Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Voici donc que se tient aujourd'hui le premier Conseil National du RPF.
Pourtant, vous vous rappelez ?
Vous vous rappelez la gourmandise avec laquelle la presse s'était délectée du différend qui avait surgi dans nos rangs !
Vous vous rappelez l'ardeur avec laquelle la pensée unique nous avait classés parmi les espèces en voie de disparition !
Vous vous rappelez la jubilation avec laquelle nos adversaires avaient publié notre faire-part de décès !
Eh bien, ILS SE SONT TROMPÉS ! ! Nous sommes là et bien là.
Aujourd'hui se tient le premier Conseil National du RPF et je peux vous assurer, chers amis, que ce premier Conseil ne sera pas le dernier. Il est au contraire le premier d'une longue série. Pourquoi ?
D'abord parce que sa prochaine réunion est déjà programmée : ce sera le 26 novembre prochain et nous examinerons à ce moment-là la stratégie à adopter pour les élections municipales.
Mais aussi, mais surtout devrais-je dire, parce que le mouvement qui est le nôtre est une force d'avenir. N'en doutons pas un instant, le Rassemblement pour la France est un mouvement qui va s'ancrer de plus en plus profondément dans la vie politique française, et qui a vocation à devenir le pôle central de l'alternance à venir.
Pourquoi avons-nous cette assurance ?
Parce que le RPF est au cur des questions fondamentales du monde contemporain, celles qui se posent en France et hors de France, à toutes les sociétés de la planète, qu'elles soient en Europe ou hors d'Europe.
Parce que le RPF appartient à cette école de pensée politique qui estime que les nations, telles que l'histoire nous les a léguées, restent le cadre indispensable :
*à l'épanouissement des peuples,
*à l'exercice de leur souveraineté,
*à la plénitude de leur liberté,
*et à l'expression de leur solidarité !
A vrai dire, cette école de pensée est fort ancienne puisqu'on peut la faire remonter à l'aube de l'humanité, je pense en particulier au monde biblique.
Il me semble à ce propos que nos contemporains, qu'ils soient croyants ou incroyants, enrichiraient leur réflexion s'ils lisaient davantage ce condensé de sagesse millénaire que constitue l'Ancien Testament, ce texte qui insiste à tant de reprises sur " les peuples, les langues et les nations ", pour montrer à quel point ces distinctions sont fondamentales, depuis toujours, dans l'histoire des hommes.
Tous nos visionnaires irréfléchis de la " mondialisation " ou des " Etats-Unis d'Europe " devraient assurément méditer sur la parabole de la Tour de Babel, qui est la prophétie la plus lucide sur le destin funeste qui attend toutes les utopies humaines prétendant ne former "qu'un seul peuple", ayant "le même langage".
Le destin des 74 années de " construction du socialisme " ne se trouve-t-il pas résumé tout entier dans ces quelques versets de la Genèse sur la " construction de la Tour de Babel " ?
Et sommes-nous si certains, au fond, que la " construction européenne " ne connaîtra pas le même sort ?
Chez nous, l'affirmation de la souveraineté nationale contre toutes les hégémonies remonte au moins à Philippe le Bel. On se souvient que celui-ci affirmait déjà, au début du XIIIe siècle, vouloir être " Empereur en son royaume " et qu'il rejetait ainsi les liens de vassalité que prétendaient lui imposer le Pape Boniface VIII et l'Empereur du Saint Empire romain germanique.
Probablement peut-on même faire remonter cette volonté farouche de souveraineté nationale à Philippe Auguste et à la bataille de Bouvines, et même, antérieurement encore, au sacre d'Hugues Capet.
Oui, les Français sont d'abord les héritiers d'une longue histoire monarchique, de tous ces rois qui n'étaient ni de droite ni de gauche mais qui firent la France et qui se battirent pour sa souveraineté et sa grandeur.
Quoi qu'on en dise, de nos jours encore, le peuple français aime avoir un chef d'Etat puissant, un chef d'Etat compétent, et un chef d'Etat respecté en France et dans le monde.
C'est sans doute cette tradition monarchique et ce rôle suprême que nous continuons à attribuer mentalement à l'Etat qui expliquent pourquoi les Français sont accablés, peut-être plus qu'aucun autre peuple au monde, lorsqu'ils constatent que leur chef d'Etat n'est pas à la hauteur de la tâche.
Lorsque cette situation arrive - et elle s'est hélas déjà produite plusieurs fois dans notre histoire - la France va mal et les Français éprouvent le besoin du sursaut national. Plus ou moins confusément, n'est-ce pas précisément la situation dans laquelle est actuellement plongé notre pays ?
Mais la France ne se limite pas à cette tradition. Car le peuple français est aussi l'héritier de la Révolution et des deux siècles ultérieurs, qui l'ont si profondément attaché à l'idée de République, qui l'ont rendu si vigilant aux questions de liberté, de justice et d'égalité.
La République française, c'est fondamentalement un PRINCIPE D'EMANCIPATION. Et c'est pourquoi ce beau nom de " République française " a toujours échauffé les esprits et exalté les curs à travers le monde, de Saint Petersbourg à Caracas et de Rome à Pékin.
Etre républicain, c'est se battre pour la SOUVERAINETE DU PEUPLE, c'est considérer que cette souveraineté est inaliénable et qu'ELLE NE DOIT CEDER DEVANT RIEN : ni devant l'aristocratie de la naissance, ni devant l'aristocratie des diplômes, ni devant l'aristocratie de la richesse.
Etre républicain, c'est REFUSER TOUS LES ABANDONS ET TOUTES LES PRETENDUES FATALITES.
Amour de la France ! Souveraineté inaliénable de son peuple ! Liberté, égalité et fraternité ! Refus de l'esprit d'abandon ! Sentiment patriotique !
Qui ne voit que ce sont ces principes qui ont fait la France éternelle, et qui ont animé toutes les grandes figures de notre histoire nationale, de Jeanne d'Arc à Charles de Gaulle, et de Clémenceau à Jean Moulin ?
Et qui ne constate que le Rassemblement pour la France est le seul mouvement politique français à oser encore proclamer haut et fort ces principes qui ont fait la grandeur de la France ?
Qui ne constate que c'est notre rassemblement, le RPF - et lui seul - qui peut légitimement revendiquer l'appellation de " gaulliste " !
