Déclaration de Mme Marie George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur la signification de la victoire du "non" au référendum sur la Constitution européenne (rejet des logiques libérales), affirmant l'exigence d'une autre construction européenne, dégageant les leçons à tirer du rassemblements des forces de gauche autour du "non" et formulant les propositions du PCF pour poursuivre le mouvement, à Paris le 11 juin 2005.

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Circonstance : Consil national du PCF à Paris les 10, 11 et 12 juin 2005

Texte intégral

Chers Camarades,
Notre peuple vient de remporter une victoire historique. Mobilisé de manière saisissante, il s'est prononcé massivement contre le traité constitutionnel qu'on voulait lui imposer.
Une grande victoire populaire.
Nous venons de connaître un moment exceptionnel de la vie de notre pays, marqué par un débat populaire comme nous n'en avions pas connu depuis longtemps. Et pourtant, pour passer une fois de plus en force, sans et malgré le peuple, une véritable armada était réunie. Propagande d'Etat, déferlement médiatique, appel à la rescousse de tout ce que l'Europe compte d'éminents dirigeants, experts et notables, culpabilisation de toute opinion contraire, insultes même : tout a été fait pour faire céder les consciences et arracher la décision. Du jamais vu ! Mais rien n'y a fait. Les hommes et les femmes de notre pays se sont emparé des enjeux, en ont débattu, se sont forgé leur conviction et ont choisi de rejeter le texte qui leur était soumis en toute connaissance de cause. Ce vote est un vote de liberté.
Cette victoire, elle appartient en propre à notre peuple. Voici vingt ans qu'il cherche des solutions et des issues, voici vingt ans qu'il a le sentiment que fondamentalement les choses ne bougent pas, voici vingt ans qu'il s'interroge sur l'utilité et l'efficacité de la politique. Cette désespérance a parfois conduit des hommes et des femmes dans des impasses, dans des raisonnements inacceptables, dans une mise en retrait à l'égard de la politique. Mais peut-être notre peuple a-t-il senti avec ce référendum que s'il laissait faire, ce sont ses conditions de vie mais aussi sa liberté de choix qui était en jeu, alors il a décidé de non seulement se faire entendre mais de s'en mêler. Vous avez comme moi entendu ce retour de la politique sur la place publique. Cet engagement populaire a construit la victoire.
Le rôle décisif de l'engagement militant.
Cette majorité a été construite par tous les militants et militantes du " non " à gauche. Je voudrais ici saluer l'extraordinaire et inlassable travail de terrain de chacune et de chacun, un travail d'argumentation précis et politique. Leur façon, face au piège du "c'est le traité ou le chaos" d'ouvrir la porte à d'autres choix a été décisive. On les a accusés de rêver, ils ont gagné.
Le retour de notre Parti au cur de la vie politique.
Chacun, chacune, comprendra que je souligne particulièrement l'engagement des communistes, disponibles et déterminés. Non pas seulement pour rendre hommage à leur mobilisation exceptionnelle et à la qualité de leur apport. Mais aussi parce qu'ils ont joué un rôle décisif reconnu dans le rassemblement qui a permis la victoire. Notre Parti a repris place ainsi au cur de la vie politique de notre pays. En soi, cela constitue un fait politique majeur qui ouvre une brèche dans la bipolarisation et redonne du sens au débat politique. Cela nous confère d'immenses responsabilités.
I. Le sens de cette victoire au cur des enjeux du débat politique
Le " non " l'a emporté nettement, mais tout de suite les tenants du oui ont voulu dénaturer ce qu'il disait. Notre peuple n'aurait pas répondu à la question posée. Il aurait manifesté une mauvaise humeur, il n'aurait pas compris. Ou pire : il aurait sombré dans la xénophobie. Ils n'ont pas été très fair-play dans la campagne, ils sont aujourd'hui très mauvais perdants.
Mais le sens du vote est clair : il exprime un rejet des politiques libérales menées en Europe et en France, le refus d'une constitution imposant ces politiques pour des décennies, une "camisole libérale". Il a exprimé aussi le refus du "il n'y a pas d'autres choix possibles". C'est un vote de résistance à la mise en concurrence des peuples, des salariés, c'est un vote d'espérance en une autre Europe, une autre politique. C'est un vote porteur d'une exigence démocratique, celle d'être acteurs, actrices de la construction européenne.
Un rejet des logiques libérales qui marque la fin d'un cycle ?
Depuis le milieu des années 70, après une période de progrès sociaux et démocratiques marquée par la Résistance et la Libération, notre pays, tout comme le reste du monde, confronté à la crise systémique du capitalisme, a été marqué par l'utilisation de nouvelles technologies au service de la domination des marchés financiers et il a été balayé par une vague libérale qui a donné ses bases à la mondialisation capitaliste.
La construction européenne, qui aurait pu être source de progrès, a été placée au service de cette nouvelle offensive. Elle a impulsé un remodelage de nos sociétés et provoqué la destruction de pans entiers de notre industrie et de notre agriculture, une régression sociale caractérisée par un chômage de haut niveau, la précarisation, le démantèlement des droits sociaux, des services publics Elle s'est accompagnée d'une crise de notre système politique avec la tentative d'installation d'un bipartisme stérilisant.
Depuis le milieu des années 90 -en France notamment avec le puissant mouvement social de 1995, et dans le monde avec le développement du " mouvement altermondialiste "- monte le rejet des conséquences de cette vague libérale. Mais ce rejet a buté sur l'absence d'alternative provoquant résignation et désespérance.
