Texte intégral
Je voudrais tout d'abord dire à Borys combien je suis heureux d'être à Kiev aujourd'hui. C'est ma première visite officielle et je voulais vous dire que les Français aiment beaucoup l'Ukraine. Et puis le contexte est celui du premier anniversaire de cet événement extraordinaire qui est entré dans l'histoire, la Révolution orange.
Et permettez-moi de rendre hommage à cette occasion au courage du peuple ukrainien ainsi qu'à ses dirigeants, je pense bien sûr au président Iouchtchenko, dont je salue le courage et la détermination, ainsi qu'à vous, Borys, qui étiez à ses côtés sur cette place qui est le symbole de notre continent, un des grands symboles de la liberté. Je dois vous assurer que l'enthousiasme des manifestants a été partagé par mes compatriotes.
J'attache le plus grand prix à cette première visite à Kiev. Avant la rencontre, le 16 novembre, des deux présidents Chirac et Iouchtchenko qui vont pouvoir parler de nos relations, nous allons aussi pouvoir en parler à notre niveau et le président Chirac m'a donné une lettre, un courrier, pour le président Iouchtchenko, un message d'amitié pour lui réaffirmer toute la disponibilité de la France pour accompagner l'Ukraine dans son processus de réformes. J'ai deux objectifs, le premier c'est de soutenir les efforts nécessaires pour que le processus de transition de l'Ukraine puisse réussir. C'est long, difficile, mais mon pays est prêt à vous aider dans le cadre du plan d'action signé en 2005 entre l'Union européenne et l'Ukraine. C'est l'objet de la feuille de route que nous venons de signer avec Borys Tarassiouk : le dialogue politique, le soutien aux réformes, le renforcement de nos relations économiques, la sécurité, la défense, la justice et les questions culturelles et techniques.
Le deuxième objectif c'est donner un nouvel élan à nos relations économiques. Je suis venu avec une délégation d'hommes d'affaires français, j'ai souhaité rencontrer des chefs d'entreprise ukrainiens afin de recueillir leur sentiment sur les opportunités qui se présentent aux investisseurs étrangers en Ukraine. Je me félicite de la forte progression de nos échanges commerciaux et économiques en augmentation de 8,8 % en 2004, pour 685 millions d'euros ; quant à nos exportations, elles ont augmenté de 24 % durant les 8 premiers mois de cette année, mais ce n'est pas suffisant et il faut vraiment les multiplier par deux, par trois ou par quatre !
Nous allons maintenant répondre à vos questions mais avant je voudrais vous donner deux messages ; le premier que je souhaite transmettre à vos dirigeants ainsi qu'à la population ukrainienne, c'est un message d'amitié et de solidarité, le deuxième c'est : ayez confiance en l'avenir parce que l'édification d'une démocratie, la réussite de la transition, sont des tâches de longue haleine. C'est par la confiance entre nos pays que nous parviendrons à l'approfondissement de la relation avec l'Union européenne, et, à l'intérieur de l'Union européenne, avec la France en particulier.
Q - Le Financial Times annonce l'avis favorable de la Commission européenne pour octroyer le statut d'économie de marché à l'Ukraine : pouvez-vous confirmer cette rumeur ? Que pourriez-vous nous dire de vos entretiens avec le président Iouchtchenko ?
R - Le 1er décembre, à l'occasion du sommet UE/Ukraine, la France montrera combien elle est ouverte pour aider l'Ukraine ; d'abord il y a le statut d'économie de marché puis l'entrée de l'Ukraine dans l'OMC, et même si vous ne m'avez pas posé la question je vais vous répondre en même temps sur ces deux points.
La France soutient la démarche des autorités ukrainiennes en vue d'adhérer à l'Organisation mondiale du Commerce le plus rapidement possible. Vos efforts de réforme en ce sens doivent être poursuivis et votre législation mise en conformité avec la pratique mondiale.
Pour le statut d'économie de marché, nous avons noté avec satisfaction que la Commission européenne estimait que les critères techniques étaient désormais remplis et qu'elle envisageait de proposer au Conseil une décision favorable ; nous saluons les progrès enregistrés et nous aiderons ce dossier.
Q - La Grande-Bretagne s'est vue refuser deux fois l'adhésion à l'Union européenne par la France, qu'en sera-t-il de l'Ukraine ?
