Texte intégral
Nous avons parlé du Kosovo, des Balkans, de la Serbie, du Monténégro et globalement du pacte de stabilité et des méthodes de travail et de coordination. C'était donc un très bon échange qui montre ce que nous demandions depuis un certain temps, c'est à dire que les différents organismes et Institutions qui sont engagés dans la mise en uvre de la résolution 1244 au Kosovo, et plus largement sur la question des Balkans, redéfinissent une direction claire et nette. C'est ce que les Quinze sont en train de faire en ce qui les concerne. Nous avons des positions très proches et un nombre de dossiers à reprendre de façon encore plus précise. Nous avons confirmé la décision du dernier Conseil affaires générales sur l'arrêt de l'embargo aérien (par rapport à la Yougoslavie). Nous nous donnons quelques jours encore pour mettre au point dans le détail ce que l'on avait également décidé de durcir, à savoir un certain nombre de mesures financières contre les dirigeants du régime et uniquement contre eux, pas contre la société serbe, au contraire.
M. Solana, dans son rapport, a mis en avant une idée que je soutiens tout à fait, d'une Serbie ouverte et de développer toutes les relations de société à société, personnelles, culturelles, avec les ONG. Il y a là une politique intelligente à mener de la part de l'Union européenne. C'est un de nos points d'accord aujourd'hui, que nous allons développer.
Q - Avez-vous l'idée du coût à prévoir de l'engagement européen ?
R - Ce n'est pas chiffré. Les rapports ont la prudence de ne pas être chiffrés. Parce que, en fait, ils ouvrent des options. Ce ne sont pas des catalogues de mesures, c'est une réflexion politique. Et on voit bien que cette question du budget nécessaire à l'action européenne dans les Balkans revient périodiquement et que nous avons des incertitudes sur le montant à la fois pour cette année et dans la durée. Robin Cook et moi même avons demandé qu'au prochain Conseil affaires générales nous ayons une présentation claire, en bonne et due forme, du budget dont nous disposons pour la politique étrangère et de sécurité commune. Cela nous aidera en même temps à préciser, à hiérarchiser. Il faut qu'on sache mieux quel est l'impact financier et budgétaire des décisions que nous prenons pour que l'on puisse mesurer, le cas échéant, les contradictions, les choix à faire. Là aussi, puisque nous parlons régulièrement de méthode, dans ces Institutions européennes, il y a un progrès à faire. C'est plutôt sous cet angle que nous l'avons abordé qu'au travers du chiffrement de telle ou telle opération.
Q - Est-ce que les Balkans seront abordés au Sommet de Lisbonne ?
R - Je pense qu'à Lisbonne il y aura un dîner des chefs d'Etat et de gouvernement et des ministres des Affaires étrangères, essentiellement consacré à cette question des Balkans et je m'en réjouis comme je l'avais dit le mois dernier à propos de la décision sur l'embargo. Cela signifie que l'Union européenne reprend l'initiative. C'est une bonne chose. Nous en avons besoin. Nous travaillerons essentiellement sur la base du rapport que je vous ai indiqué qui sera un peu complété à partir de la discussion que nous avons eue mais pas modifié substantiellement.
Q - Y a-t-il des chiffres dans le rapport de M. Solana sur les Balkans ?
