Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il y a un an, je prononçais, en tant que président des Jeunes agriculteurs, mon premier discours devant le congrès de la FNSEA, et aujourd'hui, c'est déjà le dernier.
En effet, le prochain congrès des JA à Béziers, fin juin, élira un nouveau président des Jeunes agriculteurs, et c'est très bien ainsi. Je fais parti de ceux qui pensent que la limite d'âge à 35 ans est une force pour le syndicalisme jeune.
Le renouvellement des équipes est crucial pour un syndicat dont la mission première est de former les hommes et les femmes à la responsabilité. J'y reviendrai plus loin.
Aujourd'hui, au Grand-Bornand, je veux vous dire à quel point l'accueil des savoyards me fait toujours chaud au cur.
Le congrès JA qui s'est tenu à Annecy-le-Vieux en 2001 restera gravé dans ma mémoire pour deux raisons : la convivialité des JA qui nous ont accueillis et qui l'ont organisé, mais aussi le rapport d'orientation " Paysans du monde, le prix de notre avenir ".
Ce rapport, qui a permis d'engager une réflexion en profondeur sur la situation agricole et alimentaire mondiale, a marqué un tournant important dans notre positionnement, en remettant l'acte de production, le prix de nos produits, et donc la valeur de notre travail, au cur des débats.
C'est un combat de longue haleine, bien sûr, mais qui oserait dire aujourd'hui que l'avenir du métier de paysan, c'est un revenu fait de subventions publiques ? Les Jeunes agriculteurs ne peuvent s'y résoudre.
Cette année, avec un rapport d'orientation qui se penche sur l'avenir du syndicalisme, les débats du congrès ont largement mis en évidence que nous sommes à une croisée des chemins, qu'il s'agisse de notre organisation interne, de nos relations avec les pouvoirs publics, de notre rôle dans l'économie, ou encore de notre place dans la société.
En premier lieu, il me semble important de réaffirmer les valeurs qui fondent notre syndicalisme : la solidarité, le mutualisme et la coopération. Et ces valeurs, ce sont de véritables choix de société, qui doivent prévaloir dans toutes les décisions que nous prenons, au quotidien.
En matière de pluralisme syndical, vous avez choisi de vous conformer à la loi. Comme vous, les Jeunes agriculteurs sont attachés au fait majoritaire, qui doit être respecté, mais nous pensons qu'il est nécessaire aujourd'hui de faire preuve d'une certaine ouverture.
Ne nous privons pas de débattre avec les autres syndicats agricoles. Je pense même que sur un certain nombre d'enjeux fondamentaux pour l'avenir de l'agriculture, nos positions ne sont pas radicalement opposées.
Mais nous devons également réaffirmer des valeurs politiques, pour éviter que nos organisations se marchent sur les pieds ou consacrent trop de temps à regarder ce que fait le voisin. C'est de la responsabilité du syndicalisme à vocation générale de clarifier les missions des différentes organisations et de réorganiser de manière plus rationnelle certains services aux agriculteurs.
Vous avez abordé ces sujets dans vos débats, et je peux vous dire que la prise de conscience est bien réelle, aussi chez les Jeunes agriculteurs, puisque notre propre rapport d'orientation, qui sera débattu et amendé en juin, propose des pistes de réflexion allant dans le même sens.
Quant à la place des Jeunes agriculteurs aux côtés de la FNSEA, je crois que nous devons renforcer nos complémentarités, pour faire en sorte que nos deux organisations fonctionnent en synergie. Je pense d'ailleurs que nous avons plus à gagner à trouver des complémentarités horizontales, plutôt qu'à cloisonner nos activités.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que les adhérents des Jeunes agriculteurs sont aujourd'hui dans leur immense majorité des jeunes exploitants déjà installés. Ce sont des paysans, des producteurs, qui ont le métier devant eux et qui veulent prendre leur avenir en mains.
Dès lors, leur légitimité est forte à s'intéresser aux enjeux de long terme, comme par exemple l'évolution des politiques agricoles, puisqu'ils seront les principaux acteurs de l'agriculture de demain.
Mais comme je l'évoquais à l'instant, une mission essentielle des Jeunes agriculteurs, c'est bien la formation à la responsabilité. Combien parmi vous sont passés par les JA avant de prendre des responsabilités dans les organisations professionnelles agricoles ?
Aujourd'hui, le sens de l'engagement syndical évolue, les modes d'action aussi, même si nos valeurs, je crois, sont toujours intactes.
