Texte intégral
Q- Au Parti communiste, n'y a-t-il pas de divergences, tout le monde est-il pour le "non" au référendum sur la Constitution européenne ?
R- A l'unanimité, les communistes se battent pour que cette Constitution ultra-libérale puisse être rejetée par le peuple de France. Et c'est en bonne voie, puisque, chaque semaine, le "non" fait "boule de neige", si j'ose dire.
Q- On va attendre le 29 mai, peut-être pour voir le résultat...
R- Oui, mais j'ai confiance. Plus on connaît ce texte, plus on fait connaître ce texte aux Françaises et aux Français, plus ils s'aperçoivent que c'est une tornade contre l'emploi, contre les services publics, contre l'avenir de la France et de l'Europe surtout.
Q- On a tendance à assimiler un texte controversé, qui est une directive, un projet de directive, à cette Constitution. Je dois dire que vous aussi vous le faites : L'Humanité parle, ce matin, de "l'enfant naturel de la Constitution". La directive Bolkestein n'est pas adoptée, elle est en débat, mais on fait comme si ?
R- La directive Bolkestein est d'abord une décision du Sommet de Lisbonne...
Q- Pouvez-vous me rappelez la date du Sommet de Lisbonne ?
R- En mars 2000. En mars 2000, Monsieur J. Chirac, président de la République, a été complice de cette commande d'une directive sur lesservices...
Q- Et le Premier ministre s'appelait L. Jospin...
R- L. Jospin, que voulez-vous, il prend ses responsabilités... D'ailleurs, depuis, entre 2000 et 2004, on a pu constater que, tant au Parlement européen qu'à la Commission de Bruxelles, et tous les chefs d'Etat, ont tous approuvé cette directive Bolkestein : P. Lamy, M. Barnier, à la Commission, l'ensemble des députés du Parlement européen... Sauf les députés communistes et Verts nordiques, la vérité est là...
Q- Vous simplifiez un peu...
R- Cette semaine, on nous organise un débat à l'Assemblée nationale, qui est un débat de dupes et de complète duplicité, pour accréditer l'idée que, désormais, on se réveille : le président de la République, le Gouvernement, l'UMP ...
Q- Le vote des députés n'aurait-il pas d'intérêt dans ce domaine ?
R- .... l'UMP décideraient de rejeter - encore que... ils parlent de "remettre à plat" -, la directive Bolkestein. Le matin même, on apprend dans la presse que M. Barroso, le président de la Commission, dit : "Circulez, il n'y a rien à voir, la directive Bolkestein s'appliquera avec la notion du pays d'origine", ce qui veut dire, que l'on qu'on pourra, demain, en France, avec cette directive Bolkestein, employer des salariés, aux tarifs, avec les droits sociaux de leur "pays d'origine". On imagine quelle tornade pour les services publics et l'emploi en France ! C'est absolument inacceptable ! Et la meilleure façon de l'enterrer, c'est de voter "non" à la Constitution européenne.
Q- La meilleure façon de l'enterrer, c'est que le Parlement européen vote contre, or il n'a pas encore voté, il ne s'est pas encore prononcé. Quand A. Lamassoure, qui s'y connaît quand même en affaires européennes, dit qu'elle ne verra jamais le jour, ce n'est pas tout
à fait faux ?
R- Cela est fait pour rassurer les Françaises et les Français à la veille du référendum ! Mais si on lit bien la Constitution, notamment dans son article 3, on s'aperçoit que pour ce qui concerne les services, il y a la volonté de les libéraliser complètement. Je rappelle quand même que le point nodal de la Constitution européenne que l'on nous propose, c'est "la concurrence libre et non faussée". C'est cela, la table des matières de la Constitution européenne.
Q- Oui, mais il y a aussi "l'Europe sociale" dans la Constitution.
R- "L'Europe sociale" ! Vous parlez de la Charte des droits fondamentaux, qui est annexée et qui n'est pas obligatoire pour les Etats, et qui est complètement remise en cause, quant au fond, par cette notion de la concurrence libre et non faussée. Cela veut dire : un ouragan de mise en concurrence totale. Et la directive Bolkestein est, oui, comme le dit L'Humanité ce matin, "l'enfant naturel de la Constitution". Elle anticipe cette Constitution. Toute la Constitution est à la sauce Bolkestein. Il ne faut pas se leurrer. Et c'est la raison pour laquelle les Françaises et les Français, à partir de leurs acquis sociaux, démocratiques, qui sont rognés par le gouvernement Raffarin, doivent s'élèver contre cette Constitution européenne, pour donner une nouvelle chance à l'Europe.