*Le RPF pense qu'il ne peut pas y avoir de liberté sans souveraineté nationale. Et que, comme nous l'enseigne la parabole de la Tour de Babel, toute construction supranationale niant la spécificité des peuples aboutit fatalement à la tyrannie d'abord, à la destruction et au malheur ensuite.
*Le RPF affirme que l'on ne peut pas casser le lien qui existe entre un peuple, sa langue, sa nation et sa monnaie, sans susciter à terme des conséquences politiques, sociales et culturelles de la plus haute gravité.
Et c'est pourquoi le RPF refuse la monnaie unique européenne, tout comme il refuse les démantèlements précipités - consentis dans le cadre du GATT puis de l'OMC - des réglementations aux échanges de capitaux, de marchandises et de services, au mépris de toute spécificité sociale, linguistique ou culturelle.
Ce débat que nous posons est bel et bien le débat crucial de notre temps, comme le montrent de très nombreux exemples à travers le monde, à commencer par la Grande Bretagne ou les pays scandinaves. A Londres, Oslo, Stockholm ou Copenhague, la question de la souveraineté nationale face aux politiques dites de mondialisation ou de regroupements régionaux fait l'objet de controverses passionnées et publiques.
Au Royaume uni, par exemple, le grand parti conservateur - c'est-à-dire le parti de Winston Churchill - a fait du refus de l'euro et du rejet d'une Europe fédérale le socle de son programme électoral.
Cela permet à l'opinion publique anglaise de bien cerner les enjeux de cette alternative essentielle ; et cela permet, comme au Danemark, de donner tout son sens au débat démocratique et toute sa noblesse à l'engagement politique.
Eh bien en France, tout en s'apitoyant sur l'atonie du débat politique et sur la montée de l'abstention et de l'incivisme, la plupart des responsables du monde politique et économique font comme si ce débat entre souveraineté nationale et projets supranationaux était d'un autre âge !
Pour les dirigeants du Parti Socialiste, des Verts, du Parti communiste, de l'UDF ou de ce qui reste du RPR, les convictions souverainistes seraient le fait de tempéraments "frileux" ou "ringards", selon les adjectifs si méprisants dont, faute d'autres arguments, ils nous affublent systématiquement.
Avec l'aide bienveillante de nombreux médias, PS, UDF et RPR font tout pour faire croire au peuple français que le seul choix politique qui compte est cette rivalité dérisoire entre MM. Chirac et Jospin, alors que ceux-ci se situent exactement dans le même camp pour le débat qui nous concerne.
Puisque le vrai débat, celui qui oppose les souverainistes aux européistes et aux mondialistes, n'a pas droit d'antenne, comment s'étonner que les électeurs se détournent de la politique et que l'abstention fasse désormais des ravages dans les urnes ?
Ce refus de débattre de l'essentiel est d'autant plus inquiétant qu'il ne correspond que trop bien à l'une des constantes de la société française.
Comme souvent dans notre histoire, les élites croient que la politique de l'autruche va régler la question et que le peuple, parce qu'il ne réagit pas maintenant, ne réagira jamais.
C'est évidemment faux car aucun Traité de Maastricht ou d'Amsterdam, aucun " cycle " de l'Organisation mondiale du commerce n'empêchera les interrogations et les craintes de continuer à cheminer de façon souterraine dans le corps social français. Et puis, un jour, dans douze semaines, dans douze mois ou dans douze ans, une goutte d'eau fera déborder le vase, la société française se révoltera d'un coup et les commentateurs politiques tomberont des nues en assurant que personne n'avait rien vu venir.
Car, comme l'histoire des hommes l'a montré si souvent, ce sont ceux-là mêmes qui prétendent interdire les débats qui leur déplaisent qui finissent par être démentis par les événements.
Et c'est pourquoi j'affirme devant vous aujourd'hui, non seulement que le RPF a de l'avenir, mais plus encore que l'avenir appartient au RPF.
Notre ligne politique n'a pas changé et ne changera pas. Fondée sur le principe de la souveraineté nationale, elle affirme la liberté d'entreprendre, l'évidente nécessité de réduire les impôts et le refus d'une socialisation excessive de l'économie. Mais elle rejette les excès d'une pensée ultra-libérale venue d'outre-Atlantique, dont le peuple français, d'ailleurs, ne veut pas.
Notre ligne politique affirme le rôle de l'Etat comme garant de l'indépendance et de la souveraineté nationales, comme responsable de la lutte contre la délinquance, comme acteur essentiel de la protection des personnes et des biens, comme autorité judiciaire impartiale mais respectueuse des principes républicains.
Nous sommes en faveur d'une véritable décentralisation des responsabilités et des financements publics et nous ne sommes pas hostiles à certaines hardiesses en ce domaine.
Mais bien sûr nous ne saurons tolérer qu'il soit porté atteinte à l'unité de la République. Nous n'admettrons pas que l'on donne quelque reconnaissance que ce soit à des bandes indépendantistes, criminelles et mafieuses, ou que l'on recrée les " privilèges " d'Ancien Régime, avec des lois différentes selon les régions ou les personnes auxquelles elles s'appliquent.
Notre ligne politique rappelle que tout citoyen a des droits mais aussi des devoirs, et que le civisme doit s'apprendre dès la prime enfance, de même que le sens de l'effort individuel.
Même si cela n'est pas à la mode, nous n'hésitons pas à redire que les parents jouent un rôle essentiel dans la structuration d'une société, et que l'aide à la famille, à l'enfance et qu'une politique démographique dynamique sont d'une importance fondamentale pour l'avenir de la nation.
Notre ligne politique rappelle aussi qu'une vigilance toute particulière doit être portée aux aspects éducatifs, culturels et linguistiques. L'école républicaine doit favoriser l'ascension sociale, doit demeurer plus que jamais un lieu serein où s'acquièrent les apprentissages fondamentaux ainsi que la connaissance de notre histoire et la transmission de notre culture.
Une politique déterminée de soutien à la francophonie doit impérativement faire partie de l'uvre de redressement à conduire.
Sur ces bases, le Rassemblement pour la France a vocation à rassembler des Françaises et des Français de toutes les conditions, sans exclusive et sans discrimination, que celle-ci soit négative ou positive.