R - Nous n'avons pas débattu de cet aspect là. Ce n'est pas cela qui a attiré notre attention. Il nous semble que l'urgence actuelle ce sont les lignes politiques. Vous connaissez ce débat qui dure depuis quelques semaines : faut-il " clarifier " ou non la politique de la communauté internationale au Kosovo ? Vous connaissez notre réponse qui est qu'il y a clarification et clarification. Beaucoup d'entre elles seraient maladroites et incendiaires même. La réponse à cela est que nous sommes chargés d'appliquer la résolution 1244 et, dans cette voie, nous devons maintenant organiser sérieusement, de façon méticuleuse, des élections locales qui puissent se dérouler dans des conditions incontestables. Ce qui, on peut l'espérer, produirait un choc démocratique sur la société kosovare. Voilà donc un exemple même d'orientation politique. On a débattu de ces questions de même que de la façon de s'y prendre avec la Serbie, la volonté de trouver coûte que coûte une façon d'aider le Monténégro. Nous n'en sommes pas venus dans la discussion à certains aspects chiffrés qui ne nous engagent pas. Ce n'est pas parce qu'il y a des chiffres indiqués dans le rapport qu'il y a un engagement quelconque par rapport à cela. Nous n'avons donc pas été au delà dans l'évaluation pour vérifier si ces chiffres étaient réalistes ou pas et par conséquent s'il fallait choisir entre ceci et cela. Nous n'en sommes pas là et je ne pense pas que le temps d'un dîner à Lisbonne cela puisse venir à ce niveau. Mais si l'Union européenne, arrive au travers de quelques réunions de ce type comme ce Conseil affaires générales ou le Conseil européen, à redire très clairement notre politique pour l'ensemble des Balkans, je crois que cela sera très bénéfique.
Q - Que pensez-vous des perspectives d'adhésion de la Yougoslavie à l'Union européenne ? Quelle clarification attendez-vous au Kosovo ?
R - En ce qui concerne l'adhésion c'est quelque chose qui est présenté en perspective, à long terme. Ce n'est évidement pas une question d'actualité, sauf si vous parlez des Balkans en général puisqu'il y a des pays déjà engagés dans la négociation. Si vous parlez largement du Sud-Est de l'Europe, des pays comme la Bulgarie, la Roumanie, sont concernés par l'adhésion.
Pour la Yougoslavie, c'est un point qu'il faut réserver précisément au dîner des chefs d'Etat et de gouvernement pour voir dans quelle mesure c'est un bon levier que de faire " miroiter " cette espérance. Le chemin est très long à parcourir. Il ne faut pas donner l'impression que les étapes peuvent être court-circuitées.
Je crois que nous avons à dire à l'ensemble des pays qui, dans leur diversité, composent les Balkans, quel est pour chacun d'entre eux le cheminement pour se rapprocher de l'Europe et qu'à ce stade il ne faut pas faire de promesses qui relèvent plutôt de la magie que de la politique.
Mais ce sont des pays européens, ils ont une vocation européenne, c'est évident. Ce n'est pas contestable en quoi que ce soit mais ce n'est pas cela non plus qui donne la réponse aux problèmes que chacun d'entre eux rencontrent.
Quant à la clarification, si on entend par clarification résignation à l'indépendance du Kosovo, je ne connais pas de responsables européens ou même occidentaux qui acceptent cette idée. Ce n'est pas une position française en particulier. C'est une position de tous les responsables avec lesquels j'ai eu l'occasion de reparler ces dernières semaines parce que la communauté internationale ne serait pas en mesure de contrôler, de maîtriser l'ensemble des conséquences qui découleraient d'une telle attitude. Indépendamment du fait qu'elle serait en contradiction totale avec la résolution 1244, il n'y aurait pas d'unité possible du Conseil de sécurité sur une autre politique. Je constate que personne ne serait en mesure de maîtriser les conséquences qu'entraînerait ce changement de position.
Aujourd'hui, il n'y a pas de dirigeants politiques, de chefs de la diplomatie qui acceptent cette idée d'une clarification dans ce sens : résignation à l'indépendance.
Mais, j'estime que c'est aussi une clarification, et que c'est donc une réponse, de dire que nous allons tenir bon dans l'application de la résolution 1244 contre toutes les provocations, notamment celles qui ont mis le feu aux poudres dans la région de Mitrovica, notamment celles qui sont organisées au Sud-Est de la Serbie. Nous devons également tenir bon contre les provocations albanaises et serbes et mettre en uvre la résolution 1244 et organiser de vraies élections municipales incontestables, c'est une façon de clarifier les choses.