Dans ce contexte, cette victoire populaire du non réouvre l'espoir, la possibilité d'enrayer ce cycle libéral.
L'exigence d'une autre construction européenne
On connaît l'attachement de nos compatriotes à l'Europe, ce n'est donc pas là ce qui est en cause, nous n'en sommes plus au débat tel qu'il nous avait été imposé pour Maastricht. Ce " non " est coloré d'envie d'une Europe généreuse et solidaire. Et en cela, il porte un cinglant désaveu aux chefs d'Etat et de gouvernement qui ont dans le consensus, placé l'Europe sous la domination des dogmes de la concurrence libre et non faussée, de la libre circulation des capitaux.
L'événement français n'est pas à séparer d'une dynamique plus vaste en Europe. Les Pays-Bas, autre pays fondateur de l'Union, viennent de rejeter le texte de façon extrêmement nette. Et il faut entendre ce que les peuples allemand, italien, portugais ont exprimé dans les urnes. " La peur a été plus forte que le rêve ", a déclaré le président du Parlement européen. Je dirais plutôt que c'est l'espoir qui a été plus fort que le cauchemar.
Il est prévu que le Conseil européen "se saisisse de la question" si un ou plusieurs Etats ont "des difficultés" à le faire adopter. Mais nous ne sommes pas dans ce cas de figure quoiqu'en pensent Villepin et Borloo. Pour entrer en vigueur, ce texte devait être ratifié par tous les Etats-membres. Deux pays fondateurs de l'Union ont tout simplement refusé de le ratifier. Le traité établissant une Constitution pour l'Europe ne verra pas le jour. C'est un tournant dans l'histoire de l'Europe qui appelle sa refondation.
Refonder l'Europe
Le statut du traité constitutionnel était de se substituer aux traités existants et de donner ses fondements à l'Union européenne. C'est à ce niveau qu'une nouvelle discussion doit s'engager : une redéfinition des politiques économiques, sociales, environnementales, extérieures de l'Union européenne et de ses institutions. Une discussion qui doit faire droit aux exigences de transformation sociale des peuples et à leur volonté d'intervenir.
Elle ne saurait être laissée aux instances qui viennent d'êtres désavouées : Conseil européen, Commission ou nouvelle " convention " Le Parlement européen, seule instance disposant d'une légitimité démocratique, et les parlements nationaux doivent être moteurs et, surtout contribuer à créer les conditions d'un réel débat démocratique, dans chaque pays et à l'échelle de l'Union.
C'est la question décisive : créer un cadre, une méthode permettant aux peuples européens et à leurs forces politiques, syndicales, associatives d'être les acteurs, actrices d'une nouvelle construction de l'Europe. Partir des droits des hommes et des femmes qui la composent, donner les réponses institutionnelles, économiques, sociales qu'ils appellent.
C'est ce chantier qu'il faut mener à son terme. Quel sera son aboutissement ? Nous savons que la nature même du texte à écrire fait débat. Ne fixons pas a priori la réponse, engageons la discussion.
Dans cette refondation de l'Union européenne, pensons monde. Faisons qu'elle interpelle les institutions internationales - et je veux parler notamment de l'Organisation Mondiale du Commerce, à la tête de laquelle vient d'être nommé le commissaire européen français qui a mis en uvre la politique commerciale de l'Union. L'Europe doit peser pour une autre conception des relations entre les peuples. L'Europe devrait notamment, dans les négociations à venir, venir grossir le mouvement anti-AGCS.
Un événement politique majeur dans l'histoire de notre pays
Tournant en Europe, le vote du 29 mai constitue aussi un événement politique majeur dans l'histoire de notre pays. Cette victoire a été possible par une mobilisation militante et citoyenne sans équivalent depuis la campagne de 1981 qui avait permis de chasser la droite au pouvoir depuis plus de vingt ans, et de faire gagner une gauche porteuse d'un immense espoir de changement. La comparaison s'arrête là, de par la nature différente des deux scrutins et des dynamiques historiques à l'uvre. La victoire de 1981 apparaissait comme une anomalie dans la déferlante libérale sur laquelle elle s'est brisée, tandis que se développe aujourd'hui une contestation planétaire et mondiale du libéralisme.
Cependant de nombreux obstacles demeurent pour avancer dans la voie d'un vrai changement. Les potentialités du monde d'aujourd'hui sont stérilisées par la mondialisation capitaliste, la superpuissance des Etats-Unis, la violence des décisions du FMI et de l'OMC, la montée des nationalismes et des intégrismes. Dans notre pays, la situation politique est explosive, marquée notamment par un entêtement et une radicalisation dangereuse de la droite et une absence d'alternative. Mais elle a brusquement mûri, au-delà de ce que nous pouvions imaginer.
L'exigence d'un changement profond de politique en France
La majorité des salariés, des ouvriers, des employés, des chômeurs, des agriculteurs, des jeunes a dit " non ". Ce vote, dans sa composition sociologique est révélateur de souffrances sociales massives. Le vote des professions intermédiaires indique qu'elles-mêmes ne sont pas épargnées, loin s'en faut. C'est un vote des dominés, des exploités contre un système qui les domine, c'est un vote qui traduit la persistance de rapports de classe. Les dominants, cette fois-ci, n'ont pas réussi à imposer leur point de vue. On nous décrit une société marquée par l'éclatement, nous avons une société au bord de l'explosion. L'éclatement, oui, si l'on veut dire la diversité réelle des situations vécues, entre un précaire, un employé de PME, un ouvrier dans une grosse unité de production, un ingénieur en mission temporaire, ou un agent de la fonction publique. Mais en réalité, ce sont des hommes et des femmes qui ont des intérêts et des aspirations communes et que l'on cherche inlassablement à diviser. La force de ce vote est de rappeler cette domination, l'exploitation uniforme qui frappe partout, celle de la loi de l'argent et le besoin de rassemblement. Il appelle un changement profond de politique : une rupture avec les dogmes du libéralisme pour répondre enfin aux attentes populaires. Il appelle l'arrêt de la casse sociale, de la casse démocratique.
