Texte intégral
P.-L. Séguillon - J'ai entendu M. Rocard traiter les partisans du "non" de "cervelles à l'horizon court". Cela vous fait-il bondir ?
R - Pas du tout, je suis habitué, vous savez...
Q - Vous l'avez traité de "suppôts des actionnaires d'Europe"...
R - Pas du tout, je n'ai traité personne de "suppôts", laissez-moi mes épithètes... Simplement, je dirais à M. Rocard que lorsque je lui ai parlé des délocalisations en 1989 pour la première fois, il m'a répondu dans une tribune libre que je ne comprenais rien, qu'il fallait laisser les Asiatiques fabriquer les toiles de parasols et que nous, les Européens, nous allions faire les ordinateurs. Je dirais simplement que je n'ai pas la cruauté de lui demander quelles sont les marques d'ordinateurs européens. Et celles et ceux qui nous écoutent sauront qui a la "cervelle longue" et qui a la "cervelle courte". Je préfère les faits aux les épithètes.
Q - Les faits, ce sont actuellement des enquêtes d'opinion qui toutes convergent dans le même sens, qui pronostiquent probablement - mais les choses peuvent changer d'ici à dimanche - qu'un "non" l'emporterait...
R - En tout cas, il y en a qui s'emploie à ce que cela change. Mon inquiétude est quand même cette espèce de tsunami médiatique en faveur du "oui". Il faut que les Français aient beaucoup de capacité de résistance pour se faire une opinion malgré tout cela.
Q - Quand vous parlez de "tsunami", faites-vous allusion aux interventions de J. Chirac, de L. Jospin ?
R - Je fais allusion aux interventions, bien sûr, mais je fais surtout allusion à toutes ces émissions qui, sous des apparences neutres et sous prétexte d'expliquer la Constitution, sont de véritables machines à propagande. J'ai entendu ce matin, sur une radio, "L'Europe sociale expliquée" : c'était absolument scandaleux. On expliquait que l'Europe, généreuse, avait fait la PAC, au moment où l'Europe connaissait la pénurie alimentaire. Moi qui suis président du Conseil général des Landes, je me souviens que c'était pour traiter nos excédents, pas pour nourrir... Donc, des choses énormes !
Q - Vous allez donc essayer de protester officiellement ?
R - On a essayé de protester, mais cela ne donne pas grand-chose. Et de toute façon, on est face à un problème systémique. Le fait que l'ensemble des médias ait pris une ligne éditoriale favorable au "oui" ne ressort pas d'un impératif, c'est le microcosme entre lui.
Q - En tout cas, vous remarquerez que le "microcosme" n'est pas particulièrement influent, si j'en crois les sondages !
R - Oui, mais je me bats depuis trente ans dans ce pays et j'ai une certaine tristesse à voir quand même comment est traité, dans l'une des plus vieilles démocraties du monde, le pluralisme de l'information. Cela me paraît un problème très important...
Q - Quel que soit le scénario dimanche soir, M. Juncker, le président de l'Eurogroupe et en même temps le Premier ministre du Luxembourg, président en exercice du Conseil, et M. Barroso, président de la Commission, ont dit que le processus de ratification devra continuer. Et d'autre part, à la fin du processus de ratification, on pourra peut-être demander à la France de revoter.
R - Là, il y a une innovation. D'abord, M. Juncker, Premier ministre du Luxembourg, notre paradis fiscal européen, et M. Barroso, qui a été nommé par un gouvernement qui a été balayé par le suffrage universel au Portugal à la majorité absolue, voilà les deux personnes qui expliquent que la France n'aurait pas le droit à la parole et que si le suffrage universel s'exprimait en France, on essaierait de passer pardessus !
Q - Contestez-vous la légitimité du président de la Commission et du président du Conseil ?
