Texte intégral
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers Amis,
Les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui sont graves - graves et douloureuses. Les mots sont, vous le savez, de peu de poids face à la tragédie. Permettez-moi toutefois de vous dire qu'à la place qui est la mienne aujourd'hui, je prends toute la mesure de votre détresse et de vos attentes. Michel Barnier et Nicole Guedj avaient la volonté d'initier un point d'étape, six mois après la catastrophe. Je veux aujourd'hui m'engager personnellement, auprès de chacune et de chacun d'entre vous, à développer de nouveaux liens de dialogue, de confiance, et de partage de l'information.
Parmi toutes les questions que vous vous posez, et auxquelles nous voulons répondre, vous me permettrez de commencer par celle qui est sans doute l'une des plus douloureuses et des plus sensibles : je veux parler de la recherche et de l'identification des corps de vos proches.
Vous le savez, d'importants moyens civils et militaires de l'Etat ont été mobilisés face à cette tragédie sans précédent, tant pour accélérer le processus de recherche et d'identification des victimes que pour organiser le suivi des cas individuels, en France, en Thaïlande et au Sri Lanka.
Depuis votre dernière réunion, de nouveaux pas ont été faits, de nouveaux résultats ont été obtenus, en particulier en Thaïlande, où nous avons pu identifier 30 de nos compatriotes. Mais tout cela demeure encore insuffisant et vous êtes encore trop nombreux à être dans le doute et l'attente. Je veux vous le dire aujourd'hui : la mission de recherche et d'identification que nous avons engagée sera menée aussi loin que possible. Nous maintiendrons sur place, aussi longtemps que nécessaire, les hommes et les femmes qui sont affectés à ce travail particulièrement sensible et difficile.
Face à ces défis, nous devons avant tout agir de manière concrète et pragmatique, en coordination avec les équipes internationales sur place et les autorités thaïlandaises.
C'est vrai en matière de recherche : au début du mois de juin, nous avons, en particulier, envoyé deux équipes très spécialisées, une de la Sécurité civile accompagnée d'architectes des catastrophes, et l'autre de la Gendarmerie nationale dotée de chiens spécifiquement dressés, pour effectuer des fouilles complémentaires sur le site de l'Hôtel Sofitel de Khao Lak.
C'est vrai aussi en matière d'identification : plus d'une vingtaine de personnes, médecins légistes et dentistes, policiers et gendarmes spécialistes de l'identification ont été intégrés dans une équipe internationale. Leurs travaux ont permis les 54 identifications qui sont intervenues depuis le 8 février dernier.
Nous avons bon espoir d'obtenir tout prochainement de nouvelles avancées, grâce au processus de réconciliation par ADN qui commence, enfin, à donner des résultats. Plus de 3000 prélèvements ont été envoyé à 7 laboratoires étrangers, dont le plus grand nombre à l'ICMP de Sarajevo, l'un des meilleurs du monde dans ce domaine. Ces laboratoires travaillent à l'établissement des profils génétiques et à la confrontation des données biologiques ante et post-mortem. Ils ont pu compter, pour ce faire, sur notre contribution de 200 000 euros au processus d'identification, conformément à ce qui avait été annoncé le 19 mars dernier.
Autre engagement tenu, la France est aujourd'hui pleinement associée aux décisions du "Thai Tsunami Victime Identification (TTVI)". Un officier de gendarmerie français fait aujourd'hui partie du Comité exécutif de cette instance, la seule autorisée à prendre les décisions concernant le processus international d'identification.
S'agissant des effets personnels, en particulier ceux qui ont été prélevés par les autorités thaïlandaises sur les victimes, le processus de recherche a été confié depuis le 20 avril à une structure spécifique au sein du TTVI. La procédure de rapatriement des effets personnels identifiés vient également d'être définie ; elle vous sera détaillée dans les exposés qui vont suivre. J'ai personnellement tenu à ce que vous disposiez, au sein de mon ministère, d'un contact nominativement identifié : cet agent sera dorénavant votre correspondant unique et celui des autorités thaïlandaises. En qualité d'interface, il saura vous donner et vous communiquer toute l'information dont vous avez besoin.
Je voudrais évoquer maintenant avec vous la mémoire des disparus, et ce que nous pouvons faire, ensemble, pour leur rendre hommage.
