Point de presse de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, sur les questions liées au terrorisme, à la non prolifération des armes nucléaires, au processus de paix au Proche-Orient et en Irak, et à la violence au Kosovo, Bruxelles le 22 mars 2004.

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Circonstance : Réunion du Conseil affaires générales et relations extérieures, à Bruxelles le 22 mars 2004

Texte intégral

Le premier sujet, grand sujet, qui a été traité lors de notre Conseil Relations extérieures a été bien sûr la lutte contre le terrorisme. Nous avons à la fois un devoir de vigilance et un devoir d'action, car chacun est conscient que la menace terroriste nous affecte tous. Un acte terroriste contre un pays concerne la communauté internationale dans son ensemble. Il ne peut y avoir ni faiblesse ni compromis de quelque sorte que ce soit avec les terroristes. Aucun pays dans le monde ne peut se croire à l'abri. Le terrorisme ne sera vaincu que par une action collective et solidaire, dans la fidélité aux valeurs démocratiques. En préparant le Conseil européen, nous avons marqué trois exigences. Notre premier objectif, c'est la mise en oeuvre par tous les Etats membres des décisions prises depuis le 11 septembre 2001, tel que le mandat d'arrêt européen. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice l'ont rappelé vendredi. La France insiste sur l'exigence d'une coopération opérationnelle en utilisant pleinement tous les moyens disponibles. Nous souhaitons - c'est le deuxième objectif -, que de nouvelles mesures soient adoptées par le Conseil européen : par exemple la désignation d'un coordonnateur, un meilleur partage du renseignement, ou encore des mesures qui peuvent être prises à l'égard des victimes. Enfin, et c'est le dernier point, - c'est d'ailleurs la responsabilité première des ministres des Affaires étrangères - nous devons nous attaquer aux causes mêmes du terrorisme, traiter le mal à la racine. Il faut donc apporter des réponses aux causes du ressentiment, de la frustration et de la haine. Et c'est pour cela que nous mettons l'accent sur la contribution de l'Union européenne au règlement des crises dans le monde ainsi que sur l'unité de la communauté internationale dans ce combat pour la paix, pour la liberté et la dignité de l'homme.
Le deuxième grand sujet que nous avons abordé, c'est l'Iran. Nous avons examiné la question nucléaire en Iran, à la suite de la résolution du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique qui s'est réuni le 13 mars. Les progrès qui ont été enregistrés sont importants : la signature du Protocole additionnel au Traité de non-prolifération, la coopération avec l'Agence, notamment à travers les inspections de l'agence de Vienne qui a eu accès aux sites nucléaires, l'accord, enfin, sur la suspension des activités d'enrichissement et de retraitement. Chacun a convenu qu'il restait des zones d'ombre. L'Iran doit continuer de coopérer activement avec l'Agence internationale et se mettre en position de ratifier le Protocole additionnel. L'Iran doit également permettre à l'Agence de faire la lumière sur toutes les activités qui préoccupent la communauté internationale. La réunion du Conseil des gouverneurs en juin permettra de faire le point. Nous souhaitons alors pouvoir noter les progrès faits par l'Iran et constatés par l'Agence, de façon à normaliser nos relations avec ce pays, en reprenant les discussions sur l'accord de coopération et de commerce notamment.
Nous avons également abordé la préparation de la prochaine réunion ministérielle entre l'Europe et les partenaires d'Asie, qui, vous le savez, est prévue les 17 et 18 avril en Irlande. L'ASEM est une enceinte de dialogue irremplaçable, pour nous comme pour les Asiatiques. Nous avons rappelé que l'Union serait composée, dès le 1er mai, de vingt-cinq Etats membres : la présence des dix nouveaux membres à l'ASEM va, pour nous, de soi. La seule difficulté, vous le savez, c'est le problème de l'adhésion de la Birmanie, que nos partenaires asiatiques souhaitent simultanée à celle des Dix. Nous avons rappelé la nécessité, pour y parvenir, que la Birmanie puisse accomplir des progrès crédibles dans le processus de démocratisation qu'elle a, elle-même, engagé.