Q - Qu'est ce qui vous parait prioritaire aujourd'hui s'agissant du Kosovo ?
R - Ce sont les problèmes de sécurité pour toutes les communautés ou pour tous les habitants du Kosovo. Le principal aujourd'hui c'est de poser des bases solides et stables pour cette " autonomie substantielle " comme on dit, dans la résolution 1244. Cela nous conduit au pouvoir local. C'est à cela que nous voulons nous attaquer. C'est logique. Il faut une campagne électorale incontestable, il faut que toutes les forces politiques, y compris les forces politiques modérées puissent faire campagne, être entendues et que le scrutin puisse se dérouler dans des conditions correctes. C'est cela notre engagement à ce stade.
Q - Quelle est la situation concernant les sanctions à l'encontre de la Serbie ?
R - La levée de l'embargo sur les vols a été confirmée aujourd'hui. Et dès qu'il y aura un règlement paru au Journal officiel des communautés, elle entrera en vigueur.
Mais, par ailleurs, puisque nous avions décidé le mois dernier de renforcer les sanctions financières contre les dirigeants du régime et pour nous assurer que le régime ne puisse pas bénéficier d'une façon où d'une autre de cette suspension de l'embargo, il y aura un renforcement de ces dernières qui aura lieu après. Les deux choses ne sont pas parallèles au jour près.
Q - Savez-vous quand aura lieu la prochaine rencontre des partenaires du groupe de contact sur le Kosovo ?
R - Ce n'est pas fixé : il y aura d'abord une réunion au niveau des directeurs politiques, puis au niveau des ministres dans un second temps. Il faudra que la réunion soit préparée, que l'on soit d'accord sur les sujets.
De nouvelles réunions du groupe de contact seraient très utiles, c'est d'ailleurs en discussion, en préparation depuis quelques semaines. Cela ne se substitue pas au travail qui doit être fait par le Conseil de sécurité, par les Quinze, par l'OTAN, par l'OSCE. Chacun a sa responsabilité. Mais je pense que cela est très utile et que l'expérience du passé nous a montré que ce groupe, quand il se réunissait, apportait une impulsion qui pouvait être décisive.
Q - Que pensez-vous du Sommet du Caire sur les relations UE/Afrique ?
R - Je me réjouis que ce Sommet existe et que la présidence portugaise, avec beaucoup de talent politique, ait réussi à aplanir les difficultés qui existent encore. Je pense qu'entre l'Union européenne et l'Afrique c'est un sommet qui sera important.
Q - Et sur les suites du Sommet ? Envisage-t-on un dispositif qui s'ajouterait à celui qui existe pour les pays méditerranéens (processus de Barcelone) et pour les ACP (Lomé) ?
R - On est dans un monde où il y a beaucoup d'organismes, d'institutions, de processus, de groupes. Un des élément de la politique étrangère moderne c'est d'emboîter tous ces mécanismes. On parlait du Kosovo, je suis amené tout naturellement à citer cinq ou six institutions différentes. Une des réponses est de les faire converger, de les faire se coordonner. Mais souvent ce sont les mêmes pays qui sont dans les différents processus. Donc, il convient d'être un peu cohérent. Mais cela dit, il n'existe pas, à l'heure actuelle, d'occasion globale de rencontres entre tous les pays de l'Union européenne et tous les pays d'Afrique. Les autres exemples que vous citez ce sont soit des mécanismes plus spécialisés, certains aspects d'aide ou de coopération, ou alors cela ne concerne qu'une partie de ces pays. Il n'y a donc pas de rencontre qui soit à la fois complète sur le plan géographique et globale sur le plan des sujets. C'est pour cela que je pense que cette réunion du Caire sera très utile.
Q - Avez-vous traité la question des conflits en Afrique ?
