en développement très rapide, nous est aujourd'hui moins favorable qu'à d'autres et profite avant tout aux pays d'Asie eux-même, au Japon en particulier, ainsi qu' aux Etats-Unis.
Pour cette raison, ce Ministère est fermement engagé à aider les entreprises à tirer un meilleur parti de la reprise qui s'annonce en Asie et sous certaines conditions en Amérique Latine, et à accroître nos positions sur ces marchés qui, sur le long terme, offrent des opportunités importantes.
2. Si cet engagement repose avant tout sur la politique d'assurance crédit qui nous rassemble aujourd'hui, il bénéficie également des efforts que le Secrétariat d'Etat au Commerce extérieur fait porter dans trois autres directions
- la négociation multilatérale, d'abord : malgré l'échec de la Conférence de Seattle, je suis convaincu que la France a beaucoup à gagner de l'ouverture d'un cycle global de négociations multilatérales à l'OMC qui devrait permettre de renforcer le cadre de règles mondiales pour le commerce et pour l'investissement.
- notre deuxième tâche concerne l'information économique et réglementaire à apporter aux entreprises, grandes ou petites , notamment à travers le travail quotidien effectué par le réseau des Postes d'Expansion Economique. Grâce à cette information, destinée à l'élaboration des stratégies à l'exportation et à la maîtrise d'un environnement économique technique et réglementaire de plus en plus complexe, nous contribuons à créer un environnement compétitif pour nos entreprises.
- le troisième volet de notre mission, c'est l'appui direct aux entreprises. Lors des prochains déplacements à l'étranger que je vais effectuer, en Thaïlande, en Malaisie ou en Amérique latine, par exemple, je défendrai bien entendu la cause des entreprises françaises, en faisant valoir l'image de marque de leurs biens et de leurs services.
Valoriser la qualité et la compétitivité des produits français, c'est également le rôle des grandes expositions que nous organiserons cette année en Hongrie, Turquie ou en Corée.
Enfin, c'est aussi à travers la politique financière que les pouvoirs publics peuvent soutenir vos efforts sur les marchés extérieurs. Ce Ministère souhaite que vous puissiez disposer d'une palette d'instruments adaptée aux différentes situations :
- l'assurance-crédit, mais aussi les crédits d'aide, à travers la Réserve Pays Emergents et le FASEP ;
- les instruments en faveur des PME, avec l'Assurance-Prospection et le FASEP-Garantie ;
- ou des instruments plus spécifiques, comme la garantie du risque de change ou la garantie des investissements à l'étranger.
3. Ces instruments vous seront plus amplement détaillés mais je souhaiterais néanmoins vous faire part de ma vision de nos objectifs pour l'année à venir, en matière financière :
- d'abord, je crois nécessaire d'avoir une attitude volontariste, c'est-à-dire d'aider nos entreprises, tout particulièrement lorsque les mécanismes de financement de marché ne peuvent pas les accompagner dans leur développement à l'international. Et c'est bien souvent le cas pour les opérations vers les pays émergents.
- deuxièmement, notre rôle est de fournir les moyens qui permettent à nos entreprises de faire face à la concurrence : qu'il s'agisse de l'assurance-crédit ou des crédits d'aide, je souhaite que nous soyons en mesure d'offrir à nos entreprises le même soutien que celui octroyé à leurs concurrents, dans le respect, évidemment, des règles internationales et notamment celles de l'OCDE.
De ce point de vue, le respect de nos engagements internationaux doit s'accompagner d'une grande vigilance envers ceux qui, parmi nos partenaires commerciaux, qui ne respecteraient pas ces règles.
Grâce à cette vigilance, nous avons ainsi obtenu, récemment dans un pays d'Amérique latine qu'un contrat financé par un de nos grands partenaires du G7 sur un financement théoriquement "délié" soit attribué à une entreprise française. Je vous invite donc vivement à porter à la connaissance de la DREE tous les cas qui poseraient problème.
Enfin, il nous faut traiter de nouveaux défis. Je pense en particulier à l'environnement, qui fait l'objet d'une attention continue de la part de notre opinion publique. Il faudra prendre en compte cet aspect dans nos procédures financières et intégrer dans nos débats la contribution des crédits export à l'amélioration de l'environnement dans les pays acheteurs. La priorité est de développer le dialogue et je souhaite que ce sujet soit traité en concertation étroite entre les pouvoirs publics et les entreprises exportatrices. L'avance que nous prendrons dans ce domaine nous permettra ainsi de prendre une part active dans les discussions qui s'engageront au sein de l'Union Européenne et plus largement de l'OCDE.
En espérant que cette matinée vous permettra de recueillir les informations dont vous avez besoin, et vous convaincra de notre volonté de soutenir les efforts de nos entreprises en direction des pays émergents, je passe la parole à Monsieur J.F Stoll.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 3 avril 2000)