Texte intégral
I - Une mobilisation collective est nécessaire
Nous sommes à 400 jours du passage à l'an 2000.
Comme vous le savez, le Premier ministre a souhaité que l'ensemble des membres du Gouvernement se mobilisent pour préparer le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques. Nous avons tenu notre deuxième réunion sur ce sujet ce matin. Nous avons examiné les conclusions du rapport que Gérard Théry a remis hier à Christian Pierret et à moi-même et qui est rendu public aujourd'hui.
Lionel Jospin m'a demandé de mobiliser la communauté nationale sur ce sujet et de vous présenter les actions que le Gouvernement va engager au cours des prochains mois pour que tous les acteurs publics et privés accroissent leurs efforts de préparation à cette échéance.
Ces actions s'inscrivent dans la continuation de l'action que nous avons engagée depuis septembre 1997 pour alerter le pays sur les risques liés à l'échéance du 1er janvier 2000.
*Dès le 30 septembre 1997, à l'occasion de l'assemblée générale annuelle du CIGREF, Christian Pierret avait appelé les entreprises à se mobiliser pour préparer le passage à l'an 2000.
*Le 16 janvier 1998, ici même, le Premier ministre rendait public le Programme d'Action du Gouvernement pour la Société de l'Information qui insistait sur la nécessité pour tous de réaliser les travaux d'adaptation nécessaires sur les systèmes électroniques.
*Le 20 février 1998, Christian Pierret et moi avons confié à Gérard Théry la responsabilité d'une mission " Passage informatique à l'an 2000 ".
*Le 20 mai 1998, Christian Pierret vous a rendu compte des premières conclusions de cette mission et a lancé un appel à la mobilisation de tous.
*En juillet 1998, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi avons adressé à 800.000 responsables de PME une lettre accompagnée de 10 recommandations pour faciliter le diagnostic de leurs systèmes électroniques.
*Le 21 septembre 1998, je vous le disais il y a un instant, Lionel Jospin a réuni tous les membres du Gouvernement pour traiter ce sujet.
*Le 6 novembre 1998, le Premier ministre a rendu public une circulaire adressée à tous les ministres et à tous les préfets, que je vous invite vivement à lire avec attention car elle précise le renforcement du dispositif de mobilisation des administrations de l'État et des services qui en dépendent.
Alors pourquoi une telle mobilisation ?
Tout d'abord, parce que tous les systèmes électroniques qui constituent l'architecture de notre société sont concernés, aussi bien les systèmes informatiques, logiciels, bases de données, ordinateurs personnels ou professionnels, que les systèmes techniques qui intègrent des composants électroniques comme les systèmes de transport, la plupart des machines industrielles, les équipements professionnels comme les télécopieurs, ou de nombreux biens d'équipement des ménages comme les magnétoscopes ou les digicodes.
Or, si tous les systèmes sont concernés, nous sommes tous concernés. Le passage à l'an 2000 n'est plus le problème de quelques techniciens. Les pannes qui affecteront les systèmes qui ne passent pas l'an 2000 concernent tous les hommes et les femmes qui ont la responsabilité de systèmes électroniques dans le secteur public et dans le secteur privé. Si une entreprise ne peut plus assurer la gestion informatique de ses clients pendant plusieurs semaines, c'est bien le problème des dirigeants. C'est aussi un enjeu fondamental pour tous les salariés, car ils sont concernés au premier plan par la stabilité de leur entreprise. Si une chaîne de production est arrêtée pendant plusieurs semaines, cela se traduit par du chômage technique. C'est enfin un enjeu pour nous tous en tant que consommateurs. Nous voulons tous que nos climatiseurs ou nos digicodes fonctionnent le 1er janvier 2000.
Mais au-delà des dysfonctionnements de tel ou tel équipement, je ne peux pas ignorer les conséquences économiques des dysfonctionnements massifs qui résulteraient d'une insuffisante préparation à cette échéance.
Des estimations extrêmement variées ont été produites par les uns et par les autres pour tenter d'évaluer les effets sur le PIB de ce problème. Certains estiment que le passage à l'an 2000 pourrait entraîner une récession comparable au premier choc pétrolier, d'autres au contraire considèrent que le phénomène va entraîner simplement un surcroît d'activité avant le 1er janvier 2000, suivi d'un ralentissement temporaire au premier semestre 2000. Ces estimations doivent être traitées avec beaucoup de précautions. La même prudence s'impose à l'égard des estimations qui circulent sur les coûts d'adaptation des systèmes informatiques et techniques pour passer l'an 2000. Je rappelle l'amplitude pour le coût mondial : certains nous parlent de 300 milliards de dollars, d'autres de 1.600 milliards de dollars. Pour la France, ces évaluations varient de 50 à 100 milliards de francs pour les trois années précédant l'an 2000, mais pour les seuls systèmes techniques.