Car, fidèle aux grands principes républicains, le RPF refuse toute dérive communautariste, de quelque nature que ce soit. Le RPF ne connaît que des citoyens français, sans considération d'âge, de sexe, de religion, de couleur de peau, ou d'origine familiale, régionale ou ethnique.
Parvenir à un large rassemblement, nous en avons la vocation. Pour autant, la route sera-t-elle facile ? Certainement pas.
Car, vous le savez comme moi, nos adversaires ne nous feront aucun cadeau.
*Car ils savent, eux aussi, que nous posons les bonnes questions.
*Ils mesurent bien que notre influence va grandissante, au fur et à mesure que les événements nous donnent raison.
*Ils ont bien vu le score que nous avons réalisé voici un an aux élections européennes.
*Ils ont analysé avec inquiétude le très bon résultat que nous avons obtenu au référendum sur le quinquennat.
Et TOUT CELA LEUR FAIT PEUR.
Et comme ils ont peur, ils ont de plus en plus recours à des procédés qui s'éloignent des principes démocratiques.
Ce constat est préoccupant car il reflète une évolution que tout observateur objectif peut mesurer : UNE TENDANCE CROISSANTE A L'INTOLERANCE, pour ne pas dire plus, envers quiconque remet en cause les dogmes de la " mondialisation " ou de l'idéologie européiste.
Vous savez mieux que quiconque que ceux qui font preuve d'indépendance d'esprit sont de plus en plus victimes, non seulement dans les medias mais aussi dans leur vie professionnelle voire personnelle, d'une forme rampante d'ostracisme, et même de persécution plus ou moins sournoise.
Tout comme la " construction du socialisme " avait mené à des " démocraties populaires " où toute pensée dissidente était considérée comme une pathologie, la " construction européenne " fait progressivement apparaître des " démocraties " qui fonctionnent sur des schémas autoritaires et non-démocratiques.
Je voudrais examiner avec vous quelques exemples de cette dérive inquiétante, exemples que je tire de l'actualité immédiate.
Premier exemple : le projet de " Constitution européenne ".
Le président de la République a prononcé fin juin un discours devant le Reichstag de Berlin pour proposer aux députés allemands rien moins que la rédaction d'une " Constitution européenne ".
Si l'on y réfléchit bien, et si les mots ont un sens, c'est une proposition d'une importance considérable, c'est même un véritable événement d'ampleur historique !
Mais au fait, Jacques Chirac a-t-il sollicité préalablement l'accord du peuple français avant de faire cette proposition aux Allemands ? La réponse est NON !
En a-t-il même parlé d'abord avec le Premier ministre et le gouvernement français ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils été prévenus et y a-t-il eu un débat démocratique au Parlement sur ce projet ? La réponse est NON !
Le président de la République a donc tout bonnement court-circuité toutes les procédures démocratiques normales pour sortir ce projet de son chapeau, et en ayant, en plus, l'audace d'affirmer qu'il s'agit de rendre plus démocratique la construction européenne ! !
Deuxième exemple : le projet d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne .
Fin novembre 1999, suite aux pressions américaines, l'Union européenne a admis la Turquie comme " candidate officielle " à entrer dans l'Union.
L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing s'est ému de cette décision. Il a fait remarquer que si la Turquie, qui n'a presque rien d'européen, devenait un Etat-membre de l'Union européenne, alors le pays le plus peuplé de l'Union serait un pays musulman.
En réponse, le gouvernement français a déclaré que " l'Europe n'a pas vocation à être un club chrétien ". Cette réponse est " politiquement correcte ", mais :
A-t-on demandé au peuple français s'il était d'accord pour que l'on accepte d'engager des négociations d'adhésion dans l'Union européenne avec la Turquie ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils été prévenus et y a-t-il eu un débat démocratique au Parlement sur ce projet ? La réponse est NON !
Y a-t-il eu un débat démocratique pour demander pourquoi la Turquie aurait le droit d'entrer dans l'Union européenne et pas la Russie ou le Maroc ? La réponse est NON !
Troisième exemple : le projet de " Charte des droits fondamentaux ".
Voici quelques jours, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont réunis au Sommet de Biarritz : ce fut un échec total, que les medias se hâtèrent de camoufler.
On ne déboucha sur rien sauf sur l'idée d'une " Charte des droits fondamentaux ", dont on nous annonce qu'elle devrait être le prélude à une future Constitution européenne. Certains observateurs complaisants essaient de nous faire croire que c'est le grand vent de l'histoire qui se met à souffler et que l'on se dirige vers une sorte d'" Assemblée Constituante " européenne.
Le problème, c'est que l'écrasante majorité des peuples européens, à commencer par les Français, se moquent éperdument de cette " Charte ", que presque personne n'a lue.
Et puis au fait, a-t-on demandé d'abord au peuple français s'il était d'accord avec cette "Charte" et avec son principe même ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils voté préalablement pour ou contre cette " Charte " ? La réponse est NON !
D'ailleurs, le nom même de " Charte " ne fait-il pas irrésistiblement penser à la Restauration française, lorsque le roi Louis XVIII décida avec condescendance d'"octroyer" une "Charte" aux Français en 1814 ?
Eh bien, chers amis, les historiens savent bien qu'une " Charte " préparée par des élites dans le dos des peuples, ça se balaye à la première révolution venue !
Quatrième exemple : l'euro.
Notre monnaie, l'euro, s'effondre.
Jour après jour, de façon presque monotone, il s'effondre, s'effondre, s'effondre..
Et dans des proportions qui laissent pantois : - 30 % par rapport au dollar, - 33 % par rapport au yen, - 20 % par rapport à un panel de 36 monnaies mondiales ! Le tout en un an et dix mois d'existence. Chapeau !
Un tel effondrement a des conséquences très concrètes sur le coût de nos déplacements en dehors de la zone euro, sur le coût des importations de produits électroniques fabriqués aux Etats-Unis ou en Asie du sud-est, ou sur le coût des matières premières importées libellées en dollars, comme les produits énergétiques ou certains produits agro-alimentaires.
Manque de chance pour les économies européennes, cet effondrement de l'euro se produit en même temps qu'une hausse très forte des prix des hydrocarbures, laquelle est due à toute une série de raisons à la fois conjoncturelles et structurelles.