R - Non, j'ai vu le rapport mais cela n'a pas donné lieu à une décision. Là aussi la France fait partie des quelques pays qui sont particulièrement intéressés et concernés par ce sujet comme le Royaume-Uni, la Belgique, d'autres, mais peu nombreux en fait. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les accords d'Osaka connaissent une application réelle. Nous soutenons les efforts du Secrétaire général des Nations unies et nous sommes très heureux s'il y a un engagement avec tous les Quinze. Bien sûr, nous en avons besoin par rapport à l'ensemble des protagonistes de ces accords qui se disent prêts à les appliquer sans que ce soit toujours évident, toujours confirmé. C'est bien que les Quinze montrent leurs intérêts.
Q - S'agissant de la Chine, qu'attendez-vous du Conseil ?
R - On va en parler tout à l'heure. Il y a un petit délai entre les discussions de ces jours-ci et la réunion de la Commission et le vote proprement dit. Donc on verra au tout dernier moment quelle est notre position exacte. Mais mon sentiment est qu'il faut toujours essayer de faire prévaloir une unité de vue des Européens par rapport à cela. On se fait entendre mieux et plus fort si nous avons une démarche unifiée. Nous verrons parce qu'il y a encore un délai qui devrait permettre à la Chine de faire des gestes qui pourraient être importants de notre point de vue.
Q - Quelle sera l'attitude des chefs d'Etat et de gouvernement à l'égard de l'Autriche lors de la réunion de Lisbonne ?
R - Je ne sais pas ce qu'il se passera mais je sais que ce qui est envisagé par la présidence portugaise c'est simplement une réponse au non des Quatorze.
Q - Sur la Conférence intergouvernementale, que s'est-il passé ?
R - Il y a eu un tour de table. La présidence portugaise a déjà organisé trois réunions du groupe préparatoire de bonne qualité mais c'est trop tôt pour tirer des leçons de l'état des choses, même pour faire un rapport à mi-course.
Les discussions de réunions en réunions se précisent. Les interventions sont de moins en moins générales et de plus en plus précises sur les différents mécanismes discutés. Et cela se concentre naturellement, comme nous le disions à l'automne, nous Français, sur des questions de méthode. Cela se concentre sur la question de la repondération, sur la question de la majorité qualifiée, sur la question de la taille de la Commission. C'était tout à fait clair que même pour ceux qui sont beaucoup plus ambitieux, qui espèrent aller beaucoup plus loin et aborder dans la Conférence intergouvernementale d'autres sujets, c'est tout à fait évident qu'il faut d'abord traiter ces trois points importants. Mais les débuts de l'animation de ce travail par la présidence portugaise sont prometteurs./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2000)
M. Solana, dans son rapport, a mis en avant une idée que je soutiens tout à fait, d'une Serbie ouverte et de développer toutes les relations de société à société, personnelles, culturelles, avec les ONG. Il y a là une politique intelligente à mener de la part de l'Union européenne. C'est un de nos points d'accord aujourd'hui, que nous allons développer.
Q - Avez-vous l'idée du coût à prévoir de l'engagement européen ?
R - Ce n'est pas chiffré. Les rapports ont la prudence de ne pas être chiffrés. Parce que, en fait, ils ouvrent des options. Ce ne sont pas des catalogues de mesures, c'est une réflexion politique. Et on voit bien que cette question du budget nécessaire à l'action européenne dans les Balkans revient périodiquement et que nous avons des incertitudes sur le montant à la fois pour cette année et dans la durée. Robin Cook et moi même avons demandé qu'au prochain Conseil affaires générales nous ayons une présentation claire, en bonne et due forme, du budget dont nous disposons pour la politique étrangère et de sécurité commune. Cela nous aidera en même temps à préciser, à hiérarchiser. Il faut qu'on sache mieux quel est l'impact financier et budgétaire des décisions que nous prenons pour que l'on puisse mesurer, le cas échéant, les contradictions, les choix à faire. Là aussi, puisque nous parlons régulièrement de méthode, dans ces Institutions européennes, il y a un progrès à faire. C'est plutôt sous cet angle que nous l'avons abordé qu'au travers du chiffrement de telle ou telle opération.
