Interview de Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, à la chaîne de télévision irlandaise "TV3" à Dublin le 30 janvier 2004, sur la présence d'armes de destruction massive en Irak et la situation au Moyen-Orient, les liens transatlantiques dans la perspective des futures élections américaines, l'avenir de l'Union européenne et son approfondissement, la position française dans les affaires internationales.

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Circonstance : Voyage en Irlande de Dominique de Villepin le 30 janvier 2004 à Dublin

Média : Chaine de télévision MTV3 - Presse étrangère - Télévision - TV3

Texte intégral

(Texte traduit de l'anglais) :
Q - Dominique de Villepin, vous sentez-vous aujourd'hui conforté dans votre opinion en ce qui concerne la question des armes de destruction massive ?
R - Eh bien, je crois que nous avons eu une tâche difficile ces derniers mois. Nous avons dû essayer de trouver une position commune en Irak. Malheureusement, cela n'a pas été possible. La guerre a eu lieu et nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle phase et nous travaillons très dur pour ressouder la communauté internationale, nous oeuvrons à la réconciliation et à la reconstruction de l'Irak.
Q - Mais en ce qui concerne les armes de destruction massive, il est quasiment certain qu'il n'y a pas d'armes de destruction massive, mais cela a été un échec pour tout le monde, tous les services de renseignement du monde pensaient que les Irakiens avaient ces armes. Comment expliquez-vous cet échec ?
R - A l'époque, la communauté internationale affirmait qu'il existait un risque que Saddam Hussein ait des armes de destruction massive, c'est pourquoi nous avions décidé d'engager un processus collectif, un processus multilatéral, de demander à l'ONU avec ses inspecteurs d'essayer d'établir la vérité. Et nous l'avons dit très fermement à l'ONU avec de nombreux pays qui voulaient faire confiance aux inspecteurs, nous avons dit : "ce sont les yeux et les mains de la communauté internationale" pour établir la vérité ; il est toujours très difficile de savoir exactement ce qui se passe dans ces pays. Nous avions besoin de temps, de patience, d'expérience et d'expertise et nous pensions que les inspecteurs étaient les mieux placés pour établir cette vérité. C'est pourquoi nous voulions nous en tenir à ce processus décidé par la résolution 1441. C'est pourquoi nous pensions à l'époque qu'il n'y avait aucune raison d'engager une intervention militaire avant que tout n'ait été tenté, tant que nous n'avions pas la certitude qu'il n'était pas possible d'établir la vérité grâce à ce processus politique de l'ONU.
Q - Et plus que toute autre personne, vous êtes considéré, en particulier aux Etats-Unis, comme le symbole de l'opinion européenne, mais aussi des Nations unies. Pensez-vous que les Américains peuvent aujourd'hui modifier leur position sur les événements ?
R - Je crois que nous sommes tous désireux de tirer les leçons de cette expérience. Nous avons connu des temps difficiles et la situation aujourd'hui en Irak et au Moyen-Orient est différente. Nous sommes tous face aux difficultés de la tâche et il est une chose dont je suis sûr, c'est que nous devons être unis si nous voulons être efficaces. La seule manière pour la communauté internationale d'être efficace est d'être unie et légitime, c'est pourquoi nous considérons que nous devons travailler ensemble en Irak, c'est pourquoi nous avons besoin d'un processus politique qui bénéficie de l'appui de tous. Nous nous sommes réunis à Paris avec le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui a décidé d'envoyer à nouveau une équipe en Irak afin de contribuer à ce processus politique, nous voulons vraiment contribuer à ce processus et nous considérons vraiment qu'après la fin du mois de juin, lorsque l'Irak aura un gouvernement provisoire, il pourrait être important d'avoir une conférence internationale pour réunir tous les pays de la région. Nous avons besoin que tout le monde aille dans la même direction et nous avons besoin que la communauté internationale se ressoude parce que les enjeux sont très importants, les défis sont très grands, le terrorisme est toujours un défi très très grand pour nous tous et nous devons être tous ensemble si nous voulons gagner.
Q - D'aucuns affirment que ce que nous voyons en Irak et, dans une certaine mesure en Syrie et au Liban (...) est la conséquence de l'effondrement de l'Empire franco-britannique dans la région ?