Un baril de pétrole brut coûtait 15 dollars le 1er janvier 1999 et il en vaut environ 32 dollars aujourd'hui. Converti en francs, cela signifie que le prix du baril de pétrole brut avant raffinage est passé de 84 francs début 1999 à 254 francs aujourd'hui. Or cette augmentation phénoménale de 170 francs est due à l'augmentation du prix du baril - à hauteur d'à peu près 100 francs -, mais aussi à la chute de l'euro - à hauteur de 70 francs.
Ce renchérissement des produits énergétiques importés engage une spirale inflationniste qui est en train de faire voler en éclats les contraintes du Pacte de stabilité, qui fixent un taux d'inflation plafond de 2 %.
Les Etats membres de la zone euro annoncent ainsi, les uns après les autres, des taux supérieurs, et d'ailleurs divergents les uns par rapport aux autres :
2,3 % d'inflation en moyenne annuelle pour la France,
3 % pour l'Allemagne et l'Espagne,
4,2 % pour la Finlande,
5,7 % pour l'Irlande.
Conformément à l'article 105, alinea 1, du Traité de Maastricht qui stipule que " l'objectif principal " de la politique monétaire de l'Union européenne doit être " de maintenir la stabilité des prix ", la Banque centrale européenne tire les conséquences de ce regain d'inflation en procédant à des relèvements de taux d'intérêt, - 6 en un an ! ! - même au risque de casser la croissance, de relancer le chômage ou de mettre en péril les politiques d'assainissement des finances publiques.
Alors que faire pour porter remède à cette débâcle?
Eh bien, le Président de la Banque centrale européenne, M. Duisenberg, nous a donné la solution, lors de sa dernière conférence de presse. En bon porte-parole des marchés financiers, il a exhorté tous les gouvernements - et en particulier le gouvernement français - à :
1°) " poursuivre la déréglementation ",
2°) " favoriser l'emploi à temps partiel ",
3°) " parvenir à une plus grande flexibilité des marchés du travail "
4°) " maintenir une politique de modération salariale ",
5°) " éliminer les rigidités structurelles des marchés du travail "
et enfin 6°) " réduire les effets dissuasifs résultant des régimes fiscaux, de sécurité sociale et de retraite ".
En bref, cela veut dire que l'euro nous oblige :
à démanteler le droit du travail - comme par exemple autoriser le travail de nuit des femmes -,
à diminuer la taxation des plus hauts revenus,
à ne pas augmenter les bas salaires,
à développer toutes les formes d'emplois précaires,
à revoir à la baisse les retraites et les prestations sociales, etc., etc., etc.
Alors moi, en lisant ces recommandations de M. Duisenberg, qui sont confirmées par Messieurs Trichet, Greenspan, Theo Waigel et j'en passe, une question toute bête me vient à l'esprit :
A QUOI CELA SERT DE FAIRE ENCORE VOTER LES FRANÇAIS ? ?
Si nos aïeux ont fait la révolution en 1789, c'était d'abord pour décider eux-mêmes des impôts qu'ils allaient payer ! Si nos parents et nous-mêmes avons tant travaillé pendant le XXème siècle, c'était dans la perspective que les salaires et la protection sociale ne pourraient aller qu'en s'améliorant et que la vie de nos enfants et de leurs descendants seraient meilleure que la nôtre !
Or voilà que l'on nous explique maintenant que l'euro, conjugué avec la suppression de tous les contrôles aux échanges de capitaux, nous retire le droit de décider par nous-mêmes de notre régime fiscal, de notre droit social, de nos salaires, de nos retraites et du reste.
Voilà sans aucun doute le programme politique le plus réactionnaire que l'on ait vu depuis longtemps !
Evidemment, ça change des slogans à l'eau de rose que l'on fait répéter en chur sur le thème " l'euro fait la force "
Mais ce qui est le plus ahurissant, c'est que l'on ne demande pas aux Français de qu'ils en pensent ! Quand on a parlé aux Français de la mise en place de l'euro et du démantèlement de toutes les réglementations aux échanges de capitaux, leur a t on jamais expliqué clairement ces conséquences là ? La réponse est NON !
Alors voilà pourquoi j'ai demandé, il y a quelques jours, dans le journal Le Monde, que le président de la République demande aux Français par référendum s'ils souhaitent ou non conserver le franc en 2002, au moins pour les transactions courantes, sous forme de billets, de pièces ou de chèques, et ce en attendant de voir ce que l'euro va devenir.
Tous les sondages indiquent d'ailleurs qu'un nombre important de Français souhaitent un tel référendum et que, si ce référendum avait lieu, il se pourrait bien qu'une majorité de Français décident de conserver le franc.
Et quelle suite a été donnée à ma demande ? AUCUNE !
Ce n'est pas que la question n'intéresse personne ; c'est au contraire qu'elle intéresse trop, qu'elle est trop dangereuse pour l'oligarchie qui nous gouverne. Les médias ont donc respecté la conspiration du silence.
Alors moi, et c'est sur ce sujet que je conclurai mon propos, je refuse cette " omerta ".
Je vous propose donc, si vous en êtes d'accord, que le Rassemblement pour la France accentue sa pression sur le président de la République, sur le gouvernement et sur les médias, pour que nous devenions les champions du référendum sur l'euro, tout comme nous avons été les champions du Non au référendum sur le quinquennat.
Que cela plaise ou pas à ceux qui nous gouvernent, nous allons tout faire pour qu'un grand débat national soit ouvert sur l'avenir du franc et de l'euro.
Chers amis, il me faut maintenant conclure.
Vous l'avez compris, en vous voyant tous réunis ici, en écoutant les différents orateurs, en procédant à l'élection du Vice-Président et des 40 membres du Comité directeur, en écoutant ma propre intervention, vous avez pu mesurer que le RPF est vivant et bien vivant.
Vous pouvez constater que notre mouvement est désormais en ordre de marche, que c'est un mouvement solide et qui a de l'avenir parce que c'est un mouvement cohérent, qui regroupe des hommes et des femmes qui partagent les mêmes convictions, et des convictions vraies.
A la différence du Parti communiste, du Parti socialiste, de l'UDF et du RPR, qui ne sont désormais plus que des agrégats incohérents de carriéristes désunis, les cadres et militants de notre mouvement se réunissent derrière une même volonté : nous nous battons pour la souveraineté et la grandeur de la France.
Vive la République !
Vive la France ! !
(source http://www.rpfie.org, le 3 novembre 2000)
Voici donc que se tient aujourd'hui le premier Conseil National du RPF.
