Texte intégral
P.-L. Séguillon - Tout à l'heure, les députés socialistes vont déposer une motion de censure, elle sera reprise par l'ensemble de l'opposition, et notamment par le Parti communiste. Comment interprétez-vous cette motion de censure, qui ne vous fait courir aucun risque, puisque vous avez la majorité absolue au Parlement ? Pour vous, est-ce une péripétie parlementaire, ou est-ce un avertissement qui traduit le scepticisme des Français à l'encontre de votre politique de l'emploi, décrétée en urgence alors que vous êtes depuis deux ans et demi au pouvoir ?
R - D'abord, je trouve la démarche assez bizarre. Je n'ai pas souvenir qu'une opposition, quelle qu'elle soit, ait déposé une motion de censure aussi vite après la formation d'un Gouvernement. Je crois que cela doit être de l'ordre de un mois seulement après la formation de notre Gouvernement. C'est un peu bizarre d'avoir déjà une motion de censure du PS. J'ai un peu le sentiment que...
Q - Le PS censure la méthode des ordonnances.
R - Oui, sur la méthode, enfin, les socialistes aussi en d'autres temps ont utilisé les ordonnances. Mon sentiment, pour les avoir vus se déchirer tout le week-end, c'est qu'ils espèrent peut-être - c'est une vieille combine tactique, qui consisterait à espérer - se refaire une unité sur le dos du Gouvernement. En tout cas, tout cela est un peu court, pour être honnête, à tous les sens du terme. D'autant que, franchement, qui peut objectivement contester qu'il y a une exigence d'efficacité et donc de maîtrise du temps et du calendrier à travers le choix des ordonnances lorsqu'il s'agit de lutter contre le chômage !
Q - Vous avez dit déjà que vous alliez être très combatifs dans ce débat. Comment peut-on être combatifs quand on a un président de la République qui a ce degré d'impopularité, un Premier ministre qui n'a pas d'état de grâce, un ministre de l'Economie et des Finances qui a quelques difficultés, avec une enquête judiciaire, et un ministre de l'Intérieur qui prône une politique autrement ? Cela fait beaucoup !
R - Cela fait surtout beaucoup de questions en une. Enfin, si on reprend rapidement tout cela : d'abord, le président de la République a réagi très vite au lendemain du 29 mai. En moins de dix jours, il a nommé un nouveau Premier ministre...
Q - Il était temps !
R - ...nommé une nouvelle équipe gouvernementale resserrée, et puis, fixé une feuille de route, avec l'emploi en priorité. On a un Premier ministre qui, lui aussi, a réagi quand même extrêmement vite par rapport à tout cela. Vous le voyez, on lui en fait même le reproche à travers le choix des ordonnances, et il faut bien le dire, de très grandes innovations en matière de politique économique. Et tout cela se traduit par un budget dont on va présenter, avec T. Breton, les grandes lignes dans le débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale, ce soir, juste après la motion de censure, et dans lequel on va montrer que l'on est effectivement dans une logique offensive, avec des priorités qui correspondent très exactement à ce que demandent les Français : mobilisation sur l'emploi, rétablissement de l'autorité de l'Etat - c'est un travail que nous avons engagé avec quelques succès depuis 2002, en particulier grâce à N. Sarkozy et D. de Villepin - et puis, troisièmement, les rendez-vous de l'avenir.
Q - Que demandez-vous à vos partenaires de l'UDF, dont on ne sait pas très bien s'ils sont dans la majorité ou dans l'opposition, ce soir, à propos du vote des ordonnances ? Qu'attendez-vous ? Qu'il y ait une partie d'entre eux qui vous rejoigne ? Que dites-vous à F. Bayrou ?
R - C'est très difficile de répondre à cette question. J'avoue que je ne sais pas très bien ce qu'il faut ou non demander. D'abord, parce que je vois le contraste entre ce qui peut être dit par le patron de l'UDF et ce qui est dit par des responsables UDF locaux, ou départementaux, ou nationaux qui, pour beaucoup d'entre eux, partagent la quasi-totalité de nos convictions. Et donc, voir ce double discours, cette double attitude, a un côté toujours un peu désolant ou décevant. Donc, du coup, j'avoue que je ne sais pas répondre à votre question.