R - Nous devons être très prudents parce que le Moyen-Orient est une région très complexe et qu'il existe une énorme diversité des situations. La situation en Iran n'est pas la même qu'en Arabie saoudite, ni qu'au Liban, en Syrie ou en Egypte, et donc si vous essayez d'avoir seulement une vue globale, stratégique de cette région, vous pouvez faire des erreurs. Il faut être très attentif à chaque situation, essayer d'évaluer chaque difficulté et, bien sûr, essayer de travailler ensemble et d'aider chaque gouvernement à se réformer pour évoluer vers la démocratie, mais nous ne pouvons pas dicter notre volonté à la région, donc nous avons besoin du dialogue, de la réforme, mais nous devons agir de manière très pacifique, très compréhensive, nous devons être très prudents pour ne pas créer davantage d'oppositions. Il est une chose que nous avons apprise ces derniers mois, avec ce qui s'est passé dans cette région, c'est qu'agir en recourant à toujours plus de force ne fait qu'engendrer plus de violence. Nous croyons cela pour le Processus de paix. Si vous ne pariez que sur la politique de sécurité, la politique de sécurité ne vous donnera pas davantage de sécurité, mais davantage d'incertitude, de violence et de terrorisme. Il faut aussi avoir une véritable stratégie de paix, il faut avoir une politique en deux volets, bien sûr avoir la sécurité, mais d'autre part, travailler en très étroite coopération pour défendre une stratégie de paix. C'est exactement ce que nous voulons au Moyen-Orient et c'est pourquoi nous pensons que nous devrions revenir à l'initiative de l'ONU dans le Processus de paix.
Q - Pensez-vous qu'un président Kerry, Clark ou Dean serait mieux à même de le faire que le président Bush ?
R - Voyez-vous, l'Amérique est un pays indépendant. Les Américains vont décider qui sera leur président et je suis sûr qu'ils feront le bon choix.
Q - Pensez-vous qu'une administration dirigée par un candidat démocrate serait plus facile pour l'Europe ?
R - Je ne crois pas que ce soit une question d'administration. Je crois que nous devons faire face à la réalité, c'est un monde difficile. Et difficile pour tout le monde. Une clé est nécessaire : si l'on veut être efficace, si l'on veut résoudre le problème, il faut travailler ensemble. Cela a été difficile ces derniers mois, nous devons faire mieux, nous voulons tous faire mieux. Je serai à New York dans quelques jours, je rencontrerai Colin Powell et discuterai avec lui de nombreuses questions, des nombreux défis que nous devons affronter et je crois que là est vraiment la clé. La diplomatie peut faire beaucoup. Mais nous devons travailler ensemble et je crois que là est la clé. Nous savons qu'à 25, nous serons plus forts, mais nous devons être capables de décider ensemble, nous avons besoin d'une règle commune, c'est pourquoi nous avons besoin d'une Constitution. Si nous obtenons cette règle commune, l'Europe sera en mesure de relever les défis du monde de manière beaucoup plus forte.
Q - La France est-elle déçue par l'Europe ?
R - Certainement pas.
Q - Ces dernières années, la Commission européenne est passée d'une sorte de modèle français d'Etat colbertiste à un modèle plus ouvert à la concurrence, aux opinions atlantistes du monde, ce qui doit être décevant pour Paris.
R - Non, car je crois qu'il y a un sens, une évolution dans l'histoire, au moins en ce qui concerne l'ouverture de l'économie, la multiplication des échanges avec le reste du monde, telle est l'histoire, nous devons y faire face. Cela est vrai pour tout un chacun et pour chaque pays. Mais je crois que nous devons faire face à ce qui s'est passé, ce qui est très important.
Ce que nous avons fait entre Européens ces vingt ou trente dernières années a été très important. Nous avons fait un bon bout de chemin et nous voulons progresser encore. La question est que nous devons faire face à la fois au défi de l'élargissement et à celui de mettre en place de nouvelles règles pour les Européens : comment fonctionner ensemble à 25 ? Bien sûr, on ne saurait travailler à 25 de la même manière qu'à 15 ou à 6. Il faut changer les règles si l'on veut être efficace. Nous voulons donc une Europe plus démocratique, plus transparente. Nous avons besoin d'une Europe plus efficace. C'est pourquoi je crois qu'il est aussi important pour les Européens aujourd'hui d'avoir une Constitution.