Pourtant, vous vous rappelez ?
Vous vous rappelez la gourmandise avec laquelle la presse s'était délectée du différend qui avait surgi dans nos rangs !
Vous vous rappelez l'ardeur avec laquelle la pensée unique nous avait classés parmi les espèces en voie de disparition !
Vous vous rappelez la jubilation avec laquelle nos adversaires avaient publié notre faire-part de décès !
Eh bien, ILS SE SONT TROMPÉS ! ! Nous sommes là et bien là.
Aujourd'hui se tient le premier Conseil National du RPF et je peux vous assurer, chers amis, que ce premier Conseil ne sera pas le dernier. Il est au contraire le premier d'une longue série. Pourquoi ?
D'abord parce que sa prochaine réunion est déjà programmée : ce sera le 26 novembre prochain et nous examinerons à ce moment-là la stratégie à adopter pour les élections municipales.
Mais aussi, mais surtout devrais-je dire, parce que le mouvement qui est le nôtre est une force d'avenir. N'en doutons pas un instant, le Rassemblement pour la France est un mouvement qui va s'ancrer de plus en plus profondément dans la vie politique française, et qui a vocation à devenir le pôle central de l'alternance à venir.
Pourquoi avons-nous cette assurance ?
Parce que le RPF est au cur des questions fondamentales du monde contemporain, celles qui se posent en France et hors de France, à toutes les sociétés de la planète, qu'elles soient en Europe ou hors d'Europe.
Parce que le RPF appartient à cette école de pensée politique qui estime que les nations, telles que l'histoire nous les a léguées, restent le cadre indispensable :
*à l'épanouissement des peuples,
*à l'exercice de leur souveraineté,
*à la plénitude de leur liberté,
*et à l'expression de leur solidarité !
A vrai dire, cette école de pensée est fort ancienne puisqu'on peut la faire remonter à l'aube de l'humanité, je pense en particulier au monde biblique.
Il me semble à ce propos que nos contemporains, qu'ils soient croyants ou incroyants, enrichiraient leur réflexion s'ils lisaient davantage ce condensé de sagesse millénaire que constitue l'Ancien Testament, ce texte qui insiste à tant de reprises sur " les peuples, les langues et les nations ", pour montrer à quel point ces distinctions sont fondamentales, depuis toujours, dans l'histoire des hommes.
Tous nos visionnaires irréfléchis de la " mondialisation " ou des " Etats-Unis d'Europe " devraient assurément méditer sur la parabole de la Tour de Babel, qui est la prophétie la plus lucide sur le destin funeste qui attend toutes les utopies humaines prétendant ne former "qu'un seul peuple", ayant "le même langage".
Le destin des 74 années de " construction du socialisme " ne se trouve-t-il pas résumé tout entier dans ces quelques versets de la Genèse sur la " construction de la Tour de Babel " ?
Et sommes-nous si certains, au fond, que la " construction européenne " ne connaîtra pas le même sort ?
Chez nous, l'affirmation de la souveraineté nationale contre toutes les hégémonies remonte au moins à Philippe le Bel. On se souvient que celui-ci affirmait déjà, au début du XIIIe siècle, vouloir être " Empereur en son royaume " et qu'il rejetait ainsi les liens de vassalité que prétendaient lui imposer le Pape Boniface VIII et l'Empereur du Saint Empire romain germanique.
Probablement peut-on même faire remonter cette volonté farouche de souveraineté nationale à Philippe Auguste et à la bataille de Bouvines, et même, antérieurement encore, au sacre d'Hugues Capet.
Oui, les Français sont d'abord les héritiers d'une longue histoire monarchique, de tous ces rois qui n'étaient ni de droite ni de gauche mais qui firent la France et qui se battirent pour sa souveraineté et sa grandeur.
Quoi qu'on en dise, de nos jours encore, le peuple français aime avoir un chef d'Etat puissant, un chef d'Etat compétent, et un chef d'Etat respecté en France et dans le monde.
C'est sans doute cette tradition monarchique et ce rôle suprême que nous continuons à attribuer mentalement à l'Etat qui expliquent pourquoi les Français sont accablés, peut-être plus qu'aucun autre peuple au monde, lorsqu'ils constatent que leur chef d'Etat n'est pas à la hauteur de la tâche.
Lorsque cette situation arrive - et elle s'est hélas déjà produite plusieurs fois dans notre histoire - la France va mal et les Français éprouvent le besoin du sursaut national. Plus ou moins confusément, n'est-ce pas précisément la situation dans laquelle est actuellement plongé notre pays ?
Mais la France ne se limite pas à cette tradition. Car le peuple français est aussi l'héritier de la Révolution et des deux siècles ultérieurs, qui l'ont si profondément attaché à l'idée de République, qui l'ont rendu si vigilant aux questions de liberté, de justice et d'égalité.
La République française, c'est fondamentalement un PRINCIPE D'EMANCIPATION. Et c'est pourquoi ce beau nom de " République française " a toujours échauffé les esprits et exalté les curs à travers le monde, de Saint Petersbourg à Caracas et de Rome à Pékin.
Etre républicain, c'est se battre pour la SOUVERAINETE DU PEUPLE, c'est considérer que cette souveraineté est inaliénable et qu'ELLE NE DOIT CEDER DEVANT RIEN : ni devant l'aristocratie de la naissance, ni devant l'aristocratie des diplômes, ni devant l'aristocratie de la richesse.
Etre républicain, c'est REFUSER TOUS LES ABANDONS ET TOUTES LES PRETENDUES FATALITES.
Amour de la France ! Souveraineté inaliénable de son peuple ! Liberté, égalité et fraternité ! Refus de l'esprit d'abandon ! Sentiment patriotique !
Qui ne voit que ce sont ces principes qui ont fait la France éternelle, et qui ont animé toutes les grandes figures de notre histoire nationale, de Jeanne d'Arc à Charles de Gaulle, et de Clémenceau à Jean Moulin ?
Et qui ne constate que le Rassemblement pour la France est le seul mouvement politique français à oser encore proclamer haut et fort ces principes qui ont fait la grandeur de la France ?
Qui ne constate que c'est notre rassemblement, le RPF - et lui seul - qui peut légitimement revendiquer l'appellation de " gaulliste " !
