Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Cher(e)s Ami(e)s,
Je suis heureuse d'être ce soir en Ariège dans le cadre amical d'une réunion publique des Verts.
C'est la troisième fois en deux mois et demi que je viens soutenir une candidature verte en région, et à chaque fois, je dois dire que c'était une femme !
La parité, il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font ! Je me suis laissé dire que le Conseil Général de l'Ariège, comme bien d'autres d'ailleurs, en aurait bien besoin puisqu'il comprend moins de 10% de femmes !
Votre canton de Massat, est hautement symbolique de ce qu'est l'Ariège d'aujourd'hui......
C'est une terre en mutation...
Où les activités traditionnelles, agricoles et même industrielles, ont été poussées au déclin par l'exode rural et l'attrait éblouissant de l'émigration en ville dans la métropole régionale et bien au delà.
Où le foncier a été souvent longtemps laissé à l'abandon : combien de maisons sont tombées en ruine faute d'entretien et d'habitants, combien de bergeries d'altitude et de bâtiments agricoles ont été rendus aux ronces et à la friche ?
Avec ce phénomène, c'est tout un pan de la mémoire collective qui est parti. Des savoir faire artisanaux et agricoles, des produits de haute qualité, mais aussi des connaissances concrètes de la nature, de son entretien quotidien, la gestion de ses ressources et aussi de ses risques qui sont nombreux.......
Mais qui dit mutation, dit aussi possibilité de nouveau départ....
Bien sûr, la région n'a pas complètement échappé aux mirages des gros équipements de masse susceptibles en théorie d'apporter miraculeusement de l'emploi et des touristes......, mais en fait à la merci des retournements de climat et de conjoncture économique...
Dans un rayon de cinquante kilomètres à vol d'oiseau, on doit bien compter trois ou quatre sommets colonisés par du béton, des cols embouteillés parfois le dimanche par d'infernales colonies automobiles, des communes surendettées, des rivières pompées par les canons à neige, et souillées par des stations d'épuration insuffisamment dimensionnées........
Heureusement, le canton de Massat a échappé à pareil mauvais calcul !
Il a commencé à tirer parti de ses arguments essentiels à savoir son exceptionnel environnement naturel et sa qualité de vie, pour engager un processus que d'aucuns qualifieraient de " renaissance "........ Il a d'ailleurs fermement défendu cet environnement quand il était question, ici ou un peu plus loin, absurdement, d'installer, dans ce décor grandiose, une ligne THT par ailleurs économiquement discutable.
Il est vrai que certains bâtisseurs ne manquent pas d'imagination et continuent à évoquer de temps à autres le mirage d'une nouvelle percée de la chaîne du côté de Salau, venant s'ajouter aux nombreux projets du même type qui s'égrainent tout au long des Pyrénées.
Je ne sais pas finalement si le mot " renaissance " est adapté pour le canton de Massat et s'il n'anticipe pas un peu sur la réalité. En tout cas, par maints aspects, les spirales de régression ont été enrayées...
Elles l'ont été d'abord, faut-il le dire, par des rencontres sur lesquelles on a beaucoup ironisé ;
A savoir des locaux courageux et décidés à vivre et travailler au pays, avec des expatriés revenus dans leurs vallées, et aussi, avec du renfort venu d'ailleurs :
Celui de jeunes arrivés ici pour trouver un équilibre que la vie urbaine ne leur procurait pas, ou inventer des formes de solidarité et de vivre ensemble que la civilisation du tout consommation a longtemps rejetées comme de dangereuses utopies...
Les récits ne manquent pas de ces " néoruraux " comme les appellent les sociologues, passant l'hiver dans des conditions très dures ! Entreprenant une fois, deux fois puis renonçant...
En butte parfois à l'hostilité sourde de notables qui n'avaient en rien intérêt à ce que ça bouge...
Mais les récits sont nombreux aussi de greffes qui ont pris, de projets portés en commun par des gens de la vallée et ces entrepreneurs d'un nouveau type...
Ces projets ont fait renaître, comme autant de résurgences, des traditions qu'on croyait disparues, des productions artisanales locales dont on avait perdu le goût, des méthodes de culture naturelles plus saines...
Ils ont stabilisé des écoles, des commerces, des services : j'ai entendu parler bien sûr de certaine crèche, installée contre vents et marées...Ainsi, on a redonné, sur une base nouvelle, un attrait spécifique à des cantons qu'on croyait définitivement voués au déclin.