C'est pourquoi nous voulons redynamiser nos écoles de responsables, les renforcer et même les développer. C'est d'ailleurs aussi le souhait que vous exprimez dans votre rapport d'orientation.
Il s'agit là d'une responsabilité collective des organisations agricoles, puisque bon nombre de ces jeunes vont ensuite irriguer les différents réseaux. Il est donc déterminant que ces organisations, syndicales ou économiques, nous apportent leur soutien pour cette formation.
Enfin, parce que notre syndicalisme, c'est aussi une solidarité forte entre les générations, les Jeunes agriculteurs se battent pour assurer le renouvellement des générations en agriculture.
Quant au financement de nos organisations, ce n'est pas un sujet tabou pour les Jeunes agriculteurs.
Au niveau local, et notamment départemental, les FDSEA et les JA doivent s'entendre pour placer le curseur au bon niveau, en matière de cotisations et d'accès aux services.
Mais ne perdons pas de vue la fragilité économique du jeune installé, qui doit nécessairement être prise en compte. La notion de progressivité me semble essentielle dans ces domaines.
Cette question du financement m'amène à évoquer les attaques que nous subissons au niveau national et européen.
Je ne vais pas répéter ce que vous avez dit durant votre congrès, mais je voudrais simplement vous dire qu'en ces moments difficiles, nous devons serrer les coudes, jeunes et aînés, et affirmer les valeurs qui fondent notre syndicalisme.
Si, comme nous le pensons tous, au plus profond de nous même, la solidarité entre les productions est une valeur forte de notre syndicalisme, et que, chaque jour, notre action contribue au développement agricole, alors nos convictions l'emporteront sur les arguments de nos détracteurs.
Quant à l'amende exorbitante que nous a infligée la Commission européenne pour avoir défendu le revenu et la dignité des producteurs de viande bovine, elle est tout simplement injuste.
Elle correspond en fait à une volonté politique de briser notre rôle d'acteur économique au sein des filières, pour faire des paysans de simples producteurs de matière première, asservis aux exigences de l'agro-industrie et de la grande distribution.
Cette amende est d'autant plus insupportable que la Commission européenne ne dit mot sur le monopole de la grande distribution en France, qui est en train de faire mourir à petit feu nos petites et moyennes entreprises, et pas seulement en agriculture.
Mais au-delà de cette amende, j'ai parfois l'impression que c'est notre rôle de corps intermédiaire qui dérange.
Pas les jours, bien sûr, où il faut savoir terminer une action syndicale et que le préfet est bien content de pouvoir appeler le président de la FD ou des JA, mais plutôt lorsque nous refusons de cautionner un mauvais accord sur la réforme de la PAC.
Avec un peu de recul, il me semble qu'avec les pouvoirs publics, nous sommes passés progressivement de la cogestion, à la concertation, pour aboutir à la simple consultation.
Pour ma part, je suis convaincu que la force de notre syndicalisme, c'est aussi notre indépendance vis à vis du monde politique.
Que des agriculteurs s'engagent en politique, c'est très bien, et c'est même souhaitable pour mieux faire comprendre les réalités de notre métier. Mais alors, ils doivent s'y consacrer pleinement et se désengager de leurs responsabilités syndicales. Pour nous, chez les JA, c'est l'engagement unique.
Pour être encore plus clair, nous considérons qu'il n'y a aucune compatibilité entre un mandat syndical et un mandat politique, excepté conseiller municipal ou maire.
En ce sens, votre décision d'étendre l'interdiction de cumul aux mandats de conseillers régionaux constitue une avancée, un pas dans la bonne direction.
Nous attendons maintenant avec impatience le prochain congrès, pour vous inciter à faire un ou deux pas de plus.
Venons-en maintenant à la difficile mise en uvre, en France, de la réforme de PAC. Pour ceux qui ne l'auraient pas encore entendu ou compris, cette réforme n'est pas la nôtre.
Et plus nous approfondissons notre réflexion sur ses conséquences pour notre agriculture, plus nous sommes convaincus que c'est une mauvaise réforme.
Mais aujourd'hui, notre devoir est de réfléchir à son application en France, parce que les paysans ont besoin de lisibilité. Et cette lisibilité, c'est aux pouvoirs publics de l'apporter.
Nous devons aussi nous battre pour faire en sorte de limiter au maximum les effets pervers de cette réforme sur nos exploitations. Et la priorité des Jeunes agriculteurs, vous le savez, c'est la gestion des droits à paiement.