*Le RPF pense qu'il ne peut pas y avoir de liberté sans souveraineté nationale. Et que, comme nous l'enseigne la parabole de la Tour de Babel, toute construction supranationale niant la spécificité des peuples aboutit fatalement à la tyrannie d'abord, à la destruction et au malheur ensuite.
*Le RPF affirme que l'on ne peut pas casser le lien qui existe entre un peuple, sa langue, sa nation et sa monnaie, sans susciter à terme des conséquences politiques, sociales et culturelles de la plus haute gravité.
Et c'est pourquoi le RPF refuse la monnaie unique européenne, tout comme il refuse les démantèlements précipités - consentis dans le cadre du GATT puis de l'OMC - des réglementations aux échanges de capitaux, de marchandises et de services, au mépris de toute spécificité sociale, linguistique ou culturelle.
Ce débat que nous posons est bel et bien le débat crucial de notre temps, comme le montrent de très nombreux exemples à travers le monde, à commencer par la Grande Bretagne ou les pays scandinaves. A Londres, Oslo, Stockholm ou Copenhague, la question de la souveraineté nationale face aux politiques dites de mondialisation ou de regroupements régionaux fait l'objet de controverses passionnées et publiques.
Au Royaume uni, par exemple, le grand parti conservateur - c'est-à-dire le parti de Winston Churchill - a fait du refus de l'euro et du rejet d'une Europe fédérale le socle de son programme électoral.
Cela permet à l'opinion publique anglaise de bien cerner les enjeux de cette alternative essentielle ; et cela permet, comme au Danemark, de donner tout son sens au débat démocratique et toute sa noblesse à l'engagement politique.
Eh bien en France, tout en s'apitoyant sur l'atonie du débat politique et sur la montée de l'abstention et de l'incivisme, la plupart des responsables du monde politique et économique font comme si ce débat entre souveraineté nationale et projets supranationaux était d'un autre âge !
Pour les dirigeants du Parti Socialiste, des Verts, du Parti communiste, de l'UDF ou de ce qui reste du RPR, les convictions souverainistes seraient le fait de tempéraments "frileux" ou "ringards", selon les adjectifs si méprisants dont, faute d'autres arguments, ils nous affublent systématiquement.
Avec l'aide bienveillante de nombreux médias, PS, UDF et RPR font tout pour faire croire au peuple français que le seul choix politique qui compte est cette rivalité dérisoire entre MM. Chirac et Jospin, alors que ceux-ci se situent exactement dans le même camp pour le débat qui nous concerne.
Puisque le vrai débat, celui qui oppose les souverainistes aux européistes et aux mondialistes, n'a pas droit d'antenne, comment s'étonner que les électeurs se détournent de la politique et que l'abstention fasse désormais des ravages dans les urnes ?
Ce refus de débattre de l'essentiel est d'autant plus inquiétant qu'il ne correspond que trop bien à l'une des constantes de la société française.
Comme souvent dans notre histoire, les élites croient que la politique de l'autruche va régler la question et que le peuple, parce qu'il ne réagit pas maintenant, ne réagira jamais.
C'est évidemment faux car aucun Traité de Maastricht ou d'Amsterdam, aucun " cycle " de l'Organisation mondiale du commerce n'empêchera les interrogations et les craintes de continuer à cheminer de façon souterraine dans le corps social français. Et puis, un jour, dans douze semaines, dans douze mois ou dans douze ans, une goutte d'eau fera déborder le vase, la société française se révoltera d'un coup et les commentateurs politiques tomberont des nues en assurant que personne n'avait rien vu venir.
Car, comme l'histoire des hommes l'a montré si souvent, ce sont ceux-là mêmes qui prétendent interdire les débats qui leur déplaisent qui finissent par être démentis par les événements.
Et c'est pourquoi j'affirme devant vous aujourd'hui, non seulement que le RPF a de l'avenir, mais plus encore que l'avenir appartient au RPF.
Notre ligne politique n'a pas changé et ne changera pas. Fondée sur le principe de la souveraineté nationale, elle affirme la liberté d'entreprendre, l'évidente nécessité de réduire les impôts et le refus d'une socialisation excessive de l'économie. Mais elle rejette les excès d'une pensée ultra-libérale venue d'outre-Atlantique, dont le peuple français, d'ailleurs, ne veut pas.
Notre ligne politique affirme le rôle de l'Etat comme garant de l'indépendance et de la souveraineté nationales, comme responsable de la lutte contre la délinquance, comme acteur essentiel de la protection des personnes et des biens, comme autorité judiciaire impartiale mais respectueuse des principes républicains.
Nous sommes en faveur d'une véritable décentralisation des responsabilités et des financements publics et nous ne sommes pas hostiles à certaines hardiesses en ce domaine.
Mais bien sûr nous ne saurons tolérer qu'il soit porté atteinte à l'unité de la République. Nous n'admettrons pas que l'on donne quelque reconnaissance que ce soit à des bandes indépendantistes, criminelles et mafieuses, ou que l'on recrée les " privilèges " d'Ancien Régime, avec des lois différentes selon les régions ou les personnes auxquelles elles s'appliquent.
Notre ligne politique rappelle que tout citoyen a des droits mais aussi des devoirs, et que le civisme doit s'apprendre dès la prime enfance, de même que le sens de l'effort individuel.
Même si cela n'est pas à la mode, nous n'hésitons pas à redire que les parents jouent un rôle essentiel dans la structuration d'une société, et que l'aide à la famille, à l'enfance et qu'une politique démographique dynamique sont d'une importance fondamentale pour l'avenir de la nation.
Notre ligne politique rappelle aussi qu'une vigilance toute particulière doit être portée aux aspects éducatifs, culturels et linguistiques. L'école républicaine doit favoriser l'ascension sociale, doit demeurer plus que jamais un lieu serein où s'acquièrent les apprentissages fondamentaux ainsi que la connaissance de notre histoire et la transmission de notre culture.
Une politique déterminée de soutien à la francophonie doit impérativement faire partie de l'uvre de redressement à conduire.
Sur ces bases, le Rassemblement pour la France a vocation à rassembler des Françaises et des Français de toutes les conditions, sans exclusive et sans discrimination, que celle-ci soit négative ou positive.