R - C'est une nouveauté : les libéraux, aujourd'hui, retrouvent leurs racines et contestent le suffrage universel. M. Raffarin l'a fait à sa manière en disant "allez la pêche, n'allez pas voter", ce qui est quand même assez étonnant pour un Premier ministre. Le premier rôle d'un homme politique en France, c'est toujours d'encourager l'électeur à aller voter pour nourrir la démocratie. Ensuite, on a eu un ministre libéral au Pays-Bas qui a dit que si les Hollandais votaient "non", on passera outre. Et là, on a M. Juncker, libéral, et M. Barroso, ultralibéral, qui disent que si les Français s'expriment, on passera par-dessus et on leur demandera de recommencer. Le libéralisme politique retrouve ses sources.
Q - Pour être bien précis, quand ils disent qu'il faut continuer le processus de ratification, vous n'êtes pas contre ?
R - C'est une stupidité de dire que l'on va demander aux Français de revoter ! J'ai envie de leur dire : pour qui vous prenez-vous ?! Savez-vous ce qu'est le suffrage universel ?! Allez-vous admettre, une fois pour toute, que la souveraineté appartient au peuple et pas aux technostructures libérales, associées à l'Europe des actionnaires ?!
Q - Quoi qu'il arrive, convenez-vous qu'une renégociation du traité, si renégociation il y a, prendra un certain temps ?
R - Pas forcément. J'ai vu la déclaration du Commissaire italien, qui, lui, a eu beaucoup plus de sincérité, et qui a dit que si la France dit "non", évidemment qu'il faut renégocier, parce que l'Europe sans la France n'existe pas. Donc, lui a fait preuve d'un pragmatisme [inaud.]
Q - Mais quels avantages trouvera-t-on à vivre pendant deux, trois ou quatre ans, selon le traité de Nice, en attendant une renégociation ?
R - Vous êtes en train de me demander quel avantage il y a à consulter les Français sur l'Europe. J'y vois un avantage : pour la première fois, l'opinion publique fait irruption dans le débat européen et va pouvoir enfin s'exprimer sur l'orientation qu'elle veut nous voir donner à l'Europe. On nous dit ensuite que les dirigeants n'en tiendront pas compte ; là, on n'est plus dans l'Europe, on est dans une crise politique sérieuse à ce moment-là. Si en 2005, les principes de base de la démocratie sont remis en cause en France et en Europe, alors ce sera un combat d'une autre nature. On va revenir au XIXe siècle, au moment où l'on essayait d'imposer la démocratie. Je trouve donc que tout cela, ce sont de mauvais arguments, pour faire aux Français, pour les intimider, pour leur expliquer que leur capacité de choisir est assimilable à de l'arrogance. M. Barnier, ministre des Affaires étrangères, l'a dit deux fois. Le président de la République, lorsqu'il dit aux Français que si nous ne votons pas "oui", l'influence de la France va diminuer, c'est assez scandaleux. J'imagine que le général de Gaulle, là-bas, se tourne et se retourne dans sa tombe en entendant ce type de propos. Je n'ai jamais été nationaliste et je ne le deviendrai pas. Mais en revanche, je suis profondément démocrate. Et quand je vois ces hommes, responsables, s'asseoir sur le suffrage universel, alors je leur dis de faire attention, parce que cela va être un combat d'une autre nature.
Q - Etes-vous d'accord pour reconnaître que dans l'expression de ce suffrage universel, il y a deux messages qui sont exprimés, deux messages qui peuvent être contradictoires : un message nationaliste et souverainiste, et un message comme celui que vous venez de délivrer ?
R - Vous me rappelez Benjamin Constant qui disait, en 1815, qu'il ne fallait pas laisser voter le peuple, parce qu'il n'a pas conscience de l'intérêt général ni même de ses propres intérêts.
Q - Ne me prêtez pas ce que je n'ai pas dit : je vous demande quelles conséquences il faudra tirer d'un message démocratique double.
R - Vous êtes en train de déchiffrer ce que les Français veulent dire. Vous avez beaucoup de chance, parce que moi, je rencontre les Français tous les jours et j'entends dire que cette Europe, telle que nous l'avons sous les yeux, nous n'en voulons pas ; nous voulons l'Europe, mais nous ne voulons pas que l'Europe devienne un espace de conflits sociaux, nous ne voulons pas que l'Europe s'effondre...