Mais ce vote, la droite au pouvoir ne veut, et n'importe comment, n'est plus en capacité de l'entendre. C'est un pouvoir dangereux. C'est la fuite en avant. Fuite en avant ultra libérale avec une attaque sans précédent annoncée par Villepin contre le code du travail. Une attaque dont la violence s'illustre dans les deux ans à l'essai. Une attaque contre la démocratie avec l'appel aux ordonnances. Une attaque contre la dignité humaine avec la politique de sélection en matière d'immigration. Une attaque qui vise aussi les femmes avec la suppression de la délégation aux droits des femmes. En soi, ce gouvernement est une provocation. Face au désaveu, la droite a choisi d'utiliser la force. Elle renforce l'Etat-UMP avec, jamais vu dans la République, un ministre de l'Intérieur, président du parti au pouvoir.
Il aurait été plus que sage, après ce résultat, de rendre la parole à notre peuple afin qu'il décide, après sa mobilisation référendaire, de l'avenir. La droite a décidé de poursuivre sa politique de régression alors que cela fait trois fois qu'elle est désavouée dans les urnes, tout en l'étant au quotidien dans la rue. Nous allons au-devant d'une grave crise pour la démocratie. Si elle devait continuer à gouverner contre le peuple. Et il faut se tenir prêt à toute éventualité, car nul ne peut prévoir dans quelle situation sera le pouvoir en place d'ici quelques mois, peut-être d'ici cent jours. Rarement, nous avons connu une telle rupture entre le peuple et ceux qui le gouvernent.
L'accélération et l'approfondissement du débat politique à gauche
Mais peut être que la solution réside dans l'accélération et l'approfondissement du débat politique à gauche. Nous y avons travaillé dès le lendemain du 21 avril 2002, il a connu, pendant cette campagne une formidable accélération.
A travers le projet de traité constitutionnel, la question était là: se résigner à ce compromis libéral ou dire non pour laisser ouverte la porte du changement ? Après de longs mois de débat, le peuple de gauche s'est prononcé. De façon majoritaire, il a dit ce qu'il attendait de la gauche : qu'elle soit courageuse, qu'elle affronte les puissances d'argent depuis le grand capital jusqu'à la Banque Centrale Européenne, qu'elle porte l'espoir d'une Europe, d'un monde différent, plus juste, plus solidaire, plus humain. Ce vote est un appel à rassembler nos espoirs.
Pour cela, parce que le temps presse, je voudrais dès aujourd'hui inviter toute la gauche à pousser le débat.
Quand le Parti socialiste fermera-t-il enfin la " parenthèse " ouverte en 1983 ?
Le week-end dernier, la direction du Parti socialiste a confirmé son choix en opposition avec la majorité des électeurs de gauche. En sanctionnant ceux de ses dirigeants qui avaient porté dans la campagne les espoirs du " non ", elle a signifié que le vote du 29 mai n'aurait pas d'incidence sur son positionnement.
Elle a décidé d'un congrès extraordinaire. Ce congrès répondra-t-il aux questions posées par des hommes et femmes de gauche. Le Parti socialiste va-t-il se décider à remettre en question le virage qu'a constitué en 1983 l'ouverture d'une supposée parenthèse qui n'a jamais été refermée ? Va-t-il admettre que c'est le refus de rompre avec les logiques libérales avec ce que d'aucuns appellent le social libéralisme qui a provoqué les échecs successifs et de plus en plus violents de la gauche en 1986, 1993 et 2002 ? Va-t-il entendre que la gauche est appelée par le peuple, à inventer les réponses à gauche qu'appellent la mondialisation capitaliste et le libéralisme ? Va-t-il se saisir des possibilités ainsi ouvertes de changer vraiment le cours des choses ?
Toutes les forces à gauche sont saisies de questions stratégiques profondes. Les Verts, les Radicaux de gauche, la LCR devront également en débattre. Ce débat est exigeant mais nécessaire. Nous voulons, pour notre part qu'il se poursuive, et nous avons vu que lorsque le peuple s'en mêle, tout peut changer.
L'espoir naissant à gauche d'une alternative au libéralisme
Disant cela, je ne prétends évidemment pas que notre parti aurait toutes les réponses : j'affirme au contraire que la seule façon de répondre aux attentes de notre peuple est que la gauche, toute la gauche se rassemble, dans un débat exigeant et sans tabous, pour construire ensemble l'alternative politique nécessaire.
C'est d'autant plus urgent qu'à gauche, l'espoir d'une alternative aux politiques libérales a rencontré, le 29 mai, des résonances nouvelles. Nous avons uvré inlassablement au rassemblement des hommes et des femmes de gauche pour conforter la dynamique populaire. Et je veux ici saluer le rôle important de l'Humanité, seul quotidien national à porter le " non ", qui a non seulement alimenté le débat en informations et en analyses, mais qui a également uvré à rendre visible ce rassemblement en donnant la parole à ces hommes et ces femmes avec qui nous avons mené bataille. A commencer par les responsables politiques ou les personnalités que sont Jean-Luc Mélenchon, Francine Bavay, Henri Emmanuelli, Laurent Fabius, Olivier Besancenot, Georges Sarre, Christine Taubira, Emile Zuccarelli, Claire Villiers, José Bové, Danielle Mitterrand et bien d'autres.