Pour les écologistes, ces micro-climats et ces expériences, ont une portée très grande, en terme de développement local :
Elles montrent comment des richesses véritables et durables peuvent naître, j'allais dire de la biodiversité humaine, de la rencontre entre " l'ici et l'ailleurs ", entre " l'intérieur et l'extérieur ".
Elles condamnent deux modèles symétriquement contreproductifs et particulièrement coûteux :
o Le premier est celui du hors-sol, de la standardisation absolue : il fait table rase du local, de la ressource proche, et de la diversité. En agriculture, c'est le modèle des OGM, de l'industrialisation à outrance, de la dépendance absolue de la campagne vis à vis de la ville... En matière d'équipements, c'est le modèle des percées routières irréfléchies.
Et à l'opposé,
o Le second modèle négatif est celui de l'enfermement : il n'ouvre jamais la fenêtre, il est insensible aux influences extérieures et aux innovations : celui là transforme la tradition en sclérose et la nature en désert... ou en " chasse-gardée ".
Dans les deux cas, les paysans sont ruinés et surendettés. Les campagnes se vident sans espoir.
A un moment donné, il convient cependant que les pouvoirs publics donnent les coups de pouce nécessaires pour relayer les efforts consentis par les uns ou par les autres ; lever les obstacles, aider à faire les choix appropriés aux territoires.
C'est ce que nous nous efforçons de faire dans le cadre d'une nouvelle politique globale d'aménagement du territoire et de développement rural.
Je n'en citerai que trois aspects particuliers : les contrats territoriaux d'exploitation, l'économie solidaire, la politique de pays.....
Les contrats territoriaux d'exploitation : il s'agit de reconnaître la multifonctionnalité de l'agriculture, c'est à dire sa fonction de production, sa fonction environnementale, sa fonction d'animation locale.
De s'engager dans une voie où l'on reconnaîtra justement la spécificité des territoires, la qualité des produits, le respect de l'environnement, et cela de façon à garantir le revenu de l'agriculteur.
Comme vous le savez, l'objectif est de signer plusieurs milliers de ces contrats par an. Ils doivent chez vous venir renforcer l'organisation et la diversification des filières et améliorer les conditions d'installation des jeunes agriculteurs qui reste un problème crucial.
Ils représentent en outre un élément particulièrement important dans les territoires de montagne ou peut être plus qu'ailleurs productions agricoles ou forestières et impact social et environnemental sont étroitement liés.
Je vous invite donc comme le fait régulièrement Jean Glavany à exercer une veille vigilante sur la qualité de ces CTE, les conditions de leur signature et les aides qui les accompagneront dans les mois qui viennent.
Second aspect de ces nouvelles politiques : l'Economie Solidaire. Depuis des années, les Verts se battent pour la reconnaissance de ces initiatives portées par d'autres valeurs que la lucrativité et le " chacun pour soi ".
Fondée sur l'initiative collective, démarrant parfois dans des logiques d'échanges réciproques ou de dons, elles concernent de nouveaux domaines, de nouveaux secteurs, voire de nouveaux marchés.
Vous êtes en Ariège par exemple très sensibles aux thématiques des énergies renouvelables, de l'artisanat groupé ou du tourisme vert.
Ces initiatives ont besoin de fonds propres, d'écoute de la part des organismes bancaires, de simplifications administratives ; et de reconnaissance à travers des labels clairs.
Cela a fait l'objet de premières décisions lors des récentes Assises de la Création d'Entreprises.
Cela fera l'objet d'une loi d'orientation présentée par Guy Hascoët. Elle viendra renforcer différents outils de développement local dont ceux relevant de mon Ministère au titre de l'Aménagement du Territoire ; je fais en sorte que ces outils soient plus proches des utilisateurs et qu'ils passent par des circuits moins tortueux, dans lesquels chacun puisse se retrouver.
Enfin, dernier aspect, la politique des pays : il s'agit d'éviter la concurrence sauvage entre les communes, et de construire des stratégies cohérentes de développement.
Nous avons trop souffert des doublons, des équipements de prestige sous utilisés, ou utilisés seulement le temps d'une inauguration.