Car, fidèle aux grands principes républicains, le RPF refuse toute dérive communautariste, de quelque nature que ce soit. Le RPF ne connaît que des citoyens français, sans considération d'âge, de sexe, de religion, de couleur de peau, ou d'origine familiale, régionale ou ethnique.
Parvenir à un large rassemblement, nous en avons la vocation. Pour autant, la route sera-t-elle facile ? Certainement pas.
Car, vous le savez comme moi, nos adversaires ne nous feront aucun cadeau.
*Car ils savent, eux aussi, que nous posons les bonnes questions.
*Ils mesurent bien que notre influence va grandissante, au fur et à mesure que les événements nous donnent raison.
*Ils ont bien vu le score que nous avons réalisé voici un an aux élections européennes.
*Ils ont analysé avec inquiétude le très bon résultat que nous avons obtenu au référendum sur le quinquennat.
Et TOUT CELA LEUR FAIT PEUR.
Et comme ils ont peur, ils ont de plus en plus recours à des procédés qui s'éloignent des principes démocratiques.
Ce constat est préoccupant car il reflète une évolution que tout observateur objectif peut mesurer : UNE TENDANCE CROISSANTE A L'INTOLERANCE, pour ne pas dire plus, envers quiconque remet en cause les dogmes de la " mondialisation " ou de l'idéologie européiste.
Vous savez mieux que quiconque que ceux qui font preuve d'indépendance d'esprit sont de plus en plus victimes, non seulement dans les medias mais aussi dans leur vie professionnelle voire personnelle, d'une forme rampante d'ostracisme, et même de persécution plus ou moins sournoise.
Tout comme la " construction du socialisme " avait mené à des " démocraties populaires " où toute pensée dissidente était considérée comme une pathologie, la " construction européenne " fait progressivement apparaître des " démocraties " qui fonctionnent sur des schémas autoritaires et non-démocratiques.
Je voudrais examiner avec vous quelques exemples de cette dérive inquiétante, exemples que je tire de l'actualité immédiate.
Premier exemple : le projet de " Constitution européenne ".
Le président de la République a prononcé fin juin un discours devant le Reichstag de Berlin pour proposer aux députés allemands rien moins que la rédaction d'une " Constitution européenne ".
Si l'on y réfléchit bien, et si les mots ont un sens, c'est une proposition d'une importance considérable, c'est même un véritable événement d'ampleur historique !
Mais au fait, Jacques Chirac a-t-il sollicité préalablement l'accord du peuple français avant de faire cette proposition aux Allemands ? La réponse est NON !
En a-t-il même parlé d'abord avec le Premier ministre et le gouvernement français ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils été prévenus et y a-t-il eu un débat démocratique au Parlement sur ce projet ? La réponse est NON !
Le président de la République a donc tout bonnement court-circuité toutes les procédures démocratiques normales pour sortir ce projet de son chapeau, et en ayant, en plus, l'audace d'affirmer qu'il s'agit de rendre plus démocratique la construction européenne ! !
Deuxième exemple : le projet d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne .
Fin novembre 1999, suite aux pressions américaines, l'Union européenne a admis la Turquie comme " candidate officielle " à entrer dans l'Union.
L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing s'est ému de cette décision. Il a fait remarquer que si la Turquie, qui n'a presque rien d'européen, devenait un Etat-membre de l'Union européenne, alors le pays le plus peuplé de l'Union serait un pays musulman.
En réponse, le gouvernement français a déclaré que " l'Europe n'a pas vocation à être un club chrétien ". Cette réponse est " politiquement correcte ", mais :
A-t-on demandé au peuple français s'il était d'accord pour que l'on accepte d'engager des négociations d'adhésion dans l'Union européenne avec la Turquie ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils été prévenus et y a-t-il eu un débat démocratique au Parlement sur ce projet ? La réponse est NON !
Y a-t-il eu un débat démocratique pour demander pourquoi la Turquie aurait le droit d'entrer dans l'Union européenne et pas la Russie ou le Maroc ? La réponse est NON !
Troisième exemple : le projet de " Charte des droits fondamentaux ".
Voici quelques jours, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont réunis au Sommet de Biarritz : ce fut un échec total, que les medias se hâtèrent de camoufler.
On ne déboucha sur rien sauf sur l'idée d'une " Charte des droits fondamentaux ", dont on nous annonce qu'elle devrait être le prélude à une future Constitution européenne. Certains observateurs complaisants essaient de nous faire croire que c'est le grand vent de l'histoire qui se met à souffler et que l'on se dirige vers une sorte d'" Assemblée Constituante " européenne.
Le problème, c'est que l'écrasante majorité des peuples européens, à commencer par les Français, se moquent éperdument de cette " Charte ", que presque personne n'a lue.
Et puis au fait, a-t-on demandé d'abord au peuple français s'il était d'accord avec cette "Charte" et avec son principe même ? La réponse est NON !
Les députés français ont-ils voté préalablement pour ou contre cette " Charte " ? La réponse est NON !
D'ailleurs, le nom même de " Charte " ne fait-il pas irrésistiblement penser à la Restauration française, lorsque le roi Louis XVIII décida avec condescendance d'"octroyer" une "Charte" aux Français en 1814 ?
Eh bien, chers amis, les historiens savent bien qu'une " Charte " préparée par des élites dans le dos des peuples, ça se balaye à la première révolution venue !
Quatrième exemple : l'euro.
Notre monnaie, l'euro, s'effondre.
Jour après jour, de façon presque monotone, il s'effondre, s'effondre, s'effondre..
Et dans des proportions qui laissent pantois : - 30 % par rapport au dollar, - 33 % par rapport au yen, - 20 % par rapport à un panel de 36 monnaies mondiales ! Le tout en un an et dix mois d'existence. Chapeau !
Un tel effondrement a des conséquences très concrètes sur le coût de nos déplacements en dehors de la zone euro, sur le coût des importations de produits électroniques fabriqués aux Etats-Unis ou en Asie du sud-est, ou sur le coût des matières premières importées libellées en dollars, comme les produits énergétiques ou certains produits agro-alimentaires.
Manque de chance pour les économies européennes, cet effondrement de l'euro se produit en même temps qu'une hausse très forte des prix des hydrocarbures, laquelle est due à toute une série de raisons à la fois conjoncturelles et structurelles.