Des hommes et des femmes de gauche de toutes les sensibilités ont choisi et veulent pour la gauche une autre voie que celle qui fut la sienne ses dernières années. Nous avons fait l'expérience que, dans le respect de nos différences, nous pouvions nous rassembler sur des contenus d'un haut niveau politique. Cette capacité de rassemblement a créé beaucoup d'enthousiasme et d'espoir. Même si rien n'est joué, il ne faut pas perdre ce bien précieux et surtout le faire fructifier avec toute la gauche à l'avenir.
L'engagement d'une partie importante du mouvement syndical et associatif
J'ajoute que, durant cette campagne, la question des rapports entre mouvement syndical, mouvement social et politique a été posée avec acuité. Les prises de positions franchement critiques à l'égard du texte de nombreuses organisations syndicales comme la CGT, la FSU, SUD, la Confédération paysanne, le MODEF mais aussi les associations ont fortement marqué le débat d'exigences sociales et de propositions pour une autre Europe. L'engagement d'organisations comme ATTAC, la fondation Copernic a joué un rôle marquant.
La montée de mouvements revendicatifs, les journées d'action syndicales du début d'année, notamment sur les salaires et l'emploi, les manifestations sur les services publics, les actions des agriculteurs, ont contribué à rendre visibles les préoccupations sociales fortes du moment. Le débat féministe sur les droits des femmes, la ténacité des lycéens et des lycéennes, la mobilisation des immigrés pour leurs droits Tout cela a permis d'établir un lien entre ces réalités vécues et les perspectives tracées par le traité.
L'actualité européenne, avec la directive Bolkestein, notamment, a interpellé les salariés très directement, et donc leurs organisations.
Des syndicalistes se sont engagés avec force dans la bataille. Le résultat et notamment la clarté du vote des salariés est une donnée nouvelle qui aura d'importantes conséquences et constitue un atout dans les batailles à venir.
La question d'une VIe République
En somme, le 29 mai apparaît comme ouvrant une nouvelle saison. Il comporte une forte dimension institutionnelle et démocratique. Car l'une des leçons du scrutin est le décalage massif, entre notre peuple et ses représentants. Chacun admet que, si la voie parlementaire avait été adoptée, le résultat aurait été absolument contraire à la décision du peuple. Le débat que nous venons de vivre a montré les potentialités du débat démocratique, et le besoin de saisir en permanence les hommes et les femmes des grands choix qui les concernent. La crise de nos institutions, latente depuis longtemps déjà, prend un tour nouveau et une profondeur accrue. La question d'une VIe République doit nécessairement être posée.
Tout appelle à ce que s'ouvre également un grand débat sur la place des médias dans la vie démocratique. La pétition lancée par des journalistes eux-mêmes va dans ce sens.
Chers camarades,
La victoire du " non " est un événement historique marquant. Elle résonne de par le monde qui s'étonne, veut comprendre, espère. Elle met la construction européenne en question et fait sauter des verrous dans toute l'Europe, où le débat s'aiguise, et où des voix s'élèvent pour appeler à bâtir une autre Europe. Dans notre pays, la vie politique en est bousculée. Nous sommes au-delà de la crise politique dans une crise de société. L'ampleur des questions posées place notre peuple à un carrefour de son histoire. Il nous faut tirer toutes les leçons de ce résultat et de la bataille qui l'a précédée, de la situation nouvelle créée pour notre parti, des leçons à en tirer.
II. La place et l'apport de notre parti dans la campagne. Les leçons à en tirer.
Dans cette bataille, notre parti est apparu comme une force solide, ouverte, rassembleuse. Nous l'avons engagée, dès septembre 2003, en révélant la partie III du traité; nous l'avons accentuée en mettant la constitution européenne au cur de la campagne des élections européennes de juin 2004 et nous l'avons poursuivie avec intensité jusqu'au 29 mai 2005. Mobilisés pour informer, alerter, ouvrir des perspectives portant des propositions et des idées mettant à disposition les moyens de leur parti au service de la victoire ; engagés dans des collectifs pour le " non " et l'appel des 200, les communistes ont, partout en France, agi à l'unisson. Nous n'avons pas été seuls dans cette bataille, loin s'en faut et ce fut une chance, mais nous avons occupé une place importante et singulière. Quel a été notre apport à la victoire du " non " ? Et quels enseignements nous faut-il en tirer pour la suite ?
Affirmer clairement le niveau de l'ambition possible
D'abord, il n'y a pas de mobilisation sans espoir. L'un de nos apports à la victoire, et l'une des conditions de la dynamique qui s'est développée, a été incontestablement d'avoir diagnostiqué la possibilité de gagner, et d'en avoir dès le début affirmé l'objectif. C'est une leçon capitale, qui nous oblige pour aujourd'hui à nous poser à nouveau la question de l'ambition de nos objectifs.