Q- Croyez vraiment que le Gouvernement aurait envie de se faire hara-kiri avec cette directive, honnêtement ?
R- Le Gouvernement est avec un oursin dans les mains ! Il y a une protestation, le mouvement social se développe ! Le 10 mars a été géant du point de vue de la mobilisation de toutes les forces sociales dans ce pays, qui en ont assez de vivre avec des salaires de misère, qui en ont assez du chômage qui a dépassé les 10 % !
Q- A propos des "salaires de misère" : le ministre des Finances, T.Breton, a reconnu qu'il y avait "un problème de pouvoir d'achat en France", il l'a dit clairement hier. Il a fait plusieurs propositions, dont l'une concerne une prime d'intéressement pour les salariés des entreprises qui auront fait des bénéfices. Vous avez déjà dit que ce n'est pas assez. Mais c'est un premier pas ?
R- Non, je n'ai pas dit que "ce n'est pas assez". J'ai dit que monsieur T. Breton, en bon capitaliste qu'il est, a trouvé une solution - c'est incroyable ! - : l'an dernier, les entreprises du CAC 40, les plus grandes entreprises françaises, ont fait des bénéfices fabuleux, on a réparti 17 milliards d'euros de dividendes entre les actionnaires, dont la moitié d'entre eux sont des fonds de pension étrangers, alors que les salaires baissent, alors que la productivité du travail a augmenté de 1,8.. Et aujourd'hui, il nous sort une solution où il protège encore l'actionnariat ! On va faire payer par les contribuables cet éventuel intéressement !
Q- On ne le fait pas payer par le contribuable, il ne paie pas d'impôt dessus...
R- Non, non, non, on protège le capital, et une fois de plus, on va puiser dans les caisses de l'Etat pour apporter des cadeaux fiscaux au patronat. C'est absolument intolérable, inadmissible ! Ce qu'il faut, c'est que les richesses produites dans ce pays soient réparties équitablement et que l'on augmente, sans attendre, les salaires. Nous, nous réclamons un SMIC à 1.400 pour 35 heures par semaine, c'est urgent, les gens ne peuvent plus vivre, ils en ont marre !
Q- Vous réclamez une Commission d'enquête parlementaire sur la libéralisation des services publics, justement ce que vous pourfendez. Ce matin, la SNCF annonce 100 millions de bénéfices : ce sont des bénéfices qui vont être répartis entre les salariés aussi...
R- Pas tout à fait. [...] Le groupe communiste a déposé d'abord une proposition de loi, mardi, qui a été rejetée par la droite, interdisant les expulsions et arrêtant de harceler les gens qui sont confrontés aux problèmes d'électricité, de gaz, etc. qui ne peuvent plus payer. Et nous demandons qu'il y ait un point d'étape quant à la mise en concurrence des services publics, que ce soit la SNCF, que ce soit EDF, que ce soit France Télécom. Dans le domaine des services publics, où l'on a introduit la privatisation rampante, en mettant en application des directives européennes, il est temps de faire un point d'étape. C'est pourquoi nous demandons la création d'une commission d'enquête pour, qu'en toute transparence, on voit ce que ça a donné en matière d'emplois, en matière de services, en matière de tarifs, pour voir si l'on continue ou si l'on doit s'arrêter et revenir à une vraie conception française des services publics.
Q- Dernier point, P. de Villiers est en guerre contre ce qu'il appelle "l'Europe turque". Le Parti communiste est-il également contre l'entrée de la Turquie ?
R- Vous savez, j'ai fait partie de la mission parlementaire conduite par le président Debré en Turquie. D'abord, on introduit la Turquie pour déstabiliser le vrai débat de fond sur la Constitution européenne. Il ne faut pas mélanger les choses, sauf que la question de l'adhésion de la Turquie est posée pour dans 15 ou 20 ans, que c'est une question qu'il faudra examiner d'une manière tout à fait loyale et honnête. Mais en attendant qu'un jour la Turquie puisse rentrer, je peux vous dire que d'abord, il faut que cela change en Europe et que l'on construise une vraie Europe sociale et une vraie Europe démocratique, et qu'il faut que cela change vraiment en Turquie quant aux droits de l'homme, aux droits de la femme, quant aux libertés et aux droits sociaux !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mars 2005)
R- A l'unanimité, les communistes se battent pour que cette Constitution ultra-libérale puisse être rejetée par le peuple de France. Et c'est en bonne voie, puisque, chaque semaine, le "non" fait "boule de neige", si j'ose dire.