Depuis le début, nous plaidons pour une gestion non marchande des droits à paiement, car nous craignons une dérive spéculative qui pénalise l'installation des jeunes agriculteurs. De plus, nos convictions nous empêchent d'imaginer qu'un jour, il faille acheter les aides qui font le revenu de tant d'agriculteurs.
Mais le 18 février dernier, le Gouvernement, faisant le constat que le règlement européen impose un système de droits marchands, annonce que la France va mettre en place un marché encadré des droits à paiement.
Depuis, les débats techniques nous amènent à penser que c'est vers un marché peu, voire pas du tout, encadré que nous allons.
Vous me direz, il faut être sage et savoir attendre. Un nouveau gouvernement vient d'être nommé, et le discours sur l'installation sera, à n'en pas douter, politiquement correct.
Mais nous, JA, nous attendons des actes. Et je n'ose pas douter de la volonté de notre ministre de l'agriculture d'obtenir de Bruxelles une gestion véritablement encadrée des droits à paiement.
Aujourd'hui, je tiens à réaffirmer que si tel n'était pas le cas, notre seule et unique solution pour préserver l'installation des jeunes agriculteurs serait de créer une réserve de droits, sur la base d'un prélèvement obligatoire et linéaire sur toutes les exploitations.
C'est d'ailleurs une disposition prévue explicitement par le règlement européen, pour attribuer, en priorité aux jeunes agriculteurs qui s'installent, des droits gratuits.
Nous ne pensions pas devoir réclamer sa mise en uvre, mais puisque cela devient une absolue nécessité pour sauver l'installation, nous le faisons aujourd'hui.
Et cette fois-ci, nous ne devrions plus rencontrer de problèmes de sémantique entre nous et avec les pouvoirs publics.
Une réserve, un prélèvement obligatoire, des droits gratuits, la priorité aux jeunes qui s'installent, voilà enfin une terminologie claire, comprise par tous, et en qui plus est : réglementaire !
Pour conclure, je voudrais dresser un rapide état des lieux de notre chantier pour le renouvellement des générations en agriculture.
Ces derniers mois, nous avons uvré pour rénover le parcours à l'installation et l'adapter aux nouveaux contexte et public. C'est aujourd'hui chose faite, et je pense que nous avons fait du bon travail.
Avec le Comité national de l'installation, qui s'est réuni pour la première fois fin 2003, nous avons également fait preuve d'ouverture pour associer le plus grand nombre d'acteurs du monde rural à notre démarche, avec pour objectif de développer des partenariats locaux.
Mais il est une question qui reste cruellement en suspend, malgré les intentions positives du ministre de l'agriculture, je veux parler de la transmission des exploitations.
C'est là un sujet qui nous concerne tous, jeunes et aînés, si nous voulons assurer la pérennité d'une agriculture à taille humaine, qui valorise nos productions et nos terroirs.
Dans nos réflexions sur l'avenir du syndicalisme, n'oublions pas que nos orientations n'ont de sens que si nous conservons des paysans nombreux, présents sur tous les territoires.
Cette bataille pour la transmission des exploitations, nous devons la mener ensemble, dans les prochains mois.
Mes amis,
Vous le voyez, les Jeunes agriculteurs ne sont pas résignés, même si le quotidien n'est pas toujours simple à gérer.
Notre force, c'est le renouvellement permanent des équipes, tant au niveau local, régional que national. C'est aussi un certain franc parler, qui irrite parfois nos gouvernants, mais qui est toujours source de progrès, une fois la période d'accoutumance terminée.
Et n'oubliez pas que notre combat pour l'installation, c'est bien souvent pour vos enfants, pour nos enfants, que nous le menons.
Jean-Michel,
C'est ensemble, FNSEA et Jeunes Agriculteurs, que nous relèverons les défis pour l'avenir de notre agriculture. Bâtir aujourd'hui, en pensant aux agriculteurs de demain, c'est une responsabilité collective.
Et nous devons nous en donner les moyens, car notre devoir, c'est de permettre à des paysans nombreux, fiers de leur métier, présents sur tous les territoires, de vivre dignement de leur travail et du prix de leurs produits.
Plus qu'un combat, c'est une conviction. Une conviction qui doit donner du sens à notre engagement syndical.
Les Jeunes agriculteurs savent qu'ils peuvent compter sur la FNSEA, sur une FNSEA forte, avec laquelle ils partagent les mêmes valeurs.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.fnsea.fr, le 1er avril 2004)
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il y a un an, je prononçais, en tant que président des Jeunes agriculteurs, mon premier discours devant le congrès de la FNSEA, et aujourd'hui, c'est déjà le dernier.