De fait, le vote massif du monde du travail et du peuple de gauche pour le non constitue un rassemblement populaire majoritaire, mais il serait erroné de prétendre qu'il rendrait automatiquement possible un rassemblement majoritaire pour une alternative à gauche. Il serait tout à fait naïf de paraître ignorer la diversité des positions de celles et ceux qui, à gauche, ont rendu possible la victoire du non, ainsi que celles et ceux qui, à gauche, ont choisi le "oui". Mais il s'agit d'un appel sans précédent à ce que la gauche, toute la gauche, se rassemble sur un programme politique rompant avec le libéralisme. Il élève d'une façon que nous ne pouvions même pas prévoir voici quelques mois, le niveau du possible.
Proposer dès aujourd'hui l'objectif de forger à gauche une " Union populaire " pour changer nos vies.
Il ne s'agit donc pas de témoigner pour l'avenir. Ce que nous devons viser concrètement, c'est, dès maintenant, la constitution d'un rassemblement populaire majoritaire ouvrant une véritable alternative politique à gauche ; un rassemblement capable de s'opposer immédiatement aux projets de la droite et du Medef ; un rassemblement capable, dès les prochaines échéances électorales, d'emporter la victoire sur des bases anti-libérales et d'ouvrir une nouvelle page politique.
Cet objectif est plus ambitieux encore que la victoire du " non ". Il s'agit de forger à gauche une "Union populaire pour changer nos vies". C'est-à-dire : une gauche rassemblée avec son peuple sur un projet audacieux. Un projet élaboré dans une démarche populaire et citoyenne.
La question des contenus
La deuxième dimension de notre apport, c'est une connaissance et une analyse des enjeux européens. L'option libérale qui réduit en miettes les droits des salariés et des individus, qui exacerbe la concurrence entre les hommes et les femmes, qui laisse un petit nombre décider en fonction de ses intérêts, est apparue ainsi clairement comme ravageuse et inacceptable. C'est le système capitaliste lui-même avec sa doctrine politique du moment qui a été montré du doigt.
Nos arguments, ceux de Francis Wurtz - dont l'apport dans la campagne fut essentiel- ont été repris par nos partenaires, ciblés par nos adversaires. Notre perception du texte lui-même, de la trajectoire de l'Union européenne, de sa réalité actuelle, de ses projets à venir ont permis de nourrir le débat, de donner à voir et à comprendre de la réalité des choses. L'Humanité, mais aussi Economie et Politique et Regards en ont été des acteurs.
Nous avons travaillé à ce que le " non " soit un " non " d'espoir, qui ouvre sur un autre avenir, sur d'autres possibles. A la mise en concurrence, nous avons opposé le partage et la coopération ; au nivellement par le bas la nécessité de progrès social et d'harmonisation par le haut ; à la marchandisation généralisée, le développement des services et entreprises publics, celui des dépenses publiques utiles ; au règne de la finance, l'exigence d'une BCE sous contrôle démocratique visant une politique monétaire et de crédit génératrice d'emploi, de qualification et de croissance nouvelle ; à la soumission à l'OTAN, la définition d'une politique étrangère solidaire et pacifiste.
Ainsi, nous avons porté des propositions communistes qui ont été enrichies encore dans cette campagne. Dans les travaux collectifs amorcés, elles ont beaucoup compté. L'espoir s'est nourri ainsi de propositions concrètes montrant le chemin possible d'une autre Europe. Là aussi, il s'agit d'une des leçons essentielles que nous devons retenir. Ouvrir une alternative politique exige que notre peuple puisse se saisir des contenus concrets qui la définissent, et participe directement à l'élaboration du programme politique.
De ce point de vue, l'expérience que nous venons de faire montre que le niveau des idées que nous défendons n'est pas un obstacle, mais un atout pour le rassemblement. Et notre clarté de positionnement politique a été un ferment pour la qualité du dialogue. Travailler avec d'autres, élaborer ensemble des propositions qui nous rassemblent demande que nous soyons nous-mêmes.
Etre nous-mêmes pour mieux rassembler : un tel objectif ne peut être atteint sans développer et approfondir notre propre projet communiste. Notre dernier congrès nous a donné mandat de poursuivre et d'accélérer un travail de fond sur le communisme lui-même, pour contribuer à l'émergence d'une conception moderne de l'émancipation humaine.
Ce sont d'immenses questions que nous devons prendre à bras-le-corps : comment produire et partager les richesses dont l'humanité a besoin ? quelle conception et quels partages des pouvoirs pour permettre à chaque être humain, à chaque peuple, à l'humanité elle-même de maîtriser son destin ? comment faire reculer dans tous les domaines de la vie sociale les processus de domination, exploitation, discrimination, aliénation ? comment sécuriser l'emploi et la formation ? comment permettre à tous les peuples du monde de mettre en commun leurs atouts pour vivre ensemble en paix et préserver notre planète pour les générations futures ?
Partout, en France et dans le monde, des femmes et des hommes, des forces se posent à nouveau ces questions et cherchent les réponses. Pourquoi ne prendrions-nous pas l'initiative, en lien s'ils le souhaitent avec Espaces-Marx, le réseau européen " Transform ", la Fondation Gabriel Péri, l'OMOS, nos revues, et d'autres encore, d'organiser dès la fin de cette année une grande rencontre internationale pour ouvrir le chantier du communisme du 21ème siècle ?
Aller vers la co-élaboration populaire d'un véritable programme politique de transformation sociale
Dans le même temps, nous devons, en nous appuyant sur tout ce qui a bougé dans les consciences, à partir de la vie, des besoins et des aspirations des hommes et des femmes contribuer à concrétiser l'alternative.
