Texte intégral
Q - L'échec de la réunion ministérielle de Seattle n'a pas empêché les échanges mondiaux de progresser. Alors, un nouveau round est-il bien nécessaire ?
R - C'est parce que le commerce mondial se développe rapidement, à un rythme de croissance de 10 % cette année, que nous avons besoin d'un nouveau cycle de négociations multilatérales. Nous devons trouver un équilibre entre une nouvelle libéralisation des échanges et l'instauration de règles pour mieux encadrer le commerce mondial. La préparation de ce cycle est une des priorités de la présidence française de l'Union européenne. Mais les élections américaines rendent le lancement d'un round avant la fin de l'année peu probable.
Q - Les pays membres de l'OMC ont-ils rapproché leurs positions sur ce cycle de négociations ?
R - La réunion de Seattle a été mal préparée. Certains pays y avaient peut-être intérêt. Un nouvel échec compromettrait l'idée même d'un cycle et décrédibiliserait l'OMC. Il faut poursuivre le dialogue avec les pays en développement qui ne rejettent pas l'idée d'un nouveau cycle mais souhaitent d'abord un examen de la mise en uvre des accords de Marrakech. Nous avons commencé à le faire à Genève. Il faut aussi traduire dans les actes l'initiative globale lancée au printemps en faveur des pays les moins avancés. C'est ce que fait l'Union européenne : j'espère voir adoptée sous présidence française une proposition ambitieuse sur l'accès au marché européen des produits de ces pays. Il faut également développer l'assistance technique en direction des pays en développement qui en ont le plus besoin pour les aider à prendre toute leur place dans le système commercial multilatéral : c'est ainsi que le gouvernement français a versé lundi à l'OMC une contribution volontaire de 1 million d'euros qui bénéficiera plus particulièrement aux pays les moins avancés ainsi qu'aux pays africains.
Q - La réforme de l'OMC est-elle enterrée ?
R - Non, mais le consensus n'est pas facile à trouver sur ce sujet, même si après Seattle tout le monde semblait reconnaître la nécessité d'une amélioration du fonctionnement de l'OMC. Je reste convaincu qu'on ne pourra pas aborder les prochaines conférences ministérielles et lancer un cycle sans avoir progressé dans ce domaine. C'est une des priorités de la présidence française de relancer ce débat : l'Union européenne va transmettre ces jours-ci à ses partenaires de l'OMC un certain nombre d'"idées" à discuter. Sans remettre en cause le principe du consensus, il faut essayer d'améliorer le processus de décision à l'OMC. Pourquoi ne pas faire en sorte que la participation aux réunions informelles soit plus transparente, équilibrée et représentative des différents niveaux de développement des membres de l'OMC ? Pourquoi ne pas définir des "lignes directrices" pour ces réunions comme l'ont proposé les pays africains ? Nous pourrions aussi réfléchir à la faisabilité d'un groupe consultatif suffisamment représentatif, qui pourrait conseiller le directeur général de l'OMC dont il me semble que le rôle devrait être renforcé.
Q - Et pour la participation de la société civile ?
R - C'est toute la question de la transparence externe de l'OMC. Pourquoi ne pas ouvrir la discussion sur l'examen de la politique commerciale des pays membres aux parlementaires et aux organisations non gouvernementales du pays concerné ? Et organiser une réunion annuelle ouverte autour d'un rapport d'activité de l'OMC ? Une bonne solution pourrait être aussi la mise en place d'un réseau international de parlementaires, assurant à la fois une mission d'information et de veille sur l'OMC. Par ailleurs, il faut réfléchir à la possibilité de mettre en place un système d'accréditation des ONG : ces idées ne sont pas limitatives... Il faut enfin renforcer le dialogue avec d'autres institutions internationales, comme l'Organisation internationale du travail, l'Organisation mondiale de la santé, etc.
Q - Qu'attendez-vous de l'accession de la Chine à l'OMC ?
R - Il s'agit d'un énorme enjeu, tant pour l'Organisation mondiale du commerce et ses membres que pour la Chine elle-même. Des difficultés subsistent. Nous sommes néanmoins, je l'espère, dans la dernière ligne droite. Il faut que la Chine respecte à la fois ses engagements bilatéraux (nous voulons être sûrs que ce qui a été convenu - je pense notamment aux licences d'assurance - sera octroyé) et qu'elle précise les conditions dans lesquelles elle mettra en uvre ses engagements multilatéraux ; cela veut dire concrètement qu'il faut qu'elle nous dise comment elle va traduire ses obligations à l'OMC dans son système juridique et administratif. Des rencontres au niveau politique vont avoir lieu en octobre : le sommet UE-Chine, où j'accompagnerai le président de la République. De leur côté, les Américains semblent prévoir aussi un contact politique, prochainement. J'espère que le groupe de travail pourra, à Genève, se réunir à nouveau fin octobre, début novembre, cette fois pour finaliser.
Q - La France a enregistré au mois de juillet son premier déficit commercial depuis longtemps. Faut-il s'en inquiéter ?