J'ai fait le point sur la situation en Haïti avec une mobilisation forte de la communauté internationale. Des progrès ont été faits, sur le plan politique, sur le plan de la sécurité. J'ai proposé la création d'un groupe de contact sur Haïti, auquel l'Union serait associée, afin de coordonner l'action des principaux contributeurs en vue de la reconstruction politique et économique de ce pays. J'ai plaidé, par ailleurs, auprès de l'ensemble des membres de l'Union pour qu'ils envisagent dans la mesure du possible d'apporter une contribution à la mise en place de la future force de stabilisation qui est prévue par la résolution 1529 des Nations unies, à partir de la fin du mois de mai.
Deux grands sujets vont encore être abordés cet après-midi. Le premier, c'est la stratégie européenne pour la méditerranée et le Moyen-Orient. Le rapport intérimaire de la présidence sur la stratégie européenne pour la Méditerranée et le Moyen-Orient sera donc étudié. C'est pour nous, pour la France, une bonne base qui fixe les principes auxquels nous sommes attachés : d'abord la nécessité d'une démarche de partenariat avec l'ensemble des pays de la région, deuxièmement le respect d'une différenciation entre les situations de chaque pays, le respect des identités et valeurs spécifiques à chaque Etat. Ensuite, c'est la pleine utilisation et la pleine valorisation des instruments de coopération dont l'Union dispose déjà. Nous sommes convenus d'engager rapidement la concertation avec les pays du Moyen-Orient, notamment à l'occasion du prochain Sommet de la Ligue arabe à Tunis. Le partenariat avec la région, que le Conseil européen de juin sera amené à approuver, permettra ainsi à l'Europe de répondre aux demandes et aux attentes qui s'expriment dans cette région en faveur de la paix et du progrès dans tous les domaines.
Le second point qui sera abordé cet après-midi, c'est celui du Kosovo dont vous savez qu'il a été le théâtre de très graves événements au cours de la semaine passée. Nous les condamnons fermement. Nous rappelons notre soutien à la MINUK et à la KFOR, qui ont permis d'éviter le pire. La France a décidé, pour aider à rétablir l'ordre, d'envoyer immédiatement 500 soldats supplémentaires pour renforcer notre contingent de la KFOR. D'autres partenaires de l'OTAN ont également renforcé leurs moyens sur place. Nous appelons les dirigeants kosovars des deux communautés à maintenir le calme. La France condamne toutes les violences qui rappellent les nettoyages ethniques du passé. Nous allons mandater M. Solana pour se rendre à Pristina, en liaison avec le Secrétaire général de l'OTAN. Il sera porteur d'un double message : celui d'un Kosovo démocratique, respectueux de ses communautés, et aussi celui de son rapprochement, à terme, avec l'Union européenne. Voici les principaux points de la matinée et les deux points qui seront donc évoqués dans l'après-midi.
Q - (Sur cheikh Yassine)
R - Ce que nous avons dit ce matin dans une déclaration publique était, me semble-t-il, parfaitement clair. Nous condamnons l'opération conduite contre le cheikh Yassine. Nous sommes convaincus que toute tentative d'assassinats ciblés de cette sorte est illégale. C'est contraire au droit international. Au moment même où nous essayons de donner une nouvelle impulsion au processus de paix, nous sommes très inquiets de voir que la violence prend à nouveau le pas sur nos efforts pour faire la paix. Nous devons tous nous concentrer sur la manière d'apporter une nouvelle impulsion au processus de paix. Je pense que c'est quelque chose qui devrait vraiment être au coeur de l'action de la communauté internationale.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez évoqué la Constitution européenne ? Est-ce que vous voyez une possibilité de débloquer les décisions lors du Conseil européen ?