L'installation des pays, doit au contraire permettre, par exemple à l'échelle d'une vallée ou plusieurs , ou au sein d'un massif, de mobiliser à côté des élus, les entrepreneurs, les agriculteurs, les artisans, les associations, vers la création de véritables projets territoriaux.
Dans le Couserans, un projet de pays est en train de voir le jour : il élabore sa charte en ce moment et installera prochainement son Conseil de Développement.
Ce projet a été sélectionné comme projet en émergence par la DATAR, tout comme a été retenu et sera aidé le projet de " Système Productif Local Bois-forêt-Papier ", piloté à cheval sur l'Ariège et sur une partie de la Haute-Garonne.
Les contrats de plan, dans leur dimension territoriale, consacrent par ailleurs des moyens financiers au montage de tels projets : je vous invite là encore à ne pas laisser cette innovation aux seuls spécialistes ou aux seuls professionnels de la subvention et à y faire entendre la voix de la population.
Cependant, il ne faudrait pas non plus que l'Etat défasse la nuit ce qu'il prétend mettre en place le jour : je pense bien évidemment à la politique de maintien des services publics, des écoles, des postes, des perceptions.
Que chacun, dans son coin, décide sans concertation de la fermeture de tel ou tel service, et c'est tout le travail de développement réalisé pendant des années qui s'étiole.
Je m'efforce parfois contre le scepticisme ou la réserve de certains de mes collègues Ministres, de proposer dans la gestion des services publics locaux, de la coordination et de la cohérence. L'idée est en train de prendre forme, de véritables contrats locaux de services publics.
Les meetings ne sont sûrement pas les meilleurs moments pour faire des annonces : mais je peux vous dire que je serai personnellement très attentive comme Ministre, sur le canton de Massat, à réunir les conditions du maintien de services et de fonctionnaires, dont l'intérêt réside justement dans leur proximité avec les territoires dont ils ont la charge ; vous voyez je crois à quel type de services et de fonctionnaires je fais allusion.
Les Verts sont particulièrement attachés au rôle indispensable de la présence humaine de proximité, notamment pour les populations les plus fragiles quant à leur santé, leur âge, leur ressource ou leur isolement social et géographique.
A travers toutes ces réalités, on voit bien la nécessité de disposer de Conseillers Généraux inventifs et dynamiques.
A l'écoute du terrain, de ce qui bouge et entreprend, mais aussi des innovations qui circulent en France comme en Europe sur les stratégies du développement local : trop de Conseillers généraux sont endormis sur des préjugés, par exemple cette idée que plus il y a de routes ou plus elles ont de voies, mieux les territoires se portent...
La réalité, c'est que des équipements routiers sans projets collectifs contribuent plus sûrement que tout à la désertification et à la dévitalisation rurales... La réalité aussi, c'est qu'il vaudrait mieux souvent se pencher sur une organisation plus efficace des transports collectifs " à la demande ", adaptés à des territoires étendus et des populations dispersées comme ici.
Voilà pourquoi il faut une Conseillère générale verte à Massat, qui contribue au renouveau de la vie sociale et culturelle de ce département, même bien au delà du canton...
Cette terre a toujours été une terre de gauche et une terre de pluralité.
Les écologistes, y réalisent des scores non négligeables, mais ils sont notoirement sous représentés dans les exécutifs locaux.
De ce fait, on entend parler fort, à la Région ou à Paris, des représentants de lobbies qui donnent une fausse image de la ruralité ; sensibles aux pressions de ceux qui ont les moyens de se faire entendre, ils sont incapables de penser la nécessaire diversité des usages de la nature, comme l'a montré encore récemment le regrettable épisode d'un amendement à la loi chasse, et dont le retentissement a été national...
Je ne reviendrai pas sur cet épisode, mais vous devez savoir que la Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, négociera pied à pied pour que cette affaire se termine heureusement, pour qu'on écoute toutes les parties concernées, qu'on prenne en compte tous les aspects du problème :
- bien sûr les intérêts du pastoralisme, mais un pastoralisme actif, présent en montagne par un renouvellement de son rôle économique, reposant sur une production créatrice de valeur ajoutée et redistribuant localement des rémunérations, complémentaire des fonctions d'accueil touristique et d'entretien des milieux.
- mais, il faut donc entendre aussi les arguments de ceux pour lesquels la biodiversité dans la nature constitue dans l'avenir un attrait et un atout de développement local.