On comprend mieux les difficultés à évaluer ces coûts d'adaptation quand on considère un exemple concret. Gérard Théry me citait, il y a quelques jours, le cas d'une chaîne de supermarchés qui a constaté que ses caisses enregistreuses ne passaient pas l'an 2000, alors qu'elles devaient normalement être remplacées seulement dans 24 mois. L'entreprise a décidé d'anticiper ce remplacement en installant, dès 1999, un parc de machines neuves compatibles avec l'an 2000. Comment évaluer ce coût ? S'agit-il d'une dépense d'adaptation à l'an 2000 ? S'agit-il d'un investissement indépendant de cette échéance, puisque programmé ? Ce type de questions se pose chaque jour dans des centaines d'entreprises et d'administrations qui doivent choisir entre l'adaptation ou le remplacement anticipé de leurs logiciels ou de leurs PC.
Ce qu'il faut retenir à mon sens de la bataille de chiffres qui peut devenir très vite stérile sur le coût du passage à l'an 2000, c'est surtout que le phénomène est mondial. Il y a dans la préparation au passage à l'an 2000 un véritable effet de réseaux, la bonne préparation d'un acteur améliore considérablement la situation de tous les autres acteurs, l'insuffisante préparation d'un acteur affaiblit l'acteur concerné, mais aussi tout le système économique dans lequel il évolue. Et c'est précisément parce que le risque an 2000 est difficilement quantifiable qu'il ne faut ménager aucun effort pour réduire ensemble sa probabilité de réalisation. Sans dramatiser, mais sans banaliser il nous faut mobiliser toutes nos forces pour poursuivre le traitement de ce chantier. Il nous faut être vigilant. Nous avons un peu plus de 13 mois pour que chacun accroisse ses efforts.
C'est pourquoi je crois qu'il est fondamental que l'État s'engage aux côtés des acteurs privés pour deux raisons au moins :
1) D'abord, il appartient aux pouvoirs publics de participer à la mobilisation de la communauté nationale par des actions d'information et de sensibilisation.
Dans cette mobilisation, tout le monde doit jouer son rôle. Certaines organisations l'ont fait depuis plusieurs années, je pense au SYNTECH-Informatique ou au CIGREF. Le MEDEF, les assureurs et les organismes consulaires prennent également des initiatives depuis plusieurs mois, je m'en félicite. Certaines autorités ont également mis les entreprises de leurs secteurs sous tension, je pense notamment à la COB, la Commission Bancaire, l'Autorité de Régulation des Télécom. L'État lui doit porter ses efforts en priorité vers les secteurs encore peu préparés à l'échéance, je pense surtout aux PME/PMI.
2) Ensuite, l'État doit veiller directement à l'adaptation des systèmes utilisés par les administrations, tout particulièrement les systèmes vitaux pour la sécurité des personnes et la continuité des services publics. Le Premier ministre l'a indiqué dans sa circulaire du 6 novembre et je veux le redire ici, la sécurité des personnes et la continuité des services essentiels à la collectivité constituent, dans notre action, la priorité absolue.
Je puis vous assurer que depuis dix-huit mois, et dans certaines administrations depuis plusieurs années, l'État ne ménage aucun effort pour atteindre cet objectif vital.
Avant de passer la parole à Gérard Théry qui vous indiquera de manière plus précise l'état de préparation de notre pays aussi bien dans les secteurs publics que privés, puis à Marylise Lebranchu et Christian Pierret qui vont vous indiquer comment ils renforcent dans leurs domaines de compétence les actions de sensibilisation, je voudrais vous dire ma conviction que si tous les acteurs se mobilisent, nous pouvons ensemble maîtriser le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques.
Bien sûr, certains secteurs sont en retard et devront fournir dans les mois qui viennent des efforts considérables. Bien sûr, il y aura des problèmes en janvier 2000. Nous devons nous y préparer, mais c'est à nous tous qu'il appartient ensemble de préparer le pays à cette échéance, il ne faut pas perdre un seul jour.
II - Le programme d'action du gouvernement pour les mois à venir
Le Gouvernement a décidé de prendre plusieurs initiatives dans quatre directions pour accélérer la préparation de notre pays au passage à l'an 2000.