Q - Vous êtes quelqu'un d'honnête intellectuellement : êtes-vous d'accord pour reconnaître que certains votent "non" parce qu'ils ne veulent pas de l'Europe, et que certains, comme vous, votent "non" parce qu'ils veulent une autre Europe ?
R - C'est la théorie du "shaker" de L. Jospin ?
Q - Et c'est faux comme analyse ?
R - Mais bien sûr ! Que L. Jospin fasse semblant de découvrir les divergences de la gauche à son âge, alors que nous avons, lui et moi, mené toutes les campagnes pour l'union de la gauche et que c'était tellement difficile que nous disions que "l'union est un combat", qu'il théorise comme ça le renoncement et l'impuissance - parce qu'avec sans rassemblement de la gauche dans ses diversités, il n'y a aucune perspective pour la gauche ! -, cela prouve à quel point on est arrivé dans l'absurde dans le raisonnement ! Alors, c'est vrai que dans le vote de gauche, il y a un vote souverainiste. Mais vous avez vu que ce vote souverainiste va être ultra minoritaire dans les voix de gauche, parce que l'immense majorité de la gauche va voter "non". Et je peux vous dire que sur le terrain, il y a un mouvement fantastique, à la fois de réappropriation de la politique par les Françaises et les Français, et en même temps une mobilisation de la gauche. Alors, ce n'est pas parce que M. Le Pen était contre la guerre en Irak que je devais être pour, il faut être sérieux !
Q - Grand meeting demain, avec O. Lafontaine...
R - Les Anglais, les Suédois, les Belges...
Q - Et tous ceux qui se sont battus pour le "non" y seront également ?
R - Bien sûr, tout le monde...
Q - Y compris J.-L. Mélenchon, parce que j'ai cru comprendre qu'il y avait quelques brouilles...
R - J'étais dans un meeting, hier soir. Voilà aussi où l'on en est tombé : on en est tombé à se préoccuper des relations affectives d'H. Emmanuelli et de J.-L. Mélenchon ! Je peux vous dire qu'entre lui et moi, cela a toujours été politique et qu'il n'y a pas lieu ou matière à avoir un grand coup de fatigue !
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 mai 2005)
R - Pas du tout, je suis habitué, vous savez...
Q - Vous l'avez traité de "suppôts des actionnaires d'Europe"...
R - Pas du tout, je n'ai traité personne de "suppôts", laissez-moi mes épithètes... Simplement, je dirais à M. Rocard que lorsque je lui ai parlé des délocalisations en 1989 pour la première fois, il m'a répondu dans une tribune libre que je ne comprenais rien, qu'il fallait laisser les Asiatiques fabriquer les toiles de parasols et que nous, les Européens, nous allions faire les ordinateurs. Je dirais simplement que je n'ai pas la cruauté de lui demander quelles sont les marques d'ordinateurs européens. Et celles et ceux qui nous écoutent sauront qui a la "cervelle longue" et qui a la "cervelle courte". Je préfère les faits aux les épithètes.
Q - Les faits, ce sont actuellement des enquêtes d'opinion qui toutes convergent dans le même sens, qui pronostiquent probablement - mais les choses peuvent changer d'ici à dimanche - qu'un "non" l'emporterait...
R - En tout cas, il y en a qui s'emploie à ce que cela change. Mon inquiétude est quand même cette espèce de tsunami médiatique en faveur du "oui". Il faut que les Français aient beaucoup de capacité de résistance pour se faire une opinion malgré tout cela.
Q - Quand vous parlez de "tsunami", faites-vous allusion aux interventions de J. Chirac, de L. Jospin ?
R - Je fais allusion aux interventions, bien sûr, mais je fais surtout allusion à toutes ces émissions qui, sous des apparences neutres et sous prétexte d'expliquer la Constitution, sont de véritables machines à propagande. J'ai entendu ce matin, sur une radio, "L'Europe sociale expliquée" : c'était absolument scandaleux. On expliquait que l'Europe, généreuse, avait fait la PAC, au moment où l'Europe connaissait la pénurie alimentaire. Moi qui suis président du Conseil général des Landes, je me souviens que c'était pour traiter nos excédents, pas pour nourrir... Donc, des choses énormes !