Cette affaire est au fond pour moi l'occasion à l'opposé de la caricature que l'on en donne souvent, de réaffirmer l'attachement très fort des Verts pour les populations et les milieux ruraux.
Loin des discours plaintifs sur " les handicaps à compenser " ou " les paradis perdus ", nous avons la profonde conviction que les campagnes et les montagnes, actives, habitées de manière permanente et préservées avec soin, vont retrouver une nouvelle place dans notre société à la recherche d'authenticité, de convivialité et de ressources naturelles aujourd'hui comptées ou menacées.
Mesdames, Messieurs, Cher(e)s Ami(e)s,
J'aurais bien aimé, dans ce canton de Massat, qu'une candidature Verte symbolise la gauche plurielle réunie au premier tour...... D'autant que les divisions du principal parti de gauche dans le chef-lieu font plutôt mauvais genre.......
Mais la tentation hégémonique a été une fois de plus la plus forte, au détriment de la diversité et de la solidarité.
C'est pourtant cette diversité et cette solidarité qui ont donné au gouvernement de la gauche plurielle sa capacité à avancer et à innover :
Réduction du temps de travail, solidarité avec les exclus à travers la CMU, emplois-jeunes, diversification énergétique, relance de la politique des déchets, limitation du cumul des mandats, PACS, parité, nouvelles régulations économiques.......
A travers ces exemples, on voit comment la touche verte est devenue une composante des grandes politiques publiques.
Insuffisante certes, mais on mesure d'ores et déjà les évolutions concrètes qu'ont permis la participation des écologistes au gouvernement du pays........
Il faut maintenant compléter, enrichir et appuyer davantage cette action par une meilleure présence verte dans les cantons et les communes.
Il faut maintenant renforcer le mouvement des Verts, l'ouvrir davantage pour qu'il soit mieux représentatif de la population.
C'est ce que fera le prochain congrès des Verts qui aura lieu à Toulouse à l'automne.
Je suis certaine que vous contribuerez vous aussi à ces évolutions en votant vert, en votant Josette SUBRA dès dimanche prochain et au second tour !
Je vous remercie.
(source http://www.lebourget.ecologie.free.fr/liens/voynet.htm, le 25 février 2002)
Je suis heureuse d'être ce soir en Ariège dans le cadre amical d'une réunion publique des Verts.
C'est la troisième fois en deux mois et demi que je viens soutenir une candidature verte en région, et à chaque fois, je dois dire que c'était une femme !
La parité, il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font ! Je me suis laissé dire que le Conseil Général de l'Ariège, comme bien d'autres d'ailleurs, en aurait bien besoin puisqu'il comprend moins de 10% de femmes !
Votre canton de Massat, est hautement symbolique de ce qu'est l'Ariège d'aujourd'hui......
C'est une terre en mutation...
Où les activités traditionnelles, agricoles et même industrielles, ont été poussées au déclin par l'exode rural et l'attrait éblouissant de l'émigration en ville dans la métropole régionale et bien au delà.
Où le foncier a été souvent longtemps laissé à l'abandon : combien de maisons sont tombées en ruine faute d'entretien et d'habitants, combien de bergeries d'altitude et de bâtiments agricoles ont été rendus aux ronces et à la friche ?
Avec ce phénomène, c'est tout un pan de la mémoire collective qui est parti. Des savoir faire artisanaux et agricoles, des produits de haute qualité, mais aussi des connaissances concrètes de la nature, de son entretien quotidien, la gestion de ses ressources et aussi de ses risques qui sont nombreux.......
Mais qui dit mutation, dit aussi possibilité de nouveau départ....
Bien sûr, la région n'a pas complètement échappé aux mirages des gros équipements de masse susceptibles en théorie d'apporter miraculeusement de l'emploi et des touristes......, mais en fait à la merci des retournements de climat et de conjoncture économique...
Dans un rayon de cinquante kilomètres à vol d'oiseau, on doit bien compter trois ou quatre sommets colonisés par du béton, des cols embouteillés parfois le dimanche par d'infernales colonies automobiles, des communes surendettées, des rivières pompées par les canons à neige, et souillées par des stations d'épuration insuffisamment dimensionnées........
Heureusement, le canton de Massat a échappé à pareil mauvais calcul !