Q - Alors, vous disiez que vous alliez commencer la discussion sur l'orientation budgétaire. J'avais une question à vous poser, un peu de calcul : vous avez dit, si je ne trompe...
R - J'avais noté que vous étiez bon en calcul.
Q - ... Non, non, justement, je ne suis pas bon en calcul, donc, je ne suis pas sûr de mes chiffres. Vous avez dit que le budget devait, en 2006, dégager, de par l'inflation, à peu près presque 5 milliards d'euros de bonus. Si je comprends bien, vous en consacrez 1,6 milliard aux ministères régaliens - la Sécurité, l'Intérieur, la Défense - et un peu plus de 2 milliards aux nouvelles mesures pour l'emploi de D. de Villepin. Que reste-t-il pour le plan de cohésion sociale ?
R - Ah oui, alors non, effectivement, le calcul n'est pas celui...
Q - Parce que, quand on vous a entendu l'autre jour, vous n'aviez pas l'air de vous entendre avec M. Borloo, de vous comprendre ?
R - Je suis parfaitement bien avec lui... Si, si, il n'y a aucun problème avec cela. Simplement, on n'est pas sur la même base de calcul. La marge de manuvre dont on peut disposer pour des dépenses publiques supplémentaires, comme on reste fixe sur l'idée que le pouvoir d'achat de l'Etat n'augmente pas depuis trois ans, au-delà de l'inflation. Et donc, la marge de manuvre, dont on dispose globalement sur la marge des 288 milliards, c'est ce que vous venez de dire, c'est-à-dire, grosso modo, 5 milliards. Et c'est dans l'ensemble de cette masse budgétaire que j'établis les grandes priorités telles que le Premier ministre les a fixées, je les traduis de manière budgétaire. Donc, on retrouve bien de quoi financer tout cela. Je vous rassure tout de suite, sur ce budget, tout est parfaitement transparent puisque maintenant nous appliquons la nouvelle constitution financière. Donc, en clair, toutes les masses que vous avez indiquées sont incluses dans ce budget, et il n'y aura pas un euro supplémentaire par rapport à ce qui était prévu. Et on finance avec cela le Plan emploi, le Plan de cohésion sociale, les lois de programmation Sécurité, Justice, Défense, naturellement, et bien sûr, la loi sur l'école, ainsi que le programme Recherche.
Q - Etes-vous tout à fait satisfait du plan de cohésion sociale ? N'avez-vous pas l'impression que c'est un peu une usine à gaz qui, finalement, n'accouche que de quelques emplois ? On dit qu'il y a 500 contrats d'avenir signés à mi-juin, alors que l'on espérait 185 000 pour l'année ?
R - Je regrette beaucoup cette polémique, parce qu'en réalité, c'est un plan qui est très ambitieux, et là, cette fois-ci, je peux en porter le témoignage comme élu local, car je vois bien combien ce dispositif, qui est extrêmement puissant, en termes de contribution, notamment dans la lutte contre l'exclusion, est un élément majeur pour aller chercher beaucoup de nos concitoyens qui sont aujourd'hui dans l'exclusion par rapport à l'emploi. Et donc, le principe des contrats d'accompagnement, de retour vers l'emploi, en passant par un sas public, est absolument indispensable. Ce qui est nouveau encore dans le plan présenté par D. de Villepin, c'est d'ajouter à ce plan de J.-L. Borloo, qui est très ambitieux, et pour lequel nous prévoyons 1,3 milliard dans le budget, c'est d'ajouter à cela toute une dynamique du côté des créateurs d'emplois que sont les entreprises, et notamment les très petites entreprises. Cela, c'est une innovation en France, cette idée que l'on ait le fameux contrat "nouvelles embauches", qui assouplit les conditions d'embauche, et puis, d'autre part, d'assouplir le principe des seuils pour faciliter l'embauche après neuf salariés, qui est aujourd'hui un obstacle majeur, montré comme tel par tous les rapports et les entrepreneurs eux-mêmes, c'est vraiment quelque chose de très positif.