Les idées et propositions que nous avons rendues publiques au début de l'année avec nos " 27 objectifs pour un programme politique résolument à gauche " sont une première contribution. Elles ont été adressées à toutes les organisations progressistes, nous voulons les présenter aux forces syndicales.
Tout doit être mis en débat pour contribuer à la co-élaboration populaire d'un véritable programme politique de transformation sociale. Nous voulons permettre à notre peuple d'intervenir, de bâtir lui-même un programme de progrès qui réponde aux attentes et aux aspirations. C'est ainsi, en nous basant sur les contenus que nous pourrons être utiles à une dynamique populaire, au rassemblement. C'est ainsi, en offrant à notre peuples des voies pour concrétiser ses espoirs, que nous ferons reculer vraiment les populismes et les thèses haineuses de l'extrême-droite.
Notre démarche de rassemblement de toute la gauche
La victoire du "non" doit évidemment beaucoup au large rassemblement dont nous avons été des acteurs.
Dès le début, nous avons appelé toutes celles et tous ceux, femmes et hommes, militant-e-s et organisations de gauche qui entendaient défendre ensemble un non européen, généreux et solidaire, à se rassembler pour gagner. Nous avons uvré à rassembler toute la gauche sur cet objectif. Nous avons repoussé toutes les tentatives qui voulaient nous pousser à fermer la porte aux uns ou aux autres. Nous nous sommes toujours positionnés à partir du contenu et sur ces bases, nous avons agi. C'est pourquoi nous avons été partie prenante de toutes les initiatives qui se sont constituées selon ce principe. Et nous avons systématiquement ouvert nos propres initiatives, sans aucune exclusive à gauche. Ce " tous ensemble " que nous avons contribué à bâtir a été scandé dans tous les meetings.
Nous nous sommes attachés sans relâche à ce que cette démarche conserve son caractère populaire. Nous avons refusé là aussi, d'où qu'elle viennent, les propositions visant à nous enfermer dans tel ou tel cartel d'organisations ou de leaders politiques. De bout en bout, nous avons fait porter notre effort sur la mobilisation populaire, sur la possibilité donnée à toutes les femmes et tous les hommes qui le souhaitaient, organisés ou non, de s'approprier la démarche et de devenir directement, dans les réunions et les débats, dans les collectifs, acteurs de la bataille politique.
Cette démarche a été une clef du succès. Et reconnue comme telle. Tous les acteurs de cette campagne exaltante soulignent non seulement le rôle militant et idéologique décisif qui a été le nôtre, mais aussi la capacité de rassemblement que nous avons manifestée. Certains actes l'ont symbolisé avec beaucoup de force, comme le partage de notre temps de parole officiel et l'ouverture de nos estrades.
Poursuivre le mouvement amorcé
J'ai lu récemment dans la presse l'idée que nous faisions un " grand écart ". Je veux là-dessus faire une petite mise au point, pour nous d'évidence. Qui peut penser un seul instant qu'il faudrait agir en considérant l'état des choses comme immuable ? Les dynamiques populaires font bouger les choses. Il nous faudrait "choisir un camp" ? Eh bien non. Nous continuerons à travailler au rassemblement le plus large possible de la gauche sur une alternative de changement réel. Et je constate que ce projet a déjà porté du fruit, et que des hommes et des femmes de gauche, des organisations, divers et en nombre croissant, essayent de converger sur ces bases audacieuses. Ce mouvement n'est pas achevé, il s'engage. Il se poursuivra à la condition de tenir le cap de cette démarche. Chacune, chacun, homme, femme, organisation doit pouvoir en permanence apporter ses idées et ses propositions. Le monde du travail et de la création, les forces vives de notre peuple qui ont joué un rôle décisif dans la victoire ne sont pas une force de pression ou un réservoir de voix : ce sont les acteurs déterminants d'un processus qui doit permettre de construire un projet conforme aux attentes populaires ; et c'est de leur intervention active, porteuse de cet espoir, que peut seule naître la dynamique qui permettra de l'emporter. Pour rassembler, il faut se préoccuper de sens et de contenu, il faut se préoccuper de construire du commun. Un commun qui doit être ambitieux.
Chers camarades,
Je veux souligner ces trois dimensions indispensables à une démarche politique qui veut restaurer la dynamique de l'espoir : partager les constats sur la réalité vécue et l'analyse des causes, développer des solutions aux problèmes posés, proposer un chemin collectif crédible pour rassembler.
Cette expérience est riche et précieuse. Pensions-nous, en décidant de nos orientations lors de notre dernier congrès, que les changements politiques auxquels nous voulions travailler se dessineraient si vite ? Attention, rien n'est joué, évidemment. Nous savons bien que tout ne dépend pas de nous. Certaines forces politiques peuvent tourner le dos, pour aujourd'hui, à cette ambition nécessaire. Mais quoiqu'il arrive, notre objectif doit être de créer un rassemblement d'une telle diversité et d'une telle ampleur qu'il change radicalement la donne politique dans notre pays. Cette campagne, cette victoire de notre peuple sont un encouragement considérable sur notre route. Soyons au niveau des attentes.
III. Nos objectifs dans la période qui s'ouvre
Aussi dans la période qui s'ouvre, nous devons ensemble nous fixer quelques grands axes de travail, et quelques objectifs.