Il a commencé à tirer parti de ses arguments essentiels à savoir son exceptionnel environnement naturel et sa qualité de vie, pour engager un processus que d'aucuns qualifieraient de " renaissance "........ Il a d'ailleurs fermement défendu cet environnement quand il était question, ici ou un peu plus loin, absurdement, d'installer, dans ce décor grandiose, une ligne THT par ailleurs économiquement discutable.
Il est vrai que certains bâtisseurs ne manquent pas d'imagination et continuent à évoquer de temps à autres le mirage d'une nouvelle percée de la chaîne du côté de Salau, venant s'ajouter aux nombreux projets du même type qui s'égrainent tout au long des Pyrénées.
Je ne sais pas finalement si le mot " renaissance " est adapté pour le canton de Massat et s'il n'anticipe pas un peu sur la réalité. En tout cas, par maints aspects, les spirales de régression ont été enrayées...
Elles l'ont été d'abord, faut-il le dire, par des rencontres sur lesquelles on a beaucoup ironisé ;
A savoir des locaux courageux et décidés à vivre et travailler au pays, avec des expatriés revenus dans leurs vallées, et aussi, avec du renfort venu d'ailleurs :
Celui de jeunes arrivés ici pour trouver un équilibre que la vie urbaine ne leur procurait pas, ou inventer des formes de solidarité et de vivre ensemble que la civilisation du tout consommation a longtemps rejetées comme de dangereuses utopies...
Les récits ne manquent pas de ces " néoruraux " comme les appellent les sociologues, passant l'hiver dans des conditions très dures ! Entreprenant une fois, deux fois puis renonçant...
En butte parfois à l'hostilité sourde de notables qui n'avaient en rien intérêt à ce que ça bouge...
Mais les récits sont nombreux aussi de greffes qui ont pris, de projets portés en commun par des gens de la vallée et ces entrepreneurs d'un nouveau type...
Ces projets ont fait renaître, comme autant de résurgences, des traditions qu'on croyait disparues, des productions artisanales locales dont on avait perdu le goût, des méthodes de culture naturelles plus saines...
Ils ont stabilisé des écoles, des commerces, des services : j'ai entendu parler bien sûr de certaine crèche, installée contre vents et marées...Ainsi, on a redonné, sur une base nouvelle, un attrait spécifique à des cantons qu'on croyait définitivement voués au déclin.
Pour les écologistes, ces micro-climats et ces expériences, ont une portée très grande, en terme de développement local :
Elles montrent comment des richesses véritables et durables peuvent naître, j'allais dire de la biodiversité humaine, de la rencontre entre " l'ici et l'ailleurs ", entre " l'intérieur et l'extérieur ".
Elles condamnent deux modèles symétriquement contreproductifs et particulièrement coûteux :
o Le premier est celui du hors-sol, de la standardisation absolue : il fait table rase du local, de la ressource proche, et de la diversité. En agriculture, c'est le modèle des OGM, de l'industrialisation à outrance, de la dépendance absolue de la campagne vis à vis de la ville... En matière d'équipements, c'est le modèle des percées routières irréfléchies.
Et à l'opposé,
o Le second modèle négatif est celui de l'enfermement : il n'ouvre jamais la fenêtre, il est insensible aux influences extérieures et aux innovations : celui là transforme la tradition en sclérose et la nature en désert... ou en " chasse-gardée ".
Dans les deux cas, les paysans sont ruinés et surendettés. Les campagnes se vident sans espoir.
A un moment donné, il convient cependant que les pouvoirs publics donnent les coups de pouce nécessaires pour relayer les efforts consentis par les uns ou par les autres ; lever les obstacles, aider à faire les choix appropriés aux territoires.
C'est ce que nous nous efforçons de faire dans le cadre d'une nouvelle politique globale d'aménagement du territoire et de développement rural.
Je n'en citerai que trois aspects particuliers : les contrats territoriaux d'exploitation, l'économie solidaire, la politique de pays.....
Les contrats territoriaux d'exploitation : il s'agit de reconnaître la multifonctionnalité de l'agriculture, c'est à dire sa fonction de production, sa fonction environnementale, sa fonction d'animation locale.
De s'engager dans une voie où l'on reconnaîtra justement la spécificité des territoires, la qualité des produits, le respect de l'environnement, et cela de façon à garantir le revenu de l'agriculteur.