R - Ce n'est pas un sujet qui était aujourd'hui à l'ordre du jour. Nous sommes tous soucieux de pouvoir aboutir sur ces questions centrales. Nous le voyons bien, dans un monde instable, dans un monde dangereux, nous avons besoin d'une règle commune pour l'Europe. Nous souhaitons donc pouvoir très rapidement aboutir. Nous souhaitons le faire le plus rapidement possible, en tout état de cause, avant la fin de cette année. Nous souhaitons que l'esprit d'ouverture puisse l'emporter et nous espérons que les contacts qui se développent dans la perspective de ce Conseil européen qui se tiendra en fin de semaine permettront de dégager, de rapprocher les points de vue. Nous voulons croire donc que la prise de conscience continuera de s'affirmer et que cette Constitution apparaîtra pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une nécessité pour notre Europe.
Q - Est-ce que vous pensez qu'il est opportun de fixer cette semaine une échéance pour la fin des travaux ?
R - L'échéance, c'est le plus rapidement possible. Nous voyons bien que chaque semaine, chaque mois compte, dans ce domaine. Regardons la scène internationale. Nous voyons cette montée de la violence et du terrorisme. Il est évident que l'Europe a besoin d'affirmer sa vision, son unité, sa volonté. Et la capacité qu'elle aura à se doter d'une Constitution, c'est la preuve même de la prise de conscience par les gouvernements de cette exigence et de cette nécessité. Et je crois que c'est la meilleure réponse que nous pouvons apporter à cette inquiétude et à cette aspiration des peuples de l'Europe. Donc, je le redis, il y a urgence. Le plus rapidement sera le mieux. Et mon sentiment, c'est qu'aujourd'hui, cette prise de conscience est partagée, de plus en plus, par tous les gouvernements de l'Europe. J'ai le sentiment que c'est donc l'esprit d'ouverture et l'esprit de mobilisation qui sera au rendez-vous. J'ai bon espoir que nous pourrons aboutir dans des délais raisonnables.
Q - (sur cheikh Yassine)
R - Votre question, je crois, doit se situer dans le cadre plus large de la montée de la violence et du terrorisme sur la scène internationale. Je l'ai rappelé fortement ce matin devant le Conseil Affaires générales. Notre conviction, c'est, bien sûr, que nous avons un devoir de mobilisation devant la multiplication des actes terroristes. La réunion des ministres de l'Intérieur et de la Justice, vendredi, a marqué clairement cette volonté de l'Union européenne de prendre ses responsabilités, la volonté à la fois d'appliquer pleinement les instruments qui sont en notre possession et de se doter de nouveaux outils indispensables. C'est la base sur laquelle nous travaillons pour préparer ce Conseil européen, et c'est ce sur quoi nous sommes tombés d'accord aujourd'hui entre ministres des Affaires étrangères. Mais la première responsabilité qui est la nôtre, nous, ministres, des Affaires étrangères, c'est de traiter le terrorisme à la source. C'est de nous attaquer aux racines mêmes du mal. Or nous le savons, l'injustice, la frustration, la division sont sources de violence et de terrorisme et nous devons donc nous mobiliser pour avancer dans la voie et dans la recherche d'un règlement pour l'ensemble des crises. C'est vrai en Irak. Nous voyons bien tous à quel point l'échéance du 30 juin est essentielle. Elle doit être préparée pour, qu'à cette date, nous ne fassions pas face à une situation qui n'aura pas été suffisamment préparée et qui ne permettra pas la constitution d'un gouvernement souverain et légitime. De la même façon au Proche-Orient, il faut reprendre, retirer chacun des fils qui permettraient d'avancer dans le sens de la paix. Et il est évident que l'acte israélien ne va pas dans le bon sens. Les assassinats ciblés ont été condamnés par la communauté internationale. Nous les avons condamnés à titre national. Ce n'est pas la solution. Ce n'est pas ce qui permettra de mettre fin à l'engrenage de la violence. Et nous sommes donc convaincus que face à cela, nous avons, effectivement, le devoir de proposition. Nous avons le devoir d'avancer des solutions. Le gouvernement israélien avait évoqué un certain nombre d'hypothèses. Dans ce cadre-là, la communauté internationale avait pour devoir de faire en sorte que, quelles