1) Il nous faut d'abord renforcer la mobilisation collective des acteurs publics et privés.
A cette fin, un comité national pour le passage à l'an 2000 réunira tous les deux mois les représentants des différents acteurs publics et privés qui se mobilisent pour préparer le passage à l'an 2000. Ces réunions permettront d'informer régulièrement l'opinion sur l'état d'avancement des travaux d'adaptation. La première réunion se tiendra au début de mois de Janvier.
Un centre national d'information sur le passage à l'an 2000 sera également constitué dans les prochains jours pour mener des actions de communication en direction des entreprises. Dès à présent, comme nous l'a indiqué Marylise Lebranchu, nous adressons cette brochure à 2.200.000 PME. Au cours des prochaines semaines, un guide pratique sera réalisé pour faciliter le diagnostic an 2000 des micro-ordinateurs.
Enfin, nous allons mettre en place en régions des plates-formes d'information locales constituées en association avec des organisations professionnelles, pour orienter les démarches d'adaptation des entreprises, les préparer à la gestion d'éventuels sinistres, et les conseiller en cas de difficultés survenant après le passage à l'an 2000.
2) Il nous faut aussi renforcer les autres dispositifs d'action en régions et la coordination interministérielle.
Christian Pierret vous a parlé de la mobilisation systématique des DRIRE et des Centres Techniques Industriels, Marylise Lebranchu a évoqué la mobilisation des organismes consulaires, je n'y reviens pas.
Je voudrais souligner l'importance du rôle que vont jouer dans les prochains mois les Préfets. Ils doivent élaborer, dans leurs départements, des plans de préparation locaux et des plans de sauvegarde locaux. Je crois que leur capacité de mobilisation des acteurs locaux et leur expérience de la gestion des problèmes de sécurité civile sont pour notre pays des atouts pour les 400 prochains jours.
Au plan national, chaque ministre est responsable du passage à l'an 2000 de son administration, mais une forte coordination interministérielle est nécessaire pour favoriser les échanges d'expériences. Le groupe interministériel pour le passage à l'an 2000 se met en place, il va permettre à chacun des haut fonctionnaires an 2000 désignés par chaque ministre de faire un point mensuel sur l'état d'avancement de ces travaux. Nous allons également amplifier la mise sous tension des différents organismes publics dont nous exerçons la tutelle et des entreprises dans lesquelles l'État détient une participation, pour que tous ces acteurs élaborent rapidement leur propre plan de préparation et plan de sauvegarde.
Il nous faut aussi renforcer les actions d'information.
Une campagne radio sera lancée en janvier prochain qui sera concomittante à la diffusion très large d'un guide méthodologique pour faciliter les travaux d'adaptation à l'an 2000. Nous allons également mettre en place un nouveau site internet (www.an2000.gouv.fr) qui offrira des liens avec la plupart des sites publics et professionnels qui proposent des informations pratiques pour l'adaptation de systèmes électroniques à l'an 2000.
Un baromètre du niveau de préparation à l'an 2000 sera mis en place dès le mois de décembre pour suivre l'évolution de la préparation des entreprises françaises face à l'échéance. Bien évidemment, les résultats de ces enquêtes seront ensuite publiés chaque trimestre car je souhaite que notre mobilisation collective se fasse dans la plus grande transparence.
A ce titre, j'invite aussi les responsables d'entreprises à informer très largement le public de l'état d'avancement de leurs travaux. De même, nous allons renforcer la présence de la France dans toutes les enceintes internationales qui abordent le passage à l'an 2000 afin que nos partenaires mesurent mieux l'ampleur des travaux d'adaptation déjà engagés en France.
Enfin, il nous faut prendre plusieurs mesures pour faciliter la préparation des acteurs publics et privés.
Pour les administrations, nous allons tout d'abord modifier le code des marchés publics pour permettre un traitement plus rapide par les administrations des marchés liés aux travaux d'adaptation à l'an 2000. S'agissant des entreprises privées, j'ai décidé d'étendre à l'an 2000 les mesures fiscales qui avaient été prévues pour le passage à l'euro. Le Gouvernement sensibilisera l'ensemble des partenaires sociaux pour les initier à envisager une négociation des modes d'organisation du travail à la fin de l'année 1999 pour faire face aux ultimes ajustements.
Je vous le redis, notre objectif est de mobiliser toute la communauté nationale pour maîtriser ensemble le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques.