Comme vous le savez, l'objectif est de signer plusieurs milliers de ces contrats par an. Ils doivent chez vous venir renforcer l'organisation et la diversification des filières et améliorer les conditions d'installation des jeunes agriculteurs qui reste un problème crucial.
Ils représentent en outre un élément particulièrement important dans les territoires de montagne ou peut être plus qu'ailleurs productions agricoles ou forestières et impact social et environnemental sont étroitement liés.
Je vous invite donc comme le fait régulièrement Jean Glavany à exercer une veille vigilante sur la qualité de ces CTE, les conditions de leur signature et les aides qui les accompagneront dans les mois qui viennent.
Second aspect de ces nouvelles politiques : l'Economie Solidaire. Depuis des années, les Verts se battent pour la reconnaissance de ces initiatives portées par d'autres valeurs que la lucrativité et le " chacun pour soi ".
Fondée sur l'initiative collective, démarrant parfois dans des logiques d'échanges réciproques ou de dons, elles concernent de nouveaux domaines, de nouveaux secteurs, voire de nouveaux marchés.
Vous êtes en Ariège par exemple très sensibles aux thématiques des énergies renouvelables, de l'artisanat groupé ou du tourisme vert.
Ces initiatives ont besoin de fonds propres, d'écoute de la part des organismes bancaires, de simplifications administratives ; et de reconnaissance à travers des labels clairs.
Cela a fait l'objet de premières décisions lors des récentes Assises de la Création d'Entreprises.
Cela fera l'objet d'une loi d'orientation présentée par Guy Hascoët. Elle viendra renforcer différents outils de développement local dont ceux relevant de mon Ministère au titre de l'Aménagement du Territoire ; je fais en sorte que ces outils soient plus proches des utilisateurs et qu'ils passent par des circuits moins tortueux, dans lesquels chacun puisse se retrouver.
Enfin, dernier aspect, la politique des pays : il s'agit d'éviter la concurrence sauvage entre les communes, et de construire des stratégies cohérentes de développement.
Nous avons trop souffert des doublons, des équipements de prestige sous utilisés, ou utilisés seulement le temps d'une inauguration.
L'installation des pays, doit au contraire permettre, par exemple à l'échelle d'une vallée ou plusieurs , ou au sein d'un massif, de mobiliser à côté des élus, les entrepreneurs, les agriculteurs, les artisans, les associations, vers la création de véritables projets territoriaux.
Dans le Couserans, un projet de pays est en train de voir le jour : il élabore sa charte en ce moment et installera prochainement son Conseil de Développement.
Ce projet a été sélectionné comme projet en émergence par la DATAR, tout comme a été retenu et sera aidé le projet de " Système Productif Local Bois-forêt-Papier ", piloté à cheval sur l'Ariège et sur une partie de la Haute-Garonne.
Les contrats de plan, dans leur dimension territoriale, consacrent par ailleurs des moyens financiers au montage de tels projets : je vous invite là encore à ne pas laisser cette innovation aux seuls spécialistes ou aux seuls professionnels de la subvention et à y faire entendre la voix de la population.
Cependant, il ne faudrait pas non plus que l'Etat défasse la nuit ce qu'il prétend mettre en place le jour : je pense bien évidemment à la politique de maintien des services publics, des écoles, des postes, des perceptions.
Que chacun, dans son coin, décide sans concertation de la fermeture de tel ou tel service, et c'est tout le travail de développement réalisé pendant des années qui s'étiole.
Je m'efforce parfois contre le scepticisme ou la réserve de certains de mes collègues Ministres, de proposer dans la gestion des services publics locaux, de la coordination et de la cohérence. L'idée est en train de prendre forme, de véritables contrats locaux de services publics.
Les meetings ne sont sûrement pas les meilleurs moments pour faire des annonces : mais je peux vous dire que je serai personnellement très attentive comme Ministre, sur le canton de Massat, à réunir les conditions du maintien de services et de fonctionnaires, dont l'intérêt réside justement dans leur proximité avec les territoires dont ils ont la charge ; vous voyez je crois à quel type de services et de fonctionnaires je fais allusion.
Les Verts sont particulièrement attachés au rôle indispensable de la présence humaine de proximité, notamment pour les populations les plus fragiles quant à leur santé, leur âge, leur ressource ou leur isolement social et géographique.
A travers toutes ces réalités, on voit bien la nécessité de disposer de Conseillers Généraux inventifs et dynamiques.