Q - Est-ce que les Balkans seront abordés au Sommet de Lisbonne ?
R - Je pense qu'à Lisbonne il y aura un dîner des chefs d'Etat et de gouvernement et des ministres des Affaires étrangères, essentiellement consacré à cette question des Balkans et je m'en réjouis comme je l'avais dit le mois dernier à propos de la décision sur l'embargo. Cela signifie que l'Union européenne reprend l'initiative. C'est une bonne chose. Nous en avons besoin. Nous travaillerons essentiellement sur la base du rapport que je vous ai indiqué qui sera un peu complété à partir de la discussion que nous avons eue mais pas modifié substantiellement.
Q - Y a-t-il des chiffres dans le rapport de M. Solana sur les Balkans ?
R - Nous n'avons pas débattu de cet aspect là. Ce n'est pas cela qui a attiré notre attention. Il nous semble que l'urgence actuelle ce sont les lignes politiques. Vous connaissez ce débat qui dure depuis quelques semaines : faut-il " clarifier " ou non la politique de la communauté internationale au Kosovo ? Vous connaissez notre réponse qui est qu'il y a clarification et clarification. Beaucoup d'entre elles seraient maladroites et incendiaires même. La réponse à cela est que nous sommes chargés d'appliquer la résolution 1244 et, dans cette voie, nous devons maintenant organiser sérieusement, de façon méticuleuse, des élections locales qui puissent se dérouler dans des conditions incontestables. Ce qui, on peut l'espérer, produirait un choc démocratique sur la société kosovare. Voilà donc un exemple même d'orientation politique. On a débattu de ces questions de même que de la façon de s'y prendre avec la Serbie, la volonté de trouver coûte que coûte une façon d'aider le Monténégro. Nous n'en sommes pas venus dans la discussion à certains aspects chiffrés qui ne nous engagent pas. Ce n'est pas parce qu'il y a des chiffres indiqués dans le rapport qu'il y a un engagement quelconque par rapport à cela. Nous n'avons donc pas été au delà dans l'évaluation pour vérifier si ces chiffres étaient réalistes ou pas et par conséquent s'il fallait choisir entre ceci et cela. Nous n'en sommes pas là et je ne pense pas que le temps d'un dîner à Lisbonne cela puisse venir à ce niveau. Mais si l'Union européenne, arrive au travers de quelques réunions de ce type comme ce Conseil affaires générales ou le Conseil européen, à redire très clairement notre politique pour l'ensemble des Balkans, je crois que cela sera très bénéfique.
Q - Que pensez-vous des perspectives d'adhésion de la Yougoslavie à l'Union européenne ? Quelle clarification attendez-vous au Kosovo ?
R - En ce qui concerne l'adhésion c'est quelque chose qui est présenté en perspective, à long terme. Ce n'est évidement pas une question d'actualité, sauf si vous parlez des Balkans en général puisqu'il y a des pays déjà engagés dans la négociation. Si vous parlez largement du Sud-Est de l'Europe, des pays comme la Bulgarie, la Roumanie, sont concernés par l'adhésion.
Pour la Yougoslavie, c'est un point qu'il faut réserver précisément au dîner des chefs d'Etat et de gouvernement pour voir dans quelle mesure c'est un bon levier que de faire " miroiter " cette espérance. Le chemin est très long à parcourir. Il ne faut pas donner l'impression que les étapes peuvent être court-circuitées.
Je crois que nous avons à dire à l'ensemble des pays qui, dans leur diversité, composent les Balkans, quel est pour chacun d'entre eux le cheminement pour se rapprocher de l'Europe et qu'à ce stade il ne faut pas faire de promesses qui relèvent plutôt de la magie que de la politique.
Mais ce sont des pays européens, ils ont une vocation européenne, c'est évident. Ce n'est pas contestable en quoi que ce soit mais ce n'est pas cela non plus qui donne la réponse aux problèmes que chacun d'entre eux rencontrent.