Q - Toujours sur ce budget 2006, vous avez décidé de ne pas poursuivre les baisses d'impôts, pour des raisons que vous avez expliquées. Est-ce que ces baisses d'impôts pourraient reprendre en 2007, pour la dernière année qui clôturera le quinquennat, ou est-ce que l'on en a fini avec les baisses d'impôts pour le quinquennat ?
R - Oui, mais encore une fois, c'est quelque chose qui est tout à fait possible. C'est une affaire de choix budgétaire. La seule chose, c'est que les baisses d'impôts, ça ne doit pas se financer sur des déficits supplémentaires. Pour le reste, tous les choix sont ouverts. Ils sont à la disposition du président de la République et du Premier ministre. Le travail qui est le mien, en tant que ministre en charge du Budget, il est d'abord à mettre en uvre les orientations politiques et à veiller que cela se passe en termes de bonne gestion pour les deniers du contribuable. C'est pour cela que depuis trois ans, on n'a jamais dépassé, on n'a jamais augmenté la dépense publique au-delà de l'inflation - ce qui d'ailleurs est un exploit, c'est la première fois depuis vingt ans que cela arrive -, et puis, deuxièmement, on veille évidemment à lutter contre tous les processus infernaux et notamment on réduit le déficit.
Q - Question technique : est-ce que le prélèvement à la source pourrait être décidé avant la fin du quinquennat ?
R - Pour l'instant, vraiment, ce n'est pas un sujet qui est d'actualité pour nous. J'ai plutôt travaillé énormément à la simplification des relations entre le contribuable et l'Etat - c'est la charte du contribuable et des droits nouveaux. Et puis, c'est la modernisation des procédures, genre la télé déclaration qui, les sondages le montrent aujourd'hui, est un succès considérable et c'est un sacré signal pour la réforme de l'Etat.
Q - L'élection du président du Medef va avoir lieu tout à l'heure. Si vous aviez un mot sur le partant et un conseil pour le successeur, qu'est-ce que ce serait ?
R - Vous me demandez vraiment un exercice impossible. Je n'ai pas pour habitude de distribuer les bons et les mauvais points, encore moins de donner des suggestions et des conseils. La seule chose que je peux dire, c'est qu'il y a, je crois, une grande attente de prendre en compte la diversité des entrepreneurs français.
Q - Faut-il dépolitiser le Medef ?
R - En tout état de cause, ça n'est jamais bon qu'une formation représentative sur le plan professionnel soit adossée à une formation politique. Mais en l'occurrence, je ne crois pas que ce soit le cas, contrairement à ce qu'on dit parfois, ou alors, vraiment, c'est que mes oreilles bourdonnent beaucoup.
Q - Vous lisez quand même les interviews de M. Seillière ?
R - Oui, justement, je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir bénéficié, non pas à titre personnel, mais en terme gouvernemental, d'un enthousiasme effréné, c'est le moins que l'on puisse dire.
Q - C'est un enthousiasme pour N. Sarkozy.
R - La seule chose que je voudrais dire par rapport à cela, c'est qu'il faut vraiment maintenant qu'on prenne en compte la diversité des entrepreneurs français. Je crois d'abord que leur image doit être mieux connue et qu'ensuite, c'est un monde, entre la société cotée au CAC 40 avec un bénéfice mondial, et une très petite entreprise, dont je constate qu'elle est aujourd'hui le premier gisement d'emplois.
Q - Pourrais-je savoir votre opinion sur l'appréciation d'un diplomate britannique à propos des Jeux Olympiques qui disait : "Si Londres perd les Jeux Olympiques, c'est désagréable pour T. Blair ; si Paris perd les Jeux Olympiques, c'est tragique pour J. Chirac".
R - Je crois que la problématique est tout à fait différente. Il y a, pour ce qui concerne la candidature de Paris, une véritable mobilisation fantastique de notre pays, fantastique. Jamais, depuis bien longtemps, je n'ai ressenti une telle concorde, une telle volonté de gagner ensemble. Et nous en avons besoin, au-delà de tout ce que l'on peut penser.
Q - Politiquement ?