Je sais d'expérience et aussi parce que j'en ai parlé tout récemment avec vos Associations et quelques-uns d'entre vous, combien le travail de deuil est difficile pour vous et pour vos familles.
Vous devez savoir que les disparus ne seront pas oubliés. Je souhaite que nous trouvions ensemble la manière la plus juste, et la mieux adaptée, de rendre un hommage durable à leur mémoire. Sur ce sujet comme sur tous les autres, je suis et je resterai à votre écoute. Nous définirons ensemble les modalités qui seront les mieux adaptées pour cette commémoration officielle, aussi bien en France que sur les lieux de la tragédie.
Enfin, nous devons également tirer tous les enseignements de cette catastrophe sans précédent qui a tué près de 300.000 personnes, en remettant l'événement en perspective et en mobilisant notre expérience commune.
Dans ce cadre, tous les sujets devront être abordés, individuellement, méthodiquement, qu'il s'agisse de la prévention de l'événement, de la gestion de crise, du dispositif capable d'améliorer notre capacité de réaction ou qu'il s'agisse bien sûr de l'accès à l'information des familles.
Chacun de nous a noté des manques et des insuffisances. Il nous revient d'y répondre en proposant des solutions concrètes et crédibles : telle est la condition, si nous voulons préparer l'avenir. Je souhaite que d'ici la fin de l'année, des dispositions innovantes vous soient présentées.
Dans ce domaine, comme dans tous les autres, je veux vous redire ici mon engagement : aucune question ne doit et ne devra rester sans réponse. Les équipes qui m'entourent, celles qui agissent en Thaïlande, dans les laboratoires, dans les administrations, ces équipes qui ont été confrontées à la crise et qui continuent à la gérer avec beaucoup de cur et de professionnalisme, tant sur les lieux de la catastrophe qu'ici même, sont et resteront disponibles pour vous aider et informer.
C'est sur ces mots, "aider" et "informer", qui donnent tout son sens au fond à notre rencontre, que je voudrais conclure pour laisser maintenant place aux exposés des différents intervenants puis à vos questions.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2005)
Chers Amis,
Les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui sont graves - graves et douloureuses. Les mots sont, vous le savez, de peu de poids face à la tragédie. Permettez-moi toutefois de vous dire qu'à la place qui est la mienne aujourd'hui, je prends toute la mesure de votre détresse et de vos attentes. Michel Barnier et Nicole Guedj avaient la volonté d'initier un point d'étape, six mois après la catastrophe. Je veux aujourd'hui m'engager personnellement, auprès de chacune et de chacun d'entre vous, à développer de nouveaux liens de dialogue, de confiance, et de partage de l'information.
Parmi toutes les questions que vous vous posez, et auxquelles nous voulons répondre, vous me permettrez de commencer par celle qui est sans doute l'une des plus douloureuses et des plus sensibles : je veux parler de la recherche et de l'identification des corps de vos proches.
Vous le savez, d'importants moyens civils et militaires de l'Etat ont été mobilisés face à cette tragédie sans précédent, tant pour accélérer le processus de recherche et d'identification des victimes que pour organiser le suivi des cas individuels, en France, en Thaïlande et au Sri Lanka.
Depuis votre dernière réunion, de nouveaux pas ont été faits, de nouveaux résultats ont été obtenus, en particulier en Thaïlande, où nous avons pu identifier 30 de nos compatriotes. Mais tout cela demeure encore insuffisant et vous êtes encore trop nombreux à être dans le doute et l'attente. Je veux vous le dire aujourd'hui : la mission de recherche et d'identification que nous avons engagée sera menée aussi loin que possible. Nous maintiendrons sur place, aussi longtemps que nécessaire, les hommes et les femmes qui sont affectés à ce travail particulièrement sensible et difficile.
Face à ces défis, nous devons avant tout agir de manière concrète et pragmatique, en coordination avec les équipes internationales sur place et les autorités thaïlandaises.
C'est vrai en matière de recherche : au début du mois de juin, nous avons, en particulier, envoyé deux équipes très spécialisées, une de la Sécurité civile accompagnée d'architectes des catastrophes, et l'autre de la Gendarmerie nationale dotée de chiens spécifiquement dressés, pour effectuer des fouilles complémentaires sur le site de l'Hôtel Sofitel de Khao Lak.