Quant à la clarification, si on entend par clarification résignation à l'indépendance du Kosovo, je ne connais pas de responsables européens ou même occidentaux qui acceptent cette idée. Ce n'est pas une position française en particulier. C'est une position de tous les responsables avec lesquels j'ai eu l'occasion de reparler ces dernières semaines parce que la communauté internationale ne serait pas en mesure de contrôler, de maîtriser l'ensemble des conséquences qui découleraient d'une telle attitude. Indépendamment du fait qu'elle serait en contradiction totale avec la résolution 1244, il n'y aurait pas d'unité possible du Conseil de sécurité sur une autre politique. Je constate que personne ne serait en mesure de maîtriser les conséquences qu'entraînerait ce changement de position.
Aujourd'hui, il n'y a pas de dirigeants politiques, de chefs de la diplomatie qui acceptent cette idée d'une clarification dans ce sens : résignation à l'indépendance.
Mais, j'estime que c'est aussi une clarification, et que c'est donc une réponse, de dire que nous allons tenir bon dans l'application de la résolution 1244 contre toutes les provocations, notamment celles qui ont mis le feu aux poudres dans la région de Mitrovica, notamment celles qui sont organisées au Sud-Est de la Serbie. Nous devons également tenir bon contre les provocations albanaises et serbes et mettre en uvre la résolution 1244 et organiser de vraies élections municipales incontestables, c'est une façon de clarifier les choses.
Q - Qu'est ce qui vous parait prioritaire aujourd'hui s'agissant du Kosovo ?
R - Ce sont les problèmes de sécurité pour toutes les communautés ou pour tous les habitants du Kosovo. Le principal aujourd'hui c'est de poser des bases solides et stables pour cette " autonomie substantielle " comme on dit, dans la résolution 1244. Cela nous conduit au pouvoir local. C'est à cela que nous voulons nous attaquer. C'est logique. Il faut une campagne électorale incontestable, il faut que toutes les forces politiques, y compris les forces politiques modérées puissent faire campagne, être entendues et que le scrutin puisse se dérouler dans des conditions correctes. C'est cela notre engagement à ce stade.
Q - Quelle est la situation concernant les sanctions à l'encontre de la Serbie ?
R - La levée de l'embargo sur les vols a été confirmée aujourd'hui. Et dès qu'il y aura un règlement paru au Journal officiel des communautés, elle entrera en vigueur.
Mais, par ailleurs, puisque nous avions décidé le mois dernier de renforcer les sanctions financières contre les dirigeants du régime et pour nous assurer que le régime ne puisse pas bénéficier d'une façon où d'une autre de cette suspension de l'embargo, il y aura un renforcement de ces dernières qui aura lieu après. Les deux choses ne sont pas parallèles au jour près.
Q - Savez-vous quand aura lieu la prochaine rencontre des partenaires du groupe de contact sur le Kosovo ?
R - Ce n'est pas fixé : il y aura d'abord une réunion au niveau des directeurs politiques, puis au niveau des ministres dans un second temps. Il faudra que la réunion soit préparée, que l'on soit d'accord sur les sujets.
De nouvelles réunions du groupe de contact seraient très utiles, c'est d'ailleurs en discussion, en préparation depuis quelques semaines. Cela ne se substitue pas au travail qui doit être fait par le Conseil de sécurité, par les Quinze, par l'OTAN, par l'OSCE. Chacun a sa responsabilité. Mais je pense que cela est très utile et que l'expérience du passé nous a montré que ce groupe, quand il se réunissait, apportait une impulsion qui pouvait être décisive.
Q - Que pensez-vous du Sommet du Caire sur les relations UE/Afrique ?
R - Je me réjouis que ce Sommet existe et que la présidence portugaise, avec beaucoup de talent politique, ait réussi à aplanir les difficultés qui existent encore. Je pense qu'entre l'Union européenne et l'Afrique c'est un sommet qui sera important.