R - On en a besoin pour la France. Je crois que dans les périodes si difficiles qui sont les nôtres, il faut retrouver et notamment, peut-être à travers cette candidature olympique, une fantastique dynamique d'union et de projets à bâtir en commun. C'est la volonté de vivre ensemble. C'est d'ailleurs la définition première de la nation.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 5 juillet 2005)
R - D'abord, je trouve la démarche assez bizarre. Je n'ai pas souvenir qu'une opposition, quelle qu'elle soit, ait déposé une motion de censure aussi vite après la formation d'un Gouvernement. Je crois que cela doit être de l'ordre de un mois seulement après la formation de notre Gouvernement. C'est un peu bizarre d'avoir déjà une motion de censure du PS. J'ai un peu le sentiment que...
Q - Le PS censure la méthode des ordonnances.
R - Oui, sur la méthode, enfin, les socialistes aussi en d'autres temps ont utilisé les ordonnances. Mon sentiment, pour les avoir vus se déchirer tout le week-end, c'est qu'ils espèrent peut-être - c'est une vieille combine tactique, qui consisterait à espérer - se refaire une unité sur le dos du Gouvernement. En tout cas, tout cela est un peu court, pour être honnête, à tous les sens du terme. D'autant que, franchement, qui peut objectivement contester qu'il y a une exigence d'efficacité et donc de maîtrise du temps et du calendrier à travers le choix des ordonnances lorsqu'il s'agit de lutter contre le chômage !
Q - Vous avez dit déjà que vous alliez être très combatifs dans ce débat. Comment peut-on être combatifs quand on a un président de la République qui a ce degré d'impopularité, un Premier ministre qui n'a pas d'état de grâce, un ministre de l'Economie et des Finances qui a quelques difficultés, avec une enquête judiciaire, et un ministre de l'Intérieur qui prône une politique autrement ? Cela fait beaucoup !
R - Cela fait surtout beaucoup de questions en une. Enfin, si on reprend rapidement tout cela : d'abord, le président de la République a réagi très vite au lendemain du 29 mai. En moins de dix jours, il a nommé un nouveau Premier ministre...
Q - Il était temps !
R - ...nommé une nouvelle équipe gouvernementale resserrée, et puis, fixé une feuille de route, avec l'emploi en priorité. On a un Premier ministre qui, lui aussi, a réagi quand même extrêmement vite par rapport à tout cela. Vous le voyez, on lui en fait même le reproche à travers le choix des ordonnances, et il faut bien le dire, de très grandes innovations en matière de politique économique. Et tout cela se traduit par un budget dont on va présenter, avec T. Breton, les grandes lignes dans le débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale, ce soir, juste après la motion de censure, et dans lequel on va montrer que l'on est effectivement dans une logique offensive, avec des priorités qui correspondent très exactement à ce que demandent les Français : mobilisation sur l'emploi, rétablissement de l'autorité de l'Etat - c'est un travail que nous avons engagé avec quelques succès depuis 2002, en particulier grâce à N. Sarkozy et D. de Villepin - et puis, troisièmement, les rendez-vous de l'avenir.
Q - Que demandez-vous à vos partenaires de l'UDF, dont on ne sait pas très bien s'ils sont dans la majorité ou dans l'opposition, ce soir, à propos du vote des ordonnances ? Qu'attendez-vous ? Qu'il y ait une partie d'entre eux qui vous rejoigne ? Que dites-vous à F. Bayrou ?
R - C'est très difficile de répondre à cette question. J'avoue que je ne sais pas très bien ce qu'il faut ou non demander. D'abord, parce que je vois le contraste entre ce qui peut être dit par le patron de l'UDF et ce qui est dit par des responsables UDF locaux, ou départementaux, ou nationaux qui, pour beaucoup d'entre eux, partagent la quasi-totalité de nos convictions. Et donc, voir ce double discours, cette double attitude, a un côté toujours un peu désolant ou décevant. Donc, du coup, j'avoue que je ne sais pas répondre à votre question.
Q - Alors, vous disiez que vous alliez commencer la discussion sur l'orientation budgétaire. J'avais une question à vous poser, un peu de calcul : vous avez dit, si je ne trompe...