Q - Sur l'Union européenne à deux vitesses, les gens se demandent : que se passe-t-il ? Où va-t-on ?
R - C'est très simple. Premièrement, parce que nous considérons tous que nous n'avons qu'un président. Cette présidence est la présidence irlandaise et nous respectons tous la capacité, la sagesse, le rôle moteur de l'Irlande pendant ces six mois. Cela est très important. Il n'y a pas à en discuter. Pourquoi nous rencontrons-nous ? Nous nous rencontrons parce que nous avons besoin de parler, de discuter des différentes possibilités. Pendant de nombreuses années, pendant des décennies, il y a eu le couple franco-allemand, que certains avaient critiqué, tandis que d'autres expliquaient combien cela avait été bon pour l'Europe. Bien sûr, nous devons préserver cette capacité, il est important aussi d'avoir cette même discussion avec les Britanniques, nous voulons donc élargir cette capacité de dialogue. Bien sûr, il n'appartient pas à ces pays de décider pour le reste de l'Europe. Il n'est pas question d'une solution qui serait discutée entre nous trois, et ensuite le reste de l'Europe devrait faire avec. Non ! il s'agit uniquement de proposer quelque chose. Ces derniers mois, les Allemands et les Français ont proposé une certaine quantité de solutions pour la Politique agricole, pour les institutions, pour la candidature turque, cela a été utile pour les Européens, ce n'est en aucune manière dicter ce que les Européens doivent faire, c'est juste proposer, amener les pays qui ont peut-être entre eux des divergences sur certains points à en discuter davantage, puis essayer de faire avancer les choses. Et la présidence irlandaise sera bien sûr informée de tout ce dont nous avons parlé. La transparence, le dialogue et la responsabilité à part entière, voilà ce que sont les clés, ce n'est donc pas une méthode qui consiste à travailler "contre" une partie de l'Europe. Il y a une totale transparence. Mais je crois que nous sommes face à un tel défi que nous devons tous, que ce soit de manière bilatérale, ou peut-être par groupes de trois ou quatre, nous réunir pour nous rapprocher de la solution. J'ai rencontré mon collègue de Pologne avec Joschka Fischer, nous rencontrerons Ana Palacio dans quelques jours, tout cela s'inscrit dans le processus de dialogue. Bien sûr, la présidence irlandaise doit être informée de chaque démarche, c'est la présidence irlandaise qui prendra la tête des opérations, nous dira comment elle veut gérer et discuter les choses, c'est la responsabilité de la présidence et nous respectons tous cela.
Q - Sur l'exception française. La France a une position unique originale dans les affaires internationales. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
R - Eh bien, il est très difficile pour un Français de l'expliquer. Ce serait sans doute plus facile pour un ami de l'expliquer et de donner sa propre vision des choses. Je crois que la France a depuis de nombreux siècles un certain sens de l'Histoire et de la responsabilité, la Révolution de 1789, un certain sens de l'universalité. Nous croyons que nous devons assumer pleinement la responsabilité de ce que nous sommes et de la manière dont nous voyons le monde. C'est pourquoi, lorsque nous croyons en quelque chose, nous nous tenons fermement à nos principes. Aujourd'hui, nous croyons que nous devons trouver des moyens différents de régler les problèmes du monde en respectant les principes, en respectant le droit et non la force. Ce sont là des principes tout à fait essentiels en lesquels nous croyons et je crois qu'il est important de s'y tenir.
Q - C'est donc l'histoire française, plutôt qu'une obsession de la puissance anglo-saxonne ?
R - Je ne crois pas que ce soit dirigé contre quiconque. C'est une question de conviction, de croyance. Je crois aujourd'hui qu'entre Européens, nous partageons la même conviction et nous sommes très heureux de pouvoir, avec nos amis européens, défendre cette conviction de diverses manières lorsque nous traitons avec l'Iran, ou lorsque nous nous occupons du problème du Moyen-Orient. Je crois que tous ensemble, nous partageons la plupart du temps les mêmes vues, mais naturellement, il y a l'identité de chaque pays et dans notre identité, il y a la très grande conviction que nous devons nous en tenir aux principes que l'histoire nous a donnés. Nous avons traversé des temps très très difficiles dans notre histoire, comme beaucoup de pays, comme l'Irlande, des guerres, des guerres civiles, des guerres mondiales, et de tout cela, nous avons appris bien sûr que nous devons parfois être intransigeants sur un certain nombre de valeurs. Nous croyons donc dans ces valeurs et nous voulons les défendre..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 février 2004)
(Texte en anglais) :
Q - Dominique de Villepin, do you now feel vindicated over the issue of the question of weapons of mass destruction ?