R - Nous sommes aujourd'hui pleinement conscients que les dirigeants ukrainiens - cela me permet de répondre à la deuxième partie de la question tout à l'heure sur nos entretiens avec le président Iouchtchenko et Borys, les autorités ukrainiennes souhaitent donner une lisibilité à leur politique et en particulier un horizon européen, ils y tiennent beaucoup. Et si nous voulons vraiment que l'Ukraine se rapproche de l'Union européenne, il faut progresser par étapes, c'est la meilleure des solutions. La priorité va à l'achèvement des réformes dans le cadre de la mise en uvre du plan d'action entre l'Union européenne et l'Ukraine. Nous sommes résolus à vous aider et à réfléchir avec vous à toutes les étapes suivantes entre votre pays et l'Union européenne. Soyez bien persuadés que c'est de cela dont nous avons parlé avec le président Iouchtchenko, avec Borys, thème que le président Chirac et le président Iouchtchenko aborderont lors de leur entrevue à Paris et que le président Chirac abordera d'ailleurs lorsqu'il viendra à Kiev durant l'année 2006.
Je veux faire juste une remarque. Nous avons dit avec le président Iouchtchenko que nous partageons, vous et nous, les mêmes valeurs, de démocratie, de Droits de l'Homme, de laïcité, d'égalité homme-femme et également de liberté d'expression ; donc en réalité le sujet est la mise en oeuvre des réformes économiques et sociales, et dès l'instant que les réformes économiques et sociales sont faites alors tout devient d'actualité, très vite.
La deuxième remarque que je veux faire c'est de prendre en considération l'opinion publique de l'Union européenne elle-même. Pourquoi les Français ont voté "non" le 29 mai au référendum ? C'est parce que cet élargissement se fait un peu trop rapidement aussi pour eux et il faut les laisser bien comprendre que ce n'est pas une dilution du projet européen, mais c'est une chance, que l'arrivée des nouveaux pays de l'Est dans l'Union européenne est une chance extraordinaire notamment pour les exportations des entreprises françaises et ce n'est pas, au contraire, quelque chose qui doit les ennuyer.
Q - Quelles sont les perspectives pour l'Ukraine d'accéder au Membership Action Plan ? On cite souvent la France comme l'un des principaux obstacles à la réalisation pratique des aspirations de l'Ukraine à rejoindre l'OTAN.
R - Merci de me permettre de rétablir la vérité alors. La France soutient le développement de la coopération de Kiev avec l'OTAN. Dans ce cadre nous vous encourageons à poursuivre la réforme de votre défense, à consolider l'Etat de droit et à contribuer à la stabilité régionale. Mais, comme vous le savez, c'est le Conseil atlantique qui fixe lui-même son propre ordre du jour. C'est lui seul qui est en effet habilité à une telle décision. Or je remarque que l'adhésion, la question de l'adhésion, n'a pas été pour le moment mise à l'ordre du jour ; il le fera le moment venu et de façon indépendante.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2005)
Et permettez-moi de rendre hommage à cette occasion au courage du peuple ukrainien ainsi qu'à ses dirigeants, je pense bien sûr au président Iouchtchenko, dont je salue le courage et la détermination, ainsi qu'à vous, Borys, qui étiez à ses côtés sur cette place qui est le symbole de notre continent, un des grands symboles de la liberté. Je dois vous assurer que l'enthousiasme des manifestants a été partagé par mes compatriotes.
J'attache le plus grand prix à cette première visite à Kiev. Avant la rencontre, le 16 novembre, des deux présidents Chirac et Iouchtchenko qui vont pouvoir parler de nos relations, nous allons aussi pouvoir en parler à notre niveau et le président Chirac m'a donné une lettre, un courrier, pour le président Iouchtchenko, un message d'amitié pour lui réaffirmer toute la disponibilité de la France pour accompagner l'Ukraine dans son processus de réformes. J'ai deux objectifs, le premier c'est de soutenir les efforts nécessaires pour que le processus de transition de l'Ukraine puisse réussir. C'est long, difficile, mais mon pays est prêt à vous aider dans le cadre du plan d'action signé en 2005 entre l'Union européenne et l'Ukraine. C'est l'objet de la feuille de route que nous venons de signer avec Borys Tarassiouk : le dialogue politique, le soutien aux réformes, le renforcement de nos relations économiques, la sécurité, la défense, la justice et les questions culturelles et techniques.
Le deuxième objectif c'est donner un nouvel élan à nos relations économiques. Je suis venu avec une délégation d'hommes d'affaires français, j'ai souhaité rencontrer des chefs d'entreprise ukrainiens afin de recueillir leur sentiment sur les opportunités qui se présentent aux investisseurs étrangers en Ukraine. Je me félicite de la forte progression de nos échanges commerciaux et économiques en augmentation de 8,8 % en 2004, pour 685 millions d'euros ; quant à nos exportations, elles ont augmenté de 24 % durant les 8 premiers mois de cette année, mais ce n'est pas suffisant et il faut vraiment les multiplier par deux, par trois ou par quatre !