C'est vrai aussi en matière d'identification : plus d'une vingtaine de personnes, médecins légistes et dentistes, policiers et gendarmes spécialistes de l'identification ont été intégrés dans une équipe internationale. Leurs travaux ont permis les 54 identifications qui sont intervenues depuis le 8 février dernier.
Nous avons bon espoir d'obtenir tout prochainement de nouvelles avancées, grâce au processus de réconciliation par ADN qui commence, enfin, à donner des résultats. Plus de 3000 prélèvements ont été envoyé à 7 laboratoires étrangers, dont le plus grand nombre à l'ICMP de Sarajevo, l'un des meilleurs du monde dans ce domaine. Ces laboratoires travaillent à l'établissement des profils génétiques et à la confrontation des données biologiques ante et post-mortem. Ils ont pu compter, pour ce faire, sur notre contribution de 200 000 euros au processus d'identification, conformément à ce qui avait été annoncé le 19 mars dernier.
Autre engagement tenu, la France est aujourd'hui pleinement associée aux décisions du "Thai Tsunami Victime Identification (TTVI)". Un officier de gendarmerie français fait aujourd'hui partie du Comité exécutif de cette instance, la seule autorisée à prendre les décisions concernant le processus international d'identification.
S'agissant des effets personnels, en particulier ceux qui ont été prélevés par les autorités thaïlandaises sur les victimes, le processus de recherche a été confié depuis le 20 avril à une structure spécifique au sein du TTVI. La procédure de rapatriement des effets personnels identifiés vient également d'être définie ; elle vous sera détaillée dans les exposés qui vont suivre. J'ai personnellement tenu à ce que vous disposiez, au sein de mon ministère, d'un contact nominativement identifié : cet agent sera dorénavant votre correspondant unique et celui des autorités thaïlandaises. En qualité d'interface, il saura vous donner et vous communiquer toute l'information dont vous avez besoin.
Je voudrais évoquer maintenant avec vous la mémoire des disparus, et ce que nous pouvons faire, ensemble, pour leur rendre hommage.
Je sais d'expérience et aussi parce que j'en ai parlé tout récemment avec vos Associations et quelques-uns d'entre vous, combien le travail de deuil est difficile pour vous et pour vos familles.
Vous devez savoir que les disparus ne seront pas oubliés. Je souhaite que nous trouvions ensemble la manière la plus juste, et la mieux adaptée, de rendre un hommage durable à leur mémoire. Sur ce sujet comme sur tous les autres, je suis et je resterai à votre écoute. Nous définirons ensemble les modalités qui seront les mieux adaptées pour cette commémoration officielle, aussi bien en France que sur les lieux de la tragédie.
Enfin, nous devons également tirer tous les enseignements de cette catastrophe sans précédent qui a tué près de 300.000 personnes, en remettant l'événement en perspective et en mobilisant notre expérience commune.
Dans ce cadre, tous les sujets devront être abordés, individuellement, méthodiquement, qu'il s'agisse de la prévention de l'événement, de la gestion de crise, du dispositif capable d'améliorer notre capacité de réaction ou qu'il s'agisse bien sûr de l'accès à l'information des familles.
Chacun de nous a noté des manques et des insuffisances. Il nous revient d'y répondre en proposant des solutions concrètes et crédibles : telle est la condition, si nous voulons préparer l'avenir. Je souhaite que d'ici la fin de l'année, des dispositions innovantes vous soient présentées.
Dans ce domaine, comme dans tous les autres, je veux vous redire ici mon engagement : aucune question ne doit et ne devra rester sans réponse. Les équipes qui m'entourent, celles qui agissent en Thaïlande, dans les laboratoires, dans les administrations, ces équipes qui ont été confrontées à la crise et qui continuent à la gérer avec beaucoup de cur et de professionnalisme, tant sur les lieux de la catastrophe qu'ici même, sont et resteront disponibles pour vous aider et informer.
C'est sur ces mots, "aider" et "informer", qui donnent tout son sens au fond à notre rencontre, que je voudrais conclure pour laisser maintenant place aux exposés des différents intervenants puis à vos questions.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2005)