R - J'avais noté que vous étiez bon en calcul.
Q - ... Non, non, justement, je ne suis pas bon en calcul, donc, je ne suis pas sûr de mes chiffres. Vous avez dit que le budget devait, en 2006, dégager, de par l'inflation, à peu près presque 5 milliards d'euros de bonus. Si je comprends bien, vous en consacrez 1,6 milliard aux ministères régaliens - la Sécurité, l'Intérieur, la Défense - et un peu plus de 2 milliards aux nouvelles mesures pour l'emploi de D. de Villepin. Que reste-t-il pour le plan de cohésion sociale ?
R - Ah oui, alors non, effectivement, le calcul n'est pas celui...
Q - Parce que, quand on vous a entendu l'autre jour, vous n'aviez pas l'air de vous entendre avec M. Borloo, de vous comprendre ?
R - Je suis parfaitement bien avec lui... Si, si, il n'y a aucun problème avec cela. Simplement, on n'est pas sur la même base de calcul. La marge de manuvre dont on peut disposer pour des dépenses publiques supplémentaires, comme on reste fixe sur l'idée que le pouvoir d'achat de l'Etat n'augmente pas depuis trois ans, au-delà de l'inflation. Et donc, la marge de manuvre, dont on dispose globalement sur la marge des 288 milliards, c'est ce que vous venez de dire, c'est-à-dire, grosso modo, 5 milliards. Et c'est dans l'ensemble de cette masse budgétaire que j'établis les grandes priorités telles que le Premier ministre les a fixées, je les traduis de manière budgétaire. Donc, on retrouve bien de quoi financer tout cela. Je vous rassure tout de suite, sur ce budget, tout est parfaitement transparent puisque maintenant nous appliquons la nouvelle constitution financière. Donc, en clair, toutes les masses que vous avez indiquées sont incluses dans ce budget, et il n'y aura pas un euro supplémentaire par rapport à ce qui était prévu. Et on finance avec cela le Plan emploi, le Plan de cohésion sociale, les lois de programmation Sécurité, Justice, Défense, naturellement, et bien sûr, la loi sur l'école, ainsi que le programme Recherche.
Q - Etes-vous tout à fait satisfait du plan de cohésion sociale ? N'avez-vous pas l'impression que c'est un peu une usine à gaz qui, finalement, n'accouche que de quelques emplois ? On dit qu'il y a 500 contrats d'avenir signés à mi-juin, alors que l'on espérait 185 000 pour l'année ?
R - Je regrette beaucoup cette polémique, parce qu'en réalité, c'est un plan qui est très ambitieux, et là, cette fois-ci, je peux en porter le témoignage comme élu local, car je vois bien combien ce dispositif, qui est extrêmement puissant, en termes de contribution, notamment dans la lutte contre l'exclusion, est un élément majeur pour aller chercher beaucoup de nos concitoyens qui sont aujourd'hui dans l'exclusion par rapport à l'emploi. Et donc, le principe des contrats d'accompagnement, de retour vers l'emploi, en passant par un sas public, est absolument indispensable. Ce qui est nouveau encore dans le plan présenté par D. de Villepin, c'est d'ajouter à ce plan de J.-L. Borloo, qui est très ambitieux, et pour lequel nous prévoyons 1,3 milliard dans le budget, c'est d'ajouter à cela toute une dynamique du côté des créateurs d'emplois que sont les entreprises, et notamment les très petites entreprises. Cela, c'est une innovation en France, cette idée que l'on ait le fameux contrat "nouvelles embauches", qui assouplit les conditions d'embauche, et puis, d'autre part, d'assouplir le principe des seuils pour faciliter l'embauche après neuf salariés, qui est aujourd'hui un obstacle majeur, montré comme tel par tous les rapports et les entrepreneurs eux-mêmes, c'est vraiment quelque chose de très positif.
Q - Toujours sur ce budget 2006, vous avez décidé de ne pas poursuivre les baisses d'impôts, pour des raisons que vous avez expliquées. Est-ce que ces baisses d'impôts pourraient reprendre en 2007, pour la dernière année qui clôturera le quinquennat, ou est-ce que l'on en a fini avec les baisses d'impôts pour le quinquennat ?