Nous allons maintenant répondre à vos questions mais avant je voudrais vous donner deux messages ; le premier que je souhaite transmettre à vos dirigeants ainsi qu'à la population ukrainienne, c'est un message d'amitié et de solidarité, le deuxième c'est : ayez confiance en l'avenir parce que l'édification d'une démocratie, la réussite de la transition, sont des tâches de longue haleine. C'est par la confiance entre nos pays que nous parviendrons à l'approfondissement de la relation avec l'Union européenne, et, à l'intérieur de l'Union européenne, avec la France en particulier.
Q - Le Financial Times annonce l'avis favorable de la Commission européenne pour octroyer le statut d'économie de marché à l'Ukraine : pouvez-vous confirmer cette rumeur ? Que pourriez-vous nous dire de vos entretiens avec le président Iouchtchenko ?
R - Le 1er décembre, à l'occasion du sommet UE/Ukraine, la France montrera combien elle est ouverte pour aider l'Ukraine ; d'abord il y a le statut d'économie de marché puis l'entrée de l'Ukraine dans l'OMC, et même si vous ne m'avez pas posé la question je vais vous répondre en même temps sur ces deux points.
La France soutient la démarche des autorités ukrainiennes en vue d'adhérer à l'Organisation mondiale du Commerce le plus rapidement possible. Vos efforts de réforme en ce sens doivent être poursuivis et votre législation mise en conformité avec la pratique mondiale.
Pour le statut d'économie de marché, nous avons noté avec satisfaction que la Commission européenne estimait que les critères techniques étaient désormais remplis et qu'elle envisageait de proposer au Conseil une décision favorable ; nous saluons les progrès enregistrés et nous aiderons ce dossier.
Q - La Grande-Bretagne s'est vue refuser deux fois l'adhésion à l'Union européenne par la France, qu'en sera-t-il de l'Ukraine ?
R - Nous sommes aujourd'hui pleinement conscients que les dirigeants ukrainiens - cela me permet de répondre à la deuxième partie de la question tout à l'heure sur nos entretiens avec le président Iouchtchenko et Borys, les autorités ukrainiennes souhaitent donner une lisibilité à leur politique et en particulier un horizon européen, ils y tiennent beaucoup. Et si nous voulons vraiment que l'Ukraine se rapproche de l'Union européenne, il faut progresser par étapes, c'est la meilleure des solutions. La priorité va à l'achèvement des réformes dans le cadre de la mise en uvre du plan d'action entre l'Union européenne et l'Ukraine. Nous sommes résolus à vous aider et à réfléchir avec vous à toutes les étapes suivantes entre votre pays et l'Union européenne. Soyez bien persuadés que c'est de cela dont nous avons parlé avec le président Iouchtchenko, avec Borys, thème que le président Chirac et le président Iouchtchenko aborderont lors de leur entrevue à Paris et que le président Chirac abordera d'ailleurs lorsqu'il viendra à Kiev durant l'année 2006.
Je veux faire juste une remarque. Nous avons dit avec le président Iouchtchenko que nous partageons, vous et nous, les mêmes valeurs, de démocratie, de Droits de l'Homme, de laïcité, d'égalité homme-femme et également de liberté d'expression ; donc en réalité le sujet est la mise en oeuvre des réformes économiques et sociales, et dès l'instant que les réformes économiques et sociales sont faites alors tout devient d'actualité, très vite.
La deuxième remarque que je veux faire c'est de prendre en considération l'opinion publique de l'Union européenne elle-même. Pourquoi les Français ont voté "non" le 29 mai au référendum ? C'est parce que cet élargissement se fait un peu trop rapidement aussi pour eux et il faut les laisser bien comprendre que ce n'est pas une dilution du projet européen, mais c'est une chance, que l'arrivée des nouveaux pays de l'Est dans l'Union européenne est une chance extraordinaire notamment pour les exportations des entreprises françaises et ce n'est pas, au contraire, quelque chose qui doit les ennuyer.
Q - Quelles sont les perspectives pour l'Ukraine d'accéder au Membership Action Plan ? On cite souvent la France comme l'un des principaux obstacles à la réalisation pratique des aspirations de l'Ukraine à rejoindre l'OTAN.
R - Merci de me permettre de rétablir la vérité alors. La France soutient le développement de la coopération de Kiev avec l'OTAN. Dans ce cadre nous vous encourageons à poursuivre la réforme de votre défense, à consolider l'Etat de droit et à contribuer à la stabilité régionale. Mais, comme vous le savez, c'est le Conseil atlantique qui fixe lui-même son propre ordre du jour. C'est lui seul qui est en effet habilité à une telle décision. Or je remarque que l'adhésion, la question de l'adhésion, n'a pas été pour le moment mise à l'ordre du jour ; il le fera le moment venu et de façon indépendante.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2005)