En effet, le prochain congrès des JA à Béziers, fin juin, élira un nouveau président des Jeunes agriculteurs, et c'est très bien ainsi. Je fais parti de ceux qui pensent que la limite d'âge à 35 ans est une force pour le syndicalisme jeune.
Le renouvellement des équipes est crucial pour un syndicat dont la mission première est de former les hommes et les femmes à la responsabilité. J'y reviendrai plus loin.
Aujourd'hui, au Grand-Bornand, je veux vous dire à quel point l'accueil des savoyards me fait toujours chaud au cur.
Le congrès JA qui s'est tenu à Annecy-le-Vieux en 2001 restera gravé dans ma mémoire pour deux raisons : la convivialité des JA qui nous ont accueillis et qui l'ont organisé, mais aussi le rapport d'orientation " Paysans du monde, le prix de notre avenir ".
Ce rapport, qui a permis d'engager une réflexion en profondeur sur la situation agricole et alimentaire mondiale, a marqué un tournant important dans notre positionnement, en remettant l'acte de production, le prix de nos produits, et donc la valeur de notre travail, au cur des débats.
C'est un combat de longue haleine, bien sûr, mais qui oserait dire aujourd'hui que l'avenir du métier de paysan, c'est un revenu fait de subventions publiques ? Les Jeunes agriculteurs ne peuvent s'y résoudre.
Cette année, avec un rapport d'orientation qui se penche sur l'avenir du syndicalisme, les débats du congrès ont largement mis en évidence que nous sommes à une croisée des chemins, qu'il s'agisse de notre organisation interne, de nos relations avec les pouvoirs publics, de notre rôle dans l'économie, ou encore de notre place dans la société.
En premier lieu, il me semble important de réaffirmer les valeurs qui fondent notre syndicalisme : la solidarité, le mutualisme et la coopération. Et ces valeurs, ce sont de véritables choix de société, qui doivent prévaloir dans toutes les décisions que nous prenons, au quotidien.
En matière de pluralisme syndical, vous avez choisi de vous conformer à la loi. Comme vous, les Jeunes agriculteurs sont attachés au fait majoritaire, qui doit être respecté, mais nous pensons qu'il est nécessaire aujourd'hui de faire preuve d'une certaine ouverture.
Ne nous privons pas de débattre avec les autres syndicats agricoles. Je pense même que sur un certain nombre d'enjeux fondamentaux pour l'avenir de l'agriculture, nos positions ne sont pas radicalement opposées.
Mais nous devons également réaffirmer des valeurs politiques, pour éviter que nos organisations se marchent sur les pieds ou consacrent trop de temps à regarder ce que fait le voisin. C'est de la responsabilité du syndicalisme à vocation générale de clarifier les missions des différentes organisations et de réorganiser de manière plus rationnelle certains services aux agriculteurs.
Vous avez abordé ces sujets dans vos débats, et je peux vous dire que la prise de conscience est bien réelle, aussi chez les Jeunes agriculteurs, puisque notre propre rapport d'orientation, qui sera débattu et amendé en juin, propose des pistes de réflexion allant dans le même sens.
Quant à la place des Jeunes agriculteurs aux côtés de la FNSEA, je crois que nous devons renforcer nos complémentarités, pour faire en sorte que nos deux organisations fonctionnent en synergie. Je pense d'ailleurs que nous avons plus à gagner à trouver des complémentarités horizontales, plutôt qu'à cloisonner nos activités.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que les adhérents des Jeunes agriculteurs sont aujourd'hui dans leur immense majorité des jeunes exploitants déjà installés. Ce sont des paysans, des producteurs, qui ont le métier devant eux et qui veulent prendre leur avenir en mains.
Dès lors, leur légitimité est forte à s'intéresser aux enjeux de long terme, comme par exemple l'évolution des politiques agricoles, puisqu'ils seront les principaux acteurs de l'agriculture de demain.
Mais comme je l'évoquais à l'instant, une mission essentielle des Jeunes agriculteurs, c'est bien la formation à la responsabilité. Combien parmi vous sont passés par les JA avant de prendre des responsabilités dans les organisations professionnelles agricoles ?
Aujourd'hui, le sens de l'engagement syndical évolue, les modes d'action aussi, même si nos valeurs, je crois, sont toujours intactes.