R - Well, I think we had a difficult task during the last months. We had to try to find a common position on Iraq. Unfortunately it hasn't been possible, the war happened and now we are in a new phase and we are working very hard to have all the international community back together, working together for the reconciliation and the reconstruction of Iraq.
Q - But in terms of the weapons of mass destruction, it's almost certain that there are no weapons of mass destruction but equally it was a failure of everyone all the intelligence of the world said they have these weapons. Why do you think they actually had this failure ?
R - I think at the time the international community said that there was a risk of Saddam Hussein having weapons of mass destruction that's why we decided to have a collective process, to have a multilateral process, to have the UN with the inspectors trying to find out the truth. And we have been having a very strong statement in the UN with many others in trying to heed the inspectors - we said : "they are the eyes, they are the hands of the international community" in order to find out the truth, it's always very difficult to know exactly what's going on in such countries. We need time, we need patience, we need experience and expertise and we thought the inspectors were the best in a position to find this truth. That's why we were willing to stick to this process that was decided by the resolution 1441. That's why we thought, at the time, that there was no reason to go forward for a military intervention unless everything has been tempted, unless we had the certainty that it was not possible through this political process of the UN to find the truth.
Q - And more than any another individual you are regarded particularly in the United States as the emblematic of a European view but also of the United Nations. Do you think now that it is possible for the Americans to reassess events ?
R - I think we are all willing to learn from experience. It has been difficult times and now there is a different situation in Iraq and in the Middle East. We all face the difficulties of the task and there is one thing that I am sure : we need to be united if we want to be efficient. The only way to the international community to be efficient is to be united and legitimate, that's why we think we have to work in common in Iraq, that's why we need to have a political process that it is supported by everybody. We met in Paris with the Secretary General of the UN, Kofi Annan, and he decided to send a team back to Iraq in order to help this political process. We are really willing also to help this process and, really, we do consider that after the end of June when Iraq will have a provisional government it might be important to have an international conference in order to have all the countries of the region. We need to have everybody going to the same direction and we need to have the international community back together because the stakes are very high, the challenges are very high, terrorism is still a big big challenge for all of us, so we need to be all together if we want to win.
Q - Many people have argued that what we are seeing in Iraq to a certain degree Syria and Lebanon (...) is the result of the collapse of the Franco-British empire in the region ?
R - We have to be very careful because the Middle East is a very complex region and there is a huge diversity of situation. The situation in Iran is not the same in Saudi Arabia, is not the same in Lebanon, not the same Syria or in Egypt, so trying to have just a strategic, global view of this region, you can make mistakes if you do that. You have to be very concerned by each situation, try to assess each difficulty and of course try to work together and go and help every government to reform to evolve to go through democracy, but we can not dictate our will to the region. So we need dialogue, we need reform, but we have to go in a very peaceful way, in a very good understanding, we have to be very careful, not to create more opposition. There is one thing we learn from the past months, there is some kind of analogy to many people of this region, many groups and more force will raise more violence. We think that in the peace process, if you are going to only bet on the security policy, security policy will not give you more security, security policy will give you more uncertainty, more violence, more terrorism. You need to have also a real peace strategy, you need to have a two track policy, of course to have security, but on an another hand you have to work very closely in defending a peace strategy. That's exactly what we want in the Middle East and that's why we think we should go back on the UN initiative of the peace process.
Q - Do you think the president Kerry or Clark or Dean would be better equipped to do that than the President Bush.
R - You see, America is an independent country, Americans are going to decide who is going to be their president and I'm sure they'll make the right choice.
Q - Do you think that an administration run by democratic candidate would be easier for Europe ?