Q - Et sur les suites du Sommet ? Envisage-t-on un dispositif qui s'ajouterait à celui qui existe pour les pays méditerranéens (processus de Barcelone) et pour les ACP (Lomé) ?
R - On est dans un monde où il y a beaucoup d'organismes, d'institutions, de processus, de groupes. Un des élément de la politique étrangère moderne c'est d'emboîter tous ces mécanismes. On parlait du Kosovo, je suis amené tout naturellement à citer cinq ou six institutions différentes. Une des réponses est de les faire converger, de les faire se coordonner. Mais souvent ce sont les mêmes pays qui sont dans les différents processus. Donc, il convient d'être un peu cohérent. Mais cela dit, il n'existe pas, à l'heure actuelle, d'occasion globale de rencontres entre tous les pays de l'Union européenne et tous les pays d'Afrique. Les autres exemples que vous citez ce sont soit des mécanismes plus spécialisés, certains aspects d'aide ou de coopération, ou alors cela ne concerne qu'une partie de ces pays. Il n'y a donc pas de rencontre qui soit à la fois complète sur le plan géographique et globale sur le plan des sujets. C'est pour cela que je pense que cette réunion du Caire sera très utile.
Q - Avez-vous traité la question des conflits en Afrique ?
R - Non, j'ai vu le rapport mais cela n'a pas donné lieu à une décision. Là aussi la France fait partie des quelques pays qui sont particulièrement intéressés et concernés par ce sujet comme le Royaume-Uni, la Belgique, d'autres, mais peu nombreux en fait. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les accords d'Osaka connaissent une application réelle. Nous soutenons les efforts du Secrétaire général des Nations unies et nous sommes très heureux s'il y a un engagement avec tous les Quinze. Bien sûr, nous en avons besoin par rapport à l'ensemble des protagonistes de ces accords qui se disent prêts à les appliquer sans que ce soit toujours évident, toujours confirmé. C'est bien que les Quinze montrent leurs intérêts.
Q - S'agissant de la Chine, qu'attendez-vous du Conseil ?
R - On va en parler tout à l'heure. Il y a un petit délai entre les discussions de ces jours-ci et la réunion de la Commission et le vote proprement dit. Donc on verra au tout dernier moment quelle est notre position exacte. Mais mon sentiment est qu'il faut toujours essayer de faire prévaloir une unité de vue des Européens par rapport à cela. On se fait entendre mieux et plus fort si nous avons une démarche unifiée. Nous verrons parce qu'il y a encore un délai qui devrait permettre à la Chine de faire des gestes qui pourraient être importants de notre point de vue.
Q - Quelle sera l'attitude des chefs d'Etat et de gouvernement à l'égard de l'Autriche lors de la réunion de Lisbonne ?
R - Je ne sais pas ce qu'il se passera mais je sais que ce qui est envisagé par la présidence portugaise c'est simplement une réponse au non des Quatorze.
Q - Sur la Conférence intergouvernementale, que s'est-il passé ?
R - Il y a eu un tour de table. La présidence portugaise a déjà organisé trois réunions du groupe préparatoire de bonne qualité mais c'est trop tôt pour tirer des leçons de l'état des choses, même pour faire un rapport à mi-course.
Les discussions de réunions en réunions se précisent. Les interventions sont de moins en moins générales et de plus en plus précises sur les différents mécanismes discutés. Et cela se concentre naturellement, comme nous le disions à l'automne, nous Français, sur des questions de méthode. Cela se concentre sur la question de la repondération, sur la question de la majorité qualifiée, sur la question de la taille de la Commission. C'était tout à fait clair que même pour ceux qui sont beaucoup plus ambitieux, qui espèrent aller beaucoup plus loin et aborder dans la Conférence intergouvernementale d'autres sujets, c'est tout à fait évident qu'il faut d'abord traiter ces trois points importants. Mais les débuts de l'animation de ce travail par la présidence portugaise sont prometteurs./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2000)