Q- On va attendre le 29 mai, peut-être pour voir le résultat...
R- Oui, mais j'ai confiance. Plus on connaît ce texte, plus on fait connaître ce texte aux Françaises et aux Français, plus ils s'aperçoivent que c'est une tornade contre l'emploi, contre les services publics, contre l'avenir de la France et de l'Europe surtout.
Q- On a tendance à assimiler un texte controversé, qui est une directive, un projet de directive, à cette Constitution. Je dois dire que vous aussi vous le faites : L'Humanité parle, ce matin, de "l'enfant naturel de la Constitution". La directive Bolkestein n'est pas adoptée, elle est en débat, mais on fait comme si ?
R- La directive Bolkestein est d'abord une décision du Sommet de Lisbonne...
Q- Pouvez-vous me rappelez la date du Sommet de Lisbonne ?
R- En mars 2000. En mars 2000, Monsieur J. Chirac, président de la République, a été complice de cette commande d'une directive sur lesservices...
Q- Et le Premier ministre s'appelait L. Jospin...
R- L. Jospin, que voulez-vous, il prend ses responsabilités... D'ailleurs, depuis, entre 2000 et 2004, on a pu constater que, tant au Parlement européen qu'à la Commission de Bruxelles, et tous les chefs d'Etat, ont tous approuvé cette directive Bolkestein : P. Lamy, M. Barnier, à la Commission, l'ensemble des députés du Parlement européen... Sauf les députés communistes et Verts nordiques, la vérité est là...
Q- Vous simplifiez un peu...
R- Cette semaine, on nous organise un débat à l'Assemblée nationale, qui est un débat de dupes et de complète duplicité, pour accréditer l'idée que, désormais, on se réveille : le président de la République, le Gouvernement, l'UMP ...
Q- Le vote des députés n'aurait-il pas d'intérêt dans ce domaine ?
R- .... l'UMP décideraient de rejeter - encore que... ils parlent de "remettre à plat" -, la directive Bolkestein. Le matin même, on apprend dans la presse que M. Barroso, le président de la Commission, dit : "Circulez, il n'y a rien à voir, la directive Bolkestein s'appliquera avec la notion du pays d'origine", ce qui veut dire, que l'on qu'on pourra, demain, en France, avec cette directive Bolkestein, employer des salariés, aux tarifs, avec les droits sociaux de leur "pays d'origine". On imagine quelle tornade pour les services publics et l'emploi en France ! C'est absolument inacceptable ! Et la meilleure façon de l'enterrer, c'est de voter "non" à la Constitution européenne.
Q- La meilleure façon de l'enterrer, c'est que le Parlement européen vote contre, or il n'a pas encore voté, il ne s'est pas encore prononcé. Quand A. Lamassoure, qui s'y connaît quand même en affaires européennes, dit qu'elle ne verra jamais le jour, ce n'est pas tout
à fait faux ?
R- Cela est fait pour rassurer les Françaises et les Français à la veille du référendum ! Mais si on lit bien la Constitution, notamment dans son article 3, on s'aperçoit que pour ce qui concerne les services, il y a la volonté de les libéraliser complètement. Je rappelle quand même que le point nodal de la Constitution européenne que l'on nous propose, c'est "la concurrence libre et non faussée". C'est cela, la table des matières de la Constitution européenne.
Q- Oui, mais il y a aussi "l'Europe sociale" dans la Constitution.
R- "L'Europe sociale" ! Vous parlez de la Charte des droits fondamentaux, qui est annexée et qui n'est pas obligatoire pour les Etats, et qui est complètement remise en cause, quant au fond, par cette notion de la concurrence libre et non faussée. Cela veut dire : un ouragan de mise en concurrence totale. Et la directive Bolkestein est, oui, comme le dit L'Humanité ce matin, "l'enfant naturel de la Constitution". Elle anticipe cette Constitution. Toute la Constitution est à la sauce Bolkestein. Il ne faut pas se leurrer. Et c'est la raison pour laquelle les Françaises et les Français, à partir de leurs acquis sociaux, démocratiques, qui sont rognés par le gouvernement Raffarin, doivent s'élèver contre cette Constitution européenne, pour donner une nouvelle chance à l'Europe.