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 septembre 2001)
Nous sommes à 400 jours du passage à l'an 2000.
Comme vous le savez, le Premier ministre a souhaité que l'ensemble des membres du Gouvernement se mobilisent pour préparer le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques. Nous avons tenu notre deuxième réunion sur ce sujet ce matin. Nous avons examiné les conclusions du rapport que Gérard Théry a remis hier à Christian Pierret et à moi-même et qui est rendu public aujourd'hui.
Lionel Jospin m'a demandé de mobiliser la communauté nationale sur ce sujet et de vous présenter les actions que le Gouvernement va engager au cours des prochains mois pour que tous les acteurs publics et privés accroissent leurs efforts de préparation à cette échéance.
Ces actions s'inscrivent dans la continuation de l'action que nous avons engagée depuis septembre 1997 pour alerter le pays sur les risques liés à l'échéance du 1er janvier 2000.
*Dès le 30 septembre 1997, à l'occasion de l'assemblée générale annuelle du CIGREF, Christian Pierret avait appelé les entreprises à se mobiliser pour préparer le passage à l'an 2000.
*Le 16 janvier 1998, ici même, le Premier ministre rendait public le Programme d'Action du Gouvernement pour la Société de l'Information qui insistait sur la nécessité pour tous de réaliser les travaux d'adaptation nécessaires sur les systèmes électroniques.
*Le 20 février 1998, Christian Pierret et moi avons confié à Gérard Théry la responsabilité d'une mission " Passage informatique à l'an 2000 ".
*Le 20 mai 1998, Christian Pierret vous a rendu compte des premières conclusions de cette mission et a lancé un appel à la mobilisation de tous.
*En juillet 1998, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi avons adressé à 800.000 responsables de PME une lettre accompagnée de 10 recommandations pour faciliter le diagnostic de leurs systèmes électroniques.
*Le 21 septembre 1998, je vous le disais il y a un instant, Lionel Jospin a réuni tous les membres du Gouvernement pour traiter ce sujet.
*Le 6 novembre 1998, le Premier ministre a rendu public une circulaire adressée à tous les ministres et à tous les préfets, que je vous invite vivement à lire avec attention car elle précise le renforcement du dispositif de mobilisation des administrations de l'État et des services qui en dépendent.
Alors pourquoi une telle mobilisation ?
Tout d'abord, parce que tous les systèmes électroniques qui constituent l'architecture de notre société sont concernés, aussi bien les systèmes informatiques, logiciels, bases de données, ordinateurs personnels ou professionnels, que les systèmes techniques qui intègrent des composants électroniques comme les systèmes de transport, la plupart des machines industrielles, les équipements professionnels comme les télécopieurs, ou de nombreux biens d'équipement des ménages comme les magnétoscopes ou les digicodes.
Or, si tous les systèmes sont concernés, nous sommes tous concernés. Le passage à l'an 2000 n'est plus le problème de quelques techniciens. Les pannes qui affecteront les systèmes qui ne passent pas l'an 2000 concernent tous les hommes et les femmes qui ont la responsabilité de systèmes électroniques dans le secteur public et dans le secteur privé. Si une entreprise ne peut plus assurer la gestion informatique de ses clients pendant plusieurs semaines, c'est bien le problème des dirigeants. C'est aussi un enjeu fondamental pour tous les salariés, car ils sont concernés au premier plan par la stabilité de leur entreprise. Si une chaîne de production est arrêtée pendant plusieurs semaines, cela se traduit par du chômage technique. C'est enfin un enjeu pour nous tous en tant que consommateurs. Nous voulons tous que nos climatiseurs ou nos digicodes fonctionnent le 1er janvier 2000.
Mais au-delà des dysfonctionnements de tel ou tel équipement, je ne peux pas ignorer les conséquences économiques des dysfonctionnements massifs qui résulteraient d'une insuffisante préparation à cette échéance.
Des estimations extrêmement variées ont été produites par les uns et par les autres pour tenter d'évaluer les effets sur le PIB de ce problème. Certains estiment que le passage à l'an 2000 pourrait entraîner une récession comparable au premier choc pétrolier, d'autres au contraire considèrent que le phénomène va entraîner simplement un surcroît d'activité avant le 1er janvier 2000, suivi d'un ralentissement temporaire au premier semestre 2000. Ces estimations doivent être traitées avec beaucoup de précautions. La même prudence s'impose à l'égard des estimations qui circulent sur les coûts d'adaptation des systèmes informatiques et techniques pour passer l'an 2000. Je rappelle l'amplitude pour le coût mondial : certains nous parlent de 300 milliards de dollars, d'autres de 1.600 milliards de dollars. Pour la France, ces évaluations varient de 50 à 100 milliards de francs pour les trois années précédant l'an 2000, mais pour les seuls systèmes techniques.