R - I don't think it is so much a matter of which administration is going to rule. I think we have to face reality, it is a difficult world. And it is difficult for everybody. There is one key which is needed. If you want to be efficient, if you want to solve the problem you need to work together. It has been difficult during the last month, we need to do better, we all want to do better. I'm going to be in New York in a couple of days, I'm going to meet with Colin Powell and discuss many of the items, many of the challenges we have to face and I think this is the real key. Diplomacy can do much. But we have to work together and I think it has to be the key word. We know that at 25 we are going to be stronger but we need to get a capacity of deciding together we need to have a common rule that's why we need a constitution. If we are going to get this common rule then Europe is going to be able to face the challenges of the world in a much stronger way.
Q - Is France disappointed with Europe ?
R - Certainly not.
Q - In recent years, European Commission has moved away from a sort of French "colbertisme" state model much more open to competition, much more open to atlanticist views of the world which must disappointing somebody in Paris.
R - No, because I think there is a way, an evolution of history at least in terms of opening the economy, multiplying exchanges with the rest of the world. This is the history, we have to face it. It's true for everybody and for every country. But I think we have to face what happened, which is very important. What we've done during in the last twenty, thirty years among Europeans has been very important. We've gone a very long way, of course we want more. The question is we have to face at the same time the challenge of enlargement and the challenge of the new rule of the Europeans : how to work together at 25 ? Of course, you can not work at 25 in the same way we were working at 15 or at 6. You have to change the rule if you want to be efficient so we want a more democratic Europe, we want a more transparent Europe, we need a more efficient Europe. That's why I think it's so important for the European to have today a constitution.
Q - On European Union, people are asking what's going on, where we go ?
R - It's very easy. First because we all consider that we have only one president. This presidency is the Irish presidency and we all respect the capacity, the wisdom, the leadership of Ireland to lead Europe during these six months. It's very important. There is no discussion about it. Why are we meeting ? We are meeting because we need to talk, we need to discuss the different possibilities. For many many years, for decades, there has been the Franco-German couple. Some people has been criticising this couple, some people have been saying how good it has been for Europe. Of course, we need to maintain this capacity, it's important also to have this same discussion with the British so we are willing to have this capacity of dialogue enlarged. Of course, it's not these countries to decide for the rest of the Europe. It's not one solution which is going to be discussed at three and the rest of Europe. No, it's only a matter of proposing. During the last months, the German and the French have been proposing a certain amount of solutions for the agriculture policy, for the institutions, for the Turkish candidacy, this has been helpful for the Europeans, it's not in anyway dictate what the Europeans have to do, it's just a matter of proposing, trying to have these countries who may face some difficulties between them to discuss further more and then trying to keep the ball-rolling and of course the Irish presidency is going to be well informed of everything that we have been discussing. Transparency and dialogue and full responsibility, these are the key so in anyway this is against any part of Europe, this is done closely, in full transparency but I think we are facing such a challenge that all of us in bilateral way or maybe at three or at four, we need to meet in order to get closer to a solution. I've been meeting my colleague from Poland with Joschka Fischer, we are going to meet with Ana Palacio in a couple of days, all this is part of the process of dialogue. Of course the Irish presidency needs to be informed at every step, the Irish presidency is going to take the lead, and tell us how she wants to manage and discuss things, it is the responsibility of the presidency and we all respect that.
Q - On the french exception, France has a unique and original position on the international matters. Could you explain why ?
R - Well it's very difficult for a French man to explain that. It might be easy for a friend to explain that and give his own vision. I think that France for many centuries had a certain sense of history and of responsibility. The revolution of 1789, a certain sense of universalism. We believe that we need to take full responsibility for what we are and how we see the world that's why when we believe in something we stand firm on principles. Today we believe that we need to find different way in dealing with the problem of the world respecting principals, respecting the right not the force. These are very strong elements which we believe and I think it's important to stand still.
Q - So it's French history, rather than obsession of the Anglo-Saxon power ?
R - I don't think in anyway it is against anybody. It's a matter of conviction, of belief. Today I believe that we share among Europeans the same belief and we are very happy to be able with our European friends, to be able to defend this belief in many different ways when we are dealing with Iran, when we are dealing with the problem of the Middle East. I think all together we share most of the time the same views but of course there is the identity of each country and in our identity there is a very big belief that we should stick to the principles like history gave us. We've gone through very very difficult times in our history like many countries, like Ireland, through wars, civil wars, world wars, and from all this of course experience taught us that we need sometimes to stand firm on a certain number of values. So we believe in this values and we want to defend them.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2004)