Texte intégral
Vers une féminisation de l'Europe politique
"Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles". Cette sentence de Montesquieu donne sa raison d'être à l'engagement des femmes en politique. Pionnière, Louise Weiss, journaliste et députée européenne, ardente militante de la cause féministe et de l'égalité des Droits, a, dans les années 30, porté le combat de l'accès des femmes au suffrage universel. Aujourd'hui en Europe, l'idée qu'un suffrage puisse être qualifié d' "universel" sans prendre en compte la moitié féminine de l'humanité nous semble heureusement inconcevable.
Il reste que si les grandes personnalités féminines servent encore de modèles, c'est parce qu'elles sont des exceptions. La détermination de nos grandes figures politiques féminines, de Mme de Staël à Flora Tristan en passant par George Sand, sont en effet restées longtemps inversement proportionnelles à la modernité de notre législation. Les femmes françaises ont été amenées à faire de la politique, par leurs actions et leurs écrits, avant même de pouvoir entrer en politique. Mais les temps ont changé. Et la construction européenne joue le rôle de catalyseur.
Depuis ces dernières années, c'est la comparaison avec nos voisins européens qui nous a fait prendre conscience de notre retard et de la contradiction en France entre l'importance de la place des femmes dans la société civile et la faiblesse de leur reconnaissance en politique. C'est pour répondre à ce défi que le Premier ministre vient de faire adopter une législation sur les élections au Parlement européen, pour lesquelles dès le 13 juin des listes interrégionales devront être composées à parité d'hommes et de femmes. Le nombre de députées françaises au Parlement de Strasbourg est certes déjà important - 40 % - contre environ 12 % à l'Assemblée nationale. Mais cette dynamique ne doit pas être perdue. Elle doit même être renforcée à travers l'émergence d'un véritable sentiment de citoyenneté européenne, qui doit toucher les femmes moins enclines, semble-t-il, que les hommes à participer aux élections européennes. Tel est le sens de mon engagement pour que parité et citoyenneté soient les deux faces d'une même médaille : la naissance d'une société civile européenne, démocratique et équitable.
L'élargissement de l'Union européenne le 1er mai 2004 signifie l'arrivée en Europe d'une classe politique plus jeune et plus féminisée. La nature même du débat sur la place des femmes en sera modifiée : le cadre de l'Union offrira en effet à notre lecture les expériences de sociétés différentes de la nôtre et vis-à-vis desquelles nous ne sommes pas toujours en avance.
J'accorde, dans ce nouveau contexte, la plus grande importance à la stratégie-cadre de la Commission européenne pour l'égalité des genres. Cette approche entend permettre aux femmes d'investir l'ensemble des lieux de responsabilité - économiques comme politiques - au premier rang desquels les sphères européennes. Si décisives pour notre avenir.
C'est dans cet esprit que je réunis aujourd'hui à Paris les trois futures Commissaires issues des pays de l'élargissement : la Lituanienne Dalia Grybauskaite, la Polonaise Danuta Hubner, la Lettone Sandra Kalniete, ainsi que Frédérique Ries, nouvellement nommée secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Belgique. 2004 est une année historique pour l'Europe, elle doit l'être aussi pour l'Europe des femmes. A l'occasion de notre réunion, qui est sans précédent, nous appelons à l'invention de nouvelles formules qui permettent aux femmes européennes de mieux s'exprimer à travers un forum permanent de dialogue sur Internet. Nous demandons aussi l'édition régulière d'un "Recueil des bonnes pratiques" en matière d'égalité hommes-femmes afin que le meilleur de ce qui se fait dans un pays puisse être transposé chez les autres. Comparaison ne vaut-elle pas raison ? L'Europe qui se dessine devra être celle de tous ses citoyens et de toutes ses citoyennes. Engageons-nous donc résolument dans la dynamique citoyenne de l'Union en transformation
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2004)
"Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles". Cette sentence de Montesquieu donne sa raison d'être à l'engagement des femmes en politique. Pionnière, Louise Weiss, journaliste et députée européenne, ardente militante de la cause féministe et de l'égalité des Droits, a, dans les années 30, porté le combat de l'accès des femmes au suffrage universel. Aujourd'hui en Europe, l'idée qu'un suffrage puisse être qualifié d' "universel" sans prendre en compte la moitié féminine de l'humanité nous semble heureusement inconcevable.
Il reste que si les grandes personnalités féminines servent encore de modèles, c'est parce qu'elles sont des exceptions. La détermination de nos grandes figures politiques féminines, de Mme de Staël à Flora Tristan en passant par George Sand, sont en effet restées longtemps inversement proportionnelles à la modernité de notre législation. Les femmes françaises ont été amenées à faire de la politique, par leurs actions et leurs écrits, avant même de pouvoir entrer en politique. Mais les temps ont changé. Et la construction européenne joue le rôle de catalyseur.
Depuis ces dernières années, c'est la comparaison avec nos voisins européens qui nous a fait prendre conscience de notre retard et de la contradiction en France entre l'importance de la place des femmes dans la société civile et la faiblesse de leur reconnaissance en politique. C'est pour répondre à ce défi que le Premier ministre vient de faire adopter une législation sur les élections au Parlement européen, pour lesquelles dès le 13 juin des listes interrégionales devront être composées à parité d'hommes et de femmes. Le nombre de députées françaises au Parlement de Strasbourg est certes déjà important - 40 % - contre environ 12 % à l'Assemblée nationale. Mais cette dynamique ne doit pas être perdue. Elle doit même être renforcée à travers l'émergence d'un véritable sentiment de citoyenneté européenne, qui doit toucher les femmes moins enclines, semble-t-il, que les hommes à participer aux élections européennes. Tel est le sens de mon engagement pour que parité et citoyenneté soient les deux faces d'une même médaille : la naissance d'une société civile européenne, démocratique et équitable.
L'élargissement de l'Union européenne le 1er mai 2004 signifie l'arrivée en Europe d'une classe politique plus jeune et plus féminisée. La nature même du débat sur la place des femmes en sera modifiée : le cadre de l'Union offrira en effet à notre lecture les expériences de sociétés différentes de la nôtre et vis-à-vis desquelles nous ne sommes pas toujours en avance.
J'accorde, dans ce nouveau contexte, la plus grande importance à la stratégie-cadre de la Commission européenne pour l'égalité des genres. Cette approche entend permettre aux femmes d'investir l'ensemble des lieux de responsabilité - économiques comme politiques - au premier rang desquels les sphères européennes. Si décisives pour notre avenir.
C'est dans cet esprit que je réunis aujourd'hui à Paris les trois futures Commissaires issues des pays de l'élargissement : la Lituanienne Dalia Grybauskaite, la Polonaise Danuta Hubner, la Lettone Sandra Kalniete, ainsi que Frédérique Ries, nouvellement nommée secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Belgique. 2004 est une année historique pour l'Europe, elle doit l'être aussi pour l'Europe des femmes. A l'occasion de notre réunion, qui est sans précédent, nous appelons à l'invention de nouvelles formules qui permettent aux femmes européennes de mieux s'exprimer à travers un forum permanent de dialogue sur Internet. Nous demandons aussi l'édition régulière d'un "Recueil des bonnes pratiques" en matière d'égalité hommes-femmes afin que le meilleur de ce qui se fait dans un pays puisse être transposé chez les autres. Comparaison ne vaut-elle pas raison ? L'Europe qui se dessine devra être celle de tous ses citoyens et de toutes ses citoyennes. Engageons-nous donc résolument dans la dynamique citoyenne de l'Union en transformation
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2004)