R - Le déficit enregistré en juillet ne reflète pas une érosion de nos exportations. Sur la première partie de l'année, elles ont été très dynamiques et ont dépassé le cap des mille milliards de francs, et la compétitivité de nos entreprises n'est pas remise en cause. Cependant, la facture pétrolière va effectivement peser sur le solde commercial français. Elle atteint déjà 81 milliards de francs sur les sept premiers mois de l'année contre 37 sur la même période de 1999. Elle devrait au total s'alourdir d'environ 70 milliards de francs sur l'année entière.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2000)
R - C'est parce que le commerce mondial se développe rapidement, à un rythme de croissance de 10 % cette année, que nous avons besoin d'un nouveau cycle de négociations multilatérales. Nous devons trouver un équilibre entre une nouvelle libéralisation des échanges et l'instauration de règles pour mieux encadrer le commerce mondial. La préparation de ce cycle est une des priorités de la présidence française de l'Union européenne. Mais les élections américaines rendent le lancement d'un round avant la fin de l'année peu probable.
Q - Les pays membres de l'OMC ont-ils rapproché leurs positions sur ce cycle de négociations ?
R - La réunion de Seattle a été mal préparée. Certains pays y avaient peut-être intérêt. Un nouvel échec compromettrait l'idée même d'un cycle et décrédibiliserait l'OMC. Il faut poursuivre le dialogue avec les pays en développement qui ne rejettent pas l'idée d'un nouveau cycle mais souhaitent d'abord un examen de la mise en uvre des accords de Marrakech. Nous avons commencé à le faire à Genève. Il faut aussi traduire dans les actes l'initiative globale lancée au printemps en faveur des pays les moins avancés. C'est ce que fait l'Union européenne : j'espère voir adoptée sous présidence française une proposition ambitieuse sur l'accès au marché européen des produits de ces pays. Il faut également développer l'assistance technique en direction des pays en développement qui en ont le plus besoin pour les aider à prendre toute leur place dans le système commercial multilatéral : c'est ainsi que le gouvernement français a versé lundi à l'OMC une contribution volontaire de 1 million d'euros qui bénéficiera plus particulièrement aux pays les moins avancés ainsi qu'aux pays africains.
Q - La réforme de l'OMC est-elle enterrée ?
R - Non, mais le consensus n'est pas facile à trouver sur ce sujet, même si après Seattle tout le monde semblait reconnaître la nécessité d'une amélioration du fonctionnement de l'OMC. Je reste convaincu qu'on ne pourra pas aborder les prochaines conférences ministérielles et lancer un cycle sans avoir progressé dans ce domaine. C'est une des priorités de la présidence française de relancer ce débat : l'Union européenne va transmettre ces jours-ci à ses partenaires de l'OMC un certain nombre d'"idées" à discuter. Sans remettre en cause le principe du consensus, il faut essayer d'améliorer le processus de décision à l'OMC. Pourquoi ne pas faire en sorte que la participation aux réunions informelles soit plus transparente, équilibrée et représentative des différents niveaux de développement des membres de l'OMC ? Pourquoi ne pas définir des "lignes directrices" pour ces réunions comme l'ont proposé les pays africains ? Nous pourrions aussi réfléchir à la faisabilité d'un groupe consultatif suffisamment représentatif, qui pourrait conseiller le directeur général de l'OMC dont il me semble que le rôle devrait être renforcé.
Q - Et pour la participation de la société civile ?
R - C'est toute la question de la transparence externe de l'OMC. Pourquoi ne pas ouvrir la discussion sur l'examen de la politique commerciale des pays membres aux parlementaires et aux organisations non gouvernementales du pays concerné ? Et organiser une réunion annuelle ouverte autour d'un rapport d'activité de l'OMC ? Une bonne solution pourrait être aussi la mise en place d'un réseau international de parlementaires, assurant à la fois une mission d'information et de veille sur l'OMC. Par ailleurs, il faut réfléchir à la possibilité de mettre en place un système d'accréditation des ONG : ces idées ne sont pas limitatives... Il faut enfin renforcer le dialogue avec d'autres institutions internationales, comme l'Organisation internationale du travail, l'Organisation mondiale de la santé, etc.
Q - Qu'attendez-vous de l'accession de la Chine à l'OMC ?
R - Il s'agit d'un énorme enjeu, tant pour l'Organisation mondiale du commerce et ses membres que pour la Chine elle-même. Des difficultés subsistent. Nous sommes néanmoins, je l'espère, dans la dernière ligne droite. Il faut que la Chine respecte à la fois ses engagements bilatéraux (nous voulons être sûrs que ce qui a été convenu - je pense notamment aux licences d'assurance - sera octroyé) et qu'elle précise les conditions dans lesquelles elle mettra en uvre ses engagements multilatéraux ; cela veut dire concrètement qu'il faut qu'elle nous dise comment elle va traduire ses obligations à l'OMC dans son système juridique et administratif. Des rencontres au niveau politique vont avoir lieu en octobre : le sommet UE-Chine, où j'accompagnerai le président de la République. De leur côté, les Américains semblent prévoir aussi un contact politique, prochainement. J'espère que le groupe de travail pourra, à Genève, se réunir à nouveau fin octobre, début novembre, cette fois pour finaliser.
Q - La France a enregistré au mois de juillet son premier déficit commercial depuis longtemps. Faut-il s'en inquiéter ?
R - Le déficit enregistré en juillet ne reflète pas une érosion de nos exportations. Sur la première partie de l'année, elles ont été très dynamiques et ont dépassé le cap des mille milliards de francs, et la compétitivité de nos entreprises n'est pas remise en cause. Cependant, la facture pétrolière va effectivement peser sur le solde commercial français. Elle atteint déjà 81 milliards de francs sur les sept premiers mois de l'année contre 37 sur la même période de 1999. Elle devrait au total s'alourdir d'environ 70 milliards de francs sur l'année entière.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2000)