C'est pourquoi nous voulons redynamiser nos écoles de responsables, les renforcer et même les développer. C'est d'ailleurs aussi le souhait que vous exprimez dans votre rapport d'orientation.
Il s'agit là d'une responsabilité collective des organisations agricoles, puisque bon nombre de ces jeunes vont ensuite irriguer les différents réseaux. Il est donc déterminant que ces organisations, syndicales ou économiques, nous apportent leur soutien pour cette formation.
Enfin, parce que notre syndicalisme, c'est aussi une solidarité forte entre les générations, les Jeunes agriculteurs se battent pour assurer le renouvellement des générations en agriculture.
Quant au financement de nos organisations, ce n'est pas un sujet tabou pour les Jeunes agriculteurs.
Au niveau local, et notamment départemental, les FDSEA et les JA doivent s'entendre pour placer le curseur au bon niveau, en matière de cotisations et d'accès aux services.
Mais ne perdons pas de vue la fragilité économique du jeune installé, qui doit nécessairement être prise en compte. La notion de progressivité me semble essentielle dans ces domaines.
Cette question du financement m'amène à évoquer les attaques que nous subissons au niveau national et européen.
Je ne vais pas répéter ce que vous avez dit durant votre congrès, mais je voudrais simplement vous dire qu'en ces moments difficiles, nous devons serrer les coudes, jeunes et aînés, et affirmer les valeurs qui fondent notre syndicalisme.
Si, comme nous le pensons tous, au plus profond de nous même, la solidarité entre les productions est une valeur forte de notre syndicalisme, et que, chaque jour, notre action contribue au développement agricole, alors nos convictions l'emporteront sur les arguments de nos détracteurs.
Quant à l'amende exorbitante que nous a infligée la Commission européenne pour avoir défendu le revenu et la dignité des producteurs de viande bovine, elle est tout simplement injuste.
Elle correspond en fait à une volonté politique de briser notre rôle d'acteur économique au sein des filières, pour faire des paysans de simples producteurs de matière première, asservis aux exigences de l'agro-industrie et de la grande distribution.
Cette amende est d'autant plus insupportable que la Commission européenne ne dit mot sur le monopole de la grande distribution en France, qui est en train de faire mourir à petit feu nos petites et moyennes entreprises, et pas seulement en agriculture.
Mais au-delà de cette amende, j'ai parfois l'impression que c'est notre rôle de corps intermédiaire qui dérange.
Pas les jours, bien sûr, où il faut savoir terminer une action syndicale et que le préfet est bien content de pouvoir appeler le président de la FD ou des JA, mais plutôt lorsque nous refusons de cautionner un mauvais accord sur la réforme de la PAC.
Avec un peu de recul, il me semble qu'avec les pouvoirs publics, nous sommes passés progressivement de la cogestion, à la concertation, pour aboutir à la simple consultation.
Pour ma part, je suis convaincu que la force de notre syndicalisme, c'est aussi notre indépendance vis à vis du monde politique.
Que des agriculteurs s'engagent en politique, c'est très bien, et c'est même souhaitable pour mieux faire comprendre les réalités de notre métier. Mais alors, ils doivent s'y consacrer pleinement et se désengager de leurs responsabilités syndicales. Pour nous, chez les JA, c'est l'engagement unique.
Pour être encore plus clair, nous considérons qu'il n'y a aucune compatibilité entre un mandat syndical et un mandat politique, excepté conseiller municipal ou maire.
En ce sens, votre décision d'étendre l'interdiction de cumul aux mandats de conseillers régionaux constitue une avancée, un pas dans la bonne direction.
Nous attendons maintenant avec impatience le prochain congrès, pour vous inciter à faire un ou deux pas de plus.
Venons-en maintenant à la difficile mise en uvre, en France, de la réforme de PAC. Pour ceux qui ne l'auraient pas encore entendu ou compris, cette réforme n'est pas la nôtre.
Et plus nous approfondissons notre réflexion sur ses conséquences pour notre agriculture, plus nous sommes convaincus que c'est une mauvaise réforme.
Mais aujourd'hui, notre devoir est de réfléchir à son application en France, parce que les paysans ont besoin de lisibilité. Et cette lisibilité, c'est aux pouvoirs publics de l'apporter.
Nous devons aussi nous battre pour faire en sorte de limiter au maximum les effets pervers de cette réforme sur nos exploitations. Et la priorité des Jeunes agriculteurs, vous le savez, c'est la gestion des droits à paiement.