que soient ces hypothèses, et en tout état de cause, un retrait de Gaza, elles s'inscrivent dans le cadre d'un règlement négocié du conflit du Proche Orient. Et c'est pour cela que nous avions envisagé deux idées : la première, c'est la création d'une force d'interposition à Gaza, qui permettait de faire le lien entre la situation de Gaza et la situation de la Cisjordanie, pour avancer vers la création d'un Etat palestinien viable, indépendant. La deuxième, c'est la conférence internationale qui reste, pour nous, d'actualité et qui est la meilleure façon pour la communauté internationale d'affirmer son intérêt, d'affirmer sa mobilisation. De la même façon, pour ce qui est de l'Irak, nous restons convaincus que cette idée de conférence internationale, c'est le meilleur moyen à la fois de mobiliser l'ensemble des forces politiques irakiennes dans le bon sens, c'est-à-dire marquer clairement la distinction entre les forces qui, aujourd'hui, font le choix du terrorisme et de la violence, et celles qui, au contraire, veulent avancer dans le sens du règlement de la paix, et mobiliser la dynamique régionale des pays voisins, mobiliser la communauté internationale. Cette conférence serait à la fois la synthèse de celle qui avait eu lieu à Bonn sur l'Afghanistan, avec une partie conférence nationale et en même temps une dimension internationale, pour mobiliser la communauté internationale. Cette dimension nous paraît essentielle, en tout état de cause face à la violence et au terrorisme. C'est l'action, c'est la mobilisation, c'est l'initiative, c'est le mouvement, si nous ne voulons pas que les terroristes nous dictent leur agenda. Donc, de ce point de vue, notre responsabilité est essentielle.
Q - Au Kosovo, c'est justement la violence qui tient tête à la France, aux Etats-Unis, à l'OTAN, à l'Europe...
R - Vous avez raison. Il y a de ce point de vue, une situation que nous déplorons, que nous regrettons et que nous condamnons. Il y a eu des violences inacceptables. Il ne faut pas que cette violence ethnique, que ces affrontements puissent se répéter. Il peut y avoir des débordements. Mais notre responsabilité à nous, c'est de tout faire pour que cela ne se reproduise pas, pour créer les conditions, justement qui empêchent le retour de ces violences. Et c'est pour cela que nous augmentons nos effectifs au sein de la KFOR, que d'autres pays de l'OTAN font de même, et que nous devons faire en sorte que la concertation politique, la responsabilité de l'ensemble des pays de la région et de la communauté internationale s'accélère pour répondre à cela. Il peut arriver que la communauté internationale soit surprise par une violence qui réapparaît même si, vous l'avez rappelé, nous étions mobilisés sur le terrain. Mais nous n'avons pas le droit de baisser les bras. Nous n'avons pas le droit de ne pas faire ce qui est nécessaire pour répondre aujourd'hui à cette situation. Et je crois qu'il faut que chacun prenne la mesure de l'enjeu.
Q - Est-ce que vous pensez qu'un retrait d'Irak des troupes des pays européens, s'il n'y a pas de mandat de l'ONU d'ici le mois de juin, serait sage ou, au contraire, va contribuer à créer un risque d'insécurité ?
R - La coalition, au lendemain de la guerre, a pris une responsabilité. Etant présente en Irak, il était évident qu'une situation de vide ne servirait pas la sécurité et la stabilité de la région et c'est bien pour cela que nous disons qu'il y a urgence. Et la réponse à votre question, est dans la mobilisation et dans la préparation. Ne restons pas les bras croisés à attendre le 30 juin pour nous retrouver dans une situation où il n'y aura, une nouvelle fois, pas de bonne solution. Une telle échéance, cela se prépare. Cela exige que la communauté internationale puisse, en liaison avec les Nations unies explorer l'ensemble des différentes possibilités. Mais il est évident que tant que l'Irak n'aura pas un gouvernement légitime, un gouvernement souverain, tant que ce pays n'aura pas pleinement recouvré la maîtrise de son destin, nous ne disposerons pas de l'atout nécessaire pour véritablement assurer la reprise en main de la situation dans ce pays. Donc, c'est avec un gouvernement irakien souverain qu'il nous faudra travailler au lendemain du 30 juin.