Un baril de pétrole brut coûtait 15 dollars le 1er janvier 1999 et il en vaut environ 32 dollars aujourd'hui. Converti en francs, cela signifie que le prix du baril de pétrole brut avant raffinage est passé de 84 francs début 1999 à 254 francs aujourd'hui. Or cette augmentation phénoménale de 170 francs est due à l'augmentation du prix du baril - à hauteur d'à peu près 100 francs -, mais aussi à la chute de l'euro - à hauteur de 70 francs.
Ce renchérissement des produits énergétiques importés engage une spirale inflationniste qui est en train de faire voler en éclats les contraintes du Pacte de stabilité, qui fixent un taux d'inflation plafond de 2 %.
Les Etats membres de la zone euro annoncent ainsi, les uns après les autres, des taux supérieurs, et d'ailleurs divergents les uns par rapport aux autres :
2,3 % d'inflation en moyenne annuelle pour la France,
3 % pour l'Allemagne et l'Espagne,
4,2 % pour la Finlande,
5,7 % pour l'Irlande.
Conformément à l'article 105, alinea 1, du Traité de Maastricht qui stipule que " l'objectif principal " de la politique monétaire de l'Union européenne doit être " de maintenir la stabilité des prix ", la Banque centrale européenne tire les conséquences de ce regain d'inflation en procédant à des relèvements de taux d'intérêt, - 6 en un an ! ! - même au risque de casser la croissance, de relancer le chômage ou de mettre en péril les politiques d'assainissement des finances publiques.
Alors que faire pour porter remède à cette débâcle?
Eh bien, le Président de la Banque centrale européenne, M. Duisenberg, nous a donné la solution, lors de sa dernière conférence de presse. En bon porte-parole des marchés financiers, il a exhorté tous les gouvernements - et en particulier le gouvernement français - à :
1°) " poursuivre la déréglementation ",
2°) " favoriser l'emploi à temps partiel ",
3°) " parvenir à une plus grande flexibilité des marchés du travail "
4°) " maintenir une politique de modération salariale ",
5°) " éliminer les rigidités structurelles des marchés du travail "
et enfin 6°) " réduire les effets dissuasifs résultant des régimes fiscaux, de sécurité sociale et de retraite ".
En bref, cela veut dire que l'euro nous oblige :
à démanteler le droit du travail - comme par exemple autoriser le travail de nuit des femmes -,
à diminuer la taxation des plus hauts revenus,
à ne pas augmenter les bas salaires,
à développer toutes les formes d'emplois précaires,
à revoir à la baisse les retraites et les prestations sociales, etc., etc., etc.
Alors moi, en lisant ces recommandations de M. Duisenberg, qui sont confirmées par Messieurs Trichet, Greenspan, Theo Waigel et j'en passe, une question toute bête me vient à l'esprit :
A QUOI CELA SERT DE FAIRE ENCORE VOTER LES FRANÇAIS ? ?
Si nos aïeux ont fait la révolution en 1789, c'était d'abord pour décider eux-mêmes des impôts qu'ils allaient payer ! Si nos parents et nous-mêmes avons tant travaillé pendant le XXème siècle, c'était dans la perspective que les salaires et la protection sociale ne pourraient aller qu'en s'améliorant et que la vie de nos enfants et de leurs descendants seraient meilleure que la nôtre !
Or voilà que l'on nous explique maintenant que l'euro, conjugué avec la suppression de tous les contrôles aux échanges de capitaux, nous retire le droit de décider par nous-mêmes de notre régime fiscal, de notre droit social, de nos salaires, de nos retraites et du reste.
Voilà sans aucun doute le programme politique le plus réactionnaire que l'on ait vu depuis longtemps !
Evidemment, ça change des slogans à l'eau de rose que l'on fait répéter en chur sur le thème " l'euro fait la force "
Mais ce qui est le plus ahurissant, c'est que l'on ne demande pas aux Français de qu'ils en pensent ! Quand on a parlé aux Français de la mise en place de l'euro et du démantèlement de toutes les réglementations aux échanges de capitaux, leur a t on jamais expliqué clairement ces conséquences là ? La réponse est NON !
Alors voilà pourquoi j'ai demandé, il y a quelques jours, dans le journal Le Monde, que le président de la République demande aux Français par référendum s'ils souhaitent ou non conserver le franc en 2002, au moins pour les transactions courantes, sous forme de billets, de pièces ou de chèques, et ce en attendant de voir ce que l'euro va devenir.
Tous les sondages indiquent d'ailleurs qu'un nombre important de Français souhaitent un tel référendum et que, si ce référendum avait lieu, il se pourrait bien qu'une majorité de Français décident de conserver le franc.
Et quelle suite a été donnée à ma demande ? AUCUNE !
Ce n'est pas que la question n'intéresse personne ; c'est au contraire qu'elle intéresse trop, qu'elle est trop dangereuse pour l'oligarchie qui nous gouverne. Les médias ont donc respecté la conspiration du silence.
Alors moi, et c'est sur ce sujet que je conclurai mon propos, je refuse cette " omerta ".
Je vous propose donc, si vous en êtes d'accord, que le Rassemblement pour la France accentue sa pression sur le président de la République, sur le gouvernement et sur les médias, pour que nous devenions les champions du référendum sur l'euro, tout comme nous avons été les champions du Non au référendum sur le quinquennat.
Que cela plaise ou pas à ceux qui nous gouvernent, nous allons tout faire pour qu'un grand débat national soit ouvert sur l'avenir du franc et de l'euro.
Chers amis, il me faut maintenant conclure.
Vous l'avez compris, en vous voyant tous réunis ici, en écoutant les différents orateurs, en procédant à l'élection du Vice-Président et des 40 membres du Comité directeur, en écoutant ma propre intervention, vous avez pu mesurer que le RPF est vivant et bien vivant.
Vous pouvez constater que notre mouvement est désormais en ordre de marche, que c'est un mouvement solide et qui a de l'avenir parce que c'est un mouvement cohérent, qui regroupe des hommes et des femmes qui partagent les mêmes convictions, et des convictions vraies.
A la différence du Parti communiste, du Parti socialiste, de l'UDF et du RPR, qui ne sont désormais plus que des agrégats incohérents de carriéristes désunis, les cadres et militants de notre mouvement se réunissent derrière une même volonté : nous nous battons pour la souveraineté et la grandeur de la France.
Vive la République !
Vive la France ! !
(source http://www.rpfie.org, le 3 novembre 2000)