Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, sur la réalisation de la nouvelle ligne ferroviaire Perpignan - Figueras, Barcelone le 17 février 2004.

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Circonstance : Signature du contrat de concession de la ligne internationale Perpignan - Figueras à Barcelone le 17 février 2004

Texte intégral


Mon cher collègue, Excellences, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs
Je suis fier et heureux d'avoir apposé ma signature à côté de celle de mon collègue et ami Francisco ALVAREZ CASCOS sur le contrat de concession de la ligne internationale Perpignan - Figueras.
Ce document représente une étape clé dans la réalisation d'un projet engagé depuis plusieurs années entre nos deux gouvernements.
Permettez-moi de rappeler en quelques mots l'ambition franco-espagnole qu'a été le projet de concession Perpignan - Figueras.
L'accord international de Madrid, conclu en 1995, a fourni la base de cette entreprise commune.
Cet accord prévoyait la réalisation d'une nouvelle liaison ferroviaire Perpignan - Figueras à écartement international, destinée au trafic de voyageurs et au trafic de marchandises. En outre, l'accord stipulait que le projet serait réalisé sous la forme d'une concession.
C'est en décembre 1998 qu'était constituée la Commission intergouvernementale qui devait suivre les travaux au nom des deux gouvernements.
Dix-sept réunions plus tard, les principaux aspects juridiques, techniques et financiers sont maintenant clarifiés, le groupement franco-espagnol chargé de la conception, de la construction et de l'exploitation de la ligne est choisi, un calendrier est établi.
MM. Sanz et de Fenoyl ont évoqué en experts les travaux qu'ils ont menés. Je voudrais en premier lieu les remercier de leur compétence et de leur dévouement, sans oublier leur équipe, notamment, côté français les ingénieurs généraux Pascal Dubois, Dominique Becker et Jean-Noël Chapulut, M. Jean-Michel Etienne, M. Laurent Cayle, M. Olivier Schmitt et M. Louis Brisset.
Je tiens surtout à saluer l'excellente atmosphère de travail qui a présidé à toutes ces rencontres et qui a soudé la coopération franco-espagnole tout au long de la négociation.
Le choix d'un partenariat binational équilibré, solide, regroupé autour de deux entreprises disposant d'une expérience incontestable, est un premier résultat de cette coopération. Je remercie les représentants du groupement TP FERRO de la grande qualité du travail qu'ils ont fourni.
[Aspects techniques][en s'adressant au groupement TP FERRO]
Grâce à cette expérience, en particulier dans le domaine des tunneliers, vous saurez relever le défi technique posé par la Commission intergouvernementale.
Je suis sûr que nous vous retrouverons dans 60 mois au plus tard pour célébrer votre succès.
Vous ne serez pas les seuls à vous en réjouir, car les bénéfices offerts par cette nouvelle ligne seront considérables.
Elle offrira des temps de parcours performants pour les voyageurs : Barcelone sera à 50 minutes de Perpignan, à 2h15 de Montpellier et à 5h30 de Paris. Elle permettra aussi un accroissement de la capacité d'écoulement du fret ferroviaire pour répondre à la croissance du trafic marchandises.
Je sais à quel point ces progrès sont attendus avec impatience, surtout dans les régions frontalières qui sont directement affectées par la lenteur des liaisons actuelles. Ce maillon capital reliera le réseau espagnol en pleine expansion dans le cadre du PIT et le réseau français que nous nous employons également à consolider.
[Aspects juridiques et financiers]
Il a été beaucoup question de mettre les rails à l'écartement européen; mais vous avez dû rectifier aussi bien d'autres écartements et rechercher bien d'autres alignements.
Je pense en particulier au travail des juristes qui a permis, pour la première fois en Europe, de mettre au point une concession dans un cadre international.
A cet égard, la Commission européenne a fourni une impulsion utile grâce à son Livre vert sur le financement des réseaux transeuropéens.
Nous avons profité aussi d'échanges d'expériences très fructueux entre nos deux pays : la comparaison des systèmes de concession français et espagnol met en valeur des différences profondes dues aux contrastes entre les traditions juridiques et aux différents rythmes d'évolution du système d'infrastructure.