Mais, d'ores et déjà, pour préparer cette échéance, faisons en sorte que le transfert des pouvoirs puisse s'accompagner et se préparer dans de bonnes conditions. Ce ne sont pas des choses qui se décrèteront le 29 juin au soir. Je crains qu'alors les choses se fassent dans la précipitation et dans le plus grand désarroi. Donc, c'est dès maintenant que la communauté internationale doit se mobiliser et c'est pour cela que j'ai appelé à une mobilisation beaucoup plus forte que celle de la communauté internationale aujourd'hui. Si nous voulons être en mesure, le 30 juin, de faire en sorte que l'Irak puisse recouvrer sa souveraineté, et bien, il faut que nous préparions attentivement cette échéance. La dernière mission qui s'est rendue en Irak, envoyée par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, la mission de M. Brahimi, et la nouvelle mission qui se prépare, doivent permettre de préciser tout cela mais il est évident que nous nous retrouvons aujourd'hui devant un certain nombre d'hypothèses pour la mise en oeuvre de ce gouvernement souverain et qui sont celles-là même que nous avions évoquées, nous, il y a plus de six mois, au lendemain de la guerre.
Je crains que nous soyons un peu lents, qu'il y ait un certain immobilisme dans la définition de ce processus politique et c'est pour cela, je crois, qu'il faut aller plus vite, beaucoup plus vite. Ce qui veut dire une fois de plus que l'ensemble des pays concernés, l'ensemble des pays qui exercent une responsabilité, se concertent et travaillent ensemble.
Et je souhaite pour ma part, et c'est aussi ce que j'ai fait au cours des derniers jours en lançant cet appel à la communauté internationale, qu'avec nos partenaires américains, l'ensemble des Européens concernés, les pays de la région, nous créions les conditions du sursaut. Peut-être cela passe-t-il par une conférence internationale anticipée, une conférence internationale comportant tant un volet national qu'un volet régional et international. En tout état de cause, je constate que les choses sont insuffisamment préparées. Il faut rattraper le temps perdu.
Q - (Sur le terrorisme)
R - Je pense que le principal problème tient à ce que nous devrions avoir le courage d'affronter la réalité du terrorisme. Il faut en premier lieu essayer de définir le meilleur moyen, les différents instruments et faire en sorte que cette coopération soit la plus active possible. Je pense que nous avons fait beaucoup de progrès. Nous devons en faire davantage encore et c'est exactement ce sur quoi nous avons travaillé au cours des dernières semaines. Et j'espère que le Conseil européen prendra une bonne décision dans ce sens. Mais il est une chose que nous ne devons pas oublier, je le disais il y a quelques minutes, c'est la recherche des racines du terrorisme. Le terrorisme a une dimension politique et nous voulons vraiment être en mesure d'affronter la réalité de la menace du terrorisme. Nous devons répondre à ces questions. Et nous devons essayer de trouver des solutions. C'est vrai au Moyen-Orient. Sinon, nous assisterons à un nombre croissant d'attentats terroristes. C'est la raison pour laquelle je crois que la meilleure réponse au terrorisme aujourd'hui est d'essayer de régler les différentes crises du monde. Nous ne devons pas attendre. Il faut une mobilisation très forte de la communauté internationale et essayer de trouver des réponses. Une politique de sécurité seule n'apportera pas davantage de sécurité si elle n'est pas complétée, totalement complétée par une stratégie politique et nous, Européens, devons nous doter d'une stratégie politique de crise. Naturellement nous devons y parvenir avec l'ensemble de nos partenaires, avec nos amis américains, mais nous devons disposer d'une stratégie globale et il nous faut donc donner une nouvelle impulsion à nos politiques tant en Irak que dans le processus de paix. En ce qui concerne la seconde partie de votre question, je pense qu'il est important naturellement de partager les renseignements mais nous devrions être conscients de la nature de la question des renseignements, qui est très délicate à traiter. Nous devrions bien entendu être préoccupés par le fait que les pays qui détiennent ces renseignements devraient être prudents dans leur manière de traiter ces renseignements. C'est la raison pour laquelle je crois que la coordination est, naturellement, une nécessité absolue.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2004)