Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la politique de la ville et l'aide aux équipements publics de proximité, Rosny-sous-Bois le 17 février 1995.

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Circonstance : Déplacement en Seine Saint Denis pour la pose de la première pierre du complexe socio-culturel et sportif de la Boissière, Rosny-sous-Bois le 17 février 1995

Texte intégral

Monsieur le Maire,
(Mesdames et) Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Le 28 juillet 1993, à la veille du comité interministériel au cours duquel ont été tracées, pour les années qui viennent, les perspectives de la politique de la ville, j'avais eu le plaisir de tenir une conférence de presse à Rosny-sous-Bois. Il s'agissait alors de conclure la visite des grands ensembles du département de la Seine-Saint-Denis que j'avais effectuée en compagnie de Madame Simone VEIL.
Je me réjouis de me retrouver aujourd'hui parmi vous et je vous remercie, Monsieur le Maire, de votre accueil.
En 1993, j'avais souhaité que la ville de Rosny-sous-Bois fût au premier rang des bénéficiaires du plan de relance mis en oeuvre par le Gouvernement. A ce titre, vous avez bénéficié d'une "enveloppe déconcentrée d'aide aux équipements publics de proximité".
Grâce à cette aide, qui représente pour l'État un effort de plus de 7 millions de francs, vous avez pu engager le projet de construction d'un centre socio-culturel et sportif dans le quartier de la Boissière. Je suis heureux de procéder aujourd'hui à la pose de la première pierre de ce centre, moins de deux ans après qu'a été prise la décision de mener à bien ce projet.
Un tiers de la population rosnéenne vit dans le quartier de la Boissière, qui était jusqu'alors dépourvu de tout équipement à vocation sociale, culturelle ou sportive. Vous avez compris combien la demande des habitants de ce quartier était pressante. Ce projet répond en particulier à l'attente des jeunes et je me réjouis que leurs aspirations puissent être ainsi satisfaites, et avec elles, celles de leurs familles.
Par l'ambition qu'il sert et par l'originalité dont il témoigne, le projet de la Boissière illustre de façon exemplaire quelles doivent être les priorités de ce qu'il est convenu d'appeler la politique de la ville.
La politique de la ville, telle qu'elle a été déterminée et telle qu'elle est conduite par le Gouvernement, se propose d'apporter une solution aux besoins des quartiers en difficulté. Ce faisant, l'État, garant de la solidarité nationale et protecteur des plus démunis, remplit son rôle.
L'objectif c'est de faire en sorte que les quartiers réputés "difficiles" ou "dégradés" deviennent ou redeviennent des quartiers comme les autres.
Pour l'immédiat, le Gouvernement s'est attaché, vous le savez, à mobiliser l'ensemble des moyens humains, juridiques et financiers dont il disposait pour donner un coup d'arrêt à la dérive de certains quartiers. Après une période de démarrage dont je comprends qu'elle ait pu paraître trop longue, de premiers résultats sont obtenus. La rénovation des services publics dans les banlieues les plus en difficulté en porte témoignage. Depuis des mois que je sillonne notre pays pour m'assurer des effets de cette politique, je constate que partout les projets sortent de terre. Et je me réjouis de voir que bien des initiatives, souhaitées par les communes et par les associations, et qui étaient jusqu'ici restées dans l'ombre, sont enfin couronnées de succès.
Je tiens à saluer les efforts inlassables de toutes celles et de tous ceux qui, sans ménager leur peine ni leur temps, oeuvrent au service de leurs concitoyens, le plus souvent dans l'anonymat qui signe le vrai dévouement au bien commun.
J'y vois la preuve que les solidarités essentielles qui font la force de notre société ont tenu bon, face à la crise qui a frappé notre pays. J'y vois aussi la preuve que c'est avec raison que le Gouvernement a choisi de conforter l'action des élus et des associations.
Je souhaite que les procédures ainsi mises en place, l'habitude prise par tous les responsables de la vie locale de travailler ensemble permettent à la politique de la ville de prendre son plein essor dans les mois qui viennent. Il s'agit en effet de préparer l'avenir. Un cadre de vie semblable à celui du reste de la ville, des services publics performants, un niveau d'activité identique à celui de toute la ville : tels sont, pour les quartiers dont il s'agit, les objectifs à atteindre.
Cette ambition peut être satisfaite pour peu que les opérations d'urbanisme en cours soient conduites rapidement à leur terme, que la modernisation des services publics bénéficie d'abord aux quartiers en difficulté, que les activités économiques y soient encouragées.
Ce sont quelque 13 millions de nos compatriotes qui, habitant dans les quartiers difficiles, ont le droit d'obtenir que leur quartier ne porte pas indéfiniment la marque du chômage, de l'échec social ou de la délinquance. Le Gouvernement a défini une politique à cinq ans en faveur des villes. L'ampleur de la tâche est telle qu'il s'agit, hélas, d'un délai raisonnable.
C'est pourquoi j'ai souhaité que, dans le même temps, une action énergique soit engagée dans les domaines de l'éducation et de la santé et dans celui de l'activité économique.
Améliorer le taux d'encadrement scolaire, développer le soutien scolaire et les activités péri-scolaires, renforcer l'action de santé publique à l'école : voilà quelles sont à mes yeux les priorités des pouvoirs publics pour les mois qui viennent en matière d'éducation.
Il est également du devoir de l'État de promouvoir une politique de santé publique efficace, notamment en ce qui concerne la lutte contre la toxicomanie.
En matière économique, la loi pour l'aménagement du territoire offre des dispositifs exceptionnels pour les quartiers les plus en difficulté. De nouvelles aides aux entreprises existantes sont ouvertes par la création du fonds national de développement des entreprises. Des exonérations fiscales sur l'impôt sur les sociétés, le droit de mutation et la taxe professionnelle sont dorénavant accordées de droit pour les entreprises qui s'installent. Une exonération des charges sociales et accordée pendant un an pour tout recrutement jusqu'au cinquantième salarié.
Favoriser le développement de l'emploi et l'insertion ou la réinsertion professionnelle : tel est le but à atteindre en matière économique et sociale. C'est pourquoi, au-delà des aides aux entreprises, le Gouvernement a décidé que les Collectivités Locales pourraient mettre en place avec l'aide de l'État, et sans limite budgétaire, des contrats emplois solidarité consolidés, y compris pour les jeunes.
Mesdames et Messieurs, quand, en 1993, le Gouvernement est arrivé, la politique de la ville avait besoin d'un nouvel élan, de moyens accrus, de procédures plus simples. Le Gouvernement a agi en ce sens depuis deux ans et l'occasion qui nous réunit aujourd'hui montre que les premiers résultats sont au rendez-vous.
Beaucoup reste à faire et je forme le voeu que les efforts accomplis ne restent pas sans lendemain. Les perspectives qui ont été tracées par le Gouvernement sont claires, les priorités s'imposent d'elles-mêmes.
Je ne doute pas, pour ma part, que les Français auront à coeur de créer partout les conditions d'une société moins dure, plus équitable et plus fraternelle.
C'est à l'État qu'il revient de s'en porter garant. Il s'agit autant d'une obligation morale que d'une affaire de cohésion nationale.
Avec la politique d'aménagement du territoire, la politique de la ville est un élément essentiel du nouvel exemple français que j'appelle de mes voeux. Il y va de l'équilibre de notre société, c'est-à-dire du fonctionnement harmonieux de notre démocratie.
Puisse notre pays ne pas perdre de vue l'importance de cet enjeu, qui impose, par-delà la légitime diversité des opinions, le rassemblement de tous les Français !