Faire respecter les choix du peuple français
Tout d'abord, nous devons tout faire pour que le vote des Françaises et des Français soit respecté et mis en uvre. Les 16 et 17 juin prochains, se tiendra un conseil européen. Le 16, vont se tenir dans chaque département, et Place de la République à Paris de grandes initiatives unitaires pour manifester cette idée simple : Monsieur le Président, respectez le mandat populaire, retrait du traité, négociation. Les Verts ont décidé d'appeler, avec leurs propres motivations, à ces initiatives, signe que le mouvement à gauche se poursuit.
Cela signifie également l'arrêt immédiat des mesures programmées à l'agenda de Lisbonne pour 2005-2010. Le fiasco de la première phase de mise en uvre a été constaté par la Commission elle-même qui en tire comme leçon : poursuivons. C'est inacceptable. C'est le sens de la pétition lancée afin que soient abandonnées toutes ces directives libérales. L'objectif : obtenir un million de signatures. Un clin d'il à feu le traité et son droit de pétition !
Nous proposons en ce moment à tous les parlementaires de gauche qui ont soutenu campagne du non de s'adresser ensemble au président de la République pour qu'il respecte la volonté populaire et retire du traité la signature de la France.
Enfin, il me semble indispensable de prendre une initiative pour interpeller le Gouvernement et les autorités européenne sur l'exigence immédiate d'un changement radical de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne afin de favoriser l'emploi et la formation.
Je le redis aujourd'hui : ces exigences sont celles du peuple français. Nos gouvernants doivent s'y soumettre ou se démettre.
Construire la perspective d'une autre Europe
A l'échelle européenne, les forces qui, d'une manière ou d'une autre, contestent le libéralisme sont très diverses et leurs propositions le sont tout autant. Peut-on imaginer une convergence autour d'exigences partagées ? Nous sommes partie prenante, avec l'" Appel des Européen-e-s en solidarité avec le non français " et le groupe GUE-NGL au Parlement européen, d'une première Conférence de travail européenne, ouverte à des représentants de forces politiques, syndicales, associatives, de mouvements sociaux de tous les pays européens, qui se tiendra les 24 et 25 juin à Paris, au siège de notre parti. Il s'agira d'un premier échange sur la période qui s'ouvre, le cadre à construire pour permettre concrètement un vaste débat démocratique, les objectifs immédiats et les grands axes d'une transformation de l'Europe. La réunion du PGE de lundi dernier a été saisie de cette proposition.
Organiser la contre-offensive au gouvernement Villepin-Sarkozy
En France, organisons la contre-offensive au gouvernement Villepin-Sarkozy, qui est déjà illégitime. Pour cela, il faudra être au service des luttes sociales et développer une action politique déterminée. Je vous propose six grands objectifs. Débattons-en.
Face à une droite qui ne pense que réduction des charges patronales et flexibilité, un Grenelle des salaires, de l'emploi et des qualifications est aujourd'hui plus indispensable encore qu'hier.
Face à une droite qui déréglemente la préservation du code du travail, la promotion de nouveaux pouvoirs et de nouveaux droits pour les salariés doivent faire l'objet d'une grande mobilisation.
Face à une droite qui ne pense que privatisation, on le voit avec l'ouverture du capital de GDF, le bradage de France Télécom et du secteur autoroutier, la défense des services et entreprises publics nécessite de déployer de nouvelles initiatives pour des services publics étendus et démocratisés. Citons au passage la nécessaire articulation entre l'activité du parti et celle des élus afin de contrecarrer les pressions du pouvoir. Pour ne prendre qu'un exemple, je citerai celui des transports où la libéralisation région par région est au programme.
Face à une droite qui encourage les marchés financiers et généralise la précarité, nous devons contre attaquer pour sécuriser l'emploi et la formation avec les salariés, les précarise, les chômeurs, avec tous ceux qui sont confrontés aux restructurations et délocalisations.
Face à une droite qui menace les immigrés, nous devons amplifier notre mobilisation pour le droit de vote des résidents étrangers et, avec notre campagne "Faisons tomber les murs", avancer sur la lutte contre les discriminations.
Face à une droite qui utilise les ordonnances, nous pourrions développer un axe de bataille sur la démocratie et les institutions. Il nous faut, à partir du travail que nous avons réalisé sur le projet d'une République démocratique moderne, prendre sur ce terrain des initiatives politiques très ambitieuses.
Nous avons la matière à de multiples actions.
Poursuivre et amplifier notre démarche de rassemblement
Depuis le 29 mai se tiennent partout des réunions publiques largement ouvertes, pour ma part, j'aime parler d'assemblées communales, à notre initiative ou à l'initiative des collectifs. Elles font le plein. Il y a beaucoup d'hommes et de femmes motivés pour amplifier le mouvement, faire valoir le résultat du référendum, en tirer ensemble les leçons politiques et envisager l'avenir.
A cette occasion, nous pourrions proposer à tous ceux et celles qui le veulent, de nous retrouver pour se poser ensemble la question de l'alternative politique, pour élaborer un programme pour la gauche. Si les participants définissent d'autres objectifs n'intégrant pas cette proposition, il sera de notre responsabilité d'organiser des forums ouverts comme nous avons déjà su le faire.
Soyons au niveau des attentes : "On a gagné, on continue, tous ensemble" et soyons attentifs à toujours élargir ce "tous ensemble". Tournons nous vers ces hommes et ces femmes de gauche qui ont voté "oui" car ils pensaient qu'il n'était pas possible d'ouvrir la porte à d'autres choix. Adressons-nous sans aucune exclusive à toutes les forces de gauche, syndicales et associatives au plan local comme au plan national.