Depuis le début, nous plaidons pour une gestion non marchande des droits à paiement, car nous craignons une dérive spéculative qui pénalise l'installation des jeunes agriculteurs. De plus, nos convictions nous empêchent d'imaginer qu'un jour, il faille acheter les aides qui font le revenu de tant d'agriculteurs.
Mais le 18 février dernier, le Gouvernement, faisant le constat que le règlement européen impose un système de droits marchands, annonce que la France va mettre en place un marché encadré des droits à paiement.
Depuis, les débats techniques nous amènent à penser que c'est vers un marché peu, voire pas du tout, encadré que nous allons.
Vous me direz, il faut être sage et savoir attendre. Un nouveau gouvernement vient d'être nommé, et le discours sur l'installation sera, à n'en pas douter, politiquement correct.
Mais nous, JA, nous attendons des actes. Et je n'ose pas douter de la volonté de notre ministre de l'agriculture d'obtenir de Bruxelles une gestion véritablement encadrée des droits à paiement.
Aujourd'hui, je tiens à réaffirmer que si tel n'était pas le cas, notre seule et unique solution pour préserver l'installation des jeunes agriculteurs serait de créer une réserve de droits, sur la base d'un prélèvement obligatoire et linéaire sur toutes les exploitations.
C'est d'ailleurs une disposition prévue explicitement par le règlement européen, pour attribuer, en priorité aux jeunes agriculteurs qui s'installent, des droits gratuits.
Nous ne pensions pas devoir réclamer sa mise en uvre, mais puisque cela devient une absolue nécessité pour sauver l'installation, nous le faisons aujourd'hui.
Et cette fois-ci, nous ne devrions plus rencontrer de problèmes de sémantique entre nous et avec les pouvoirs publics.
Une réserve, un prélèvement obligatoire, des droits gratuits, la priorité aux jeunes qui s'installent, voilà enfin une terminologie claire, comprise par tous, et en qui plus est : réglementaire !
Pour conclure, je voudrais dresser un rapide état des lieux de notre chantier pour le renouvellement des générations en agriculture.
Ces derniers mois, nous avons uvré pour rénover le parcours à l'installation et l'adapter aux nouveaux contexte et public. C'est aujourd'hui chose faite, et je pense que nous avons fait du bon travail.
Avec le Comité national de l'installation, qui s'est réuni pour la première fois fin 2003, nous avons également fait preuve d'ouverture pour associer le plus grand nombre d'acteurs du monde rural à notre démarche, avec pour objectif de développer des partenariats locaux.
Mais il est une question qui reste cruellement en suspend, malgré les intentions positives du ministre de l'agriculture, je veux parler de la transmission des exploitations.
C'est là un sujet qui nous concerne tous, jeunes et aînés, si nous voulons assurer la pérennité d'une agriculture à taille humaine, qui valorise nos productions et nos terroirs.
Dans nos réflexions sur l'avenir du syndicalisme, n'oublions pas que nos orientations n'ont de sens que si nous conservons des paysans nombreux, présents sur tous les territoires.
Cette bataille pour la transmission des exploitations, nous devons la mener ensemble, dans les prochains mois.
Mes amis,
Vous le voyez, les Jeunes agriculteurs ne sont pas résignés, même si le quotidien n'est pas toujours simple à gérer.
Notre force, c'est le renouvellement permanent des équipes, tant au niveau local, régional que national. C'est aussi un certain franc parler, qui irrite parfois nos gouvernants, mais qui est toujours source de progrès, une fois la période d'accoutumance terminée.
Et n'oubliez pas que notre combat pour l'installation, c'est bien souvent pour vos enfants, pour nos enfants, que nous le menons.
Jean-Michel,
C'est ensemble, FNSEA et Jeunes Agriculteurs, que nous relèverons les défis pour l'avenir de notre agriculture. Bâtir aujourd'hui, en pensant aux agriculteurs de demain, c'est une responsabilité collective.
Et nous devons nous en donner les moyens, car notre devoir, c'est de permettre à des paysans nombreux, fiers de leur métier, présents sur tous les territoires, de vivre dignement de leur travail et du prix de leurs produits.
Plus qu'un combat, c'est une conviction. Une conviction qui doit donner du sens à notre engagement syndical.
Les Jeunes agriculteurs savent qu'ils peuvent compter sur la FNSEA, sur une FNSEA forte, avec laquelle ils partagent les mêmes valeurs.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.fnsea.fr, le 1er avril 2004)