R - Oui, mais encore une fois, c'est quelque chose qui est tout à fait possible. C'est une affaire de choix budgétaire. La seule chose, c'est que les baisses d'impôts, ça ne doit pas se financer sur des déficits supplémentaires. Pour le reste, tous les choix sont ouverts. Ils sont à la disposition du président de la République et du Premier ministre. Le travail qui est le mien, en tant que ministre en charge du Budget, il est d'abord à mettre en uvre les orientations politiques et à veiller que cela se passe en termes de bonne gestion pour les deniers du contribuable. C'est pour cela que depuis trois ans, on n'a jamais dépassé, on n'a jamais augmenté la dépense publique au-delà de l'inflation - ce qui d'ailleurs est un exploit, c'est la première fois depuis vingt ans que cela arrive -, et puis, deuxièmement, on veille évidemment à lutter contre tous les processus infernaux et notamment on réduit le déficit.
Q - Question technique : est-ce que le prélèvement à la source pourrait être décidé avant la fin du quinquennat ?
R - Pour l'instant, vraiment, ce n'est pas un sujet qui est d'actualité pour nous. J'ai plutôt travaillé énormément à la simplification des relations entre le contribuable et l'Etat - c'est la charte du contribuable et des droits nouveaux. Et puis, c'est la modernisation des procédures, genre la télé déclaration qui, les sondages le montrent aujourd'hui, est un succès considérable et c'est un sacré signal pour la réforme de l'Etat.
Q - L'élection du président du Medef va avoir lieu tout à l'heure. Si vous aviez un mot sur le partant et un conseil pour le successeur, qu'est-ce que ce serait ?
R - Vous me demandez vraiment un exercice impossible. Je n'ai pas pour habitude de distribuer les bons et les mauvais points, encore moins de donner des suggestions et des conseils. La seule chose que je peux dire, c'est qu'il y a, je crois, une grande attente de prendre en compte la diversité des entrepreneurs français.
Q - Faut-il dépolitiser le Medef ?
R - En tout état de cause, ça n'est jamais bon qu'une formation représentative sur le plan professionnel soit adossée à une formation politique. Mais en l'occurrence, je ne crois pas que ce soit le cas, contrairement à ce qu'on dit parfois, ou alors, vraiment, c'est que mes oreilles bourdonnent beaucoup.
Q - Vous lisez quand même les interviews de M. Seillière ?
R - Oui, justement, je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir bénéficié, non pas à titre personnel, mais en terme gouvernemental, d'un enthousiasme effréné, c'est le moins que l'on puisse dire.
Q - C'est un enthousiasme pour N. Sarkozy.
R - La seule chose que je voudrais dire par rapport à cela, c'est qu'il faut vraiment maintenant qu'on prenne en compte la diversité des entrepreneurs français. Je crois d'abord que leur image doit être mieux connue et qu'ensuite, c'est un monde, entre la société cotée au CAC 40 avec un bénéfice mondial, et une très petite entreprise, dont je constate qu'elle est aujourd'hui le premier gisement d'emplois.
Q - Pourrais-je savoir votre opinion sur l'appréciation d'un diplomate britannique à propos des Jeux Olympiques qui disait : "Si Londres perd les Jeux Olympiques, c'est désagréable pour T. Blair ; si Paris perd les Jeux Olympiques, c'est tragique pour J. Chirac".
R - Je crois que la problématique est tout à fait différente. Il y a, pour ce qui concerne la candidature de Paris, une véritable mobilisation fantastique de notre pays, fantastique. Jamais, depuis bien longtemps, je n'ai ressenti une telle concorde, une telle volonté de gagner ensemble. Et nous en avons besoin, au-delà de tout ce que l'on peut penser.
Q - Politiquement ?
R - On en a besoin pour la France. Je crois que dans les périodes si difficiles qui sont les nôtres, il faut retrouver et notamment, peut-être à travers cette candidature olympique, une fantastique dynamique d'union et de projets à bâtir en commun. C'est la volonté de vivre ensemble. C'est d'ailleurs la définition première de la nation.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 5 juillet 2005)