A l'écoute du terrain, de ce qui bouge et entreprend, mais aussi des innovations qui circulent en France comme en Europe sur les stratégies du développement local : trop de Conseillers généraux sont endormis sur des préjugés, par exemple cette idée que plus il y a de routes ou plus elles ont de voies, mieux les territoires se portent...
La réalité, c'est que des équipements routiers sans projets collectifs contribuent plus sûrement que tout à la désertification et à la dévitalisation rurales... La réalité aussi, c'est qu'il vaudrait mieux souvent se pencher sur une organisation plus efficace des transports collectifs " à la demande ", adaptés à des territoires étendus et des populations dispersées comme ici.
Voilà pourquoi il faut une Conseillère générale verte à Massat, qui contribue au renouveau de la vie sociale et culturelle de ce département, même bien au delà du canton...
Cette terre a toujours été une terre de gauche et une terre de pluralité.
Les écologistes, y réalisent des scores non négligeables, mais ils sont notoirement sous représentés dans les exécutifs locaux.
De ce fait, on entend parler fort, à la Région ou à Paris, des représentants de lobbies qui donnent une fausse image de la ruralité ; sensibles aux pressions de ceux qui ont les moyens de se faire entendre, ils sont incapables de penser la nécessaire diversité des usages de la nature, comme l'a montré encore récemment le regrettable épisode d'un amendement à la loi chasse, et dont le retentissement a été national...
Je ne reviendrai pas sur cet épisode, mais vous devez savoir que la Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, négociera pied à pied pour que cette affaire se termine heureusement, pour qu'on écoute toutes les parties concernées, qu'on prenne en compte tous les aspects du problème :
- bien sûr les intérêts du pastoralisme, mais un pastoralisme actif, présent en montagne par un renouvellement de son rôle économique, reposant sur une production créatrice de valeur ajoutée et redistribuant localement des rémunérations, complémentaire des fonctions d'accueil touristique et d'entretien des milieux.
- mais, il faut donc entendre aussi les arguments de ceux pour lesquels la biodiversité dans la nature constitue dans l'avenir un attrait et un atout de développement local.
Cette affaire est au fond pour moi l'occasion à l'opposé de la caricature que l'on en donne souvent, de réaffirmer l'attachement très fort des Verts pour les populations et les milieux ruraux.
Loin des discours plaintifs sur " les handicaps à compenser " ou " les paradis perdus ", nous avons la profonde conviction que les campagnes et les montagnes, actives, habitées de manière permanente et préservées avec soin, vont retrouver une nouvelle place dans notre société à la recherche d'authenticité, de convivialité et de ressources naturelles aujourd'hui comptées ou menacées.
Mesdames, Messieurs, Cher(e)s Ami(e)s,
J'aurais bien aimé, dans ce canton de Massat, qu'une candidature Verte symbolise la gauche plurielle réunie au premier tour...... D'autant que les divisions du principal parti de gauche dans le chef-lieu font plutôt mauvais genre.......
Mais la tentation hégémonique a été une fois de plus la plus forte, au détriment de la diversité et de la solidarité.
C'est pourtant cette diversité et cette solidarité qui ont donné au gouvernement de la gauche plurielle sa capacité à avancer et à innover :
Réduction du temps de travail, solidarité avec les exclus à travers la CMU, emplois-jeunes, diversification énergétique, relance de la politique des déchets, limitation du cumul des mandats, PACS, parité, nouvelles régulations économiques.......
A travers ces exemples, on voit comment la touche verte est devenue une composante des grandes politiques publiques.
Insuffisante certes, mais on mesure d'ores et déjà les évolutions concrètes qu'ont permis la participation des écologistes au gouvernement du pays........
Il faut maintenant compléter, enrichir et appuyer davantage cette action par une meilleure présence verte dans les cantons et les communes.
Il faut maintenant renforcer le mouvement des Verts, l'ouvrir davantage pour qu'il soit mieux représentatif de la population.
C'est ce que fera le prochain congrès des Verts qui aura lieu à Toulouse à l'automne.
Je suis certaine que vous contribuerez vous aussi à ces évolutions en votant vert, en votant Josette SUBRA dès dimanche prochain et au second tour !
Je vous remercie.
(source http://www.lebourget.ecologie.free.fr/liens/voynet.htm, le 25 février 2002)