Interview de M. Jean-Claude Gaudin, président délégué de l'UMP et maire de Marseille, à France 2 le 29 juin 2005, sur le projet de loi d'habilitation des ordonnances sur l'emploi, les relations avec le MEDEF, l'installation du réacteur ITER et le développement de la région PACA.

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Texte intégral

Q- Depuis que N. Sarkozy est revenu au Gouvernement, vous avez été promu président délégué de l'UMP. C'est vous qui êtes chargé de gérer l'unité du mouvement. Première difficulté, les ordonnances et un certain nombre de députés UMP qui ont dit qu'ils ne les voteraient pas. Ils trouvent que D. de Villepin ne respecte pas les droits du Parlement. Allez-vous pouvoir arranger tout cela ?
R- Oui, sans trop de difficultés d'ailleurs. Les députés du groupe UMP voteront bien entendu la loi d'habilitation.
Q- Tous ?
R- Mais bien sûr ! Nous avons une très forte majorité au Parlement, ce n'est donc pas pour dissimuler quoi que ce soit, c'est simplement pour gagner du temps. Il y a urgence et nous ne pouvons pas faire durer tout l'été pour écouter toutes les récriminations de monsieur Gremetz ou d'autres personnages qui ont l'habitude d'occuper la tribune de l'Assemblée nationale. C'est pour gagner du temps et pour essayer d'être efficace dès le début de l'automne. Voilà le véritable motif de cette loi d'habilitation. Au demeurant, d'ailleurs, et vous le savez parfaitement, tout le monde l'a utilisée, c'est dans la Constitution. Par conséquent, aussi bien la droite que la gauche a utilisé les ordonnances lorsqu'un gouvernement le décide.
Q- Sur le fond, certains disent que ce plan pour l'emploi, c'est beaucoup plus de précarité. Est-ce que plus de précarité, c'est ce que veulent les Français ?
R- Non, je crois que les Français veulent surtout qu'on leur propose des emplois et que ce soit des emplois de longue durée.
Q- Ce qui n'est pas vraiment le cas, parce qu'il y a ce préavis de deux ans.
R- Oui, mais les socialistes qui sont si prompts à la critique devraient se rappeler ce qu'ils ont fait. Quand ils ont créé les emplois-jeunes, par exemple, moi, à Marseille, j'avais voulu jouer le jeu avec le gouvernement Jospin et j'avais créé 1.000 emplois jeunes à la mairie de Marseille. Le Gouvernement socialiste avait cinq ans pour régler la faille de ces emplois jeunes, il ne l'a jamais fait. Alors que fais-je à la mairie de Marseille, ceux qui ont bien bossé, ceux qui se lèvent à 5 heures du matin pour aller nettoyer les plages, ceux qui ont été bien notés par l'administration municipale, nous les avons gardés. J'en ai titularisé 600 sur 1.000 ! C'est pas mal ! Alors que les socialistes qui, eux, sont généreux comme pour l'APA, mais n'avaient pas prévu le financement pour les personnes âgées, là, c'est pareil, ils critiquent mais en réalité, quand ils étaient au pouvoir, ils ne l'ont pas fait. Alors qu'ils nous laissent faire, qu'ils laissent D. de Villepin faire son travail de Premier ministre. Il a la volonté, la capacité, la ténacité pour pouvoir le faire.
Q- Le patronat dit que cela ne va pas assez loin, qu'il faudrait des mesures de fond, qu'il faudrait revoir le code du travail, qu'il faudrait alléger les charges. Est-ce que cela peut être entendu ?
R- J'aurais aimé, de temps à autre, que monsieur Seillière, si prompt à critiquer à l'époque le gouvernement Raffarin, donne un peu des instructions à ses patrons et contrôle un peu mieux ses patrons. Quand des entreprises, comme Nestlé à Marseille, où les Suisses décident qu'ils ferment l'entreprise sans discussions préalables, que disait monsieur Seillière ? Rien du tout ! Et quand, quelquefois, des patrons viennent pendant le week-end débarrasser tous les outils ou toutes les machines dans une entreprise, que disait monsieur Seillière ? Pas grand-chose non plus ! Alors que chacun balaie devant sa porte. Pour l'instant, le Medef, est occupé par une élection, laissons-les à ses délices électoraux, et nous, prendre nos responsabilités.
Q- Les patrons voyous, ça vous énerve ?
R- Cela me déplaît, dieu merci, ils ne sont que très peu nombreux. La grande majorité des patrons sont des gens qui essayent de promouvoir l'emploi, d'en créer, et à Marseille, par exemple, de nous soutenir dans l'école de la deuxième chance. Sans le patronat, je n'aurais pas réussi à recaser chaque année des garçons ou des filles, qui dans le système traditionnel de l'Education nationale, avaient tout échoué.