Nous-mêmes, participons évidemment à toutes les initiatives qui permettent ce type de débat. Les collectifs du "non" se sont créés dans de nombreux endroits. Il s'y manifeste souvent une formidable envie de poursuivre tous ensemble. Naturellement, nous en sommes !
En toutes circonstances, soyons nous-mêmes, assumons notre place, notre rôle de parti politique, portons clairement nos idées, nos propositions, notre démarche. Nous avions acté la décision de rassembler des délégués des forums en novembre prochain. Au regard du cours des choses, il nous faudra mettre cette initiative au service de la dynamique populaire, à sa hauteur.
Dès la rentrée, la Fête de l'Humanité pour "faire le monde ensemble" peut et doit être un moment très fort, une étape de ce rassemblement. Rendez-vous festif, populaire, politique, elle permettra de remettre au centre du débat à gauche, avec toutes les forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes qui le souhaiteront, les aspirations exprimées le 29 mai sur le devant de la scène. Faisons-en un grand moment au service de tous ceux et celles qui veulent construire une alternative en Europe et en France. Elle sera aussi, je crois, un rendez-vous important contre les mauvais coups de la droite et son mépris de la volonté du peuple. Si mes calculs sont bons, les cent jours du gouvernement Villepin nous emmènent dans ces dates-là. La fête pourra lui dresser son bilan. Ce sera enfin l'occasion de porter haut les couleurs de l'Humanité, seul quotidien à avoir donné écho aux aspirations populaires dans cette campagne, afin d'augmenter le nombre de ses lectrices et de ses lecteurs.
Donner à notre parti une grande ambition de reconquête.
Enfin, il nous faut travailler à renforcer ce nouveau souffle qui habite notre parti. Un parti que nous voulons profondément utile à notre peuple, constructif et audacieux. Nous avons enregistré de nombreuses adhésions durant ces quelques mois. Il est essentiel de travailler avec ces nouvelles et nouveaux adhérents à leur place, leur apport dans notre organisation. Mais allons aussi de façon volontaire à la rencontre de celles et ceux avec qui nous avons travaillé, de celles et ceux qui, le 29 mai, ont repris espoir en la politique, ceux et celles avec qui nous avons renoué dès lors dans les quartiers, les entreprises. Les quatre jours de mobilisation pour l'adhésion, du 23 au 26 juin, devraient nous y aider. Quatre jours où militants, responsables, élus, nous allons tous nous mobiliser dans des journées publiques, populaires.
Dans cet effort, nous devons attacher la plus grande importance à la reconquête de notre implantation dans les entreprises et les quartiers populaires. Nous avons bien perçu, durant la campagne, combien le travail militant que nous avons fait pour y être présent avait joué un rôle décisif : c'est bien le vote populaire, celui du monde du travail qui a permis la victoire. Faisons-en, sous toutes les formes appropriées, un axe essentiel de notre activité d'organisation.
Ne faut-il pas lors de la fête de l'Humanité organiser un grand rendez-vous de militantes et de militants des entreprises qui déterminerait notre ambition pour les mois à venir et le suivi de l'effort nécessaire.
Nombreux sont également celles et ceux qui sans souhaiter adhérer veulent travailler avec nous durablement. Nous devons intégrer cette donnée nouvelle. Ils pourront le faire bien évidemment, par le biais des forums ou dans d'autres initiatives. Mais ne faut-il pas leur proposer davantage ? C'est ce que nous avons engagé avec l'Atelier. Trouvons les espaces, dans les fédérations qui ont souvent ces derniers mois été les lieux de rendez-vous des militants du "non", mais pourquoi pas également des sections qui le souhaitent, permettant à ces femmes et ces hommes de trouver avec les communistes des lieux de débat, d'échanges, d'initiatives et d'actions.
Enfin, dans la perspective du débat riche et enthousiasmant qui nous attend à propos du programme pour la gauche et du projet communiste, il nous faut nationalement et localement, à commencer par les commissions de travail, associer à nos propres travaux toutes les compétences et les énergies disponibles. Nombreux sont ceux et celles qui sont prêts à venir confronter leurs idées pour les rendre utiles.
Prévu de façon statutaire en mars prochain, notre congrès viendra à point nommé comme une étape vers les échéances prévues en 2007. Nous devons commencer à prévoir son organisation. La réforme de nos statuts, la définition de nos orientations politiques en vue des batailles annoncées, la désignation de notre candidat ou de notre candidate à l'élection présidentielle... : il y a du pain sur la planche. Nous aurons à bien préparer cet événement, en intégrant le chemin parcouru depuis le congrès précédent, et nos nouvelles ambitions. Il peut marquer un nouveau bond qualitatif pour le combat communiste.
Chers camarades,
Voici les éléments que je voulais vous présenter pour introduire le débat. Ils sont bien sûr loin de couvrir toute la richesse des événements que nous venons de vivre. Le paysage politique va certainement encore bouger. Personne ne peut dire aujourd'hui la portée de l'onde de choc que le "non" de notre peuple a provoqué en Europe et en France.
Pour notre part, soyons en alerte, mobilisés, ouverts. Portons au quotidien la résistance à la droite et au MEDEF. Enracinons nos propositions, un projet d'émancipation humaine dans les luttes et les débats.
Soyons ambitieux pour la gauche, faisons en sorte qu'elle se rassemble sur une véritable alternative. "Fiers d'être à gauche" est le slogan d'une de nos affiches pour l'adhésion, c'est un beau mot d'ordre.
(Source http://www.pcf.fr, le 13 juin 2005)