On comprend mieux les difficultés à évaluer ces coûts d'adaptation quand on considère un exemple concret. Gérard Théry me citait, il y a quelques jours, le cas d'une chaîne de supermarchés qui a constaté que ses caisses enregistreuses ne passaient pas l'an 2000, alors qu'elles devaient normalement être remplacées seulement dans 24 mois. L'entreprise a décidé d'anticiper ce remplacement en installant, dès 1999, un parc de machines neuves compatibles avec l'an 2000. Comment évaluer ce coût ? S'agit-il d'une dépense d'adaptation à l'an 2000 ? S'agit-il d'un investissement indépendant de cette échéance, puisque programmé ? Ce type de questions se pose chaque jour dans des centaines d'entreprises et d'administrations qui doivent choisir entre l'adaptation ou le remplacement anticipé de leurs logiciels ou de leurs PC.
Ce qu'il faut retenir à mon sens de la bataille de chiffres qui peut devenir très vite stérile sur le coût du passage à l'an 2000, c'est surtout que le phénomène est mondial. Il y a dans la préparation au passage à l'an 2000 un véritable effet de réseaux, la bonne préparation d'un acteur améliore considérablement la situation de tous les autres acteurs, l'insuffisante préparation d'un acteur affaiblit l'acteur concerné, mais aussi tout le système économique dans lequel il évolue. Et c'est précisément parce que le risque an 2000 est difficilement quantifiable qu'il ne faut ménager aucun effort pour réduire ensemble sa probabilité de réalisation. Sans dramatiser, mais sans banaliser il nous faut mobiliser toutes nos forces pour poursuivre le traitement de ce chantier. Il nous faut être vigilant. Nous avons un peu plus de 13 mois pour que chacun accroisse ses efforts.
C'est pourquoi je crois qu'il est fondamental que l'État s'engage aux côtés des acteurs privés pour deux raisons au moins :
1) D'abord, il appartient aux pouvoirs publics de participer à la mobilisation de la communauté nationale par des actions d'information et de sensibilisation.
Dans cette mobilisation, tout le monde doit jouer son rôle. Certaines organisations l'ont fait depuis plusieurs années, je pense au SYNTECH-Informatique ou au CIGREF. Le MEDEF, les assureurs et les organismes consulaires prennent également des initiatives depuis plusieurs mois, je m'en félicite. Certaines autorités ont également mis les entreprises de leurs secteurs sous tension, je pense notamment à la COB, la Commission Bancaire, l'Autorité de Régulation des Télécom. L'État lui doit porter ses efforts en priorité vers les secteurs encore peu préparés à l'échéance, je pense surtout aux PME/PMI.
2) Ensuite, l'État doit veiller directement à l'adaptation des systèmes utilisés par les administrations, tout particulièrement les systèmes vitaux pour la sécurité des personnes et la continuité des services publics. Le Premier ministre l'a indiqué dans sa circulaire du 6 novembre et je veux le redire ici, la sécurité des personnes et la continuité des services essentiels à la collectivité constituent, dans notre action, la priorité absolue.
Je puis vous assurer que depuis dix-huit mois, et dans certaines administrations depuis plusieurs années, l'État ne ménage aucun effort pour atteindre cet objectif vital.
Avant de passer la parole à Gérard Théry qui vous indiquera de manière plus précise l'état de préparation de notre pays aussi bien dans les secteurs publics que privés, puis à Marylise Lebranchu et Christian Pierret qui vont vous indiquer comment ils renforcent dans leurs domaines de compétence les actions de sensibilisation, je voudrais vous dire ma conviction que si tous les acteurs se mobilisent, nous pouvons ensemble maîtriser le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques.
Bien sûr, certains secteurs sont en retard et devront fournir dans les mois qui viennent des efforts considérables. Bien sûr, il y aura des problèmes en janvier 2000. Nous devons nous y préparer, mais c'est à nous tous qu'il appartient ensemble de préparer le pays à cette échéance, il ne faut pas perdre un seul jour.
II - Le programme d'action du gouvernement pour les mois à venir
Le Gouvernement a décidé de prendre plusieurs initiatives dans quatre directions pour accélérer la préparation de notre pays au passage à l'an 2000.
