Interview de M. Jacques Barrot, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale et membre du comité politique de l'UMP, dans "Le Parisien" du 18 mars 2004, sur les aides aux restaurateurs et la défense de la politique gouvernementale notamment la politique de l'emploi.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Question : Entre les promesses sonnantes et trébuchantes faites aux mécontents, le gouvernement Raffarin, comme ses prédécesseurs, n'est-il pas en train de céder aux pressions corporatistes préélectorales ?
Jacques Barrot (Réponse) : Non, il ne s'agit pas pour le gouvernement de réponses démagogiques. Il s'emploie à traiter sérieusement de problèmes réels... Le secteur de la restauration est créateur d'emplois ; mais il doit augmenter les rémunérations pour attirer les demandeurs d'emploi. La baisse des charges doit le permettre. La volonté de renforcer les moyens de la recherche tout en réformant sa gestion s'inscrit elle aussi dans cette priorité donnée à la préparation de l'avenir.
Question : Concernant les chercheurs, l'intervention du Premier ministre a été bien tardive...
Jacques Barrot (Réponse) : Le problème ne date pas d'aujourd'hui... mais, cette fois-ci, on s'oriente vers une réponse globale. Ce n'est pas rien de garantir à nos chercheurs un milliard d'euros supplémentaire par an sur les trois prochaines années, de mettre en chantier une grande loi d'orientation destinée à réformer l'organisation de notre recherche et d'innover, notamment, avec la création d'un statut des enseignants chercheurs !
Question : Même si c'est à coups de chèques sur l'avenir ?
Jacques Barrot (Réponse) : Non. Faire des chèques sur l'avenir, c'est dépenser en fonctionnement des ressources nécessaires à l'investissement et à la préparation de l'avenir. C'est laisser filer les frais généraux de la nation à la manière de nos prédécesseurs. Ce n'est pas ce que nous faisons ! La baisse des charges, l'élargissement du crédit impôt recherche participent à cette bataille pour le développement et l'emploi durable, qui constituent le vrai moyen de réduire nos déficits.
Question : Que répondez-vous à ceux qui accusent le gouvernement Raffarin d'organiser "l'insécurité sociale" en évoquant une "chasse aux chômeurs" ?
Jacques Barrot (Réponse) : Ce slogan caricatural d'" insécurité sociale " lancé de manière malhonnête par un PS à court de propositions alternatives vient hélas alimenter les propagandes extrémistes, et notamment la campagne du Front national. Il occulte malhonnêtement ce que le gouvernement a fait pour la création d'emplois durables par les entreprises en lieu et place d'emplois précaires sur fonds publics. En deux ans, la boîte à outils pour l'emploi a été très renouvelée : mise en place des contrats jeunes à durée indéterminée en entreprise, création d'un droit individuel à la formation particulièrement destiné aux salariés les moins favorisés, usage du contrat initiative emploi pour les plus de 50 ans... Et la nouvelle loi va innover encore avec ce droit à une deuxième chance de formation pour les jeunes sans qualifications.
Question : En attendant, l'Unedic a confirmé que 650 000 chômeurs allaient sortir des statistiques. C'est socialement dur, non ?
Jacques Barrot (Réponse) : Les partenaires sociaux ont dû faire face aux très graves déficits de l'Unedic. Ils ont réduit la durée d'indemnisation plutôt que le montant de l'indemnisation. Cela exige en contrepartie un accompagnement beaucoup plus personnalisé des chômeurs dans la recherche d'emploi, dès qu'ils ont cessé leur travail.
Question : Comment ?
Jacques Barrot (Réponse) : La loi de mobilisation pour l'emploi va organiser une coopération beaucoup plus active entre l'Unedic et l'ANPE. Il s'agit, au mois le mois, de repérer localement toutes les offres d'emploi et de guider beaucoup plus efficacement les chômeurs. Leur indemnité devrait mériter l'appellation d'" aide à la recherche d'emploi ". Il ne s'agit pas, en effet, de suspecter les chômeurs, mais d'aller à leur devant, notamment au-devant des jeunes qui ne feraient pas valoir cette " formation deuxième chance " que nous allons créer.
Question : Tout cela n'est-il pas un peu angélique à l'heure des délocalisations et quand on voit que même aux États-Unis, la croissance ne crée plus d'emplois ?
Jacques Barrot (Réponse) : Les délocalisations ne sont pas une fatalité absolue. Et la création d'activités nouvelles à l'étranger peut renforcer nos entreprises françaises, comme c'est le cas pour l'automobile. Un effort de recherche appliquée, d'innovation, joint à une meilleure formation des salariés français nous permettront de rester un pays industriel producteur de biens exportables. Et sur une économie productive, on peut greffer de nombreux emplois de service, notamment de services à la personne. C'est le cap que le président a fixé au gouvernement Raffarin. Quel que soit le résultat des élections locales, le cap devra être maintenu sur cette France dynamique, capable de faire fonctionner son État au meilleur coût.

(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 19 mars 2004)