Q- Tout autre sujet : T. Breton, le ministre des Finances. Il y a eu une perquisition à Bercy, il y aurait eu une perquisition à son domicile, on parle d'une affaire de comptes dans une société dans laquelle il a été administrateur, la société Rhodia. Est-ce qu'aujourd'hui, T. Breton est fragilisé ?
R- Je ne pense pas. Je pense simplement que T. Breton appartient à la société civile, ce n'est pas un homme politique. Nous, les hommes politiques, nous sommes tellement habitués à être contrôlés, à être observés que nous restons toujours dans les clous et nous respectons les règles et les lois de la République. J'imagine que T. Breton l'a fait et qu'il n'aura aucune difficulté à démontrer de son honnêteté et de sa loyauté. Cet homme me plait, il a un langage direct, il est très bon dans la fonction qu'il occupe actuellement, j'espère qu'il pourra démontrer tout cela et très rapidement.
Q- On parlait de politique : un sondage montre ce matin que N. Sarkozy est largement en tête de tous les candidats possibles pour l'élection présidentielle de 2007. Est-ce que c'est le candidat logique de l'UMP ?
R- C'est en tout cas une très bonne nouvelle pour N. Sarkozy, ce n'est pas la première. Hier soir, N. Sarkozy disait aux sénateurs UMP qui étaient réunis que le parti en est à 150 000 adhésions, ce qui ne s'est jamais vu et que dans la semaine qui vient de s'écouler, où N. Sarkozy a été un peu bousculé par l'intelligentsia de gauche et quelques fois par les médias, nous avons au ces jours-ci à peu près un millier d'adhésions supplémentaires en peu de jours. Laissez pour l"instant le président de la République aller au terme de son mandat. Bien entendu, que nous sommes très heureux que N. Sarkozy ait l'adhésion des Françaises et des Français. Cela le met en pole position, [mais] nous ne sommes pas encore à l'élection présidentielle. Et puis je crois qu'il a eu le prix de l'humour ces jours-ci, en disant qu'il n'était candidat à rien. Alors n'allez pas provoquer le sort, demandez-le à lui.
Q- Le super réacteur ITER est un sujet qui vous tient à cur ; il va être installé en Provence, j'imagine que cela fait plaisir au maire de Marseille ?
R- Bien entendu, cela nous fait plaisir en Provence parce que c'est une longue affaire. Ce réacteur thermonucléaire expérimental va donner un élan considérable au plan scientifique, sur la technologie moderne. Cela devrait faire plaisir à T. Blair qui nous rappelle à ces réalités depuis quelque temps. Personnellement, je suis très heureux, et je vais vous dire pourquoi : quand j'étais président du Conseil régional PACA, il y a déjà quelques années de cela, j'ai pu poursuivre l'autoroute A51 du Val de Durance, en prévoyant, justement, de Aix à Manosque, de Manosque à Sisteron, de Sisteron à La Saule (phon) en prévoyant aussi une sortie à Cadarache et sur le village de Saint-Paul-lès-Durance.
Q- C'est donc un peu grâce à vous ?
R- "Grâce à moi" ? Moi, en tout cas, j'ai fait l'autoroute et en même temps, j'avais incité le Conseil régional de l'époque à me suivre sur la création d'un lycée international, le lycée Georges Duby, à Aix-en-Provence, qui accueille plus de 1.000 élèves, pour que les chercheurs, les scientifiques, lorsqu'ils viendront travailler à Cadarache, et à Saint- Paul-lès-Durance, puissent avoir un lycée international pour leurs enfants. Je l'ai fait et j'en suis très heureux !
Q- Cela fait dix ans que vous êtes maire de Marseille, j'ai lu que les articles étaient plutôt élogieux, on dit que votre bilan est plutôt bon, cela veut dire que vous allez être une nouvelle fois candidat à la prochaine élection ?
R- Oui, si Dieu me prête vie, si je suis en bonne santé, si je suis toujours le meilleur candidat de la droite républicaine et du centre, et si les Marseillais en clair (sic) - car dans la vie quotidienne d'une gestion d'une ville, on ne fait pas de la politique politicienne tous les jours. C'est E. Borne qui disait que la politique est partout mais que la politique n'est pas tout. Par conséquent, si je peux je ferais volontiers, avec mon ami R. Muselier, avec les députés de mes amis, avec ma coalition municipale, encore un mandat. J'ai des choses à faire pour Marseille et après moi, mes amis auront encore à réaliser.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er juillet 2005)