Q- Croyez vraiment que le Gouvernement aurait envie de se faire hara-kiri avec cette directive, honnêtement ?
R- Le Gouvernement est avec un oursin dans les mains ! Il y a une protestation, le mouvement social se développe ! Le 10 mars a été géant du point de vue de la mobilisation de toutes les forces sociales dans ce pays, qui en ont assez de vivre avec des salaires de misère, qui en ont assez du chômage qui a dépassé les 10 % !
Q- A propos des "salaires de misère" : le ministre des Finances, T.Breton, a reconnu qu'il y avait "un problème de pouvoir d'achat en France", il l'a dit clairement hier. Il a fait plusieurs propositions, dont l'une concerne une prime d'intéressement pour les salariés des entreprises qui auront fait des bénéfices. Vous avez déjà dit que ce n'est pas assez. Mais c'est un premier pas ?
R- Non, je n'ai pas dit que "ce n'est pas assez". J'ai dit que monsieur T. Breton, en bon capitaliste qu'il est, a trouvé une solution - c'est incroyable ! - : l'an dernier, les entreprises du CAC 40, les plus grandes entreprises françaises, ont fait des bénéfices fabuleux, on a réparti 17 milliards d'euros de dividendes entre les actionnaires, dont la moitié d'entre eux sont des fonds de pension étrangers, alors que les salaires baissent, alors que la productivité du travail a augmenté de 1,8.. Et aujourd'hui, il nous sort une solution où il protège encore l'actionnariat ! On va faire payer par les contribuables cet éventuel intéressement !
Q- On ne le fait pas payer par le contribuable, il ne paie pas d'impôt dessus...
R- Non, non, non, on protège le capital, et une fois de plus, on va puiser dans les caisses de l'Etat pour apporter des cadeaux fiscaux au patronat. C'est absolument intolérable, inadmissible ! Ce qu'il faut, c'est que les richesses produites dans ce pays soient réparties équitablement et que l'on augmente, sans attendre, les salaires. Nous, nous réclamons un SMIC à 1.400 pour 35 heures par semaine, c'est urgent, les gens ne peuvent plus vivre, ils en ont marre !
Q- Vous réclamez une Commission d'enquête parlementaire sur la libéralisation des services publics, justement ce que vous pourfendez. Ce matin, la SNCF annonce 100 millions de bénéfices : ce sont des bénéfices qui vont être répartis entre les salariés aussi...
R- Pas tout à fait. [...] Le groupe communiste a déposé d'abord une proposition de loi, mardi, qui a été rejetée par la droite, interdisant les expulsions et arrêtant de harceler les gens qui sont confrontés aux problèmes d'électricité, de gaz, etc. qui ne peuvent plus payer. Et nous demandons qu'il y ait un point d'étape quant à la mise en concurrence des services publics, que ce soit la SNCF, que ce soit EDF, que ce soit France Télécom. Dans le domaine des services publics, où l'on a introduit la privatisation rampante, en mettant en application des directives européennes, il est temps de faire un point d'étape. C'est pourquoi nous demandons la création d'une commission d'enquête pour, qu'en toute transparence, on voit ce que ça a donné en matière d'emplois, en matière de services, en matière de tarifs, pour voir si l'on continue ou si l'on doit s'arrêter et revenir à une vraie conception française des services publics.
Q- Dernier point, P. de Villiers est en guerre contre ce qu'il appelle "l'Europe turque". Le Parti communiste est-il également contre l'entrée de la Turquie ?
R- Vous savez, j'ai fait partie de la mission parlementaire conduite par le président Debré en Turquie. D'abord, on introduit la Turquie pour déstabiliser le vrai débat de fond sur la Constitution européenne. Il ne faut pas mélanger les choses, sauf que la question de l'adhésion de la Turquie est posée pour dans 15 ou 20 ans, que c'est une question qu'il faudra examiner d'une manière tout à fait loyale et honnête. Mais en attendant qu'un jour la Turquie puisse rentrer, je peux vous dire que d'abord, il faut que cela change en Europe et que l'on construise une vraie Europe sociale et une vraie Europe démocratique, et qu'il faut que cela change vraiment en Turquie quant aux droits de l'homme, aux droits de la femme, quant aux libertés et aux droits sociaux !
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mars 2005)