Q - Vous allez donc essayer de protester officiellement ?
R - On a essayé de protester, mais cela ne donne pas grand-chose. Et de toute façon, on est face à un problème systémique. Le fait que l'ensemble des médias ait pris une ligne éditoriale favorable au "oui" ne ressort pas d'un impératif, c'est le microcosme entre lui.
Q - En tout cas, vous remarquerez que le "microcosme" n'est pas particulièrement influent, si j'en crois les sondages !
R - Oui, mais je me bats depuis trente ans dans ce pays et j'ai une certaine tristesse à voir quand même comment est traité, dans l'une des plus vieilles démocraties du monde, le pluralisme de l'information. Cela me paraît un problème très important...
Q - Quel que soit le scénario dimanche soir, M. Juncker, le président de l'Eurogroupe et en même temps le Premier ministre du Luxembourg, président en exercice du Conseil, et M. Barroso, président de la Commission, ont dit que le processus de ratification devra continuer. Et d'autre part, à la fin du processus de ratification, on pourra peut-être demander à la France de revoter.
R - Là, il y a une innovation. D'abord, M. Juncker, Premier ministre du Luxembourg, notre paradis fiscal européen, et M. Barroso, qui a été nommé par un gouvernement qui a été balayé par le suffrage universel au Portugal à la majorité absolue, voilà les deux personnes qui expliquent que la France n'aurait pas le droit à la parole et que si le suffrage universel s'exprimait en France, on essaierait de passer pardessus !
Q - Contestez-vous la légitimité du président de la Commission et du président du Conseil ?
R - C'est une nouveauté : les libéraux, aujourd'hui, retrouvent leurs racines et contestent le suffrage universel. M. Raffarin l'a fait à sa manière en disant "allez la pêche, n'allez pas voter", ce qui est quand même assez étonnant pour un Premier ministre. Le premier rôle d'un homme politique en France, c'est toujours d'encourager l'électeur à aller voter pour nourrir la démocratie. Ensuite, on a eu un ministre libéral au Pays-Bas qui a dit que si les Hollandais votaient "non", on passera outre. Et là, on a M. Juncker, libéral, et M. Barroso, ultralibéral, qui disent que si les Français s'expriment, on passera par-dessus et on leur demandera de recommencer. Le libéralisme politique retrouve ses sources.
Q - Pour être bien précis, quand ils disent qu'il faut continuer le processus de ratification, vous n'êtes pas contre ?
R - C'est une stupidité de dire que l'on va demander aux Français de revoter ! J'ai envie de leur dire : pour qui vous prenez-vous ?! Savez-vous ce qu'est le suffrage universel ?! Allez-vous admettre, une fois pour toute, que la souveraineté appartient au peuple et pas aux technostructures libérales, associées à l'Europe des actionnaires ?!
Q - Quoi qu'il arrive, convenez-vous qu'une renégociation du traité, si renégociation il y a, prendra un certain temps ?
R - Pas forcément. J'ai vu la déclaration du Commissaire italien, qui, lui, a eu beaucoup plus de sincérité, et qui a dit que si la France dit "non", évidemment qu'il faut renégocier, parce que l'Europe sans la France n'existe pas. Donc, lui a fait preuve d'un pragmatisme [inaud.]
Q - Mais quels avantages trouvera-t-on à vivre pendant deux, trois ou quatre ans, selon le traité de Nice, en attendant une renégociation ?