Mais des deux côtés, des évolutions importantes sont en cours.
[Insertion dans le réseau transeuropéen de transport]
Je souhaite que ces évolutions de fond facilitent la mise en place d'une nouvelle génération d'infrastructures situées dans la perspective des réseaux transeuropéens de transport.
Car c'est bien dans cette perspective que s'inscrit le Perpignan - Figueras.
Retenue par la Commission européenne dans la liste des projets prioritaires au titre du réseau transeuropéen de transport, elle appartient à un vaste ensemble qui est celui du territoire européen d'aujourd'hui, et de demain.
Au-delà du réseau franco-espagnol, il nous faut regarder en direction de l'Europe des Quinze et de l'Europe élargie. La ligne à grande vitesse du sud-ouest de l'Europe, avec ses trois principales composantes : l'axe atlantique, l'axe méditerranéen, le lien entre l'Espagne et le Portugal, s'articule avec les grands axes dirigés vers l'Est -Vienne et Budapest - via l'Allemagne et l'Italie.
Nous développons le rail, et c'est l'objet de notre réunion d'aujourd'hui, mais nous développons aussi la voie maritime, c'était d'ailleurs l'objet d'une réunion de travail, hier, à Paris, entre les deux secrétaires d'Etat, M. MENENDEZ MENENDEZ et M. BUSSEREAU.
Comme le rail, la voie maritime constitue une alternative modale fiable et crédible offerte au transport de marchandise pour limiter la croissance des poids lourds sur les axes routiers et dépasser le goulet d'étranglement que représentent les Pyrénées.
[Engagements français en faveur de la perméabilisation des Pyrénées]
Cher Francisco, nous avons souvent l'occasion de nous rencontrer à Bruxelles, dans le cadre du Conseil " Transports " de l'Union européenne, pour élaborer ensemble les instruments juridiques communautaires.
Dans ce cadre, nous sommes parvenus ensemble à un accord sur le développement des axes européens de transports qui concernent les deux pays.
Nos rencontres bilatérales sont presque aussi fréquentes.
En novembre dernier, à Carcassonne, nous avons pu arrêter plusieurs décisions importantes pour donner une impulsion au développement des grandes orientations que nous avons choisies : le développement de liaisons ferroviaires à grande capacité, l'amélioration des liaisons routières et le lancement des autoroutes de la mer.
Je voudrais saisir l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de rappeler que la France, placée par la géographie en situation de pays de transit, est consciente de toutes les implications que cela entraîne pour elle et pour ses partenaires.
La réunion du CIADT - comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire - le 18 décembre 2003 a permis de déterminer l'ensemble des engagements du gouvernement français.
C'est ainsi qu'a été retenu le principe du lancement des travaux pour le contournement de Nîmes et Montpellier, deux verrous majeurs sur l'axe dont nous parlons aujourd'hui.
En complément de cette opération, la réalisation des aménagements de capacité sur la ligne Montpellier Perpignan est prévue pour permettre l'écoulement du trafic international dans de bonnes conditions.
Sur l'axe atlantique, le lancement du chantier de la LGV Tours - Bordeaux aura lieu en 2008. Le lancement d'un débat public, qui est l'étape préliminaire indispensable à la connexion des deux réseaux, est également prévu.
Le projet de nouvelle traversée ferroviaire des Pyrénées projet qui figure sur la carte des grandes infrastructures ferroviaires à long terme retenues par le CIADT. Dans un cadre bilatéral, nos deux
gouvernements ont exprimé leur accord pour lancer, dès ce trimestre, les études préliminaires indispensables.
De même, du côté routier, en tenant compte des délais inhérents à ce type de travail, nous poursuivons nos efforts pour améliorer les accès, en particulier sur l'axe du Somport et sur l'axe Lérida-Toulouse qui vient d'être inscrit dans le réseau transeuropéen de transport.
Je tenais à faire ce bilan, aussi bref que possible, de la situation actuelle. Il témoigne de la qualité de notre dialogue, et montre de nombreux chantiers sont engagés ; grâce à toutes vos contributions, celui du Perpignan-Figueras est de loin le plus avancé ; je me réjouis à nouveau que cette cérémonie de signature nous ait donné l'occasion de reconnaître et de célébrer nos efforts communs.
(source http://www.consulfrance-barcelone.org, le 22 mars 2004)