1) Il nous faut d'abord renforcer la mobilisation collective des acteurs publics et privés.
A cette fin, un comité national pour le passage à l'an 2000 réunira tous les deux mois les représentants des différents acteurs publics et privés qui se mobilisent pour préparer le passage à l'an 2000. Ces réunions permettront d'informer régulièrement l'opinion sur l'état d'avancement des travaux d'adaptation. La première réunion se tiendra au début de mois de Janvier.
Un centre national d'information sur le passage à l'an 2000 sera également constitué dans les prochains jours pour mener des actions de communication en direction des entreprises. Dès à présent, comme nous l'a indiqué Marylise Lebranchu, nous adressons cette brochure à 2.200.000 PME. Au cours des prochaines semaines, un guide pratique sera réalisé pour faciliter le diagnostic an 2000 des micro-ordinateurs.
Enfin, nous allons mettre en place en régions des plates-formes d'information locales constituées en association avec des organisations professionnelles, pour orienter les démarches d'adaptation des entreprises, les préparer à la gestion d'éventuels sinistres, et les conseiller en cas de difficultés survenant après le passage à l'an 2000.
2) Il nous faut aussi renforcer les autres dispositifs d'action en régions et la coordination interministérielle.
Christian Pierret vous a parlé de la mobilisation systématique des DRIRE et des Centres Techniques Industriels, Marylise Lebranchu a évoqué la mobilisation des organismes consulaires, je n'y reviens pas.
Je voudrais souligner l'importance du rôle que vont jouer dans les prochains mois les Préfets. Ils doivent élaborer, dans leurs départements, des plans de préparation locaux et des plans de sauvegarde locaux. Je crois que leur capacité de mobilisation des acteurs locaux et leur expérience de la gestion des problèmes de sécurité civile sont pour notre pays des atouts pour les 400 prochains jours.
Au plan national, chaque ministre est responsable du passage à l'an 2000 de son administration, mais une forte coordination interministérielle est nécessaire pour favoriser les échanges d'expériences. Le groupe interministériel pour le passage à l'an 2000 se met en place, il va permettre à chacun des haut fonctionnaires an 2000 désignés par chaque ministre de faire un point mensuel sur l'état d'avancement de ces travaux. Nous allons également amplifier la mise sous tension des différents organismes publics dont nous exerçons la tutelle et des entreprises dans lesquelles l'État détient une participation, pour que tous ces acteurs élaborent rapidement leur propre plan de préparation et plan de sauvegarde.
Il nous faut aussi renforcer les actions d'information.
Une campagne radio sera lancée en janvier prochain qui sera concomittante à la diffusion très large d'un guide méthodologique pour faciliter les travaux d'adaptation à l'an 2000. Nous allons également mettre en place un nouveau site internet (www.an2000.gouv.fr) qui offrira des liens avec la plupart des sites publics et professionnels qui proposent des informations pratiques pour l'adaptation de systèmes électroniques à l'an 2000.
Un baromètre du niveau de préparation à l'an 2000 sera mis en place dès le mois de décembre pour suivre l'évolution de la préparation des entreprises françaises face à l'échéance. Bien évidemment, les résultats de ces enquêtes seront ensuite publiés chaque trimestre car je souhaite que notre mobilisation collective se fasse dans la plus grande transparence.
A ce titre, j'invite aussi les responsables d'entreprises à informer très largement le public de l'état d'avancement de leurs travaux. De même, nous allons renforcer la présence de la France dans toutes les enceintes internationales qui abordent le passage à l'an 2000 afin que nos partenaires mesurent mieux l'ampleur des travaux d'adaptation déjà engagés en France.
Enfin, il nous faut prendre plusieurs mesures pour faciliter la préparation des acteurs publics et privés.
Pour les administrations, nous allons tout d'abord modifier le code des marchés publics pour permettre un traitement plus rapide par les administrations des marchés liés aux travaux d'adaptation à l'an 2000. S'agissant des entreprises privées, j'ai décidé d'étendre à l'an 2000 les mesures fiscales qui avaient été prévues pour le passage à l'euro. Le Gouvernement sensibilisera l'ensemble des partenaires sociaux pour les initier à envisager une négociation des modes d'organisation du travail à la fin de l'année 1999 pour faire face aux ultimes ajustements.
Je vous le redis, notre objectif est de mobiliser toute la communauté nationale pour maîtriser ensemble le passage à l'an 2000 des systèmes électroniques.
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 septembre 2001)