R - Vous êtes en train de me demander quel avantage il y a à consulter les Français sur l'Europe. J'y vois un avantage : pour la première fois, l'opinion publique fait irruption dans le débat européen et va pouvoir enfin s'exprimer sur l'orientation qu'elle veut nous voir donner à l'Europe. On nous dit ensuite que les dirigeants n'en tiendront pas compte ; là, on n'est plus dans l'Europe, on est dans une crise politique sérieuse à ce moment-là. Si en 2005, les principes de base de la démocratie sont remis en cause en France et en Europe, alors ce sera un combat d'une autre nature. On va revenir au XIXe siècle, au moment où l'on essayait d'imposer la démocratie. Je trouve donc que tout cela, ce sont de mauvais arguments, pour faire aux Français, pour les intimider, pour leur expliquer que leur capacité de choisir est assimilable à de l'arrogance. M. Barnier, ministre des Affaires étrangères, l'a dit deux fois. Le président de la République, lorsqu'il dit aux Français que si nous ne votons pas "oui", l'influence de la France va diminuer, c'est assez scandaleux. J'imagine que le général de Gaulle, là-bas, se tourne et se retourne dans sa tombe en entendant ce type de propos. Je n'ai jamais été nationaliste et je ne le deviendrai pas. Mais en revanche, je suis profondément démocrate. Et quand je vois ces hommes, responsables, s'asseoir sur le suffrage universel, alors je leur dis de faire attention, parce que cela va être un combat d'une autre nature.
Q - Etes-vous d'accord pour reconnaître que dans l'expression de ce suffrage universel, il y a deux messages qui sont exprimés, deux messages qui peuvent être contradictoires : un message nationaliste et souverainiste, et un message comme celui que vous venez de délivrer ?
R - Vous me rappelez Benjamin Constant qui disait, en 1815, qu'il ne fallait pas laisser voter le peuple, parce qu'il n'a pas conscience de l'intérêt général ni même de ses propres intérêts.
Q - Ne me prêtez pas ce que je n'ai pas dit : je vous demande quelles conséquences il faudra tirer d'un message démocratique double.
R - Vous êtes en train de déchiffrer ce que les Français veulent dire. Vous avez beaucoup de chance, parce que moi, je rencontre les Français tous les jours et j'entends dire que cette Europe, telle que nous l'avons sous les yeux, nous n'en voulons pas ; nous voulons l'Europe, mais nous ne voulons pas que l'Europe devienne un espace de conflits sociaux, nous ne voulons pas que l'Europe s'effondre...
Q - Vous êtes quelqu'un d'honnête intellectuellement : êtes-vous d'accord pour reconnaître que certains votent "non" parce qu'ils ne veulent pas de l'Europe, et que certains, comme vous, votent "non" parce qu'ils veulent une autre Europe ?
R - C'est la théorie du "shaker" de L. Jospin ?
Q - Et c'est faux comme analyse ?
R - Mais bien sûr ! Que L. Jospin fasse semblant de découvrir les divergences de la gauche à son âge, alors que nous avons, lui et moi, mené toutes les campagnes pour l'union de la gauche et que c'était tellement difficile que nous disions que "l'union est un combat", qu'il théorise comme ça le renoncement et l'impuissance - parce qu'avec sans rassemblement de la gauche dans ses diversités, il n'y a aucune perspective pour la gauche ! -, cela prouve à quel point on est arrivé dans l'absurde dans le raisonnement ! Alors, c'est vrai que dans le vote de gauche, il y a un vote souverainiste. Mais vous avez vu que ce vote souverainiste va être ultra minoritaire dans les voix de gauche, parce que l'immense majorité de la gauche va voter "non". Et je peux vous dire que sur le terrain, il y a un mouvement fantastique, à la fois de réappropriation de la politique par les Françaises et les Français, et en même temps une mobilisation de la gauche. Alors, ce n'est pas parce que M. Le Pen était contre la guerre en Irak que je devais être pour, il faut être sérieux !
Q - Grand meeting demain, avec O. Lafontaine...
R - Les Anglais, les Suédois, les Belges...
Q - Et tous ceux qui se sont battus pour le "non" y seront également ?
R - Bien sûr, tout le monde...
Q - Y compris J.-L. Mélenchon, parce que j'ai cru comprendre qu'il y avait quelques brouilles...
R - J'étais dans un meeting, hier soir. Voilà aussi où l'on en est tombé : on en est tombé à se préoccuper des relations affectives d'H. Emmanuelli et de J.-L. Mélenchon ! Je peux vous dire qu'entre lui et moi, cela a toujours été politique et qu'il n'y a pas lieu ou matière à avoir un grand coup de fatigue !
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 mai 2005)